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ÉPREUVE DE TRADUCTION
Hélène Fretel
Maître de conférences, Université de Bourgogne
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Épreuve de traduction
Sommaire
Corrigé du thème n°1 : André Malraux, L’espoir, 1937�����������������������������������������2
A. Proposition de traduction���������������������������������������������������������������������������������������������2
B. Traduction commentée�������������������������������������������������������������������������������������������������2
El coronel, que amaba salvajemente España, le estaba agradecido al anarquista, no por su halago, sino por
demostrar ese estilo que tantos españoles son capaces de tener y por responderle como lo hubiera hecho
un capitán de Carlos V. Porque estaba claro que, por « suerte », quería decir « valor ».
–– Tuve miedo, decía Puig, de no llegar hasta el cañón. Vivo o muerto, pero hasta el cañón. Y usted,
¿qué pensaba?
Jiménez sonrió. No llevaba sombrero, su pelo blanco cortado al rape se parecía al plumón de un pato,
apodo que le habían dado sus hombres a causa de sus ojitos muy negros y de su nariz en forma de espátula.
–– En esos casos, las piernas dicen: « Vamos, ¡qué estás haciendo, idiota! » Sobre todo la que cojea...
Al oír la palabra cárcel, Jiménez tuvo consciencia de que él, el coronel de la guardia civil de Barcelona,
estaba bebiendo con uno de los líderes anarquistas, y sonrió de nuevo.
Le texte proposé est extrait de L’espoir d’André Malraux. Il ne présente aucune difficulté de compréhension
et constitue un bon exercice introductif pour l’épreuve de traduction et de justification de traduction qui
vous attend au concours. Il est l’occasion d’aborder différents points grammaticaux dont la connaissance
est fondamentale : l’expression de l’emphase, la traduction de « dont », de « vous », du passé composé
français, des subordonnées de condition (ou hypothétiques), de « mais », de « on », des prépositions, du
gérondif français, l’emploi des pronoms personnels sujets espagnols… Nous en expliciterons un certain
nombre, ce qui vous permettra de constituer quelques fiches qui, nous l’espérons, vous permettront de
comprendre les enjeux de la partie « justification » de l’épreuve.
Le dialogue représenté donne à voir un lexique courant et des expressions sur lesquels un candidat de
concours ne doit pas achopper comme « n’est-ce pas ? », « allons », « vas-y »… La traduction des couvre-
chefs militaires peut poser problème. Néanmoins « les bicornes de la garde civile », « les casquettes plates
de la garde d’assaut » sont des références culturelles qui doivent être connues. Attention doit également
être faite aux différences de fonctionnement entre les deux langues (genre différent de certains termes,
emploi différent de certains temps –imparfait/passé simple–) pour ne citer que ces quelques élements.
1. « C’est vous qui étiez dans la Cadillac qui a permis de prendre les canons, n’est-ce pas ? »
« ¿Era usted el que (quien) estaba en el Cadillac que permitió tomar los cañones, verdad (no es
así)? »
« C’est vous qui étiez dans la Cadillac » : le texte s’ouvre par une construction emphatique avec relative.
Ce point aurait pu faire l’objet d’une question de justification de traduction. Nous vous conseillons de lire
le rapport du capes externe 2016.
En français, la mise en relief d’un constituant passe le plus souvent par une extraction de cet élément : un
constituant, qui peut être un sujet, un complément d’objet, un complément circonstanciel ou un complé-
ment d’adjectif attribut, est extrait de la phrase et placé en tête de celle-ci. Le constituant concerné est
alors encadré par deux éléments : un présentatif « c’est/ce sont » et par le pronom relatif « qui » ou
« que » :
Jean a fait un gâteau C’est Jean qui a fait un gâteau. (le sujet est mis en relief)
C’est un gâteau que Jean a fait. (le complément d’objet est mis en relief)
Le présentatif français « être » peut varier en temps et en mode, mais le présent est souvent utilisé en lieu
et place des autres temps : « C’est (C’était) moi qui lui chantais des chansons ». Il peut varier en nombre
(jamais en personne, à la différence de l’espagnol), mais cette variation ne s’observe que dans la langue
soutenue : « Ce sont ces problèmes qu’il faudra régler en premier ». Dans l’usage courant, à l’oral surtout,
c’est l’invariabilité du présentatif qui semble s’imposer : « Ce n’est pas nous qui l’avons fait ».
Les pronoms relatifs français utilisés dans ce type de construction sont de deux types : « qui » et « que ». Le
relatif « qui » est utilisé lorsque l’extraction porte sur un sujet : « C’est Jean qui a fait un gâteau », « qui »
est alors le sujet de la relative et le verbe de celle-ci s’accorde en personne et en nombre avec l’antécédent
de ce pronom : « C’est vous qui l’avez dit » ; « que » est utilisé pour toutes les autres fonctions : « C’est ici
que je l’ai vu » (CC de lieu), « C’est à lui que je pense » (complément indirect)…
La langue espagnole connaît également plusieurs procédés d’emphase. Nous pouvons citer à titre
d’exemple le plus courant qui consiste à placer les éléments dont on veut souligner l’importance informa-
tive en tête d’énoncé comme dans « A Sevilla llegaremos el martes. », en le reprenant le plus souvent par
un pronom : « Al pacto social le dedicó la mayor parte de su intervención » (C’est au pacte social qu’il a
consacré la plus grande partie de son discours) ; ou encore à recourir à l’emploi d’un pronom personnel
sujet alors que le sujet est déjà indiqué dans la désinence verbale comme dans « Lo compré yo. » (C’est
moi qui l’ai acheté).
À ces procédés s’ajoute l’emploi d’une subordonnée relative associée au verbe « ser », qui n’est autre que
l’équivalent morphosyntaxique de la construction française « c’est… qui / c’est… que » de nos énoncés.
Dans ce type de structure, l’élément espagnol mis en relief est précédé du verbe « ser » (il peut parfois
le précéder) et déterminé par une relative : « Fueron ellos quienes lo dijeron » (« C’est eux qui l’ont dit »).
Le verbe « ser » varie en temps, en mode, en personne et en nombre. Il s’accorde normalement avec le
temps de la relative : « Entonces fue cuando lo encontré ». Mais lorsque la relative est au futur (parfois
au conditionnel, lorsque celui-ci exprime l’éventuel) ou au passé composé, le verbe « ser » peut être au
présent : « Lo único que realmente sacude la nación es el desempleo y es ahí donde actuará el plan de
ajuste, informa Gemma Casadevall. ». De même, lorsque l’élément mis en relief est considéré comme
présent par l’énonciateur, alors qu’il renvoie à des événements passés, le verbe « ser » peut apparaître
au présent : « Es allí donde se hallaron los restos del navío. » [l’endroit où on a trouvé les restes du navire
appartient au présent, mais le fait de les trouver appartient au passé]. Le verbe « ser » varie également en
personne et en nombre. Lorsque l’élément mis en relief est le sujet de l’énoncé, le verbe « ser » s’accorde
avec lui : « Fueron ellos quienes lucharon » (« Ellos lucharon »), « Fuiste tú quien perdió/perdiste » (« Tú
perdiste »). Dans les autres cas, c’est à la 3e personne du singulier que l’on doit le conjuguer : « « Así es
como lo veo » (« Lo veo así »).
