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Qu’est-ce que le figural ? pore Reree Pars, tarmatan, oltre cll. Guerre phiosephique ‘ec Domingue Chateau ese La pertinence du concept de figural ~ forge par Jean- Francois Lyotard dans Discours. Fjure' ~ tient assurément & son extraordinaire actualité, comme Tateste la récente publi cation du collect Figure. fgural. Ouvrage qui nentend pas Seulement proposer une série Garces autour des themes de Jn figure et ds figural, mats qut sefforee surtout selon une Jogique présentée par Frangois Aubral et Dominique Chateau dans lear avantpropos comme « ascenslonnelle», de déplayer tune réflexion problématique sur Je concept polysémique de figure (fqure shetorque, philosophique, iteralte,musleale ou encore einématographigue) dont le fural apparait comme la derniére tncamation. It ne saga pas let de synthétiser ces diverses contributions, mais bien dinteroger direetement ce concept de figura. pour autant quil est tout a la fis Te point de fue de ces articles et ce qu sous-ted et justine ensemble de Fenteprise. «Estee Callers, sinterrogent nos auteurs. in oneept au sens general du terme ou plot un fort actvaleur de pensée et de ereation, par ailleurs aneré fon dans a trad tion» (p.7).Ce nest pas un des moindres Inerts de ee tr wail que de reprendre et terme quelque pew oublie pour pen ger leavers i question de Wt gee att ioder de mage "Sans le deferment des inages contemporaine, te fal nous pose en effet ectte question urgent, brute comment 2 pense, une unage? Ou bien: comment Timage peit-elle 1. Paris, Klincksleck, 1971. QU'EST-CE QUE LE FIGURAL ? 93 penser par elleméme, indépendamment de tout discours ou coneept (commentaire, sous-titre) qui Taccompagne ou la justi fie? Cette soudaine aewualite* du figural, qut est tout aussi bien son inactualité, sinserit de fait dans Torigine moderne de la rflexion estherique. Kant ne definissat-l pas la singula- rité de Toeuvre d'art comme « Idée esthétique »,& savolr« repré- sentation de Timagination qui darine beaticoup & penser, sans ourtant gu‘aucune pensée déterminge, cest-a-dire suns {qu aucun concept (nous soulignons) ne puisse lui etre approprié et, par conséquent, qu‘aucun langage ne peut exprimer com: plétement ni rendre intelligible *» ? La beaute figurale, on va le voir. aggrave singulférement la position kantienne. Mais qu'est donc le figural ? Et que rend: possible, et done pensable de ‘manigre originale ? Pigur. fourat ral Ce terme dott se comprendre tout abord dans son rap- port au concept de fgure et comme une protestation contre la Comprehension unilatéraement igure de_celle-cl: «La pelnture nla ni modele a représenter nl histoire & raconter Hote Deleuze au sujet du travail de Bacon. « Dés lors elle @ comme deux voies possibles pour éehapper au figuraif: vers Ja forme pure, par abstraction: ou bien vers le pur figural, pat extraction ot iolation. Sle peinte Gent & la Figure, il prend Ja seconde vie ce sera donc pour opposer le «figural au figu 2, Voir notamment Jacques Aumont. A quot pensent les ns, Pats, Seyler, 1990, en pattie le chaplire inital « Figurable. gu rat figural. 18 5 3 Voir ia lecture des Annonciations de Fra Angelic que propose Georges bit Huberman, visa fire emerger une logue de Ta ds- Sembiance pletial. eners de la lgsgue de la mara, serie dans Te projet theclagque de la guration de Tiniigurable mystere Tinea Fallon. Didi Huberman, largement trbutare du concept jotardien. ‘Sone aint «le mde de peste Ngural mode Yoradamenta de Ta pen- fee ehretenne [| aux anupodes de toute notion de Texique ou de vocabulaire sconographique » dns ra Angele, Dissemblance et Rauratien Pris, Frammarin, 1985, p. 96. t Kant, Critique de la faulted juger, § 49m Buares philoso gues, til, rad. Alexandre J.