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Métalexicographie culturelle, fonctions lexicographiques

et finalité pragmatique
Patrick Leroyer, Henning Bergenholtz
Dans Éla. Études de linguistique appliquée 2013/2 (n°170), pages 153 à 178
Éditions Klincksieck
ISSN 0071-190X
ISBN 9782252038932
DOI 10.3917/ela.170.0153
© Klincksieck | Téléchargé le 27/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.64.171.104)

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MÉTALEXICOGRAPHIE CULTURELLE,
FONCTIONS LEXICOGRAPHIQUES
ET FINALITÉ PRAGMATIQUE

Résumé : Le but de cet article est de replacer le traitement des données cultu-
relles dans les dictionnaires dans le cadre d’une méthodologie guidée par les
fonctions lexicographiques et par la finalité pragmatique du dictionnaire : le
dictionnaire est-il monofonctionnel ou polyfonctionnel ? Est-il conçu pour aider
son utilisateur à lire ou à écrire ? Est-il conçu pour traduire ? Est-il conçu pour
soutenir l’apprentissage d’une langue ou l’acquisition de connaissances ency-
clopédiques ? Pour qui le dictionnaire est-il conçu ? Et pour quelles situations
d’utilisation ? Ces questions sont cruciales car de leur réponse dépend le trai-
tement des données culturelles, qui ne sont pas simplement rattachées aux mots
et expressions de la langue générale, mais aussi aux mots et expressions de
la langue spécialisée, où des pans entiers de connaissances sont façonnés par
la culture au travers des domaines. Les données culturelles, enfin, sont ratta-
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chées aux sociolectes des entreprises, qui sont des construits culturels ; dans
la conception d’un dictionnaire d’entreprise, la prise en compte des fonctions
lexicographiques permet de faire face à la finalité pragmatique de ce type de
dictionnaire.

1. INTRODUCTION – ENTRE CULTURE ET CULTURES

Selon les regards épistémologiques et théoriques qui s’y posent, les


conceptualisations de la notion de culture évoluent au gré des perspectives.
La culture est vue comme quelque chose que nous avons, que l’on peut donc
aisément assimiler, manipuler, transformer, ou bien comme quelque chose
que nous sommes, comme du sens logé dans les relations humaines, et qui
n’évolue que lentement. La culture est vue comme ce ciment qui unit les
hommes, un ensemble d’éléments caractéristiques partagés par une com-
munauté, qui apparaissent, sont préservés, et évoluent, ou bien, dans une
perspective interculturelle, comme un facteur d’altérité, un ensemble de
différences permettant de distinguer une communauté d’une autre. La culture
enfin est tantôt appréhendée comme un phénomène plutôt stable et qui peut
facilement être décrit et analysé, tantôt comme un phénomène dynamique, en
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éternelle mouvance, à l’image de la branloire pérenne de Montaigne. Dans la
perspective anthropologique de Streeck (2002 : 300), tout ce qui est humain
est culture, la culture recoupe la civilisation, et englobe toutes « choses » qui
nous distinguent des autres espèces sur terre :
The word culture in the anthropological sense in which we use it today is an invention
of the second half of the 19th century and is roughly equivalent with civilization : It
denotes all the “stuff” that distinguishes humanity from other species.
[= Le mot culture dans le sens anthropologique où nous l’utilisons aujourd’hui est une
invention de la seconde moitié du xixe siècle, et correspond grosso modo à civilisation.
Il dénote toutes « choses » qui distinguent l’être humain des autres espèces.]
Dans ce contexte de pluralité des interprétations du phénomène culture –
de la culture aux cultures en quelque sorte – rien d’étonnant à ce que l’objet
dictionnaire, artefact culturel par excellence, n’y fasse écho et n’applique des
approches tout aussi variées dans le traitement de ses données culturelles.
Sans spécifier leur épistémologie de la culture, les lexicographes traitent
des données culturelles de manière très différente, qui vont du positivisme à
l’herméneutique, de l’observation ethnologique des comportements humains
à l’interprétation sémiotique des symboles culturels. L’explication para-
doxale est qu’en dernier ressort le traitement des données est déterminé par
la finalité pragmatique du dictionnaire.
La connaissance des mots est inséparable de la connaissance culturelle.
Se réapproprier le sens d’un mot, c’est aussi se réapproprier sa culture. Le
muguet est une plante herbacée aux fleurs en clochette, mais c’est aussi, dans
certains pays francophones, le symbole du 1er mai ; l’accordéon est un instru-
ment de musique à vent, mais c’est aussi la culture du bal-musette dont les
airs continuent de peupler l’imagerie mentale de la France et de sa capitale.
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Ce sont là deux exemples de lexiculture, deux éléments d’une pragmatique
interculturelle dont Pruvost (2002 : 82) fait bien de réclamer la généralisa-
tion dans les dictionnaires d’apprentissage du français langue étrangère au
service d’une finalité pédagogique encore mieux assumée.
Si le vocabulaire culturel d’une langue naturelle abonde et invite les lexi-
cographes à sa description et à la rédaction d’articles et de notices (inter)
culturelles, celui-ci n’apparaît que comme un iceberg sémiotique à la sur-
face de l’océan des langues. Le dictionnaire de langue générale peut aussi
être amené à prendre toute la mesure herméneutique de sa détermination
constructiviste d’artefact culturel. Dans la préface de son Dictionnaire
culturel en langue française, Rey (2005 : XIX) écrit à propos de l’ouvrage :
[…] son projet consiste à conduire le lecteur des moyens d’expression d’une langue
naturelle, le français, aux concepts, aux symboles et aux visions du monde qui s’éla-
borent à partir du langage dans différentes cultures.
Dès lors, l’on ne surprendra guère le lecteur en posant d’emblée que la
culture irrigue et féconde la lexicographie dans sa théorie comme dans sa
pratique. La (méta)lexicographie est culturelle. Précisons qu’il ne s’agit pas
simplement de la lexicographie de la langue générale, mais aussi de celle
de la langue spécialisée, qui construit et véhicule les corps de connais-
sances de multiples domaines d’activité humaine façonnés par la culture au
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fil des siècles : droit, finance, politique, administration, éducation, négoce,
tourisme, etc. La langue spécialisée est formée par les cultures nationales,
par les cultures professionnelles, et même par les cultures d’entreprise qui
forgent leurs propres sociolectes pour se différencier les unes des autres.
Le traitement lexicographique de la culture est doublement lié, non seu-
lement à une conceptualisation de la culture, mais aussi et surtout à une
conceptualisation du type de dictionnaire, de ses fonctions au regard des
données culturelles, et de sa finalité pragmatique. La position retenue dans
cet article est fonctionnelle et pragmatique. Dans le traitement de la culture,
la tâche du lexicographe consiste à adapter, pour chaque type de dictionnaire,
la sélection et la présentation des données culturelles aux besoins d’infor-
mation des utilisateurs dans les situations d’utilisation envisagées. L’article
s’appuie sur une démarche théorique et pratique guidée par une conceptua-
lisation du dictionnaire comme un Gebrauchsgegenstand (Wiegand, 1983),
un utilitaire d’information (Leroyer, 2011b) doté de fonctions ayant pour
but de satisfaire des besoins d’information (Bergenholtz, Tarp, 2003). Il
s’agit donc de déterminer qui sont les utilisateurs, et quels sont leurs besoins
d’information dans les situations culturelles ou interculturelles envisagées.
La section 2 de l’article introduit la métalexicographie de la culture ; la sec-
tion 3 présente la théorie des fonctions lexicographiques ; les sections 4 et 5
sont respectivement consacrées au traitement des données culturelles dans
le dictionnaire général et dans le dictionnaire spécialisé : dans les deux cas,
l’article discute des solutions adaptées aux types de dictionnaires et à leurs
fonctions lexicographiques. La conclusion réitère le nécessaire couplage des
solutions lexicographiques culturelles aux fonctions qui les sous-tendent.
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2. ÉLÉMENTS DE MÉTALEXICOGRAPHIE CULTURELLE

