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Préface
Je vivais dans l'anonymat et la souffrance d'une injustice que je
pensais incommunicable. Les femmes victimes de <<< crimes
d'honneur » meurent ou se taisent à jamais.
Lorsque j'ai pu enfin l'exprimer dans ce livre, et ensuite dans les
médias, mon existence a été transfor- mée. J'ai survécu par miracle
et retrouvé mon fils perdu dans les souffrances de ce drame. J'ai
refait ma vie alors que d'autres meurent ou se terrent même
jusqu'en prison pour garantir une survie toute relative. Les
associations humanitaires se battent dans certains pays contre
cette coutume masculine et barbare et je veux encore redire que
sans la fondation Surgir, je serais morte. Seule, une femme n'a
aucun espoir d'échapper à la vengeance d'une famille qui considère
sa virginité comme l'honneur de tout un clan. Des fondations et
associations locales se battent toujours dans l'anonymat, car sans
cet anonymat, celles qui osent braver le clan sont condamnées à
vie, recherchées, et parfois exécutées froidement. Il faut continuer
à aider la fondation Surgir car c'est la vie de jeunes innocentes qui
est en jeu. C'est essentiel.
Jeune fille illettrée, premier témoin survivant parlant
Le feu était sur moi
Je suis une fille et une fille doit marcher vite, la tête courbée vers le
sol, comme si elle comptait ses pas. Son regard ne doit pas se lever,
ni s'égarer à droite ou à gauche de son chemin, car si son œil
rencontrait celui d'un homme, tout le village la traiterait de
<<charmuta ».
Si une voisine déjà mariée, une vieille femme ou n'importe qui
l'aperçoit seule dans la ruelle, sans sa mère ou sa sœur aînée, sans
brebis, sans botte de foin ou chargement de figues, on la dira aussi
<< charmuta »>.
Une fille doit être mariée pour regarder devant elle, se présenter à
la boutique du marchand, s'épiler et por- ter des bijoux.