Documentos de Académico
Documentos de Profesional
Documentos de Cultura
Aru 0180-930x 1980 Num 8 1 999
Aru 0180-930x 1980 Num 8 1 999
urbaine
Amiot Michel. Hongrie. L'aménagement du territoire réduira-t-il les déséquilibres régionaux ?. In: Les Annales de la recherche
urbaine, N°8, 1980. pp. 87-123;
doi : https://doi.org/10.3406/aru.1980.999
https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_1980_num_8_1_999
Abstract
Hungary. Can regional planning reduce regional disparities ? (Michel Amiot, p.87-123)
The first phase of industrialization and reconstruction after 1945 had a negative impact on the state of
interregional equilibrium since the regional inequalities between the Northwest of the country and the
capital on the one hand, and between the South and the East on the other, were intensified. The
intensive industrialization that Hungary experienced since the sixties involved the choice of sectors to
be developed and their location as well as the elaboration of an overall plan for regional development
and urban facilities. The combined effect of these policies and that of housing upon the population
coulb be summarized by saying they produced "an industrialized country in which half of the people live
in rural areas".
The article also deals with the institutions involved in the implementation of regional planning policies
and describes the functions of V ATI, an institute for planning the use of space at the national and
regional levels. Certains anologies are particularly striking. As in the capitalist countries, regional
planning in Hungary came second in the order of priorities ; the authorities resorted to it only after
realizing the extent of the involuntary disparities created by accelerated industrialization. The interest in
"regional planning" — which strives to integrate the prediction of the spatial effects of economic
development with economic forecasting in general — is a relatively recent concern and one about
which there should not be too many illu¬ sions. It would seem that under socialist regimes the same
gap so frequently observed in capitalist countries exists between the desires of the expert planner and
the decisions actually taken by the economic, political or administrative agents. The aims formulated by
the planning expert take naively for granted the compatibility, which the politician postulates as an
ideal, of all the objectives he supposedly pursues : balanced development of all the social forces and
all regions of the country ; gradual elimination of existing inequalities between country and city
dwellers, between manual and intellectual workers, etc.
Résumé
La première phase d'industrialisation et de reconstruction après 1945 a eu, sur le plan des équilibres
interrégionaux, des effets négatifs, puisque les inégalités régionales entre le nord-ouest du pays et la
capitale, d'une part, le sud et l'est, d'autre part, se sont aggravées. L'industrialisation intensive que connaît
la Hongrie depuis les années soixante s'est accompagnée d'une sélection des branches à développer et
des implantations, et de l'élaboration d'un plan d'ensemble d'aménagement du territoire et d'équipement
urbain. La combinaison de ces politiques et de celle du logement a produit des effets sur le peuplement du
pays que l'on peut résumer ainsi : «un pays industrialisé dont la moitié de la population vit à la campagne» .
L'article passe en outre en revue les institutions qui contribuent à la mise en œuvre de la politique
d'aménagement du
territoire et décrit les fonctions du V A T I, institut où s'élabore la planification spatiale, nationale et
régionale.
On est étonné de constater l'existence de certaines homologies. Comme dans les pays capitalistes,
l'aménagement du territoire en Hongrie est une préoccupation de seconde urgence, à laquelle les autorités
n'ont recouru qu'après avoir pris conscience des déséquilibres involontaires engendrés par
l'industrialisation accélérée. Le souci de la «planification régionale», investie du soin d'intégrer la prévision
des effets spatiaux du développement économique dans la prévision économique elle-même, est un souci
relativement récent à propos duquel on ne saurait nourrir d'illusions excessives. Tout se passe en effet
comme si l'on retrouvait en régime socialiste cet écart qui frappe tant l'observateur des pays capitalistes,
entre les souhaits de l'expert aménageur et les décisions effectivement prises par les agents économiques,
politiques ou administratifs. Les visées exprimées par l'expert-aménageur prennent en quelque sorte
naïvement au sérieux la compatibilité que l'homme politique ne cesse de postuler, à titre d'idéal, entre tous
les objectifs qu'il prétend poursuivre : développement équilibré de toutes les forces de la société et de
toutes les parties du territoire, suppression graduelle de l'inégalité de la condition des citadins et des
campagnards, des travailleurs manuels et des travailleurs intellectuels, etc.
Hongrie. L'aménagement du territoire
régionaux ?
Michel Amiot *
* Chargé de recherches au C N R S.
87
Hongrie, l' aménagement du territoire
nisation
niveau
la
Paris
soviétiques
sont
affronter
manière,
àlaisse
espaces
qui
minisme
tages
urbains...
développement
les
Ray
l'analyse
avait
contemporaine
lorsque
maintenant
surgissent
nomènes
de
l'Europe
en 2.taille
1.ces
Revue
vue
parallèle,
différences
seDans
Inscrire
Pähl
X-Nanterre)
des
le
raison,
mécanismes,
recouvrent
de
du
similaires,
le
dans
problème
et
historique
de
»spécifiques
de
française
des
les
histoires
àla
agglomérations
en
le
niveau
monde
(P.
etfonctions
l'Europe
l'Est.
travers
classes
lasolutions
1,même
concentration
alors
mêmes
les
observant
agglomérations
70.)
de
continu
seraient
Hongrie
1978,
»pays
note
posent
de
largement.
structure.
occidental
entier,
de
nationales,
on
les
et
sens,
: de
auproduction
difficultés
sociologie
publication
analogues,
quelques
ne
qu'à
géographique
industriels,
mécanismes
n'est
problèmes
aux
identiques
socialisme
socialiste
(cf.
l'Est.
des
Guy
peut
ou
différentes
urbaine.
s'en
difficultés
Ivan
plutôt
questions
possible
dans
capitaliste
Enet,
occidentales
que
Bürgel
Mais
dilemmes
(1976,
tenir
etou
fait,
les
plus
du
Szelényi
etde
les
Sociologie
urbains
se
aux
de
les
repose
du
Cette
celaboratoire
assez
la
àréférer
villes
que
et
l'Europe
cette
contraintes
redistribution
identiques
1)encore,
(«
des
communes.
niveau
était
responsables
France
conflits
n'est
pourtant
Quelques
: siaxiomatique
pour
sur
simpliste
convergences
on
«critique
que
intuition
présentent
l'on
Gestion
au
au
pas
dules
des
aboutit
de
capitaliste
remarquable
la
nous
urbains
même
de
et
compare
travail,
le
d'organisation
développement
»l'Est»,
mécanismes
comparables
présupposés
questions
sociologie
suscitent
l'utilisation
géographie
:etconfuse
cas
régionale
Bürgel
[tenter]
avons
la
àdes
de
néglige
"superficielles
de
niveau
:similitude
des
2,etc.
àles
sous-urbanisation
les
types
l'Occident
des
différentes
poursuit
79,
trouvés
àarticle
ressortit
conclusions
de
urbaine
deux
et(p.
inégalités
dela
qu'il
considérablement
de
urbaine
politiques
son
de
où
Classe
trouver,
technique,
ville
d'organisation
210).
production
cedes
sociétés
production
du
l'espace
les
faut
entre
article
en
:»)àpoint
soviétique
ilétapes
même
Pour
sociale.