Si la lexicographie culturelle ressemble à un paradoxe, c’est que la


métalexicographie culturelle elle aussi en est un. Il existe un si grand nombre
de contributions métalexicographiques consacrées au traitement du lexique
culturel dans les dictionnaires qu’il serait impossible d’en dresser l’inven-
taire, pour peu que celui-ci ait quelque valeur. On croirait volontiers qu’il
existe un si grand nombre de définitions métalexicographiques de la culture et
du lexique culturel que rien n’est plus aisé que d’en retenir une. Or il n’en est
rien, qu’il s’agisse de définitions générales ou spécifiques que l’on pourrait
légitimement s’attendre à retrouver dans les monographies et articles dédiés
à la problématique, tels Bergenholtz et Tarp (1995 : 60-63) par exemple, ou
Bergenholtz et Nielsen (2002). Tseng (2004) et Yanchun et Jianhua (2004)
ne fournissent aucune définition générale des termes culture et culture bound
(= lié à la culture, façonné par la culture). Sans émettre de réserves théoriques
préalables ni même se référer à une théorie générale, ils entreprennent de
comparer entre elles deux ou plusieurs langues – le plus souvent de cultures
géographiquement distantes. Ils discutent ensuite des hypothèses culturelles
sous-tendant les mots et expressions qui diffèrent considérablement d’une
culture à l’autre, ou qui représentent des phénomènes culturels et des usages
spécifiques présents dans une culture mais absents d’une autre. C’est une
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position similaire qui est adoptée dans cette contribution, mais la discussion
commencera par une brève introduction à la notion de culture.
Fondamentalement, la littérature sur la culture distingue au moins entre
deux conceptualisations divergentes. L’une est basée sur la création et l’usage
des symboles, tandis que l’autre est basée sur les valeurs comportementales
des activités et des engagements humains :
(1) La culture comme système de symboles, soit un ensemble d’idées véhiculant
des significations partagées entre membres d’une communauté ;
(2) La culture comme système comportemental basé sur les quatre éléments sui-
vants : valeurs, normes, croyances et modes d’expression de ces systèmes de
valeurs.
Ces deux interprétations impliquent que quasiment tout produit du
comportement et ses effets induits doivent être appréhendés comme étant
conditionnés par la culture. Si l’on assume que tout produit du comportement
et ses effets peuvent être exprimés, et le sont effectivement, par le truche-
ment des mots et expressions de la langue, il s’ensuit par principe qu’il s’agit
bien là d’éléments spécifiques d’une culture singulière. Ce point de vue est
supporté par la célèbre définition d’Edward Burnett Tylor :
Culture […] is that whole which includes knowledge, belief, art, morals, law, custom,
and any other capabilities and habits acquired by man as a member of society. (Tylor
1871 : 1)
[= la culture […] est cet ensemble qui inclut les connaissances, les croyances, l’art, la
morale, la loi, la coutume, ainsi que toutes les autres capacités et habitudes acquises
par l’homme en tant que membre d’une société.]
La culture n’est pas un phénomène individuel. Elle se partage au tra-
vers de modèles implicites et explicites de normes et valeurs s’appliquant
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à une communauté humaine, qui construit, reproduit, partage, transforme,
et transmet un système culturel commun pour chacune des activités basées
sur une interprétation spécifique des normes et valeurs. Les membres d’un
tel système culturel le transmettent à la génération suivante qui, toutefois,
modifiera ou agrandira plus ou moins le système. Par conséquent, la culture
est acquise, elle façonne le comportement et affecte la perception que la
communauté a du monde 1. Comme la culture ne se limite pas à quelques
manifestations spécifiques des activités d’une communauté et à sa façon
de faire référence à ses actes et ses comportements, tous les usages d’une
langue font ainsi partie intégrante de la culture. Ceci signifie que toute
unité lexicale, toute expression consignée dans le dictionnaire est façon-
née par la culture. Interculturellement parlant, il est aisé de s’en rendre
compte à l’étude contrastive d’une culture étrangère, dans laquelle de vastes
ensembles constitutifs de cette communauté et d’expressions langagières
mobilisées pour y faire référence diffèrent considérablement du point de
vue culturel de l’observateur.

1. Voir à ce sujet Schramm-Nielsen (1993 : 23), Holden (2002 : 21-25), et Longhurst et al.
(2008 : 2-4).
157
Les contributions métalexicographiques mentionnées plus haut ne sont
pas bâties sur cette acception large de la culture. Elles assument simplement
qu’il existe des domaines dans lesquels les communautés partagent, au tra-
vers des mots et expressions qui y sont associés, la même intelligence fon-
damentale de la culture. Ceci pourrait fort bien être le cas du domaine des
sciences naturelles, où il existe pourtant de grosses différences de représen-
tation et de compréhension dans la communication des connaissances entre
experts, semi-experts, et non-experts, quoiqu’en principe ces catégories
d’utilisateurs aient simplement besoin d’explications correspondant à leur
profil de connaissances et à leur expérience.
Dans les domaines indépendants de la culture, les utilisateurs ont
besoin, indépendamment de leur langue maternelle, d’informations séman-
tiques ou encyclopédiques. Néanmoins, le choix de la langue dans laquelle
doivent être rédigées ces explications – langue maternelle ou langue étran-
gère, L1 ou L2 2 – demeure un point lexicographique controversé. Quoi qu’il
en soit, les différentes catégories d’utilisateurs partagent le même cadre de
référence, et ont des besoins d’information similaires.
Dans les domaines dépendants de la culture, l’objet d’étude est insépa-
rablement lié à la culture car la discipline y a développé ses traits spécifiques,
tant du point de vue historique que culturel, au sein de zones géographiques
délimitées. Les traits sont très différents du langage et de la culture de l’ob-
servateur extérieur qui en fait l’étude. C’est pourquoi l’objet d’étude varie
généralement d’un pays à l’autre, d’une communauté linguistique à l’autre.
Des domaines liés à la culture sont par exemple l’économie et la finance, le
droit, la justice, la politique, l’administration publique, les systèmes éduca-
tifs, la vie des entreprises et des organisations humaines, et quasiment tous
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les domaines de la vie quotidienne : la cuisine, les corvées de tous les jours,
la famille, l’éducation des enfants, la tenue des discussions, la politesse, les
relations de pouvoir etc.

3. FONCTIONS LEXICOGRAPHIQUES ET DICTIONNAIRES

La tâche principale des lexicographes consiste à étudier les différents


champs de l’activité humaine et les contraintes d’information qui y sont
associées en vue d’identifier les besoins à même d’être satisfaits par les dic-
tionnaires. Ces besoins ne sont pas des construits abstraits, intellectuels, mais
sont inévitablement reliés à des groupes humains spécifiques engagés dans
des situations concrètes de la vie réelle. Les lexicographes doivent établir le
profil des groupes d’utilisateurs-cible, et élaborer les typologies des situa-
tions d’utilisation impliquant des problèmes ou besoins d’information qui
peuvent être résolus ou satisfaits par le biais de la consultation de données
lexicographiques dans les dictionnaires.

