Está en la página 1de 17

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/250236104

Le Culte des saints musulmans en tant que rituel : controverses juridiques /


The Cult of Moslem Saints as a Ritual : juridical Disputations

Article  in  Archives de Sciences Sociales des Religions · January 1994


DOI: 10.3406/assr.1994.1427

CITATIONS READS

6 363

1 author:

Marc Gaborieau
École des Hautes Études en Sciences Sociales
66 PUBLICATIONS   225 CITATIONS   

SEE PROFILE

All content following this page was uploaded by Marc Gaborieau on 26 June 2017.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


Archives de sciences sociales des
religions

Le Culte des saints musulmans en tant que rituel : controverses


juridiques / The Cult of Moslem Saints as a Ritual : juridical
Disputations
Marc Gaborieau

Citer ce document / Cite this document :

Gaborieau Marc. Le Culte des saints musulmans en tant que rituel : controverses juridiques / The Cult of Moslem Saints as a
Ritual : juridical Disputations. In: Archives de sciences sociales des religions, n°85, 1994. pp. 85-98;

http://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1994_num_85_1_1427

Document généré le 15/03/2016


Resumen
Qué se entiende por rito ('ibâdât) en la tradición islámica ? Se trata de procesos percibidos como actos
que manifiestan la relación de servidumbre que une el hombre a Dios ; su naturaleza es fijada
arbitrariamente por Dios y codificados en la Ley (sharî'a). La consecuencia es que la ciencia sobre los
ritos en el Islán es el derecho (fiqh) : todos los manuales de derecho medieval comienzan con una
série de capitulos sobre los ritos canónicos. Las características específicas de la conception de los
ritos se expresa por medio de estos manuales y se manifiestan con una dimensión particular en las
controversias sobre el culto de los santos, tema al que está consagrado este artículo. Apoyándonos
especificamente en textos indúes del siglo XIX, que retoman las doctrinas plasmadas en el mundo
arabe en el siglo XIV, nuestro estudio se propone explicitar cómo el pensamiento islámico analiza los
ritos cómo série de gestos, palabras y ofrendas ejecutados en tiempos y lugares determinados, y
como el único destinatario debe ser el Dios único. Esta visión extrema de los puristas - que la
religiosidad de los místicos ha suavizado a lo largo de los siglos -hace resaltar ciertas características
fundamentales del pensamiento islámico que ha encontrado su expresión más rigurosa en el derecho.

Résumé
Résumé entend-on par rites ('ibâdât) dans la tradition islamique ? Ils sont conçus comme des actes
manifestant le lien de servitude qui unit l'homme à Dieu ; leur nature est arbitrairement fixée par Dieu
et codifiée dans la Loi (sharî'a). Il s'ensuit que la science des rites en Islam est le droit (fiqh) : tout
manuel de droit médiéval commence par une série de chapitres sur les rites canoniques. Les traits
spécifiques de la conception des rites exprimée par ces manuels ressortent avec un relief particulier
dans les controverses sur le culte des saints auxquelles est consacré cet article : s'appuyant plus
particulièrement sur des textes indiens du XIXe siècle qui reprennent des doctrines fixées dans le
monde arabe au XIVe siècle, il montre comment la pensée islamique analyse les rites comme des
séries de gestes, de paroles et d'offrandes exécutés en des temps et des lieux déterminés, et dont le
seul destinataire doit être le Dieu unique. Cette vue extrême des puristes - que la piété des mystiques
a heureusement tempérée au cours des siècles - fait ressortir certains caractères fondamentaux de la
pensée islamique qui a trouvé son expression la plus rigoureuse dans le droit.

Abstract
What is meant by rites ('ibâdât) in the Islamic tradition? They are conceived of as acts which manifest
the tie of the servitudes uniting man and God; their nature is arbitrarily fixed by God and codified in the
Law (sharî'a). It follows that the science of rites in Islam is jurisprudence (fiqh): every manual of
medieval jurisprudence begins with a series of chapters on the canonical rites. The specific
characteristics of the conception of the rites expressed in the manuels stand out particularly in the
controversies on the cult of saints to whom this article is consecrated: concentrating particularly on the
Indian texts of the 19th century which take up the doctrines laid down in the Arab world in the 14th
century, it shows how Islamic thought analyses the rites as a series of gestures, words and offerings
performed at particular times and in particular places, and of which the only recipient must be the one
God. This extreme view held by the purists - that the piety of the mystics has for tunately tempered
over the centuries - brings out certain fundamental characteristics of Islamic thought, which has found
its strictest expression in jurisprudence.
Arch de Sc soc des Rel. 1994 85 janvier-mars) 85-98
Marc GABORIEAU

LE CULTE DES SAINTS MUSULMANS EN TANT QUE


RITUEL CONTROVERSES JURIDIQUES

Ne faites pas de ma tombe un lieu de fête


Tradition du Prophète

Nombreuses sont les descriptions du culte des saints yvalî pluriel awliyâ
faites par les musulmans eux-mêmes Sourdel-Thomine 1957 Ernst sous
presse Garcin de Tassy 1869 ou par les historiens et ethnologues travaillant
en Inde Gaborieau 1975 et 1983 Rollier 1981 Currie 1988 Troll 1989
ou ailleurs dans le monde musulman Canaan 1927 Dermenghem 1954 Rey-
soo 1991 Elles restituent minutieusement les rites exécutés cette occasion
Pour le lecteur peu familier avec le sujet rappelons les principaux traits de
ce culte il attire les fidèles sur la tombe des saints plus particulièrement
en des jours fixés comme le jeudi soir un quantième du mois et surtout an
niversaire de leur naissance ou de leur mort cette dernière date donnant lieu
de grandes réjouissances Arrivés sur la tombe les fidèles vont la toucher
et en faire la circumambulation ils invoquent le saint ils lui font des of
frandes voire sacrifient des animaux en vue obtenir des faveurs Ils sont
aidés dans exécution de ces rites par les desservants du tombeau qui sont
souvent les descendants du saint
Pour la plupart des fidèles au Moyen Age et même encore hui
quoi en disent les puristes ce culte ne posait pas de problèmes Mais
chez les théologiens et surtout chez les juristes il toujours existé un courant
minoritaire mais articulé qui mettait en doute la licéité du culte des saints
il connu sa formulation la plus vigoureuse chez le damascène Ibn Taimiyya
1328 Memon 1976 Olesen 1991 Ce courant est venu au premier plan
partir du xvine siècle avec le wahhabisme en Arabie en Inde il réapparut
aussi sous forme modérée chez Shah Llâh de Delhi 1703-1762 qui
était initié la lecture des uvres Ibn Taimiyya lors un pèlerinage
la Mecque La polémique contre le culte des saints atteint en Inde du Nord
sa pleine virulence dans un mouvement on appelle le wahhabisme indien
et qui fut lancé partir de 1818 sous impulsion de Sayyid Ahmad Barelwî
1786-1831 et Ismâîl Shahîd 1779-1831) son brillant disciple îl
Shahîd 1818 et 1824) partir de la seconde moitié du XIXe siècle les mo-

