dans ce numéro:
a east
1914-1918
\ e Verdun, l'orage éclate
HACHETTE , Ce Rit
a ae elavie des Parisiens
ee CR Cy
meal MC 7 Hoven 178 - mEvsuEL
I2F - 95 BB - 7,20 F
illustrées
en couleurconnaissance
de I'HISTOIRE
a
rc a :
SOMMAIRE
MAQUETTE MODELISME 2
EDITORIAL, 3
UNE NOUVELLE FACON
DE FAIRE LA GUERRE 4
LARTILLERIE, CE QUELLE A ETE,
CE QUELLE EST, CE QUELLE SERA
pat le général Herr 6
VERDUN : LIORAGE ECLATE
par S. Ferrard Is
LA BATAILLE DE LA SOMME
LE POINT DE VUE ANGLAIS 2
LE POINT DE VUE FRANGAIS 28
par le général Herr
LAUTRICHE SUR LA DEFENSIVE 40
LA«GROSSE BERTHA »
BOMBARDE PARIS
par H.Hallade st
LA VIE QUOTIDIENNE DES PARISIENS.
PENDANT LA GRANDE GUERRE
par G, Perreun 38
ACTUALITES,
ARTILLERIE FRANGAISE 1978
COURRIER DES LECTEURS 66
‘ABONNEMENTS (11 0 par an)
France
Belgique
Suse
Rédaction, administration, courrier: CELP. 26
fe de Came, 79005 Paris. 121 395.10.25 Ser
Wice-de Vente aux déposiaives: Edi 7. Tal
Sasa
éditorial
1918 — 1978 ! lly a soixante ans se taisaient les canons de la
Grande Guerre. Des millions d’obus étaient tombés pendant
quatre ans sur tous les fronts. Les armées s’étaient d’abord
enlisées dans les tranchées, les charges d'intanterie aboutis-
santa de véritables suicides collectifs. Pour sortir de cette im-
passe, lartillerie fut développée jusqu’a un dégré jamais at-
teint et pour la premiére fois dans l'histoire de Ihumanité, le
matériel devint le roi des champs de bataille.
Pour célébrer le soixantiéme anniversaire de la fin des hosti-
lités, « Connaissance de Histoire » s'attache donc a décrire
un des éléments essentiels de ce conflit, l'artillerie lourde.
Nous suivrons son évolution chez les différents belligérants,
en présentant aussi complétement que possible tous les maté-
riels mis en ceuvre, du « crapouillot » de 58 mm dont la por-
tée n’excédait pas 1000 m jusqu’a la monstrueuse Bertha,
comme Tappelérent les Parisiens, qui pouvait bombarder
Paris de 120 km. Sait-on d’ailleurs que la « grosse Bertha » ne
bombarda jamais Paris et que les Allemands l'appelaient en
réalité Lange Max (le grand Max)?
Notre magazine cléturera ce tour d’horizon par la présenta-
tion de lartillerie francaise actuelle. En effet, bien que ses
missions et ses matériels soient trés différents de ceux de
1918, elle constitue toujours une arme maitresse sur le champ
de bataille.
Le mois prochain, notre revue fera le point sur histoire des
cuirassés. Auréolés de prestige, ces géants de la mer eurent-
ils toujours lefficacité qu'on leur préta ? Mis en définitive a
la ferraille, ou coulés au cours de tragédies gigantesques
comme celle du batiment japonais Yamaro en 1945, ils laissé-
rent la place aux porte-avions et aux sous-marins atomiques.
Avec l'aventure des cuirassés, c’est une page de histoire de la
Marine qui se tourne.