2. Nous utiliserons dans cet article ‘L1’ et ‘L2’ pour faire respectivement référence à la langue
maternelle et à la langue étrangère de l’utilisateur du dictionnaire.
158
Dès que le travail d’identification et de profilage 3 a été effectué, les lexi-
cographes peuvent décider des fonctions et de la finalité de leur dictionnaire.
La conséquence logique en est que les dictionnaires n’ont certainement pas à
se ressembler, mais doivent au contraire se différencier, et même considéra-
blement. Pour autant, les dictionnaires ne sont pas condamnés à garder tou-
jours un statut d’outils polyfonctionnels. Pour être encore plus performants,
les dictionnaires devraient être conçus comme des outils monofonctionnels,
destinés à un seul type d’utilisateurs spécifiques, et à un seul type de situation
d’utilisation spécifique (Bergenholz et Tarp, 2003).
Les lexicographes doivent faire intervenir un ensemble de paramètres-
clés dans le profilage des groupes d’utilisateurs spécifiques. Quoique tous
ne soient pas toujours pertinents pour le profil considéré, les paramètres sui-
vants sont généralement applicables :
1. Quelle est la langue maternelle des utilisateurs ?
2. Quel est leur niveau de compétence en langue maternelle ?
3. Quel est leur niveau de compétence dans la langue étrangère consi-
dérée ?
4. Quelle est leur niveau de compétence en traduction entre les langues
considérées ?
5. Quel est leur niveau de connaissances culturelles générales et encyclo-
pédiques ?
D’autres paramètres sont parfois requis dans le cadre de projets de dic-
tionnaires plus spécifiques encore, mais les paramètres ci-dessus sont les
plus importants pour le profilage des groupes d’utilisateurs. La caractéri-
sation du profil des utilisateurs est la première étape que les lexicographes
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doivent franchir pour définir les besoins d’information, qui, comme il a déjà
été dit, ne sont pas des phénomènes abstraits, mais sont intimement liés à des
situations concrètes ; les lexicographes doivent identifier, isoler et analyser
ces situations avant même de passer à l’étape suivante, qui consiste à établir
les types de besoins d’information potentiels de tels ou tels types d’utilisa-
teurs spécifiques dans telle ou telle situation spécifique.
La théorie des fonctions lexicographiques est fondée sur la distinction
centrale entre deux catégories de situations d’utilisation :
1) Les situations communicatives, qui concernent les actes de commu-
nication existants ou intentionnels, à l’oral comme à l’écrit, entre deux ou
plusieurs interlocuteurs. Dans ce type de situations, les lexicographes inter-
viennent directement par le biais de leurs dictionnaires, lorsque les interlo-
cuteurs sont confrontés à des problèmes de communication qu’ils cherchent
à résoudre par la consultation du dictionnaire. Les dictionnaires à même de
satisfaire ces besoins sont dénommés dictionnaires communicatifs.

3. Calqué sur l’anglais « profiling », le néologisme « profilage » peut être défini comme la
caractérisation du profil des utilisateurs finaux en termes de besoins lexicographiques potentiels
dans les situations d’utilisation spécifiques envisagées.
159
2) Les situations cognitives, qui concernent les situations où, pour une
raison ou pour une autre, les utilisateurs souhaitent obtenir un complément
d’informations sur un sujet déterminé, telles que des informations de culture
générale ou encyclopédiques, des informations spécialisées dans le champ
d’une discipline scientifique (astronomie, chimie, microbiologie, etc.), ou
bien des informations linguistiques dans le contexte du processus d’appren-
tissage d’une langue (apprentissage d’une langue étrangère par exemple).
Pour chaque type d’utilisateur et pour chaque situation donnée, les lexico-
graphes doivent identifier la nature des besoins d’information potentiels, et
déterminer quels sont ceux qui peuvent être satisfaits par la consultation du
dictionnaire. Cela leur permet d’en déduire les données lexicographiques à
sélectionner et inclure dans le dictionnaire. Du point de vue lexicographique,
toute forme de communication dans les situations cognitives se limite exclu-
sivement à un échange entre lexicographes en tant qu’auteurs de dictionnaires
d’une part, et utilisateurs des dictionnaires d’autre part. Les utilisateurs ont
besoin de connaissances et les lexicographes les leur fournissent au niveau
cognitif. Les dictionnaires à même de satisfaire ces besoins sont dénommés
dictionnaires cognitifs.
Après avoir établi les types de situations d’utilisation pertinentes et les
caractéristiques des groupes d’utilisateurs-cible, les lexicographes doivent
traduire les besoins des utilisateurs en termes de catégories d’information.
En règle générale, les utilisateurs des dictionnaires ont besoin des catégories
d’information suivantes :
1. Informations sur la langue maternelle
2. Informations sur la langue étrangère
3. Comparaison entre langue maternelle et langue étrangère
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4. Informations sur la culture et sur le monde en général
5. Informations sur un domaine de spécialité
6. Comparaison de ce domaine entre culture maternelle et culture étran-
gère
La définition des besoins répond à un objectif pratique non négligeable :
elle permet aux lexicographes de déterminer les données à sélectionner, trai-
ter et présenter dans le dictionnaire afin d’apporter une assistance lexico-
graphique ciblée pour chaque type d’utilisateur spécifique, et dans chaque
type de situation d’utilisation spécifique. Après avoir effectué le profilage
du groupe d’utilisateurs, établi les types d’utilisation spécifique, et défini les
besoins des utilisateurs liés à ces situations, les lexicographes peuvent alors
procéder à la mise en place des fonctions lexicographiques.
La fonction lexicographique d’un dictionnaire consiste à fournir à
un groupe d’utilisateurs partageant un même profil spécifique, et par le
biais d’informations ciblées, une assistance leur permettant de satisfaire
­l’ensemble des besoins d’information susceptibles de se manifester dans tel
ou tel ou type de situation d’utilisation spécifique. Le dictionnaire peut très
bien être mono- ou polyfonctionnel ; comme tout objet utilitaire, il est doté
d’une finalité authentique qui lui est propre, et rassemble la totalité de ses
fonctions, ainsi que du ou des domaines qu’il recouvre.
160
L’expérience démontre que ce sont les situations d’utilisation qui déter-
minent les fonctions du dictionnaire. Par exemple, la différence entre un
dictionnaire destiné à la production de textes dans la langue maternelle de
l’utilisateur et un dictionnaire conçu pour la traduction vers la langue étran-
gère est bien plus prononcée que la différence entre un dictionnaire de pro-
duction en langue maternelle pour adultes et un dictionnaire pour écoliers ou
collégiens. Pour cette raison, les fonctions portent fréquemment le nom des
types de situations d’utilisation correspondantes. Les fonctions peuvent être
regroupées en fonctions communicatives et fonctions cognitives, conformé-
ment aux deux catégories de situations d’utilisation. Dans les dictionnaires,
les fonctions communicatives les plus importantes sont les suivantes 4 :
• aider les utilisateurs à résoudre des problèmes liés à la réception de
textes en langue maternelle
• aider les utilisateurs à résoudre des problèmes liés à la production de
textes en langue maternelle
• aider les utilisateurs à résoudre des problèmes liés à la réception de
textes en langue étrangère
• aider les utilisateurs à résoudre des problèmes liés à la production de
textes en langue étrangère
• aider les utilisateurs à résoudre des problèmes liés à la traduction de
textes de la langue maternelle vers la langue étrangère
• aider les utilisateurs à résoudre des problèmes liés à la traduction de la
langue étrangère vers la langue maternelle
Parallèlement, les fonctions cognitives les plus importantes sont les sui-
vantes :
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• fournir des informations culturelles et encyclopédiques générales
• fournir des informations spécialisées sur un certain mot ou sur un
concept
• fournir des informations sur la langue
Les fonctions sont les éléments constitutifs de la théorie lexicographique
et de sa pratique, et forment le fondement sur lequel est bâti tout projet de
dictionnaire. Quasiment tout ce que contient un dictionnaire est plus ou
moins conditionné par ses fonctions. Sans tenir compte des fonctions, aucun
projet de dictionnaire ne peut être correctement conçu ; ni ses données, ni sa
forme ne peuvent être correctement sélectionnées et présentées.
Les utilisateurs consultent les dictionnaires pour y extraire l’information
qui leur permettra de résoudre des problèmes spécifiques ou d’enrichir leurs
connaissances. Les dictionnaires ont pour mission de satisfaire les besoins à
même de se manifester dans ces deux cas de figure. Dans certaines situations,
les besoins d’information sont élémentaires et peuvent être satisfaits par le

4. La correction et la révision des textes, traduits ou non, en langue maternelle ou en langue


étrangère, appartiennent également à l’ensemble des fonctions communicatives des dictionnaires,
cf. par exemple Leroyer (2008a) pour la révision des traductions dans les domaines façonnés par la
culture.
161
biais d’un nombre réduit de données lexicographiques. Dans d’autres, en
revanche, les besoins sont hautement complexes, et ne peuvent être satisfaits
que par la combinatoire de plusieurs catégories de données lexicographiques.
Comme il a été dit plus haut, lorsque les fonctions lexicographiques et la
finalité authentique du dictionnaire ont été déterminées, les lexicographes
peuvent passer à l’étape suivante, qui est de décider quelles sont les don-
nées à traiter et mettre en place pour répondre aux fonctions et, dans le cas
d’une refonte ou d’une remise à jour du dictionnaire, d’analyser dans quelle
mesure les données déjà en place sont à la hauteur de la ou des fonction(s)
prévue(s). Dans la théorie des fonctions, seules doivent être inclues les don-
nées pouvant être justifiées au regard des fonctions lexicographiques. Il en va
de même pour la présentation et la structuration des données, qui devraient
suivre les mêmes principes.