«de
processus
un
hommes
de
: Pareille
Europe
bien
yd'aménagement
du
chacun
agglomérations
«l'université
du
sont
double
en
logement
aàSi
«detype
une
auteur
des
Au-delà
d'un
expliciter
"40-50
un
seul
négligeant
Ray
Le
vue
que
des
de
les
»,deespaces
analyse
doivent
attaque
d'urba¬
à:cas
certain
même
déter¬
Villes
point
leurs
héri¬
chez
Pähl
l'Est
dans
«phé¬
l'est
leur
ans,
qui
Ce
de:
dè
89
Hongrie, l'aménagement du territoire
Allemagne Russie
BAVIERE ûo/.
Cernowitz
0Kosice
\< /
V¡enne»¿Presbour9
s J/ Györ0*-225)¿Budapest # Debrecen
O
J tr\an£leithanie TRANSYLVANIE/MOLDAVIE
1
#7 Szeged •' °°
t Trieste/aÍ
)Laibacl
CROATIE
/ «Agram
Zagreb WeSubotica
\ 0Temesvar
.
.
.
VALACHie »«M'«!
ITALIE Belgrod«
SERBIE
Sarajevo
HERZEGOVINE
général
à la
Essayons,
fin dans
de ladans
lequel
Seconde
la se
mesure
pose
Guerre
leduproblème
mondiale.
possible, de
de l'aménagement
donner une idéedudu
territoire
contextehongrois
le plus
90
l'héritage historique
sous
et
n°
Des
Society
Tous
dans
pement
non
auteurs
4.J.3.3886-3887,
Schultz,
pôles
seulement
Cf.
lesd'une
la remarquent
and
Hongrie
direction
auteurs
I.Rural
que
Szklényi,
Marxist
sociographie
dans
4laenTransformation
mai
soulignent
deHongrie
Hongrie,
de
laqu'elles
l'entre-deux-guerres.
1972.
Sociology
art.
série
G. cit.
Enyedi),
rurale
ala
A
«mais
sont
cherché
Notes
p.
grande
propos
inqui
indans
39,
devenues
the
etp.
Hungary,
etàinfluence
est Etudes
des
créer
Nineteen-Seventies,
l'introduction
toute
18.
unCe
villes
des
Sur
de
courant
documentaires
l'Europe
Akadémia
prise
traits
pôles
bien
toutes
Budapest,
par
originaux
équipées
de
(p.
régionaux
pièces
centrale.
l'idéologie
pensée
6)Kiadó,
Corvina
voir
»,duensuite.
La
perdues
de
recueil
s'appuyait
dans
Budapest,
Documentation
Budapest,
l'histoire
dePress,
leurs
lapar
collectif
solution
Budapest,
de
sur
lapar
pays
1976
laHongrie,
leHungarian
sociologie,
L.française,
d'accueil.
paysanne
(collectif
dévelop¬
Fodor
1978.
les
91
hongrie. l'aménagement du territoire
Lorsqu'on dit que la moitié des Hongrois et les trois quarts des Français vivent dans les
villes, en fait on ne parle pas des mêmes choses.
Selon les critères de l'Institut national de la statistique et des études économiques, est réputée
urbaine toute agglomération définie par la continuité de l'habitat, dont la population est au
moins égale à 2 000 habitants.
En 1975, la population française se répartissait ainsi :
Communes rurales 14 252 000 27 %
Communes urbaines 38 403 000 73 %
dont Paris 8 550 000 16 %
Total 100 %
(10 316 000 habitants)
Selon les critères hongrois, si plus de 80 % des habitants vivent dans des agglomérations de
plus de 2 000 habitants, 50 % seulement sont considérés comme vivant dans des agglomé¬
rations urbaines, qui correspondent, en gros, aux agglomérations de plus de 10 000 habitants.
Mais il peut se faire que certaines de ces agglomérations, jusqu'à 30 000 habitants, soient
considérées comme rurales. C'est qu'en Hongrie, au contraire de la France, la
notion de continuité de l'espace n'emporte pas automatiquement l'idée de caractère urbain.
Le label urbain est délivré par les autorités à un certain nombre de localités dont le
niveau d'équipement est considéré comme suffisant pour permettre aux habitants d'accéder
au mode de vie urbain. Ainsi la Hongrie comporte à la fois des villes de 10 000 habitants et
des villages de 20 000 habitants.
On voit ici se dessiner le processus très différent du procesus ouest-européen actuel
d'extension urbaine. Comme l'équipement ne suit pas automatiquement la croissance
des agglomérations, les autorités hongroises ont été conduites à sélectionner un certain
nombre de localités dotées du statut urbain et destinées à recevoir en priorité les subventions
publiques qui leur permettront de moderniser ou d'acquérir l'équipement correspondant
à la qualité urbaine. La hiérarchie des localités est enregistrée dans un document d'aména¬
gement d'importance décisive : le Plan national d'aménagement du réseau hiérarchisé des
localités.
92
l'héritage historique
5. La surface moyenne des coopératives est de 2 500 hectares, et, dans la Grande Plaine
(l'Alföld), dans la partie sud-est du pays, il n'est pas rare de trouver des coopératives de
7 à 8 000 ha. Les fermes d'Etat constituent 14 % de la surface cultivée et leur surface
moyenne est de 6 100 ha. (Cf. Rural Transformation..., op. cit., p. 20.)
années
6. Le à programme
venir réitèreduque,Parti
« dans
socialiste
le processus
ouvrierdehongrois
construction
adopté
du socialisme,
en 1976 pourles différences
les quinze
diminuent
essentielles graduellement
entre travail manuel
». et intellectuel aussi bien qu'entre la ville et la campagne
93
Hongrie, l'aménagement du territoire
on44
accomplis
àréalisé
même
sur
D'autre
n'est
Or,
deux
constate
%date,
pas
pour
: en
part,
laprès
vit
etpopulation
1974
àprésenter
toujours
un
qu'aujourd'hui
lad'être
23crise
accroissement
(corrélativement,
%, résorbée
etdu
àactive
en
la
sans
logement
campagne,
raccourci
industrielle,
doute
des
: très
la progrès
laaujourd'hui
désuétude
important
même
quelques
population
et lequi
beaucoup
économiques
développement
était
et
dufaits
encore
l'insuffisance
active
niveau
de particulièrement
moins)
22,4
est
agricole
despectaculaires
%
extrêmement
urbain
vie
; en
des
mais
de
1949,
est
infrastructures
est
laun
passée,
population
très
frappants,
est
Hongrois
aiguë
ont
passée
faible.
à été
la
et
94
l'industrialisation accélérée
(routes, chemin de fer, voirie...) est visible ; enfin, le déséquilibre persiste entre
les régions 7 et, dans l'espace, entre le développement économique et le dévelop¬
pement social et urbain8.
