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Andy Combey
Université Grenoble Alpes
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Archaeoseismology in the Heartland of the Incas (Cusco area, Peru) by the joint approaches of seismic hazard and risk estimation View project
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Mémoire de Master I
Sous la direction de Patrice LECOQ
Tables des matières
INTRODUCTION.........................................................................................................................p.1
CONCLUSION.............................................................................................................................p.97
ANNEXES......................................................................................................................................p.99
ANNEXE 1 : Cartes.....................................................................................................p.99
BIBLIOGRAPHIE
Table des figures
ANNEXE 1 : Cartes......................................................................................................................p.99
Je tiens, à remercier, ici, toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la
rédaction de ce mémoire. C’est le cas, tout d’abord, de ma mère qui m’a toujours encouragé à
poursuivre mes rêves et mes aspirations. Ce travail n’aurait pas la même saveur sans son soutien et
sa bienveillance.
Je remercie vivement mon directeur de mémoire, Patrice Lecoq, pour son aide précieuse et
ses conseils toujours judicieux.
Marcela Sepúlveda et Julio Rucabado Yong, par leur expérience et leur regard avisé, m’ont
permis de réfléchir aux orientations de ce travail et furent de très bon conseil pour me signaler les
écueils à éviter.
Un merci tout particulier à Romuald Housse, pour son infinie patience et sa bonne humeur,
lesquelles furent plus que salutaires lors des séances de formation en SIG.
J’ai une pensée, enfin, pour tous mes camarades américanistes ainsi que pour Camille
Godbillot et Adèle Gonçalves qui, au travers de discussions passionnantes et d’échanges
constructifs, furent d’un soutien sans faille.
INTRODUCTION
- Frontin, Les aqueducs de la ville de Rome (De aquæductibus urbis Romæ), XVI, trad. P. Grimal.
Les barrages sont aujourd’hui une expression emblématique de la maîtrise, par l'Homme, de
la nature et de ses ressources. Le contrôle de l'eau a toujours été considéré comme un facteur
stratégique et vital, source de développement mais aussi de tensions et de conflits. La région andine,
à l’époque préhispanique, semble avoir été marquée par cette préoccupation.
Ne recevant que 2% des apports en eau douce de l'ensemble du pays (PNUD, 2010), le
versant Pacifique de la Cordillère péruvienne représente, de ce point de vue, un exemple saillant des
contraintes liées à l'eau et des enjeux attachés à son contrôle. Très tôt, les archéologues se sont
passionnés pour des technologies hydrauliques et agricoles précolombiennes ingénieuses, telles que
les canaux souterrains, les ados ou encore les champs inondés.
Les barrages, peu étudiés, ne semblaient pas, avoir été une technique privilégiée par les
populations andines, à la différence d’autres régions du monde. Pourquoi l’étude de ce type
d’infrastructures a-t-elle autant été négligée jusqu’alors dans les recherches archéologiques
péruviennes ? Si la faiblesse du nombre d’ouvrages recensés peut expliquer en partie cet oubli, il est
plus vraisemblable que le caractère rudimentaire et les réfections successives de ces infrastructures
soient à l’origine de ce manque d’intérêt.
La vallée de Nepeña, située à 400 kilomètres au nord de Lima, fait pourtant exception, se
distinguant par le nombre et les dimensions des barrages préhispaniques observables sur ses
contreforts. Construits sur les hauteurs de la Cordillère Noire, chaîne montagneuse caractérisée par
une grande irrégularité et intermittence des apports en eau, ces ouvrages démontrent une grande
maîtrise de la ressource en eau, comparable au concept de watershed management1 développé aux
États-Unis au début au XXe siècle. Au-delà même de leur fonction traditionnelle de stockage aérien
de l’eau, les barrages s’illustrent par leur polyvalence et leur complémentarité. Plusieurs types et
morphologies de retenues ont été en effet élaborés, tentant de répondre, au mieux, aux exigences du
milieu et des hommes.
Implantés au cœur d’un écosystème de montagne rude et aride, dénommé puna, les barrages
1 Ensemble de techniques permettant la gestion d'un bassin versant. L'objectif premier de ces programmes
consistait à obtenir un meilleur contrôle des eaux de ruissellement.
Introduction - 1
ont vraisemblablement favorisé sa mise en valeur. Leur édification a offert des conditions plus
propices à l’élevage et a dynamisé ainsi l’activité pastorale. Comme nous le verrons, il n’est
d’ailleurs pas impossible, que la localisation particulière des ouvrages de retenue, à la frontière
entre la vallée de Nepeña et le Callejón de Huaylas ait favorisé la circulation des pasteurs et de leurs
troupeaux entre ces deux espaces.