4. CULTURE ET DICTIONNAIRES GÉNÉRAUX

4. 1. Dictionnaires communicatifs et réception de textes


La discussion qui suit n’est pas limitée aux dictionnaires monofonction-
nels, mais fait également intervenir des dictionnaires polyfonctionnels dans
la mesure où ces derniers sont utiles pour expliciter le type de dictionnaire
concerné.
Les locuteurs de la L1 connaissent généralement bien les phénomènes
culturels partagés par les membres de leur communauté. Dans la négative, la
solution pour le lexicographe consiste à leur fournir des explications en L1.
La situation est différente pour les locuteurs de la langue étrangère. Le plus
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facile pour eux est d’avoir accès à des explications rédigées dans leur langue
maternelle, à moins que leur compétence en L2 ne soit équivalente à celle
des locuteurs de la L1.
Les dictionnaires bilingues traitant les langues de cultures très différentes
contiennent parfois des articles qui font la lumière sur ces types de situa-
tions lexicographiques, par exemple Rakibolana Malagasy-Alema (1991)
[= Dictionnaire allemand-malgache]. Environ 5 % des articles de ce dic-
tionnaire contiennent des explications directement liées à des phénomènes
culturels. Les mots et expressions dotés d’explications incluent toutes sortes
d’activités humaines : transports, nourriture, plantes et fruits, instruments de
musique, etc. Les articles ci-dessous sont dotés d’explications en allemand
parce que les utilisateurs-cible du dictionnaire sont des locuteurs natifs de
l’allemand. Ils n’auront donc aucune difficulté à comprendre les explications
qu’ils pourront y trouver :
taxi-be ein Sammeltaxi, das über kürzere Strecken fährt, oft nur innerhalb einer Stadt
[taxi en commun pour courts trajets, généralement limités au périmètre d’une ville]
buxi Mini-bus, der über kürzere Strecken und fährt mehr Sitzplätze hat als ein taxi-be
[minibus pour courts trajets ayant plus de sièges que le taxi-be]
taxibrusse ein Sammeltaxi, das über längere Strecken fährt
[taxi en commun pour longs trajets]
162
Ces explications omettent de mentionner le fait que les différents types de
taxis en commun ne partent que lorsqu’ils sont pleins (et parfois même plus
que pleins…), mais cette explication n’est pas nécessaire dans un diction-
naire de réception. D’autres articles sont – ou auraient dû être – complétés
par des illustrations permettant à l’utilisateur de se faire une idée précise de
ce à quoi les mots et concepts ressemblent, comme dans les deux articles
suivants :
avoko Kletterpflanze, deren Wurzel und Früchteessbar sind
[= plante grimpante dont les racines et les fruits sont comestibles]
tananivòho traditionelle Damenfrisur bei den → Merina
[= coiffure féminine traditionnelle de l’ethnie → Merina]

Document 1 : tananivòho, Rakibolana Malagasy-Alema (1991)


Il n’est pas toujours possible d’expliquer les phénomènes culturels en
quelques mots ou en quelques phrases. Dans de tels cas, des articles plus
complexes, comme celui reproduit ci-dessous, pourraient figurer dans des
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dictionnaires cognitifs :
famadihana Umwendung
zentraler und wichtigster Ritus der madagassischen Ahnenkulturauf dem zentralen
Hochland. Nach einer angemessenen Frist (mehrere Jahre) wird ein Verstorbener aus
der Familiengruft geholt und in neue Leichentücher gewickelt. Famadihana ist ein
großes, frohes Familienfest, in dessen Verlauf auch Tiere (Rinder, Geflügel) geopfert
werden. Es kann mehrere Tage dauern und wird von Musik, Tanz und Gesang beglei-
tet.
[= famadihana retournement des morts
rite central très important du culte des ancêtres de la région des hauts-plateaux de
Madagascar. À l’issue d’une période déterminée (plusieurs années), le défunt est
exhumé du caveau de famille et enveloppé dans un nouveau linceul. Le Famadihana
est une grande fête de famille joyeuse, au cours de laquelle sont aussi sacrifiés des ani-
maux (zébus, poulets). Elle peut durer plusieurs jours, et est accompagnée de musique,
de chants et de danses.]
Pour compléter cette information, le dictionnaire apporte aussi une illus-
tration du famadihana :
163

Document 2 : famadihana, Rakibolana Malagasy-Alema (1991)


L’article ne donne aucune explication en malgache, puisque les lexico-
graphes sont partis du principe que tous les Malgaches sont familiers avec
le concept, et en maîtrisent le sens. Il ressort clairement de cette forme de
présentation – explication en allemand associée à une illustration – que le
dictionnaire est bel et bien un dictionnaire de réception conçu pour des uti-
lisateurs allemands.

4. 2. Dictionnaires communicatifs et production de textes


Dans un dictionnaire de production pour utilisateurs malgaches, une
explication en allemand comme celle citée ci-dessus pourrait servir de
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modèle à la rédaction par un Malgache d’une description en allemand, dans
laquelle un Malgache essaierait d’expliquer à un destinataire allemand ce
phénomène qui joue un rôle central sur les hauts-plateaux, mais pas dans
les régions côtières où prévalent d’autres traditions semblables à celles des
communautés austronésiennes vénérant aussi le culte des ancêtres. Un uti-
lisateur allemand de ce dictionnaire pourrait pareillement se servir de cette
explication, mais n’y trouvera aucune aide pour produire un texte en mal-
gache. Il est en effet permis de douter qu’un utilisateur L2 ne disposant pas
d’une connaissance considérable de la culture et de la langue malgaches soit
à même de décrire le rite. En l’absence de telles compétences, les utilisateurs
L2 – tout comme les utilisateurs L1 – n’ont pas besoin d’informations ency-
clopédiques visant à soutenir la production de texte en malgache.
La situation est tout autre dans le cas de la phraséologie des formules de
politesse, salutations, etc. Un Malgache sera rarement dans le doute pour
sélectionner et manier dans sa langue maternelle la formule appropriée à
chaque type de situation, alors qu’un utilisateur allemand aura probable-
ment de grosses difficultés à opter pour la bonne formule. En prévision de
ces situations de production de texte, Rakibolana Alema-Malagasy (1994)
[= Dictionnaire allemand-malgache] apporte une aide bidirectionnelle et bis-
copale pour les deux groupes d’utilisateurs, et donc dans les deux L2. Les
164
articles de nombreux lemmes du réseau lexical des salutations, par exemple
Morgen [matin], Abschied [adieux], Wiedersehen [au revoir], Begrüßung
[salutations], contiennent des renvois à une composante externe du dic-
tionnaire. Les informations sur les différentes formules de politesse y sont
présentées sous forme d’explications contrastives dans les deux langues, de
telle sorte que les deux groupes d’utilisateurs sont à même de repérer faci-
lement les différences culturelles (registres de politesse par exemple). Cette
aide contrastive leur permet d’opter, dans chaque situation donnée, pour la
bonne formule en langue étrangère. Les explications fournies sur l’usage
des formules de politesse sont assez détaillées, ce qui prend de l’espace et
réduit le nombre d’exemples. L’extrait d’article ci-dessous traite des diffé-
rentes formules orales. Par ailleurs, le dictionnaire contient un grand nombre
d’illustrations qui permettent de montrer directement aux utilisateurs ce que
font les gens, en matière de gestuelle et de mimique, pour se saluer dans leurs
cultures respectives :
Gestik [gestuelle] arahanafihetsika

