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B) Orilla derecha del Tajo y cabecera del Jalón-Ebro .

En adelante don Juan Manuel habla muy por encima de otros cursos de
las cuencas del Tajo, Ebro y Duero, que le interesaron menos por su caren-
cia de caza y por estar ya en los limites del obispado ; con la expresión de
« . . .dize don Iohan que non se acuerda de los nonbres . . .» o « . . .dize que non
se le arerto de tarar en ellas . . .», manifiesta una presunta desinformación de
unas comarcas en la frontera aragonesa que por sus circunstancias vitales
debia conocer muy bien .
El pequeño valle de Cifuentes confluente con el Tajo en «Crillo», .Trillo,
tenia algunas posibilidades de caza por la proximidad de las «lagunas de San
Blas», tanto con halcón como sin el .
En las «buenas riberas» de la tierra de Medina, don Juan Manuel alude
brevemente a los altos valles del Jalón y su afluente el Mesa a su paso por
Balbacil, el Tajuña, la pequeña cuenca del Ablanquejo afluente del alto Ta
jo, con centro en la Riba de San Felices, y el Torete en su tramo comprendi-
do entré «Miño» de Medina y «Altobiella», Alcubilla, antes de su désembo-
cadura en «Calatahojar», Caltojar, que a través del Escalote va al alto
Duero; Medinaceli es el centro de esta extensa comarca que participa del Sis-
tema Central en su parte oriental a través de Sierra Ministra y de los para-
mos de la Alcarria de Guadalajara, en la que don Juan Manuel sabia de la
existencia de ánades, garzas y grullas .
Su conocimiento de la caza en el obispado de Sigüenza termina en la
«tierra de Almanra», sierra de Almantes, ya en tierras aragonesas por el no-
roeste y en «la tierra de Molina», las Parameras de Molina al sureste, donde
solamente menciona aquel lugar «. . . que el dixieron . . . », el valle del rio Mesa
en el que habia algunas garzas; por lo demás estas serranias no le merecen
mayor interés .

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Denis Menjot
Université de Nice

JUAN MANUEL : AUTEUR CYNÉGÉTIQUE

Comme le Cid symbolise la prouesse des valeureux guerriers qui con-


sacrèrent leur vie à lutter contre les mores, ou le Greco, la démesure illumi-
née des hommes du Siècle d'Or, Juan Manuel (1282-1348) incarne parfaite
ment le Grand d'Espagne des difficiles lendemains de la Reconquête (1) :
«réactionnaire» orgueilleux et egocentriste, soucieux de culture, cherchant
sans scrupules, à se rendre maître des principales sources de richesse et de-
fendant à outrance et jalousement ses privilèges de classe (2) .
Personnalité marquante, membre de la famille royale -il était le petit-
fils de Saint Ferdinand- il participa activement à toutes les luttes politiques
des règnes de Ferdinand IV et d'Alphonse XI, entretenant une agitation per
manente. Il écrivit aussi une oeuvre didactique variée, importante et de
grande qualité dans laquelle il ne néglige ni le style ni la forme. Tous ceux
qui s'intéressent à la vie politique et sociale, à la littérature, à la noblesse,
dans la première moitié du XIVe siècle, rencontrent Juan Manuel et sont
amenés à l'étudier. Lui consacrer un volume d'etudes se justifie donc,

(1) Pfesentation d'ensemble . J. VALDEON BARUQUE : «La crisis del siglo XIV en Castilla : re-
visión del problema» dans Revista de la Universidad de Madrid, XX (1972) .
(2) Deux études montrent fort bien le rôle de Juan Manuel dans cette première moitié du
XIVe siècle et le replacent parfaitement dans ce contexte de crise : J . RODRIcUEZ PUERTOLAS :
«Juan Manuel y la crisis castellana del siglo XIV» dans Literatura, Historia, Alienactón, Barcelo-
na, 1976 . J.A . MARAVALL : «La sociedad estamental castellana y la obra de Juan Manuel» dans
Estudios de Historia del pensamiento español, Madrid, 1967 .

