Documentos de Académico
Documentos de Profesional
Documentos de Cultura
forma secular de trascendencia que fundamenta nuestros valores, pero no se ha encontrado todavía nada
mejor para legitimar y aplicar una ética universal de respeto al otro. A no ser que se odie, como lo hace
Nietzsche, la igualdad, el amor al prójimo o la sensibilidad hacia el sufrimiento ajeno, no veo en qué
sentido son tan nefastos el mensaje judeocristiano y sus avatares laicos o por qué otra formula maravillosa
se pueden sustituir. Así pues, con los ojos bien abiertos y la razón crítica en guardia, asumamos
serenamente lo que hay de bueno y útil para el hombre en nuestra herencia cristiana. Y reconozcamos,
aunque sea de manera provisional, que nuestros ideales necesitan todavía cierta forma de trascendencia
para mantenerse en pie. Al fin y al cabo, ¿no es mejor una ética humanista surgida del judeocristianismo
que la barbarie?".
Frédéric Lenoir
París, Le Monde
Jueves 26 de marzo de 2009, por Foro Diamantino (actualizado el 26 de marzo de
2009)
Copiamos unas líneas del muy recomendable libro de Frédéric Lenoir “Las
Metamorfosis de Dios. La Nueva Espiritualidad Occidental” (Alianza, Madrid 2005).
El texto que reseñamos forma parte del capítulo 6º “¿Un Reencantamiento del
Mundo?
He intentado demostrar en las páginas consagradas a los nuevos paradigmas
científicos que el cientificismo y el racionalismo no agotaban la razón ni la
racionalidad. Podemos decir incluso que hay muchas figuras de la racionalidad. La
primera, la que ha dominado estos tres últimos siglos, puede definirse como
cerrada en la medida en que se demuestra incapaz de hacerse cargo de la
problemática de lo imaginario, lo sagrado y la subjetividad. Esto no significa que la
razón no haya sido fecunda, sino todo lo contrario. La ciencia moderna debe sus
avances en el conocimiento de la realidad fenoménica a esta razón de tipo
cartesiano (en cualquier caso en su metodología) o aristotélica (en su lógica). La
segunda figura de la razón, más contemporánea, ha surgido en el marco del cambio
de paradigma científico. Se considera más abierta, más consciente de sus
limitaciones, de su finitud. No pretende atrapar la infinitud de la realidad. En esta
postura intelectual, esta razón alternativa reconoce la legitimidad de otras palabras
que dan sentido, para el hombre, al mundo; las palabras filosóficas, artísticas,
culturales, simbólicas, poéticas, religiosas etc.
“La razón abierta no sólo no combate lo irracional, sino que habla con él y reconoce
lo irracionalizable. A diferencia de la visión demente de un mundo totalmente
racional y de un hombre solamente racional, ve en el mundo un juego de
orden/desorden/organización, y concibe al homo no sólo sapiens sino
sapiens/demens. La razón abierta reconoce lo irracional, es decir, lo que no es ni
racional ni irracional, como el ser y la existencia que, sin razón de ser, son. La razón
abierta reconoce lo sobrerracional e intenta concebirlo (así, toda creación supone
algo de sobrerracional que la racionalidad puede en su caso comprender después).
La razón abierta reconoce que hay realidades a la vez irracionales, arracionales y
sobrerracionales, como los mitos, mientras que la razón cerrada sólo ve errores,
tonterías y supersticiones.”
(...)
Ultramodernité du spirituel
http://www.nystagmus.me/article-frederic-lenoir-accuse-les-pretres-sans-chiffres-evidemment-en-voici-
46530100.html
Pédophilie : l’Eglise
complice
Psychologies Magazine, mai 2002.
Depuis le début de l’année, aux Etats-Unis, en France, en Irlande, le scandale des prêtres pédophiles, non
sanctionnés par leur hiérarchie, ébranle durement l’Eglise. Beaucoup s’interrogent sur le lien entre
pédophilie et célibat des prêtres. Célibat et chasteté sont-ils tenables pour des hommes qui, contrairement
aux moines, sont totalement insérés dans le monde ? On sait que de nombreux prêtres vivent en
concubinage de fait ou entretiennent des rapports sexuels secrets. N’est-il pas temps pour l’Eglise d’en
finir avec cette hypocrisie et de remettre en question la règle du célibat des prêtres, imposée seulement à
partir du XIIe siècle et qui n’a aucun fondement dans les Evangiles ? Même si j’en suis personnellement
convaincu, il me semble que cela ne réglera pas le problème de la pédophilie, qui concerne des individus à
structure psychologique perverse, qu’ils soient ecclésiastiques ou laïques.
Certes, ces crimes semblent d’autant plus odieux qu’ils sont le fait d’hommes consacrés à Dieu ayant toute
la confiance des enfants. Mais n’en va-t-il pas de même dans la plupart des cas de pédophilie ? C’est parce
que l’enfant est face à une "autorité" – père, oncle, moniteur, instituteur ou confesseur – qu’il est piégé et
craint de dénoncer son agresseur. Faut-il s’offusquer davantage d’un prêtre pédophile que d’un père
incestueux ? Les deux sont coupables du même crime : profiter de la vulnérabilité et de la confiance d’un
enfant pour le chosifier et l’utiliser comme objet sexuel.