Mit der Begrüßung sind verschiedene Gesten Arahana fihetsika samihafa ny teny
verbunden : fiarahabana :
[= Différents gestes sont liés aux salutations]
Bei formellen Gelegenheiten begrüßen sich die Mifandray tanana rehefa mifampiarahaba
Gesprächspartner per Handschlag. amim-panajana.
Bei Madagassen ist auch Händedruck mit Mazatra ny malagasy ihany koa ny
beiden Händen üblich. […] mifampiarahaba an-tanan-droa. […]
[= Dans les situations formelles, on se serre la
main. À Madagascar, on se serre aussi souvent
les deux mains.]
mündlich/informell eo amin’ny mpifankazatra/ rahamiteny
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[oral/informel]
Die hier genannten Begrüßungsformeln Ireto fiarahabana raikitra tanisaina manaraka
werden unter Bekannten benutzt : ireto dia fampiasa eo amin’ny olona
[= Les salutations mentionnées ici s’utilisent mifankahalala tsara :
entre gens qui se connaissent.]
(guten) Morgen ! hatramin’ny 9 ora maraina
(guten) Tag ! amin’ny 10 ora hatramin’ny 5 orahariva
(guten) Abend ! amin’nyhariva
[Bonjour !, bonsoir !]
Hallo !/ Hallo, wie geht’s ? (Man)ahoana !
Wie geht’s ? Fahasalamana !
[Salut/ Salut, comment ça va ? Ça va ?]
In Madagaskar werden dazu vertrauliche
Anreden verwendet :
Mädchen gegenüber : « aky, ndry »
Jungen gegenüber : « leity, ise ».
[= À Madagascar, on utilise aussi des
salutations entre intimes :
À une fille : « aky, ndry » Ahoana aky ndry !
À un garçon : « leity, ise »] Ahoana leity/ise !

Document 3 : Begrüßung (salutations), Rakibolana Alema-Malagasy (1994)


165
4. 3. Dictionnaires communicatifs et traduction
De nombreux linguistes et lexicographes distinguent entre mots et choses,
entre connaissances de la langue et connaissances du monde, souvent dési-
gnées sous les vocables de « connaissance sémantique » et « connaissance
encyclopédique ». C’est le cas de Muñoz (2011 : 28) par exemple, pour qui les
traducteurs sont des médiateurs entre langues et cultures, et qui doivent ainsi
maîtriser deux corps de connaissances distinctes. Certains lexicographes tou-
tefois, comme Bergenholtz et Kaufmann (1996), penchent pour dire que cette
distinction est hautement problématique, pour ne pas dire quasi impossible à
maintenir dans la pratique, ce que confirment les analyses contrastives. Plus
grande est la distance culturelle entre deux langues, plus grand est le nombre
de mots et expressions culturels relevés par les lexicographes. Dans de tels
cas, il apparaît clairement que partage et ­compréhension des connaissances
culturelles font véritablement défaut. Certes, on pourra qualifier la nature
de cette altérité de sémantique ou d’encyclopédique, mais peu importe au
fond la dénomination, car il s’agit bel et bien du même phénomène. Les
expressions liées par la culture (« culture-bound ») sont caractérisées par le
fait même qu’elles sont difficiles à traduire d’une langue à l’autre. Les tra-
ducteurs ont à leur disposition trois options que les lexicographes doivent
prendre en compte lors de la conception et de la rédaction des dictionnaires
de traduction. Les traducteurs peuvent traduire un mot de la L1 vers la L2 en
utilisant l’une des trois options suivantes :
(1) Opter pour un mot de la L2 ayant quasiment le même sens que celui
de la L1,
(2) Ne pas traduire le mot, mais simplement réutiliser le mot de la L1 dans
le texte de la L2, et le mettre éventuellement entre guillemets pour
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signaler son origine étrangère,
(3) Rédiger une explication dans la L2 pour expliquer le sens du mot de la
L1 au lieu d’utiliser un équivalent.
Dans le premier article extrait de Rakibolana Malagasy-Alema (1991), les
lexicographes offrent aux utilisateurs traducteurs le choix entre les options
(1) et (3) :
ranovola a. Getränk
Nach dem Kochen des Reises bleibt meist ein angebrannter Rest am Topfboden. Auf
diesen wird Wasser gegossen, und das Ganze wird aufgekocht. Dieses Getränk wird
meist zu den Mahlzeiten getrunken.
[ranovola a. Boisson
En fin de cuisson du riz, des grains restent attachés au fond de la marmite. On y rajoute
de l’eau que l’on fait bouillir. Cette boisson se consomme surtout aux repas.]
Dans le second extrait de Rakibolana Alema-Malagasy (1994), les utilisa-
teurs ont le choix entre les options (2) et (3) 5 :

5. L’option (2) est expliquée dans le guide de l’utilisateur. Les articles dotés d’explications en
caractères gras signalent à l’utilisateur qu’il n’y pas de traduction directe, mais que l’on pourra
utiliser soit l’explication, soit le lemme allemand entre guillemets : « Pfannkuchen ». Il est aussi
166
Pfannkuchen m mofomamy manify endasina anaty lapoaly [dessert à base de
farine cuit à plat sur une poêle]

4. 4. Dictionnaires cognitifs et items culturels


Comme il a été mentionné plus haut, un dictionnaire cognitif traitant
d’items liés par la culture pourrait être un dictionnaire des rites tribaux et
comportements à Madagascar. Les données concernant de tels items pour-
raient certes être consignées dans d’autres types de dictionnaires, en premier
lieu dans les encyclopédies ; les exemples discutés ci-dessous proviennent
toutefois de dictionnaires généraux. Les comparaisons entre langues et
cultures associées aux langues révèlent que les relations familiales sont
conceptualisées différemment, et qu’il s’agit de phénomènes éminemment
culturels. Pour traiter le problème, les dictionnaires communicatifs peuvent
faire intervenir les types de solutions condensées décrites plus haut. Les
dictionnaires cognitifs, en revanche, lorsqu’il est question de phénomènes
culturels complexes, comme le « retournement des morts » (famahidana) ou
les relations familiales, ont à rédiger des articles in extenso au risque de sur-
charger la microstructure. La solution consiste à placer les données dans des
articles synoptiques (Bergenholtz, Tarp, 2005) et à insérer des renvois vers
ces articles à partir des articles traitant d’un niveau de relations familiales,
comme dans l’exemple suivant, tiré de Rakibolana Alema-Malagasy (1994) :
Tante f nenitoa, rahavavin-dreny (Schwester der Mutter), anabavin-dray
(Schwester des Vaters), vadin’ny rahalahin-dray (Frau des Bruders väterlicherseits),
vadin’ny anadahin-dreny (Frau des Bruders mütterlicherseits)
[Aunt f nenitoa, rahavavin-dreny (sœur de la mère), anabavin-dray (sœur du père),
vadin’ny rahalahin-dray (épouse du frère côté père), vadin’ny anadahin-dreny
(épouse du frère côté mère)]
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Les composantes d’un article synoptique pourraient décrire quelques-uns
des principes de relations familiales à Madagascar par rapport au reste du
monde. En Europe et dans la majeure partie de l’Amérique du nord, la famille
nucléaire est constituée des parents et de leurs enfants. La famille nucléaire
est intégrée à une famille plus large dans laquelle tous les membres sont
reliés les uns aux autres par filiation ou par mariage. On peut ainsi appartenir
à deux ou plusieurs familles. En principe, mais en principe seulement, le
terme famille correspond au terme malgache fianakaviana. Ce terme toute-
fois n’est pas une simple famille, mais fait référence à un regroupement de
familles se considérant comme appartenant à un même foko ou communauté
clanique. Un foko se compose de toutes les personnes ayant des ancêtres
communs. Mais les lignages ne sont pas limités aux personnes partageant
des liens génétiques ou matrimoniaux. Les membres d’un foko vivent dans le
même lieu, et ont les mêmes ancêtres (Suter, 1992 : 146). Outre la famille, un
foko inclut également les amis, et même parfois les collègues qui viennent

possible d’envisager les trois options simultanément. Dans un dictionnaire malgache-français,


pour famadihana, on pourrait ainsi fournir l’équivalence partielle (« retournement des morts »),
une brève explication (rite funéraire et fête…), ainsi que le lemme entre guillemets suivi de son
explication.
167
souvent rendre visite au foko. Le lignage des membres d’un foko peut être
illustré par la figure suivante, basée sur Rajaspera (1995) et Bergenholtz et
Rajaonarivo (2001) :

