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RENE DESCARTES DISCURSO DEL METODO EDICION BILINGUE Mario Caimi COLIHUE (cLAsIca Descartes, René Discurso del método.~ 1* ed. 1° reimp. ~ Buenos Aires Colihue, 2009. 288 p. 18x12 em.- (ColihueClisica) “Traduecién de: Mario Caimi | ISBN 978.950-563-003-5 | 1. Filosofia Moderna Occidental. 1, Titulo DD 190 Coordinador de colecci6n: Lic. Mariano Sverdloff Equipo de produccién editorial: Cristina Amado, Marcela Diaz, Gustavo Novas y Damian Marrapodi. Diseno de tapa: Estudio Lima+Roca a 1° edicion / 1* reimpresién LS.B.N. 978-950-563-003-5 © Ediciones Colihue S.R.L. Ay. Diaz Vélez 5125 (C1405DCG) Buenos Aires - Argentina www.colihue.com.ar ecolihue@colihue.com.ar Hecho el depésito que marca la ley 11.723 IMPRESO EN LA ARGENTINA - PRINTED IN ARGENTINA ve INTRODUCCION NomIciA SOBRE LA FILOSOFIA bE DEscaRres Un suo Contra lo que muchas veces dicen los historiadores acerca de la dificuttad e inexactitud de las periodizaciones en la his toria, podemos hacer empezar el periodo aurea, el periodo clisico de la filosofia moderna, en la noche del 10 de noviem ‘bre de 1619. ‘Descartes habia asistido a la coronacion del emperador Ferdinando Il en Frankfurt. A su regreso de las ceremonias, cuando volvia a reunirse con las tropas de Maximiliano de Baviera, tuvo que pasar algunos dias en Neuburg, un lugar de Alemania, cerca de Eichstat, recogido y solo.' En uno de esos dias le pareci6 que habia descubierto los fundamentos de una Giencia nueva y admirable. Este descubrimiento lo len de entusiasmo, La exaltacion continuaba hacia medianoche, cuan- dose retiré a dormir; tal punto, que se sentia en una especie de estado febril, Entonces, en esa noche del 10 de noviembre 1 Otros suponen que esto ocurr6 cerca de la ciudad de Ulm. Segui> mot # Genevitve Rodis-Lewis: Descartes. Biographic, 1905, que eit ‘mos por la traduccion de Isabel Sancho, Barcelona, 1996, p. 57 ooo + DISCOURS DE LA METHODE POUR BIEN CONDUIRE SA RAISON. ET CHERCHER LA VERITE DANS LES SCIENCES DISCURSO DEL METODO PARA BIEN DIRIGIR SU RAZON! ¥ BUSCAR LA VERDAD EN LAS CIENCIAS ‘Si este discuro parece demasiado largo para ser Ucido de una ve, se do fear dividiren ses partes. ¥en la primera se encontrarén diversas cansideraciones referents alas ciencias. En la segunda, las principales reglas del metodo que el autor ha investigada, En la 3, algunas de ‘quells dela morel que haexiratd de este método. En la 4, las razanes spor las que pructa la exstencia de Dies y del ana hurnana, que son ls ‘fdamentas de sw metafsicn. En ta 5, el orden de ls cuestones de ‘fia que ha inwestigado, y particularmente la explicacién del movi- ‘niente del corazon y de algunas otras dificulades pertenecintes ala smedicina, y ademas ta diferencia que hay entre nuestra alma y la de los ‘enimates. ¥en la ili, qué cosas cee que se requieren para avanstr cain mas que el ola iestigaion de la naturalea, y cuales son las razones que lo Hecaren a ecb. Si ce discours semble trop long pour étre tout lun une fos, on pourra distnguer en six partis. Et en la premire, on lrowvera dizer, ‘considerations touchant les scence. En la seconde, les principale rel de la méthode uc U auteur a cherie. En la 3 quelques umes de cles de ta morale, quit atnée de cette méthode. Enla4, les raisons par lesqudl il prowce existence de Diew de Vane humaine, qu son ls fdement de sa métaphsigue. En la 5, Vandre des questions de physique quia cherches, et particalizement Vexplication du moucement du carur et de quelques autres dificales gui appartinnent a la médecine, puis aus ta diffrence quiet entre notre de e celle des Bites. Eten ta demi, aquelles chases il ei tre requites pour alle lus