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surtout à Murcie car il passa la majeure partie de sa vie dans ce royaume
dont il fut Adelantado Mayor et où il joua un rôle important ainsi que ses
descendants pendant_ plusieurs générations .
Parmi les ouvrages qu'il composa figure un traité de fauconnerie. Il est
mal connu, à tort négligé, voire méprisé (3), à la fois par les littéraires qui le
considèrent comme un ouvrage mineur et technique, les historiens qui l'esti
ment secondaire par rapport a d'autres écrits où sont exposés les grandes idé-
es politiques et sociales de l'auteur et les spécialistes de la chasse qui lui prê-
tent moins d'attention qu'a d'autres écrits médiévaux semblables, comme le
célèbre livre du Roi Dancus, antérieur au milieu du XIIe, le Roman dels
Auzels Cassadors du troubadour Daude de Pradas, le De arte venandi cum
avibus que l'Empereur Frédéric Il écrivit dans la première moitié du siècle
suivant, ou encore le Libro de la caza de las aves que le chancelier Pero Lo-
pez de Ayala composa en 1386, pour ne citer que les plus célèbres (4) . Cet
article a pour but d'étudier à travers ce traité comparé aux autres produc-
tions du même genre, l'auteur cynégétique qu'était Juan Manuel et ainsi, en
précisant une composante de son oeuvre et de son activité, de contribuer
modestement à complèter la connaissance de ce personnage hors du com-
mun (5) .
Comme la majorité des contemporains de son rang, le seiior de Villena
avait la passion de la chasse qu'il considérait comme l'une des activités «les
plus nobles, les plus belles, les plus plaisantes et les plus profitables et qui,
(3) Il n'a pas été édité avec les autres oeuvres de l'auteur par PASCUAL DE GAYANGOS, ESCri-
tores en prosa anteriores al siglo XV, Biblioteca Autores Españoles, Madrid, 1952. 11 n>en existe
pas d'édition récente en vente dans le commerce alors que le traité du Chancelier Ayala en a mê-
me fait l'objet d'une en espagnol moderne. Aucune bibliothilue publique française ne possède
une édition de ce traitél J'utilise celle de JOSE MARIA CASTRO Y CALVO, Barcelone, 1945, dont le
professeur J . TORRES-FONTES a eu l'amabilité de me fournir la photocopie . Je l'en remercie vive-
ment.
(4) Le Livre du Roi Dancus éd. G. TILANDER, Cynegetiea IX, Lunnd, 1961 Daude de Pra-
das, Roman dels Auzels Cassadors, éd . A.H. SCHUTz, Columbus (Ohio), 1945 . Frederic 11, De
arte venandi cum avibus, trad . française G . HOLMER, Studia Romanica Holmiensia, Lund,
1960 . Pero Lépez de Ayala, Libro de la cana de las aves, éd . 1 . FRAD£IAS LERRERO, Col, Odres
Nuevos, Castalia, Madrid, 1969 . Il existe d'autres traités plus ou moins incomplets, cf . note 23.
(5) P. DE GAYANGOS, op. cit., n'en tient pas compte «por estar falto y truncado este libro»,
p . VI, Or, J,M. CASTRO Y CALVO a remis sans peine de l'ordre dans les raies folies qui n étaient
pas à leur place, et si ce traité est incomplet; manque la chasse à cour, celle à l'autour et le guide
de 11 des 14 évêchés que Juan Manuel annonce dans le prologue, à supposer. qu'il les ait rédigés,
les onze premiers chapitres, c'est-à-dire l'intégralité de la chasse aux faucons, sant conservés.

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par les efforts qu'elle demandait, permettait à l'homme d'acquérir de l'en-
durance, d'avoir une meilleure santé physique et mentale, de mieux man-
ger, de mieux connaître la nature, les gués et les passages» (6) . Il n'est donc
pas étonnant que ce grand chasseur, après de longues années de pratique
-probablement pas avant 1325 (7)- ait entrepris de composer un ouvrage,
pour faire bénéficier les autres de ses connaissances -particulièrement les
jeunes dans l'éducation desquels cette activité tenait une grande place- ceci
d'autant moins que, comme il le dit dans le prologue, la nécessité s'en faisait
sentir car depuis l'époque de son père et de son oncle Alphonse X, la façon de
chasser avait changé (8), ce qui rendait caduque les anciens traités rédigés
par le Roi Savant et que lui-même juge bons et dans lesquels il dit avoir be-
aucoup appris . Avec un art consommé de la pédagogie, il élabore à partir de
ses propres connaissances «d'aficionado», un véritable manuel du chasseur
au vol dans lequel apparaît très nettement l'aristocrate «réactionnaire» mi-
litant . `
Dans ce traité didactique par excellence, Juan Manuel fait montre au
plus haut point de ses grandes qualités pédagogiques qu'il manifeste dans
tous ses autres ouvrages et qui en font un des maîtres du genre préfigurant
Pero de Ayala et Gaston Fébus (9) . Comme eux, il construit un exposé logi-
quement charpenté encore qu'imparfaitement structuré, divisant sa matière
en douze chapitres seulement, contre 47 pour le Chancelier Ayala qui en
consacre un à décrire chaque oiseau et chaque maladie et 85 pour le Comte
de Foix-Béarn . Ils portent successivement sur la présentation des différents