85
ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

dernistes musulmans ont souvent repris les objections du wahhabisme Cette


vue critique du culte des saints souvent obtenu droit de cité chez les spé
cialistes occidentaux qui la considèrent comme la seule formulation authen
tique de la doctrine de islam
Ces controverses nous intéressent car elles ont entraîné une réflexion sur
le rituel Selon les auteurs indiens du xixe îl Shahîd 1818 et 1824
Hughes 1964 art shirk pp 579-580 Gaborieau 1989b qui résument de fa on
concise et incisive leur modèle Ibn Taimiyya argumentation contre le culte
des saints deux volets un relève de la théologie kal et attache aux
croyances vénérer les saints est leur imputer des attributs qui appartien
nent Dieu omniscience toute puissance. autre relève de la science
reine dans islam classique le droit canonique fiqh le culte des saints est
illicite car il se compose de rites ibâdât littt adorations qui sont les pré
rogatives du Dieu unique
Ce second volet est ici examiné pour voir ce il nous révèle sur la
conception islamique des rites Ma réflexion sera surtout illustrée par des
exemples tirés de Inde musulmane domaine de ma compétence Elle se fera
en trois étapes entend-on par rite en islam Des sciences reli
gieuses de islam quelle est celle qui traite des rites Comment dans
les canons de cette science qualifie-t-on le culte de saints
Nous nous demanderons en conclusion quel registre de la connais
sance se rattachent ces considérations islamiques sur les rites Peut-on
parler ethnologie

ENTEND-ON PAR RITE EN ISLAM

1.1 Terminologie Le terme arabe que nous traduisons ici par rite est
ibâda pluriel ibâdât) le service de Dieu on peut rendre aussi par
obéissance Dieu car un de ses synonymes est précisément
ât un et autre mots employés au pluriel désignent ensemble des
rites prescrits au croyant Padwick 1961 3-6 EI2 vol III art ibâdât)
Ces termes sont très forts Il ne agit pas seulement de service religieux
au sens de la liturgie chrétienne ibâda est tiré de la racine bd qui désigne
la relation de servitude un esclave se dit abd Pour traduire exactement
ibâda il faut une périphrase comme acte par lequel homme reconnaît le
lien de servitude qui le lie Dieu le terme hébreu apparenté abôdâ le
même sens)

1.2 Origine des rites Pour les musulmans les rites ou du moins les
bons rites qui distinguent les croyants des infidèles sont institution divine
histoire de humanité est celle une succession de Prophètes qui Adam
Mahomet ont révélé des Lois de plus en plus parfaites Mahomet le sceau
des Prophètes apporté une Loi définitive qui vaut pour toute
humanité et qui prescrit les rites qui imposent tous
On objectera que islam repris notamment dans le pèlerinage la Mec
que des sites et des rites païens comme la circumambulation de la ba

86
LE CULTE DES SAINTS MUSULMANS

les sacrifices les lapidations de rochers qui sont des symboles démoniaques.
Cette objection ne vaut pas car dans optique islamique ces rites ont dès
origine été révélés par Dieu travers Abraham en les reprenant Mahomet
les seulement débarrassés adjonctions postérieures comme le culte de
déesses et leur restitué leur pureté primitive
Les rites sont donc des actes prescrits dans la Loi divine par lesquels
homme exprime sa soumission Dieu

DANS QUELLE SCIENCE TRAITE-T-ON DES RITES

La notion de Loi nous met sur la voie car elle nous invite
nous tourner vers le droit En effet en islam la théologie kal m) qui est
plutôt une apologétique est marginale et peu originale car elle été modelée
sur des précédents chrétiens

2.1 Importance du droit Au Moyen Age dans les séminaires ensei


gnement religieux madrasa la théologie était pas dans la liste des matières
obligatoires La science autour de laquelle tournait tout enseignement était
le droit fiqh El2 vol II art fiqh) est dans cette discipline que est ex
primée la pensée spécifique des docteurs musulmans
En particulier est dans ce droit que on trouve une analyse et une co
dification des rites Il faut en effet se méfier une illusion moderne les
textes juridiques du Moyen Age ont été utilisés époque coloniale et contem
poraine pour en tirer des règles de droit civil en particulier le statut per
sonnel et plus rarement de droit criminel Or dans les traités classiques
Macdonald 1903 pp 371-378 Levy 1957 pp 150-191 Pareja 1964 640-
661 ces matières se trouvent toujours rejetées dans une seconde partie consa
crée aux âmalat est-à-dire aux transactions entre les hommes ce
qui intéresse les juristes au premier chef se sont les rites ibâdât qui forment
toujours la première partie des traités Ces ouvrages systématiques sont
complétés par des avis motivés fatâwâ singulier fatwa émis par des experts
en droit ou muft sur des points précis avis que leurs auteurs publient souvent
en recueils ainsi la pensée Ibn Taimiyya sur le culte des saints est ex
primée surtout dans es fatâwâ encore hui en Inde par exemple les
fidèles vont consulter les docteurs sur des points de rituel Metcaïf 1982
pp 140-157)
En islam la science des rites est donc le droit qui est un droit canonique
et qui est aussi la science reine Les savants en sciences religieuses les
oulémas ulama) sont avant tout des experts en droit des docteurs de la
Loi pour prendre une expression qui nous est familière et laquelle nous
nous tiendrons désormais ce sont eux que on consulte en matière de rites