-L Delamare, Paris, Gallimard, 1985, . 1097. oe CRITIQUE sit 2a ete Sean oA eras Sent ae ee eee ere Soret tase aera ee Taitaeiee aeeeamcs feeteeare cman ira con beng step Sees Seana ena Peace eee eretmnt seni aan Soe eee et Gear annie Eel cere ee gene we tas pape Saree ee Sait ee ment meme les deux ensemble, mals se wouve Insert, 1a Token are crmcne cian. Bree Sees eee Sas ae nee Seacrest ised See Sas 5 Giles Deleuze, Lagiue de tx sensation, Pans, La Diferener. 1996, ».9. 'o Brich Auerbach, Fgura rad, Mare André Berner, Pais, Bein 1993, "7. Philppe Dubots, «La quisvon des Figures travers les champs du sale savoir de Ia Tesolge note sur Figura Erich Auer tac Pigute arl op. lp. 1124 18 Ch par Auerbach, op ep ©. ausbueh op op 12 QU'EST-CE QUE LE FIGURAL ? a5, tre et paraire*», Cet entreceux qui, on va le vr, se diver sifie et S'affole avec le figural, reste dans la logique de la figure- forme largement connote ehirarchise: la igure Wsble sor ddonnant & son modele matric iviible quelle a pour tache de rene manifest. Ce fast. Ta figure se donne 2 penser ‘SS une lopque mimehique, ands que Te figural en fait cexploser, en défigure le cadre. Le proj figura se constitae en eet comme efor de subordiation des gues visbles des gues lsbles tweaks I visble danne & wai facarne. met en scene, jie tm tee tine histor 'a sens alberten terme. Late plctural de la. Composition, nous it 4 ce propos Albert, consist a artculer sbi et sible 4 fare ie tn tex alegre mythololque ou {ent biique arene muanfste Thistrts «La compostion ct ln'maniere de peindre par laquelle les parce sont composts dans une crue de pente. Lieu majeure dpe. est This. ks parties de histoire sont les corps. In partie du comps este membre, pare di mere est la surace "> Lapproche Aes figmes engage dans ces conditions un travall delete ct ‘interpretation. notamment eegetique'. Ce qoute (parce quit en a pas eso) le projet figural, est Fopact et ie Tuite msl au lisble: Dégager ce vale comme tl est, ‘he protestation inl qui ent sur la vole dt gual de layne purement visbie: "Ce Ieee pres que e donne Mt pas un texte, lly an Ll une epalbseur, a ptt une fiferenee. const, gu mest pase mais ve» 10. Ph Dutais, it, p. 14. G. Du-Huberman note pour sa part se caracttre absoliment opératoe et diferente de cele aso a figure [ol Cete nature purement operator de aie explaue pow ‘hol i sta fice. impossible mene, dela defi comme une chose Shr comme une relation simple: ia figure eet toujours ene deux ‘Sea deux univers deux temporaite, deux modes de sguifcations TI Ble est enge ta forme senibie(schéma) et san contra la Kame lial (efon» op. p 98 1 Alber, De pect, rad. J-L. Scheer, Pars, Maca. 1992, p53. 12. Gest du reste. independamment du domaine pictura. Tobe deta seconde pate de Tourmge derbach consacre analyse des ‘Tigures propteiques» de TAncien Testament. antspation » gure > GulNoueat Testament, proposee parks pees de Tae 13 J-F Lyotard, Daedric, p Vl Tarte de rane seis Aub = Vara Ogoral gre, faa 68k p 197 16 CRITIQUE Falre émerger la figure hors du texte, la lbérer de la ssuprematie de Fhistora, de Ia narration et du commentaire ne signe pourtant pas que le visible perde tout sens. I ne sagt ‘pas dans ce mouvement engagé contre la «ratio oceidentale qut tue Fart en meme temps que le réve "» de proner quelque for- ‘malisme gratuit, un jeu asignifiant dela figure. Cette protesta: tion se double du désir profond de mesurer et dexprimer un espace qul justement échappe ala prise du textuel et de