Etant donné le caractère systématique de la planification volontaire, on ne
peut clairement donner une idée du procesus de l'aménagement du territoire, et
donc des difficultés rencontrées, voire des effets inattendus, qu'en explicitant
au préalable les relations qu'entretient l'aménagement du territoire avec le
dispositif de collecte et de distribution des ressources, avec les traits originaux
du développement de l'agriculture, de l'industrie, avec les caractères particuliers
de l'activité du bâtiment, etc. De quelque manière, un exposé sur l'aménagement
du territoire dans une société socialiste prend inévitablement l'allure d'un exposé
synthétique sur le fonctionnement global de la société en question. Mais, dans
une société de ce type, plus que dans une société capitaliste, c'est très directement
que les éléments composants du tout social sont placés en situation d'interaction
réciproque, par un système de guidage volontairement synthétisant.
conduit
d'entre
quent,
sont
dans
l'auteur,
sous-développés
développement
processus
le 7.taux
Cf.
accrus.
les
dans
eux,
àde
l'article
46
zones
terme
dedéveloppement
certains
ildes
transformation
est
considérable
arriérées
àet96
d'Eva
l'équilibre
égal
cependant
arrondissements
cas,
Valer
à non
»,la est
Tmoyenne
réalisé
des
seulement
elepiiléstudomànyi
des
comprennent
(avec
demeuré
régions.
conditions
un
dans
que
nationale,
résumé
les
enDans
compte
chaque
écarts
33,7
dessous
de 14
en%conservant
Kozlemények,
vie
relatifs
leunité
des
anglais),
deden'a
pays
la
46laspatiale
population
se
pas
arrondissements
peuvent
moyenne
«sont
tout
Problèmes
pris
27,
juste
maintenus,
dul'orientation
être
Budapest,
totale
nationale
territoire
l'écart.
dusous-développés,
considérés
: développement
mais
«» En
national,
1978.
et,
Par
qui
même
dépit
dans
comme
consé¬
aurait
Selon
du
20
se
le
95
hongrie. l'aménagement du territoire
du
l'Etat
L'industrialisation
conséquences
voir,
sous-urbanisation.
de 9.l'Ouest
capital
Selon
leféodal
monopole
diffère
Szelényi
par
en
de Europe
cela
fondamentalement
socialiste
quasi
processus
(art.
bourgeoisie
detotal
cit.,
l'Est,
est
historique,
deRevue
marquée,
au
l'Etat
surmoyen
defrançaise
les
dans
caractérisé
l'accumulation
selon
demarchés
la l'exploitation
de
collecte
l'auteur,
sociologie),
parcapitalistes
historique
laetpar
centralisation
l'utilisation
deslal'accumulation
paysans
nécessité
du
urbains
capital
des
extrême
fixés
d'assumer
deopérée
surplus
àhistorique
l'Europe
la
du terre.
etpou¬
par
les
la
10. Nous suivons de très près ici la contribution de Zsuzsa Hantó, Zoltan Kárpati et
András Vagvölgyi («The Development of Settlement Structure in the Hungarian Village »)
à l'ouvrage collectif Hungarian Society and Marxist Sociology in the Nineteen-Seventies,
op. cit.
11. Ivan Berend et György Ranki, A Magyar gazdasdg 100 ève (Cent ans d'économie
hongroise), Budapest, 1972, p. 246-247. Cité par les auteurs de l'ouvrage précité, op. cit.,
p. 134-135 (en anglais).
12. Les villes socialistes étaient délibérément dépourvues de centres, afin que l'espace
urbain ne comporte pas la polarisation, propre aux villes capitalistes, entre centre privi¬
légié et périphérie défavorisée.
96
hongrie. l' aménagement du territoire
Une autre phase s'ouvre dans les années soixante, après que l'accumulation du
capital, réalisée au cours de la décennie précédente, eut été considérée comme
suffisante par les autorités et l'opinion populaire : il s'agit d'une phase d'indus¬
trialisation intensive, tout à fait sélective dans le choix des branches économiques
et des implantations retenues, utilisatrice de main-d'œuvre qualifiée et nécessitant
des infrastructures développées (c'est-à-dire des investissements « non produc¬
tifs »). Ce type d'industrialisation est considéré à son tour comme mieux à
même de réduire les inégalités régionales engendrées ou aggravées par la
politique industrielle extensive, et la période qui s'ouvre avec les années soixante
correspond aussi à la mise en place d'une politique d'aménagement du territoire
qui tente de remédier à la contradiction entre les impératifs du développement
économique prioritaire (et de la constitution d'une base sociale ouvrière du
régime socialiste) et les effets territoriaux négatifs engendrés par ce type de
développement.
Cependant, les résultats sont encore loin d'être satisfaisants, si l'on en croit
certains observateurs : « Malgré les réalisations, la proportion du revenu national
consacrée aux investissements d'infrastructure et d'équipement des communes est
restée jusqu'à ce jour une partie injustifiablement minime des investissements
totaux en termes de niveau de développement économique. C'est une conséquence
logique du fait que la politique économique traite la question du développement
des infrastructures et de l'équipement communal sous l'appellation d'investisse¬
ments " non productifs " ; qu'elle réalise ces investissements là seulement où la
fixation d'une main-d'œuvre qualifiée est une condition indispensable de la
production industrielle. Le changement des années soixante et le passage à la
phase intensive entrouvrirent seulement la vanne des investissements d'infra-
98
l'industrialisation accélérée
99
hongrie. l'aménagement du territoire
vit à la campagne...
en
vit
Examinons
d'un
ouest-européen
d'hui
Tout
1974)
toujours
pays
un d'abord,
pays
travaille
industrialisé
ledans
industrialisé,
processus
: laill'espace
dans
Hongrie
fautdont
l'industrie
rappeler
que
rural,
dont
agraire
l'habitat
recouvrent
près
quelquefois
ces
—et mais
de
est
sous-développée
chiffres
ces
lademeuré
lamoitié
chiffres,
même
moitié
paradoxaux
detrès
largement
de
etlad'avant-guerre
ce
population
laloin
que
population
pour
rural.
dusignifie
un
lieuactive
observateur
est
de
hongroise
la aujour¬
travail.
notion
(44 %
la 15.
se
capitaliste.
étonnamment
peuvent
pement,
population
sontI. opérer
faits
Szelényi
queIl les
estime
àbas
agricole
avec
une
économies
(art.
» qui
une
àvitesse
cit.,
10ets'explique
population
%sa
Revue
capitalistes
beaucoup
leréaffectation
pourcentage
française
par
agricole
leplus
». faitàdes
de
élevée
plus
l'industrie
que
sociologie,
actifs
réduite,
« que
les(manuels)
économies
n'aurait
au
pour
p. cours
40)ledans
pu
constate
même
redistributives
de lel'agriculture,
cette
supporter
niveau
que
courte
ledesocialistes
déclin
un
dévelop¬
«période
chiffre
pays
de
101
Hongrie. V aménagement du territoire
est lié à la possibilité que procure le jardinage familial de compléter les revenus
du ménage dans des proportions importantes. Dans beaucoup de cas, les ouvriers
des campagnes bénéficient d'un revenu monétaire supérieur à celui des ouvriers
des villes. Ce lien de l'ouvrier à la terre est un caractère tout à fait original
de l'organisation économique et sociale hongroise. Il fait partie de tout un
système, qu'il faut évoquer en quelques mots.