Les barrages de la vallée de Nepeña constituent par conséquent une réelle opportunité de
progresser dans la compréhension des raisons qui ont conduit à l’édification de ce type d’ouvrages
et les conséquences de ces derniers sur la vie des populations locales.
Dans quelle mesure les barrages de la haute vallée de Nepeña témoignent-ils d’une gestion
judicieuse et raisonnée de la ressource hydrique et quels furent les impacts sociaux de cette
innovation technique ?
Une analyse architecturale et une étude spatiale des ouvrages concernés permettront
d’apporter des clarifications et d’émettre des hypothèses quant à leurs fonctions et impacts. Ces
infrastructures sont une spécificité de la vallée de Nepeña et notre objectif, par cette étude, consiste
à proposer des pistes d’explication à cette apparente singularité. Au-delà de ces interrogations nous
espérons que cette étude permettra d’envisager, sous un nouvel angle, les relations entre les espaces
côtiers et montagneux de cette région.
Introduction - 2
PARTIE I : Cadres des recherches
CHAPITRE 1 : LES BARRAGES EN ARCHÉOLOGIE - RÉTROSPECTIVE
Bien intégrés à nos paysages contemporains et à notre mode de vie moderne, les barrages
demeurent cependant un élément méconnu des études archéologiques. Leur grande diversité et une
apparente simplicité ont constitué des freins à l’étude de ces structures trop longtemps négligées.
Divers exemples archéologiques à travers le monde démontrent néanmoins l’importance
précoce des barrages dans la gestion de l’eau.
Le barrage, véritable élément structurant les réseaux hydrauliques, est aussi révélateur de
préoccupations politico-sociales. Nous nous interrogerons donc sur sa place et son rôle dans le
monde andin.
A) Définitions
2 La traduction est nôtre : « A bank or barrier of earth, masonry, etc., constructed across a stream to
obstruct its flow and raise its level, so as to make it available for turning a mill-wheel or for other
purposes; a similar work constructed to confine water so as to form a pond or reservoir, or to protect land
from being flooded. ».
La définition plus synthétique que nous considérerons pour la suite sera la suivante : un
barrage correspond à « toute structure dont la fonction est de stocker de l’eau dans la perspective de
son utilisation prochaine »3 (Lanzelotti, 2011 : 179).
Il est intéressant de noter, au travers de toutes ces définitions assez proches les unes des
autres, que le « barrage », en tant que structure ouvragée, n’est pas caractérisé par ses attributs mais
par ses fonctions, fonctions assez diverses d’ailleurs. Il en ressort ainsi une impression confuse dans
laquelle le barrage ne détiendrait pas de caractéristiques architecturales normées. Il est probable que
plusieurs personnes conduites à se représenter mentalement un barrage en conçoivent des images
très différentes les unes des autres. Face à cette multiplicité de possibilités architecturales et à la
grande adaptabilité des ouvrages (Smith, 1972 ; Degoutte, 1997), il est nécessaire de faire le point
sur les types de barrages existants ainsi que leurs principales caractéristiques.
Le barrage de retenue, qui fera l’objet du développement est composé de plusieurs éléments
(Fig.I.1) qui doivent être distingués (Lanzelotti, 2011) :
- la digue : mur édifié pour retenir l’eau,
- le réservoir : partie de l’ouvrage destinée à contenir l’eau,
- la retenue : masse d’eau retenue par la digue,
- les prises d’eau : dispositifs de captation et de délestage.
Malgré ces quelques éléments communs, une grande diversité de barrages existe. De nos
jours, l’emploi de techniques modernes de construction, associées à des matériaux tels que le béton,
a marqué un tournant dans la construction d’ouvrages hydrauliques (Carrère, 1994 ; CFBR, 2013),
permettant l’édification de structures toujours plus grandes et plus résistantes. Les modèles de
barrages voûte4 et à voûtes multiples, accompagnant ces innovations techniques, ne feront pas
l’objet d’un plus ample développement. Nous nous concentrerons plus particulièrement sur les
techniques employées dans l’écrasante majorité des barrages « archéologiques », pour la majorité,
de la catégorie dit des « petits barrages »5.
Les barrages-poids sont les plus nombreux et les plus communs. Leur nom provient de la
technique de construction employée : l’ouvrage doit, par sa seule masse, être en capacité de
3 Traduction personnelle de « toda estructura cuya función es la de almacenar agua para su posterior
utilización. ».