Razambe
‘grands-

Razana
‘ancêtres’

Razambelona
‘ancêtres-en-
Raibe Renibe
grand-père grand-mère
(et ses frères et (et ses frères et

Ray aman-dreny
parents
(père, mère, oncles, tantes, cousins des parents)

Vinanto vavy Zanaka lahy Zanaka Zanaka vavy Vivanto lahy


‘belle-fille’ ‘fils’ ‘enfants’ ‘fille’ ‘gendre’

Zanak’olo mianadahy Zafy Zanak’olo mianadahy


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Zanak’olo mirahalahy ‘petits-enfants’ Zanak’olo mirahavavy
‘cousin’ ‘cousin’

Zanaky ny zafy ou Zafiafy ou


Zana-jafy Zafimahatratra
‘arrières petits-enfants’ ‘arrières petits-enfants’

Zanaky ny zafiafy Zafindohalika


‘arrières-arrières petits-enfants’ ‘arrières-petits-enfants jusqu’aux genoux’

Document 4 : article synoptique, lignages d’un foko

5. CULTURE ET DICTIONNAIRES SPÉCIALISÉS

Les rapports entre culture et dictionnaires n’ont jusqu’ici été envisagés


qu’en termes de lexicographie liée à la culture étrangère en contraste avec la
lexicographie liée à la culture maternelle dans les dictionnaires généraux 6.

6. Voir à ce sujet Uchechukwu (2006 : 16-28).


168
On en sait beaucoup moins sur la nature des termes liés par la culture dans les
dictionnaires spécialisés, sans doute parce que la culture est souvent étroi-
tement liée au folklore. Le folklore certes englobe des domaines de spécia-
lité, mais il existe bien d’autres différences au sein des sociétés politiques 7.
Ceci s’applique à de multiples champs de la langue spécialisée comme la
finance, la comptabilité, le droit, la politique, ou à des champs pluriculturels
mobilisant plusieurs domaines de spécialité, comme l’immobilier, qui fait
intervenir droit, finance, architecture, administration publique, etc. (Leroyer,
Kruse à paraître), ou bien le tourisme (Leroyer 2008b), la culture devenant
alors à la fois obstacle à la communication et ressource de connaissance et
d’expérience per se.
Le droit français et le droit danois diffèrent considérablement en raison
de leurs ancrages respectifs dans les traditions juridiques romaines et ger-
maniques (Nielsen 1994). Le dictionnaire bilingue pourra alors intégrer une
introduction jurilinguistique contrastive ainsi que des bases de documents
comparables, comme dans le Dictionnaire juridique français-danois (2003).
Dans d’autres domaines, le nombre de termes liés par la culture est beaucoup
plus restreint, en musique ou en architecture par exemple, pour ne pas parler
des sciences naturelles déjà mentionnées plus haut. Les dictionnaires spé-
cialisés dépendants de la culture dessinent ainsi les contours d’un paysage
lexicographique varié, qui se prête mal aux généralisations ou aux jugements
universels.
La principale caractéristique des dictionnaires spécialisés est de décrire
la façon dont les professionnels d’un domaine déterminé structurent leur
univers de connaissances, et de répertorier la langue qu’ils utilisent pour
les véhiculer dans l’exercice de leur profession. Leur objectif est d’aider
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l’utilisateur à comprendre et utiliser les termes conformément aux usages
et normes de la profession, et le dictionnaire spécialisé est souvent appelé
à revêtir une dimension pédagogique (Sánchez, 2010). Dans le cas des dic-
tionnaires d’entreprise, il s’agit de former les utilisateurs à reconnaître et à
manier les termes maison, à les former, tout en renforçant la « normaison »
(de Vecchi, 2010), c’est-à-dire les normes du parler d’entreprise à l’interne
comme à l’externe.
Les experts qui ont développé la structuration et la terminologie de leurs
domaines de connaissances n’ont généralement guère besoin de dictionnaires
couvrant leur propre domaine de spécialité ; ils n’ont en effet aucune difficulté
à lire ou rédiger des textes de leur domaine en langue maternelle. Les experts
toutefois ont besoin de dictionnaires spécialisés monolingues ou bilingues en
situation de réception ou de production en L2, parce que le domaine de la L2
est façonné par une culture étrangère. La langue reflète la façon dont est struc-
turée la culture étrangère. Ceci laisse à penser que la plupart des monolingues
spécialisés (aussi dénommés « lexiques ») ne sont pas destinés aux experts, ce
qui ouvre un vaste champ hétérogène d’utilisateurs potentiels.

7. Voir par exemple Bergenholtz, Nielsen (2002).


169
5. 1. Dictionnaire comptable : traduction multiculturelle
Dans le dictionnaire de comptabilité bilingue danois-anglais (Danish-
English accounting dictionary, 2004), tous les termes comptables culturels
sont dotés de marquages diatopiques, et signalent la mise en place d’équi-
valents différents pour un même terme danois : « US » pour les principes
comptables des États-Unis, « UK » pour ceux du Royaume-Uni, et « IAS/
IFRS » (international accounting standards/international financial repor-
ting standards) pour les normes comptables internationales et la présentation
des résultats financiers, comme dans l’article nettoomsætning (= chiffre
d’affaires net) ci-dessous :
nettoomsætning
Definition
Nettoomsætningen er salgsværdien af produkter og tjenesteydelser mv., der henhører
under selskabets ordinære aktiviteter, med fradrag af prisnedslag, merværdiafgift og
anden skat, der er direkte forbundet med salgsbeløbet.
net revenues US substantiv <no singular ; plural>
Usage note
‘Net revenues’ anvendes typisk af fx service-, it-, medicinal- og teknologisektorerne,
mens ‘net sales’ anvendes af handels- og fremstillingsvirksomheder.
net turnover UK substantiv <no indefinite article ; -, no plural>
revenue IAS/IFRS substantiv <no indefinite article ; -, -s>
[= chiffre d’affaires net
Définition
Le chiffre d’affaires net est la valeur marchande des produits et services etc., ressortant
de l’activité ordinaire de la société, sous déduction des escomptes et remises, taxes à la
valeur ajoutée et autres taxes directement reliées au montant des ventes.
net revenues US substantif <pas de singulier ; pluriel>
Note d’usage
‘Net revenues’ est principalement utilisé par les secteurs des services, de l’informa-
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tique, de la pharmaceutique et des technologies, alors que ‘net sales’ est utilisé par les
entreprises du négoce et de la transformation.
net turnover UK substantif <pas d’article indéfini ; -, pas de pluriel>
revenue IAS/IFRS substantif <pas d’article indéfini ; -, -s>]
(Article nettoomsætning, Danish-English Accounting Dictionary, 2004)
Pour des raisons pratiques, les utilisateurs potentiels peuvent être regrou-
pés dans les catégories de non-experts et de semi-experts. Les non-experts
n’ont aucune connaissance des fondements du domaine, ou bien n’en ont
qu’une connaissance superficielle leur provenant d’études supérieures. Les
semi-experts en revanche ont une connaissance plus poussée. Cette catégorie
d’utilisateurs inclut les experts de domaines adjacents, et tous les employés
des secteurs public et privé qui ont à traiter l’information spécialisée. Dans le
cas du dictionnaire comptable ci-dessus, il s’agit des traducteurs profession-
nels, qui sont des experts de la langue, mais non de la profession.
Les monolingues spécialisés sont principalement destinés aux semi-
experts qui ont à lire ou rédiger des textes en L1 dans des domaines façonnés
par la culture où ils ne sont pas experts, tandis que les bilingues spécialisés
s’adressent à des utilisateurs non-experts ou semi-experts qui ont à lire ou
rédiger des textes spécialisés dans la L2, et qui ne sont pas familiarisés à la
culture étrangère et à la langue spécialisée qui y est associée.
170
Deux facteurs s’imposent dès lors aux lexicographes spécialisés, qui tous
deux concernent la langue de description. Premièrement, il y a des corps de
connaissances qui font défaut aux non-experts et aux semi-experts, ce qui
affecte directement la spécialisation des contenus, aussi bien au niveau de
la sélection lemmatique que des définitions et explications, qui doivent être
adaptées. Deuxièmement, les lexicographes doivent aussi adapter les énon-
cés des définitions et explications, et user de stratégies de rédaction péda-
gogiques, puisque les non-experts et les semi-experts ne maîtrisent pas les
conventions pragmatiques de la langue du domaine. Dans le dictionnaire de
comptabilité illustré plus haut, la plupart des définitions et explications ont
été adaptées au groupe d’utilisateurs-cible, à savoir les traducteurs profes-
sionnels spécialisés en finance et comptabilité.