La collectivisation de l'agriculture s'est effectuée, à près de 90 %, sous la
forme de la coopérative, plus efficace en pratique que celle de la ferme d'Etat 18.
Mais un secteur privé subsiste, non pas en dehors du secteur collectivisé, à titre
de résidu ou de concession tolérée, mais en symbiose véritablement organique
avec lui : « Le nombre des petites exploitations privées était en 1972 de 1 700 000.
Elles sont presque entièrement consacrées à des productions d'appoint et
confèrent ainsi à l'agriculture hongroise son caractère spécifique 17. »
Comparée à celles des coopératives, leur surface est minuscule : « 50 %
occupent moins d'un demi-hectare, mais, même ainsi, elles jouent un rôle décisif
en couvrant les besoins de la population rurale en nourriture, et, dans le cas
de certaines productions, du pays tout entier. Approximativement, la moitié
de la population totale du pays et 80 % de la population rurale (propriétaires
et membres de la famille y compris) possèdent des exploitations complémentaires.
Leur production en valeur s'élevait en 1971 au double environ de celle des
fermes d'Etat et aux deux tiers de celle des coopératives. Plus de la moitié
des fruits et des œufs viennent des exploitations complémentaires 1B. » Ajoutons :
les deux tiers des légumes, la moitié des porcs, etc.
Il s'agit là de production complémentaire autant que supplémentaire, dans la
mesure où les exploitations privées et les coopératives se rendent des services
réciproques : « Il va sans dire que le lopin domestique ne produit pas la nourri¬
ture nécessaire aux animaux ; aussi environ 40 % de la surface fourragère
de la coopérative sont-ils utilisés à cette fin. Par conséquent, l'économie du lopin
domestique est liée étroitement à l'économie coopérative, qui fournit au lopin
les productions nécessaires à l'alimentation des animaux, ainsi que les animaux
l'étatisation
ce
marché
taires,
C'est
meilleures
du
ilsystème
est
16.
17.
18.
qu'elles
capital
qu'il
vrai
Preuve
Rural
Ibid.
plus
de
de que
des
sont
fallait
conditions,
efficace,
Budapest
production
qui
Transformation...,
duannées
certains
dans
prévaut
pragmatisme
absolument
est
l'agriculture
(«cinquante.
surtout
laSkala
des
sont
:forme
les
logements.
regroupés
»)nourrir
de
proportions,
après
op.
prédominante
est
Le
: l'esprit
10
cit.,
une
secteur
la%En
enp.période
population
des
coopérative.
hongrois
revanche,
chaînes
21.
dans
coopératif
magasins
qu'adifficile
letrès
:prise
urbaine
secteur
dans
l'association
appartiennent
est
importantes.
la(et
l'industrie
un
collectivisation
etexplosive)
commercial,
élément
la coopérative
classe
au
et non
Ainsi
secteur
lede
ouvrière
sont
commerce,
de
l'unique
négligeable
l'accumulation
l'agriculture.
des
inverses
coopératif
dans
proprié¬
hyper¬
c'est
les
du
de;
102
l'industrialisation accélérée
urbains,
à L'importance
dans
la les
dispersion
explique
agglomérations
des
donc
revenus
installations
la rurales.
fixation
supplémentaires
industrielles
d'une partie tirés
importante
et àdelalapénurie
culture
de la classe
des
du sol,
logements
ouvrière
jointe
19. Ibid.
103
hongrie. l'aménagement du territoire
du rôle que jouent ces fermes, voire le revenu monétaire relativement confor¬
table de leurs occupants, et l'arriération des équipements et infrastructures
(absence d'électricité, d'eau courante, de tout-à-l'égout) 20.
Des habitations dispersées de ce type entourent les agglomérations où les
coopératives ont fixé leur siège et leurs installations. La dispersion rend très
coûteux un équipement éventuel qui n'est d'ailleurs pas en vue.
Il s'est ainsi constitué une hiérarchie, pour ainsi dire spontanée, des agglo¬
mérations sous l'effet de l'industrialisation accélérée et des choix exclusifs et
rigoureux qui lui furent associés. Cette hiérarchie ne correspond pas en tous
points, loin s'en faut, à la hiérarchie territoriale que les autorités du pays souhai¬
teraient développer.
En fait, là où étaient les équipements, les capacités d'accueil ont été insuffi¬
santes, et, pour des raisons diverses déjà évoquées, les migrants se sont concentrés
dans des agglomérations proches des villes, mais insuffisamment équipées, tandis
que d'autres (les agriculteurs des fermes et hameaux isolés) demeuraient loin
des avantages de la civilisation urbaine et que d'autres encore (des marginaux,
mais parmi eux l'importante minorité des Tziganes) s'installaient dans les fermes
et les villages abandonnés.
entreprises
prend
àde fait
Un
la fixation
autre
originales.
en Hongrie
quiaspect
des
les emploient
ouvriers-cultivateurs
des
du proportions
processus
: c'est d'emprise
leconsidérables
phénomène
dans sur
les des
zones
l'espace
et migrations
revêt
rurales,
découle
des alternantes,
modalités
à distance
directement
tout
des
qui
l'ainsi
duction
20. Rural
21. La
nommé
agricole.
question,
Transformation...,
lopin
» (Hungarian
ondomestique
s'en doute,
op.
Society,
joue
cit.,
est un
controversée
p.op.rôle
15.cit.,décisif,
introduction,
: «bien
Il estque
p.bien
décroissant,
18.)connu qu'en
dans Hongrie
la pro¬
104
l'industrialisation accélérée
fois par semaine, voire une fois par mois, et vivent sur les lieux du travail
ou à proximité dans des foyers de travailleurs. »
Ainsi l'industrialisation, parce qu'elle s'est faite dans un contexte de sous-
urbanisation, a entraîné le développement à grande échelle des migrations alter¬
nantes, qui n'ont pas seulement pour effet le gaspillage du temps de transport
ou la distension des biens familiaux, mais aussi et surtout l'établissement d'une
division de nature sociale à l'intérieur de la classe ouvrière. En effet, ce sont
les ouvriers les moins qualifiés qui sont le plus soumis aux migrations alternantes,
et aussi les moins qualifiés qui travaillent sur place dans les entreprises indus¬
trielles des zones rurales (le cinquième de l'industrie du pays est localisé dans
les villages). Ce qui fait que la coupure entre l'habitat et le travail se double
d'une coupure à l'intérieur de la classe ouvrière, parallèle à la séparation de la
ville et de la campagne héritée d'avant guerre22.
Inversement, « un autre phénomène s'est développé, qui consiste en ce que
certains des actifs employés dans l'agriculture, particulièrement des " cols
blancs vivent à la ville et font la navette entre la ville et l'établissement rural.
On estime à environ 150 000 le nombre de ces " migrants inverses soit à 15 %
du nombre total des migrants 23 ».
