Documentos de Académico
Documentos de Profesional
Documentos de Cultura
Hepatites Virales
Hepatites Virales
HEPATITES VIRALES :
I. Introduction :
A. Définition :
- Atteintes inflammatoires du foie dues à des virus à tropisme hépatique prédominant
- 5 virus principaux dits alphabétiques : virus des hépatites : A, B, C, D et E
B. Intérêt :
- Problème majeur de santé publique, prévalence pour l’hépatite B > 8 % en Afrique
subsaharienne (forte endémie) ++
- Gravité / mise en jeu :
• Pronostic vital : hépatite fulminante, complications chroniques : cirrhose,
carcinome hépatocellulaire
• Pronostic fonctionnel : asthénie intense et durable dans certains cas
- Prévention +++
II. Signes :
A. Type de description : Hépatite B aigue dans sa forme ictérique chez l’adulte
immunocompétent
1. Clinique :
a. Incubation :
- Silencieuse
- 6 semaines à 4 mois
b. Début ou phase pré-ictérique :
Dure 1 à 2 semaines :
- Syndrome pseudo-grippal : céphalées, fièvre, arthralgies, myalgies, asthénie
- Signes digestifs :
• Douleurs abdominales : hypochondre droit
• Nausées, anorexie
- Urticaire : éruption érythémato-papuleuse, prurigineuse, fugace et migratrice
Triade de Caroli = céphalées, arthralgies, urticaire
c. Etat ou phase ictérique :
Dure 2 à 6 semaines :
- Ictère cutanéomuqueux : installation progressive et intensité variable, associé à :
• Urines foncées
• Selles normales ou décolorées
• Prurit, parfois
- Apyrexie, mais persistance de l’asthénie et de l’anorexie
- Examen du foie :
• Peut être normal
• Ou objectiver : discrète hépatomégalie sensible, ferme, surface antérieure lisse,
bord inférieur mousse, sans reflux hépato-jugulaire
2. Paraclinique :
- Biologie :
• Hémogramme :
Anémie inflammatoire, parfois
Leuconeutropénie habituelle
• Syndrome inflammatoire biologique : vitesse de sédimentation (VS) accélérée,
C-reactiv protein (CRP) positive
• Signes d’atteinte hépatique :
Cytolyse hépatique : transaminases > 10 N, prédominant sur les ALAT
Cholestase : hyperbilirubinémie à prédominance conjuguée, élévation
gamma GT et phosphatases alcalines
• Sérologies : antigène HBs positif, IgM anti-HBc positif (= hépatite B aigue)
- Ponction biopsie hépatique :
• Inutile au diagnostic +++
• Si pratiquée : lésions hépatocytaires avec infiltrat inflammatoire
lymphoplasmocytaire
3. Evolution :
a. Eléments de surveillance :
- Clinique
- Paraclinique
b. Modalités évolutives :
- Le plus souvent spontanément favorable vers la guérison :
• Déjaunissement en 2-6 semaines avec crise polyurique
• Asthénie peut persister quelques mois
• Transaminases se normalisent en 2-4 mois
• Antigène HBs disparait au bout de 6 mois maximum ; anticorps anti-HBs positif :
signe la guérison
- Défavorable :
• Hépatite fulminante :
Complication grave
Facteurs favorisants :
Sujet âgé
Ethylisme
Médicaments hépatotoxiques
Co-infection B et D
Immunodépression
Associe dans un délai < 2 semaines après l’apparition de l’ictère :
Encéphalopathie hépatique
Baisse du taux de prothrombine (TP) < 30 % et du facteur V < 20 %
Evolution :
Coma hépatique : coma calme, de profondeur variable, avec hypertonie
extrapyramidale, réflexes ostéotendineux vifs puis abolis, signe de
Babinski uni ou bilatéral, fœtor hepaticus
Hémorragies collapsus cardiovasculaire
Hypoglycémie pouvant entrainer un coma
Décès dans 50-80 % des cas malgré la réanimation
Conduite à tenir en urgence :
Hospitalisation en unité de soins intensifs
Mesures générales de réanimation
Si coma hypoglycémique : 2 ampoules de sérum glucosé 30 % en IVD,
perfusion de sérum glucosé 10 %
Si collapsus cardiovasculaire : remplissage vasculaire par
macromolécules, transfusion sanguine
Transplantation hépatique ++
• Evolution vers la chronicité : risque cirrhose, carcinome hépatocellulaire
B. Formes cliniques :
1. Formes symptomatiques :
- Formes asymptomatiques : découverte fortuite devant une cytolyse hépatique ou
lors d’un dépistage de l’hépatite B
- Formes anictériques : les signes cliniques de la phase pré-ictérique sont présents,
mais il n’y a pas d’ictère
- Formes aigues sévères : baisse du TP < 50 % sans encéphalopathie hépatique
2. Formes selon le terrain :
- Nouveau-né :
• Le plus souvent transmission materno-fœtale
• Portage chronique de l’ordre de 90 % des cas
- Femme enceinte : risque hépatite fulminante et transmission materno-fœtale
- Immunodéprimé : risque hépatite fulminante, évolution rapide vers chronicité et
carcinome hépatocellulaire
3. Formes étiologiques :
a. Hépatite A :
- Incubation : 2-4 semaines
- Forme aigue fréquente
- Forme fulminante exceptionnelle
- Jamais d’évolution vers la chronicité
- Diagnostic : IgM anti-VHA
b. Hépatite C :
- Incubation : 4-6 semaines
- Forme aigue le plus souvent asymptomatique
- Jamais de forme fulminante
- Passage à la chronicité dans + de 50 % des cas
- Diagnostic : anticorps anti-VHC
c. Hépatite D :