avant en la recherche dela Nature quil n'a A, ef quelle raisons Vont fait rive. PREMIERE PARTIE, PRIMERA PARTE Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée: car cchacun pense en étre si bien pourvu, que | ceux méme qui sont 2 les plus difficiles & contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu'ls en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se rompent; mais plutot cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le fax, qui est proprement ce qu'on nome le bon sens ou la EL buen sentido es la cosa mejor distribuida de] mundo: pues cada uno piensa estar tan bien provisto de él, que aun aquellos que son los mas dificiles de contentar en toda otra cosa, no suelen desear més del que tienen, En lo cual no es yerosimil que todos se engafien; sino queseso prueba, més bien, que la capacidad de juzgar bien, y de distinguir lo verda dero de lo falso, que es propiamente lo que se llama el buen 1. Courcelles: «la rains (método stecte utend rationes, AT VI, 540). 4 DESCARTES + DISCOURS BELA METHODE raison, est naturcllement égale en tous les hommes; et ainsi gue la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les ung sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pasles memes choses. Car ce n'est pas assez @avoir esprit bon, mais le principal est de Pappliquer bien. Les phis {grandes mes sont capables des plus grands vices, aussi bien {que des plus grandes vertus; et ceux qui ne marchent que fort lentement, peuvent avancer beaucoup davantage, sls uivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui sien éloignent. Pour moi, je n'ai jamais présumé que mon esprit fat en rien plus parfait que ceux du commun; méme j'ai souvent souhaité @'avoir la pensée aussi prompre, ou Pimagination aussi nette et distinct, ou la mémoire aussi ample, ou aussi présente, que quelques autres. Et je ne sache point de qualités que eelles-ci gui servent ala perfection de Pesprit: car pour la raison, ou le sens, d’autant qu'elle est la seule chose qui nous rend hommes, et nous distingue des bétes, je veux croire qu'elle est toute entiére en un chacun, et suivre en eeei Popinion commune des philosophes, quidisent quil n'y adu pluset du moins qu’entre les | accidents, et non point entre les formes, ow natures, des individusdPune meme espice. Mais je ne craindrai pas de dire que je pense avoir ew beaucoup dheur, de m’étre renconiré dés ma jeunesse en certains chemins, qui m’ont conduit & des considerations et des maximes, dont ’aiformé une méthode, par laquelle me semble que j'ai moyen d’augmenter par degrés ma connaissance, et del'élever peu & peu au plus haut point, auquel DESCARTES + PISCURSO DEL METODO 5 sentido o la razén, es igual, por naturaleza, en todos los hom- bres: y de ese modo, que la diversidal ce nuestras opiniones no proviene de que unos sean mas razonables que otros, sino jmicamente de que conducimos nuestros pensamientos por caminos diferentes, y no consideramos las mismas cosas. Pues iciente tener el ingenio’ bueno, sino que lo principal as almas mas grandes son eapaces de los ris grandes vidos, tanto como de las mayores virtudes; y aquellos que solo caminan muy lentamente, si siguen siempre elcamino recto, pueden avanzar mucho mas que los que co: ren, y que se alejan de él Por lo que a mi respecta, jamais he presumido de que mi Ingenio fuese, en nada, mas perfecto que el del comin de las, jgontes; y aun he deseado,a menudo, tener el pensamiento tan ripido, o la imaginaciéin tan precisa y distinta, 0 la memoria tan capaz, o tan presente, como algunos otros. Y no conozco otras cualidades que éstas, que sirvan a la perfeccidn del inge- niozfies por lo que se tefiere a la raz6n, 0 al sentido, siendo «lla a nica cosa que nos hace humanosy nos distingue de los animales, quiero creer que esta toda entera en cada cual, si- _guiendo en esto la opiniéin connin de los fildsofos, que dicen que sélo hay mas y menos en los accidentes, pero no entre las, {formas 0 naturalezas de los individuosce una misma especie, Pera me atrevo a decir que me parece que he teniclo muy buena suerte al haberme encontrado desde mi juventud en ciertos cazninos qué me han coviducido a consideracionesy a maximas con las cuales he elaborado un método, por el cual ie parece que tengo el medio de aumentar gradualmente mi conocimiento, y de elevarlo poco @ poco al punto mas alto 2. Frondizh propone que se emplee Ia palabra sespritu» 0 « ‘imienio» en los casos en que nosotros ponemos xingenio (' seu edicion del Discus, p- 162, nota 2. 3. Courcelles: «formes substantiales», AT VI, 541 6 DESCARTES + DISCOURS DE LA METHODE. DESCARTES + EISCURSO DEL METOOO ¥ la médiocrité de mon esprit et la courte durée de ma vie hit pourront permetire datteindre. Car j'en ai déja recueilli de {els rut, quvencore qu'auxjugements que je fais de moiméme, je tiche toujours de pencher vers e c6té de la défiance, plutdt que vers celui de la présomption; et que, regardant d'un ex de philosophe les diverses actions et entreprises de tous les hommes il n'y en ait quasi aucune qui ne me semble vaine et inutile; je ne laisse pas de recevoir une extréme satisfaction du progres que je pense avoir deja fait en la recherche de la vérité, et de concevoir de telles espérances pour Pavenir, que si, entre les occupations des hommes purement hommes, il y en a quelqa’ ane qui soit solidement bonne et importante, ose croire que C'est celle que jai choise. “Toutefoisil se peut faire que je me trompe, et ce n'est peut. tre qu'un peu de cuivre et de verre que je prends pour de Vor et des diainants. Je sais combien nous sommes sujets & nous méprendre en ce qui nous touche, et combien aussi les jugements de nos amis nous doivent étre suspects, lorsqu’ils sont en notte faveur. Mais je serai bien aise de faire voir, ence dis} cours, quels sont les chemins que j'ai suivis, et d'y représenter ma vie comme en un tableau, afin que chacun en puisse juger, et qu’apprenant du bruit commun les opinions qu'on en aura, ce sit un nouveau moyen de m’instraire, que j'ajouterai a ceux dont jai coutume de me servir ‘Ainsi mon dessein n’est pas d’enseigner ici la méthode que ‘chacun doit suivre pour bien conduire sa raison, mais seulement de faire voir en quelle sorte ai taché de conduire la mienne, eux qui se mélent de donner des préceptes se doiventestimer plus habiles que ceux auxquels ls les donnent; et sis manguent en la moindre chose, ilsen sont blimables. Mais, ne proposant cet écrit que comme une histoire, ou, si vous 'aimez mieux, {que comme une fable, en laquelle, parmi quelques exemples {qu’on peutimiter, on en trouvera peut-étre aussi plusieurs autres qu'on aura raison de ne pas suivre, fespére qu'il sera utile a | que la mediocridad de mi ingenio y la breve duracién de mi vida me permitan aleanzar: Pues he cosechado de él ya tales frutos, que auunque en los juicios que hago sobre mi mismo procuro inclinarme siempre mas bien del lado de la descon- fianza, que del de la presuncién; y aunque, al contemplar con mirada de filésofo las diversas acciones y empresas de los hombres, no encuentre casi ninguna que no me parezca vana e {miti, no dejo de obtener una satisfaccién extrema del progre: s0 que pienso haber aleanzado ya en la investigacion de la verdad, y de concebir tales esperanzas para lo porvenir, que, sientze las ocupaciones de los hombres en tanto que son pura: mente hombres, hay alguna que