Dans cette question du mode d'appropriation sociale du territoire, le cas
de Budapest occupe une place prédominante. L'afflux d'une main-d'œuvre
considérable désireuse de s'installer définitivement dans la capitale a provoqué
une demande de logements qui déborda largement les capacités. Dans les années
soixante, deux sortes de mesures furent mises en œuvre pour tenter d'enrayer
la congestion qui menaçait la capitale et augmentait l'acuité du problème du
logement.
L'une consiste dans la stimulation de la décentralisation des entreprises,
qui connut des résultats très mitigés, les entreprises acceptant difficilement de
s'expatrier en province et profitant de l'occasion pour s'y débarrasser de leur
équipement ancien. L'autre, d'ordre purement administratif, consiste dans l'inter¬
diction pure et simple faite aux nouveaux travailleurs de résider de façon
feraient
Society...,
modes
sition
capitale
prééminence
Erdei,
p.
d'avant
22.
23.
137-138),
Rural
Les
du
deguerre.
le sur
que
social
op.
représentant
vie
auteurs
le
les
Transformation...,
des
transposer
cit.)
respectifs
reste
etmodalités
centres
du
montrent
du du
chapitre
territorial
leest
pays
laurbains
plus
contemporaines
une
«que
séparation
(plus
« op.
connu
Settlement
projection
se
l'opposition
provinciaux
manifeste
cit.,
marquée
dep.territoriale
la19.
Structure
au
de territoriale
àtradition
qu'en
sol
la
sur
undivision
de
premier
leur
France)
féodale
in
la the
environnement
sociographique
entre
division
entre
niveau
Hungarian
et,
» villes
qui
àlasociale
un
par
ville
caractérisait
et second
campagnes
Village
la
rural.
hongroise
du
etprééminence
latravail.
niveau,
Selon
campagne
» la
(Hungarian
avec
(op.
Hongrie
L'oppo¬
Ferenc
par
de
leurs
cit.,
ne
la
105
Hongrie, l'aménagement du territoire
106
la question du logement
mondiale
centres
même
térisée
lativement
d'un
autre,
regarde
concernant
dul'aide
àet
ments
de
autorités
conditions
culier).
La
consiste
cemillion
secteur
cellules,
crise
de
deuxième
été
de
par
urbains
la
d'éléments
même
de
etdeux
aggravée
du
par
nationalisé
très
quantité
l'inadéquation
une
exclusivement
par
au
loger
de
logement,
une
précaires
durée
pièces.
détriment
la
ou
accumulation
logements,
plan,
redistribution
au
faible
en
préfabriqués
au
deet
plus
est
envoie
Un
cours
l'offre
déclenchée
de
aud'environ
redistribution
1990,
qualitative
de
en
vite
même
tel
cœur
étalé
d'urbanisation,
lagrands
deet
du
choix,
unla
spatiale
surface,
et
la
ou
ambition,
qu'elle
sur
capital
grand
crise
par
36
composés
période
aux
deen
quinze
ensembles
%
les
l'offre
des
du
de
abords
faveur
laissera
se
nombre
des
extrêmement
destructions
en
lalogement
ressources.
justifie
n'est
d'industrialisation
ans,
logements
main-d'œuvre
essentiellement
1975.
et des
du
dela
urbains
toujours
de
a par
la
plus
villes
On
place
été
familles
sera
demande.
dues
Un
peut
contraignante,
la
construits
lancé
grand
ou
(de
àrésorbée
nécessité
pas
plan
àau
prévoir
d'autres
périurbains,
entassées
la
Budapest
de
en
profit
accélérée,
résorbée.
nombre
Seconde
En
de
petits
1960,
chaque
construction
effet,
pour
qu'au
où
de
difficultés,
et
dans
en
apparte¬
possible
certains
puis
sont
Guerre
la
Elle
ce
édifiés
carac¬
corré¬
terme
année
parti¬
part
qui
des
un
les
a
cependant,
monde
24. Lacapitaliste.
ségrégation
mais d'une
D'une
résidentielle
manière
part, tout
elle
est est
àunefait
sans
notion
différente
aucun
qui doute
n'a
des pas
formes
moins
coursqu'elle
extérieure
officiel.
revêt
Elle
etdans
moins
existe
le
tranchée : si certains quartiers de Budapest sont manifestement habités de préférence par
l'intelligentsia et d'autres de préférence par les ouvriers, la distinction, loin d'être brutale
comme dans l'ouest de l'Europe, est de l'ordre du plus ou moins. D'autre part, elle revêt
des modalités plus domestiques, ou plus intimes. Pour l'évoquer, on ne saurait mieux dire
que Guy Bürgel parlant de la division de l'espace urbain moscovite {art. cit., p. 74) : « Dans
la plupart des cas, à Moscou, rien ne permet, ni la situation du quartier, ni l'environnement
107
hongrie. l'aménagement du territoire
conditions
qu'elle
Les processus
s'exerce
dont par
doit
économiques
letenir
canal
compte
d'un
et certain
sociaux
la politique
nombre
qui d'aménagement
viennent
d'institutions.
d'être du
évoqués
territoire,
sonttelle
les
Comme dans tous les pays socialistes de modèle soviétique, les institutions
politiques combinent aux divers niveaux territoriaux le fonctionnement d'ins¬
tances élues au suffrage universel et d'instances émanant du parti unique,
organisé selon la règle du centralisme démocratique, le Parti socialiste ouvrier
hongrois. Autrement dit, la hiérarchie du parti double et pénètre la hiérarchie des
instances élues, et son intervention (y compris dans le choix des candidats à
présenter au suffrage électoral) est le facteur essentiel de la centralisation de
l'exercice du pouvoir. La centralisation apparaît en outre comme la garantie la
plus solide de l'équité dans la répartition et l'utilisation des ressources 25.
Au niveau gouvernemental, l'Office national du Plan occupe une place parti¬
culièrement importante, dans la mesure où la nationalisation de la partie la plus
décisive de l'économie subordonne le fonctionnement du marché aux prescrip¬
tions du Plan, qui fixe le niveau de l'effort à accomplir pour la période
quinquennale, la part de l'investissement, celle de la consommation, etc.
Au niveau territorial, la Hongrie se divise en 19 départements (dont la surface
moyenne est un peu inférieure à celle des départements français), dirigés chacun
par un conseil départemental et un président élus. Les 19 départements sont
divisés en 94 arrondissements qui, depuis 1971, ne conservent plus que des
antennes administratives et ont perdu leurs corps élus. L'échelon de base est la
commune, avec son conseil et son président élus.
De ces communes, dans les années d'après-guerre, le nombre était aussi grand
de
immédiat,
entre
inégalités
surfaces
stock
les
soumis
la
famille
deviennent
secondaire.
1978
Paris,
25.
province.
l'hôte
immeubles
; Voir,
les
national
1979.
G.d'acquérir
àutiles
qui
froideurs
Konrad
ni
la
sociales,
légalement
sur
Les
La
surtout
régulation
vous
des
et
spéculation
ceenfants
les
des
etpoint,
etlogements.
reçoit
extérieures
culturelles
lahabitations
I.de
pièces
tenue
majeurs.