- Toujours associée à une hépatite B
- Diagnostic : anticorps anti-Delta
d. Hépatite E :
- Incubation : 2-3 semaines
- Forme aigue : ictère, troubles digestifs
- Forme fulminante chez la femme enceinte
- Jamais d’évolution vers la chronicité
- Diagnostic : anticorps anti-VHE
4. Formes évolutives :
a. Formes prolongées :
- Persistance de l’ictère au-delà de 6 semaines, voire rechute après régression
- Guérison quand même observée
b. Formes chroniques :
Se définissent par le portage de l’antigène HBs > 6 mois
- Clinique :
• Le plus souvent asymptomatique
• Symptômes souvent bénins et non spécifiques :
Asthénie prolongée, anorexie
Subictère
Arthralgies, myalgies
Eruptions cutanées transitoires
• Manifestations extra-hépatiques : glomérulonéphrite et péri-artérite noueuse
- Biologie :
• Cytolyse hépatique modérée et fluctuante < 10 N
• Electrophorèse des protéines sériques : hypergammaglobulinémie polyclonale
fréquente
• Bilirubine, gamma GT et phosphatases alcalines normales
• Sérologies :
Antigène HBs positif (> 6 mois)
Si antigène HBe positif et ADN viral B élevé : hépatite chronique active
(réplication virale) risque cirrhose et carcinome hépatocellulaire
Si AgHBe négatif, ADN viral B négatif ou faiblement positif : hépatite chronique
inactive pronostic souvent favorable, mais risque de réactivation virale B
(favorisée par immunosuppression), de carcinome hépatocellulaire (même en
l’absence de cirrhose sous-jacente), ou de cirrhose (avec ses complications
propres)
- Ponction biopsie hépatique :
• Recherche et quantification de l’activité histologique et la fibrose
• Score METAVIR :
Activité histologique (A) :
A0 : activité absente
A1 : activité minime
A2 : activité modérée
A3 : activité sévère
Fibrose (F) :
F0 : absence de fibrose
F1 : fibrose portale sans septa
F2 : fibrose portale avec rares septa
F3 : fibrose portale avec de nombreux septa sans cirrhose
F4 : cirrhose
- Fibroscan :
• Supplée la ponction biopsie hépatique
• Evalue la fibrose mais pas l’activité histologique
III. Diagnostic :
A. Positif :
- Epidémiologie :
• Zone d’endémie
• Contagiosité
• Absence de vaccination
• Toxicomanie IV et comportement sexuel à risque
- Clinique :
• Syndrome pseudo-grippal, triade de Caroli
• Troubles digestifs
• Ictère ±
- Paraclinique :
• Cytolyse hépatique
• Cholestase ±
• Sérologies +++
B. Différentiel :
1. Ce qui n’est pas une hépatite :
- Grippe
- Paludisme
- Lithiase de la voie biliaire principale
2. Hépatites non virales :
- Hépatites médicamenteuses et toxiques : importance de l’anamnèse +++ : prise de
médicaments hépatotoxiques (paracétamol ++), surdosage de certains médicaments
ou agents chimiques
- Hépatites auto-immunes :
• Contexte d’auto-immunité, personnel ou familial
• Recherche d’auto-anticorps spécifiques
C. Etiologique :
1. Virus de l’hépatite A :
- Virus à ARN, de la famille des Picornavirus
- Transmission orofécale
2. Virus de l’hépatite B :
- Virus à ADN, de la famille des Hepadnavirus
- Transmission materno-fœtale (+++), sexuelle, parentérale
3. Virus de l’hépatite C :
- Virus à ARN, de la famille des Flavivirus
- Transmission parentérale +++ (toxicomanie IV, exposition au sang…), materno-
fœtale, sexuelle
4. Virus de l’hépatite D :
- Virus à ARN, de la famille des viroïdes
- Virus défectif : a besoin pour se multiplier de la présence du virus de l’hépatite B (ne
se recherche que chez les patients porteurs de l’AgHBs)
5. Virus de l’hépatite E :
- Virus à ARN, de la famille des Calicivirus
- Transmission orofécale
IV. Traitement :
A. Curatif :
1. Buts :
- Améliorer confort et qualité de vie du malade
- Eviter évolution vers formes chroniques
- Empêcher la réplication virale
2. Moyens :
- Mesures hygiéno-diététiques :
• Repos au lit, apport calorique suffisant
• Arrêt alcool
• Proscrire médicaments hépatotoxiques
• Adapter la posologie des médicaments à métabolisme hépatique
- Moyens médicaux :
• Vitamine K injectable
• Antiviraux :
Interféron alpha pégylé
Analogues nucléosi (ti) diques : entécavir, ténofovir
Ribavarine
- Mesures de réanimation : transfusion, macromolécules, sérum glucosé, chélateur
d’ammoniac
- Moyens chirurgicaux : transplantation hépatique
3. Indications :
- Hépatite aigue : mesures hygiéno-diététiques + surveillance
- Forme fulminante : réanimation + transplantation hépatique
- Formes chroniques : traitement antiviral indiqué en cas d’hépatite chronique active,
score METAVIR : Activité ≥ A2 ou Fibrose ≥ F2, ADN > 10 4 copies/ml, ALAT élevées
• Hépatite chronique B : interféron alpha pégylé + entécavir ou ténofovir
• Hépatite chronique C : interféron alpha pégylé + ribavarine
B. Préventif :
- Lutte contre péril fécal
- Utilisation de soins à usage unique
- Rapports sexuels protégés
- Dépistage chez les donneurs de sang et sujets à risque
- Vaccination : hépatite A, hépatite B chez sujets à risque
V. Conclusion :