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Poesía francesa
de la región de Bretaña

Selección: Chantal Bideau


Traducción: Silvio Mattoni

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Queda hecho el depósito que marca la ley.

La reproducción total o parcial no autorizada por los editores viola derechos reservados.
Cualquier utilización debe ser previamente solicitada.

Ilustración de tapa: Bideau Chantal


Corrección: Alain Lesaux
Diseño y maquetería: Carlos M. Mux / Amilcar P. Gutiérrez

Fundación Senda / Ediciones VOX


E-mail: senda@criba.edu.ar / Tel. 0291 - 4880381
Nicaragua 2070 (8000) Bahía Blanca / Buenos Aires / Argentina

Impreso en Argentina / Printed in Argentina


C 2009 Ediciones VOX

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Poesía francesa
de la región de Bretaña

Une anthologie de poètes de langue française de la région Bretagne

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… una travesía en poesía…

…une traversée en poésie…

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“La poesía sigue estando en el centro de la creación literaria en Bretaña, lo
cual no data de ayer. Pero dejemos de lado el pasado y a sus autores
prestigiosos (Corbière, Segalen, Robin, Guillevic… etc.) e interesémonos en lo
que se puede entrever o adivinar, digamos, desde principios de los años 1980.
La cuestión no es simple. Las escrituras en curso muestran una gran diversidad.
Cada poeta ofrece un itinerario particular. Aunque aparecen algunos puntos
de convergencia. Porque además de una época, un lugar y un imaginario
comunes, existe una memoria colectiva de donde unos y otros llegan a
alimentarse. Lo que se refleja ante todo en los temas abordados: el mar, la
muerte, el exilio, el vagabundeo, la relación con lo real, con lo irreal y con un
trasfondo (casi siempre) de una indecible melancolía de ser.

En cuanto a la forma, no difiere de lo que se escribe en otras partes de Francia


(y en Bélgica, Suiza, Québec) desde hace varias décadas. Encontramos los
mismos movimientos, las mismas influencias, los mismos matices y meandros,
los mismos tics también…

Frente a semejante abundancia, imposible penetrar en la jungla –o en el


bosque de textos publicados– excepto en puntas de pie. Cada cual podrá
luego pasear entre ramas, raíces visibles y ‘malezas de lenguaje’ (para retomar
una expresión de Georges Perros) tratando de advertir las voces capaces de
hablarle.”

Jacques Josse
(Tomado de la revista Europe, nº 91, mayo de 2005)

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« La poésie reste bien au centre de la création littéraire en Bretagne. Cela ne date pas
d’hier. Laissons cependant le passé et ses auteurs prestigieux (Corbière, Segalen, Robin,
Guillevic…etc.) et intéressons-nous à ce que l’on peut entrevoir ou deviner depuis,
disons, le début des années 1980. L’affaire n’est pas simple. Les écritures en cours
montrent une grande diversité. Chaque poète offre un itinéraire particulier. Quelques
points de convergence apparaissent néanmoins. C’est qu’existe, outre une époque, un
lieu et un imaginaire communs, une mémoire collective où les uns et les autres
viennent puiser. Cela se reflète avant tout dans les thèmes abordés : la mer, la mort,
l’exil, l’errance, le rapport au réel, à l’irréel avec (presque toujours) en arrière-plan une
indicible mélancolie d’être.
Quant à la forme, elle ne diffère pas de ce qui s’écrit ailleurs en France (et en Belgique,
Suisse, Québec) depuis plusieurs décennies. On y retrouve les mêmes mouvements, les
mêmes influences, les mêmes nuances et méandres, les mêmes tics aussi…
Face à un tel foisonnement, impossible de pénétrer dans la jungle – ou dans la forêt des
textes publiés – autrement que sur la pointe des pieds. A chacun, ensuite, de flâner
entre branches, racines apparentes et « sous-bois du langage » (pour reprendre une
expression de Georges Perros) en essayant de repérer les voix susceptibles de lui
parler. »

Jacques Josse
(Extrait de la revue Europe n° 91Mai 2005)

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Denis Rigal

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Denis Rigal nació en 1938 en Haute-Loire, vive en Bretaña desde 1963. Hasta 1998 fue
profesor de literatura de lengua inglesa en la Universidad de Bretaña Occidental en Brest.
Traductor de poetas norteamericanos (e. e. cummings) e irlandeses (Brian Coffey, Derek
Mahon).
Publicaciones: Lieu du conflit (1975), Patience (1977), Mémoire du Chasseur (1983), ed. Rougerie.
Fondus au Noir (1996), Folle Avoine. Estran (2000, Wigwam). Les Proies et les Ombres, prosas
(2005), HB éditions. Aval (2006), Gallimard.

Denis Rigal est né en 1938 en Haute-Loire, vit en Bretagne depuis 1963. Jusqu’en 1998, il a
été
professeur de littérature de langue anglaise à l’université de Bretagne occidentale, à Brest.
Traducteur de poètes américains (e.e. cummings) et irlandais ( Brian Coffey, Derek
Mahon).
Publications : Lieu du conflit (1975), Patience (1977), Mémoire du Chasseur (1983) chez Rougerie.
Fondus au Noir (1996), Folle Avoine. Estran (2000), Wigwam. Les Proies et les Ombres, proses
(2005), HB Editions. Aval (2006), chez Gallimard.

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Regreso a Saint Mathieu

Ya no volverá el tiempo del inocente dios


con su gran barba donde anidaban los pájaros
ni el tiempo en que existía Yahvé el original
tautología el balbuceo inaugural
sobre la densa afasia del abismo y las aguas

que sopla aquí y ahora


sobre los cuerpos muertos los cormoranes
los arrecifes insolubles
y sobre la larga playa distante
donde corre un gran papel chino negro
escapado del reino

el océano gesticula
Mathieu sin techo le aúlla a la ola
el granizo en su espalda
ese doloroso caos
es la única palabra perenne

hay garitas desdentadas


y molinos con aspas

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entre paredes derruidas
(y lo que fue un jardín)

un poney de tres patas


un poney y tres urracas:
una pareja y la vieja solterona
que no los deja

el hombre se pierde en el granito disperso


se golpea con el viento gris
arrastra la sombra de su padre
busca un poco de tierra tibia
donde los muertos sonrían

en lo profundo de las corrientes


en la paz verde del verdadero mundo
serenamente nos devoramos

Retour à saint Mathieu

Reviendra plus le temps de l’innocent bon dieu / Avec sa grande barbe où nichaient les
zoziaux / Ni le temps où y avait Yahvé l’originelle / Tautologie le bégaiement inaugural /
Sur l’épaisse aphasie de l’abîme et des eaux.

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Ça souffle ici et maintenant / Sur les corps-morts les cormorans / Les récifs insolubles /
Et sur la longue plage au loin / Où court un grand chine noir / Echappé du royaume

L’océan gesticule / Mathieu sans toit hurle à la houle / Ce grésil sur son dos / Ce
douloureux chaos / C’est la seule et pérenne parole

Il y a des blockhaus édentés / Et des moulins à bras / Entre des murs croulants / (et ce
fut un jardin)

Un poney sur trois pattes / Un poney et trois pies : / Un couple et la vieille bréhaigne /
Qui ne les quitte pas

L’homme il se perd dans le granit épars / Il se cogne au vent gris / Il traîne l’ombre de
son père / Il cherche un peu de terre tiède / Où les morts souriraient

Au profond des courseaux / Dans la paix glauque du vrai monde / Sereinement on se


dévore

Denis Rigal AVAL, Paris Gallimard 2006

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Excavaciones

Unas necrópolis habrían suministrado indicios, habrían sugerido una


organización; sólo se encontraron mataderos; la muerte a granel; la muerte era
el orden.

Algunos nadadores del oleaje negro habían alcanzado la costa de silencio:


ahora estaban más allá de todo, ajenos a sí mismos.

¿Que habían venido, que no había que olvidar? Se gastó mucha elocuencia; se
hicieron retratos detallados del Hombre, que ya no existía. Los hábitos
persistían: los profetas de desventuras exigían un derecho de pernada sobre
cualquier idea de carne fresca, que lanzaban en seguida a la calle, lastimada y
tumefacta.

Los más nobles, bajo cielos fugaces, lloraban al atardecer, bañados en la


música que también les había encantado a los bárbaros, y que no había
impedido nada.

Fouilles

Des nécropoles auraient fourni des indices, suggéré une organisation ; on / ne trouva que
des charniers ; de la mort en vrac ; la mort était l’ordre.

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Quelques nageurs du flot noir avaient atteint la rive de silence : ils étaient / maintenant au-
delà de tout, à eux-mêmes étrangers.

Qu’étaient-ils advenus, qu’il ne fallait pas oublier ? Il se dépensa beaucoup / D’éloquence ; on


dressa des portraits détaillés de l’Homme, qui n’existait / Plus. Les habitudes persistaient : les
diseurs de mésaventure exigeaient un / Droit de cuissage sur toute idée de chair fraîche,
qu’ils rejetaient ensuite à la rue, / Meurtrie et tuméfiée.

Les plus nobles, sous les ciels fuyants, pleuraient au crépuscule, baignés / Dans la musique
qui avait charmé aussi les barbares, et n’avait rien / Empêché.

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Mythos

Apartada de la odiosa maleza


de zarza y matorrales negros
(donde almas salvajes soñaban
ingenuas tibias
que hay que dejar en paz)
la fresca amante caminaba
por el pasto suave junto
al verde y saltarín arroyo
(valle sembrado de aquileias, impulsos, felices vértigos)
remontando siempre hasta el cielo que nivela
en el ojo de las aguas la fuente oval
que tiembla y el árbol benévolo
donde duermen el ámbar y el carbón

Diré otra vez esta aurora que niega


que escupe en los vidrios
suficientemente sucia como para ser la última
diré a Eos desprendida y a Tithon abolido
aurora de dedos de seda
amante roto cigarra eterna
chirriando entre las piedras
y ya viejos los dos
diré el tiempo desierto el juego terminado

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Mythos

A l’écart du haineux fourré / De ronce et buisson noir / (des âmes fauves y songeaient
naïves tièdes / qu’il faut laisser en paix) / la fraîche amante cheminait / dans l’herbe bonne
auprès / du vert et gambadant ruisseau / (val semé d’ancolies, élans, heureux vertiges) /
amont toujours jusqu’au ciel affleurant / dans l’œil des eaux la source ovale / qui frémit et
l’arbre bienveillant / où dorment l’ambre et le charbon

Je dirai autrefois cette néante aurore / Qui crache aux vitres / Sale suffisamment pour être
la dernière / Dirai Eos déprise et Tithon aboli / Aurore aux doigts de suie / Amant rompu
criquet sempiternel / Crissant parmi les pierres / Et vieillis tous les deux / Dirai le temps
désert le jeu fini

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Marc Le Gros

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Marc Le Gros nació en 1947 en el norte de Finistère. De su infancia en el pequeño
puerto de Térénez, donde se inicia muy tempranamente en los rituales de la pesca a pie
firme, con la marea baja, surgirán unas décadas más tarde las prosas de Eloge de la Palourde.
Dicha obra, editada por Flammarion en 1996, recibirá, entre otros, el premio de los
Escritores Bretones y el premio Grandgoussier. Autor de una tesis sobre André Breton,
antiguo alumno de los “cursos de ignorancia” del poeta Georges Perros, a quien le
dedicará un librito publicado en 2007 en las ediciones de la Part commune, ha publicado
relatos de viaje (India, Grecia…) y sobre todo numerosos libros de poesía como Mémoires
de Basses (Calligrammes, 1987) o Manières noires (Apogée, 2000). Su último libro, Passage du
héron gris (Double Cloche, 2007), antes Corbeaux (Calligrammes, 1993), seguido por Le chant
de l’aigrette (Blanc Silex, 1999), Cormoran (Apogée, 2006) y Trapani (Wigwam, 2006).
Ha realizado libros de artista con los pintores Maya Mémim, Yves Picquet, Jean-Pierre
Thomas y sobre todo con Henri Girard, a quien le ha dedicado numerosos textos.
Vive en Quimper, en el sur de Finistère.

