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PROLÉGOMÈNES
A TOUTE MÉTAPHYSIQUE FUTURE
•T RADUCTION NOUVELLE
PARIS
LlfiRAIHIE HAGHETTE ET Gie
-v
79, nOOLKVARD S.MNT-fiERMAIN, 79
KANT
PROLÉGOMÈNES
PROLEGOMENES
k MXJT&MÉTkPIVïSIQm FUTURE
TRADUCTION NOUVELLE
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET G1*
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
1891
Tous droits réserve».
A
PRÉFACE
Du mode de la connaissance
r^ui peut seul être appelé métaphysique.
§ 2.
§3-
i. Horace.
46 PROLÉGOMÈNES.
§0.
Voici une connaissance importante, vérifiée,
qui possède aujourd'hui déjà un domaine extra-
ordinairement vaste et promet de recevoir dans
l'avenir une extension illimitée; qui porte avec
elle une certitude complètement apodictique,
c'est-à-dire une nécessité absolue; qui ne repose
donc pas sur un fondement empirique; qui est
une pure production de la raison; et qui, en
outre, est complètement synthétiqne : « Comment
est-il possible à la raison humaine de constituer
une pareille connaissance tout à fait a priori! »
Cette faculté qui ne s'appuie pas, qui ne peut pas
54 PROLÉGOMÈNES.
s'appuyer sur l'expérience, ne suppose-t-elle pas
un principe de connaissance a priori, qui, s'il est
profondément caché, pourrait du moins se mani-
fester par ses effets, pourvu qu'on se donnât la
peine d'en rechercher avec soin les premières
traces.
§ ».
§ 10.
§11.
.
§ 12.
§ 13.
§ 14.
§ 15.
§ 10.
§ 17.
§ 18.
§ 19.
S 20.
§ 21.
I. 2. 3. 4.
Selon la quantité. Selon la qualité. Selon la relation. Selon lamodalité.
Universels. Aflîrmalifs. Catégoriques. Problématiques.
Particuliers. Négatifs. Hypothétiques. Assertoiiqucs.
Singuliers. Infini:*. Disjonclifs. Apodicliqucs.
1. 2. 3. 4.
De quantité. qualité.
De De relation. De modalité.
Unité (la mesure). Réalité. Substance. Possibilité.
Pluralité (la grandeur). Négation. Cause. Existence.
Totalité (lo tout). Limitation. Réciprocité. Nécessité.
1. 2. 3. 4.
Axiomes Anticipations Analogies Postulats
de l'intuition. île la perception. île l'expérience. de la peii-éo empi-
rique en général.
§ 22.
§ 23.
§24.
.
§2o.
§20.
§27.
§ 28.
§29
§ 30.
§ 31.
§ 32.
S 33.
§ 34.
S 3b.
§37.
§38.
§ 10.
S il.
Distinguer les idées, c'est-à-dire les concepts
de la raison pure, et les catégories, concepts de
l'entendement pur, connaissances dont la nature,
l'origine et l'usage diffèrent également, c'est une
oeuvre si nécessaire pour fonder une science qui
renferme le système de toutes ces connaissances
ajH'iori, que sans elle une métaphysique est abso-
lument impossible ou bien elle n'est tout au plus
qu'une recherche indigeste, où il n'y a point de
règle, où l'on ne sait point quels sont les maté-
riaux en oeuvre, et avec quelle facilité ils se prê-
tent, suivant tel ou tel plan, à la construction
d'un château de caries. La Critique de la raison
pure n'eût-elle rendu que ce service d'avoir la
première mis en lumière cette distinction, elle
aurait déjà, par cela seul, contribué plus efficace-
ment à éclaircir notre concept de la métaphy-
sique et à diriger notre recherche dans son
domaine que tous les efforts inutiles que l'on a
tentés jusqu'ici pour donner une solution aux
problèmes transcendants de la raison pure sans
jamais se douter que l'on se trouvait sur un tout
autre terrain que celui de l'entendement et que
154 PROLÉGOMÈNES.
§ 42.
S 43.
§ 44.
I. Idées psychologiques.
{Critique, p. 311 et suiv. *)
§ 40.
§ 4b.
§ 49.
§81.
Antithèse,
Sous le rapport du temps et de l'espace, le inonde
,
est infini.
Deuxième thèse.
Tout dans le monde est formé d'éléments simples.
Antithèse.
Il n'y a rien de simple; tout est composé.
Troisième thèse.
Il y a dans le monde une causalité par liberlé.
Antithèse.
11n'y a pas de liberté; tout est nature.
Quatrième thèse.
l)ans la série des causes dans le monde, il y a quelque part
un être nécessaire.
Antithèse.
Il n'y a rien dans cette série qui soit nécessaire,
tout y est contingent.
§52.
§ 52 b.
S 52 C.