5. 2. Dictionnaire immobilier – communication et cognition


L’immobilier est probablement l’un des domaines les plus façonnés par la
culture qui soient. Il mobilise des connaissances hétérogènes provenant de
multiples spécialités : droit, finance, administration, architecture, cultures
régionales, procédures d’achat, documents, etc. Le Dictionnaire de l’immo-
bilier (2012) en ligne et aussi consultable sur application pour smartphone
est destiné aux acheteurs potentiels danois, et fédère des données traitant de
tous les aspects de l’immobilier, avec pour seule finalité pragmatique d’as-
sister la transaction immobilière au cours de ses différentes phases : prospec-
tion, acquisition, et possession d’un bien immobilier en France. L’interface
d’interrogation du dictionnaire est donc basée sur cette distinction. Le dic-
tionnaire a été conçu comme dictionnaire à la fois communicatif et cognitif.
C’est la présentation des données culturelles qui permet à l’utilisateur de
passer d’une situation à l’autre. L’article mas ci-dessous montre que les
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fonctions communicatives (réception, production et traduction) se doublent
de fonctions cognitives (connaissances encyclopédiques, connaissances lin-
guistiques) grâce à une présentation des données sur plusieurs niveaux
(grammaire, prononciation, sens, traduction, illustration) :
mas substantiv m<mas>
Forklaring
Sydfransk gård eller landsted i
traditionel provencalsk stil. Ses
specielt på landet i Languedoc
og Provence. Betegnelsen
« mas » er afledt dels af det feu-
dale ord « mes », der betyder
gård, landbrugsejendom, dels
af det latinske ord « mansum »,
som betegnelse for en bebo-
else eller skiftested langs de
romerske veje. Udtales : <mas>
(- i Nordfrankrig kan man godt
høre udtalen : <ma>).
Oversættelser
• gård
• landsted
Illustration
171
[= mas substantif m<mas>
Explication
[= Ferme ou domaine rural méridional, de style provençal traditionnel. Surtout en
Provence et Languedoc. La dénomination « mas » provient du français médiéval
« mes », ferme, exploitation agricole, et du latin « mansum », en référence aux habi-
tations et relais le long des voies romaines. Se prononce <mas> (- dans le nord de la
France se prononce aussi : <ma>).]

Traductions
• gård
• landsted
Illustration]
(Article mas, Ejendomsordbogen 2012, Ordbogen.com)
Toujours dans le même dictionnaire, dans l’article notaire ci-dessous, ce
n’est pas la signification du mot notaire elle-même, vocable utilisé et connu
en danois (= notar, notarius), qui pose problème, mais la compréhension du
rôle pratique du notaire français dans la transaction immobilière. La solution
consiste à jeter une passerelle entre situations communicatives et cognitives.
En cliquant sur « Praktisk guide » (= guide pratique), l’utilisateur accède
directement à une composante externe du dictionnaire, le guide pratique de
l’immobilier, et à la section consacrée au notaire :
notaire substantiv m<notaires>
Synonymer
officier public substantiv m<officiers publics>
Forklaring
Den franske notar er særligt udpeget af den franske Justitsminister
Oversættelser
notar
Kollokationer
le notaire est un officier public responsable devant l’État
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notaren er en offentlig person, som er ansvarlig over for den franske stat
Praktisk guide
Notaren (le notaire)
[= notaire substantifm<notaires>
Synonymes
officier public substantifm<officiers publics>
Explication
Le notaire français est spécialement nommé par le ministère de la justice
Traductions
notar
Collocations
le notaire est un officier public responsable devant l’État
notaren er en offentlig person, som er ansvarlig over for den franske stat
Guide pratique
Notaren (le notaire)]
(Article notaire, Dictionnaire de l’immobilier 2012, Ordbogen.com)
La section du guide détaille la mission du notaire dans la transaction
immobilière, notamment les contrôles précédant l’établissement et la signa-
ture de l’acte authentique. Le guide est rédigé en danois, mais les termes
centraux sont tous retraduits en français et dotés d’hyperliens pour renvoyer
l’utilisateur au sens de consultation français-danois. Cette option a pour but
de faciliter le repérage des rubriques à la lecture du document. En situation
172
d’achat, à l’étude du notaire, l’acheteur-utilisateur pourra rapidement vérifier
que les diligences nécessaires et que les actes, extraits, états, dossiers, droits
de préemption, rapports, diagnostics et déclarations qui en découlent sont
bien reportés à l’acte authentique.

5. 3. Dictionnaires touristiques : cognition culturelle


La notion de touriste a longtemps été vectrice d’une image ambigüe,
mais a beaucoup évolué ; les nouveaux touristes sont avides de culture et
ont besoin d’informations lexicographiques pour aller à la rencontre des
populations, des langues, des lieux, non seulement avant leur départ, mais
aussi et surtout une fois sur place. Cette mission a traditionnellement été
assumée par les dictionnaires touristiques, qui peuvent être définis comme
des dictionnaires spécialisés inter- et multiculturels (Leroyer, 2008b). Dans
les dictionnaires touristiques traditionnels (dictionnaires de voyage, guides
de conversation avec composantes dictionnairiques, dictionnaires de poche,
applications lexicographiques pour smartphones et terminaux mobiles, etc.),
les fonctions communicatives sont très largement favorisées et ont pour but,
en théorie, d’apporter une assistance lexicographique au touriste confronté à
des problèmes de communication dans les situations suivantes :
a. Réception de texte écrit L2, p. ex. carte de restaurant, panneaux de
signalisation
b. Réception de texte oral L2 (conversation)
c. Production de texte oral L2 (conversation)
Il a été discuté dans Andersen et Leroyer (2008) que la pertinence de
l’assistance communicative orale (b. et c. ci-dessus) a été surestimée par les
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éditeurs de dictionnaires touristiques. Cette assistance en effet reste très illu-
soire, ne serait-ce que pour des utilisateurs sans compétences linguistiques
préalables de la L2. Pourtant, les dictionnaires touristiques peuvent être par-
ticulièrement utiles en situations de réception écrite, bien qu’ils ne soient
généralement pas conçus pour cela.
Il apparaît que les dictionnaires touristiques, conçus pour être communi-
catifs, sont en réalité, mais contre leur gré, des dictionnaires cognitifs. Les
données suivantes tirées de la section « savoir vivre » du Guide de conver-
sation malgache (Assimil, 2004, 2010) illustrent les instructions fournies à
l’utilisateur pour effectuer correctement des actes de parole, et utiliser la
gestuelle appropriée dans le contexte de la politesse et des salutations – ici
démontrer son respect à l’égard des personnes âgées. Le problème toutefois
est que les expressions et instructions culturelles ne sont pas intégrées, ni
dans les sections situationnelles thématiques, ni dans les listes lemmatiques,
et que l’utilisateur n’a ainsi aucune chance de pouvoir accéder aux données :
S’il vous arrive de passer devant une personne âgée, vous devrez dire azafadytom-
poko, s’il vous plaît monsieur/madame, tout en vous courbant un peu.
Il s’agit en réalité d’une présentation cognitive, destinée au touriste sou-
haitant préparer son voyage.
173
On retrouve la même confusion entre dictionnaire communicatif et dic-
tionnaire cognitif dans les sections thématiques. L’exemple ci-dessous
montre un exemple de conversation à utiliser au marché par le touriste sou-
haitant marchander des produits artisanaux :
Lafo kosa izany ka !
lafou koussa zani ka
cher quand-même cela hein
Que c’est cher !
Tsy lafo iazany sady tsara tarehy koa anie io e !
tssi lafou zani ssadi tssara taré kouani-éi-ou é
ne-pas cher cela est beau aspect aussi voyez-vous ceci
Ce n’est pas cher et elle est belle n’est-ce pas ?
Ces données conversationnelles sont tellement idiosyncratiques qu’elles
ne peuvent qu’hypothétiquement remplir des fonctions productives ou
réceptives. La traduction directe de l’ordre linéaire des mots de la L2, dou-
blée d’une traduction naturelle en clair, reprend les conventions du journal
de linguistique qui offre à ses lecteurs un accès direct à la connaissance des
contraintes syntaxiques des langues « exotiques ». Le guide s’adresse ainsi
plus au linguiste qu’au touriste potentiel. Comme dans l’exemple précédent,
les mots de la conversation ne sont pas tous lemmatisés, et le guide ne permet
pas de résoudre les problèmes de réception.
Il convient de redéfinir la finalité pragmatique du dictionnaire touristique :
• Communication :
❍ réception écrite des mots culturels L2-L1
❍ production orale basique L1-L2 (salutations, remerciements)
• Cognition : connaissance des mots culturels L1 (L2)
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Comme le montre le tableau 1 ci-dessous, la connaissance culturelle peut
se décliner en plusieurs types de connaissances et degrés de pertinence, en
termes de besoins lexicographiques potentiels :
Connaissance Pertinence