4 Les premiers barrages à voûte connus remontent toutefois à la période romaine (Viollet, 2004).
5 Ouvrages de moins de 15 mètres de haut selon la Commission Internationale des Grands Barrages.
(Degoutte, 1997).
© A.Combey
Fig.I.1. Schéma des différentes parties d’un barrage
© A.Combey
Fig. I.2.Schéma représentant les barrages en remblais homogènes et à noyau
6 Traduction personnelle de « There is no evidence that the art of dam-building was diffused from one original
source. Such a basic technology was fully capable of developing independently at any place where it was
needed… There is not the slightest reason to believe that ancient engineers followed any rules or formulae
when buiding dams. Using whatever materials happened to be available, they built the type of structure which
experience told them would be effective ».
Les Grecs, reconnus pour leur technologie hydraulique et leurs inventions dans ce domaine
(vis sans fin d’Archimède pour ne citer qu’elle), ne semblent pas avoir porté un grand intérêt à la
construction de barrages (CFBR, 2013). Malgré l’aridité du climat et les problèmes
d’approvisionnement en eau, les Grecs privilégièrent l’adaptation de leur agriculture à la mise en
place d’une irrigation extensive (Murray, 1984). Quelques exemples de retenues d’eau peuvent
toutefois être mentionnés.
Les Mycéniens sont les premiers à utiliser cette infrastructure de retenue (CFBR, 2013 ;
Viollet, 2004). Pour la période classique, les exemples sont rares et le barrage le plus abouti semble
être celui de la vallée de Mytikas en Acarnanie (Murray, 1984).
En Méditerranée, les Romains s’imposent ensuite comme les experts en hydraulique. Ils
réalisent des centaines d’ouvrages d’ingénierie civile, dont entre autres les aqueducs. Moins réputés,
les barrages romains témoignent pourtant d’un véritable savoir-faire. De très nombreux barrages
sont d’ailleurs construits dans les régions les plus arides de l’Empire : en Espagne et Afrique du
Nord. 80 ouvrages de retenue, de facture romaine, sont aujourd’hui recensés rien qu’en Espagne
(Viollet, 2004), à des fins agricoles ou minières (Lewis and Jones, 1970). Des barrages furent
également construits en Tripolitaine (Vita-Finzi, 1961) et en Syrie (Calvet et Geyer, 1992) et
participèrent à la prospérité de ces régions.
En Italie romaine, un seul exemple de barrage est à ce jour mentionné, mais celui-ci
demeura le barrage le plus haut d’Europe jusqu’au XIIIe siècle : le barrage de Subiaco, construit
sous l’empereur Néron (Smith, 1970 ; Viollet, 2004).
C) Mésoamérique
La région des Andes, de par sa topographie et la diversité des climats (Dollfus, 1978), a
suscité un fort intérêt des archéologues pour les systèmes hydrauliques développés par les
populations précolombiennes. L’état des recherches et des connaissances sur le sujet est toutefois à
géométrie variable. La zone andine connaît une grande variété de milieux et de cultures qui ont
permis l’invention de techniques hydrauliques et de stratégies de gestion de l’eau très diverses. Au
Pérou, pays qui a concentré une grande partie des recherches sur les cultures andines, la disparité
des recherches en hydraulique est criante et doit être mise sur le compte d’une forte hétérogénéité
territoriale des recherches archéologiques.
Des études complètes et approfondies de systèmes et ouvrages hydrauliques ont été menées
tout le long de la côte pacifique et s’inscrivaient, le plus souvent, dans des programmes de
recherche beaucoup plus ambitieux. Depuis près d’un siècle la côte péruvienne a suscité la curiosité
de nombreux chercheurs ou collectionneurs, à la recherche de trésors archéologiques (Castillo,
2013). De nombreux programmes ont, dès lors, été lancés7 et ont permis un essor des études
hydrauliques. Les problèmes auxquels est confrontée la côte, tels que l’aridité et les phénomènes
cycliques d’El Niño (ENSO) ont amplifié l’attrait des chercheurs, déterminés à éclaircir les
stratégies mises en place pour y faire face. Furent notamment sujet d’investigation les canaux et
autres systèmes d’irrigation extensive de la côte nord (Kosok, 1965 ; Ortloff, Moseley and Feldman,
1983 ; Farrington, 1985 ; Billman, 2002), avec l’objectif de retracer leur développement dans une
perspective diachronique. D’un intérêt capital, ces recherches permirent une réflexion approfondie
sur l’impact social des ouvrages hydrauliques (Wittfogel, 1957 ; Billman, 2002) ainsi que sur la
7 On pourra citer notamment le Virú Valley Project en 1946 et le Chan Chan Moche Valley Project en
1969.