S M-
§38.
S
30.
§00.
/
(
ponds : Sur la loi irrésistible de la nécessité.
Attendre que l'esprit humain abandonne une
fois pour toutes les recherches métaphysiques,
c'est attendre que, las de respirer toujours un
air impur, nous cessions une fois pour toutes de
respirer. Il y aura donc en tout temps dans le
monde, et, ce qui est plus, dans chaque homme,
surtout dans tout homme qui pense, une méta-
physique que, faute d'une règle manifeste, cha-
cun taillera à sa guise. La connaissance qui a
pris le nom de métaphysique ne peut suffire à
aucun esprit réfléchi, mais il est impossible aussi
d'y renoncer complètement; il faut donc tenter
enfin soi-même une critique de la raison pure,
ou, s'il en existe déjà une, l'examiner, et la sou-
mettre à une épreuve universelle; car il n'y a
pas d'autre moyen de satisfaire à ce besoin pres-
sant, qui est plus qu'une simple curiosité.
Depuis que je connais la critique, chaque fois
que j'ai eu terminé la lecture d'un ouvrage de
métaphysique, qui me plaisait et me servait par
la précision de ses concepts, par la variété,
RÉSOLUTION DU PROBLÈME. 233
l'ordre et la facilité de son exposition, je n'ai pu
m'empêcher de me poser cette question : Cet
auteur a-t-il réellement fait avancer d'un seul
pas la métaphysique? Je demande pardon aux
savants dont les écrits m'ont été utiles à un autre
point de vue et qui ont toujours contribué à la
culture de mon âme, je leur demande pardon
d'avouer que, ni dans leurs recherches, ni dans
mes recherches antérieures (et cependant mon
amour-propre parle en leur faveur), je n'ai pu
trouver que cette même métaphysique ait fait un
seul pas; et il y a de cela des raisons bien natu-
relles : cette science n'existait pas encore à ce
moment, et elle ne peut pas se composer de
pièces et de morceaux : il faut qu'avant tout son
germe soit entièrement formé dans la critique.
Mais, pour prévenir toute méprise, il faut bien se
rappeler ce que j'ai dit précédemment : le manie-
ment analytique de nos concepts a sans doute
beaucoup servi à l'intelligence, mais la science
métaphysique n'en a été nullement étendue; car
ces décompositions de concepts ne fournissent
que des matériaux qui, plus tard seulement,
doivent être employés à la construction de la
science. Ainsi, on peut faire les plus belles ana-
lyses et les plus belles déterminations des con-
23 i PROLÉGOMÈNES.
cepts de substance et d'accident; rien de mieux
comme préparation à leur emploi futur ; mais si
je ne puis pas prouver que la substance persiste
dans tout ce qui est réellement, ou que les acci-
dents seuls changent, toute l'analyse que j'aurai
faite n'aura pas avancé la science d'un pas.
Actuellement, la métaphysique n'a pu démontrer
d'une manière valable, ni ce principe, ni le prin-
cipe de raison suffisante, ni un principe intermé-
diaire se rapportant par exemple à la psychologie
ou à la cosmologie, ni en général aucune propo-
?
sition synthétique a priori : toute cette analyse
î n'a donc servi de rien elle n'a ni donné de solu-
;
tion, ni posé de question, et après tant de fouilles
et de fracas, la science en est encore où elle en
était au temps d'Aristote, tandis qu'il eût suffi
de trouver le fil conducteur de la connaissance
synthétique pour l'élever à un état de perfection
\ incontestablement supérieur.
,) Si quelqu'un
se croit offensé par cette accusa-
; tion, il peut aisément la réduire à néant, il n'a
qu'à produire une seule proposition synthétique
appartenant à là métaphysique, et à s'engager à
\
en donner a priori une preuve dogmatique; c'est
\ seulement alors, s'il réussit, que je lui accorderai
qu'il a réellement fait progresser la science, la
RÉSOLUTION DU PROBLÈME. 235
proposition dont il s'agit fût-elle d'ailleurs suffi-
samment établie par l'expérience commune. On
no saurait poser de condition plus jusle ni plus
modérée; et, dans le cas (infailliblement certain)
où l'on n'y satisferait pas, aucune affirmation ne
peut être plus fondée que celle-ci : la métaphy-
sique, comme science, n'a pas encore commencé
d'exister.
Il y a deux choses que je défends à mon adver-
saire dans le cas où mon appel serait entendu : la
•
première, c'est de se servir du jeu de la vrai-
semblance et de l'hypothèse, qui sont aussi
funestes à la métaphysique qu'à la géométrie; la
seconde, c'est de décider à l'aide de la baguette
divinatrice du prétendu bon sens qui ne révèle
rien à personne, mais qui se plie au caractère
particulier de chacun.