fordre ‘discursff (un dehors di langage qui le ravaile pourtant, on va Je voir, de Tintérieur), ‘Autremient dit. le figural ou la pure figure fat sens sans ire histoire : quelque’ chose est voir et a comprendre gui ne ‘peut se dire mais seulement se montrer. Toutefots le fgural ne ‘designe pas uniquement, et par la négalive, quelque figure non narrative, dégagee de son modele sntelighle, mearné en réfe rent textuel €¢ par conséquent non mimeétigue (au senso la rmimésis sartcule a Vhistora "le figural se veut bien phutot expression d'une realité en exces, em débordement sur Tordre discursif et intelligible. I'y a bien un réferent du figural, et non. tune pure autonomie de ia forme visible. Dans ees conditions. Ja question du sens est moins évacuée ou mise hors eireuit que est profondément modifiée celle du mode de stgnftcation propre au logos: Le visible ete lisible La protestation initiale contre Thégémonie du diseours philosophique et structuraliste ne consiste pas simplement a ‘opposer, pour les renvoyer dos 8 dos, les régimes du visible et ddu listbie, Loriginalé et la fecondité de analyse de Lyotard ‘consiste, en un premier temps, @ renverser plutot qu‘ les dis: socier les termes de ce rapport: cest le lisble (le texte, Peer ture) qui esta voi, qui se donne a voir eomme une realité spa tale et sensible, tes les tableaux-signes + brouter» de Klee «Lecriture, a la difference de la parole, institue une dimension, fe vistbilté, de spatialite sensible ".» Lexemple du Coup de dés de Mallarmé prend a cet égard une valeur emblématique pil. ote Resse? W. Lee, Ut petva pests, trad. Maurice Brock, Paris, Macula, 1981 i Lyotard, ope. p64 QU’EST-CE QUE LE FIGURAL ? 97 ‘ce que le poéme entend dire, il ne le signe pas (comme sie sens traversalt les mots invstlemert), mais le designe, Lexpnime le manieste dans une exterior spatiale. La constell, tion, Tocéan du hasan se donnent.a voir dans ia disposition typographique des vers, dans leur lodemert meme, comme dans Jes lanes, les espacemenis (le tot sans nouveauté qu'un espa Cement ce a etre», ott Mallarmé daca prefe. De sre due stouvre dans ce prodigix poeme un «espace figural: Te signile se trowvant au plus pres du signiant graphique, aflec= tant para meme la spnicaon censée sen extra. cst len pls qn assemblement: cea espace gurl, dea present dans Tespace texte. gu vent se giscr sous fe sg Hn pig ae flan ne eon ole remververnent: le dscoure de sigacaon habit Tre par ig crate poors 4 syste manne nn ect dane son extenere de sgnant raphe) pare mime Jeu spatial primaire ‘inst la relation du mot a a chose, ou Fautre que sol, ne reléve plus de la sirite signifeation, mais bien din mouve- ment de désignation: par une régression en deca de la Lingus Lique (et du signe immotivé saussurien), Lyotard vise Tautre du langage, exterieur a Tespace lingulstique, ce que pourtant 1on designe, Ton montre du doigt en parlant. de linterieur meme ddu langage. Ce dehors radical rend let possible la signifieation. Je rapport abstrait entre le mot et la chose, Des lors, le propre ddu traitement esthétique de Téert est de révéler lantertorite de eet espace de désignation sur celui de la signification, Aussi Teeriture refléchitelle autre du langage en tant quil rend pos- sible silencicusement. la parole (écrite ou prolérée). Origine silencieuse de la parole : cette autre chose que Je ne peux ppas dire (un « dehors » deleuzien) me falt parler (et penser, Sans quol févoluerais dans un monde de pures signifeations qui niexprimeraient rien, ne seraient daucune ve. Afln de faire €merger cette condition silencieuse et sensible du discours, sans Tisoler, autrement dit saris Tabstraire de nouveau en concept, Lyotard mobilise le concept de swréflexion quil emprinie & Merleat-Ponty. 