Marc Le Gros est né en 1947 dans le Finistère-Nord. D’une enfance passée dans le petit
port trégorrois de Térénez où il s’initie très tôt aux rituels de la pêche à pied, à marée
basse, naîtront, quelques décennies plus tard, les proses d’Éloge de la palourde. L’ouvrage, édité
par Flammarion en 1996, sera récompensé, entre autres, par le prix des Écrivains bretons
et le prix Grandgousier. Auteur d’une thèse sur André Breton, ancien élève des « cours
d’ignorance » du poète Georges Perros à qui il consacrera un petit livre paru en 2007 aux
éditions de la Part commune, il a publié des récits de voyage (Inde, Grèce...) et surtout de
nombreux ouvrages de poésie comme Mémoires de Basses (Calligrammes, 1987) ou Manières
noires (Apogée, 2000). Son dernier recueil, Passage du héron gris (Double Cloche, 2007),
Corbeaux (Calligrammes, 1993) et poursuivi par le Chant de l’aigrette (Blanc Silex, 1999),
Cormoran (Apogée, 2006) et Trapani (Wigwam, 2006)
Il a réalisé des livres d’artistes avec les peintres Maya Mémin, Yves Picquet, Jean-Pierre
Thomas et surtout Henri Girard à qui il a consacré de nombreux textes.
Il vit à Quimper, dans le Sud-Finistère.

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Cuando haya fundido la nieve
el tiempo tendrá tiempo
de seguir viviendo
hay pan sobre la plancha del
grano para moler
como siempre cuando la tierra se da vuelta
y la estación de nuevo juega
entre las rosas de navidad y apenas
si te acuerdas
de los nombres
entonces la mano pasará por tus ojos
no es más que un sueño, dirás,
y mirarás para otro lado

Quizás también nosotros después de todo


volvamos suavemente
y nosotros mismos
como los dioses
durmamos en la montaña
donde las nieves son eternas
nuestras viejas voces enrolladas
en el único eco
de los cuervos en el

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interior forrado de sus gritos blancos
cabeceando de una cumbre a otra
y el tiempo nos dé vuelta
como un guante

Después, cuando el gran día blanco de los muertos


ha caído, el sol lentamente
se ha fijado en su luz, la nieve se ha
retirado
entre los torrentes de alerces la larga
debacle terrosa
de las madrigueras, entonces,
las matas flagrantes de los primeros azafranes
nos desgarran
el árbol nos quema
nos topamos con los gritos del día

con la tenaz presencia de los pájaros

Quand elle aura fondu la neige / Le temps prendra le temps / De vivre encore / Il y a du pain
sur la planche du / Grain à moudre / Comme toujours quand la terre se retourne / Que la
saison à nouveau joue / Parmi les roses de Noël et c’est / A peine si tu te souviendras / Des
noms / Alors la main passera sur tes yeux / Ce n’est qu’un rêve, diras-tu, / Et tu regarderas
ailleurs

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Peut-être que nous aussi après tout, / On rentrera doucement / En nous mêmes / Comme
les dieux / On dormira dans la montagne / Où les neiges sont éternelles / Nos vieilles voix
roulées / Dans le seul écho / Des corbeaux dans le / Dedans feutré de leur cri blanc /
Dodelinant d’un sommet à l’autre / Et le temps nous retournera / Comme un gant

Après, quand le grand jour blanc des morts / Est tombé, que le soleil / Lentement s’est figé
/ Dans sa lumière, que la neige s’est / Retirée / Parmi les coulées de mélèzes la longue /
Débâcle terreuse / Des terriers, alors, / Les touffes à vif des premiers crocus nous /
Déchirent / L’arbre nous brûle / On se cogne aux cris du jour

A la présence têtue des oiseaux

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Guénane

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Luego de que fuera destruida la ciudad de Lorient en 1943, Guénane nació en el corazón
de Bretaña. Tras cursar estudios de Letras en Rennes, donde dictó clases, vivió largo
tiempo en Brasil y en Paraguay. Reside actualmente en el sur de Bretaña.
En poesía, publicó 12 libros en ediciones Rougerie, entre ellos, L’Océan te l’apprendra (2005)
y Couleur de femme (2007).
8 plaquetas sobre L’île (la isla de Groix), ed. La Porte, de 1999 a 2007; Histoire d’eaux, co-
edición fibres libres/l’autre rive, 2003.
Île, poema con grabado original de Jean Claude Le Floch, atelier landsable, 2005.
En prosa: 3 relatos, y nouvelles como L’Approche de l’Equinoxe, con escultura en madera
pulida de Carmellino, ed. Jean Pierre Huguet, 2007.

La ville de Lorient ayant été anéantie en 1943, Guénane est née au coeur de la Bretagne.
Après des études de lettres à Rennes où elle a enseigné, elle a longtemps vécu au Brésil et
au Paraguay. Elle réside en Bretagne-Sud.
En poésie, elle a publié 12 recueils aux éditions Rougerie, dont L’océan te l’apprendra, en
2005 et Couleur de Femme en 2007.
8 livrets sur l’île (de Groix), éditions La Porte, de 1999 à 2007, Histoire d’eaux, co-édition
Fibres libres/l’autre Rive 2003
Île, poème avec gravure originale de Jean-Claude Le Floch, atelier Landsable, 2005.
En prose : 3 récits, des nouvelles dont l’Approche de l’équinoxe, avec sculpture en bois
poli de Carmellino, éd. Jean-Pierre Huguet, 2007.

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Tinta felina

En la oscuridad sigue parado


lo que muere.
En la sombra
el alma se anima sin rendirse.
Los fantasmas de la vida soñada
excitan la eternidad.

Desde la infancia rasposa un príncipe ronronea


un gato de siete vidas de terciopelo
gato de la torre inviolable
apelotona el misterio alrededor
lo entierra entre las páginas
manteniendo la imagen
dejando entrar el infinito
toda la muerte vuelve a encender la vida.

Felicidad
bello arte de extrañas simbiosis
gato que bebe en tus ojos.
La felicidad no es durar
la felicidad es resurgir
si el misterio respira.

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Encre Féline

Dans le noir debout demeure/ ce qui meurt. / Dans L’ombre / l’âme s’anime sans se rendre.
/ Les fantômes de la vie rêvée / agacent l’éternité.

Depuis l’enfance râpeuse un prince ronronne / Un chat aux sept vies de velours / Chat de
l’inviolable tour / Le mystère autour pelotonne / L’ensevelir entre les pages / Entretenir
l’image / Laisser entrer l’infini / Toute la mort rallume la vie.

Bonheur / Bel art aux étranges symbioses / Chat qui boit dans tes yeux. / Le bonheur n’est
pas durer / Le bonheur c’est rebondir / Si le mystère respire.

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Tinta océanica

Al revés
el océano eriza el estuario
lanza las palabras fuera de borda.

Nos gusta la palabra irrupción


la ilusión relámpago del misterio
y la sombra protectora de la isla.

El océano perfora la tierra.


Dejándote entrar
con una fuerte marea
te agarrará del cuello
cubrirá tu voz
isla
sigue conservando la pose
yo medito lo inédito.

El corazón y los ojos se abren y se cierran


no siempre al mismo tiempo
isla
no le preguntes al océano
pero escucha bien su respuesta.

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Encre océanique

A revers / L’océan hérisse l’estuaire / Jette les mots par-dessus bord.

Nous aimons le mot irruption / L’illusion éclair du mystère / Et l’ombre protectrice de l’île.

L’océan perce la terre. / A te laisser entrer / A forte marée / Il t’atteindra la gorge /


Recouvrira ta voix / île / Garde encore la pose / Je médite l’inédit.

Le cœur et les yeux s’ouvrent et se ferment / Pas toujours au même temps


Ile / N’interroge pas l’océan / Mais écoute bien sa réponse.

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Lloverá sobre el sur de la memoria

Frente a Dios
Frente al mar…

Tango
del exilio al revés
impulsiva fragancia
del balanceo del mar
tango de la ausencia
y del regreso
tango de oceanía
de los cuerpos muertos que zozobran
tango vuelto a caer en coma recuerdo
tango de distancias
de noches en largas visiones
tango de nostalgia agitada
que viene de rodillas
a hacer espuma
sobre las escolleras impasibles
tango de sebo y de sed
que se encabrita
y se adhiere
a la hora cetrina del puerto.

35
Frente a Dios
Frente al mar…

En la noria del insomnio


la ola milonga se desliza.

Il pleuvra sur le sud de la mémoire

Frente a Dios
Frente al mar…

Tango / De l’exil à l’envers / Impulsive fragance / Du tangué de la mer / Tango de l’absence


/ Et du revenir / Tango d’océanie / Des corps-morts qui chavirent / Tango reversé au coma
souvenir / Tango des distances / Des nuits en longues vues / Tango de nostalgie brassée /
Revenue à genoux / Mousser / Sur les môles impassibles / Tango de suif et de soif / Qui
se cabre / Et se colle / à l’heure citrine du port.

Face à Dieu / Face à la mer…

Dans l’ornière de l’insomnie / La houle milonga glisse.

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Marie-Josée Christien

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Marie-Josée Christien est née en 1957 dans le Morbihan. Vit à Quimper dans le Finistère,
où elle est institutrice. Fondatrice et responsable de la revue annuelle Spered Gouez /
L’esprit sauvage depuis 1991. Auteur, critique et collagiste, traduite en allemand, bulgare et
breton, présente dans une quinzaine d’anthologies et ouvrages collectifs. Publication de 12
recueils dont certains sont épuisés. Principaux ouvrages : Un monde de pierres (Blanc
Silex, prix poésie des Écrivains bretons 2002, Sentinelle (Citaded Road éditions),
l’Archipel intérieur (Encres vives), Nul ne sait quel est ce monde (Mona Kerloff).
Dernières publications : Lascaux et autres sanctuaires (Jacques André Editeur), Pierre après
pierre ( les Chemins bleus), le Carnet des métamorphoses (Les Éditions sauvages) ? À
paraître en 2008 aux éditions Tertium : Conversation de l’arbre et du vent, recueil de
jeunesse.

Marie-Josée Christien est née en 1957 dans le Morbihan. Vit à Quimper dans le Finistère,
où elle est institutrice. Fondatrice et responsable de la revue annuelle Spered Gouez /
L’esprit sauvage depuis 1991. Auteur, critique et collagiste, traduite en allemand, bulgare et
breton, présente dans une quinzaine d’anthologies et ouvrages collectifs. Publication de 12
recueils dont certains sont épuisés. Principaux ouvrages : Un monde de pierres (Blanc Silex,
prix poésie des Écrivains bretons 2002, Sentinelle (Citaded Road éditions), l’Archipel intérieur
(Encres vives), Nul ne sait quel est ce monde (Mona Kerloff).
Dernières publications : Lascaux et autres sanctuaires (Jacques André Editeur), Pierre après
pierre ( les Chemins bleus), le Carnet des métamorphoses (Les Éditions sauvages) ? À
paraître en 2008 aux éditions Tertium : Conversation de l’arbre et du vent, recueil de
jeunesse.

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Pasarela de viento

La capa de nubes
traza una curva
sin roturas

a ras del agua


a ras del cielo
pasaje y trayecto
entre los mundos
se disponen

en suspenso
hacia la desaparición.

El acercamiento
del cielo abierto
bisbisea el vacío

en la colecta
de las turbulencias de aire

39
el pasaje
diluye el equilibrio.

El deslizamiento del espacio


dobla
el intervalo
entre la tierra de acá
y la tierra de allá

borde y centro
vacilan
en un espejismo

aparejo de infinito
libre de todo anclaje

Passerelle de vent

La chape des nuages / Trace une courbe / Sans déchirure

Au ras de l’eau / Au ras du ciel / Passage et trajectoire / Entre les mondes / S’arriment

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En suspens / Vers l’effacement.

L’approche / Du plein ciel / Chuchote le vide

A la saisie / Des turbulences de l’air

Le passage / Dilue l’équilibre.

Le glissement de l’espace / Fléchit / L’intervalle / Entre la terre d’ici / Et la terre de là-bas

Lisière et centre / Vacillent / En un mirage

Gréement d’infini / Libre de tout ancrage

Extrait de « l’archipel intérieur » encres vives, 2005.