Pour le premier point, en effet, rien de plus
absurde dans une métaphysique, dans une philo-
sophie de la raison pure, que de vouloir fonder
ses jugements sur la vraisemblance et sur l'hypo-
thèse. Tout ce qui doit être connu a priori est
donné par là même comme apodictiquement
certain, il faut par conséquent le démontrer
comme tel. A ce compte, on pourrait aussi bien
fonder sur des possibilités une géométrie ou une
23G PROLÉGOMÈNES.
1 arithmétique; car il faut observer qu'en mathé-
' matiques, le calcul des probabilités ne contient
m£ffîe pas de jugements vraisemblables, mais
des jugements tout à fait certains sur le degré de
possibilité de certains cas dans certaines condi-
tions données, conditions qui ne peuvent man-
quer de se produire dans la somme de tous les
cas possibles, suivant une loi qui reste pourtant
insuffisamment déterminée pour chaque cas par-
ticulier. C'est seulement dans la physique empi-
rique que les hypothèses sont permises (au
moyen de l'induction et de l'analogie), et encore
à la condition tout au moins que la possibilité
de l'hypothèse adoptée soit absolument certaine.
L'appel au bon sens à propos de concepts et de
principes dont on veut établir la valeur, non pas
relativement à l'expérience, mais indépendam-
ment de l'expérience, est, si c'est possible, encore
pire. Qu'est-ce en effet que le bon sens? C'est
le sens commun, lorsqu'il juge sainement Et
qu'est-ce maintenant que le sens commun? C'est
le pouvoir de connaître et d'employer les règles
in concreto, par opposition à l'intelligence spé-
culative, pouvoir de connaître les règles in
abslraclo. Ainsi, le sens commun comprendra
à peine la maxime : tout ce qui arrive est déter-
RÉSOLUTION DU PROBLÈME. 237
miné par sa cause; jamais du moins il ne pourra
la saisir ainsi sous son aspect universel. Il en
demande un exemple tiré de l'expérience, et
quand il apprend qu'elle n'est que l'expression
de ce qu'il a toujours pensé lorsqu'on a brisé
un carreau ou volé un meuble, il comprend et
reconnaît ce principe. Le sens commun n'a donc
d'usage que là où il peut voir ses règles, qui sont
cependant en lui a priori, confirmées dans l'expé-
rience; par suite, lorsqu'il s'agit d'apercevoir ces
règles a priori et indépendamment de l'expé-
rience, ce rôle revient à l'intelligence spécula-
tive et dépasse absolument l'horizon du sens
commun. Or, la métaphysique n'a affaire qu'à
cette connaissance a priori : d'où il suit que c'est
assurément une mauvaise marque de bon sens
que de se réclamer d'un garant qui n'a point ici
d'autorité pour juger, et pour qui l'on n'a qu'un
regard de mépris jusqu'au jour où l'on se voit en
danger et où l'on ne sait se guider et se soutenir
soi-même à travers la spéculation.
C'est chez ces faux amis du sens commun qui
l'estiment à l'occasion, mais d'ordinaire le mé-
prisent, un subterfuge habituel de dire : « Il doit
y avoir en définitive quelques propositions im-
médiatement certaines qu'on n'a jamais besoin
23S PHOLKGOMKXKS.
FIN
NOTE CRITIQUE
Préface, en entier.
§ 3, en entier.
§4, depuis : « Mais je ne puis m'empô-
cher... » (p. 35) jusqu'à : « Les jugements
proprement métaphysiques... » (p. 37).
Et depuis : « Dans la critique de la raison
pure... » (p. 40) jusqu'à : « Heureusement
nous ne pouvons... » (p. 41).
§ 5, depuis : « Mais nous n'avons pas
besoin... » (p. 42) jusqu'à : « La véritable
question... » (p. 43).
Depuis : « Pour être indispensables... »
(p. 45) jusqu'à : « En conséquence tous les
métaphysiciens... » (p. 47).
Remarques I, II, III (p. 66).
§§27,28,29,30,31.
§ 39, en entier,
§49, depuis : « C'est ainsi que tout... »
(p. 171) jusqu'à : « Car si l'espace... »
(p. 171).
§§ 57, 58, 59, 60.
NOTE CRITIQUE. 273
PROLÉGOMÈNES
PRÉFACE 1
AVANT-PROPOS iil
lie la caractéristique de toute connaissance méta-
physique 21
Question générale des prolégomènes 4'2
PREMIÈRE PARTIE
DEUXIÈME PARTIE
TROISIÈME PARTIE
DU PROBLÈME CAPITAL DE LA PHILOSOPHIE TRANSCENDANTALE
APPENDICE
SUR LES CONDITIONS QUI POURRONT RÉELLEMENT FAIRE
DE LA MÉTAPHYSIQUE UNE SCIENCE
Épreuve d'un jugement sur la Critique, prononce
avant toute recherche- 243