17, Hytard, bid, p. 402: om cRiTiQUue La surréflexion doit nous permettre datteindre I+ ontogé- nése + des choses, le monde ron-dit, slleneleux, quoique avide expression, antérieur aux significaions idéales. Cette sure flexion se distingue en effet de la reflexion. prise en son accep- tion ordinaire de retour introspectif sur sol-méme, en cect ‘quille nisole pas, quelle nabstralt pas le » sujet» reflechis- sant du monde qui Tentoure, Se réfléchir, Cest se découvrir fenté sur une experience globale, simultanée et organique de Teire, sur laquelle les concepts traditlonnels de + sujet» et T-abjet» auront été par Ia suite prélevés et abstraitement ‘constitués. La surréflesion aurait ainsi pour particulate detre retour sur soi, ce qui est le propre de toute réflexion, sans ‘rancher les lens organiques qut nouent le sujet reflechissant 4 Texpérience (ou encore 4 ce que Merieau-Ponty désignat, dans la préface de la, Phenoménologic de ta perception, par + structure mok-autrubles choses +). Nous eneeroyons Ia néessité Pune autre opération quel comer sion refledve. pls fondamentale quelle, dune sorte de sure Jledon cut tendrat compte aussi delle meme & deo changements (quel introdutt dans le epecacie. qui dane ne peda pas de Yue Ia chose eta perception brute tau enfin ne ts eller pass ne Couperait pas par une hypothese dinexistence. les hens rae higues de fe perception et Ue la cose pergue et se donnerat au fontaire pout tached les penser (1. en parler not pas selon la Tot des signications de mots inherentes au langage donne, mals par un effet, peu exe dif qul les emplate @exprimer dela {Telies: memes, notre contact mel avec es choses, quand eles ne Sent pas encore des choses ites Une surréexion sur le langage réfléchissant, sans Tabs- \raire, Tespace préalable et extérieur de déstgnation n'a rien & faire avee la these smpiriste d'un langage copie visible des, ‘choses. Un autre mode de esineidence entre mots et choses est feven jeu, «une maniere, dit Merleau-Ponty, de faire parler les ‘choses mémes ">, En dautres termes, le traitement figural, urement visuel, de Técrt et du langage articulé ne consiste pas 4 prendre les mots pour de simples copies du designe, 18, Maurice Merleau-Ponty. Le use et Piwisbe, Pris, Gall smard, 1964. p61. ~ Lyotard repren cette question. ap. cl, p. 23 54 19. M Merleau-Ponty. pel. p. 167. QU'EST-CE QUE LF FIGURAL ? 919 mals a y voir Texpression spéefigue d'un contenu inaccessible Ja signification abstraite. Que les «choses mémes » se disent, plutot que je ne les vise abstraitement par un signe immotie ta dans ces conditions plus rien a voir avee une dialectique heégélienne, soucieuse de résorber Textértonite du réel dans le espace figural. nous dit Lyotard, espace meme de Texpres son, exprime et designe Teuéniement adagique et cedtscwrsf par ‘excelence du dési. Sie desir est Evenement exterieir ait lan age sigan, ne vent pas sy inscrire de fagon imsmanente {La puissance du dési eonsistejustement & exterioriser la force ‘ransgressive quill est par mature des lors le déskr ne se recuelle pas dans Fert le traverse sauvagement, le brouile Je trouble, ll fall violence ®, inst le figural ne se donne pas cemme Tincarnation dune dée, mats prod a dfnien para: dioxale d'une gure-déigurante et défgurée: pour autant que ce Gquielle donne a wor rest pas le résulat fit un processus de Inise en forme ('n-formatien imaginative de 'Eivtdungskraf de la philesophie allemance), mals Tespace ouvert au processus en cere. sa dynamique