En dépit du développement des études hydrauliques, peu d’études de barrages ont été
réalisées dans la Cordillère des Andes (Herrera, 2011 ; Marcos y Álvarez, 2014). L’étude du
système des albarradas, ou jagüeyes, sur la côte de l’Équateur (Herrera, 2011) constitue
l’illustration d’une des premières tentatives de compréhension d’un système de lacs de retenue. Ce
déficit de recherches ne semble pas trouver son origine dans le faible nombre des infrastructures
mais prend plutôt racine dans une méconnaissance et une difficulté de détection de celles-ci.
Le caractère multifacette des barrages apparaît comme une des explications. La terminologie
employée en espagnol a également représenté un frein à la constitution de synthèses complètes et
exhaustives sur le sujet, répertoriant les structures étudiées sous différentes appellations telles que :
represas, presas, estanques, diques,… Les recherches menées par Lanzelotti (2011) en Argentine
démontrent clairement les problématiques de détection auxquelles ont fait face les archéologues
dans la région andine et sa publication est la première, dans cette région, à établir des critères de
reconnaissance clairs pour ces structures.
Des ouvrages hydrauliques de retenue ont pourtant été détectés tout au long de la chaîne
montagneuse. Les études les plus intéressantes et approfondies se sont concentrées dans la
Cordillère sud, autour du nord argentin et nord chilien (Albeck, 2011 ; Lanzelotti y Lamamí, 2010 ;
Lanzelotti, 2011 ; Parcero Oubiña et al., 2016)
Il est intéressant de mentionner les barrages retrouvés dans la région d’Apurímac durant le
projet Choqek’iraw (Lecoq et Vivanco Pomacanchari, 2010) ainsi que l’étude ethnohistorique
réalisée par Frank Salomon (1998), documentant les célébrations actuelles de la communauté de
San Damián autour d’un barrage préhispanique, mentionné dans le manuscrit de Huarochirí.
Alexander Herrera, quant à lui, a découvert sur le versant ouest de la Cordillère Blanche,
dans la région du Haut Marañón, le barrage de Huegrococha (Lane, 2005 et Herrera,
communication personnelle) ainsi que celui de Wigru qucha (Herrera, 2011).
On pourra citer le cas particulier des barrages de Potosí de facture espagnole, construits
entre 1573 et 1621 pour répondre aux besoins inhérents à l’extraction minière (Myrick, 1994)
Les barrages péruviens les plus célèbres demeurent les barrages de la haute vallée de
Nepeña. Malgré une connaissance ancienne de l’existence de ces ouvrages de retenue (Gambini,
1975), et notamment par les communautés locales qui n’ont jamais cessé complètement de les
exploiter, le premier compte-rendu sérieux sur ces ouvrages ne remonte qu’aux années 80
(Gambini, 1984). De nouvelles prospections dans la zone sud de la vallée furent menées plus
récemment et ont permis une première vision détaillée de l’organisation spatiale et du
fonctionnement des ces retenues (Lane, 2005 ; Herrera, 2005 ; Maza Poma, 2017)
Il existe encore d’importantes lacunes dans l’étude d’une des principales et des plus
importantes infrastructures hydrauliques. Ceci est particulièrement vrai pour les Andes, où très peu
de ces ouvrages ont été étudiés en détail et ne font l’objet, trop souvent, que d’une simple mention
dans les publications archéologiques.
Les « barrages-réservoirs » occupent vraisemblablement une place décisive dans les réseaux
hydrauliques préhispaniques et représentent ainsi un enjeu particulièrement important dans la
compréhension des stratégies de gestion de l’eau mises en place par les populations andines.
Comme nous l’ont démontré Salomon (1998) et de nombreuses publications sur la symbolique de
l’eau (Carrión Cachot, 1955 ; Kaulicke et al., 2003 ; Dean, 2011 ; Itier, 2012), ces barrages ont
également un impact sur la vie et l’organisation sociale des communautés. Il est impératif de
prendre en compte et d’évaluer cet impact.