Le choix du pronom relatif est quant à lui déterminé par la fonction et la nature animée (humaine) ou
non-animée (non humaine) de l’élément mis en relief :
REMARQUE
En espagnol d’Amérique, surtout dans la langue parlée, il est fréquent d’observer l’emploi du galli-
cisme : « es… que, fue… que » dans des emplois circonstanciels. Ex : « La chica se acuerda de que
es ahí que (es ahí donde) está la guarida del brujo. » M. Puig (Argentin), El beso de la mujer araña,
1993. Exemple à ne pas imiter le jour d’un concours même si la dernière réforme de l’ortho-
graphe tend à considérer ces formulations comme correctes.
Dans notre énoncé, le pronom « vous » repris par le pronom relatif français « qui » est sujet du verbe
« étiez » (« vous étiez dans la Cadillac »). Compte tenu de cette fonction, nous devons choisir entre les
pronoms relatifs espagnols « el que » et « quien » (sujet animé) pour traduire « qui ». Le verbe « ser »
dans ces conditions se conjugue à la troisième personne du singulier. Le temps du verbe de la relative est
l’imparfait de l’indicatif. Dans ces conditions, le verbe « ser » doit être également conjugué à l’imparfait
(concordance absolue). Soit « Era usted el que (quien) estaba en el Cadillac ». Attention, en français, le
féminin « une voiture Cadillac » explique l’emploi de « la Cadillac », en espagnol, il s’agit d’« un coche
Cadillac » et donc « el Cadillac », changement de genre.
« qui a permis de prendre les canons » : la traduction de la relative déterminative ne pose guère de
problème. Le relatif « qui » reprend un antécédent inanimé en fonction sujet (« la Cadillac a permis de
prendre les canons », il équivaut donc à « que ». L’antécédent n’est ni virtuel, ni éventuel, il est réel et
implique donc l’indicatif. En revanche, il convient de modifier le temps espagnol. Le passé composé doit
être traduit par un passé simple français. L’action est révolue, sans contact avec le présent.
« n’est-ce pas ? » : le locuteur attend confirmation de la part de son interlocuteur. Notre choix peut se
porter sur « verdad » ou « no es así ». Attention à la double ponctuation de l’interrogative espagnole.
« au bout de la rue » : var. « al fondo de la calle ». Attention « (estar) al cabo de la calle » serait un contre-
sens, l’expression signifie « avoir tout compris », « avoir tout pigé ».
« les bicornes de la garde civile » : le « bicorne » est un chapeau à deux pointes (« un bicornio, un sombrero
de dos picos ») or les chapeaux de la garde civil sont des tricornes. Deux solutions : respect du texte
original ou emploi du terme adapté à la situation, « tricornio ». Nous faisons ce second choix.
« avec les casquettes plates de la garde d’assaut… » : attention, il s’agit de rendre compte d’un couvre-chef
militaire. Il s’agit des « gorras de plato ». La garde d’assaut (la « guardia de asalto ») est le nom courant qui
servait à désigner le corps de sécurité et d’assaut espagnol. Il s’agit du corps policier créé par le gouver-
nement de la Seconde République espagnole pour maintenir l’ordre public.
3. — Oui.
— C’était bien. Car s’ils étaient arrivés ici avec le canon, tout aurait peut-être changé.
— Sí.
— Estuvo bien. Porque (Ya que, Puesto que) si hubieran (hubiesen) llegado aquí con el cañón,
todo habría cambiado quizá(s).
« C’était bien. » : il s’agit d’un cas où le maintien d’un imparfait serait peu idiomatique en espagnol :
« Estaba bien ? » La remarque porte sur un événement ponctuel. L’espagnol utilise le passé simple.
L’espagnol n’indiquerait pas un jugement ponctuel mais une description, l’observation d’un événement.
Attention, malgré le sujet impersonnel, l’espagnol recourt à « estar » avec « bien ». Il en est de même pour
« está mal » et « está claro » (alors que l’on dit « es evidente »).
« s’ils étaient arrivés ici avec le canon, tout aurait peut-être changé. » : attention à ne pas omettre la
traduction de la subordonnée de condition. Langue française et langue espagnole différent dans le choix
du mode de la subordonnée.
« Vous avez eu de la chance » : il est une fois encore question d’une action sans contact avec le présent d’où
l’emploi du passé simple espagnol. Le pronom « Usted » doit être utilisé dans cet échange. Même s’il n’est
question d’aucune ambiguïté, le locuteur implique son allocutaire, c’est également une preuve de politesse.
« en traversant la place » indique le moment où il a eu cette chance. Si le gérondif espagnol peut indiquer la
simultanéité temporelle entre deux actions (celle dite par le gérondif et celle du verbe principal), l’emploi
d’une subordonnée circonstancielle de temps est ici plus idiomatique. Le gérondif ajouterait une idée de
manière peu adaptée au contexte. « Al + inf. » donnerait l’idée d’une action trop ponctuelle : « al atravesar »
déclencherait le fait d’avoir de la chance. Ce sens ne correspond pas au contexte.
5. Le colonel, qui aimait sauvagement l’Espagne, était reconnaissant à l’anarchiste, non de son
compliment, mais de montrer ce style dont tant d’Espagnols sont capables et de lui répondre
comme l’eût fait un capitaine de Charles Quint. Car il était clair que par « chance », il entendait
« courage ».
El coronel, que (quien) amaba salvajemente (brutalmente, de manera brutal) España, le estaba
agradecido al anarquista, no por su halago (cumplido), sino por demostrar (mostrar, hacer gala
de) ese estilo que tantos españoles son capaces de (pueden) tener y por responderle como lo
hubiera (habría) hecho un capitán de Carlos V. Porque estaba claro que, por (con decir, al decir)
«suerte», quería decir «valor».
Le pronom relatif « quien », qui s’accorde en nombre avec l’antécédent, est quant à lui utilisé en fonction
sujet pour référer à un antécédent humain dans trois cas :
–– lorsque l’antécédent n’est pas exprimé : « Quien mal anda, mal acaba » ; il a alors une valeur
indéfinie et il est invariable. On observe cet emploi dans les proverbes, maximes, vérités générales.
Dans ces emplois, « quien » (et « quienes ») peut alors alterner avec « el que » (et ses variantes) :
« El que / Quien se pica, ajos come », « Quien calla otorga » ; mais l’emploi de « que » est exclu.
–– dans une structure emphatique : « Fuimos nosotros quienes decidimos ». Si l’antécédent sujet
est animé nous devrons choisir entre « quien, quienes, el que, la que, los que, las que », soit
« Dicen que Lopera fue quien le prestó el dinero a Ramón Mendoza ». Si l’antécédent n’est pas
Lorsque le pronom relatif « qui » fonctionne comme complément prépositionnel du verbe de la relative
l’antécédent est obligatoirement humain, « quien » est alors utilisé : « La chica con quien vive es muy
simpática » / « ¿Conocéis a alguien a quien le guste pagar impuestos? » Il peut alterner avec « el que » et
ses variantes ou « el cual » et ses variantes : « La chica con la que vive es muy simpática. »
Dans notre cas, nous sommes face à un « qui » sujet, avec antécédent humain, qui introduit une subor-
donnée relative explicative. Celle-ci n’ajoute en effet qu’une information accessoire sur le colonel. Nous
avons donc le choix entre « que » et « quien ».