2.2 Les sources du droit Pour écrire leurs traités et rendre leurs déci
sions les docteurs de la Loi doivent se référer des sources du droit Schacht
1966 dont les plus importantes sont au nombre de trois Elles sont énumérées
ci-dessous en ordre hiérarchique décroissant

87
ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Les deux premières qui appartiennent la catégorie des textes nass plu
riel nussûs) ont une valeur contraignante dans toutes les écoles de droit ce
sont le Coran qui consigne la révélation divine les Traditions hadîth
qui rapportent travers une chaîne de témoins authentifiés les paroles et les
actes exemplaires du Prophète
Quand ces sources sont muettes ou insuffisamment explicites il faut faire
appel autres sources dont la liste varie selon les écoles Pour la présente
discussion seule celle qui vient en troisième lieu est pertinente le Consen
sus ijmaf des savants une époque donnée
Pour justifier ou prohiber le culte des saints quelles sources peut-on
puiser Le Coran mentionne bien les saints mais il est trop peu explicite
leur sujet pour que ses versets suffisent alimenter les controverses sur la
licéité du culte on leur rend Ce dernier ailleurs été élaboré tardivement
en islam vers les xi -xin siècles
Les défenseurs du culte des saints juristes ou mystiques pour le justifier
devaient appuyer avant tout sur le Consensus Olesen 1991 27) ils pui
saient aussi titre secondaire dans immense stock des Traditions
Les adversaires du culte des saints souvent opposés au Consensus comme
était Ibn Taimiyya Schacht 1966 63) ont surtout puisé dans les Traditions
qui leur permettaient de corroborer des citations coraniques soigneusement
triées ailleurs comme fait remarquer Ignaz Goidziher il un siècle
ce sont les recueils de traditions qui au cours des siècles ont véhiculé les
arguments des détracteurs du culte des saints Goidziher 1971 pp 332-335)
tel est le cas en particulier du Mishkât al-masâbih compilé vers 1336 par
Shaikh d-Dîn 1342 qui reprenait un recueil antérieur de Al-Ba-
ghawî 1122 Merv intitulé Masâbîh al-sunna voir Goidziher 1971 263-
270 Robson 1965 Cet ouvrage et quelques recueils moins célèbres
constituèrent arsenal des wahhabites indiens Robson 1965 Gaborieau
1989b pp 216-217 220-221)

ANALYSE JURIDIQUE DES RITES

3.1 Procédé Pour analyser le culte des saints ses adversaires emploient
les outils élaborés pour étude du rituel canonique dans les traités de droit
classiques Ils concèdent donc au départ que les dévotions aux saints sont
bien des rites
Ceci leur permet de les condamner car ils font exécuter pour les saints
des actes de soumission ibâdàt qui sont la prérogative du Dieu unique
ils font ainsi concurrence au rituel canonique obligatoire Gaborieau 1989a
pp 222-224 Olesen 1991 184-191 Mais nous insisterons pas ici sur ces
problèmes de la qualification légale des rites
Ce qui nous intéresse est étape préliminaire la condamnation qui
consiste découper les dévotions en un ensemble éléments qui sont assi
milés ceux du rituel canonique

88
LE CULTE DES SAINTS MUSULMANS

3.2 Les éléments du rituel Nous allons ici inventorier les principaux
éléments que les juristes prennent en ligne de compte dans leur analyse du
rituel canonique Cet inventaire est volontairement non exhaustif nous avons
laissé de côté des points importants où on ne trouve pas de différences si
gnificatives entre rituel canonique et culte des saints comme la pureté rituelle
thème obligé du premier chapitre de tous les traités de droit nous avons
aussi laissé de côté la question très complexe des officiants du rituel car cela
nous aurait entraîné dans des développements historiques et sociologiques dé
bordant le cadre un simple article sur cette question consulter Gaborieau
1989a)
En premier viennent le lieu et le temps Dans beaucoup de religions ac
cent est mis sur les lieux de culte Dans islam canonique espace est lar
gement désacralisé il de contraintes spatiales que pour un minimum
de grands rites mosquée cathédrale pour la prière du vendredi lieu de prière
musalla ciel ouvert hors les murs de la ville pour la prière des deux
grandes fêtes de Rupture du jeûne et du Sacrifice ainsi que les prières spéciales
pour les temps de sécheresse et pour les éclipses sanctuaires de la Mecque
pour le pèlerinage Les autres rites peuvent être faits dans importe quel
autre lieu préalablement purifié car selon une Tradition célèbre la terre en
tière est une grande mosquée Ce qui est le plus minutieusement codifié est
le temps islam construit son propre calendrier lunaire qui échappe em
prise des saisons il pris soin de décaler les cinq prières quotidiennes par
rapport aux moments astronomiquement marqués aurore midi crépuscule
les moments assignés chacun des rites sont très minutieusement codifiés
La pensée islamique réellement investi dans analyse des contraintes tem
porelles qui définissent les rites Brunschvig 1970 Le culte des saints en
tient-il la même importance relative de espace et du temps
La gestuelle est après le temps la seconde obsession majeure des juristes
vers qui ou quoi se toume-t-on De quoi fait-on le tour Où et quand faut-il
se tenir droit incliner se-prosterner Repère-t-on des différences majeures
entre la gestuelle du culte des saints et celle du rituel canonique
islam ensuite beaucoup investi dans les textes qui font partie intégrante
des rites canoniques Non seulement pour en fixer le mot mot mais aussi
pour classer le registre de discours auquel ils appartiennent prière de louange
invocation serment. En va-t-il de même pour le culte des saints
La dernière série de prescriptions importantes concerne les offrandes et
sacrifices Est-ce aussi une question soulevée propos du culte des saints