Ce travail, focalisé sur les barrages de la haute vallée de Nepeña, vise donc à améliorer la
compréhension de ce type d’infrastructure hydraulique. Il nous apparaît important de s’inspirer des
méthodes d’analyse mises en place dans d’autres régions du monde et de tenir compte des limites
rencontrées et citées précédemment. Les barrages seront entendus uniquement comme des ouvrages
de rétention, et ce, afin de faciliter la compréhension. Bien que critiquable, la « définition » choisie
résulte en très grande partie de l’environnement dans lequel s’insère les infrastructures étudiées,
déterminant en effet leur conception et leurs objectifs. Il revient donc maintenant de s’intéresser au
contexte géographique de la haute vallée de Nepeña.
Les environnements andins de haute altitude, reconnus depuis très longtemps pour leur
hostilité et la rudesse de leurs conditions climatiques, ont pourtant permis l’installation de
populations agropastorales.
Les caractéristiques de ce paysage ne sont d’ailleurs pas étrangères à la particularité des
groupes humains qui l’ont occupé. Ceux-ci ont su tirer profit des spécificités de ce milieu, et
notamment des ressources en eau dans la haute vallée de Nepeña. Nous verrons que la configuration
topographique et les conditions climatiques ont été des facteurs déterminants dans l’édification
d’infrastructures hydrauliques tels que les barrages.
Au Pérou, la cordillère des Andes constitue une immense cicatrice qui traverse le pays du
nord au sud et sépare le bassin amazonien, à l’est, caractérisé par un climat équatorial humide et la
côte Pacifique désertique, à l’ouest (Dollfus, 1978 ; Camille Clément, 2015). Hiatus géographique
et orographique régissant les cycles hydrologiques du continent sud-américain, la Cordillère des
Andes est en réalité composée de deux cordillères parallèles : la Cordillère occidentale et la
Cordillère orientale (Fig.I.3).
La Cordillère Noire forme une des principales chaînes de la Cordillère occidentale.
S’étendant sur près de 450 km, du Cañon del Pato façonné par le río Santa au nord, jusqu’au río
Pativilca au sud, la Cordillère Noire traverse l’ensemble du departamento d’Ancash, région
administrative située au nord de Lima. Délimitée tout du long à l’est par le parcours du río Santa
qui la dissocie de la Cordillère Blanche et son épaisse couverture de glace permanente avec des
sommets dépassant les 6000 m, elle se caractérise quant à elle par des pics rocheux et arides ne
dépassant pas l’altitude de 5200 m (Annexe 2 - Fig.1), dépourvus de toute couverture neigeuse
(Bodenlos and Straczek, 1957).
Plusieurs fleuves, prenant leur source sur le versant ouest de la Cordillère Noire, ont creusé
de courtes et étroites vallées côtières, telles que les vallées de Huarmey, Culebras, Casma et
Nepeña. En dépit de la saisonnalité très marquée de ces fleuves (Dollfus, 1967 ; Apaclla Nalvarte,
2010), les vallées constituent de véritables oasis entrecoupant la bande pacifique extrêmement aride
(Dollfus, 1967 ; Itier, 2010).
La vallée de Nepeña, limitée par la vallée de Lacramarca au nord, par la vallée de Santa à
l’est et par la vallée de Casma au sud (Fig.I.3) est située à 400 km de Lima. Son nom tient à la fois
d’une montagne, d’une capitale de district et du río qui la traverse.
Contexte géographique - 14
© A.Combey
A A’
La vallée s’étend sur 1888 km² entre 8°49’ et 9°19’ de latitude sud et 77°50’ et 78°41’ de
longitude ouest (Choquepuma Llave et al., 2009). Intégrée au departamento d’Ancash, elle
comprend en son sein les districts de Samanco, Nepeña, Moro, Cáceres del Perú (province de Santa)
et Pamparomás (province de Huaylas), dont les capitales sont respectivement Samanco, Nepeña,
Moro, Jimbe et Pamparomás (Fig.I.5)
À l’instar d’autres vallées côtières, la vallée de Nepeña peut être divisée en trois parties
(Fig.I.5) : vallées basse, moyenne et haute.
La vallée basse du río Nepeña, présentant une orientation ouest-est, est contrainte à l’ouest
par l’océan Pacifique tandis que le resserrement net de la vallée aux abords de San Jacinto la
délimite à l’est. La vallée moyenne en pénétrant dans les contreforts de la Cordillère occidentale,
voit son cours s’orienter nord-sud. Les sommets encadrent désormais une vallée dont la largeur a
Contexte géographique - 15
été fortement réduite8. Au-delà des deux capitales distritales de Moro et Jimbe, la vallée moyenne
cède sa place à la vallée haute. À cette hauteur, la vallée se morcelle et s’enfonce plus profondément
dans la Cordillère Noire. Les vallées se font ainsi de plus en plus étroites et encaissées.
