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CRÉATION
On commence avec les mots d’une enseignante nord-américaine, Louise Rosenblatt vers
1939. Elle dit:
“Nuestra sociedad no sólo tiene que hacer posible la creación de grandes obras de
arte; también tiene que hacer posible el desarrollo de personalidades suficientemente
sensibles, racionales y humanitarias para ser capaces de llevar a cabo experiencias
literarias creativas. En pos de tales ideales la enseñanza de la literatura puede llegar
a ser una función digna de la naturaleza humana de la misma literatura. Las
experiencias literarias serán, entonces, una poderosa fuerza para el desarrollo de
individuos con mente crítica, emocionalmente liberados, que posean la energía y la
voluntad de crear una forma de vida más feliz para ellos y para los demás.” (Louise
Rosenblatt, La literatura como exploración, 2002, p. 296).
Le cours intitulé Literatura, Lenguaje y Creatividad est orienté vers cet idéal, on se
propose l’expérience de l’Atelier d’Écrivains dans la Salle de Classe avec la finalité de
prendre la parole, de nous exprimer; mais surtout de réfléchir profondément, mettant en
pratique nos savoirs sensibles à la création de :
offrant dix (10) poèmes en espagnol, dix (10) poèmes en français, dont cinq (5) offrent
la version bilingue.
“El francés: idioma ideal para traducir delicadamente sentimientos equívocos” (p. 197).
Il ajoute:
En una lengua prestada se es consciente de las palabras, las cuales existen no dentro
sino fuera de uno mismo. Esa separación entre nosotros y nuestro medio de
expresión explica por qué es difícil, por no decir imposible, ser poeta en una lengua
que no sea la propia. ¿Cómo extraer una sustancia de palabras que no están
enraizadas en nosotros? El extranjero vive en la superficie del verbo, no puede, en
una lengua aprendida tardíamente, traducir esa agonía subterránea de la que emana
la poesía. (Emile Ciorán, Ese Maldito Yo, 2004, pp. 198-199).
Et encore:
La libertad de poder expresar un discurso abierto a la prosa, a los versos y a las diversas
formas de creación: haikus, caligramas, discursos epistolares, Slam Graffiti o lo que sea.
I. Nous allons parler et de la poétique elle-même et de ses espèces; dire quel est le rôle de
chacune d'elles et comment on doit constituer les fables (01) pour que la poésie soit bonne; puis
quel est le nombre, quelle est la nature des parties qui la composent: nous traiterons
pareillement des autres questions qui se rattachent au même art, et cela, en commençant d'abord
par les premières dans l'ordre naturel.
II. L'épopée (02), 1a poésie tragique, la comédie, la poésie dithyrambique, l'aulétique, la
citharistique, en majeure partie se trouvent être toutes, au résumé, des imitations. Seulement,
elles diffèrent entre elles par trois points. Leurs éléments d'imitation sont autres; autres les
objets imités, autres enfin les procédés et la manière dont on imite. En effet, de même que
certains imitent beaucoup de choses avec des couleurs et des gestes, les uns au moyen de l'art,
d'autres par habitude, d'autres encore avec l'aide de la nature (seule) (03), de même, parmi les
arts précités, tous produisent l'imitation au moyen du rythme, du langage et de l'harmonie (04),
employés séparément ou mélangés.
III. Ainsi l'harmonie et le rythme sont mis seuls en usage dans l'aulétique, la citharistique et
dans les autres arts qui ont un rôle analogue, tel que celui de la syrinx (05).
IV. Le rythme est l'unique élément d'imitation dans l'art des danseurs, abstraction faute de
l'harmonie. En effet, c'est par des rythmes figurés (06) qu'ils imitent les moeurs, les passions et
les actions.
V. L'épopée n'emploie que le langage pur et simple (07), ou les mètres, soit qu'elle mélange
ceux-ci entre eux, ou qu'elle ne vienne à mettre en usage qu'un seul genre de métro, comme on
l'a fait jusqu'à présent.