APPLICATION AU CULTE DES SAINTS

usage de cette méthode par Ibn Tamiyya propos du culte des saints
déjà fait objet de savantes études Memon 1976 Olesen 1991) il ne agit
pas ici de les répéter mais en tirer quelques enseignements pour analyse
des rites Je les illustrerai en versant au débat des documents écrits en Inde
ai déjà ailleurs analysé un premier texte de la seconde moitié du xixe Ga
borieau 1989b) utilise ici pour la première fois autres ouvrages du début
du XIXe plus particulièrement la Taqwiyyatu l-imân de Shah îl Shahîd

89
ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

de Delhi 1779-1831 qui traite des rites célébrés pour les saints avec un
certain souci du détail îl Shahîd 1824 chap et pp 56-94 ai
aussi tiré profit un précédent ouvrage du même auteur le Sirâtu l-mustaqîm
îl Shahid 1818 eh pp 80-88) ainsi que un ouvrage légèrement
postérieur aux précédents et qui les complète Sultan Muhammad s.d. pp 145-
158)

4.1 Le temps et le lieu orientation fêtes et pèlerinages élément


temps est important dans la critique du culte des saints car fixer un moment
déterminé est un privilège réservé Allah pour les rites canoniques Il est
donc illicite de réserver un jour déterminé pour incliner sur la tombe des
saints comme le jour de leur anniversaire ou un jour du mois ou un soir de
la semaine fixer un moment est déjà en faire un rite Ibn Taimiyya avait
longuement insisté sur ce point Memon 1976 pp 11-16 et 220) que réaf
firment les textes indiens Gaborieau 1989b pp 223 et 228-229)
Mais parlant du culte des saints la différence de ce qui se passe dans
le rituel canonique le grand sujet de préoccupation est pas le temps mais
le lieu La raison en est en islam canonique les lieux sacrés ne sont pas
nombreux un seul compte vraiment est enceinte de la Mecque le haram
théâtre du pèlerinage titre secondaire Medine où vécut et est enterré le
Prophète et Jérusalem sont aussi sacrées Olesen 1991 72 Or la parti
cularité du culte des saints est avoir multiplié des sites sacrés qui font
concurrence ces trois lieux canoniques avant tout les tombes où sont en
terrés les saints puis par extension les lieux qui ont été associés des évé
nements de leur vie comme les grottes où ils ont séjourné les endroits où
ils ont fait étape et ceux qui contiennent leurs reliques La croyance populaire
veut un influx sacré baraka en émane Ils peuvent devenir le centre un
culte
La révérence donnée ces lieux se manifeste de trois fa ons abord
on oriente vers eux pour faire ses dévotions ce qui met en cause la concep
tion islamique de espace selon laquelle il un centre religieux du
monde la Mecque laquelle on doit faire face pour réciter ses prières se
tourner vers une tombe est régresser des conceptions plus primitives de
espace comme on en trouve par exemple dans hindouisme ou même dans
le christianisme où chaque monument religieux est un microcosme Nous
reviendrons plus loin propos de la circumambulation
La révérence est encore plus grande si on fait intentionnellement un
voyage pour vénérer ces lieux ce qui est la définition même du pèlerinage
partir des xi -xn siècles la littérature atteste ces voyages but religieux
vers les tombes des saints Sourdel-Thomine 1957) qui deviennent alors uni
versels dans le monde musulman ainsi en Inde habitude est développée
de faire des pèlerinages aux grands saints de la confrérie Cishtiyya qui furent
les premiers protecteurs de islam dans le sous-continent Digby 1986 Currie
1989) on dit même hui une visite aux cinq tombes les plus im
portantes de cet ordre valent un pèlerinage la Mecque Les adversaires du
culte des saints opposent précisément ce genre de croyance ils font re
marquer en arabe le terme pèlerinage hajj est réservé au pèlerinage
principal que la Loi enjoint de faire la Mecque au moins une fois dans
sa vie si on en les moyens les autres les pèlerinages secondaires
sont seulement des voyages safar terme qui applique aussi aux dépla-

90
LE CULTE DES SAINTS MUSULMANS

céments profanes pour commercer étudier ou voir de la famille Ces pèleri


nages secondaires parce ils font concurrence au grand pèlerinage canoni
que sont très mal vus des puristes ces derniers admettent la licéité que
de deux entre eux Medine et Jérusalem Tous les autres sont condam
ner Un texte indien du xixe siècle résume bien cette vue restrictive
Dieu fixé certains lieux pour être honoré comme les suivants que on
vénère au cours du haj la ba Arafat Maradalifa Mina Marwa Safa Ma-
qâm-i Ibrahîm toute la mosquée du pèlerinage et même toute la ville de la Mec
que toute enceinte du pèlerinage Et il implanté dans le ur des hommes le
désir aller Si bien que de toute fa on ils résolvent venir de loin pied
ou cheval Après avoir supporté les douleurs et les inconvénients du voyage
ils parviennent tout sales Ils sacrifient des animaux au nom de Dieu ils
accomplissent leurs ux ils font la circumambulation de ces lieux Ils expriment
abondamment adoration pour leur Maître qui remplit leur ur un embrasse
le seuil de la porte de la ba autre fait des invocations devant cette porte
autre saisissant le voile qui recouvre la ba fait une requête un autre ayant
résolu faire retraite réside nuit et jour occupé méditer sur Allah autres
debout contemplent respectueusement la ba Bref voilà tout ce ils font pour
honorer Allah et Allah est satisfait eux ils en retirent des bénéfices religieux
et profanes
Mais il ne faut pas faire les mêmes actes pour un autre Allah
Aller sur la tombe de un ou sur son lieu de retraite ou dans un sanctuaire
rendre intentionnellement arriver tout sale après avoir enduré les souffrances
et les inconvénients du voyage une fois arrivé là sacrifier des animaux ac
complir des ux faire la circumambulation une tombe ou un autre lieu
considérer comme sacrée la forêt qui entoure ...] ou accomplir tout acte de
cette sorte pour en retirer des bénéfices religieux ou profanes tout cela revient
associer des partenaires Dieu Il faut donc en préserver Car ce sont là des
actes que on accomplit que pour le Créateur aucune créature droit un
tel honneur îl Shahîd 1824 pp 58-59)
Nous reviendrons plus loin sur la forme des dévotions célébrées sur ces
lieux Ce que nous devons retenir de ce texte pour le moment est interdit
absolu de faire pèlerinage sur les tombes ou autre lieu associés aux saints
est-à-dire de faire intentionnellement un voyage pour rendre
Le comble de la révérence est de combiner les éléments du temps et
de espace est-à-dire de se rendre en un lieu donné une date calendaire
fixée pour une célébration collective est ainsi que les docteurs de la Loi
définissent la fête Memon 1976 11) îd terme qui signifie littéralement
le retour périodique En matière du culte des saints il agit avant tout des
célébrations annuelles de leur anniversaire en Inde cette fête est généralement
fixée au jour de la mort du saint -appelé urs noces mystiques qui
marque union de âme du saint Dieu ce jour-là des foules de milliers
voire de dizaines ou des centaines de milliers de fidèles pour les grands
saints se pressent dans les sanctuaires édifiés autour de leurs tombes Ga-
borieau 1975 Currie 1989 Troll 1989 passim est précisément contre
cette forme de culte que les puristes se déchaînent le plus est le thème
central un livre Ibn Taymiyya traduit dans Memon 1976) un opuscule
entier lui été consacré par les Wahhabites indiens étudié dans Gaborieau
1989b La raison de leur courroux une fois encore est la concurrence avec
le rituel canonique qui comprend seulement deux fêtes celle de Rupture du
jeûne issue du Ramadan et surtout la Fête du sacrifice que on appelle
juste titre la Grande fête elle coïncide en effet avec le pèlerinage la