ATTENTION :
« España » n’est précédé d’un article que dans le cas d’une détermination : « la España de los sesenta ».
« (Le colonel) était reconnaissant à l’anarchiste » : l’adjectif verbal français « reconnaissant » fait partie de
ces adjectifs rendus par un participe passé espagnol : « agradecido ».
« non de son compliment, mais de montrer ce style […] et de lui répondre comme l’eût fait un capitaine
de Charles Quint » : attention à la construction de la phrase et à bien identifier que « de lui répondre… »
dépend également du « mais ». La traduction de ce dernier aurait pu faire l’objet d’une question de justi-
fication de traduction.
• Traduction de « mais » :
Sur le plan syntaxique, la conjonction de coordination adversative « mais » peut relier deux mots, deux
syntagmes, deux propositions, deux phrases (ou sous-phrases) qu’elle met en opposition, deux faits qui
s’opposent ou se contredisent. Sur le plan sémantique, elle sert l’argumentation et possède une valeur
logique que les autres conjonctions n’ont pas : on distingue un « mais argumentatif-restrictif » (qui sera
traduit par « pero ») et un « mais réfutatif-rectificatif » (qui sera traduit par « sino »). Les deux exemples
suivants mettent en évidence le caractère restrictif et réfutatif de « mais » :
« Je n’ai pas acheté la maison, mais je l’ai louée » (« No compré la casa pero la alquilé »)
« La maison, je ne l’ai pas achetée mais louée » (« No compré la casa sino que la alquilé »)
L’espagnol possède pour caractéristique de recourir à deux conjonctions pour exprimer cette relation
adversative, « pero » et « sino ». « Pero » est une conjonction de coordination adversative qui sert à
introduire un énoncé argumentativement orienté de façon contraire à l’énoncé antérieur (« no estudia »
[orienté vers l’échec], « pero siempre aprueba » [orienté vers le succès]; « Je n’ai pas acheté la maison »
[orienté vers la conclusion « je ne vais pas habiter dans cette maison »] « mais je l’ai louée » [orienté vers
la conclusion inverse « je vais habiter dans cette maison »]).
L’argument positif peut être placé avant ou après « pero » :
« Es inteligente pero no lo vamos a contratar » [argument positif] PERO [argument négatif]
« No es inteligente pero lo vamos a contratar » [argument négatif] PERO [argument positif]
Pour pouvoir utiliser « pero », l’énoncé ou le terme introduits doivent obligatoirement contredire l’idée
impliquée par le premier énoncé ou le premier terme. Ainsi, « pero » introduit une restriction après un
verbe affirmatif (« La quiere pero no quiere casarse con ella ») ou négatif (« No la quiere pero vive con
ella »). Il disqualifie d’un point de vue argumentatif l’affirmation première sans l’annuler pour autant. La
proposition introduite par « pero » exprime un argument plus fort que l’argument exprimé par la première
proposition. « Pero » indique qu’il faut substituer à la conclusion que l’on pouvait tirer du premier argument
la conclusion inverse, vers laquelle nous oriente le deuxième argument.
Si le régime du verbe espagnol est indirect, nous choisirons parmi les pronom relatifs « el que, la que, los
que, las que » (pour les antécédents animés et non-animés), « lo que » (antécédent neutre, non catégo-
risé), « quien/quienes » (pour les antécédents animés) en fonction de la nature de l’antécédent. Ils seront
précédés de la préposition exigée par le verbe espagnol : le plus souvent « de » (« El hombre de quien (ou
« del que ») me hablas ») mais aussi « con » (« Consiguió el número mágico con el que sueña cualquier
delantero »). Dans la mesure où le régime d’un verbe français ne coïncide pas nécessairement avec le
régime du verbe espagnol correspondant, il conviendra d’être vigilant et de veiller à tenir compte du
régime du verbe de la langue cible. Ainsi, on dit « rêver de » mais « soñar con », « se souvenir de quelque
chose ou de quelqu’un » mais « recordar algo / a alguien ».
Lorsque le pronom « dont » est complément d’un adjectif, l’espagnol recourt aux pronoms « el que, la que,
los que, las que » pour les antécédents animés et non-animés ; « lo que » pour un antécédent neutre ;
« quien/quienes » : pour les antécédents animés précédés de la préposition « de » : « Tenía un coche del
que estaba muy orgulloso ».
La forme « cuyo », et ses variantes « cuya, cuyos, cuyas » seront utilisées lorsque le pronom met en relation
deux substantifs. Le vocable « cuyo » est un pronom relatif à forme variable qui s’accorde en genre et en
nombre avec le nom qu’il détermine. Ce pronom relatif se substitue à un complément du nom, il met en
relation deux substantifs en fonction de détermination l’un par rapport à l’autre (« el sombrero » / « el
hombre » → « el sombrero (déterminé) del hombre (déterminant) » → « el hombre cuyo sombrero es gris »).
Sur le plan syntaxique, le pronom relatif « cuyo » doit obligatoirement précéder le substantif qu’il déter-
mine. Comme un article, il le présente, ce qui explique d’une part son accord en genre et en nombre, et
d’autre part, que le seul élément qui puisse s’intercaler entre « cuyo » et le substantif soit un adjectif
(« Esa mujer cuya cara no vi… »). Si le pronom complète deux substantifs, « cuyo » ne s’accorde qu’avec le
premier (« aquel hombre cuyo talento y pasión » / « aquel hombre cuya pasión y talento »).
L’emploi de « cuyo » est exclu dans trois circonstances : si le complément du relatif est un nom attribut, un
nom indéfini ou s’il est accompagné d’une structure restrictive. Il conviendra dans ce cas d’employer un
relatif composé « el que, la que… » précédé de la préposition « a ». Soit :
« El poema del que soy autor ». « autor » est attribut du sujet « yo ».
« Ese estudiante del que conoces a un hermano ha dejado de venir a clase »
« Esa mujer de la que solo vi la cara ».
Dans notre énoncé, le relatif « dont » a pour antécédent « ce style », antécédent inanimé, qui complète
un adjectif : « tant d’Espagnols sont capables de ce style ». Lors du passage en espagnol, la construction
« ser capaz » oblige à ajouter un verbe : « ser capaz de hacer algo » ou à passer par « poder tener », ce qui
modifie la construction. Le relatif ne complète plus un adjectif mais un verbe : « tener ese estilo ». En tant
que c.o.d., le relatif n’a pas à être précédé d’une préposition et devient donc « que ».
« de lui répondre comme l’eût fait un capitaine de Charles Quint » : le subjonctif plus-que-parfait français
est utilisé, dans la langue littéraire, en lieu et place d’un conditionnel passé. Var. « como lo habría hecho… »
« il entendait « courage » » : le verbe « entendre » n’a pas du tout le sens de percevoir par l’ouïe. Il s’agit
du sens qu’il attribue au mot « chance » qu’il prononce, d’où le passage à « quería decir ».
6. — J’ai eu peur, disait Puig, de ne pas arriver jusqu’au canon. Vivant ou mort, mais jusqu’au
canon. Et vous, qu’est-ce que vous pensiez ?
— Tuve (Sentí) miedo, decía Puig, de no llegar hasta el cañón. Vivo o muerto, pero hasta el
cañón. Y usted, ¿qué pensaba?