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Chantal Couliou

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Chantal Couliou nació en Vannes. Docente de secundarios en Brest. Miembro de la lista
de Autores e Ilustradores para la juventud.
Numerosas publicaciones de poemas en revistas (Arpa, Friches, Lieux d’être, Spered Gouez…) y
en antologías: « L’alphabet des poètes », Ed. rue du Monde, 2005, « Visage/Visage(s) »,
Donner à voir, 2004, « Au jardin des poèmes », éd. La petite maison de poésie, 2003.
En poesía, tiene una quincena de libros publicados, entre ellos, Petits bonheurs, Le Dé bleu,
1999, Il y a des jours, Fer de chances, 2001, Point d’attache, Gros Textes, 2003, Saint Denis,
fenêtres ouvertes, en colaboración con el fotógrafo Pierre Douzenel, PSD, 2003, L’avancée des
jours, Éclats d’encre, 2004, Carnet de petits bleus à l’âme, Les Carnets du dessert de lune, 2004.
Ha publicado relatos en las revistas Encres vagabondes, Gros textes, Hauteurs, Lieux d’être,
Paperolles, Rétroviseurs, Solair. Un relato en la compilación colectiva « Regards obliques »,
éditions Encres vagabondes/Le bruit des autres, 2000. Y una compilación de relatos en las
ediciones Les Découvertes de la luciole, 2006.

Chantal Couliou est née à Vannes. Professeur des écoles à Brest. Membre de la Charte des
auteurs et illustrateurs pour la jeunesse.
Nombreuses publications de poèmes en revues (Arpa, Friches, Lieux d’être, Spered Gouez, etc.)
et en anthologies : « l’alphabet des poètes » Ed. rue du Monde, 2005, « Visage/Visage(s) »,
Donner à voir, 2004, « Au jardin des poèmes » éd. la petite Maison de Poésie, 2003.
En poésie, à ce jour, une quinzaine de recueils publiés dont Petits Bonheurs, Le Dé bleu,
1999, Il y a des jours, Fer de Chances, 2001, Point d’attache, Gros Textes, 2003, Saint Denis,
fenêtres ouvertes, en collaboration avec le photographe Pierre Douzenel, PSD, 2003, L’Avancée
des jours, Éclats d’encre, 2004, Carnet de petits bleus à l’âme, Les Carnets du dessert de lune,
2004.
Des nouvelles publiées dans les revues Encres Vagabondes, Gros textes, Hauteurs, Lieux d’être,
Paperolles, Rétroviseurs, Solair.
Une nouvelle dans le recueil collectif « Regards obliques » aux éditions Encres
vagabondes/Le bruit des autres en mars 2000. Une petite pluie, recueil de nouvelles aux
éditions Les Découvertes de la luciole, 2006.

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Aquí,
en el fin del mundo
chocando contra días y días de lluvia
la vida se pierde –con frecuencia– bajo las enaguas de la desesperación.
El viento agarra los cuerpos.
La lluvia oprime los corazones.
Barcos de papel que se inundan
en la ensenada.
La ciudad que ya no da más
se aturde de gris.

Entre tierra y mar,


una ciudad remolcada a cuerda
le hace frente a los enojos del viento.
Y lentamente,
el tiempo borra las últimas heridas.
Pasado/presente
se escriben en el instante.

Ici, / Au bout du monde / A buter contre des jours et des jours de pluie / La vie s’égare -
trop souvent - sous les jupons du désespoir. / Le vent empoigne les corps. / La pluie

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serre les cœurs. / Des bateaux de papier se noient / Dans la rade. / La ville, au bout du
rouleau / S’étourdit de gris.

Entre terre et mer, / Une ville tirée au cordeau / Tient tête aux colères du vent. / Et
lentement, / Le temps efface les dernières blessures. / Passé/présent / S’écrivent dans
l’instant.

46
La isla se desmorona
en una serie infinita
de azules
de piedras
y de insomnio.

L’île se délite / Dans une suite infinie / De bleus / De galets / Et d’insomnie.

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Alain Jégou

49
Alain Jégou nació en octubre de 1948 en Larmor-plage (Morbihan). Ejerció el oficio de
camionero durante cinco años, y luego el de pescador durante 28. Hoy está retirado de los
camiones y los barcos, vive en Ploemeur, a dos pasos y medio del mar, y se dedica
esencialmente a la escritura. Trabaja actualmente en una obra colectiva dedicada a su amigo
Claude Pélieu, desaparecido en 2002 en Norwich, estado de Nueva York.

Alain Jégou est né en octobre 1948 à Larmor-plage (Morbihan). Il a exercé le métier de


chauffeur-routier durant cinq ans, puis celui de marin-pêcheur pendant vingt-huit ans .
Aujourd’hui retiré des camions et des bateaux, il vit à Ploemeur, à deux pas et demi de
l’océan, et se consacre essentiellement à l’écriture. Il travaille actuellement sur un ouvrage
collectif consacré à son ami Claude Pélieu disparu en 2002 à Norwich, État de New York.

50
ChElla-isla

Rayas de vientos en la carnaza rocosa


la pizarra rasca su polvo de piel
aúlla clama su dolor crispado
la tierra punzante nunca muere de risa
con los asaltos reiterados e insistentes
del vigoroso océano violento

Una isla es como una ofrenda


de carnes vírgenes y vulnerables
sumisa abandonada entregada
por un continente traicionero
a los histéricos apetitos
de los elementos dementes

Asteroide diminuto
hundido en la fuente canalla
lleva en sus flancos
los moretones las equimosis
testimonios flagrantes
de siglos de persecuciones
y abusos aberrantes

51
Jirones de limo y pasto corto
moldeada pobrecita y flacucha
tiene que acorazarse recia
pintarse como india y despabilarse
empedrar el rabo
erizar los pezones
emplumar el valle
para resistir grácil
a los vientos desordenadores

Enrularse tan fútil


para seducir y emborrachar
con sus efluvios corredores
a sus curiosos suspirantes
pintores poetas y parroquianos de reflujos
sorbedores de luces
y de sus tonos locuaces
urgentes aventureros
de mañanas sin escrúpulos
de frascos de colores
intensamente retocados
en la rampa de las dunas
o lo denso de las mareas

Soberana y perturbadora
altiva y enigmática

52
conoce la fuerza de su encanto
el mar puede torturarla insultarla
golpear brutalmente su compostura
siempre termina sucumbiendo
y lamiéndole los pies

Elle-île

Zébrures des vents dans la barbaque rocheuse / Le schiste racle sa poudre de peau / Hurle
clame sa douleur crispée / La terre poignante jamais ne se poile / Des assauts répétés et
insistants / Du vigoureux et violent océan

Une île c’est comme une offrande / De chairs vierges et vulnérables / Soumise livrée
abandonnée / Par quelque continent félon / Aux hystériques appétences / Des éléments
déments

Astéroïde toute menue / Echouée dans la vasque vaurienne / Porte sur ses flancs / Les bleus
et ecchymoses / Témoignages flagrants / De siècle de persécutions / Et d’abus aberrants

Lambeaux de loess et d’herbes rases / Modelée pauvrette et maigrichonne / Elle doit se


barder âpre / Farder sauvage et dessaler / Rocailler du croupion / Hérisser du mamelon /
Duveter du vallon / Pour résister gracile / Aux vents désordonnants

53
Frisotter aussi futile / Pour séduire et pinter / De ses effluves sprinteuses / Ses curieux
soupirants / Peintres poètes et chalands des jusants / Renifleurs des lumières / Et de ses
tons loquaces / Pressants aventuriers / Des aubes sans scrupules / Des frasques de couleurs
/ Vivement ramendées

Dans l’échiffre des dunes / Ou le dru des marées

Souveraine et troublante / Fière et énigmatique / Elle sait sa force d’enchantement / L’océan


peut la rouer, l’insulter / Lui frapper brutalement la carène / Toujours il finit par succomber
/ Et lui lécher les pieds

54
En su corazón tiembla la delicada belleza del universo
todos los colores dispersos y los sonidos mezclados
por la naturaleza entusiasmada y todos los seres ruidosos
que chasquean embriagados su materia efímera
el suave rumor de ángeles sus silbatos escuálidos
le embrujan lo insulso y cautivan sus sentidos
con sus refranes jocosos
profusión de risas cloqueantes y trinos revueltos
que humectan su glorieta bajo el velo nocturno
todas las frases carnosas y los poemas en crecimiento
desenfrenan al ras los bordes de su fuente bocona
toda la efímera audacia de sus poses locuaces
su panoplia pin-up y sus fuegos de paja
encendidos por la dicha y la alegría de las glándulas
efusiones hermosas y perfusión de caricias
transporte de emociones en su cuneta limada
por la insolente ternura de los hombres
el deseo que zumba en seres inundados
subyugados por su narcótiva belleza
en todas las líneas y puntos igualmente expandida
que la universal que hace estremecer
brotar y desbordar la vida

55
Dans son cœur frissonne la délicate beauté de l’univers / Toutes les couleurs éparses et les
sons remixés / Par la nature en liesse et tous les êtres bruyants / Qui claquent dans l’ivresse
leur matière éphémère / La douce rumeur des anges leurs flutiaux freluquets / Lui farfadant
le fade et ravissant ses sens / De leur refrains badins / Profusion de gloussement et de trilles
trifouilleuses / Humectant sa charmille sous son voile de nuit / Toutes les phrases charnues
et les poèmes en crue / Débridant ras les bords de sa source lippue / Toute l’éphémère
hardiesse de ses postures loquaces / Sa panoplie pin-up et tous ses feux de brande / Allumés
pour la joie et le bonheur des glandes / Effusions belles et perfusions de caresses / Charroi
d’émois dans sa rigole riflée / Par l’insolente tendresse des hommes / Le désir ronflant des
êtres envapés / Subjugués par sa narquoise beauté / En toutes lignes et points pareillement
épanouie / Que celle universelle qui fait frémir / Jaillir et déborder la vie

56
Olivier Hobé

57
Olivier Hobé nació en 1966 en Nantes. Libros publicados: Autrement semblable (1992,
Quimper en poésie), Arée sur image (colectivo, 1995, Qer est P), À présent dans l’oeuf (1996,
Atelier de Villemorge), Carène (1999, Blanc Silex), Quelques phases critiques d’une géographie à bout
de souffle (2002, Gros Textes), En pièces (2003, Le Chat qui tousse).
Redactor en jefe de la revista Quimper est poésie de 1996 a 2001, y de la revista Trémalo desde
2006 (Pont-Aven).
Participó en la exposición “Jóvenes poetas en Bretaña”, Tombées de la nuit, Rennes, 2000.
Diversas publicaciones en revistas, especialmente en Le Grand I vert, N4728, Triages, Les
cahiers de l’Umbo.
“Participa en la batalla a su manera, resistiendo como el pasto en la duna al deseo de
hundimiento general” (Jacky Essirard).

Olivier Hobé est né en 1966 à Nantes. Recueils publiés : Autrement semblable (1992, éd.
Quimper en Poésie), Arée sur image (collectif, 1995 éd. Qer est P), A présent dans l’oeuf (1996,
Atelier de Villemorge), Carène (1999, éd. Blanc Silex), Quelques phases critiques d’une géographie à
bout de souffle (2002, éd. Gros Textes), En pièces (2003, éd. Le Chat qui tousse).
Rédacteur en chef de la revue Quimper est poésie de 1996 à 2001, puis de la revue Trémalo
depuis 2006 (Pont-Aven).
Participation à l’exposition « Jeunes poètes en Bretagne », Tombées de la nuit, Rennes,
2000.
Diverses publications en revues, notamment Le Grand I vert, N4728, Triages, Les cahiers de
l’Umbo. « Participe à la bataille à sa manière, en résistant comme l’oyat sur la dune, au désir
d’engloutissement général » (Jacky Essirard).