Szelingi,
duse
M.
détenir
: est
marché,
la
voient
habitables.
Rakovski,
deAvec
etfortement
etdouble
l'immeuble,
insuffisamment
laplus
laMarche
spatiales
ouvrir
l'avènement
qui
quiétude
d'une
porte
»leintroduit
limitée
L'Etat
Marxisme
droit
: d'inférer
desrésidence
capitonnée
mais
domestique,
intellectuels
occupés.
àdu
possède
une
lal'acquisition
l'espace
régime
face
le forte
base
principale
standing
franchie,
Les
aujourd'hui
aux
par
est
socialiste,
au
est
inégalité
prix
l'interdiction
pays
la
pouvoir,
d'une
ici
duet
véritable
de
qui
de
logement
interne,
plus
àentre
laont
est
l'Est,
propriété
peu
partie
Editions
d'une
toujours
été
faite
entrée
près
la
Savelli,
àetnationalisés
privée
capitale
l'aune
laàdu
27sur
résidence
lorsqu'ils
qualité
chaque
le%Seuil,
Paris,
sont
sas
des
les
du
et
108
Controle de l'irrigation dans le département de Györ-Sopron.
Sans doute est-il contradictoire de vouloir à la fois la croissance économique et l'égale
participation de toutes les parties du territoire à cette croissance.
\ /
hongrie. l' aménagement du territoire
que celui des localités, soit quelque 3 000. Il apparut que, dans la période d'indus¬
trialisation accélérée où la production des ressources et leur collecte cen¬
tralisée aux fins de réinvestissement passaient en priorité devant la redistribu¬
tion et la consommation, le nombre excessif des communes était un facteur
de dispersion des ressources et demandait à être réduit. Deux formules furent
utilisées : la fusion et le regroupement en syndicats intercommunaux à inté¬
gration poussée. Le résultat de cette politique de concentration est qu'aujour¬
d'hui la Hongrie compte 1 425 communes (conseils municipaux) pour un
nombre de localités qui est toujours de l'ordre de 3 000. (Les 1 '425 conseils
municipaux se répartissent en 729 conseils couvrant chacun une localité, et
714 conseils intercommunaux regroupant, selon le cas, de 2 à 6 (voire 7) loca¬
lités.) Il faut préciser encore que toutes les communes n'ont pas un statut égal.
La capitale non seulement possède à elle seule statut de département, mais elle
est administrée sous le contrôle d'un ministère de la capitale. Enfin, les cinq
villes considérées comme les plus importantes du pays (Györ, Miskolc,
Debrecen, Szeged, Pécs) ont statut de département.
Ces précisions sont importantes, étant donné que l'échelon territorial décisif
est le département. Dans le système centralisé de collecte et de redistribution
des ressources, la collecte se fait en chaque point productif du territoire natio¬
nal 26, mais la redistribution privilégie l'échelon départemental. C'est en effet
là que se préparent, puis sont notifiées les tranches territoriales du Plan, c'est-
à-dire, tout simplement, le montant des crédits auxquels aura droit le départe¬
ment pour la construction des logements, des services, des infrastructures, etc.
Dans le conseil départemental siègent des représentants des communes, et
l'on pourrait imaginer que leur présence tend à faire du conseil départemental
le lieu où se passent les compromis pour le partage et le saupoudrage des
crédits. Cette tendance, si elle existe, est efficacement contrebalancée par l'inter¬
vention de la hiérarchie centralisatrice du parti, et c'est dans ce contexte qu'on
peut comprendre comment les chefs-lieux de département ont réussi à concen¬
trer les crédits de l'Etat en leur faveur. A l'intérieur de leurs propres départe¬
ments, les cinq villes-départements (et plus encore Budapest) ont bénéficié de
crédits supplémentaires pour la construction de logements et l'équipement de
services urbains. Mais on a vu que les résultats de cette mécanique se tra¬
duisent malgré tout, étant donné la limitation globale des ressources, à la fois
par le sous-développement des villages27 et par un développement insuffisant
directs
douteux,
tion
26.des
27. Essentiellement
Que
sont
crédits
ainsi
lafaibles,
concurrence
qu'en
d'équipement
non
témoigne
sur progressifs
les
entre
lieux
: lecf.les
titre
Gabor
demunicipalités
et laéloquent
neproduction
Vági,
dépassent
d'un
« Versengès
rurales
industrielle
pas
article
7 existe
%consacré
a dutervezésért
etsalaire.
agricole,
s'exprime,
au mode
» (Rivalités
carcede
lesn'est
réparti¬
impôts
dans
pas
110
la hiérarchie planifiée des villes
des centres urbains. Il semble que, dans l'avenir, afin de tenir compte de ces
déséquilibres, la ventilation des crédits d'équipement et de logement se fasse
moins au détriment de la périphérie et qu'une certaine déconcentration des
pouvoirs s'accentue. Déconcentration, et non pas décentralisation. Les ressources
propres des communes sont très faibles, et tout aussi faible, par conséquent,
le phénomène du gouvernement local. L'idée de l'intérêt général est étroite¬
ment associée à celle de gestion centralisée.
Appuyée sur le développement des pôles industriels existants, sur la création
des villes industrielles socialistes et sur l'implantation du cinquième du poten¬
tiel industriel à la campagne, la politique d'industrialisation accélérée n'a pu
être menée qu'en bénéficiant de l'armature institutionnelle centralisée qui réser¬
vait les crédits en priorité aux zones où se réalisait la production.
l'industrialisation
toriaux
en
les
sation
pement
la
localités.
La
même
dénomination
pouvoirs
conscience
intensive
régional
ettemps
dedesréaliser
qu'une
prend
dirigeants
àdes
de
a productivité
suscité
Plan
effets
lecorps,
réforme
développement
national
très
d'entreprise
territoriaux
ettôt
économique
élevée,
sonled'élément
désir
aménagement
etpervers
l'idée
harmonieux
que
deest
essentiel
remédier
s'ouvre
de
mise
engendrés
la du
en
planification
la
est
des
route
aux
réseau
phase
mis
par
régions.
déséquilibres
visant
en
lehiérarchisé
dechantier
processus
du
l'industriali¬
Vers
à accroître
dévelop¬
terri¬
1960,
sous
des
de
la planification),
communes
tions
comme
blesse enduimportantes
privilégiant
financement
entre elles,
Valóság,
dans
lalocal
lacommune
ledomination
n°àplan
la3, disposition
hiérarchique
1979.
chef-lieu,
duDans
conseil
directe
ainsi
cet de
des que
article,
localités,
des
département,
les
communes.
quelques
l'auteur
et souligne
qui
évoque
communes
répartit
la très
la rivalité
les
considérées
grande
subven¬
fai¬
des
111
hongrie. l'aménagement du territoire
de leurs aires d'attraction et la portée des services plus ou moins rares qu'elles
sont capables de rendre à la population, s'est traduite de diverses manières.