« J’ai eu peur de » a le sens de « craindre » soit « tener miedo de » et « temer ». Var. « Temí no llegar hasta
el cañón »
7. Ximénès sourit. Il était tête nue, ses cheveux blancs tondus ressemblaient au duvet des canards
dont ses hommes lui donnaient le nom à cause de ses petits yeux très noirs et de son nez en
spatule.
Jiménez sonrió. No llevaba sombrero (Estaba sin sombrero), su pelo blanco (cano) cortado al
rape (rapado) se parecía al (hacía pensar en el) plumón de un pato, apodo que le habían dado
(le pusieron) sus hombres (apodo que sus hombres le habían dado) a causa de sus ojitos muy
negros y de su nariz en forma de espátula.
« Ximénès sourit. » : les noms propres ne doivent normalement pas être traduits mais il s’agit ici de la
description d’une réalité espagnole en langue française. L’accent grave n’existe pas en espagnol, quant
à l’accent « aigu » il correspond graphiquement à la « tilde » dont le rôle se distingue de celui de l’accent
français. D’où le choix de « Jiménez ».
« Il était tête nue, » : l’usage de « cabeza desnuda » est peu idiomatique en espagnol. Il est question ici
d’une tête sans couvre-chef. D’où le choix de « sombrero.
« ses cheveux blancs tondus ressemblaient au duvet des canards » : le « duvet » des canards, n’est pas
le même que le duvet des adolescents. Le premier se dit « plumón », le second « pelusa ». On note la
présence de deux bases : « pluma » et « pelo ». Quant au duvet dans lequel on peut se lover, il s’agit de
« un saco de dormir ».
« dont ses hommes lui donnaient le nom à cause de ses petits yeux très noirs et de son nez en spatule. » :
le relatif « dont » a pour antécédent le terme « canard » et non le groupe nominal « duvet des canards ». On
remarque un écart d’accord : le surnom n’est pas « canards », terme qui apparaît dans notre texte, mais
« canard ». La raison de ce surnom nous permet en effet de le comprendre : « à cause de ses petits yeux
très noirs et de son nez en spatule ». Le relatif complète la locution verbale « donnaient le nom » : « ses
8. — Dans ces cas-là, les jambes disent : « Allons, qu’est-ce que tu es en train de faire, idiot ! »
Surtout celle qui boite…
— En esos casos, las piernas dicen: «Vamos, ¡qué estás haciendo, idiota!» Sobre todo la que
cojea (renquea)...
« Dans ces cas-là » : le démonstratif médial « ese » doit être choisi. Il s’agit des situations de ce type que
l’on peut être amené à vivre et non uniquement celle qui vient d’être évoquée (cas qui aurait impliqué le
choix de « estos »).
« Vas-y… » : aucun lieu n’est en jeu ici. Il serait donc inadapté de dire « Ve allí ». Le cœur encourage les
jambes à continuer à avancer. Nous pouvons ainsi penser à « No te pares… » ou « Adelante… »
« Je n’avais jamais vu les balles ricocher » : attention à ne rien intercaler entre l’auxiliaire et le participe
passé espagnols.
« une averse » : le terme « chubasco » désigne une averse associée à des coups de vent. Il ne peut donc
être choisi.
« Du haut, » : attention à la préposition : « depuis les hauteurs », « quand on regarde cela d’en haut ». Soit
« desde lo alto ».
« on confond facilement un homme avec son ombre » : la traduction du sujet indéterminé « on » est très
souvent attendue au concours. Nous vous en proposons un commentaire :
La forme « on » est un pronom indéfini sujet. Elle permet, en français, de désigner une ou plusieurs
personnes sans la ou les définir et d’exprimer tous les degrés de l’indétermination, de la plus absolue
jusqu’à l’individualisation complète lorsque « on » est employé comme substitut du locuteur. Dans notre
énoncé, « on » est sujet du verbe « confondre » (transitif direct, conjugué à la troisième personne du singu-
lier du présent de l’indicatif) qui a pour complément d’objet direct (noté à l’avenir c.o.d.) le groupe nominal
singulier « un homme » et un complément d’objet indirect (noté à l’avenir c.o.i.) « avec son ombre ».
Dans cet emploi, le locuteur-narrateur est inclus dans le sujet qui désigne l’ensemble des personnes se
trouvant dans cette situation. L’indétermination est relative.
La question proposée nous invite à réfléchir sur l’expression de l’indétermination du sujet animé en
français et en espagnol et notamment sur la traduction du pronom personnel indéfini « on » en espagnol.
En l’absence d’équivalent strict en espagnol, d’une forme capable de marquer tous les degrés de l’indé-
termination personnelle, un choix se pose alors dans cette langue entre différentes tournures qui dépend,
comme nous nous proposons de le montrer, du degré d’indétermination voulu par le locuteur et de l’inclu-
sion ou non de celui-ci dans ce sujet non défini.
Il existe en français plusieurs façons pour désigner une personne ou un ensemble de personnes dont
le locuteur ignore l’identité (ou fait le choix de ne pas la préciser), autrement dit une ou des personnes
Dans le second cas, « se » est un pronominal de sens passif, le verbe qui le suit est à la forme active,
à la troisième personne (du singulier ou du pluriel), il est suivi, ou précédé, d’un élément nominal qui
fonctionne comme sujet grammatical : « Se estudia mi solicitud. » / « Se estudian las posibilidades ».
Dans ces constructions pronominales, « se » ne renvoie à aucun actant et le patient (« mi solicitud, las
posibilidades ») est le sujet grammatical de la forme verbale (accord) –comme dans le cas du français
« Ces champignons ne se mangent pas (On ne doit pas manger ces champignons), ils sont vénéneux »-,
ce qui concourt à donner une vision impersonnelle de l’action. Cette impersonnalité est le fruit d’une
sorte de contradiction entre l’ordre syntaxique et l’ordre sémantique de la phrase. Dans un énoncé à la
forme active, le sujet grammatical est normalement celui qui fait l’action. Or, le sujet grammatical de nos
énoncés ne peut être le sujet réel, l’agent de l’action. « Las posibilidades », comme « mi solicitud », sont
des actants inanimés qui ne sauraient être responsables de l’activité /estudiar/. L’activité n’est donc ici
présentée que comme un simple fait, sans agent responsable explicite, d’où son caractère indéterminé.
Remarque : L’usage moderne « Se vende casas » pour « Se venden casas » procède de l’analogie sur
les constructions impersonnelles. Cette structure fait fonctionner le « se » comme un sujet indéfini de
troisième personne du singulier avec un verbe transitif suivi d’un complément direct de chose. Cet emploi
de plus en plus fréquent dans les pays du Cône Sud ne doit pourtant pas être imité.
Ce deuxième type de construction n’exclut pas l’élément nominal personnel. Il est en effet tout à fait
possible de dire « Se necesitan obreros » (On a besoin d’ouvriers). Le sujet grammatical « obreros » est
certes animé, mais il est indéterminé (absence d’article) et n’est en aucun cas l’agent responsable de
l’activité. Il convient alors de distinguer cet énoncé de la construction impersonnelle « Se necesita a los
obreros » qui a pour sens « On (toute entreprise) a besoin des ouvriers » et dans laquelle « los obreros »
est un c.o.d. précédé de la préposition « a » qui joue ici son rôle de discriminant fonctionnel. Enfin, l’énoncé
« Se necesitan los obreros » aurait, quant à lui, un sens réciproque (Les ouvriers ont besoin les uns des
autres).