58
Esto podría parar ahí puede
hay hay salve en medio de
el incendio la llamita
hay hay
un deseo almacenado en las trombas
la meseta de divisiones de un pulgar
la frescura en mis pasamanos
como otras tantas celdas
donde partir la colmena
hay tantas tragedias
en el polvo del halo
magra sustancia
como la estima del guardia
estoy clavado como una lechuza dándome vuelta
en sus primeras horas de anidar
mis mangas de camisa raídas
en las raíces de la isla con los peces
este muerto soñado por demasiado ruido

Ça pourrait s’arrêter là ça peut / Il y a il y a sauve au milieu de / L’incendie la petite


flamme / Il y a il y a / Un désir encavé dans les trombes / Le plateau des divisions d’un
pouce / La fraîcheur en mes coursives / Comme autant de cellule / Où trancher la ruche
/ Il y a tant de tragédies / Dans les poussières du halo / Maigre subsistance / Que l’estime
du hallier / Je suis planté comme une effraie m’en remettant / A ses premières heures

59
nichée / Mes bras de chemise piqués / Aux souches de l’île aux poisons / Ce mort rêvé
par trop de bruit

60
Su primer grito tintinea
esmaltado ya de lapsus que se concertan
no es tanto el héroe suave
ese cerdo común
a todos mis miembros
tengo mucho de habitante
no es tanto que no crea
en la pendiente natural de los vencedores
por la que mil cabezas cavan los sótanos
en los bosques de hayas
destinadas a nunca volver a ver
al guerrillero que gana por poco
tan separado así de las partes
por la almeja me trago las piedras
cerro levantado por grandes crecimientos
no hay que creer
acá o allá
están las fiestas de los pájaros

Son premier cri tintinnabule / Emaillé déjà des lapsus qui se concertent / Ce n’est pas tant
le héros souple / Ce porc commun / A tous mes membres / J’ai beaucoup d’habitant / Ce
n’est pas tant ne pas croire / En la pente naturelle des vainqueurs / Pour qui mille têtes
creusent les caves / Dans les bois de l’hêtre / Vouées à ne plus jamais revoir / Le gerris
triomphant de peu / Tant ainsi dégagé des parties / Pour la coque j’avale les cailloux / Tertre
levé par de pleines crues / Il n’y a pas qui croire / Ici ou là / Il y a les fêtes des oiseaux

61
lo más cerca del sol ecléctico
en el alto monte de vidrio
una hora larvada en enero
tan disuelto por su canto de alarma
están los dientes de leche
que desde el fondo del agua
toman las apuestas delictivas
sobre mis figuras impuestas
no es tanto por el sueño que se vacía patrón
un amanecer que no habré
temido.

au plus près du soleil éclectique / dans le haut maquis de verre / une heure larvée dans
janvier / tant dissolu par son chant d’alarme / Il y a ces dents de lait / qui du fond de l’eau
/ prennent les paris délictueux / sur mes figures imposées / ce n’est pas tant du rêve qui
s’évide étalon / une aube que je n’aurai pas / craint.

62
Emmanuelle Le Cam

63
Emmanuelle Le Cam nació el 13 de julio de 1972 en Lorient. Desde 1990 ha
publicado en revistas. Libros publicados (selección): L’Echo, La Rivière échappée, 1992
Gisements, Polder/Décharge, 1993, Frontières, Le Dé bleu, 1994, Septembre coagulé, Citadel
road éditions, 1998, Sang Angleterre Gelée, Citadel road éditions 2001 , Zazen, Wigwam, 2002 ,
Le Poème de l’EAU, éditions le chat qui tousse, 2002 , Poèmes pour Chris, Blanc Silex, 2002 ,
Un homme de sable, Interventions à haute voix, 2002 , Mourir peut-être, Citadel road éditions,
2003 , Février, le Chat qui tousse, 2004 , Requiem pour Heather Jane, Citadel road éditions 2004 ,
Unique Demeure, le Dé bleu, 2005 , Puis vient la Neige, Gros Textes, 2005, La Marche du mot
dans les artères, Citadel road éditions, 2006 , L’Hospitalité des Anges, la part commune, 2006.
Traducciones: Correspondance, Lewis Carroll, Citadel road éditions, 1998, La Maison de
Poupées, Katherine Mansfield, Citadel road éditions, 2002, 2 textes in L’Année poétique
2005, P. Delbourg (éditions Seghers).

Emmanuelle Le Cam est née le 13 juillet 1972 à Lorient. A publié depuis 1990 dans des
revues. Ouvrages publiés (sélection) : L’Écho, La Rivière échappée, 1992 ; Gisements, Polder/
Décharge, 1993 ; Frontières, Le Dé bleu, 1994 ; Septembre coagulé, Citadel road éditions, 1998 ;
Sang Angleterre Gelée, Citadel road éditions 2001 ; Zazen, Wigwam, 2002 ; Le Poème de l’EAU,
éditions le Chat qui tousse, 2002 ; Poèmes pour Chris, Blanc Silex, 2002 ; Un homme de sable,
Interventions à haute voix, 2002 ; Mourir peut-être, Citadel Road éditions, 2003 ;
Février,éditions le Chat qui tousse, 2004 ; Requiem pour Heather Jane, Citadel road éditions,
2004 ; Unique Demeure, Le Dé bleu, 2005 ; Puis vient la neige, Gros Textes, 2005 ; La Marche du
mot dans les artères, Citadel road éditions, 2006 ; L’Hospitalité des Anges, la Part commune, 2006.
Traductions: Correspondance, Lewis Carroll, Citadel road éditions, 1998, La Maison de Poupées,
Katherine Mansfield, Citadel road éditions, 2002, 2 textes in L’Année poétique 2005, P.
Delbourg (éditions Seghers).

64
Metamorfosis
en el absoluto
carnal, ese
sueño inconstante

de

penetración

luz pura
(tuya)
que me habría
plegado:
curva grito corazón
implosión-

Métamorphose / Dans l’absolu / Charnel, ce / Rêve inconstant

De

Pénétration

Lumière pure / (Tienne) / Qui m’aurait / Pliée : / Courbe cri cœur / Implosion-

65
Ya en las aguas
del mundo engañas
(un poco)

viras, zozobras, as-


piras/mal/oh/tan/mal

cabellos rojos
todavía

en la superficie/cortos
/pero
tu/Siddal
masculino

que gira

deriva

66
Déjà dans les eaux / De monde flous / (un peu)

Tu

Vires, chavires, as- / Pires/mal/oh/si/mal

Cheveux roux / Encore

A la surface/courts / /Mais / Toi/Siddal / Masculine

Tournoyant

Dérive

67
Y

aúllo/de la orilla
es tu boca que/

esta es la apnea

eterna hasta
próximas vidas

mi grito, desgarra mi
ángel
mi casi pobre perdido

Et
Je hurle/de la rive / C’est ta bouche qui/
Voici l’apnée
Eternelle jusqu’à / Vies prochaines
Et

Mon cri, déchire mon / Ange / Mon presque pauvre éperdu

68
Henri Droguet

69
Henri Droguet nació en Cherbourg en 1944. Vive en Saint-Malo donde enseñó letras de
1972 a 2004. Ha publicado libros de poemas en las ediciones Gallimard (le Contre-dit, Le assé
décomposé, Noir sur Blanc, La main au feu, 48°39 N-2°01W ( et autres lieux), Avis de passage, Off). Y
en la editorial Champ-Vallon (Ventôses). Tiene un libro en prosa titulado Albert & Cie,
histoire, en Apogée, y algunos libros en colaboración con artistas plásticos (Thierry Le Saëc,
Éric Brault, Dominique Penloup, Pierre Alechinsky).

Henri Droguet est né à Cherbourg en 1944. Il vit à Saint-Malo où il a enseigné les lettres
de 1972 à 2004. Il a publié des recueils de poèmes aux éditions Gallimard (Le Contre-dit, Le
Passé décomposé, Noir sur blanc, La Main au feu 48°39 N-2°01W ( et autres lieux), Avis de passage,
Off). et aux éditions Champ-Vallon (Ventôses). Un ouvrage en prose intitulé Albert & Cie,
histoire, aux éditions Apogée, et, en collaboration avec des plasticiens, quelques livres
d’artiste (Thierry Le Saëc, Eric Brault, Dominique Penloup, Pierre Alechinsky).

70
Embargo de imagen

El primer cualquiera
que llegó muy usable
cuadrado jorobado prójimo
dijo:
anfibia brizna enharinada
cara de leche glauca en la bodega
pálida tirada por un omnívoro
dios en primer lugar
sin nombre ni rostro
voy farsa de la naturaleza
cruzo obstinado tenaz
sin retorno el umbral congelado
negro dejo vértigos deseables
el nicho y el seno

la colina tiene buena espalda


galopo en sus pliegues
deshilvanados su herbario
de acónito y de celidonia
de circe maga de euforbio
selvático y de orquídeas
testículos de zorro de larga

71
suave insinuante nervadura

la sombra se adelgaza
la noche se extenúa y luego
reviste un cielo sedi-
mentario la tierra revuelve-
todo gana traga y recicla

una nube triturada


gordo paquete de berro violeta
flota en el aire aperitivo
un zorzal perdido voluble desgrana sus melopeas
es el fin
transparencia feliz calmada
acuarela desbrozada de azules
desaturados a pinceles de pasto
es el amanecer
y todo esto no tiene estados de ánimo

Arrêt sur image

Le premier n’importe / qui venu très usable / carré bossu prochain / il dit : / amphibie
fétu fariné / trognon au lait glauque au cellier / blafard jeté par un omnivorace / dieu
premièrement / sans nom ni visage / je vais farce de la nature / je passe obstiné tétard /
sans retour le seuil glacé / noir je quitte désirables vertiges / la niche et le giron

72
la colline a bon dos / je galope à ses plis / et décousues son herbier / d’aconit et de
chélidoine de circée magicienne d’euphorbe / sylvatique et d’orchis / testicules de
renard de longue / souple insinueuse lierne

l’ombre désépaissit / la nuit s’exténue puis / maçonne un ciel sédi- / menteur la terre
chamboule- / tout gagne ravale et recycle

un trituré nuage / dodu paquet de cresson violet / flotte dans l’air apéritif / une grive
éperdue volubile égrène ses mélismes / c’est la fin / transparence heureuse apaisée / lavis
débroussaillé de bleus / désaturés à brosse d’herbes / c’est l’aube / et tout ça n’a pas
d’états d’âme

73
Retorno al turf

1
Aquí el mar
no carece de sal lima
los dientes mellados curvos del acantilado
y va a ganar
(provisoriamente)

2
La chaqueta forrada abundantemente la litera
de helecho lirio dorado liquen amortigua
el estrépito poli-
fónico el borbotón
de aguas en catarata
que podan pulen sorben
guadañan cardan rastrillan laquean
descalzan labran mellan
curten cantan cortan (y
eso no es todo)
la abrupta vertiente escarpada jorobada
verdaderamente colorada tuberosa cráneo
con riñones tumefactos cercenados paneles
recortados travesaños de zanjas

74
circos enmarañados cerrados
por los lejanos cepillos glaciares
engarces y fortines hercinianos
contraescarpas capiteles almenados
vértigos derrumbes de arcadas
órbitas ombligos vísceras de cuarcita
pliegues chorreantes grietas con belfos dobladillos
que suavizan matas peladas con mohos
chiñones exuberantes y crespos de juncos
melenas onduladas de musgos
donde mean las cascadas

3
Los corderos peludos voraces impermeables
pacen mecánicamente un burro afloja
en la orilla un caballo rojo y siempre el mismo
duerme parado cuadrillas
correteando entre los juncos
la pizarra de plata negra del lough
vira del verde al amarillo al azul
que el ocre irisa
una garza muy prudente despliega sus zancas
ajusta y lanza su venablo curvo
el viento giratorio cabrillea
y se va sacudiendo
sauces fucsias sicómoros

75
serbales rododendros
hace sonar sus estribillos y sus arpas
en el monte salmonado de los pinos
el abrumador torbellino muaré negro
de los estorninos devora y rechina
muy pacientes los cuervos azul asfalto
esperan y tiran su carne amarga
hacia los subsuelos congestionados
de juncos y linos silvestres
donde se prepara la turba

4
Es el bog hirsuto hidrófilo
al fondo del agujero el hombre
molido panza negra corazón
terráqueo su mano escamosa
y peluda engancha su pala
dique dique dique dádiva él
lo hunde con el talón
pasa
y se calla
(bien así)