VI. Nous ne pourrions en effet donner une (autre) dénomination commune aux mimes de
Sophron, à ceux de Xénarque (08), et aux discours socratiques, pas plus qu'aux oeuvres
d'imitation composes en trimètres, en vers élégiaques, ou en d'autres mètres analogues, à moins
que, reliant la composition au mètre employé, l'on n'appelle les auteurs poètes élégiaques ou
poètes épiques et qu'on ne leur donne ainsi la qualification de poètes, non pas d'après le genre
d'imitation qu'ils traitent, mais, indistinctement, en raison du mètre (qu'ils adoptent). Il est vrai
que les auteurs qui exposent en vers quelque point de médecine ou de physique reçoivent
d'ordinaire cette qualification; mais, entre Homère et Empédocle, il n'y a de commun que
l'emploi du mètre. Aussi est-il juste d'appeler le premier un poète et le second un physicien,
plutôt qu'un poète. Supposé, semblablement, qu'un auteur fasse une oeuvre d'imitation en
mélangeant divers mètres, comme Chérémon dans le Centaure (09), rapsodie où sont confondus
des mètres de toute sorte, il ne faudrait pas moins lui donner le nom de poète. Telles sont les
distinctions à établir en ces matières.
VII. II y a des genres de poésie qui emploient tous les éléments nommés plus haut, savoir: le
rythme, le chant et le mètre; ce sont la poésie dithyrambique, celle des nomes (10), la tragédie
et la comédie. Ces genres diffèrent en ce que les uns emploient ces trois choses à la fois, et les
autres quelqu'une d'entre elles séparément.
VIII. Voilà pour les différences qui existent entre les arts, quant à la pratique de l'imitation.
“Una simple imagen no deja de tener una gran resonancia psíquica” (Gastón Bachelard,
1957, La poética del Espacio, p. 9).
L’ARS POÉTIQUE
DANS El CUADERNO DE BLAS COLL D’EUGENIO MONTEJO
Résultat d’une expérience de lecture que nous avons fait dans le cours d’Introduction à
la Linguistique.
D’une part, on a tenté d’étudier des concepts et des particularités concernant la
linguistique et des disciplines connexes ; cela, à l’aide des 100 Fiches pour Comprendre la
Linguistique de Gilles Siouffi, livre que nous a bien servi.
Mais, Eugenio Montejo, avec son personnage, le vieux typographe nommé Blas Coll,
nous a offert une autre manière d’apprécier ces contenus linguistiques.
Eugenio Montejo nous met en scène un homme, on dirait (un chercheur) qui avait reçu
Le Cahier de Blas Coll, et qui va nous le rapporter après une tâche de difficile
transcriptions et des successives recherches sur le lieu, c’est-à-dire, sur Puerto Malo, lieu où
habitait son auteur qui avait déjà 20 ans disparu.
Nous allons apprécier certains fragments de ce cahier qui comprend les réflexions,
préoccupations et recherches linguistiques de ce personnage de fiction.
Le contenu de cette présentation :
Eugenio Montejo
El cuaderno de Blas Coll : un essai poétique, philosophique et linguistique
Sociolinguistique scientifique et Sociolinguistique plastique. On portera un
regard à :
L’ évolution des langues
L'économie du langage
Le bilinguisme
De la francophonie à la littérature monde.
L’Évolution du langage
Eugenio Montejo à travers la voix de Blas Coll fait allusion à l’origine, évolution et au
caractère imprécis, lent et rigide de l’espagnol, ainsi que des autres langues romances…
Voyons ou écoutons les mots qui ouvrent son cahier :
Nuestra lengua, como todas las de origen románico, ha consolidado su estructura
durante el ascenso del cristianismo; ha sido creada no sólo sobre las ruinas de la
cultura greco-latina, de la que se aprovecha, sino que su movimiento parece
establecerse para impedir en ella todo cuanto hizo posible el idioma de Ovidio, de
Catulo, de Horacio. No es, por tanto, una lengua de goce, sino de penitencia: le
falta concisión porque al hablante, al « pecador », se le castiga con ella; carece de
declinaciones porque desdeña el politeísmo… (p. 13).