C'est elle qui anime la doctrine des « métropoles régionales d'équilibre » mise
en œuvre dans la France des années cinquante, afin de combler le « désert
français » en dotant certains grands centres urbains provinciaux de services
que la capitale était seule à fournir jusqu'alors. Il n'est pas impossible que les
promoteurs hongrois du projet de réseau hiérarchisé des agglomérations se
soient inspirés de cette expérience comme de bien d'autres menées dans les
pays capitalistes développés. Ils ont pu aussi recueillir les leçons des réalisations
soviétiques en matière d'unités résidentielles intégrées. Les Russes ont conçu
un système hiérarchisé d'unités résidentielles, dont l'élément est le micro-district,
ensemble d'immeubles d'habitation abritant de 10 à 12 000 habitants, desservis
par des équipements élémentaires capables de satisfaire les besoins quotidiens
de la population. L'addition de plusieurs de ces micro-districts compose une
unité de degré supérieur, pourvue d'équipements capables de satisfaire des
besoins plus rares, etc. Des exemples de ces réalisations existent, en particulier
à la périphérie de Moscou et de Leningrad.
Le calcul de l'optimum économique, qui est à la base de cette théorie, a
servi à fixer la carte de la hiérarchie hongroise des agglomérations. Certains
biens ou services sont de telle nature (rareté, coût) qu'ils ne peuvent être dis¬
tribués qu'en un point du territoire (la capitale) ; d'autres peuvent être distribués
en plusieurs points, d'autres encore en un plus grand nombre de points, etc.
Afin de réduire les très fortes inégalités engendrées par une histoire séculaire,
tout particulièrement dans sa phase récente d'industrialisation accélérée, le
Plan propose une pyramide hiérarchique de localités, au sommet de laquelle
se trouve Budapest, capitale pourvoyeuse de biens et services les plus rares
(en même temps que de tout l'éventail des moins rares, propres à satisfaire
les besoins de la population locale) ; puis viennent les cinq villes que nous
avons déjà citées comme dotées, chacune pour elle-même, du statut (et des
poles d'équilibre françaises, bien qu'elles ne portent pas ce titre, mais celui
crédits) de département. Ces villes sont l'équivalent fonctionnel des métro-
de « centres supérieurs spéciaux » 28 .
En dessous de ce niveau viennent sept centres supérieurs et onze centres
supérieurs partiels — en tout 18 localités correspondant aux villes les plus
importantes des départements, mis à part les cinq centres régionaux situés à
la périphérie du territoire et destinés à faire contrepoids à la capitale, en fixant
Facteurs
expressément
tion
28. inKaroly
Europe,
de l'urbanisation
le
Perczel,
Akadémiai
terme un
de et«des
Kiadó,
métropoles
de initiateurs
la concentration
Budapest,
d'équilibre
du p.
Plan
de » la
125-131.
deà population
la hiérarchie
propos desencinq
Hongrie
des centres
localités,
», Urbaniza¬
; cf.utilise
« les
112
la hiérarchie planifiée des villes
sur place une main-d'œuvre et une population jusqu'alors attirées trop inten¬
sément par la capitale.
Selon un degré décroissant de niveau d'équipement, on trouve ensuite
65 centres moyens et 41 centres moyens partiels (qui sont des villages en voie
d'urbanisation). En tout, la Hongrie se propose d'avoir en l'an 2000 une
armature équilibrée de 130 villes.
La hiérarchie se poursuit vers le bas, avec une nomenclature très détaillée
qui distingue entre centre primaire spécial, centre primaire, centre primaire
partiel, et enfin les « autres », les sans -nom.
En fait, ces nuances ne correspondent pas à grand-chose, étant donné que
la distribution des crédits ne descend guère au-delà du niveau des centres
urbains et que l'équipement des autres localités n'est pas hiérarchisé, il est
tout simplement négligé. Mais l'élaboration de la hiérarchie a nécessité une
constante discussion entre les experts de la planification territoriale et les
responsables locaux, et, dans bien des cas, le label de centre partiel a donné
bien des compensations psychologiques aux collectivités locales qui ne par¬
venaient pas à accéder au rang de centres importants. Des compensations
psychologiques qui ne se sont pas monnayées en subventions. Le Plan est
actuellement en révision, car il semble qu'à l'origine, même en démultipliant
les appellations pour accorder des satisfactions purement psychologiques, le
planificateur ait vu trop grand, eu égard à la quantité des ressources possibles.
En effet, les villes ne se sont pas développées aussi vite qu'on l'espérait. Les
cinq centres spéciaux, avec des populations dont le chiffre tourne autour de
100 000, ne parviennent guère à rivaliser avec la capitale ; les autres villes
n'ont pu être toutes équipées de la façon souhaitée, et, comme on l'a vu, les
migrations rurales n'ont pas suivi la voie (si l'on peut dire) hiérarchique qui
va des plus petites localités vers les plus grandes, mais se sont concentrées
dans de gros villages proches des villes, et pour lesquels le système de distri¬
bution des crédits n'a rien prévu.
Dans la nouvelle hiérarchie révisée, la notion de centre primaire partiel
disparaîtra, et environ 130 villages de niveau « centre primaire » seront retenus
pour être équipés d' « éléments à caractère urbain ».
Il semble, par conséquent, que les autorités s'apprêtent à tenir compte de
l'impossibilité d'enrayer le processus du développement inégal de l'espace.
S'il est impossible d'équiper tous les centres urbains prévus à l'origine comme
devant couvrir d'un réseau dense tout l'ensemble du territoire, et si l'on veut
que des centres moins nombreux soient équipés en service à long rayon d'at¬
traction, il sera nécessaire de faire porter l'effort de manière plus accentuée
sur l'amélioration de l'infrastructure routière et ferroviaire existante.
L'exigence de productivité, liée à une industrialisation intensive elle-même
très exigeante du point de vue de la qualité et du niveau de l'équipement urbain
et des services, entraînera, semble-t-il, que soit entériné le renoncement à vou-
113
hongrie. l' aménagement du territoire
loir équiper tout l'espace et que soient développées, en contrepartie, les commu¬
nications.
du territoire
114
la hiérarchie planifiée des villes
à 30.
d'une
lisation
moyens
financer
touristiques
teur
ritaires
oublier
feste
la
autrichien
de 29.
fait
solution
l'Ouest
en
puisse
Le
Ces
zone
à (l'équipement
financiers
que
industrielle.
matière
ses
celles
tourisme
ont
hongrois,
opérations
de
littorale
àimportations.
la la
recouvrir
passé
Hongrie
dont
d'investissements
mesure
coopération
d'impulsion,
apporte
pour
Mais,
un
sedes
proche
une
ponctuelles
accord
charge
souffre
dele
Cependant,
villes
mauvaise
àune
lade
tourisme
lainternationale
qui
demande,
pour
partie
en
différence
de
l'Autriche.
pour
serait
d'aménagement
restent
France
pénurie
le
répartition,
ilde
oudéveloppement
les est
retiré
devises
étant
lorsqu'elle
résidents
centralisés
de
lade
difficile
: le
laDATAR,
main-d'œuvre,
àdonné
gouvernement
DATAR,
capitalistes
moins
d'autres
etau
nationaux
prépare
au
que
depays
mixte
visible,
niveau
qui
développement
ce
lorsqu'elle
dont
de
le
de
les
qui
bien
!).