Lough Nafooey, Cº Galway


14 de junio de 2007

76
Retour au turf

1 / Ici l’océan / ne manque pas de sel il lime / les dents bréchues crochues de la falaise
/ et va gagner / (provisoirement)
2 / Le maillot feutré dru la litière / à fougère iris d’or lichen amortit / le vacarme poly-
/ phonique le bouillon / cataractant des eaux / qui taillent lèchent lapent / faucardent
cardent sarclent laquent / déchaussent bèchent ébrèchent / tannent chantent coupent
(et / ce n’est pas tout) / l’abrupt ubac ardu bossu / véritablement trogne tuberculée crâne
/ à rognons tuméfiés rognés pans / recoupés croisillons de rigoles / cirques
enchevêtrés verrouillés / par les lointains rabots glaciaires / enchâssements et redans
hercyniens / contrescarpes chapiteaux crénelés / vertiges écroulements d’arcades /
orbites ombilics viscères de quartzite / plis ruisselants fentes à lippes ourlets / que
veloutent touffes pelues des sphaignes / chignons exubérants et crépus des ajoncs /
toisons frisottées des mousses / où pissent les cascades
3 / Les moutons chevelus voraces imperméables / broutent mécaniquement un baudet
débande / sur le rivage un cheval rouge et toujours le même / dort debout pâturons /
piétés dans les joncs / l’ardoise d’argent noir du lough / vire du vert au jaune au bleu /
que l’ocre irise / un héron très prudent déplie ses échasses / ajuste et jette son épieu
cornu / le vent giratoire tounevire / et s’en va secouant / sureaux fuchsias sycomores /
sorbiers rhododendrons
fait marcher ses flonflons et ses harpes / dans la fûtaie saumonée des pins / l’accablant
tourbillon moiré noir / des sansonnets dévore et grince / très patients les corbeaux bleu
bitume / attendent puis tirent leur chair amère / vers les tréfonds congestionnés / à
joncs et linaigrettes / où mitonne la tourbe
4 / C’est le bog hirsute hydrophile / au fond du trou l’homme / échiné ventre noir
coeur
/ terraqué sa main écailleuse / et poilue croche sa pelle / digue digue digue don il /
cogne
ça du talon / il passe / et se tait / (bon qu’à ça)
Lough Nafooey, C° Galway
14 JUIN 2007

77
78
Hervé Carn

79
Hervé Carn nació en 1949 en Fumay en las Ardennes, de padres de Finistère (padre de
Brest y madre de Plonévez-du-Faou).
Doctor en literatura francesa y catedrático de letras modernas, enseña en el liceo de Dinan
(Côtes-d’Armor). Vive en Plancoët (Côtes-d’Armor).
Es autor de ocho novelas (entre ellas, Mauvaise Mémoire, la Différence, 1988, Akparo,
Diabase, 2001, La procession d’Echternach, lignes / Léo Scheer 2006), de libros de prosa y
obras críticas dedicadas en particular a Julien Gracq, Bernard Noël o Benjamin Péret.
Su obra poética ha sido destacada por la crítica y traducida a varias lenguas (español,
polaco, inglés, italiano) y figura en antologías francesas y extranjeras. Entre la decena de
libros publicados se encuentran L’organisation de la pénombre, Dumerchez, 1996, Hoquets du
silence, Dumerchez, 2001, premio Georges Perros 2001, L’Arbre des flots, césure, 2005.
Ha colaborado con artistas contemporáneos en libros de tirada limitada (Dorny, Colette
Deblé, Malabry, Gouiffés…).

Hervé Carn est né en 1949 à Fumay dans les Ardennes de parents finistériens (père de
Brest et mère de Plonévez-du-Faou).
Docteur en littérature française et agrégé de lettres modernes, il enseigne au lycée de
Dinan (Côtes-d’Armor). Il habite à Plancoët (Côtes-d’Armor).
Il est l’auteur de huit romans dont (Mauvaise Mémoire), la Différence, 1988, Akparo,
Diabase,2001, La procession d’Echternach, lignes / Léo Scheer 2006), de livres de prose et
d’ouvrages critiques consacrés notamment à Julien Gracq, Bernard Noël ou Benjamin
Péret.
Son oeuvre poétique remarquée par la critique et traduite en plusieurs langues (espagnol,
polonais, anglais, italien) a été choisie pour des anthologies françaises ou étrangères. Parmi
la dizaine d’ouvrages publiés, citons L’organisation de la pénombre, Dumerchez, 1996, Hoquets
du silence, Dumerchez, 2001, prix Georges Perros 2001, ou l’Arbre des flots, Césure, 2005.
Il a enfin collaboré avec des artistes contemporains pour des livres à tirage limité (Dorny,
Colette Deblé, Malabry, Gouiffès…)
Les textes proposés sont extraits de Vent de cendre à paraître aux Editions Dumerchez.

80
Rosas en el jarrón chino
confetis caídos de un bolsillo,
destellos amarillos en el día que muere,
libros amontonados de cualquier manera
de donde cuelgan señaladores,
retratos malos,
enmarcados con varillas de madera fina,
letras garabateadas, cartas
llegadas de Durban, de Panamá City,
medallas piadosas o guerreras,
unos dibujos de niños realzados
con acuarelas rojas o azules,
un portafolios colmado de cartas
escritas con tinta malva
son los restos de la vida.

Des roses dans le vase de Chine, / Des confetti tombés d’une poche, / Des lueurs jaunes
dans le jour qui meurt, / Des livres entassés à la diable / D’où pendent des signets, / Des
portraits malhabiles, / Encadrés de baguettes de bois fin, / Des lettres griffonnées, des
cartes / Venues de Durban, de panama City, / Des médailles pieuses ou guerrières, /
Quelques dessins d’enfants rehaussés / D’aquarelles rouges ou bleues, / Un portefeuille
gonflé de lettres / Ecrites à l’encre mauve / Sont les restes de la vie.

81
(País prenatal)

Como todos los días, el mar menea su canto contra la piedra.


Sufre, se retira, se estira.
No contó con el rechazo de la luna.
Nunca es el mismo.
Ya no es más que un pincel.
Se demora en la tierra y traza signos húmedos.
Los pájaros llegan al amanecer.
Le lanzan gritos para que se mantenga firme cuando sólo está de paso.

El origen del nombre se busca en la piedra.


En el hombre, todo es duro, socavado, corroído por las salpicaduras del
instante que
el viento repite en el cuerno de oro surgido de la bruma.
El hombre está rajado por el tiempo.
Sus huesos están fijos en la piedra.
No tuvo la fuerza para no morir.
Está despedazado en el alveolo de piedra que el guano de las aves sella
en silencio.

El horizonte se mece en la espuma.


Tiembla de emoción y de frío.
Las rompientes desglosan el origen tejiéndole mantillas.

82
El hombre no tiene ningún derecho sobre la piedra.
Se lo dice cuando camina hacia atrás, cuando trepa para agarrar
su hálito que se apaga.
El hombre siente el aire entre el mar y él.
Cuenta su ruptura, fuera de las razones dadas al mundo para hacer
que se entienda el trayecto de la ausencia.

(Pays d’avant-naître)

Comme chaque jour, la mer balance le chant contre la pierre. / Elle souffre, se retire,
s’étire. / Elle n’a pas compté avec la lune qui la repousse. / Elle n’est jamais elle-même. /
Elle n’est plus qu’un pinceau. / Elle s’attarde sur la terre et trace des signes humides. / Les
oiseaux viennent de l’aube. / Ils lui adressent des cris pour tenir bon quand elle ne fait
que passer.

L’origine du nom se cherche dans la pierre. / Chez l’homme, tout est dur, miné, rongé
par les éclaboussures de l’instant que / Le vent répète dans la corne d’or surgie de la
brume. / L’homme est fendu par le temps. / Ses os sont fichés dans la pierre. / Il n’a pas
eu la force de ne pas mourir. / Il est en morceaux dans l’alvéole de pierre que la fiente
des oiseaux scelle / Dans le silence.

83
84
Jean-Pascal Dubost

85
Jean-Pascal Dubost nació en 1953 en Caen. Vive en el bosque de Paimpont. Lector y
crítico, colabora en varias revistas con artículos y reseñas: CCP, Europe, Gare Maritime…,
organiza numerosos proyectos para hacer circular la poesía actual, desde 2001 participa
activamente en la Casa de la Poesía de Nantes (que preside desde 2007). Ha publicado
principalmente Les Nombreux (Le Dé Bleu, 2001), Les loups vont où ? y Monstres Morts
(Obsidiane, 2002 y 2005), Fondrie (Cheyne, 2002), Dame (éditions 1 : 1, 2005), Nerfs (La
Dragonne, 2006) y en 2007 publica simultáneamente Fatrassier (Tarabuste) y Vers à vif
(Obsidiane).

Jean-Pascal Dubost est né en 1963 à Caen. Vit dans la forêt de Paimpont. Lecteur et
critique, il collabore à plusieurs revues auxquelles il livre articles et notes de lectures :
CCP, Europe, Gare Maritime…, organise de nombreux projets pour faire circuler la poésie
d’aujourd’hui, participe activement depuis 2001 à la vie de la Maison de la Poésie de
Nantes (dont il est le président depuis 2007). Il a publié notamment Les Nombreux (Le Dé
Bleu, 2001), Les loups vont où ? et Monstres Morts (Obsidiane, 2002 et 2005), Fondrie (Cheyne,
2002), Dame (éditions 1 : 1, 2005), Nerfs (La Dragonne, 2006) et publie en 2007
simultanément Fatrassier (Tarabuste) et Vers à vif (Obsidiane).

86
Tres mujeres grises vislumbradas cenan y hacen un caro residuo de langostinos
y cangrejos y charlan y se escuchan y se pasan las pinzas para que los
quelíceros, caparazones y patas cedan y una servilleta para limpiarse la
mayonesa de los dedos o el agua pero riéndose mientras saborean el vino
blanco detenidamente tal vez pelan los cuerpos y las vidas de sus amantes con
un gesto que querría decir: ¡fuera!

Trois femmes grises entrevues dînent et font chère lie de crevettes et de crabes et causent
et s’écoutent et se passent les tenailles pour que chélicères, tests et pattes cèdent et un
torchon pour s’essuyer des doigts la mayonnaise ou l’eau mais rieuses elles goûtent-moi ce
vin blanc dans le détail peut-être elles décortiquent les corps et les vies de leurs amants
d’un geste qui voudrait dire ouste !

87
A merced del recipiente que hay que sacar de la alacena o de la heladera y que
se dejan abiertas todo el tiempo que el garguero truhán de estante en estante
lo quiera; sopa vieja; o papas fritas; o ensalada mustia; o asado de cerdo
envuelto en su gelatina pero al humilde glotón con la copa de tinto frente a él
cerca de medianoche, el mendrugo duro, el pensamiento de una miga a la
otra, un rancho de ave lo llena.

A la fortune du pot quoi sortir du placard ou du frigo qu’on a ouverts et qu’on laisse
béants tout le temps que le gosier brigand d’étagère en étagère on estime; vieille soupe ;
ou chips ; ou salade flasque ; ou rôti de porc figé dans son blanc-manger mais l’humble
gueulard le ballon de rouge devant lui vers minuit, le quignon rassis, la pensée d’une
miette à l’autre, un sot-l’y-laisse le comble.

88
Y avanzo profuso progreso bajo la lluvia diluviana sin alegría y decidido
chorreo y dejo que la noche sobre mi capucha pesada se apoye llena de
pensamientos poco claros que me agarrotan me hacen remontar la avenida
malhumorado la avenida casi corriendo a darle una patada a una máquina de
coca que contra una pared bailotea ¡y qué alharaca!

Et puis j’avance nombreux je progresse sous la pluie diluvienne sans allégresse et décidé
je ruisselle et laisse que la nuit sur ma capuche lourde s’appuie plein de pensées mal
précises qui me font garrot me font remonter l’avenue mal luné l’avenue presque en
courant ficher un coup de pied dans une boîte de coca qui contre un mur valdingue et
quel barouf !

89
90
Pierre Tanguy

91
Pierre Tanguy nació en Lesneven en el norte de Finistère (a mediados del siglo pasado).
Periodista. Residió en Quimper y luego, hasta hoy, en Rennes.
Publicó 9 libros: Mon grain de sel, éditions Le Signor, le Guilvinec, 1978, La guerre si proche
éditions Minihi Levenez, Treflevenez, 1995, Mises au monde, éditions du Petit véhicule,
Nantes, 2000, Haïku du chemin en Bretagne intérieure, éditions La Part commune, Rennes,
2002, Pays de Connaissance La Part commune, 2003, Roue Libre dans la ville, La Part
commune, 2006, Haïku du sentier de montagne, La Part commune, 2007.
Publicó textos en obras colectivas y en antologías: Etat des lieux, 23 poètes de Bretagne
aujourd’hui, éditions Ubacs, Rennes, 1989, Chevaucher la lune, anthologie du haïku
contemporain en français, éditions David, Québec, 2001, Anthologie du haïku en France,
éditions Aléas, Lyon,
2003.