(6) Il en fit plusieurs fois l'éloge, Libro de la Caza, prologue, où il rappelle l'opinion de son
oncle qu'il partage, Libro del caballero e del Escudero, chap . XLI, Libro de los Estados, chap .
LXXXII : «lo primero, que face al home usar a sofrir mas mayores trabajos que le face ser mas sa-
no et comer mejor et sabe mejor la tierra e los pesos et ser mas costoso et mas franco.
(7) On ne peut déterminer avec certitude la date exacte de la composition de l'ouvrage. Les
biographes de J . Manuel sont partagés : J .M. CASTRO Y CALvo dans la chronologie des écrits de
Juan Manuel qu'il établit à la fin de son édition du livre de la chasse, p. 151-182, la situe entre
1325 et 1326. J .M. BLECUA, El Conde Lucanor, Madrid, 1979, p . 19, la considère antérieure à
1335. A . GIMENEZ SOLER, Don Juan Manuel, Biografía y estudio crítico, Zaragoza, 1932, pense
qu'elle est postérieure à 1337 .
(8) Il développe ses transformations p. 58 à 60. Elles se résument à des modifications dans
les méthodes de chasse aux grues et principalement au remplacement de l'autour par le faucon.
(9) P. Tucoo-CHALA : «L'art de la pédagogie.dans le livre de chasse de Gaston Fébus» dans
la chasse au Moyen-Age, Actes du colloque de Nice, juin, 1979, Nice, 1980.

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faucons et du gibier à la chasse duquel ils sont plus particulièrement con-
sacrés, les raisons de leur supériorité sur les autours, leur description -dans
l'ordre où il les a présentés dans -le chapitre 1= leur apprivoisement, leur
dressage (affaitage), l'entraînement qu'il faut leur faire subir pour en faire
des, chasseurs de hérons ou de canards, des chasseurs de grues seul ou avec un
hausse pied, les techniques de chasse aux différents oiseaux une fois le rapace
affaite (10), la mue -qui mérite un chapitre car c'est la période de l'année
la plus délicate pour l'oiseau qui nécessite alors une attention toute particu-
lière -la nourriture, les soins et enfin un guide des territoires de chasse de
tous tes pays castillans évêché par évêché. Exposé équilibré dans lequel sont
développées toutes les notions -et rien qu'elles- nécessaires à la formation
d'un chasseur au vol: comment reconnaître, éduquer, entretenir les diffé-
rents rapaces, comment chasser, où, et dans quelles conditions . Notions
dont il proportionne le développement à l'importance: la description des
faucons, et des techniques de chasse occupant moins de place que le dressage
(23 pages de l'édition Castro y Calvo)-complique et différant selon le gibier à
chasser, les soins multiples (21 pages en comptant le mue et la nourriture),
-adaptés aux nombreuses maladies que ces oiseaux coûteux et qui représen-
tent un lourd investissement, peuvent contracter-, et bien entendu le guide
dont on n'a conservé que trois chapitres .
Il fait précéder son exposé d'un prologue qui se présente comme une véri-
table introduction et non comme une somme de poncifs sur les vertus de la
chasse. Il commence par un panégyrique de son oncle auquel il rend un
vibrant hommage, non pour la forme mais pour s'abriter derrière son auto-
rité et les justifications qu'il donne de cette activité et qu'il prend soin de
rappeler. Il précise ensuite les raisons de son entreprise et les objectifs qu'il
poursuit, puis indique enfin le sommaire de l'ouvrage .
Dans le détail, la construction des chapitres -qu'il développe dans
l'ordre annoncé- s'avère aussi rigoureuse et planifiée que l'ensemble . Juan
Manuel n'entremêle pas les sujets et prend soin d'éviter les répétitions, ren
voyant au besoin le lecteur à un autre .chapitre (11) . Ainsi ne répété-t-il pas,

(1d) Alors qu'Ayala en parle avec le dressage, édition citée, p. 79-84.


(11) Ex. P . 31, p, 39,1 . 8 à 10 .

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