Cet extrait représente un aspect étudié par la sociolinguistique, car cette branche de la
discipline a comme tâche d’expliquer les phénomènes linguistiques à partir de facteurs
politiques et sociaux, selon dit, Siouffi, 1999, p. 36. Dans ce cas, le phénomène linguistique
est représenté par la naissance, le développement et la nature de l’espagnol qui est lié aux
éléments sociaux - le progrès du Christianisme et la chute de la culture Grecque – Latine.
Pour renforcer cette idée, écoutons :
Cuando reparamos en las estructuras tan pesadas de nuestro idioma, en su falta de
contracción tan evidentemente necesaria, nos preguntamos cómo, del latín, lengua
de inigualable concisión, de tan alto poder sintético, pudo nacer esta otra tan
rígida, tan complacida en su propia lentitud […] El castellano toma buena parte de
su léxico de la vieja lengua, pero lo injerta en un sistema intencionalmente
rudimentario. ¿Habrá en ello un signo de punición cristiana? ¿Intuyeron los
primeros forjadores de nuestra lengua que aquella precisión encarnaba el goce
verbal que debía suprimirse a toda costa?
Y que no me hablen de las conquistas logradas por los genios del idioma, de las
cumbres que decoran su tradición, porque ¡a cuánto más alto no habrían llegado
de tener a mano medios expresivos más sutiles y exactos! (p. 24)
Et c’est vrai, Blas Coll avait des préoccupations pour la concision de la langue. Son
projet, dit-il est de faire « higiene de la casa del habla » (p. 18).
Et c’est ainsi que nous passons à :
L’Economie du langage:
Fijémonos en que para nombrar la doceava parte de un año usamos sólo una
sílaba: mes; para algo en cambio mucho más corto, una hora, utilizamos dos; y si
queremos referirnos a algo tan breve que casi no existe, como es el segundo,
¡debemos emplear tres! (p. 14).
Et encore:
Don Blas solía incomodarse, sin embargo, ante la posibilidad de que se le tomase
por un dinamitero gratuito, un demoledor equivocado. Nada de eso – argüía -, lo
que deseo es fortificarla, resguardar su tradición, cubriendo sus flancos
vulnerables. Con una lengua tan desparramada nos exponemos a que las
expresiones sucintas y más definitorias de otros idiomas se nos cuelen,
deformándonos la nuestra. Me contentaría con avivar, en lo que me queda de
vida, ese reflejo que ya observo hacia el replegamiento lingüístico. (p. 14).
Repliement linguistique et faire que notre langue nous ressemble, qu’elle soit semblable
à nous même.
En plus on peut écouter :
“La lengua, al igual que el cuerpo, se rige por el principio de economía, constituye en sí
misma una relación económica. Por esto, el dispendio de su energía implica fatalmente su
aniquilamiento.” (p. 34)
“Y pensándolo mejor, no está demás decirlo, de mucho sirvió a los conquistadores
el empleo de nuestra lengua para sojuzgar en su momento dado a los nativos de
estas comarcas, porque lo primero que debió aterrorizar a los indígenas fue
probablemente la interminable extensión de sus palabras.” (p. 35).
Et voilà pourquoi :
Et toujours avec cet esprit logique de concision, Blas Coll nous dit encore:
¿A dónde vamos con una lengua que, en estado de supremo peligro para el
hablante, le impone decir: s-o-c-o-r-r-o? Cuando alguien así grita, mar adentro, se
me antoja replicar desde aquí: ¡Déjenlo que se ahogue! (p. 27).
Bilinguisme
Cela veut dire que l’apprentissage d’une deuxième langue ne concerne pas seulement
les aspects linguistiques, mais aussi, socioculturels.
“El sabio Joseph, el médico bueno de nuestro puerto, me hizo reparar en esta
observación de Víctor Hugo: “El monosílabo tiene una extraña capacidad de
inmensidad: mar [mer], noche [nuit], día [jour], bien, mal, muerte [mort], sí, no
[non]…” No andaba descaminado el gran Hugo. Por algo el joven vidente Arthur
Rimbaud pudo afirmar que Víctor Hugo, al final de sus días, vio bien y vio lejos
[loin].” (p. 37).