Pierre Tanguy est né à Lesneven, dans le Nord-Finistère (au milieu du siècle dernier).
Journaliste. En poste à Quimper puis, aujourd’hui, à Rennes.
A publié 9 recueils : Mon grain de sel, éditions Le Signor, le Guilvinec, 1978 ; La Guerre si
proche éditions Minihi Levenez, Treflevenez, 1995 ; Mises au monde, éditions du Petit
Véhicule, Nantes, 2000 ; Haïku du chemin en Bretagne intérieure éditions La Part commune,
Rennes, 2002 ; Pays de Connaissance, La Part commune, 2003 ; Roue Libre dans la ville, La Part
commune, 2006 ; Haïku du sentier de montagne, La Part commune, 2007.
A publié dans des ouvrages collectifs ou dans des anthologies : « État des lieux, 23 poètes
de Bretagne aujourd’hui », éditions Ubacs, Rennes, 1989, « Chevaucher la lune, anthologie
du haïku contemporain en français », éditions David, Québec, 2001 ; « Anthologie du
haïku en France », éditions Aléas, Lyon, 2003.

92
Primavera

Granizo sobre las piedras


Abril a paso firme
Un viernes santo

Primeras trifulcas en el agua


Pantalones mojados
El grito de las madres

Pasto gordo tras la lluvia


La vaca se asombra
Porque la miran rumiar

Printemps

Grêle sur les rochers / Avril tambour battant / Un vendredi saint

Premiers chahuts dans l’eau / Pantalons mouillés / Le cri des mères

Herbe grasse après la pluie / Elle s’étonne la vache/ Qu’on la regarde brouter

93
Verano

Manzanos sombrillas
Constelados de frutos rojos
Guardan al verano del calor

Empujado por el viento


El olor de los asados
Cruza el estanque

La novia negra
Ante un gran chorro de agua
El fotógrafo es blanco

Eté

Pommiers parasols / Constellés de fruits rouges / Gardent l’été au chaud

Poussée par le vent / L’odeur des grillades / Traverse l’étang

Mariée noire / Dans les champs dénudés / Le photographe est blanc

94
Otoño

Fin del almuerzo en el hotel


Giramos la cuchara
En la taza de café

La bici tirada en el pasto


Para poder probar
Las primeras moras

Rejas alrededor del jardín


Prohibido pasar
Las manzanas se pudren

Automne

La fin du repas dans l’auberge / La cuiller que l’on tourne / Dans la tasse de café

Le vélo bousculé dans l’herbe / Pour pouvoir goûter / Les premières mûres noires

Des grilles autour du verger / Défense d’entrer / Les pommes pourrissent

95
Invierno

Tomo té
Como manzanas
¿Llegaré a viejo?

Meten violentamente
Al matadero
A las vacas silenciosas

Regueros de estiércol
En los campos desnudos
Invierno negro

Hiver

Je bois du thé / Je mange des pommes / Vivrai-je vieux ?

On les pousse violemment / Dans l’abattoir / Les vaches silencieuses

Rigoles de purin / Dans les champs dénudés / L’hiver noir

96
Alain Le Beuze

97
Alain Le Beuze nació en 1958. Oriundo de Moëlan sur Mer, es docente en Brest. Fundó
en 1983 en Brest la revista Poésie-Bretagne con Paol Keineg y Denis Rigal. Colabora en las
revistas La Canopée, Cimaise, Europe, La Revue des Belles Lettres, en el semanario DediCate y con
numerosos artistas. También escribe regularmente textos de exposiciones y catálogos.
Obras recientes: Stase, Editions Dana 2003; Passé antérieur, Wigwam 2003; La mer se devine,
Editions Ombre et lumière 2003; Débuts, Editions La Canopée, con grabados de Thierry Le
Saëc 2004; L’effet Mer 2004 y Graffures de nuit 2006 con fotografías de Véronique Brod,
Editions Apogée. Un libreto musical, La légende du vent et de la pluie, sobre música de Hervé
Lesvenan 2005.

Alain Le Beuze est né en 1958. Originaire de Moëlan sur Mer, il est enseignant à Brest. Il a
fondé en 1983 à Brest la revue Poésie-Bretagne avec Paol Keineg et Denis Rigal. Il collabore
aux revues La Canopée, Cimaise, Europe, La Revue des Belles Lettres, au magazine DEdiCate et
avec de nombreux artistes. Il préface également régulièrement des expositions et des
catalogues.
OEuvres récentes: Stase, Editions Dana 2003; Passé antérieur, Wigwam 2003; La mer se devine,
Editions Ombre et lumière 2003; Débuts, Editions La Canopée avec des monochromes
gravés de Thierry Le Saëc 2004; L’effet Mer 2004 et Graffures de nuit 2006 avec des
photographies de Véronique Brod, Editions Apogée. Un livret musical, La légende du vent et
de la pluie sur une musique de Hervé Lesvenan 2005.

98
“Desafían la furia de una amante insensata”
Jean Racine

1
la sábana puesta sobre tu silencio
una mañana luminosa

tu cuerpo hundido bajo ese paisaje


de nieve improvisada

que el frío aleja

la enfermedad garabateó en tu miedo

todos los días descifrabas en mi mirada


sus inquietantes palimpsestos

eras su héroe sin quererlo

al final la morfina
se volvió tu pequeña Antígona

99
dejaba en ti
puñados de luz

desafiando
el imperio del dolor

pero tu cuerpo
cedió a los avances del frío

a las primeras nieves


cuando Antígona fue arrestada.

tu cuerpo aflojó

distanciado el dolor

me lo confiaste

enfermedad súbitamente huérfana

sin estado de ánimo


es su papel

100
y que ya está buscando
otros amantes

le tenías rencor
por haber dejado atrás tu vida

por haber trastornado la nuestra

tu cuerpo

país de silencio

ya inaccesible
a las intemperies del dolor

los glaciares helados


los barros del silencio

te alejan un poco más

101
el azul de tus ojos
vira al gris

nueva infidelidad a la vida

es la muerte
que te sigue robando

ese azul
abierto de llamados

apenas cicatrizado
de lágrimas

« Ils bravent la fureur d’une amante insensée »

Jean Racine

1 / le drap jeté sur ton silence / un matin de lumière

ton corps enseveli sous ce paysage / de neige improvisé

que le froid éloigne

102
la maladie a griffonné sur ta peur

chaque jour tu déchiffrais dans mon regard / ses inquiétants palimpsestes

tu en étais le héros malgré toi

à la fin la morphine / devint ta petite Antigone

elle jetait en toi / des poignées de lumière

défiant / la régence de la douleur

mais ton corps / a cédé aux avances du froid

aux premières neiges / lorsque Antigone fut arrêtée.


*

ton corps a lâché prise

distancé la douleur

tu me l’as confiée

maladie soudain orpheline

sans état d’âme / c’est son rôle

et qui se cherche déjà / d’autres amants

tu lui en voulais / d’avoir doublé ta vie

d’avoir troublé la nôtre

103
*
ton corps

pays de silence

inaccessible désormais / aux intempéries de la douleur

les moraines de la neige / les loess du silence

t’éloignent un peu plus

le bleu de tes yeux / vire au gris

nouvelle infidélité à la vie

ou

est-ce la mort / qui te vole encore

ce bleu / béant d’appels

à peine cicatrisé / de larmes

in Stase, Editions Dana.2003

104
Alain Le Saux

105
Alain Le Saux nació en 1959 en Lannion. Ejerce el oficio de corrector literario. Vive en
Brest. Ha publicado Arsenic blanc vivant (delta station blanche de la nuit, 1987) y Aucune
fiction (fragmentos, Wigwam, 1992). Crucifiction aparecerá en 2007. Ha participado en
varias antologías: Un état des lieux, 23 poètes de Bretagne, éd. Ubac, presentado por
Jacques Josse, Choisir la poésie en France, éd. Écrits des Forges, Québec, Poésie der/en
Bretagne, Atelier Verlag Andernach, Alemania, L’anthologie sauvage, presentada por M.-J.
Christien (revista Spered Gouez).
Ha participado en numerosas revistas: Création, Foldaan, Le Guépard, La poire d’angoisse,
delta station blanche de la nuit, Littérales, etc.

Alain Le Saux est né en 1959 à Lannion. Exerce le métier de correcteur en édition. Habite
Brest. A publié Arsenic blanc vivant (Delta station blanche de la nuit, 1987), Aucune fiction
(fragments, éd Wigwam, 1992) et CruciFiction (Les Hauts-Fonds, 2008). Il a participé à
plusieurs anthologies : « Un état des lieux, 23 poètes de Bretagne », éditions Ubac, présenté
par Jacques Josse, « Choisir la poésie en France », éd. Ecrits des Forges, Québec, « Poésie
der/ en Bretagne », Atelier Verlag Andernach, Allemagne, « L’Anthologie sauvage »,
présentée par M.-J. Christien (revue Spered Gouez).
A participé à de nombreuses revues : Création, Foldaan, Le Guépard, La Poire d’angoisse,
Delta station blanche de la nuit, Littérales, Les Cahiers de l’umbo, etc.

106
El exilio es un sol velado
El exilio juega a salto de verbo
Entre arbustos de recuerdos

El exilio descubre un grillo


En la voz de un muecín

El exilio vaga en la ola


Fondo de ojo fondo de boca
Reconocido en una esquina

En una mesa de café


En el sopor de las moscas

Jugando con la sombra


Que avanza entre las voces

Jugando con el camarero


Que da vueltas detrás de su dique

Jugando con el exilio


Y sus cartas grasosas
Y sus huesos blancos y rojos

107
El agua de los exilios en las pieles
De tambores mudos
En el amarillo pálido de las calles
Acostadas
En lo borroso de las buenas noches
Dadas con los ojos cerrados

El exilio no esa brida de animales


Perdidos
No los hogares de ceniza fría

¿Cómo decir: execro a los vivos clavados?

¿Cómo sobrevivir en ex-ilio?

Brest, domingo 3 de junio de 2006

L’exil est un soleil voilé / L’exil joue à saute-verbe / Entre buissons de mémoires

L’exil débusque un grillon / Dans la voix d’un muezzin

L’exil vague dans la vague / Fond d’œil fond de bouche / Reconnu à un coin de rue

Sur une table de café / Dans le tournis des mouches

108
A jouer avec l’ombre / Qui avance entre les voix

A jouer avec le serveur / Qui virevolte derrière sa digue

A Jouer avec l’exil / Et ses cartes graisseuses / Et ses osselets blancs et rouges

L’eau des exils sur les peaux / Des tambours muets / Dans le jaune blafard des rues
Couchées / Dans le terne des bonsoirs / Jetés yeux fermés

L’exil non pas ce licol des bêtes / Perdues / Non pas ces foyers de cendre froide

Comment dire : j’exècre les vivants rivés ?

Comment se survivre en ex-il ?