Dans notre énoncé, le pronom « on » désigne une indétermination relative. Le locuteur s’inclut, sans pour
autant se mettre en avant, et implique toute personne placée dans sa situation. D’où le choix de la forme
réfléchie. Il s’agit d’une « oración impersonal » sans sujet grammatical explicite. Il s’agit du deuxième cas
évoqué dans notre commentaire : le c.o.d. du verbe français désigne une personne déterminée, précise :
« un hombre con su sombra » qui est donc un c.o.d. de personne précédé de la préposition « a » en
espagnol.
« L’attaque était bonne » : attention au genre qui change en espagnol. Le choix de « ser » s’impose, il s’agit
d’une qualité définitoire, essentielle de l’attaque.
« Vos hommes savent se battre » : attention à ne pas oublier qu’il s’agit d’un vouvoiement singulier rendu
en espagnol par une troisième personne du singulier et non une deuxième du pluriel. Français et espagnol
diffèrent.
11. Au-dessous d’eux, sur le trottoir, des civières passaient, vides et tachées de sang.
— Ils savent se battre, dit Puig.
Por debajo de ellos, en la acera, pasaban camillas (angarillas, parihuelas), vacías y manchadas
de sangre.
« Des marchandes de fleurs » : l’article zéro doit être utilisé pour traduire l’indéfini pluriel français « des ».
Le choix de « unas » donnerait une valeur de quantité restreinte semblable à « quelques ».
« et les fleurs blanches étaient sur la sangle, à côté des taches » : il est nécessaire d’étoffer la construc-
tion d’un participe. Var. « y la flores blancas se habían quedado enganchadas en la correa, al lado de las
manchas »
13. — En prison, dit Puig, je n’imaginais pas qu’il y aurait tant de fraternité.
Au mot prison, Ximénès prit conscience que lui, le colonel de la garde civile de Barcelone, était
en train de boire avec un des meneurs anarchistes, et sourit de nouveau.
— En la cárcel, dijo Puig, no (me) imaginaba que hubiera (habría) tanta fraternidad.
Al oír la palabra cárcel, Jiménez tuvo consciencia de que él, el coronel de la guardia civil de
Barcelona, estaba bebiendo con uno de los líderes (jefes) anarquistas, y sonrió de nuevo (volvió
a sonreír).
« En prison, dit Puig, je n’imaginais pas qu’il y aurait tant de fraternité. » : attention à la nécessaire
présence de l’article défini en espagnol : « en la cárcel ». « Tanto » est employé avec une valeur adjective,
d’où le nécessaire accord au féminin singulier avec « fraternidad ».
« Au mot prison, Ximénès prit conscience que lui » : il est nécessaire d’étoffer d’un verbe ce début de
phrase : « Al oír la palabra cárcel ». Attention « tener consciencia de algo ».
« avec un des meneurs anarchistes » : le meneur d’un mouvement est « un líder ». Eventuellement un « jefe ».
1. Va para unos cuantos años que no sube a pie hasta Polloe. Por poder, podría, pero se cansa.
Voilà (Il y a) déjà quelques années qu’elle ne monte plus à pied jusqu’à Polloe. Certes, elle (le)
pourrait, mais elle fatigue (c’est fatigant).
Une lecture attentive du texte permet d’identifier que le sujet de cette première phrase est une femme.
Cf. 3. « Entonces lo que Bitorri hace es coger el 9, que la deja a pocos pasos de la entrada del cementerio ».
Si Bitorri (prénom féminin basque) ne suffit pas à identifier le sexe de la personne, le pronom complément
direct « la (deja) » nous le confirme.
« Va para unos cuantos años que » est une construction temporelle qui signifie qu’une situation existe
depuis un point du passé jusqu’au présent de parole. Nous pouvons la rendre en français par « Voilà…
que » ou « Il y a… que ». La locution adjective « unos cuantos » signifie « unos pocos », soit « quelques ».
« que no sube a pie hasta Polloe » : le choix de « ne… plus » s’impose en français. Il est ici implicite qu’elle
le faisait avant et qu’elle a cessé de le faire.
« Por poder, podría, pero se cansa » : la répétition du verbe « poder » permet de souligner, en relation avec
« pero », une idée de concession. Une traduction littérale serait maladroite. Le français préfère l’adverbe
« certes » : « Certes, elle (le) pourrait, mais elle fatigue (c’est fatigant) ». Attention à l’orthographe de
l’adjectif verbal : « fatigant », elle diffère de celle du participe présent « fatiguant ». Certains adjectifs
verbaux présentent en effet des particularités orthographiques qui les différencient du participe présent.
Deux types de modification : soit de l’orthographe interne (verbes en « –quer » et « –guer »), soit de la
terminaison (le participe a toujours « -ant » pour désinence, elle devient « –ent » pour une vingtaine
d’adjectifs verbaux). Par exemple:
Participe présent / Adjectif verbal : Provoquant / provocant ; extravaguant / extravagant
Participe présent / Adjectif verbal : Convergeant / convergent ; excellant / excellent
2. Y no es que le importe cansarse, pero para qué, a ver, para qué. Le dan además, según los días,
unos como pinchazos en el vientre.
Non qu’elle répugne (rechigne, renâcle) à se fatiguer, mais à quoi bon, voyons, à quoi bon ? En
outre elle a (sent), certains jours, des pincements (elle souffre, certains jours, de pincements)
bizarres (d’une sorte de pincements) au ventre.
3. Entonces lo que Bitorri hace es coger el 9, que la deja a pocos pasos de la entrada del cemen-
terio, y al término de la visita baja andando a la ciudad. Es que bajar ya es otra cosa.
Du coup, Bittori prend le 9, qui la dépose (laisse) à quelques pas de l’entrée du cimetière, et à la
fin de sa visite elle redescend à pied (en marchant) jusqu’à la ville. Il faut dire que descendre,
c’est autre chose (ce n’est pas la même chose).
« Entonces » permet d’indiquer ce qui découle de ces pincements : « à la suite de quoi » ou dans un
registre plus adapté « du coup ».
« lo que Bitorri hace es coger el 9 » : la construction relative ne peut être maintenue en français : « ce que
Bitorri fait c’est de prendre le 9 » serait un calque fautif. On comprend que la protagoniste, pour ne pas
marcher, prend le bus numéro 9. En française : « Du coup, Bitorri prend le 9 ».
« y al término de la visita » : il s’agit d’un cas d’emploi d’un article défini avec valeur de possessif. Il s’agit
de la visite faite par Bitorri, d’où en français « sa visite ».
« Es que bajar ya es otra cosa » : « es que » permet dans un registre courant ou familier d’exprimer une
opposition, une justification ou de préciser en quoi consiste ce qui vient d’être évoqué. Il s’agit ici de justi-
fier pourquoi elle peut marcher dans ce cas : la descente n’est pas aussi difficile que la montée. Cette
justification peut être introduite par « Il faut dire que ».
4. Se apeó detrás de una señora, ellas dos las únicas pasajeras. Viernes, tranquilidad, buen
tiempo. Y leyó en el arco de la entrada: PRONTO SE DIRÁ DE VOSOTROS, LO QUE SUELE AHORA
DECIRSE DE NOSOTROS: ¡¡MURIERON!!