Voilà, c’est Victor Hugo, mais à propos de Rimbaud poète français né à Charleville en
1854 et mort à Marseille en 1891, et dont la prémisse est d’être voyant, opérer le
dérèglement de tous les sens – le développement des sensations mélangées…
Constituye una mutilación cruel, para decir lo menos, que enseñemos a los niños a
reconocer las letras antes que las notas musicales. Por allí comienza, para los
párvulos, la sorda tiranía de la abstracción, que les impide el inmediato
conocimiento de la realidad. Al ronco clamor de los sapos o al más melodioso de
los pájaros se antepone, con los años, el espúreo cepo del abecedario. Y nada
digamos del mágico color de las vocales, ese vívido color de nuestra infancia, tan
prontamente reprimido. Sólo Arthur Rimbaud pudo llegar a ser, como dicen los
ingleses, Arthur Rainbow. (pp. 45-46).
Vous regardez là, l’illustration, c’est Rimbaud qui peint ses voyelles. Peut-être, vous
connaissez son poème :
Voyelles
Sa prémisse c’est: « Ce n’est point avec des idées qu’on fait des vers, mais avec des mots ».
Extraña aventura la mía, venido de tan lejos a recalar en esta comarca, tras la
huella del más insigne de los tipógrafos del Nuevo Mundo, el sabio Simón
Rodríguez. Cada día me persuado más de que sólo este errante iluminado habría
sido capaz de imprimir el libro soñado después por Stephan Mallarmé, sin
violentar el equilibrio de sus espacios escritos, sus negros y blancos, ni el nítido
dibujo de sus silencios. Rodríguez, Mallarmé y yo –Dios me perdone por
igualarme-, tres locos, tres letras, que nadie descifrará jamás. (p. 46).
Et c’est vrai, Mallarmé, en lettre à Catulle Mendès, homme qui impulse Le Parnasse
Contemporain, montrait de réelles préoccupations pour le soin de l’édition de ses poèmes,
Mallarmé lui dit :
Henri Michaux né à Namur en 1899 et mort à Paris en 1984. Il est un poète et peintre
d'origine belge d’expression française naturalisé français en 1955.
À propos de Michaux, et comme Blas Coll fait l’éloge à l’usage des monosyllabes, il
dit : “Reparen, sobre todo, qué lejos de ella [de la premisse] se encuentra quien
monótonamente confiesa: Estoy enamorado.” (p. 48)
Mais aujourd’hui on fête de la francophonie, n’est-ce pas ? Alors, je vous laisse lire,
ces appréciations de Blas Coll :
Que, en general, los hispanohablantes prefieran el perro al gato, mientras que los
franceses prefieran el gato al perro, se debe, sin duda, a la sensibilidad fonética de
sus propios idiomas. Bien claro se ve que el gato, que emite con mayor frecuencia
sonidos nasales, ha de ser más apreciado por quienes hablan un idioma donde tales
sonidos constituyen la porción más importante de sus diarias conversaciones. Es
probable también que los gatos franceses se hayan acostumbrado a maullar de
modo distinto a como lo hacen los gatos españoles. El caso es que al avecinarse
entre nosotros, como se advierte en las cálidas noches de Puerto Malo, los gatos
casi ladran. (p. 49)
[…]
Il n’est qu’un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire :
examinez s’il pousse ses racines au plus profond de votre cœur. Confessez-vous à vous-
même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à
l’heure la plus silencieuse de votre nuit : « Suis-je vraiment contraint d’écrire ? » Creusez
en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous
pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple : « Je dois », alors
construisez votre vie selon cette nécessité. Votre vie, jusque dans son heure la plus
indifférente, la plus vide, doit devenir signe et témoin d’une telle poussée. Alors, approchez
de la nature. Essayez de dire, comme si vous étiez le premier homme, ce que vous voyez,
ce que vous vivez, aimez, perdez. N’écrivez pas de poèmes d’amour. Évitez d’abord ces
thèmes trop courants […] Fuyez les grand sujets pour ceux que votre quotidien vous offre.
Dites vos tristesses et vos désirs, les pensées qui vous viennent, votre foi en une beauté.