sea firmemente buena ¢ im- portante, me atrevo a creer que es esta que he elegido. ‘Sin embargo, podria ser que me engaiiase, y que lo que tomo por oro y diamantes no sea mas que un poco de cobre y de vidrio. Bien sé cwan sujetos estamos a equtivocarnosen aque Ilo que nos atafe, y también, cuan sospechosos deben sernos Jos juicios de nuestros amigos, cuando estan a favor de noso- t1os, Pero me agradaria mucho mostrar, en este discurso, cud « Jes son Jos caminos que he seguido, y representar aqui mi vida como en un cuadro, 2 fin de que cada cual pueda juzgarla; de manera que, conociendo por el rumor piiblico las opiniones que ella merezea, esto sea un nuevo medio de instruirme, que agregaré a aquéllos de los que acostumbro servirme. Mi proposito no es, pues, ensenar aqui el métoro que cada ‘ual deba seguir para dirigir bien su raz6n; sino solamente mostrar el modo como traté de conducir la mia. Los que se meten a dar preceptos deben considerarse mas prucientes que aquellos a quienes los dan; y i yerran en lamas minima cosa, merecen por ello el reproche. Pero al proponer este escrito solamente como un relato, 0 silo preferis, como una fabula, en la cual, entre algunos ejemplos que se pueden imitar, se encontraran quiza muchos otros que con razGn no serdn se 8 DESCARTES + SCOURS DELA METHODE DESCARTES» DISCURSO Dal. METODO a quelques-uns, sans étre nuisible & personne, et que tous me sauront gré de ma franchise. ‘Jai été nourri aux lettres dés mon enfance, et parce qu'on me persuadait que, par leur moyen, on pouvait acquérit une connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile ala vie, jfavais un extreme désir de les apprendre. Mais stot que jeus achevé tout ce cours d’études, au bout duquel on @ coutume datre regu au rang des doctes, je changeai entirement opinion. Car je me trouvais embarrasse de tant de doutes et erreurs, quilime semblaitn’avoir fait autre profit, en tachant de mvinstruire, sinon que favais découvert de plus en plus ‘mon ignorance. Etnéanmoins| jétaisen lune des plus célebres écoles de Europe, oi je pensais qu'il devait y avoir de savants hommes, sil y en avait en aucun endroit de la terre. Jy avais appr tout ce que les autres y apprenaient; et méme,ne mv’étant ppascontenté des sciences qu’on nousenseignait, avais parcourn tous les livres, traitant de celles qu’on estime les plus eurieuses ct les plus rates, qui avaient pu tomber entres mes main, Avec cela, je savais les jugements que les autres faisaient de mois et je ne voyais point qu’on m’estimat inféricur & mes condisciples, bien qu'il y en edt dja entre eux quelquesuns, qu’on destinait a remplir les places de nos maitres. Et enfin notre si¢cle me semblait aussi fleurissant, et aussi fertile en bons esprits, u’ait été aucun des précédents, Ce qui me faisait prendre la liberté de juger par moi de tous les autres, et de penser qu'il n'y avait aucune doctrine dans le monde, qui fit telle qu'on m’avait auparavant fait esperer _Jene laissais pas toutefois destimer les exercices, auxquels on'occupe dans les écoles. Je savais que les langues qu’ony apprend sont nécessaires pou intelligence des livres anciens; que la gentillesse des fables réveille Pesprit; que les actions mémorables des histoires le relevent, et qu’étant Ines avee disceétion, elles aident & former le jugement; que la lecture sidos, espero que sera dit a algunos, sin ser daiioso a nadie, yaque todos me agradeceran mi franqueza. Desde la nitiez he sido criado en el estudio de las letras, tenia un deseo extremo de aprenderlas, porque me aseguraban que por medio de ellas se podia adquirir un conocimiento clara y seguro de todo lo que es ‘itil en Ia vida. Pero tan pronto como hube