Elle sortit du bus derrière une dame (femme), l’unique (la seule) passagère avec elle (l’unique
autre passagère). Vendredi, calme, beau temps. Et elle lut sur l’arche de l’entrée : BIENTÔT
ON DIRA DE VOUS CE QU’ON DIT SOUVENT (FRÉQUEMMENT, HABITUELLEMENT) DE NOUS
AUJOURD’HUI : ILS SONT MORTS !!
« Se apeó detrás de una señora » : le verbe « apearse » indique la descente du bus de la protagoniste.
apear : DRAE, « 1. tr. Desmontar o bajar a alguien de una caballería, de un carruaje o de un
automóvil. U. m. c. prnl. »
Pour éviter la répétition du verbe « descendre », nous pouvons faire le choix du verbe « sortir ». Aucune
mention concernant le bus n’a été faite pour l’instant, son introduction est pourtant nécessaire en français.
« Elle en sortit derrière une dame (femme) » implique l’emploi du pronom « en » qui ne ferait qu’une
référence très vague au 9.
« ellas dos las únicas pasajeras » : var. « Elles (en) étaient les deux seules passagères ». Il convient d’éviter
des réécritures trop éloignées du texte source du type : « Dans le bus, il n’y avait que deux passagères,
elle et une dame, derrière qui elle était descendue ». Il convient de maintenir le rythme du texte source.
5. Con frasecitas fúnebres a mí no me impresionan. Polvo sideral (lo había escuchado en la tele),
eso somos, lo mismo si uno respira que si cría malvas. Y aunque detestaba la antipática inscrip-
ción, era incapaz de entrar en el cementerio sin pararse a leerla.
On ne m’impressionne pas avec des petites phrases funèbres (Les petites phrases funèbres ne
m’impressionnent pas, Je ne me laisse pas impressionner par des petites phrases funèbres).
Poussière sidérale (une expression qu’elle avait entendue à la télé), voilà ce que nous sommes
(ce que chacun est), qu’on respire ou qu’on bouffe (mange) les pissenlits par la racine (qu’il
respire ou qu’il bouffe…). Mais elle avait beau détester (bien qu’elle détestât) cette inscription
antipathique, elle était incapable d’entrer dans le cimetière sans s’arrêter pour la lire (elle ne
pouvait s’empêcher de s’arrêter pour la lire avant d’entrer dans le cimetière).
6. Chica, el abrigo lo podías haber dejado en casa. Le sobraba. Se lo había puesto nada más que
por vestir de negro.
Ma fille, tu aurais pu laisser ton manteau à la maison. Il était en trop. Elle l’avait mis uniquement
pour être (habillée) en noir.
« Chica, el abrigo lo podías haber dejado en casa. » : attention, il s’agit des pensées de Bitorri qui se parle
à elle-même. Ce discours direct fusionne avec le récit sans marque de ponctuation particulière. « Chica »
sert à l’interpeller, soit « Ma fille ». L’apparition d’un possessif est obligatoire en français, comme dans le
cas de « Querido Pablo », « Mon cher Pablo ». Il convient de rétablir l’ordre sujet-verbe-complément en
français. Attention à l’emploi du possessif, il s’agit de son propre manteau. La langue française établit plus
systématiquement que l’espagnol la relation entre l’objet et la personne. L’imparfait de « poder » (comme
de « deber ») suivi d’un infinitif passé a la valeur d’un conditionnel passé : « podías haber dejado », « tu
aurais pu laisser ». Cf. Bedel §437.e.g.
« por vestir de negro » : « vestir de negro » précise ce qui a motivé Bitorri à porter son manteau malgré la
chaleur, d’où l’emploi de la préposition « por » en espagnol. Cette motivation est rendue par la préposition
« pour » en français. La préposition « de » qui introduit la couleur du vêtement doit être traduite par la
préposition « en » française, comme lorsque l’on indique la matière à partir de laquelle est fait un objet
(« una mesa de madera », « une table en bois »).
« Llevó luto durante el primer año » : le passé simple doit être traduit par un plus-que-parfait français.
L’énoncé comporte une antériorité implicite. Le décès a eu lieu il y a plus d’un an, elle ne porte plus le
deuil. La langue espagnole tend à remplacer des formes temporelles composées par des formes simples.
Cf. Bedel §438.a.
« luego, sus hijos insistieron en que hiciese vida normal » : même remarque pour « insistieron » (« avaient
insisté »). « Insistir en » devient « insister pour ». Le subjonctif imparfait doit être traduit par un subjonctif
présent (cf. corrigé justification de traduction) plutôt que « menât ».
« ¿Vida normal? » : veillez à reprendre l’article indéfini. En espagnol « hacer vida normal », mais « mener
une vie normale » en français.
« No tienen ni idea de lo que hablan esos dos ingenuos. » : la fréquente postposition du sujet espagnol par
rapport au verbe ne peut être maintenue en français.
8. Deseosa de que la dejaran tranquila, siguió el consejo. Eso no quita para que le parezca una falta
de respeto caminar entre los muertos vestida de colores.
Comme elle voulait qu’ils la laissent tranquille (Désireuse qu’ils la laissent tranquille), elle
suivit leur conseil. N’empêche qu’elle considère (Et pourtant elle ne considère pas, Malgré cela
elle ne considère pas, Elle ne considère pas pour autant) comme un manque de respect de (Cela
ne l’empêche pas de penser que c’est un manque de respect de) marcher au milieu des morts
en portant des couleurs.
« Deseosa de que la dejaran tranquila » : la troisième personne du pluriel « dejaran » pourrait être perçue
comme un sujet indéterminé néanmoins, la présence des deux enfants de Bitorri dans la phrase qui
précède oblige à identifier « dejaran » comme « ils laissent ».
« siguió el consejo » : il s’agit du conseil de ses enfants de mener une vie normale. D’où en français, « leur
conseil ».
« Eso no quita para que le parezca una falta de respeto caminar entre los muertos vestida de colores » :
« Eso no quita para que » permet d’introduire une concession que l’on peut rendre de différentes manières
en français : avec la locution conjonctive de coordination « n’empêche que » suivie d’un verbe à l’indicatif
ou l’adverbe « pourtant » précédé de la conjonction « et » ou la préposition « malgré » suivie du pronom
démonstratif « cela » ou encore la locution adverbiale « pour autant ». Var. « Cela ne l’empêche pas de
penser que c’est un manque de respect de » Attention « vestida de colores » ne peut faire l’objet d’une
traduction littérale. On ne dit pas « habillée de (en) couleurs » mais « porter des couleurs ».
9. Con que nada, abrió el ropero a primera hora de la mañana, buscó una prenda negra que le
tapase las otras de distintos tonos azules, vio el abrigo y se lo puso, aun sabiendo que iba a
pasar calor.
Alors voilà, elle avait ouvert l’armoire à la première heure ce matin-là, avait cherché un vêtement
noir qui cache ses autres habits de (aux) plusieurs (différents) tons bleus (de bleu), repéré le
manteau, et elle l’avait enfilé en sachant pertinemment qu’elle aurait (allait avoir) trop chaud
(même si elle savait (pertinemment) qu’elle allait avoir trop chaud).
« Con que nada » permet de faire le lien entre ce qui vient d’être dit « le fait de considérer comme un
manque de respect de porter des couleurs » et le fait de choisir un vêtement noir. Il s’agit d’une consé-
quence. En français, « Alors voilà ».