91
ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Mecque sa célébration idéale donc lieu là-bas au milieu des pèlerins venus
du monde entier ceux qui ont dû rester chez eux vont la célébrer ce jour-là
avec la population entière de leur ville ou village priant en unisson avec les
pèlerins de la Mecque Faire de grandes fêtes pour les saints serait encore
leur donner des prérogatives divines et relativiser le rituel canonique
Tournons-nous maintenant vers les autres éléments du rituel les actes ri
tuels proprement dits que nous avons laissés de côté dans la citation plus
haut Ici une clarification est nécessaire il est pas interdit de faire des
visites ziyârât singulier ziyârd sur les tombes des saints si on ne fait pas
de pèlerinage spécifiquement dans intention de rendre et si les actes de
dévotion on fait restent dans des limites permises Nous allons mainte
nant examiner ces actes en les regroupant sous trois rubriques gestes paroles
offrandes

tuelle
4.2 rien
La est
gestuelle
plus minutieusement
islam accordé
codifié
une très
ni marqué
grande importance
au sens que les
la ges
lin
guistes donnent ce terme le rite central de islam est la prière salat cinq
fois répétée dans la journée et dans ce rite la gestuelle est rigoureusement
fixée par les textes Par analogie les gestes effectués pour le culte des saints
vont être passés au crible
La direction laquelle on fait face qibla est primordiale seule la di
rection de la Mecque et plus particulièrement le sanctuaire de la ba qui
en est le centre convient pour adresser Allah Détourner attention de
cette direction cardinale pour se tourner vers une tombe et en faire une ré
férence religieuse est donc inadmissible
plus forte raison est-il interdit de tourner autour une tombe en
faire la circumambulation tavvâf Il est vrai en dépit des objurgations
des puristes ce rituel est des plus communément effectué autour des tombes
et même là où les sanctuaires édifiés autour des sépultures des saints se sont
développés en centres de soins pour les malades mentaux la circumambulation
de la tombe est un élément essentiel de la thérapie Rollier 1981 Mais pour
les puristes la circumambulation est réservée la ba tourner autour une
tombe est donc dans interprétation la moins sévère faire usurper par le
saint une prérogative que Dieu est réservée pour son sanctuaire de la Mec
que Une autre interprétation plus radicale verra un retour aux religions
pré-islamiques où le sanctuaire est comme un microcosme et où la circumam
bulation est comme un parcours du cosmos
Il est bien connu aussi que la prosternation est un geste très marqué en
islam il existe une littérature abondante sur la question de savoir il est
licite de se prosterner devant un souverain ou un chef de confrérie mystique
pour les puristes la réponse est évidemment non La prosternation sujud
est en effet réservée Dieu
Allah dit dans la sourate de la prosternation Ne vous prosternez point
devant le soleil ni la lune Prosternez-vous devant lui si est lui que vous adorez
Coran XLI 37 Ce verset nous apprend que dans notre religion la prosternation
est un droit réservé au Créateur il ne faut pas se prosterner devant une créature
du fait ils sont des créatures la lune le soleil le prophète et le saint sont de
même rang et ont pas droit la prosternation îl Shahîd 1824 pp 56-
57)

92
LE CULTE DES SAINTS MUSULMANS

Mais il faut se méfier aussi des gestes apparemment plus innocents


comme lorsque on se tient debout face la tombe pour réciter des prières
car on accorde au saint un honneur dû Dieu seul
II est écrit dans la Mishkât dans le chapitre sur les fa ons de se tenir debout
chap XXIV voir Robson vol.111 984 Tirmidhi rapporte au sujet de
âwiyya il dit Celui qui veut que les gens se tiennent debout devant
lui comme des idoles ira en enfer Le sens de cette tradition est que celui qui
veut que les gens se tiennent debout devant lui sans bouger sans parler sans
regarder ici et là mais en se transformant en statue cet individu prétend un
statut divin Il veut approprier une forme de respect qui est réservée Dieu
îl Shahîd 1824 62)
Ce qui vaut pour les vivants vaut aussi pour les morts il ne faut pas se
tenir devant une tombe comme on le fait pour prier Allah
Il faut donc éviter quand on visite une tombe de faire devant elle les
gestes qui sont réservés au service divin