terminado el curso de los estudios al final del cual uno suele ser admitido en el rango de los doctos, cambié enteramente de opinion. Pues me encontré enredado en tantas dudas y errores, que me parecia que al procurar instruirme no habia logrado otra cosa que descubrir mas y ‘més mi ignorancia. ¥ sin embargo estaba en una de las escue- las més célebresde Europa, en la que pensaba que debia haber hombres sabios, i Jos habia en alygin lugar de la tierra, Alli habia aprendido todo lo que aprendiian los otras; €ineluso, no contentandome con las eiencias que nos ensefiaban, habia re cortido euantos libros pudieron caer en mis manos, acercade aquellas que se consideran las més curiosas y las més raras. ‘Ademés, conocia los juicios que los otros hacian sobre mf; y no veia que me estimasen inferior a mis condiscipulos, aun- que ya habia entre ellos algunos a quienes se destinaba.a ocu- par los puestos de nuestros maestros. Y por in, nuestra época ‘me parecia tan floreciente, y tan fértil en buenos ingenios, como caalquiera de las que la precedieron. Esto me animabaa tomar ‘me la libertad de juzgara los demas por mi mismo, y de pensar que en el mundo no habia ninguna doctrina’ que fuese tal como ime lo habian hecho esperar anteriormente. No por ello dejaba de estimar los ejercicios que se hacen ‘enlasescuelas. Sabia que las lenguas que se aprenden en ellas, son necesarias para entender los libros antiguos; que la genti- leza de las fabulas despierta el ingenio; que las acciones me: morables de las historias lo elevan; y que si se las lee con discrecion, ayndan a formar el juicio; que la lectura de todos F Courcelles: *scientian, AT VI, 542, 16 DESCARTES + SCOURS DE LA METHODE de tous les bons livres est comme une conversation avec leg plus honnétes gens des siecles passés, quien ont éé les auteurs, ‘et méme une conversation étudiée, en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées; que Péloquence a des forces et des beautés incomparables: que la poésie a des | délicatesses et des douceurs trés ravissantes; que les mathématiques ont des inventions trés subtiles, et qui peuvent beaucoup servir, tant a contenter les curiewx, qu’ faciliter tous les arts, t diminuer le travail des hoinmes; que les écrits qui traitent des movurs contiennent plusieurs enseignements, et plusieurs exhortations & la vertu qui sont fort utiles; que la théologie enseigne & gagner le ciel; que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement de toutes choses, et se faire admirer des moins savants; que la jutisprudence, la médecine et les autres sciences apportent des hhonneuts et des richesses a ceux qui les cultivent; et enfin, quill est bon de les avoir toutes examinées, méme les plas superstticuses et les plus fausses, afin de connaitre leur juste valeur, et se garder d’en etre trompé. Maisje crayaisavoir deja donné assez de temps aux langues, tet méme aussi ala lecture des livres anciens, et leurs histoires, ct i leurs fables. Car c'est quasi le meme de converset avec ceux des autres sideles, que de voyager. Il est bon de savoir quelque chose des meeurs de divers peuples, afin de juger des nnotres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce quiest contre nos modes soit ridicule, et conire raison, ainsi quont coutume de faire ceux qui r’ont rien vu, Mais lorsqu’on ‘emploie trop de temps a voyager, on devient enfin étranger en son pays; et lorsqu’on est trop curieux des choses qui se pratiquaientaux siécles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci. Outre que les DESCARTES + OSCURSO DEL METODO ” los buenos libros es como una conversacién con las personas ins distinguidas de los siglo pasados, que hans ry {ores,¢ incluso como una conversacién premeditadla, en la «ual solo nos deseubren sus mejores pensamientos; que la elocuencia posee fuerzas y bellezas incomparables; que la a tiene delicadezas y dulzurasencantadoras; que las ma « temiiticas tienen invenciones muy suiles, que puedlen ser muy tiles tanto para satisfacer a los euriosos, como para facil tar’ todas las artes y para disminuir el trabajo de los hom- bres; que los escritos que tratan de la moral contienen mu- chas ensefianzas y muchas exhortaciones a la virtud, que son muy provechosas; que la teologia enseita a ganar el cielo; que la flosofia suministra el medio de hablar con verosim litud de todas las cosas, y de hacerse admirar de los menos sabiog; que lajurisprudencia, la medicina y las demas cien cias traen honores y riquezas alos que las cultivan; y en fin, jae es bueno haber examinado todas las ciencias, aun las fs supersticiosas y falsas, para conocer su exacto valor y no dejarse engafar por ellas Pero creia haber dedicado ya suficiente tiempo alas len: 135, y aun a la lectura de los libros antiguos, y asus historias yyasus fabulas. Pues es casi lo mismo conversar con gentes de? otros siglos, que viajar. Es bueno saber algo de las costumbres de los divetsos pueblos, para juzgar mas acertadamente las muestras, de modo que no pensemos que todo lo que no con. ‘verda con nuestras modas es ridieulo y contrario ala raz6n, como suelen hacer aquellos que no han visto nada, Pero cuat do se emplea demasiado tiempo en viajar, uno acaba por vol- verse extranjero en su propio pais; yeuando se tiene demasia 4a curiosidad por as cosas que se acfan en los tiempos pasa dos, umo queda ignorante, por lo cormin, de las cosas que se practican en el presente>Ademas {as fabulas nos hacen imag Frondizi simplitcar 2 DESCARTES + DSCOURS DE LA METHODE DESCARTES + ASCURSO DEL METODO 3 fables font imaginer plusieurs événe| ments comme possi qui ne le sont point; et que méme les histoires les pls fidéles, sicllesne changent ni n’augmentent a valeur des choses, pou les rendre plus dignes d’étre Ines, au moins en omettent-elleg presque toujours les plus basses et moins illusires eirconstances, od vient que le reste ne parait pas tel quil est, et que cen quiréglent leurs meeurs par les exemples qu'ilsen trent, sont sujets & tomber dans les extravagances des paladins de nog et a concevoir des desseins qui passent leurs forces, Festimais fort "eloquence, et;'étaisamoureux de la possi, mais e pensais que l'une et Vautre étaient des dons de Vesprit plutot que des fruits de Pétude, Ceux qui ont le raisonnement le plus fort, ct qui digérent le mieux leurs pensées, afin de leg rendre claires et intelligibles, peuvent toujours le mieux persuader ce qu'il proposent, encore qu'ils ne parlassent que bas breton, et qu’ls n'eussent jamais appris de rhétorique. Et ceux qui ont les inventions les plus agréables, et qui les savent exprimeravec le plus d’omement et de douceur, ne lasseraient pas d’stre les meilleurs pootes, encore que Part poétique leur ftinconnu Je me plaisais surtout aux mathématiques, a cause de la cettitucle de Pevidience de leurs raisons; mais je ne remarquais point encore leur vrai usage, et pensant qu’elles ne servaient qu’auxarts mécaniques, je m'étonnais de ce que, leas fondements tant si formes et si solids, on n’avait rien bati dessus de plus jar que son posibles muchos acontecimientos que no Io son's uvdas historias ms flee, si no camblan ni disminuyen el Jalor de las cosas para hacerlas més dignas de ser lefdas, por Jo menos omiten casi Aiempre las circunstancias mas bajas ¥ sencs ilustre’; de donde viene que el resto no se presenta tal como es, y que los que rigen sus costumbres por