ot a son devent. ‘SiTon peut bien dire que la force et la fnalté du figural sont a coup sur de « materatser imate. de) jgurer inf durable?» encore fautllpréciser de quel» inmate » ou de uel «ingurabie il sagt Comment. par exemple, distinguer fet enjew du figural du but assigné par Schelling & Taruvre art’ etre «a presentation fnie de Hinfini»? Ou méme de cette étonnante’ formule de Platon, dans le Phadre, selon Jnquelle « in Beaute entre toutes les essences) Joult seule du privilege d'etre la plus visble eta plus eharmanie * » > 20, Dans son analyse igurae de Teer. Lyotard note que Fessence rméme du figural. espace de Tinconscent et ‘de Texpression (op. cl . 19), tava ke texte mallarméen sear Il sagt bin avec cele og fire disposition ypographigue de lever la repression du dst qu das ert aleteFespace gurl» op. ct, p. 64. m.28.— Sura leture figs fale de Feet en tant qu'expreceion dune pense visuelle spsiique. vir Tati de Phllppe Dubois Léertture fgurale dans le cinta met des années 20. dans Pogue. fgwnal ea cit en partie les remarsues Sure sure dans le Doceur Caligari de bert Wene. 253 54 21. Expressions de Philippe Dubols, op. 280, 22) Phodee 250 329 criTiQUE Lespace figural: du déstr au «corps sans organe » Ly a, éerit Lyotard, une « connivence du désir avec le figural». Gn pourrait, afin d'élueider ce point central, et par un detour que nea sans doute pas désavoué Lyotard, rapprocher ce desir de la force vilale, telle quelle sentend depuis ‘iewsche : & savoir la manifestation. Qu'est-ce en effet que la Vie pour Nietzsche, sinon la Volonte de puissance : autrement Git Un voulotr sans sujet, qui veut toujours vouloi. sans but ni Tinalile autre que de manilester sa vialite? « Ce qui est vivant veut avant tout déployer sa force. - La vie ellememe est Volonté de puissance: Tinstinet de conservation nen est quiune des consequences les plus indirectes et les plus cow antes *.» Parellement fon pourralt dire que Lyotard pense le désir comme un vitalisme foncier dont Tessence est de se manifester, de se montrer: La manifestation du déstr est celle lune transgression, dune violence deformante et défigurante, fea telle est la force consttutwe du désir que detze violence faite a un ordre législatif préalable. Reprenant Tanalyse fre lene du desir comme’ «expression travestie dun des caché », Lyotart montre a juste tite que le reve n'est pas un diseours greffé sur le désie, ni ne parle du desir, mals est le ddésir luiméme a Teeuvre et au travail, Les quatre opérations, freudiennes de la formation du reve (condensation, déplace- ‘ment, prise en compte de Ia figurabilté, laboration secon- dire) sont autant d'étapes par lesquelles le rive se forme ent (ant que wansgression. Le travall du reve ne sopére pas dans ‘ees conditions par la traduction dune Kdée abstraste en forme cconeréte, ni par le passage d'un contenu latent a un contenu anifeste, mais blen comme processus de transformation et de 23. Lyotard op. ftp. 271 24, Nictache, seas oon Gul und Blse, § 13, ty G. Cal IM, Monin, Dlde Gruyter, 1988, p. 27 25, Le reve donne avant tout 8 vor, et ce gui donne & com: prenafe ne felevetil pas dun surplus de fumére ? Gathe ourre ‘quelque cose comme lan espace figural, Torsquil fat écnre_a Odile ‘dans son journal: + Ona beat fle, on sigue toujours que Ton vt Se'tots ue Fhomme reve uniquement pour ne pas cesser de ve Ise pura Bien qu La umlereintrieure we eprom beau four hors de QU'FST-CE QUE LE FIGURAL ? sa {temps a comprendre, c'est la foree de déplacement et de trans- iession du desir. Ine s agit done pas ict de traduire dans une Jangue intelligble le reve-rébus, den déerypier