Ces trois grands ensembles géographiques distincts se caractérisent par des morphologies,
climats et géologies différents. Ce découpage permet d’ailleurs la mise en lumière de stratégies
d’occupation très différentes dans ces trois ensembles régionaux.
La vallée haute de Nepeña, au relief très accidenté, s’enchâsse dans une des principales
chaîne de montagne de la Cordillère Occidentale, la Cordillère Noire. Cette dernière, de par son
histoire et sa nature même, constitue un maillon important dans la circulation hydrologique de la
vallée de Nepeña.
II) La géologie
Comme pour l’ensemble de la Cordillère des Andes, la Cordillère Noire est issue d’un
processus d’orogenèse enclenché à la transition entre le Mésozoïque et le Tertiaire (Gonzalez and
Pfiffner, 2012). Elle est en effet le résultat de la subduction de la plaque de Nazca sous la plaque
sud-américaine qui a eu pour conséquence la compression et le soulèvement de la frange
occidentale du continent sud-américain.
Les formations géologiques affleurant dans la Cordillère Noire (Annexe 1 - Fig.1) sont donc
relativement récentes, les affleurements les plus anciens datant du Jurassique (Ponte, 2014).
La stratigraphie de la zone se résume en trois grandes séquences géologiques (Bodenlos and
Straczek, 1957 ; Rodríguez et al., 2011 ; Gonzalez and Pfiffner, 2012). Les roches les plus
anciennes recensées à l’affleurement correspondent à des formations sédimentaires. On y relève
notamment en abondance des grès d’origine continentale ou fluviatile, des schistes et des bancs de
calcaire.
Les formations du Crétacé Supérieur changent brutalement de nature. On observe alors deux
formations d’origine volcanique composées principalement de lave, tuf et de conglomérats de
compositions andésitique à rhyolitique.
L’ensemble de la géologie de la région est, pour finir, traversé par des intrusions
magmatiques d’âge similaire au reste des formations.
L’orogène ayant vraisemblablement atteint un stade avancé dès le début du Tertiaire,
l’érosion prédomine dès lors sur la sédimentation, et explique l’énorme lacune dans le registre
géologique.
8 La vallée se resserre brutalement passant d’environ 8 km de large à moins de 3 km. (mesures effectuées
sur Google Earth).
Contexte géographique - 16
Ce n’est qu’avec la glaciation du Pléistocène (Bodenlos and Straczek, 1957 ; Rodríguez et
al., 2011) que l’on retrouve des sédiments meubles encore en place, témoignant des processus
d’érosion glaciaire. Érosion qui est à l’origine de la formation de cirques et de moraines favorisant,
par là même, la constitution des lacs naturels actuels. Ces formations géologiques, situées en fond
de vallée, sont également considérées comme des aquifères ou des formations semi-perméables
capables de stocker de grandes quantités d’eau (cf. INGEMMET).
Les populations occupant la région à l’époque précolombienne ont donc su tirer parti de cet
environnement géologique, propice à la création de retenue d’eau, pour développer leurs activités.
III) Le climat
Le climat dans la Cordillère des Andes est caractérisé par une forte saisonnalité. La saison
sèche, marquée par une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit, s’étend entre mai et
septembre (Itier, 2010) tandis que le reste de l’année s’accompagne de pluies, parfois intenses. Un
autre phénomène climatique vient cependant nuancer le régime montagnard dans les vallées
côtières, à l’image de la vallée de Nepeña. Le courant de Humboldt, courant froid, longeant une
grande partie des côtes péruviennes tend en effet à refroidir la masse d’air chaude présente à ces
latitudes équatoriales, provoquant une importante condensation durant une grande partie de l’année
(Bel Madani, 2009). Recouvrant la côte et les fonds de vallée côtiers, cette brume participe au
maintien de températures tempérées tout au long de l’année et contribue à gommer les différences
saisonnières.
Les données collectées à la station de San Jacinto, ville située au seuil de la vallée moyenne
de Nepeña font état de températures tempérées (Annexe 3 - Fig.1) et stables tout au long de
l’année9. (Choquepuma Llave et al., 2009).
Cependant, le relief s’élevant en remontant le cours de la vallée de Nepeña, un autre facteur
vient interférer avec les influences maritimes : l’altitude. La vallée moyenne atteinte, la brume se
dissipe et les conditions climatiques caractéristiques des milieux « désertique pré-montagneux » et
de « bosquet désertique pré-montagneux » (Tosi, 1960) laissent la place aux conditions climatiques
de la qhichwa, suni et puna (Pulgar Vidal, 1946), déterminées essentiellement par leur élévation.