4.3 Les paroles prières invocations serments Après les gestes les
paroles sont extrêmement codifiées Dans la prière rituelle le texte réciter
est fixé mot mot en arabe Les autres dévotions sont plus libres et autres
langues que arabe peuvent être utilisées Mais il des règles respecter
en ce qui concerne la forme de discours employé et surtout la personne qui
on adresse
En plus de la prière canonique salât) la plus fréquente de ces dévotions
est invocation ou prière individuelle par laquelle le fidèle demande
des faveurs Dieu Padwick 1961 pp 12-13 Les formes les plus extrêmes
sont le nadhr) qui implique une certaine forme de marchandage et le
serment äà
Dans les formes de culte qui ont pris corps partir du xnie siècle les
paroles prononcées adressent carrément aux saints que on prie pour obtenir
des faveurs qui on fait de faire telle ou telle offrande au nom de
qui on prête serment Ceci est pas seulement attesté dans les formes popu
laires de dévotion en fait les cercles soufis les plus lettrés ont produit des
prières de ce genre où les saints sont invoqués directement comme interces
seurs pour des exemples voir Padwick 1961 pp 240-244)
est justement contre invocation directe des saints que les polémiques
se poursuivent ce jour Selon les puristes prières ux et serments
ne doivent être adressés Allah invocation standard prononcer sur
les tombes en faisant face la Mecque et non la tombe ailleurs doit
être une prière Dieu et non au mort de plus on ne doit pas demander
des faveurs pour soi mais demander Dieu de faire retomber sur celui qui
est enterré les mérites gagnés par les prières et les offrandes
on voit que dans cette vue orthodoxe le personnage enterré dans la
tombe est plus traité comme pourvu de pouvoirs extraordinaires mais
comme un homme ordinaire qui besoin des prières de ceux qui viennent
après lui Les formes de visites autorisées ont donc rien un culte les
rites doivent être réservés Dieu

4.4 Offrandes et sacrifices Dans cette optique on comprend la résis


tance des puristes égard des offrandes

93
ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Le cuite des saints médiévaux vu accumulation offrandes destinées


aux tombes qui ont été enrichies par des dons de toutes sortes des dotations
en terres... ce que les puristes ont récusé Gaborieau 1989b 229 Et pour
obtenir des faveurs des saints habitude est prise de faire des sacrifices
sanglants au nom du saint ce qui évidemment est inadmissible pour les ad
versaires du culte des saints
on IIpeut
est écrit
sacrifier
dans XIX
le Mishkât
traduit
dans dans
le chapitre
Robson sur vol.111
la chasse et871
les animaux
Muslimque
rappelé Abû Tufail rapporté que Alî avait exhibé un document dans lequel
il était écrit Dieu maudit celui qui sacrifié au nom un autre Allah
est-à-dire que celui qui sacrifie un animal au nom une autre personne Allah
est maudit lî avait consigné dans un livre quelques Traditions du Prophète
Allah et ceci est une elles Cette tradition nous apprend que sacrifier un
animal au nom de un fait partie des marques honneur Allah est
réservées Il faut donc les sacrifier au nom Allah les sacrifier en un autre nom
est associer des partenaires Allah îl Shahîd 1824 pp 63-64)
Cette analyse des principaux éléments du rituel pourrait se prolonger dans
des détails plus minutieux pour des inventaires quasi exhaustifs voir Menon
1976 passim Gaborieau 1983a Olesen 1991 pp 140-192 Mais cette ac
cumulation de faits ajouterait rien argumentation des textes étudiés ici
que nous allons essayer de caractériser plus précisément dans notre conclusion

CONCLUSION

Pour prohiber le culte de saints nos textes leur appliquent la méthode


employée par les juristes pour étude du rituel canonique
Ils doivent donc concéder préalablement que ce sont bien des rites Et
par là même ils nous donnent une vue sur ce est le rite pour les juristes
musulmans est un ensemble de gestes de paroles et offrandes qui doivent
être accomplis en des temps et des lieux spécifiés Le juriste ne recherche
pas une cohérence du rituel mais pour chacun des éléments une justification
scripturaire dans le Coran ou les Traditions le rite comme la Loi sont arbi
traires et homme pas chercher une raison cachée derrière les injonc
tions Allah
Mais la particularité des rites musulmans dans la vue des puristes du
moins est ils doivent avoir un objet exclusif Allah qui ne souffre aucun
intermédiaire entre homme et lui Si donc le culte des saints musulmans est
condamné ce est pas pour sa forme qui est en général islamique ou du
moins islamisée même dans le cas où le sanctuaire du saint repris des
cultes païens ou chrétiens antérieurs Il est condamnable pour son objet il
le tort être adressé non Allah mais des êtres intermédiaires Ici ar
gument juridique rejoint argument théologique signalé dans introduction
adresser des saints est aussi leur attribuer des pouvoirs qui appar
tiennent Dieu pour une analyse de cet argument voir Gaborieau 1989b
pp 221-222)
CIuel domaine de la connaissance se rattachent les analyses du rituel
développées ici Faut-il voir dans les analyses Ibn Taimiyya et de ses épi-
gones qui attachent systématiquement débusquer les éléments pré-islami-

94
LE CULTE DES SAINTS MUSULMANS

ques dans les cultes ils condamnent une certaine forme ethnologie des
rites Ibn Taimiyya été appelé ethnologue par un de ses récents émules
indiens le théologien et réformateur l-Hasan Alî Nadwî préface
Shams-i Tabrîz Khan 1978 3) comme par un sociologue fran ais Hames
1980 que je remercie ici avoir attiré mon attention sur les travaux de Me-
mon Après bien des années passées sur ces textes que avais abord abor
dés dans une perspective ethnologique je suis arrivé la conclusion opposée
Gaborieau 1989b 232-233) nous avons en fait affaire des textes conven
tionnels qui ne attachent la description systématique ni la reconsti
tution de la logique sous-jacente aux rites Ils se contentent de mettre accent
sur certains traits toujours les mêmes qui leur permettent de condamner les
cultes ils abhorrent ils mettent donc accent sur des éléments disparates
des rites dont ils considèrent surtout les qualifications juridiques La logique
de ces textes est celle des juristes musulmans non celles des ethnologues