le sens latent. Pourtant, tout ne s'épuise pas dans le visible et dans cette extériorité de la manifestation. Linconscient originate, Tes. pace fantasmatique du désit, reléve en ellet d'une « figure- Fmatrie » qul test pas « plus visible quelle rest lisible La fgure-matrice- oil une figure quelque pew énigmatique, quill parait difficile, et pour cause, de die ou de figurer. La «figure: matrice », eontrairement ce que Ton pourrait croire, ne ‘designe pas une origine conditionnant les deux autres modal: tés de T+ espace figural». & savoir la figure-image (le trace geo metrique) et Ta figure-forme (le schéme) ; ni quelque origine ‘eachée, une réserve en deea du visible, ou son invisible condi tuom de possibile, Cellet a figure-malrice)atteste que ce qul est en feu est ben autre da dstours et de Tinteligite, Etablir cette matte dans lun espace textuel. a foro sysiématique, ce serait, Timagsner tomme une arch, ce seat nourr son endo un double fan fasme: eelu! dune ergine debe. Or la matrice fantasmatique loin dtre une ogc alese Tkverse, que nate orgie ea se absence dorune, et que tout ce qul Se présente comme Tobjet (fun dscours origrate est une figuzetmagehallucatote, prée- ‘tment place dans ee ont ntl On dira que la fgure-matrice nourrit & chaque instant espace figural de sa violence et de sa difference constitutive origine en négatif, est en somme le fantasme a Tetat pur, TLtopie meme de ka transgression qui se joue la. Il ressort done que Tinwisibalte, Thmmatériel qui fait le sens du figural, ne releve pas d'une pure transcendance, mais d'une inmanence fondamentale. Enigme d'un invisible qui tient visctralement, ‘ous nities, en sorte que nous naurtons besoin aucune autre (Les ‘Aifowes eecives, wad. Pre dy Colombier, Pans, Gallimard, 1954, 280), 26. Lyotard, op et, p. 278 27. Tyotand. op et. p71 2 CRITIQUE comme sa doublure, au monde visible. La lecture de Merleau-Ponty, comme celle d'un Cézanne qui « pense en pein- ture »,sous-tend finalement la problématique fgurale : en tant que lesthetique se donne a explorer, a montrer Ténigme de Timmanence, la alson strultanée du visible et de Mnvisible. analyse de invisible elfectuée par Merieau-Ponty passe, si lle ne la, conditionne pas véritablement. dans la « figure- rmatrice » de Lyotard = espace de pure transgression oppose lun espace articulation (qui nest autre que espace du sens et du discours). « Laffinmation de la présence nécessaire dune epalsseur c'invisibiite essentielle et constitutive du visible est tune fois de plus claire et forte: feonforter} Lyotard dans ses recherches sur le non-dit, cette part anti-logique de I Etre ® » [a figure-matrice intervient done de fagon décsive dans la déconstruction du «logocentrisme » de la pensée occidentale, Retenons, en guise de definition, les quelques points sul vvants : 1) Le figural est une figure purement visible, autonome, dégagée de tout referent externe : en Toccurrenee de Torre dis ceursif (concept, historia, narration, pour autant quis « sur- plombent » les images). 2} Le figural est la figure de Tinfig able, de T+ immatertel» comme fel” : 1 s'agit bien de fare voir tun exces, un debordement des figures. une logique de trans: ‘gression ‘par rapport a la eloture systémique du discours logique » du désic, donc, mais aussi des forces vitales que Deleuze repére chez Bacon, ou encore des hallueinations sub- 2. M, Merleau-Ponty, LEU et PEsprit, Paris, Gallina, 1964, . 