La rédactionUNE NOUVELLE FACON
DE FAIRE LA GUERRE
‘Au cours de la période quia préodé la
Premigre Guerre mondiale, un des Fares hom-
mes capables d'imaginer de quelle nature allait
tre Te conflit a venir fut un civil: Bloch,
Banquier et économiste polonais, il publia
fen 1897 ses idées en la mati. Sa thése était
que le développement ‘de Tindusteialisation
avait fondamentalement changé les caractéres
de la guerre le fusil& répétition était le signe
rturelle le soldat avait si ben perfestionne
Sonu fuer gu’ avait ‘ins assure sa
opre destruction »
Le tableau qu'il décrivt de ce qui allit
effectvements¢ prvi srl front ocidew
tal en 1914 et 01S alt dune. tonnante
jusesse. «D'abordcrvaitiy iy aura des
massacres d'une ampleur croissant; et gut
atteindront un degre tel quil sera tmposble
STobtenir des. artes quelle menent une
Sauale Jangu'a son terme. Eles sy efforce
ron erovsnt toujours combate das es con
ditions du pass. mais e prix dela econ sera
sienorme qu'lles renonceront La guctes au
Tieu'de ester ne latte corps corps UIs
combatants cherhent i impos le supéco-
ie physique et morale, deena une sorte de
parte W'checs dan laquelle, aucun des deus
Aersires ne pouvant Vempote sur autres
ics deux armées resteront face 4 face. mene
Gentes mais incapables Tune et Tautre de
porter Ie coup dats. La. prochaine guesre
terra tous Tes combatants ¢absiter dats des
tranches! la pelle sera aul indispensable au
Soldat que son fuss
Test slit que ces déductions auraient dl
aire ties de leurs Gaes par les Gats-majors
lies pensurs militares, Cale, poursuies
frdemment avant I9i4 poraient sur ta
Guere de Sécesion américsine, sur la Guerre
francoallemande de 187, celle des Boorse
enfin la récente Guerre russojaponaise. Les
tffets des ful moderns 4 Ceuysburg. a
Gravette ott Sain Privt la-Montagne com
suisaient A penser “que le defenseur aval
dsormais Tavantage sur Vattaquant Les deur
charges, courageses mals valnes, que mene
Tent es cuitasien de Relchpoiten avant
prow gue ler combats a Tarme. blanche
Etsient ols; aucune armée ne pourrait
ksormals jusiner que Ton. consait des
sport de outrage. La
erie "moderne. etait ja
Le développement des
ec les contains eles ragues
Ste, comportat pour les raviallements un
Systeme aus rgd, avait ve Aa oi ses
avantages et sex inconvenient. En Afrique
Sud Tes Anglais svaiet fit experience de
Feffcaté de tres bien entrain operant
partir de couverts et par suite, celle des nds
fe mirailease ce got leur avai en meme
temps monte ia ness d'une infantere
pus mobile plus" manuvrée. et fatsant
eave da maximum initiate Pourtant
toutes ces reals du combat aailaint tre
afcooveres q's cous de crus eapéien
es, en 191d 1915, par es arms engages
‘sur le front. ocekental Le
wagons entiers au
putssance de Ta
claitement apparue,
vies ferrés,
4
Compte tenu de
Phistoire militaire, il est surprenant que les
stratéges allemands, anglais et frangais se
soient lancés dans la guerre, en 1914, avec des
Gectrines qui négligeaient toutes les legons
‘fun passé récent
Considérons d'abord les théoriciens. fran:
sais, qui, depuis Waterloo, taient restés han
{és par la crainte @aboutir, au terme d'un
Taisonnement apparemment’logique, a. des
conclusions erronées. Foch, Grandmaison et
Langlois étaient tous des disciples de Clause
witz, lequel avait enseigné que le secret da
suecis a la guerre résidait dans Toffensve
avec la concentration de forces supérieures
en termes de bafonnettes — au point et au
moment dévisifs. Ces théoriciens ‘avaient été
fen outre trés influencés par le colonel Ardent
ddu Pieg, dont les Enudes sur le combat ten
daient & montrer que le moral est & la guerre
le facteur le plus important; ceei a dalleurs
toujours &t€ vrai, mais n'implique pas néces-
sairement qu'une phalange de heros en panta-
Tons rouges soit la. meilleure replique. aux
balles et aux obus. Foch alla méme jusqu’'d
proclamer qu'cune bataille perdue est une
bataille que Ton eroit perduc car une batalle
ne peut Se perdre physiquement»! I ajoutait
que les progrés a venir accroftraient encore
Fefficacité de Vattaque. Surtout, les Francais
cenvisageaient une guerre de’ mouvement
courte, dans laquelle la mystique de T'élan,
4quils pensaient plus développée chez eux que
dans les autres nations, saurait tier part de
leur longue baionnette (Rosalie) pour ¥aincre.