Brest, dimanche 3 juin 2006

109
El reloj Bulova

A partir de fotografías de Arthur Tress


A Didier, Sibylle e Yves

Duerme bajo los gladiolos


A su alrededor los icebergs acuchillan
las fachadas vidriadas de los rascacielos
Duerme en un nido de paja
El polvo almidona la calle
Duerme en una bolsa plástica
Losas agrietadas forman un último puente
a sus sueños con cierres de oro
Escala un acueducto
cerrando los ojos Sus talones aplastan la nube
Se ofrece al espejo
susurra aún y a pesar de todo
Sobre un techo de cinc
duerme acurrucado en el bolsillo de un marino

Se engancha en un ferry de domingo al mediodía


Entre los dientes cromados las cadenas engrasadas
De tándems y bicicletas
Un ángel le pone

110
un candado al cuello un ángel surgido del plexiglás neoyorquino
Duerme en cruz sobre los rieles
Y el vagón GATX 37541 avanza
–el maquinista del GATX 8301
no tiene puesta más que una gorra y su transpiración
Él se representa otra vez la Pasión:
escupitajos mejillas lastimadas negro
carbón y madera vinagre en los labios
Hiatus mohoso Cristo

(Hace un calor plomizo de amarillo


una piqueta traspasa el silencio)

El hombre de negro reina preferentemente


Sobre los cirujas del puerto
Él duerme detrás de los blancos uniformes
De los monoblocs
Son las cuatro menos cuarto
En el reloj Bulova
Y alguien que no ve ni habla
Está sentado atento en su silla eléctrica
Otro cuelga torneado
–del océano como siempre–
entre carnes cuchillos y polvo
Ícaro abandonado alas planeando
Son las dos en el reloj Bulova

111
En suma: un peso de carne de contornos mecánicos
Máquinas solitarias de las palmeras que caen

Acaricia páginas sueña con pisos nudosos


Duerme desaparece
Soñar no es más que trampa gallo de violín amargo,
busto de yeso pintarrajeado, armonías agitadas,
flor tardía, mano de cera entre muslos… pero
la luz el aserrín justo…
Sueña que sueña que duerme
Un lince gruñe Está acostado énfasis dado al mundo
Duerme sobre la sierra de un montañés con guantes
Duerme sobre la rueda de un ciclista con piel de gamuza
Duerme en los anteojos de un texano matador de gallos
Habla durmiendo
Sueña que llueven lagos y fibra de vidrio
máscaras primitivas y marionetas de madera
coleópteros y uñas: manos de hinojo largo
Durmiendo tatúa el mundo:
Un falo tranquilo blandido en un agua lacustre
Las hojas las lágrimas
Una pieza perezosa dos hombres deslumbrados
Con el olor del vidrio matinal
En coches repletos de cabezas de muñecas
–NO TRESPASSING, VIOLATORS WILL BE PERSECUTED–

112
L’horloge Bulova

D’après les photographies d’Arthur Tress / À Didier, Sibylle et Yves

Il dort sous les glaïeuls / Autour de lui les icebergs fendent / les façades vitrées des
gratte-ciel / Il dort dans un nid de paille / La poussière empèse la rue / Il dort dans un
sac plastique / Des faïences fêlées font un dernier pont / à ses rêves zippées d’or / Il
escalade un aqueduc / en fermant les yeux Ses talons écrasent du nuage / Il s’offre au
miroir / murmure même et quand même / Sur un toit de zinc / il dort blotti dans la
poche d’un marine

S’accouple sur un ferry de dimanche midi / Parmi les dents chromées les dérailleurs
graisseux / Des tandems et bicyclettes / Un ange le coiffe / un cadenas au cou un ange
né du plexiglas new-yorkais / Il dort en croix sur les rails / Et le wagon GATX 37541
avance / - le machiniste du GATX 8301 / ne porte qu’une casquette en visière et sa sueur
/ Il se rejoue la Passion : / Crachats joues labourées noir / charbon et bois vinaigre aux
lèvres / Hiatus rouillé Le Christ

(Il fait un jaune de chaleur plombée / Un piolet transperce le silence)

L’homme en noir sévit préférentiellement / Dans les squats portuaires / Il dort derrière
les cibles uniformes / Des blockhaus / Il est quatre heures moins le quart / À l’horloge
Bulova / Et quelqu’un qui ne voit ni ne parle / Est assis attentif sur sa chaise électrique /
Cet autre pend treuillé / - de l’océan comme toujours - / parmi viandes couteaux et
poussières / Icare abandonné ailes en plan / Il est deux heures à l’horloge Bulova / Tout
compte fait : un poids de chair des cernes mécaniques / Des machines solitaires des
palmiers qui tombent

Il caresse des pages il rêve de planchers à nœuds / Il dort il disparaît / Rêver n’est que
piège / couac de violon amer, / buste de plâtre peinturluré, harmonies en remous, /
fleur tardive, / main de cire entre cuisses… mais / la lumière la juste sciure… / Il rêve
qu’il rêve le sommeil / Un lynx feule Il est allongé offert ampoule au monde / Il dort

113
sur la scie d’un montagnard ganté / Il dort sur la roue d’un cycliste en peau de chamois /
Il dort dans les lunettes d’un Texan tueur de coqs

Il parle en dormant Rêve qu’il pleut lacs et laine de verre / masques primitifs et
marionnettes en bois / coléoptères et ongles : mains de fenouil long / En dormant il
tatoue le monde : / Un phallus calme brandi dans une eau lacustre / Les feuilles les
larmes / Une chambre paresseuse deux hommes éblouis / Dans l’odeur de vitre matinale
/ Des landaus remplis de têtes de poupées / - NO TRESPASSING, VIOLATORS WILL BE
PERSECUTED -

114
Michel Dugué

115
Michel Dugué nació en Vannes, vive y trabaja en Rennes. Ha publicado libros de
poemas en las ediciones Folle Avoine: Une escorte très nue, Le Salut à l’hôte, Le Jour contemporain,
Les Alentours. Es autor de prosas: Le Paysage (Wigwam) y Éléments, Formes, Nuages (éditions
Dana). También ha escrito una novela: Un hiver en Bretagne (éditions Ubacs) y dos relatos en
la editorial Apogée, Le Chemin aveugle y Vannes, éste último libro se presenta como la
indagación recordatoria de la forma de una ciudad. Participó en varias obras colectivas y
colabora en diversas revistas.

Michel Dugué est né à Vannes, vit et travaille à Rennes. Il a publié des recueils de poèmes
aux éditions Folle Avoine : Une escorte très nue, Le Salut à l’hôte, Le Jour contemporain ainsi que
Les Alentours. Il est l’auteur de proses : Le Paysage (éditions Wigwam) et Éléments, Formes,
Nuages (éditions Dana). On lui doit également un roman, Un hiver de Bretagne, aux éditions
Ubacs, et deux récits aux éditions Apogée, Le Chemin aveugle et Vannes, pour
mémoire ce dernier livre se présentant comme la quête mémorielle de la forme d’une
ville. Il a participé à plusieurs ouvrages collectifs et collabore à diverses revues.

116
Simple sol

Nada más que un umbral


plantado allí
(centro de la planicie)
y en ese umbral
el anfitrión
y detrás de él la mesa
larga y pacífica.

**

La mesa, al caer la noche,


es solitaria.
La sombra murmura y
el descanso también.

La pieza está vacía


pero el día dejó
las últimas palabras
las inciertas, las
susurradas.

O sea que es
solitaria
cuando alumbra

117
con nuestras voces
también.

**

El presente cayó
con el día
el simple
(que no está cargado de nada)
también el pálido
el incierto.

El anónimo donde te alojas


tan lejos de ti
aunque como un prójimo.

**

Ayer usted fue admitido.


Habías empujado la puerta
del umbral.
En el instante siguiente, lo viste.

Usted se sentó
(nada molestaba en la mesa)
llegaban al intercambio
simplemente.

118
Tal vez usted pronunció las palabras
que borran las enemistades
alejando el crimen.

**

Las palabras que se dicen


sabias
que no conozco
pero que podría comprobar
el simple sol.

Enlazando toda belleza


en esa unión tan breve.

**

El arco y la flecha.

Sólo para decir


la brevedad del gesto
el advenimiento del tiro.

Repeliendo el límite
o prolongando la vista.

119
Simple Soleil

Rien qu’un seuil / Campé là / (centre de l’étendue) / Et sur ce seuil / L’hôte / Et


derrière lui la table / Longue et pacifiée.

**

La table, la nuit venue / Est solitaire. / L’ombre chuchote et / Le repos aussi.

La pièce est vide / Mais le jour a laissé / Les mots derniers / Les incertains, les /
Murmurés.

C’est dire, qu’elle est/ Solitaire / Quand elle luit / De nos voix / Encore.

**

L’aujourd’hui est tombé / Avec le jour / Le simple / (qui n’est chargé de rien) / Le pâle
encore / L’incertain.

L’anonyme où tu gîtes / Si loin de toi / Mais comme un proche.

**

Hier, vous fûtes accordés. / Tu avais poussé la porte / Du seuil. / L’instant d’après, tu le
vis.

Vous vous êtes assis / (rien n’embarrassait la table) / Vous alliez dans l’échange /
Simplement.

Peut-être, prononciez-vous les mots / Effaçant les inimitiés / Eloignant la tuerie.

**

120
Les mots que l’on dit / Sages / Que je ne connais pas / Mais dont témoignerait / Le
simple soleil.

Rameutant toute beauté / En cette union si brève.

**

L’arc et la flèche.

A dire seulement / La brièveté du geste / L’avènement du trait.

Repoussant la limite / Ou prolongeant la vue.

121
122
Denise Le Dantec

123
Denise Le Dantec ha publicado una treintena de obras : Poésie et travail sur nature /
culture botanique : Encyclopédie poétique et raisonnée des herbes, éd. Bartillat 2000, Le roman des
jardins de France, Plon, Les jardins de Paris, Flammarion. L’estran autour de l’île Grande,
Flammarion... Última publicación en 2007, éd. Du Rocher: Les Jardins et les
jours.
Acaba de concluir la traducción de las prosas de Gabriela Mistral y está terminando un
libro sobre el hombre y las plantas que aparecerá en la editorial Apogée.
Es catedrática de filosofía y también pintora.

Denise Le Dantec a publié une trentaine d’ouvrages : poésie et travail sur nature/culture
botanique : Encyclopédie poétique et raisonnée des herbes, éd. Bartillat, 2000.
Le Roman des jardins de France, Plon ; Les Jardins de Paris, Flammarion ; L’estran autour de l’île
Grande, Flammarion...
Dernière parution, en 2007, éd. Du Rocher : Les Jardins et les jours.
Elle vient de terminer la traduction des proses de Gabriela Mistral et termine un livre sur
l’homme et les herbes qui paraîtra chez Apogée.
Elle est agrégée de philosophie. Elle est également peintre.

124
En los funerales de la primavera

sufre
la incertidumbre de la mariposa

en el polvo de su vuelo
como un presentimiento
que tiembla

en el límite

Aux funérailles du printemps

Souffre / l’incertitude du papillon

dans la poussière de son vol / comme un pressentiment / qui tremble

à la limite

125
Oh las paradas de la abeja
en las ramas –de oro

en la incertidumbre de las cunetas


la carroza titubea

O les stances de l’abeille / sur les verges – d’or

dans l’incertitude des fossés / le carosse est vacillant

126
Por temible que sea la estación de la muerte

a plena luz

es en el brillo de un alfiler
en el camino

donde nuestra más profunda mirada


ha visto

Si redoutable soit la saison de la mort

en toute lumière

c’est à la lueur d’une épingle / sur le chemin

que notre plus profond regard / à vue

127
Abeja
en el seno radiante del frío

muerta o viva

la mano lívida
que la libera

en la ceguera que lastima

de la escarcha

Abeille / sur le sein radieux du froid

morte ou vive

la main livide / qui la délivre

dans la cécité qui blesse

du givre

128
Jean-François Roger

129
Jean-François Roger nació en 1955 y murió en julio de 2006 en Rennes. Miembro del
comité de lecturas de Intervenciones en Voz Alta, colaborador de la revista Spered Gouez /
L’esprit sauvage. Sus textos han sido publicados en más de sesenta revistas y antologías.
Poeta, crítico y artista plástico, ha publicado 18 libros, entre ellos: Gaston Criel du Surréalisme
à l’underground (ensayo, l’Harmattan), Usage de la mémoire (cahier de Poésie Verte), Résidents du
soleil (Editinder), Chroniques du Feu ( Editinder), Saisons d’encre et d’écume (IHV), Rivages de la
parole (IHV); su último libro, Neige carcérale (l’Harmattan) se publicó después de su muerte.
Ha dejado unos quince libros de poemas y de ensayos inéditos, así como una novela. En
prensa: Célébration de la fougère et du houx (éditions IHV).

Jean-François Roger est né en 1955. Il est décédé en juillet 2006 à Rennes. Membre du
comité de lectures d’Interventions à haute voix, collaborateur de la revue Spered Gouez /
L’esprit sauvage. Ses textes ont été publiés par une soixantaine de revues et anthologies.
Poète, critique et collagiste, il a publié 18 ouvrages, dont Gaston Criel du surréalisme à
l’underground (essai, L’Harmattan), Usage de la mémoire (Cahiers de Poésie Verte), Résidents du soleil
(Editinder), Chroniques du Feu (Editinder), Saisons d’encre et d’écume (IHV), Rivages de la parole
(IHV).
Son dernier recueil Neige carcérale (L’Harmattan) est paru après sa mort. Il laisse une
quinzaine de recueils et d’essais inédits, ainsi qu’un roman. À paraître : Célébration de la fougère
et du houx (éditions IHV).

130
La aurora es una isla
La luz se esconde
en la promesa de un fruto

En ese humilde condado


golpeado por una trémola claridad
el tiempo vertical se ha detenido

Instante furtivo
Un ala de nieve se eleva
entre los valles azules
del deseo la frágil silueta
de un sueño más puro que el sueño
y la noche estrellada de leyendas

Portador del único fuego


que nunca se apaga
camino solo entre las flores
del cielo y guardo en el pecho
la huella fresca de tu paso.