10. El Txato comparte tumba con sus abuelos maternos y una tía. La tumba, al costado de un camino
en suave pendiente, forma hilera con otras similares. En la lápida figuran el nombre y los
apellidos del difunto, la fecha de su nacimiento y la del día en que lo mataron. El mote, no.
Le (El) Txato partage sa tombe avec ses grands-parents maternels et une tante. La tombe,
(située) au bord (à côté) d’une allée en pente douce, est alignée avec d’autres sépultures
similaires. Sur la pierre tombale figurent le prénom et les noms du défunt, sa date de naissance
(la date de sa naissance) et celle du jour où on l’a tué. Mais pas son surnom.
« El Txato comparte tumba » : « El Txato » ou « Le Txato », nous pouvons faire le choix de traduire l’article ou
de le maintenir en espagnol –avec une majuscule dans ce cas-, est le mari défunt de Bitorri. En espagnol
« compartir tumba », en français « partager sa tombe ». L’article zéro ne peut être maintenu en français.
« La tumba, al costado de un camino en suave pendiente, » : « al costado de » est synonyme de « al lado
de ». Soit « au bord de », « à côté de ». Il s’agit plus d’une « allée » que d’un « chemin » dans le cas d’un
cimetière.
« forma hilera con otras similares » : « formar hilera » signifie littéralement « former un alignement »
soit plutôt « être aligné ». Comme en 9. l’adjectif « otras » doit être étoffé d’un substantif. Il convient de
ne pas répéter le terme « tombe », d’où le choix de « sépulture », d’un sens plus large que « tombeau »,
« caveau » ou « sépulcre ».
sépulture : CNRTL, « Lieu d’inhumation (fosse, tombe, mausolée) »
tombeau : CNRTL, « Monument funéraire élevé sur une tombe pour commémorer le souvenir d›un
ou de plusieurs morts. Synon. caveau, mausolée. »
caveau : CNRTL, « Sépulture souterraine »
sépulcre : CNRTL, « Tombeau, monument funéraire où est déposé le corps d’un mort, générale-
ment illustre.; 3. Littér. Tombe, tombeau. »
Le terme « sépulcre » peut avoir le sens de « tombe » mais est d’un emploi littéraire. Le registre de notre
texte est trop courant pour l’envisager.
« En la lápida figuran el nombre y los apellidos del difunto, la fecha de su nacimiento y la del día en que lo
mataron. » : dans ce texte au registre plutôt courant, le passé simple doit être rendu par un passé composé
français. La troisième personne du pluriel ne fait référence à aucun être identifiable. Il s’agit d’un sujet de
personne indéterminé que le français rend par le pronom indéfini « on ».
« El mote, no. » : il s’agit de « el mote del difunto » comme dans la phrase qui précède, d’où l’emploi néces-
saire d’une adjectif possessif de troisième personne. « Son surnom, non » serait très maladroit surtout en
raison de la répétition « nom », « non ». La négation peut s’exprimer autrement : « Mais pas son surnom ».
Attention à maintenir une certaine concision.
« unos familiares de Azpeitia aconsejaron a Bittori que se abstuviera » : l’article « unos » n’exprime pas
une quantité restreinte mais introduit le sujet déterminé du verbe « aconsejaron », d’où le choix de « des
membres de la famille d’Azpeitia ». « Azpeitia » est une commune de la communauté autonome du Pays
Basque. Comme dans les cas précédents, le passé simple a la valeur d’un plus-que-parfait. En espagnol
« aconsejar que + subj. », en français, double possibilité « conseiller que + subj. » ou « conseiller de +inf. »
(cf. corrigé de la justification de traduction).
« que identificasen al Txato como víctima de ETA » : le subjonctif imparfait espagnol est traduit par un
subjonctif présent français (cf. corrigé de la justification de traduction). Attention à l’introduction des
articles : « como víctima de ETA », « comme une victime de l’ETA ».
« Ella protestó: » : il s’agit des indications du narrateur, d’où l’emploi du passé simple dans ce récit de
fiction.
« Oye, ya lo han matado una vez » : le verbe de perception « oír » est ici employé en tant que marqueur
d’attention active porté aux choses par le sujet. Cette part d’activité rend impossible l’emploi du verbe
« entendre » qui suppose une perception passive. « Écoutez » mais aussi « Dites donc » peuvent être
choisis. En tant que marqueur d’attention, l’idée de perception auditive n’est pas obligatoire dans le choix
de traduction. Le sujet de « ya lo han matado una vez » est encore un sujet indéterminé rendu par le
pronom indéfini français « on ».
« No creo que lo vuelvan a matar. » : il s’agit toujours d’un sujet indéterminé que l’on peut rendre par « on »
ou faire le choix de « ils », implicitement « ses assassins ».
■■ Question posée :
Après avoir identifié les propositions soulignées suivantes « sus hijos insistieron en que hiciese vida
normal. » (lignes 12-13), « Deseosa de que la dejaran tranquila » (lignes 13-14), « Eso no quita para
que le parezca una falta de respeto » (ligne 14), « buscó una prenda negra que le tapase las otras de
distintos tonos azules » (ligne 16), « unos familiares de Azpeitia aconsejaron a Bittori que se abstu-
viera de poner en la lápida alusiones, emblemas o señales que identificasen al Txato como víctima
de ETA » (lignes 21-22) et « No creo que lo vuelvan a matar » (ligne 25), vous vous intéresserez au
mode et aux temps employés dans celles-ci. Vous rappellerez les principaux usages de ce mode en
espagnol et en français et commenterez l’emploi de chaque temps dans les deux langues avant de
justifier l’emploi de ces modes et de ces temps dans les propositions soulignées et la traduction que
vous en proposez.
Remarque : ce sujet ambitieux permet d’aborder différents points qui ne sauraient être traités
dans le temps imparti le jour du concours. Le nombre de points à traiter est important, le jour J
ceux-ci seraient bien évidemment moins nombreux.
Conseil : lorsque vous vous trouvez face à différents cas, vous devez obligatoirement procéder à
des regroupements. Cela vous permettra d’éviter de vous répéter et de gagner du temps dans le
commentaire.
Conseils de lecture : NGRAE §25.3 « El modo en las subordinadas sustantivas (I). Contextos
básicos de selección del modo », §25.7 « El modo en las subordinadas (V). Negación y subjuntivo
en la subordinación sustantiva. Otros inductores asimilables a la negación ».
Les sept propositions soumises à l’étude sont sept propositions subordonnées conjuguées à l’imparfait
du subjonctif, forme en –RA ((b) et (c)) ou en –SE ((a), (e), (f)), ou au présent du subjonctif ((d) et (g)). Nous
comptons quatre subordonnées complétives conjonctives :
a) « sus hijos insistieron en que hiciese vida normal. » (lignes 12-13),
b) « Deseosa de que la dejaran tranquila » (lignes 13-14),
c) « unos familiares de Azpeitia aconsejaron a Bittori que se abstuviera de poner en la lápida
alusiones, emblemas o señales » (lignes 21-22),
d) « No creo que lo vuelvan a matar » (ligne 25), deux subordonnées adjectives relatives détermina-
tives :
e) « buscó una prenda negra que le tapase las otras de distintos tonos azules » (ligne 16),
f) « alusiones, emblemas o señales que identificasen al Txato como víctima de ETA » (lignes
21-22), et une subordonnée circonstancielle de but :
g) « Eso no quita para que le parezca una falta de respeto » (ligne 14).