1. Encyclopédique -

2. Promotionnelle -

3. Langagière (+)

4. Culturelle ++

5. Actuelle ++

6. Pratique ++

Tableau 1 : types de connaissances culturelles dans le dictionnaire touristique

1. Encyclopédique : culture générale (histoire, géographie, politique)


2. Promotionnelle : culture touristique (prestations touristiques)
3. Langagière : mots culturels L2
4. Culturelle : mots culturels L1 (patrimoine, traditions, etc.)
174
5. Actuelle : agenda culturel L1 (concerts, expositions)
6. Pratique : informations pratiques L1 (hébergement, transports, etc.)
Les fonctions cognitives mentionnées plus haut sont pertinentes pour les
types de connaissances 4, 5 et 6.

5. 4. Culture et dictionnaire d’entreprise


L’entreprise est une usine à termes. Il s’agit de termes pragmatiques qui lui
sont propres, les termes maison, qui sont dotés d’un statut unique, construi-
sant et véhiculant la culture de l’entreprise et de ses acteurs au travers de ses
champs d’action et de son organisation (Leroyer, 2011b). L’entreprise a ainsi
besoin de dictionnaires pragmaterminologiques (de Vecchi, 2010) qui ne sont
pas de simples bases de données enregistrant les terminologies normatives de
leur champ d’activité, leur domaine d’exploitation (qu’elles maîtrisent d’ail-
leurs parfaitement), mais enregistrent et décrivent systématiquement tous les
termes maison pour répondre aux besoins d’information pratiques des diffé-
rents utilisateurs : employés, partenaires, clients, et autres parties prenantes
(Leroyer, 2011a). Par exemple, les termes qui structurent son organisation
doivent être intégrés par les nouveaux membres du collectif ; le parler d’entre-
prise, élément culturel de l’entreprise, concerne alors les ressources humaines,
les besoins de formation après recrutement, promotion, ou départs.
Dans la téléphonie mobile, les termes abonnement ou forfait, dont la
signification absolue est comprise de tous, revêtent des valeurs très différentes
selon l’enseigne. Il en va de même pour les pratiques qui y sont afférentes.
Dans une chaîne de restauration rapide (hamburgers), on rencontrera des
parlers constituant des cultures professionnelles différentes. Ainsi, lorsqu’on
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entend le dialogue suivant : « Chez nous, on place la couronne, on la glisse
et on la récupère, mais chez eux, ils la plaquent, l’appuient et la sortent
vite », on comprend aisément que les méthodes de travail ne sont pas tout à
fait les mêmes et que les résultats ne le sont pas non plus (de Vecchi, 2010).
Du point de vue verbal, la couronne est en collocation avec placer, glisser
et récupérer dans une enseigne, alors qu’elle l’est avec plaquer, appuyer
et sortir dans une autre. Au-delà de simples jargons, il s’agit de « parlers
d’entreprise » constitués de termes maison en tant qu’aboutissement de pro-
cessus de conceptualisation des acteurs. Du point de vue sociolinguistique,
l’entreprise est une communauté de partage d’éléments de langage.
Le dictionnaire d’entreprise est ainsi appelé à faire intervenir trois types
de fonctions : communicatives, cognitives, et interprétatives. Les fonctions
communicatives incluent l’aide à la réception des termes maison (défini-
tions, illustrations), à leur traduction (équivalents, collocations) et à leur
mise en discours (information grammaticale et contextuelle). Les fonctions
cognitives sont dédiées à la connaissance des termes maison (explications,
notes pragmatiques, notamment sur leur ancrage organisationnel, leur chro-
nologie, etc.) et à leur mise en pratique. Les fonctions interprétatives, enfin,
consistent à fournir une assistance ciblée au décodage de tous les termes mai-
son non verbaux, en particulier l’identité visuelle de l’entreprise (ses logos,
sa signalisation, sa charte graphique, etc.).
175
6. CONCLUSION

Comme l’a démontré la discussion ci-dessus, les dictionnaires généraux


sont des artefacts culturels, et tous les mots et toutes les expressions consi-
gnés dans les dictionnaires sont liés par la culture (« culture-bound »). Le
traitement des données culturelles est déterminé par le type de dictionnaire,
sa finalité pragmatique – communicative ou cognitive – et ses fonctions
lexicographiques. En outre, les compétences culturelles, factuelles, et lin-
guistiques des utilisateurs à qui sont destinés les dictionnaires affectent la
manière dont doivent être expliqués et présentés les phénomènes liés par
la culture. Dans certains dictionnaires, les mots et expressions liés par la
culture ne posent aucun problème, tandis que dans d’autres, comme il a été
montré plus haut, les lexicographes doivent adopter des solutions spéciales
pour adapter aux besoins d’information des utilisateurs le traitement des phé-
nomènes culturels spécifiques.
Dans les dictionnaires spécialisés, une distinction centrale s’impose entre
domaines façonnés par la culture, domaines indépendants de la culture, et
domaines pluriculturels. Là encore, les solutions déployées pour traiter des
données culturelles sont exclusivement régies par les fonctions lexicogra-
phiques, les situations communicatives ou cognitives, et la finalité prag-
matique du dictionnaire. La méthodologie fonctionnelle est par extension
encore plus cruciale dans les domaines pluriculturels, comme l’immobilier
ou le tourisme, qui nécessitent des solutions polyfonctionnelles coopératives
pour tenir compte de finalités pragmatiques complexes.
Dans le champ des dictionnaires et des cultures d’entreprise enfin, qu’il
s’agisse de dictionnaires mono- ou plurilingues, la base empirique est éta-
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blie selon une démarche pragmaterminologique qui s’attache à la sélection
et à la description des items culturels symbolisés par les termes maison. En
élucidant la position singulière des termes maison, elle ouvre la voie à la
conception de dictionnaires polyfonctionnels intégrés qui sont naturellement
appelés à devenir des outils d’information et de gestion à la fois stratégiques
et culturels.
En conclusion, et quel que soit son champ d’application, la lexicographie
culturelle ou lexicographie des langues-cultures n’est pas singulière, mais
plurielle ; il n’y pas culture et dictionnaire, mais cultures et dictionnaires au
travers de la multiplicité des acteurs, des utilisateurs, et des situations d’uti-
lisation des dictionnaires.
Patrick LEROYER
Aarhus University, Business and Social Sciences, Danemark
Henning BERGENHOLTZ
Aarhus University, Business and Social Sciences, Danemark
Stellenbosch University, Department of Afrikaans and Dutch,
South Africa
176
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