131
L’aurore est une île / La lumière se cache / en la promesse d’un fruit

En cet humble duché / battu de tremblante clarté / le temps vertical s’est arrêté

Instant furtif / Une aile de neige se lève / entre les vallons bleus / du désir la frêle
silhouette / d’un rêve plus pur que le rêve / et la nuit étoilée de légendes

Porteur de l’unique feu / qui jamais ne s’éteint / seul je marche parmi les fleurs / du ciel
gardant au cœur / l’empreinte fraîche de ton pas.

132
De un pájaro ebrio nacen
la inmensidad del alba
hasta perderse de vista
la luminosa claridad
del mar vegetal
revestido de helechos
posada en los jardines

La ola el silencio la luz


Reinan aquí desde siempre
Bajo el árbol de estrellas
Inundado de niebla
Donde lo vivo y lo muerto eternamente
Se entrelazan y se anudan

Habitamos el tiempo solitarios


la sombra pura de una palabra
que guarda como un secreto
el secreto de nuestra presencia
en este país de mirada invernal
donde se pierden todos los caminos

exiliado para siempre a lo ancho de sí mismo.

133
D’un oiseau ivre naissent / l’immensité de l’aube / à perte d’horizon / la lumineuse clarté
/ de la mer végétale / en habit de fougères / posée sur les jardins

La vague le silence la lumière / Règnent ici depuis toujours / Sous l’arbre d’étoiles /
Noyé de brume / Où le vif et la mort éternellement / S’entrelacent et se nouent

Seuls nous habitons le temps / l’ombre pure d’une parole / gardant tel un secret / le
secret de notre présence / en ce pays au regard d’hiver / où se perdent tous les chemins

exilé à jamais au large de lui-même.

Jean-François Roger extraits de « célébration de la fougère et du houx »

134
Yves Prié

135
Yves Prié nació en Sainte Helen, Bretagne en 1949, ha publicado varios libros de poesías
en las ediciones Rougerie y también ha colaborado con artistas visuales, su último libro
El rostro de un mundo fue traducido en español por Jorge Najar.
Desde 1980 dirigió las ediciones Folle Avoine donde fueron publicando muchos poetas
extranjeros y francéses.

Yves Prié est né à Sainte Hélène en Bretagne en 1949. Il a publié de nombreux livres de
poésie aux éditions Rougerie et collaboré avec des artistes visuels. Son dernier livre Le
visage d’un monde a été traduit en espagnol par Jorge Najar. Depuis 1980 il dirige les éditions
Folle Avoine où ont été publiés de nombreux poètes étrangers et français.

136
A solas
tejiendo su noche

1.
El otoño agrietaba noche
debajo de los caminos la tierra respiraba

La huella del fuego


levantaba de nuevo el corazón de las chimeneas

Con el regreso de las lluvias


la hierba se vuelve una caricia
en nuestros tobillos

El día se acaba
en el reír humedecido de los caminos
El escalofrío de las golondrinas en los cables
provoca dudas en las lámparas

Con el tiempo
yo seré el ausente en las llamadas
sorprendido por la noche

137
En su mirada de ceniza
ella asfixia los pasos

Al acabar el otoño
los primeros crujidos de la escarcha
detienen nuestros movimientos

Esta noche no es nada más que un alto


un momento en suspenso
en la partitura de la estación
Toda sombra es el rechazo de su muerte
Resplandecer no es nada
Resistir otorgará una oportunidad al follaje

La noche no es más que el descanso


de los fuegos del otoño

Toda una noche escudriñando


la llegada de la sombra
a la espera del desenlace

que dejará mi ser

138
en estado abrupto
en la ebriedad del vértigo

El cuerpo se hunde
Y nadie en pos de él
la música borra las huellas

La medianoche corroe los patios


buscamos el instante
que nos devuelva nuestro cuerpo

La irrupción de un movimiento
rasgará el velo
y pondrá fin a la opresión
que nos hiela el corazón

En la noche
la ropa se emociona con el viento

Sabemos que los patios de la fincas


son guaridas para los anhelos infantiles

139
Las flores ahí tiemblan
ante el ronquido de las máquinas

Un grifo se niega a entregar el agua


agrietaría nuestras manos

Sólo el aire tiene todavía


el frescor de los aguaceros

El ojo furtivo
sorprende a la golondrina en el despegue de su vuelo
fruto madura con la caricia
El tiempo se ha vuelto cómplice

A la caída del sol habrá


el eco de un ardor en el vientre de las mujeres
Las estaciones se nutren con esta connivencia

De nuevo la espiga del aire


romperá la coronilla del alba
Las cosechas se preparan en silencio
Y nosotros nos dejaremos sorprender

140
1
L’automne gerçait la nuit / sous les chemins la terre respirait

L’empreinte du feu / rehaussait à nouveau le cœur des cheminées

Automne finissant / les premiers craquements du givre / arrêtent nos gestes

Cette nuit n’est rien qu’un arrêt / un point d’orgue / dans la partition de la saison / Toute
ombre est le refus de sa mort / Etinceler n’est rien / Résister donnera une chance au
feuillage

La nuit n’est que le repos / des feux de l’automne

Retour des pluies / l’herbe à nos chevilles / se fait caressante

La journée s’achève / dans le rire mouillé des chemins / Le frisson des hirondelles sur
les fils / fait hésiter les lampes

Je serai dans le temps / celui qui manque l’appel / surpris par la nuit

Elle étouffe le pas / dans son regard de cendres

Une soirée à scruter / la descente de l’ombre / à attendre le dénouement

qui me laissera / à l’abrupt de moi-même / dans l’ivresse du vertige

Le corps sombre / Nul ne suivra / la musique efface les traces

Minuit ronge les cours / nous cherchons l’instant / qui nous rendra notre corps

L’irruption d’un geste / déchirera le voile / et dénouera l’étreinte / qui nous glace le
cœur

141
Dans la nuit / des linges s’émeuvent du vent

Nous savons que les cours de fermes / sont des repaires pour les rêves d’enfants

Des fleurs y tremblent / dans le ronflement des machines

Un robinet refuse de livrer son eau / elle gercerait nos mains

L’air seul a toujours / cette fraicheur des pluies d’orage

l’oeil furtif / surprend l’hirondelle à la pointe de son vol / le fruit brunit sous la caresse
/ le temps se fait complice

Il y aura dans la chute du soleil / l’écho d’une brûlure au ventre des femmes / les saisons
se nourrissent de cette connivence

Il y aura à nouveau l’épi de l’air / brisant la calotte de l’aube / Des moissons se préparent
dans le silence / Nous nous laisserons surprendre

142
Erwann Rougé

143
Erwann Rougé nació en 1954 en Rennes. Vive en Bretaña y en Brasil.
Libros publicados (selección):
Amour neige d’oubli, Calligrammes, 1983, Quimper
Corneille, Editions Unes, 1986 , Le Muy
Les Forêts, Editions Unes, 1992, Draguignan
Pour si lents tes yeux, Aréa-livres de Alin Avila, 1994, Paris
Lèvres sans Voix, Editions Unes, 1995, Draguignan
O Moîra, Editions Unes, 1997, Draguignan
Pareil au faucon, Editions Blanc Silex, 1999, Quimper
Douve, Editions Unes, 2000, Draguignan
Bruissement d’oubli, Apogée, 2002, Rennes
L’écalure, Wigwam, 2004, Rennes
Nous, qui n’oublie pas, La lettre volée, 2005, Bruxelles
Paul les Oiseaux, Le Dé bleu, 2005, Chaillé sous les Ormeaux
Donc cela, Editions l’Attentive, 2005
Tiene otras publicaciones en revistas y libros de artista de tirada limitada.

Erwann Rougé est né en 1954 à Rennes. Il vit en Bretagne et au Brésil.


Ouvrages parus (sélection) :
* Amour neige d’oubli, Calligrammes, 1983, Quimper
* Corneille, Editions Unes, 1986 , Le Muy
* Les Forêts, Editions Unes, 1992, Draguignan
* Pour si lents tes yeux, Aréa-livres de Alin Avila, 1994, Paris
* Lèvres sans Voix, Editions Unes, 1995, Draguignan
* O Moîra, Editions Unes, 1997, Draguignan
* Pareil au faucon, Editions Blanc Silex, 1999, Quimper
* Douve, Editions Unes, juin 2000, Draguignan
* Bruissement d’oubli, Apogée, 2002, Rennes
* L’écalure, Wigwam, 2004, Rennes
* Nous, qui n’oublie pas, La lettre volée, 2005, Bruxelles
* Paul les Oiseaux, Le Dé bleu, 2005, Chaillé sous les Ormeaux
* Donc cela, Editions l’Attentive, 2005
Autres publications en revues et livres d’artistes à tirage limité

144
es como un tren obstinado como un recorte
es peor que Yalta es un láser es donde la esperanza
_ una piel prestada es una palabra como un canto
que de una manera u otra destierra la esperanza es memoria
como un pájaro herido pinchado picoteado

cuando los ogros se ríen de las promesas


no tienen que hacer lo peor que vendrá
siempre los trenes siempre los rictus
las armas los cetros y los cantos
_ y el tren es una tierra es un cadáver

como un desastre obstinado es el tiempo


como un desastre obstinado bestias de carga
cubren la tierra cubren el tiempo
_ y la esperanza es embriaguez es una escena de caza
como el tren del mundo es un atentado

c’est comme train obstiné comme un découpage / c’est pire que Yalta c’est un laser c’est
quoi l’espoir / _une peau d’emprunt est un mot comme un chant / qui de façons ou
autres déporte l’espoir c’est mémoire / comme un oiseau blessé piqueté becqueté

145
quand les ogres s’en rient des promesses / n’ont que faire le pire à venir /
toujours les trains toujours les rictus / les armes les sceptres et les chants /
_et le train est une terre est un cadavre
comme un désastre obstiné est le temps / comme un désastre obstiné bêtes de
sommes /jonchent la terre jonchent le temps / _et l’espoir est ivresse est une
scène de chasse / comme le train d

146
retorcer la lengua no tiene fin no tienes pero el jugo de la

arrancarse pieles qué desorden desgañitarse más que gorriones con el cepo
de la trampa

historia de bomba anatómica si sólo hubiese que cruzar un campo

decir no es quedarse en el umbral como en una vieja polaroid amarillenta

Ya saben, me gusta mucho el azul turquí, tan denso, de las matas mojadas
por la mañana, para meter la nariz en ellas

tanto que nos han legado es usted acaso quien renguea así sobre nuestras
tumbas para nosotros que rengueamos

nadie se escucha maquinando peleas qué locura para nada

no decirse nada de nada excepto manías y el cambalache pringoso de lo


biográfico

147
plagios piruetas con eso andamos bien lo que se dice embrolla nos entinta

a la altura de matanzas o mejor repeticiones y cacerías furtivas tenemos la


boca llena de rumores

gusto a cereza de la deuda que toca llamada la vida no es muy verosímil

aunque al revés es muy posible

à tourniquer la langue n’a de cesse tu n’as mais le jus / de la

s’en arracher peaux quel chantier se saigner plus que / piafs au trébuchet du piège

histoire de bombe anatomique si ce n’était qu’un / champ à traverser

148
dire n’est-ce demeurer sur le seuil comme dans un / vieux polaroïd jauni

Vous savez, j’aime beaucoup le lilas turc, si épais, / des gerbes mouillées le matin, pour y fourrer le nez

tant ça qu’ils nous ont légué c’est vous n’est-ce pas / qui boitez ainsi sur nos tombes pour
nous qui boitons

personne ne s’écoute à se mâchiner chamailles quelle / folie à rien

ne se rien à rien dire sinon manies et le bric-à-brac / poisseux du biographique

larcins pirouettes ça nous arrange bien ce qu’on dit / embrouille nous encreuse

à hauteur de carnages au mieux redites et / braconnages on en a plein les bouches des


rumeurs

goût cerise de la dette ça bat chamade la vie c’est pas / très vraisemblable

mais de travers c’est très possible

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155
Se
terminó
de imprimir
en enero de 2009
bajo el cuidado de Ediciones VOX
Nicaragua 2070 / 8000 Bahía Blanca
Buenos Aires / República Argentina.

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