los ejemplos etoman de ella estan expuestos a caer en las extravagan- ‘as de los paladines de nuestras novelas, ¥ a concebir props so que sobrepasan sus fuerzas. Estimaba en mucho la elocuencia, y amaba la poesia; pero pensaba que tanto una como la otra eran dones que posefa el Ingenio, mas que frutos del estudio? Quienes tienen el razona- mniento més solido y ordenan” mejor sus pensamientos, para hacerlos claros ¢ inteligibles, son siempre mas habiles para persuadit acerca de sus propuestas, aunque no hablen otra len- gua que ol breton mas vulgar, y no hayan estudiado nunca la yetOrica. Y quienes conciben las invenciones mas agradables, ylas saben expresar con mayor omato y suavidad, no dejaran de sot los mejores poetas, aunque el arte postica les sea desco- nocd ‘Gustaba sobre todo de las matematicas, porla certeza y la ‘evidencia de sus razones; pero todavia no advertia su verda- dero uso, y, pensando que s6lo servian para las artes mecani as, me extratiaba que, siendo tan firmes y solidos sus funda- rmentos, no se hubiera construido sobre ellos nada mas eleva 6 Courclesaade: sinvitntque nos hoe palo vel ad ea sucipienda use supra vies, vl ad en aperanda que supra sore ost Sint AF VL, 518 7-En el original: «digerents,Ieralmente: «digitens. Gilson Ccommentate historique, en's eiton del Dieu p. 120) ex Pica que esa pusbra ene un sentido nego por el gue ica vordehars Tal es tambien uns de ls acepciones dela palabra inina correspondiente, Courcelles: squam filme ordine Giponent, AP VI, 543 % DESCARTES + BISCOURS DE LA METHODE [DESCARTES + ISCURSO DEL METODO 5 ds)Asi como, for el contrario, comparaba los escritos de los antiguos paganos, que tratan de la moral, con palacios muy soberbios y magnificos, construidos sobre arena y sobre ba ro. Eleyan altamente las virtudes,y las hacen parecer estima. bles por sobre todas las cosas del mundo; pero no ensefian relevé. Comme, au contraire, je comparais les crits des anciens paiens, qui traitent des moeurs, & des palais | fort superbes et fort magnifiques, qui n’étaient batis que sur da sable et sur de Ja boue. Ils élevent fort haut les vertus, et Ies font paraitre estimables par dessus toutes les choses qui sont au monde; mais nenseignent pas assez ales connate, et souvent eg | astanteaconoceras,ya menudo lo que llaman con un nom quils appellent c’'un si beau nom, n'est qu’une insensibilite, | bre tan bello no es mas que insensibilidad, uw orgullo,o deses ‘ou un orgueil, ou un désespoir, ou un parricide. | peracion, o parricidio, > Je réverais notre theologie, et pretendais, autant qu'aucun | “Venerabaa nuestra teologia, y pretendia, como cualquiera, vite, gagner le ciel; mais ayant appris, comme chose trég | gata el cielo; pero habiendo aprendido como cosa muy segu assure, que le chemin n’en est pas moins ouvert aux plus | 8, que el camino que allt leva no esté menos abert a los jgnorantsqu'aux plus doctes, et que les vertésrévélées, quiy | mis ignorantes que alos més doctos,y que la verdad reve- conduisent,sontau-dessus de notre intelligence, jen’eusse osé | ladas que a él conducen, estan por encima ce munstra intel les soumetize i lafaiblesse de mes raisonnements, etje pensaig | gencia, no me habria atrevido a someterias a la debilidad de ‘que, pour entreprendre de les examiner et y réussir, il était | _ mis tazonamientos, y pensaba que para emprender con buen besoin d’avoir quelque extraordinaite assisiance du ciel, e | éxito su examen era necesario gozar de alguna asistencia ex etre plus qu’homme. traordinaria del cielo, y ser algo mas que un ser humano,> Je ne dirai rien dela philosophie,sinon que, voyant qu'elle | __

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