Les précipitations sont alors très fortement corrélées à l’altitude.
Il n’existe, en l’état actuel, aucune donnée mesurée dans la haute vallée sur le régime des
pluies. Selon certaines estimations et en dépit d’une forte disparité, la quantité des précipitations
semble dépasser, dans la région d’étude, les 700 mm en dessus de 3500 mètres d’altitude
9 La température moyenne du mois le plus froid, août, étant de 19°C tandis que la température moyenne
du mois le plus chaud, février, est de 25,25°C (Choquepuma Llave et al., 2009)
Contexte géographique - 17
(Choquepuma Llave et al., 2009). Il est intéressant de mentionner à ce sujet que les lacs glaciaires
présents aux sources de la vallée pourraient avoir un impact dans l’augmentation locale des
précipitations (Roberto Pizarro et al., 2013).
Le río Nepeña prend sa source dans le district de Cáceres del Perú, à plus de 4500 m, dans
les lacs de Tocanca et Capado (Choquepuma Llave et al., 2009). Après avoir reçu les apports des
lacs de Huirí et Coñocranra, le fleuve continue sa descente jusqu’au village de Colcap où il s’unit au
río du même nom. Après sa réunion avec les ríos Lampanín et Cosma, le cours d’eau prend le nom
de Jimbe. Il poursuit son parcours jusqu’au district de Moro où il absorbe successivement les
affluents Larea et Loco (Fig.I.6), prenant respectivement leur source dans le district de Pamparomás
et la province de Huaylas. Le fleuve prend alors son nom usuel de Nepeña aux abords de la ville de
San Jacinto.
La vallée de Nepeña présente une surface de drainage de 1888 km² (Fig.I.6) mais seules les
surfaces situées à plus de 2000 mètres d’altitude contribuent de manière sensible à l’apport d’eaux
de ruissellement, soit seulement 47 % de la surface de drainage totale (Choquepuma Llave et al.,
2009). Les apports en eaux les plus importants proviennent des bassins hydrologiques suivants :
ríos Jimbe (326,24 km²), Larea (384,36 km²) et Loco (444,94 km²) ; (Fig.I.6). Ce sont sur ceux-ci
que nous nous attarderons.
Le bassin du río Jimbe (1) correspond à la partie la plus élevée du río Nepeña débutant au
dessus de 900 mètres d’altitude. Cinq lacs permanents sont présents aux sources du bassin. Trois
sous-bassins versants attirerons notre attention dans les prochains chapitres : Capado, Colcap et
Cosma.
Le bassin du río Larea (2), maintient, quant à lui, un débit toute l’année. Il contient la plus
grande densité de lacs de la vallée avec 15 lacs répertoriés sur un total de 21 (Choquepuma Llave et
al., 2009). Ces derniers sont situés dans les deux sous-bassins versants de Uchupacancha et
Huarapampa.
Le bassin du río Loco (3), enfin, malgré sa surface importante (24 % de l’ensemble du
bassin de Nepeña) ne draine de l’eau que durant la saison des pluies. Seul un lac a été inventorié en
fond de vallée.
Une seule station hydrologique est présente sur le cours du fleuve, à la hauteur de San
Jacinto. Les données obtenues (Annexe 3 - Fig.2), en raison de l’emplacement bien trop bas de
collecte, ne permettent pas d’obtenir des informations précises sur les débits des trois bassins
hydrologiques cités précédemment. Cependant les calculs réalisés par l’équipe de Choquepuma
Contexte géographique - 18
Llave (2009) semblent corroborer le constat d’une contribution importante de ces trois bassins dans
la quantité d’eau totale délivrée par le fleuve. Choquepuma Llave (2009) rappelle en outre que c’est
la vallée moyenne qui est la plus grande consommatrice d’eau de surface, à un point tel que le
fleuve n’atteint aujourd’hui plus la mer une grande partie de l’année.
Pour finir, il doit être fait mention des questions de circulations d’eau souterraine dans les
parties les plus élevées de la vallée de Nepeña. La Cordillère des Andes est en effet considérée par
les habitants comme une énorme éponge, capable de collecter des quantités considérables d’eau et
de les redistribuer en aval, sous la forme de sources. Comme il a été rappelé précédemment, les
parties les plus élevées de la Cordillère Noire correspondent à des formations sédimentaires et
magmatiques crétacées et tertiaires. La plupart des roches volcaniques pouvant être assimilées à des
roches de type andésitique, celles-ci facilitent de part leur imperméabilité relative la création de lacs
et de zones humides (Lane, 2005). Cependant, la fracturation plutôt aisée, principalement en raison
de l’activité tectonique et des processus de gélifraction facilitent, quant à eux, le passage de l’eau en
profondeur et la création d’aquifères. Les bancs calcaires et les zones de sédiments quaternaires non
consolidés constituent également de très bons aquifères.