Dites tout cela avec une sincérité intime, tranquille et humble. Utilisez pour vous exprimer
les choses qui vous entourent, les images de vos songes, les objets de vos souvenirs. Si
votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas
être assez poète pour appeler à vous ses richesses. Pour le créateur rien n’est pauvre, il n’est
pas de lieux pauvres, indifférents… (Lettres à un jeune poète).
MIGUEL JAMES
POÉTICA
Digamos
que la poesía
es escribir
y decir
palabras
y cosas bonitas
Lo demás
es Prosa
y Tragedia.
PAUL VERLAINE
Cher Monsieur !
Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m’avez-vous dit ; vous faites partie des
corps enseignants : vous roulez dans la bonne ornière. − Moi aussi, je suis le principe : je
me fais cyniquement entretenir ; je déterre d’anciens imbéciles de collège : tout ce que je
puis inventer de bête, de sale, de mauvais, en action et en parole, je le leur livre : on me
paie en bocks et en filles. − Stat mater dolorosa, dum pendet filius. − Je me dois à la
Société, c’est juste, − et j’ai raison. − Vous aussi, vous avez raison, pour aujourd’hui. Au
fond, vous ne voyez en votre principe que poésie subjective : votre obstination à regagner le
râtelier universitaire, − pardon ! − le prouve ! Mais vous finirez toujours comme un satisfait
qui n’a rien fait, n’ayant voulu rien faire. Sans compter que votre poésie subjective sera
toujours horriblement fadasse. Un jour, j’espère, − bien d’autres espèrent la même chose, −
je verrai dans votre principe la poésie objective, je la verrai plus sincèrement que vous ne le
feriez ! − Je serai un travailleur : c’est l’idée qui me retient, quand les colères folles me
poussent vers la bataille de Paris − où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis
que je vous écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève.
Maintenant, je m’encrapule le plus possible.
Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez
pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le
dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né
poète, et je me suis reconnu poète. Ce n’est pas du tout ma faute. C’est faux de dire : Je
pense : on devrait dire : On me pense. − Pardon du jeu de mots. − Je est un autre. Tant pis
pour le bois qui se trouve violon, et nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils
ignorent tout à fait !
Vous n’êtes pas Enseignant pour moi. Je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme
vous diriez ? Est-ce de la poésie ? C’est de la fantaisie, toujours. − Mais, je vous en supplie,
ne soulignez ni du crayon, ni − trop − de la pensée :
LE CŒUR SUPPLICIÉ
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs insultes l’ont dépravé ;
À la vesprée, ils font des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques,
Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé !
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l’ont dépravé !
Bonjour de cœur,
Art. Rimbaud.
J’ai résolu de vous donner une heure de littérature nouvelle. je commence de suite par un
psaume d’actualité :
CHANT DE GUERRE PARISIEN
A. Rimbaud.
— Voici de la prose sur l’avenir de la poésie —Toute poésie antique aboutit à la poésie
grecque ; Vie harmonieuse.
— De la Grèce au mouvement romantique, — moyen-âge, — il y a des lettrés, des
versificateurs. D’Ennius à Théroldus, de Théroldus à Casimir Delavigne, tout est prose
rimée, un jeu, avachissement et gloire d’innombrables générations idiotes : Racine est le
pur, le fort, le grand. — On eût soufflé sur ses rimes, brouillé ses hémistiches, que le Divin
Sot serait aujourd’hui aussi ignoré que le premier venu auteur d’Origines. — Après Racine,
le jeu moisit. Il a duré deux mille ans !
Ni plaisanterie, ni paradoxe. La raison m’inspire plus de certitudes sur le sujet que
n’aurait jamais eu de colères un jeune-France. Du reste, libre aux nouveaux ! d’exécrer les
ancêtres : on est chez soi et l’on a le temps.
On n’a jamais bien jugé le romantisme ; qui l’aurait jugé ? les critiques !! Les
romantiques, qui prouvent si bien que la chanson est si peu souvent l’œuvre, c’est-à-dire la
pensée chantée et comprise du chanteur ?
Car Je est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est
évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup
d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la
scène.