Marc GABORIEAU
CNRS/EHESS

BIBLIOGRAPHIE

AHMAD Imtiaz éd 1981 Ritual and Religion among Muslims in India Delhi Manohar
BRUNSCHVIG Robert 1970 Le Culte et le temps dans islam classique Revue histoire des
religions Annales du Musée Guimet Avril-juin 1970 pp 183-193 repris dans tudes is-
lamologie Paris Maisonneuve et Larose vol 1976 pp 167-177
CANAAN 1927 Muhammadan Saints and Sanctuaries in Palestine Londres
CURRIE P.M 1989 The Shrine and Cult of Muin al-din Chishti of Aj mer Delhi Oxford Uni
versity Press
DERMENOHEM Emile 1954 Le Culte des saints dans islam maghrébin Paris Gallimard 1954
DIGBY Simon 1986 The Sufi Shaikh as Source of Authority in Mediaeval India in Marc
GABORIEAU éd. Islam et Société en Asie du Sud Paris EHESS Collection Purusharthâ
no pp.57-77
El2 Encyclopédie de islam le éd. Leiden E.J Brill 1960-
ERNST Carl 1992 Eternal Garden Mysticism History and Politics at South Asian Sufi
Centre Albany State University of New York Press
An Indo-Persian Guide to Sufi Shrine Pilgrimage in Carl ERNST and Grace SMITH
éd Manifestations of Sainthood in Islam sous presse
GABORIEAU Marc 1975 Légende et culte du saint musulman Ghâzî Miyân au Népal occidental
et en Inde du Nord Objets et Mondes XV/3 pp 289-310
1983a The cult of saints among Muslims in Nepal and Northern India in Stephen
WILSON éd. 1983 pp 291-308
1983b Typologie des spécialistes religieux chez les musulmans du sous-continent indien
Les limites de islamisation Archives de sciences sociales des religions no 55/1 1983
pp 29-51

95
ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

1986 Les Ordres mystiques dans le sous-continent indien ün point de vue ethnologi
que in Alexandre POPOVIC Gilles VEINSTEIN éd Les Ordres mystiques dans islam
Cheminements et situation actuelle Paris EHESS pp 105-134
1989a Pouvoirs et autorité des soufis dans Himalaya in Véronique BOUILLIER Gé
rard TOFFIN éd Prêtrise pouvoirs et autorité en Himalaya Paris EHESS Collection Pu-
rusârtha vol 12 1989 pp 215-238
1989b XIXth centurv Indian Wahhabi tract against the cult of Muslim Saints al-
balagh al-mubïn in Christian TROLL éd. 1989 pp 198-239
1993 sotérisme musulman dans le sous-continent indo-pakistanais un point de vue
ethnologique Bulletin études orientales Institut Fran ais Damas XLIV Année
1992 no spécial sur les Sciences occultes et slam pp 190-209
GARCIN de TASSY Joseph Héliodore Sagesse Vertu 1869 Mémoire sur les particularités de
la religion musulmane en Inde Paris Labitte paru abord en 1831 dans le Journal Asia
tique)
GOLDZIHER Ignaz 1971 Veneration of Saints in Islam Muslim Studies éd et tr S.M STERN
Londres Allen Unwin vol 1971 pp 254-361 Ed Allemande originale Halle Nie
meyer 1889-1890)
GRUNEBAUM Gustav von 1946 Medieval Islam Chicago Chicago University Press Parti
culièrement eh IV The Religious Foundation Piety 2e éd 1953)
1976 Muhammadan Festivals Londres Curzon Press 2e éd Iré éd. Londres Abelard
Schuman 1951)
HAMES Constant 1980 Deux aspects du fondamentalisme islamique sa signification au Mali
actuel et chez Ibn Taimiya Archives de Sciences Sociales des Religions no 50/2 pp 177-
190
HUGHES Thomas Patrick 1964 Dictionary of Islam 2e éd. Lahore Premier Book House
Iré éd. Londres 1885
iL SHAHID 1779-1831 1818 l-mustaqîm premier manifeste en persan du wahha-
bisme indien Iré éd 1824 édition utilisée Delhi Press s.d circa 1904) cité
après la trad ourdoue Deoband Adâra ar-rashîd s.d résumé commenté dans J.R.C.
1832 et S.A.A RIZVI 1982 pp 500-504
1824 1-imân premier manifeste en ourdou du wahhabisme indien contre le
culte des saints nombreuses lithographies partir de la fin des années 1820 cité après
édition de Lahore l-Islam 1956 trad anglaise dans Shahamat Ali 1852 ré
sumé dans S.A.A RIZVI 1982 pp 509-514
J.R.C 1832 Notice on the particular Tenets held by the followers of Syed Ahmad taken
chiefly from the Siràt-ul-Mustaq principle Treatise of the Sect written by Moulavi
Mahomad Ismail Journal of the Royal Asiatic Society of Bengal vol I/no 11 1832
479-498
LEVY Ruben 1957 The Social Structure of Islam 2e éd. Cambridge Cambridge University
Press Ire éd sous le titre The Sociology of Islam 1931-1933 2vol.)
MACDONALD Duncan 1960 Development of Muslim Theology Jurisprudence and Constitu
tional Theory 2e éd. Lahore Premier Book House Ire éd. Londres 1903)
MEMON Muhammad Umar 1976 Ibn Struggle against Popular Religion La Haye-
Paris Mouton
OLESEN Niels Henrik 1991 Culte des saints et pèlerinage chez Ibn Taymiyya Paris Geuthner
1991
PADWICK Constance 1961 Muslim Devotions study of Prayer-Manuals in Common Use
Londres S.P.C.K. 1961
PAREJA F.M 1964 Islamologie Beyrouth Imprimerie Catholique
PsEUDO-W LLAH 1962 Al-Balàgh al-mubîn texte persan Lahore Al-Maktabat al-Salaf yya
Iré éd connue 1890 date de composition inconnue traduction ourdoue par salâm
Bastawî sous le titre de I-muminîn Delhi s.d circa 1964) sur ce texte voir
GABORIEAU 1989b
REYSOO Fenneke 1991 Pèlerinages au Maroc Neuchâtel Institut Ethnologie/Paris Maison
des Sciences de Homme
RIZVI Sayyid Athar Abbas 1982 Shah Ab Az Puritanism Sectarian Polemics and Jihad
Canberra rifat Publishing House