Toutes les subordonnées conjuguées à l’imparfait dépendent d’une principale au passé, quelle que soit
leur nature :
–– en (a), « en que hiciese vida normal » complète le verbe d’influence « insistir » (il exprime un
conseil pressant), conjugué au passé simple 3e p. du pl. (sujet « sus hijos »). Cette subordonnée,
introduite par la conjonction de subordination « que », précédée de la préposition « en » (car
« insistir en »), équivaut à un groupe nominal c.o.i. de « insistieron » : « sus hijos insistieron en
una cosa » ;
Les deux subordonnées conjuguées au subjonctif présent dépendent à l’inverse d’une principale au
présent, quelle que soit leur nature :
–– en (d), « que lo vuelvan a matar » complète le verbe de croyance, de communication « creer », sous
sa forme négative, conjugué au présent de l’indicatif 1re p. du sg. Cette subordonnée, introduite par
la conjonction de subordination « que » équivaut à un groupe nominal c.o.d. de « creo » ;
–– en (g), la proposition subordonnée circonstancielle finale « para que le parezca una falta de
respeto » se rapporte au verbe « quita » conjugué à la 3e p. du sg. du présent de l’indicatif.
La question proposée nous invite à réfléchir aux principaux usages du mode subjonctif et de ses temps
simples, l’imparfait et le présent, en espagnol et en français, et notamment à leurs emplois dans les
subordonnées conjonctives, circonstancielles (de but) et relatives (adjectives, mais aussi substantives).
Comme nous allons le voir, l’apparition du subjonctif peut dépendre de plusieurs critères (la nature du
verbe principal, de l’adjectif ou la présence d’une négation pour les conjonctives –dans le cas d’une idée de
conseil, de souhait…—, la nature de l’antécédent pour les relatives adjectives ou la nature des subordon-
nants (« para que »/« pour que », « antes de que »/« avant que »…) pour ne citer que ces cas). Sur le plan
temporel, nous devons préciser qu’à la différence du français, l’imparfait du subjonctif est d’un emploi très
fréquent en espagnol et même obligatoire lorsqu’il s’agit de faire la concordance des temps (Cf. Bedel,
§ 442) là où le français tend à le remplacer par le subjonctif présent. Nous tenterons d’en expliquer les
raisons.
Le subjonctif est le mode qui régit l’univers des possibles, c’est-à-dire ce qui pourrait être, un souhait qui
peut ou non être suivi d’effet, et ce qui aurait pu être mais sans avoir été. Mode de l’irréel, de l’hypothèse,
il est utilisé pour dire toute idée relevant de l’ordre, de la volonté, de la prière, du doute ou du regret. Il
présente une action qui est simplement envisagée dans la pensée ou associée à un sentiment particulier,
à un point de vue subjectif.
L’imparfait du subjonctif espagnol a deux formes qui coexistent : une forme en –RA (ancien plus-que-
parfait de l’indicatif latin) et une forme en –SE. À quelques exceptions près (les cas où la forme en –RA
se substitue à une forme verbale n’appartenant pas au mode subjonctif), il n’est pas encore possible,
dans la plupart des cas, d’établir de nettes différences entre les deux, outre les préférences régionales
ou personnelles. Certains attribuent une plus grande virtualité à la forme en –SE (pour Maurice Molho,
lorsque deux hypothèses s’enchaînent, la seconde, plus profonde, apparaît sous la forme en -SE : si 2
hypothèses enchaînées (« SI y SI »), alors : 1re => SI + -RA ; 2e => SI + -SE), là où d’autres la perçoivent dans
la forme en –RA (Vidal Lamíquiz, la Grammaire explicative). Quoi qu’il en soit, il s’agit de formes tournées
vers le passé, dites rétrospectives, qui ont la caractéristique de pouvoir être versées tant dans le plan du
révolu que dans celui du non-révolu (« Quería que vinieras –y por eso viniste ayer, y aquí estás, y por eso
tienes que venir »).
Penchons-nous à présent sur l’emploi du subjonctif dans les subordonnées françaises. Dans les subor-
données, l’emploi du subjonctif est, comme dans le cas de l’espagnol, conditionné par un élément de la
principale et l’imparfait ne pourra apparaître que dans le cas d’un respect de la concordance classique,
autrement dit en corrélation avec un verbe principal conjugué à un temps du passé pour dire un procès
simultané ou postérieur au fait de la principale.
Dans le cas des subordonnées complétives, l’emploi du subjonctif est imposé, comme en espagnol :
–– par la place de la complétive : lorsque celle-ci débute la phrase (proposition en fonction sujet ou
relevant d’une construction emphatique) le subjonctif est obligatoire « Qu’il vienne ne m’étonne-
rait pas », « Que Pierre soit tombé, cela amuse sa sœur » ;
–– par la nature sémantique du verbe principal (régissant). Un verbe exprimant une volonté ou un
sentiment oblige à employer le subjonctif : « Je crains qu’il ne le dise », « Je regrette qu’il vienne ».
Remarquons par ailleurs que les propositions subordonnées complétives, que l’on soit en français ou en
espagnol, peuvent être conjonctives (« Je pense qu’ils viendront », « Creo que vendrán ») ou infinitives (« Il
À la différence de l’espagnol, le conditionnel (comme le futur) est possible. Le conditionnel sert à évoquer
un procès projeté dans l’avenir à partir d’un point de référence passé (le futur par rapport au présent de
l’énonciation : « Je te donnerai les documents que j’aurai ») : « Il lui a dit qu’il lui donnerait les documents
qu’il aurait » ; il permet également de présenter un fait dont la vérité n’est pas garantie ou un fait relevant
de l’imaginaire : « Le garçon qui serait enfermé dans l’église serait âgé de 8 ans », « Je ne connais personne
qui le saurait mais je me trompe peut-être », « Le gâteau que je ferais aurait des petits sapins verts sur
le côté ».
Dans les relatives substantives, le mode le plus courant est une fois encore l’indicatif « Qui m’aime me
suive ». Le subjonctif sera en revanche obligatoire avec les relatifs indéfinis complexes (« quoi, où ») dans
les relatives concessives : « où qu’il aille… », « quoi qu’il fasse… ». À la différence de l’espagnol, un contenu
référentiel portant sur un élément à venir n’est pas dit au subjonctif mais au conditionnel, si le point de
référence est le passé, ou au futur, si le point de référence est le présent : « Il lui a dit de faire ce qu’il
voudrait (voulait) » (« Le dijo que hiciera lo que quisiera »), « Fais ce que tu voudras » (« Haz lo que
quieras »).
Enfin, dans le cas des subordonnées circonstancielles, nous observons le même phénomène qu’en
espagnol d’une manière générale. Le choix du mode dépend de la nature de la subordonnée et/ou du
subordonnant, mais jamais du temps de la principale. Ainsi une subordonnée circonstancielle temporelle
introduite par « avant que » est-elle au subjonctif « Il l’a appelé avant qu’elle ne parte », mais reste au futur
de l’indicatif dans le cas d’un événement à venir « Nous irons au cinéma quand tu viendras ». Comme en
espagnol, une causale dont la cause est rejetée par le locuteur est exprimée au subjonctif : « Il me l’a dit,
non qu’il fût obligé de le faire, mais parce qu’il me devait la vérité » mais, à la différence de l’espagnol,