Si les vieux imbéciles n’avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse, nous
n’aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ! ont
accumulé les produits de leur intelligence borgnesse, en s’en clamant les auteurs !
En Grèce, ai-je dit, vers et lyres rhythment l’Action. Après, musique et rimes sont jeux,
délassements. L’étude de ce passé charme les curieux : plusieurs s’éjouissent à renouveler
ces antiquités : — c’est pour eux.
L’intelligence universelle a toujours jeté ses idées, naturellement ; les hommes
ramassaient une partie de ces fruits du cerveau : on agissait par, on en écrivait des livres :
telle allait la marche, l’homme ne se travaillant pas, n’étant pas encore éveillé, ou pas
encore dans la plénitude du grand songe. Des fonctionnaires, des écrivains : auteur,
créateur, poète, cet homme n’a jamais existé !
La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ;
il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend. Dès qu’il la sait, il doit la cultiver ;
cela semble simple : en tout cerveau s’accomplit un développement naturel ; tant d’égoïstes
se proclament auteurs ; il en est bien d’autres qui s’attribuent leur progrès intellectuel ! —
Mais il s’agit de faire l’âme monstrueuse : à l’instar des comprachicos, quoi ! Imaginez un
homme s’implantant et se cultivant des verrues sur le visage.
Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.
Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui
tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de
toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand
criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a
cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait
par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu’il crève dans son bondissement
par les choses inouïes et innombrables : viendront d’autres horribles travailleurs ; ils
commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé !
— la suite à six minutes —
Ici j’intercale un second psaume,
hors du texte : veuillez tendre une oreille complaisante, — et tout le monde sera
charmé. — J’ai l’archet en main, je commence :
A. R.
ACCROUPISSEMENTS
Vous seriez exécrable de ne pas répondre : vite car dans huit jours je serai à Paris, peut-
être.
Au revoir,
A. Rimbaud.
CHARLES BUKOWSKI
[…]
Et moi, tant de fois méprisable, tant de fois porc, tant de fois vil,
Moi, tant de fois irréfutablement parasite,
Inexcusablement sale.
Moi qui, tant de fois, n’ai pas eu la patience de prendre un bain,
Moi qui fus tant de fois ridicule, absurde,
Qui me suis pris publiquement les pieds dans les tapis des étiquettes,
Qui ai été grotesque, mesquin, soumis et arrogant,
Qui ai souffert l’humiliation et me suis tu,
Et qui, lorsque je ne me suis pas tu, me suis senti plus ridicule encore;
Moi dont se sont ris des domestiques d’hôtel,
Moi qui ai senti les clins d’œil des employés du fret,
Moi qui me suis livré à des hontes financières, contracté des emprunts sans payer,
Et qui, à l’heure de prendre des coups, me suis accroupi
Pour échapper à la possibilité d’un coup ;
Moi qui ai souffert l’angoisse des petites choses ridicules,
Je constate que je n’ai pas de pair en tout ceci dans ce monde.
Ainsi, je suis le seul à être vil et dans l’erreur sur cette terre ?
Les femmes peuvent ne pas les avoir aimés,
Ils peuvent avoir été trahis – mais ridicules jamais !
Et moi, qui ai été ridicule sans avoir été trahi,
Comment pourrais-je parler avec mes supérieurs sans vaciller ?
Moi, qui suis vil, littéralement vil,
Vil au sens mesquin et ignoble de la vilénie.
DERROTA (1963)
VICTORIA
O este poema:
A LAS DIOSAS DEL MAR
Yo que apenas viendo una Mujer quiero desnudarla
Yo que me sueño amándola por los siglos de los siglos
y las eternidades
Yo que quisiera respetar y no desear a la Mujer de mi prójimo
Yo que quisiera ser casto y puro y guardador de Energía
Yo que llevo en mis venas Sangre del Rey Ashanti que tuvo
siete mil Esposas
Yo que quisiera tanto fundirme con una Mujer, volver al Origen
Quisiera ahora tan sólo
Retornar a mi Isla
Y abrazar como esposas
a las Diosas del Mar.