96
LE CULTE DES SAINTS MUSULMANS

ROBSON James trad 1965 Mishkât al-Masâbih English Translation with Explanatory Notes
Lahore Shaikh Muhammad Ashraf vol Réimpression 1973)
RoLLiER Franck 1981 Murugmalla Film super co-production CNRS-CERDAV
SHAMS- TABRIZ KHAN 1978 Islam aur ghair islami tahdhîb tarjuma-i iqtida al-sirât al-mus-
taqîm Lucknow Majlis-i tahqîqat nashariyyat-i islaâm Iré éd 1974 islam et les
religions non islamiques adaptation moderne en ourdou du livre Ibn Taimiyya traduit
dans Memon 1976)
SCHACHT Joseph 1966 An Introduction to Islamic Law Oxford Clarendon Press
Sh E.I Shorter Encyclopaedia of Islam Leiden E.J Brill London Luzac C0 1961
SHAHAMAT Ali 1852 Translation of the Takwiyat-ul-iman preceded by notice of the Author
MAULAVIlL Journal of the Royal Asiatic Society London) vol 13 1852 pp 310-
372 2e édition révisée sous forme de livre sous le titre Support of the Faith éd par
ASHRAF DARR Lahore Shaikh Muhammad Ashraf 1969 ré-impression 1974)
SouRDEL-THOMiNE 1957 Guides des lieux de pèlerinage trad annotée du Kitâb al-ziyârât
Abû al-Hasan al-Harawî Damas Publications de Institut Fran ais de Damas
SUBHAN John 1970 Sufism its Saints and Shrines an Introduction to the Study of Sufism
with Special Reference to India 2e éd New York Samuel Weiser Inc Iré éd est de 1938)
SULTAN MUHAMMAD 1834 Tadhkîr al-ikhwân publié dans le même volume que la Taqwiyya-
I-imân cité après éd de Multan Kitâb Khâna Majîdiyya s.d
TRIMINGHAM Spencer 1971 The Sü Orders in Islam Oxford Clarendon Press
TROLL Christian W. ed 1989 Muslim Shrines in India Their Character History and Meaning
Delhi Oxford University Press
WILSON Stephen éd 1983 Saints and their Cults Studies in Religious Sociology Folklore
and History Cambridge University Press

97
ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Résumé
entend-on par rites ibâdât dans la tradition islamique Ils sont
con us comme des actes manifestant le lien de servitude qui unit homme
Dieu leur nature est arbitrairement fixée par Dieu et codifiée dans la Loi
ensuit que la science des rites en Islam est le droit ffiqh tout
manuel de droit médiéval commence par une série de chapitres sur les rites
canoniques Les traits spécifiques de la conception des rites exprimée par ces
manuels ressortent avec un relief particulier dans les controverses sur le culte
des saints auxquelles est consacré cet article appuyant plus particulièrement
sur des textes indiens du XIXe siècle qui reprennent des doctrines fixées dans
le monde arabe au XIVe siècles il montre comment la pensée islamique analyse
les rites comme des séries de gestes de paroles et offrandes exécutés en des
temps et des lieux déterminés et dont le seul destinataire doit être le Dieu
unique Cette vue extrême des puristes que la piété des mystiques heureu
sement tempérée au cours des siècles fait ressortir certains caractères fon
damentaux de la pensée islamique qui trouvé son expression la plus
rigoureuse dans le droit

Abstract
What is meant by rites ibadat in the Islamic tradition They are con
ceived of as acts which manifest the tie of the servitudes uniting man and
God their nature is arbitrarily fixed by God and codified in the Law
It follows that the science of rites in Islam is jurisprudence fiqh every
manual of medieval jurisprudence begins with series of chapters on the
canonical rites The specific characteristics of the conception of the rites ex
pressed in the manuels stand out particularly in the controversies on the cult
of saints to whom this article is consecrated concentrating particularly on
the Indian texts of the 19th century which take up the doctrines laid down in
the Arab world in the 14th century it shows how Islamic thought analyses the
rites as series of gestures words and offerings performed at particular times
and in particular places and of which the only recipient must be the one God
This extreme view held by the purists that the piety of the mystics has for
tunately tempered over the centuries brings out certain fundamental charac
teristics of Islamic thought which has found its strictest expression in
jurisprudence
Resumen
Qué se entiende por rito ibâdât en la tradici isl mica Se trata de
procesos percibidos como actos que manifiestan la relaci de servidumbre
que une el hombre Dios su naturaleza es fijada arbitrariamente por Dios
codificados en la Ley La consecuencia es que la ciencia sobre los
ritos en el Isl es el derecho ffiqh todos los manuales de derecho medieval
comienzan con una serie de cap tulos sobre los ritos can nicos Las caracte
sticas espec ficas de la conception de los ritos se expresa por medio de estos
manuales se manifiestan con una dimensi particular en las controversias
sobre el culto de los santos tema al que est consagrado este art culo Apoy
donos espec ficamente en textos indues del siglo XIX que retoman las doctrinas
plasmadas en el mundo rabe en el siglo XIV nuestro estudio se propone ex
plicitar mo el pensamiento isl mico analiza los ritos como serie de gestos
palabras ofrendas ejecutados en tiempos lugares determinados mo el
nico destinatario debe ser el Dios nico Esta visi extrema de los puristas
que la religiosidad de los sticos ha suavizado lo largo de los siglos
hace resaltar ciertas caracter sticas fundamentales del pensamiento isl mico
que ha encontrado su expresi rigurosa en el derecho

98

View publication stats

También podría gustarte