Le plus difficile à admettre, dans les affaires de prêtres pédophiles, c’est l’attitude de la hiérarchie
catholique qui protège les agresseurs. Dans tous les pays concernés l’institution a évité de dénoncer ces
prêtres à la justice et les a maintenus, le plus souvent, dans leur fonction. Outre le fait que l’Eglise cherche
surtout à éviter un scandale public et à reconnaître qu’elle porte en son sein des brebis galeuses, cette
attitude est légitimée par le secret de la confession et la "miséricorde divine" envers les "pécheurs" dont on
espère toujours qu’ils se "repentiront". La hiérarchie catholique fait preuve d’une grande naïveté et d’un
aveuglement coupable face à des pervers dont certains ont sans doute été attirés par le sacerdoce pour être
en contact avec des enfants. Les ravages pour l’Eglise sont déjà profonds, même aux yeux de ceux qui
savent ne pas confondre quelques dévoyés avec l’ensemble du clergé. Le fait que l’institution tutélaire
préfère protéger ses membres, plutôt que ses fidèles et leurs enfants, ne peut être ni justifiable ni
admissible.
mai 2002
L’islam, et les
fanatiques
Psychologies Magazine, novembre 2001.
Depuis le 11 septembre, le spectre du fanatisme religieux hante les esprits, et beaucoup se demandent si la
violence est intrinsèque à l’islam. S’appuyant non plus seulement sur l’histoire, mais sur des versets du
Coran, certains affirment que cette religion est viscéralement fanatique et guerrière. Ne pas l’admettre,
disent-ils, serait une erreur aussi grave que l’aveuglement passé des Occidentaux face au communisme ou
au nazisme. Suite à ma dernière chronique, j’ai reçu plusieurs mails de lecteurs de “Psychologies” allant en
ce sens. Je le redis ici très clairement : je n’adhère pas à cette vision des choses.
Ecrit environ trente ans après la mort du Prophète à partir de traditions orales, le Coran est imprégné d’une
idéologie qui était celle de l’islam conquérant. Le fameux djihad, l’appel à la guerre sainte, enjoint les
musulmans à se battre contre les infidèles – « qui ne sont que souillure » – afin de les convertir (sourate
IX). Mais, à côté de ces textes, on trouve de nombreuses paroles qui présentent Dieu comme « le
Miséricordieux plein de miséricorde » (sourate I) et appellent les croyants à conformer leur vie à la justice
et à la miséricorde divine (sourate III, 5).
Cette ambivalence entre amour et violence n’est pas propre au Coran. Elle est le fait des religions qui se
prétendent « révélées », c’est-à-dire données par Dieu aux croyants à travers un texte sacré. On trouve dans
la Bible de nombreux passages où Dieu enjoint les Juifs à massacrer leurs adversaires pour conquérir la
Terre promise (Josué, 8) et, au temps des croisades, l’Eglise catholique trouvait dans les Ecritures une
justification à sa politique de conquête et de meurtre. De même que les Evangiles ont donné François
d’Assise et le Grand Inquisiteur, le Coran a inspiré les plus beaux poèmes d’amour et les attentats du 11
septembre.
Cette ambiguïté des textes pose la question de leur interprétation. Une interprétation littérale des versets les
plus belliqueux conduit nécessairement aux pires extrémités. Le fanatisme se nourrit du fondamentalisme.
Avec le temps, et travaillées par la modernité, les communautés juives et chrétiennes ont su développer
une lecture critique de leurs Ecritures. Cela les a conduits à une interprétation humaniste, offrant une
explication spirituelle, allégorique ou symbolique des passages semblant contredire les notions, reconnues
comme fondamentales, d’amour et de respect d’autrui.
Le vrai problème de l’islam n’est donc pas le Coran, mais la peur de la modernité chez de nombreux chefs
religieux, et l’absence d’interprétation communautaire qui puisse hiérarchiser les contradictions même du
texte, à travers une lecture privilégiant une foi respectueuse des autres, notamment des femmes et des non-
musulmans. Sur ce point, l’islam, né près de quinze siècles après le judaïsme et six après le christianisme,
est encore une religion « jeune ». Pourtant, dès ses origines, certains courants mystiques comme le
soufisme se sont attelés à cette tâche. Le djihad n’était plus alors interprété comme une conquête guerrière,
mais comme un effort sur soi, une conquête intérieure, l’infidèle devenant tout ce qui résiste à la foi et à
l’amour de Dieu dans le cœur du croyant. Malheureusement, de telles lectures sont restées marginales,
combattues par les autorités ayant peur de privilégier l’esprit par rapport à la lettre.
L’instrumentalisation du Coran par des terroristes rend urgents, pour les nombreux musulmans pieux et
pacifistes, une relecture critique de leurs sources et un travail institutionnel d’interprétation. Alors
seulement la communauté musulmane pourra opposer aux lectures les plus sectaires une interprétation
autorisée du texte coranique, disqualifiant ainsi les interprétations de leaders en quête de revanche contre
l’Occident (Ben Laden), ou nostalgiques d’une société entièrement soumise à la charia (taliban). Et on ne
les aidera certainement pas à réaliser cet effort salutaire en les diabolisant, à la manière dont leurs
fanatiques diabolisent les Occidentaux.
novembre 2001