El fenomenólogo no tiene nada que ver aquí con el crítico literario que, como se ha
observado con frecuencia juzga una obra que no podría crear, e incluso según
testimonio de las censuras fáciles, una obra que no querría hacer. El crítico literario
es un lector necesariamente severo. Volviendo del revés como un guante un
complejo que el uso excesivo ha desvalorizado hasta el punto de penetrar en el
vocabulario de los estadistas, podría decirse que el crítico literario, que el profesor
de retórica, que saben siempre, que juzgan siempre, tienen un simplejo de
superioridad. (p. 17).
Dans sa première lettre adressée à Franz Xaver Kappus en 1903 Rainer Maria Rilke lui
dit:
Je n’entrerai pas dans la manière de vos vers, toute préoccupation critique m’étant
étrangère. D’ailleurs, pour saisir une œuvre d’art, rien n’est pire que les mots de la
critique. Ils n’aboutissent qu’à des malentendus plus ou moins heureux. Les choses
ne sont pas toutes à prendre ou à dire, comme on voudrait nous le faire croire.
Presque tout ce qui arrive est inexprimable et s’accomplit dans une région que
jamais parole n’a foulée. Et plus inexprimables que tout sont les œuvres d’art, ces
êtres secrets dont la vie ne finit pas et que côtoie la nôtre qui passe. (Lettres à un
jeune poète).
Dans Le Pèse nerfs Antonin Artaud (1927) dit :
côté de la tête, sur des emplacements bien localisés de leur cerveau, tous ceux
qui sont maîtres de leur langue, tous ceux pour qui les mots ont un sens, tous
ceux pour qui il existe des altitudes dans l'âme, et des courants dans la
pensée, ceux qui sont esprit de l'époque, et qui ont nommé ces courants de
pensée, je pense à leurs besognes précises, et à ce grincement d'automate que
rend à tous vents leur esprit,
à une orientation de l'esprit, ceux qui suivent des voies, qui agitent des noms,
qui font crier les pages des livres,
- ceux-là sont les pires cochons.
Vous êtes bien gratuit, jeune homme !
Non, je pense à des critiques barbus.
Et je vous l'ai dit : pas d'œuvres, pas de langue, pas de parole, pas d'esprit,
rien.
Rien, sinon un beau Pèse-Nerfs.
Une sorte de station incompréhensible et toute droite au milieu de tout dans
l'esprit.
Et n'espérez pas que je vous nomme ce tout, en combien de parties il se divise,
que je vous dise son poids, que je marche, que je me mette à discuter sur ce
tout, et que, discutant, je me perde et que je me mette ainsi sans le savoir à
PENSER, - et qu'il s'éclaire, qu'il vive, qu'il se pare d'une multitude de mots,
tous bien frottés de sens, tous divers, et capables de bien mettre au jour
toutes les attitudes, toutes le nuances d'une très sensible et pénétrante
pensée.
Ah ces états qu'on ne nomme jamais, ces situations éminentes d'âme, ah ces
intervalles d'esprit, ah ces minuscules ratées qui sont le pain quotidien de mes
heures, ah ce peuple fourmillant de données, - ce sont toujours les même mots
qui me servent et vraiment je n'ai pas l'air de beaucoup bouger dans ma pensée,
mais j'y bouge plus que vous en réalité, barbes d'ânes, cochons pertinents,
maîtres du faux verbe, trousseurs de portraits, feuilletonistes, rez-de-
chaussée, herbagistes, entomologistes, plaie de ma langue.
Je vous l'ai dit, que je n'ai plus ma langue, ce n'est pas une raison pour que
vous persistiez, pour que vous vous obstiniez dans la langue.
Allons, je serai compris dans dix ans par les gens qui feront aujourd'hui ce que
vous faites. Alors on connaîtra mes geysers, on verra mes glaces, on aura appris
à dénaturer mes poisons, on décèlera mes jeux d'âmes.
Alors tous mes cheveux seront coulés dans la chaux, toutes mes veines mentales,
alors on percevra mon bestiaire, et ma mystique sera devenue un chapeau. Alors
on verra fumer les jointures des pierres, et d'arborescents bouquets d'yeux
Miguel James
A UN CRÍTICO