apparaissent
hongrois
de
V
développer
des
certaines
conditions
En
serait
la
Al'Office
que
forces
THongrie
outre,
impulse
I cette
orienté
et
nezones
national
ressemblent
existantes.
le
dispose
les
tout
on
d'une
agouvernement
pénurie
l'équipement
équipements
besoin
vers
ne
touristiques
aussi
décentra¬
du
doit
pas
cemani¬
Reste
Plan.
prio¬
pour
tout
sec¬
pas
des
115
Hongrie. l'aménagement du territoire
nation entre les aménageurs et les agents économiques se posait donc, d'autant
plus aigu que les agents économiques sont loin de coordonner leurs politiques
de décentralisation et que toute décision en matière de localisation industrielle
se heurte à l'accumulation d'une série de difficultés, telles que la pénurie géné¬
rale de main-d'œuvre, la pénurie des sites aménageables pour l'industrie, les
contraintes imposées par les règlements sur la protection de l'environnement
et, naturellement, la nécessité de prévoir en temps utile la construction des
infrastructures. Dans ce contexte, la concurrence désordonnée des entreprises
sur les mêmes sites pouvait avoir des conséquences très dommageables, que
les autorités ont tenté d'éviter au moyen d'une coordination préalable confiée
au V A T I. En fait, l'Institut n'a qu'un rôle consultatif, qui consiste à coordon¬
ner et à faire circuler l'information relative aux projets de décentralisation
industrielle échafaudés au sein des divers segments ministériels et des grandes
entreprises, et à analyser les capacités des sites envisagés.
Enfin, le V A T I a la responsabilité d'élaborer, à l'échelon national, régional
et départemental, des plans de développement, c'est-à-dire de prévoir de quelle
manière le développement économique se traduira dans la transformation de
l'espace, et de prévoir à temps la mise en place des infrastructures, ou les
mesures à prendre pour éviter les conséquences non voulues.
personnel
mistes,
Il est parmi
intéressant
d'architectes-urbanistes
lesquels
de noter
certains
queont
leet Vtravaillé
d'ingénieurs
A T I, qui
à l'Office
civils,
comprenait
national
s'est adjoint
essentiellement
du Plan.
des écono¬
un
116
-AîLu ISbO
Budapest.
hongrois
La avec
satisfaction
la mêmequ'éprouve
liberté queledans
touriste
n'importe
occidental
quel pays
à se du
mouvoir
Marchésurcommun.
le territoire
Hongrie, l' aménagement du territoire
118
planification économique et planification spatiale
locales en matière d'experts ne sont pas suffisantes pour alimenter les bureaux
d'étude envisagés pour la province.
En résumé, le système de la planification hongroise se présente de la façon
suivante : les plans quinquennaux de développement économique et social sont
la pièce essentielle du dispositif. On pourrait dire que, comme en France, ils
ne couvrent que la part de l'économie qui est nationalisée, mais, en Hongrie,
cette part est prépondérante ; par conséquent, le rôle concédé au marché
demeure tout à fait marginal. Les plans déterminent le montant des ressources
qui seront affectées aux différents secteurs de l'économie, au rang desquels
figurent le bâtiment et les travaux publics.
Le Plan reçoit sa traduction opérationnelle sur le plan départemental, où
se fait la répartition des crédits entre les agglomérations, selon les normes fixées
par le Plan d'aménagement du réseau hiérarchisé des agglomérations.
En principe, cette traduction opérationnelle doit tenir compte des conseils
prodigués par les experts de la « planification régionale », chargés de proposer
les moyens de remédier aux effets spatiaux non voulus des décisions écono¬
miques. Enfin, ces décisions (en matière de bâtiment et de développement
urbain)
tion dessont
sols.appliquées au moyen de plans d'urbanisme, ou de plans d'occupa¬
119
hongrie. l' aménagement du territoire
ville
tout
pement
sont
le
A
et
industrielles,
qu'un
occupe
d'un
de
fortement
Le
centre
plus
l'est
Budapest
attendant
concentre
entière
un
statut
cas
gros
commencent
àun
qu'on
quartier
des
l'est
de
avec
village,
rang
particulier31.
etet
un
encore
Budapest
ministères
peut
encore,
en
comporte,
les
leétonnant
ministériel
très
quartier
elle-même
zones
avec
observer
quelques-unes
l'équipement
convoité
on
doit
ses
etindustrielles
S'étendant
en
faubourg
du
trouve
des
chemins
etêtre
quelques-uns
sur
un
château,
fait
affaires
pour
puissant
l'ensemble
évoqué
(17e
du
des
partie
qui
dedu
sur
leur
arrondissement),
tout-à-l'égout.
àterre
de
zones
n'est
l'ouest,
nord
pour
un
raccourci,
des
charme
du
Pest,
du
etrien
vaste
qui
et
gouvernement,
traits
ses
lui-même.
territoire.
sur
dudemandent
résidentiel
de
maisons
territoire
sud,
principaux
les
lamoins,
rive
àinégalités
qui
proximité
Les
Avec
bordées
droite
gauche
enserrent
dans
la
administratif,
et
àcollines
de
un
être
capitale
qui
de
du
son
lade
maire
du
des
rénovées,
contraste
dévelop¬
Danube,
Hongrie
de
jardins,
boisées
aspect,
fleuve.
zones
jouit
près
qui
la
sur31.la rive
enjambé La d'un
ville
droite
pont
de du
Budapest
permanent
Danube,estetnée
(lede pont
de la Széchenyi)
Pest, sur
réunion,
la riveenque
gauche.
1873,
depuis
des
Large
localités
1848.
césure,deleBuda
Danube
et Obuda,
n'était
120
planification économique et planification spatiale
121
hongrie. l'aménagement du territoire
ment
pratiquement
Unfavoriser
leurs
contrepartie
pas
200
à250
32.000
locataire
qu'un
Bien
appartements
en(50
francs),
copropriété
salaire
entendu,
000
ladedeinexistant
fixation
quelque
francs).
Budapest
alors
moyen
qu'à
lescoûte
qu'une
des
150
Ces
prix
tout
la
est
etimmigrants
000
différences
àcondition
sont
un
mouvement
de
maison,
Budapest
forints
locataire
l'ordre
plus (environ
dans
élevés
sur
que
dede
de
résidentiel
de
prix
lele
1600
une
Pécs
à 30
000
pourtour
Budapestois
entre
Budapest
000
petite
000
à(auentre
la
1àfrancs
200
sud
ville
capitale
extérieur
unque
Budapest
francs
demillion
reçoive
au
dela
dans
cours
etprovince,
Hongrie)
depar
lales
de
de
et
Budapest
officiel
province
mois).
les
villes
forints
sonn'en
n'échangeraient
autres
—
vis-à-vis
Un
deetcontribuent
(120
n'oublions
coûte
province.
àapparte¬
villes.
rendre
000que
uneà
122
planification économique et planification spatiale
Conclusion
123