88: +[.]e propre du vie est Cavotr une doubture dinsble at fens oct qui end present comme une certane absence.» ‘28, Prancols Aubral, op cf. p. 203. Lauteur note juste tre (Wid. p. 202) lemengence de ta roion de gurl dans ume des notes de Arava Viste et Poise de Meteor "20. Ace te, fara se demandet dans quelle mesure la beaut fguralenouere pas une vote paralle une «Issue» 2) 2u + post. ‘deme. Post mogeme dont Lyotard eet qu'l a pour object. comme fintessence di moderne de» peesenter quily ade Tmpresentabe ‘Bre vir qu'ly ade limpresentable. Faire ote quily a quelque chose {que Ton peut conceal et que Fore pet ps vot fae solr Wola Tenjeu de la peinture moderne» (Crique avril 1952) Présentation “migauve «ou bane: tandls que le fural presente Texces de prese {ation (exces rela au ciseursi presentation «xtra-vsble » pourralt fon die om ae presence» QU'EST-CE QUE LE FIGURAL ? 2, Jectives du Dr Caligar, analysées par Philippe Dubois, enfin {de Falterite ct de la diference constitutive du divin chez Denys ‘raréopagite lu par Didi-Huberman). 3) Mais pourquoi ce privi- lege de Timage pour exprimer la transgression ? Crest que le ‘igural donne figure & ce qut par essence tend a la manifes: (ation, @ Texparsion vers le dehors, pour y lalsser traee, sy ‘nserire comme force dynamique rythmique et pulsionnelle 4)Ainsi la «définition » owverie dui figural, comme nous le ‘otions plus haut. est par nécessité paradoxale: la figure de Tinfigurable est une Ogure-defigurante, défgurée, engageant tune logique des ressemblances dissemblables ». Dans une perspective differente de celle de Lyotard, mais non sans parenté, Deleuze reprend ce «concept » pour appre: ender la spéeifielié de la peinture de Bacon. LA encore, Titer. vention de Cette notion para largement justifiée parla volonté de cerner une pensee authentiquement visuelle. Cest bien un vitalisme arogigue quill sagit chez Deleuze : non plus ka force de transgression du desir. iais celle de la sensation et de Ja pure vitalté dun « corps sans organ». « Contrairement & lune peinture misérabiliste qui peint des bouts dorganes, Bacon ra pas eessé de peindre des corps sans organes, le fa Intensif du corps ®.» Les effets de déformation de cette peinture sont rlen d'un Jeu gratuit sur la figure : ily a lt cet effort pro igieux, «athléiique » ajoute Deleuze, du corps sortant des, ar quot sexprime Tintensité de la force vitae. Reprenant, Artaud cette notion de « comps sans organe », Deleuze déslgne par la meme la « vie » en tant quelle excéde la structure org hique et son espace délimlté, constitué. En des termes qui do vent beaucoup a Nietzsche. et en singuliére affinite avec la pensée vitaliste du potte-philosophe Novalis ®, Deleuze conceit, SI. Aricle ite, p. 258 (erture Agurale comme opérateur de subject 12, G. Deleuze, Logique dela sensation dct. p. 34 33, Novalis note ainst cars un des fragments de som Broun general pr 235): + Laue est en general le Mensinaum unisersale asa cL esmode de tson universe ~ [hy a des gences tnfniment no ‘weir de le, Tout agane est excrément ou prot de fave)» La vie est pas dliitée dans e par lorzane, cest pluto cele quest * produit», eet, I excrement» de son procs infin et reat Volr egaleient Ten 'H42 "La thon des dyes de ale ~ cost adie ou cririque expression de la force vitale comme un procés variable et plu- Tiel, sans sujet. 