Quant i rarilerie, elle jouerait un rOle
appoint. lls voyaient V'attaque comme une
approche appuyée par des feux contra jus
qu'a 400 métres de I'ennemi, aprés quoi une
charge a la baionnette, menée par des masses
infanterie et devant laquelle Nadversaire ne
pourrait réagir par des feux ajustés, emporte-
‘ait tout sur son passage.
5 théoriciens allemands recommandaient
de ‘commencer attaque par engagement
une ligne dense de fantassins tirant ; puis
suivrait une approche appuyée par Tartillerie
jusqu’’ envieon 600 metres. des lignes enne-
mies. Alors se développerait — pensaientils
— une lutte pour la supériorité des feux qui
Gevait @tre remportée pour permettre a lin-
fanterie de reprendre sa marche en avant
jusqu’a environ 100 métres de lennemi, dis:
tance 3 partir de laquelle serait lancé Vassaut
final suivant les normes classiques.
Dans les deux pays, oi on avait Gtudié les
batailles de Moukden et de Port-Arthur, on
avait reconnu la névessité dun appui accru de
rtillerie pour soutenir les attaques @infante-
tie. En France, cela conduisit a donner plus
importance au rBle de Vexcellent canon de
78 mm de campagne. En Allemagne, on plaga
sous le contrble des Corps d'Armée quatre
batteries lourdes de 150 mm par division, en
plus des arilleries dvisionnaires normales,
Les vues tactiques des Anglais avaientinévi
tablement 61@ influencées par la Guerre des
Boers. Celle-i terminge, Roberts avait chargé
le général Henderson de rédiger un manuel de
tactique. Ce manuel, initulé Combined Trai-
ning (Centratvement interarmes), parut en
1905. Henderson y avait mis non seulement
cee quill avait appris en Afrique du Sud mais
aussi ce que Ion croyait éte les enseignements
Ge la Guerre russo-japonaise :Timportance des
retranchements, les problémes posés par les
réseaux de barbelés, la nécessité de condui
lune attague en profondeur contre le point le
plus faible de 'ennemi, importance des feux
indirects de Farillerie. Le Reglement du Ser-
vice en campagne (volume 1) anglais, qui rem
Plaga ce manuel en 1909, reprenait ia plupart
es" idées de Henderson. Mais & cette époque
les. échanges d'idées avec les. Francais. #6
tient acerus on peut en vor le résultat dans le
cchapitre qui s‘intitule «L'attaque décisives
On y prévonise la concentration des feux de
toute Fartillerie et de toutes les mitrailleuses
disponibles, et la constitution d'un barrage de
feu. Le texte ajoute: «La phase décisive de
Vattague dinfanterie est Fassaut, rendu possi:
ble par la supériorité des feux aequise par
Vartilere, par les mitrailleuses et les armes
des fantassins. Ce sont les premieres lignes
infanterie qui constateront que cette supé-
riorité des feux aura été acquise, en observant
raffaiblissement des feux ennemis. C'est done
{elles que doit venir 'impulsion pour Vassaut
Cest le devoir de tout chef d'une unite de
ppremiére ligne, qui voit que le moment est
venu de donner Fassaut, de lancer celu-c, et
les autres de Timiter. S'l savérait
de donner cette impulsion & partir
de Varritre, tous les renforcements.possibles
seraient alors jetés dans la batalle pour dépas-
Ser et entrainer les premigres lignes dans
Frassaut et enlever la position,»