1 «fait intensif du corps » nest pas tne atuto- affection du sol, mais un « devenir animal», force en deea du ‘moj qui le traverse, parce quille le constitue dans la diversi Le probleme nest pas eeu dete cect ou cela dans Thomme, mats ‘pluto dun devenirinhumatn, dun devenirunerse animal non Das se prendre pour une bet, mals défare Forgan hutaine ‘hu corps, uaverser tlle ou tele zone dintensit du corp, hacun ‘ecouvrant ies zones qut cont les steanes, et es groupes, les popu: Tatons es especee qu! es habitent ™ Lesthétique de Ja sensation et de la force vitale de Baco (epeinde Je cri et non pas Uhorreur , comme il Texplique & David Syivesten). construite selon deux mouvements simulta: ns, Tun centripéte et Vautre centrifuge ®, condult remarqua- Dlement a défaire Fespace de re-présentation au profit de celui de la présentation: en d'autres termes, Tintensité vécue et ‘organique du devenir-animal , en dénowant une logique cconstituée (celle de Tespace miméuque de la ressemblanee 2 Thistoria), ouvre Tespace figural de la pure presence de la, Figure. Susanne Ritter et ta Figure de autre « Lintérét que Ton porte ia these de Lyotard sur le figural nous pousse alors & nous interroger sur la création possible autres figurauxs, note Francois. Aubral*. A notre tour, ouvrons cette enquete. Leeuvre du peintre allemand Susanne Ritter” pourrait bien étre une des tentatives contemporaines Jes plus remarquables de création d'une beauté intégralement Aigurale, objet unique et quasi obsessionnel de cette peinture e ses muluples fonctions ~ de ses mouvements et passages ~ des fuses de ces passages». dans Novalis Worke, Bd. 2, Carl Hanser Verlag. p. 514-515. p. 060, ‘Sa Gilles Deine, Pouparers, Paris, Ed de Minuit, 1990, p. 22 238. Vole M. Buyras, Sahara, Festi de Giles Delewe, Pari rim, 1900 96. Op. ct, p. 243. [37 Voir ies Geax menographies: Susane Rater. 24 Kopf, Oberon Verlag, 1999 Bldnise. Boliman Verlag, 128 QU'EST-CE QUE LE FIGURAL ? ms est la Figure de autre. Mais ici, peindre l'autre et essentiele- ‘ment son visage nest assurément pas eéder a quelque mode passélste du retour a Ja Figure humaine ressemblante : Cest abord, trés exactement, sinserire dans la wie dessinée Deleuze entre Je Aguratif et Fabstraction (et travaller& Ja suite de Bacon, mais aussi de Giacomett) = celle dune Figure arra- chée a tout diseours régulateur, PPeindre Tautre dans son altérité, dans son halo de pré- sence chaque fois singuller, cst & eoup sur faire Fexpérience gui y a un surplus de visibilté; ou, comme Técrit Philippe Dubois dans son analyse du cinema muct des années 20, «des exeés de visibilté *», un régime de la figuration débordant Celut de la Narration significative. Tel est Tespace de la «desi nation » trréductble et antérleur & celul de la « signification + dont nous parlait Lyotard. Et face a ces visages, dont on ne salt ce quills veulent, nt pourquol tls nous font face avec une {elle intensite, sls sont dThommes ou de ferames, on éprouve, nnon sans malaise, la force de la pure présence de Cauire. La ‘8 Bacon, & en eroire Deleuze, dans Texpression du + devenir~ animal , du « deventr-viande inhumain, arrache proprement la peau ‘de homme (celle! étant encore comme une enve- loppe superfétatoie, taisant jailir Ia « tete-matiere » sous le visage-ressemblant), Susanne Ritter, dans un geste également impudique mais inverse, arrache’ histoire et décor, nous confrontant ka nudé paradoxale de (homme véiu. «Je suls depuis toujours fascince par la magie de Tobjet =, aime a dire ‘Susanne Ritter. « La peau, lenveloppe, le vétement de Fhomme ‘me fascinent tout particullerement lls nous apprennent en effet quelque chose sur TindWidy, et cest en meme temps le ccontraire, proprement parler, ils cachent tout,» Dialectique sseinante dun voilement-devoilement, dans lequel s'exprime énigme supra-visible dautrul, ees portrats tout droit sortis, du Quattrocento et des rues de Francfort (ou le peintre ren: core ses models elven, sans défi, pari une beauté igurale encore a venir Olivier Scuren 8, Op. ct p. 268,

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