Dénués de toute couverture neigeuse, les sommets de la Cordillère Noire surplombant le
bassin de Nepeña offrent pourtant un potentiel hydrologique que les populations agropastorales ont
su exploiter. Le régime intermittent des précipitations ainsi que les facilités d’infiltration ont
encouragé des stratégies de rétention de l’eau.
V) La flore
Contexte géographique - 19
la patate douce. La suni se distingue donc par la culture d’espèces différentes, adaptées à ces
altitudes élevées. La majorité des plantes cultivées sont des tubercules comme la oca (Oxalis
tuberosa), l’olluco (Ullucus tuberosus), la mashua (Tropaeolum tuberosum) et la pomme de terre
(Solanum spp.) (Pulgar Vidal, 1946 ; Custred, 1977). Il est possible d’y cultiver en outre des
pseudo-céréales comme la quinoa (Chenopodium quinoa) et la cañihua (Chenopodium canihua)
(Pulgar Vidal, 1946). L’activité agricole est encore plus difficile dans la puna.
La puna correspond à un environnement de prairie de haute altitude, entrecoupée de
bosquets et de bofedales, « des tourbières d’altitude » (Charbonneau, 2009 : 7). Cet étage
écologique qui s’étend jusqu’à la limite fluctuante des neiges éternelles (Recharte et al., 2002), a
pour limite inférieure la lisière des arbres, soit environ 4100 m (Pulgar Vidal, 1946). Il est toutefois
possible d’observer de rares arbustes du genre Polylepis.
Les prairies très vastes sont composées d’une grande diversité de plantes herbacées de la
famille des graminées. Les plus courantes sont : Festuca dolichopylla, Stipa ichu, Calamagrostis
spp. (Tosi, 1960 ; WWF, 2001). Les graminées sont en effet bien adaptées à de très intenses
variations thermiques journalières et à des gelées près de 300 jours par an (Custred, 1977).
Les environnements andins de haute altitude autour de 9° de latitude sud correspondent
cependant à une zone de transition entre la puna, typique des prairies d’altitude de la Cordillère
méridionale (Custred, 1977 ; Recharte et al., 2002 ; Lane, 2005) et la páramo, caractéristique de la
Cordillère septentrionale (Dollfus, 1978). Par contraste avec les punas sèches et désertiques du sud
péruvien, de la Bolivie et du Chili, la végétation présente aux sources de la vallée de Nepeña
correspond donc à une association de la páramo, ou jalka, et de la puna, impliquant un climat à
tendance plus froid et humide (Recharte et al., 2002). Nous considérerons, à l’instar de Lane (2005),
la flore de la puna humide (Custred, 1977) comme une réunion des deux catégories présentées par
Tosi (1960) que sont la « páramo humide subalpine » et « tundra alpine très humide » (Annexe 2 -
Fig.2).
Les zones humides, plus nombreuses, permettent la croissance d’espèces variées et
caractéristiques de ces environnements. On y rencontre de nombreuses espèces de plantes à
coussinets : Distichia muscoides, Oxychloe andina and Plantago rigida (Charbonneau, 2009 ;
WWF, 2001).
Malgré sa composante essentiellement pastorale, il ne faut pas oublier que la puna comporte
une tradition agricole avec la culture de pommes de terre amères (Solanum xjuzepczukii et Solanum
xcurtilobum) ; (Pulgar Vidal, 1946 ; Lane, 2005). Ces pommes de terre ne peuvent être consommées
sans un traitement préalable afin d’en retirer des glycoalcaloïdes, une substance poison.
Les conditions climatiques et la végétation particulières de ces étages écologiques ont joué
un rôle important dans l’identité culturelle des populations vivant à ces altitudes. Les produits tirés
de ces environnements constituent d’ailleurs un élément important dans l’économie de la région et
Contexte géographique - 20
sont à la source des échanges interandins (Lecoq, 1987 Carhuallanqui, 1998).
VI) La faune
Parmi les principaux mammifères présents dans la Cordillère Noire on recense les espèces
de camélidés sauvages que sont la vigogne (Vicugna vicugna) et le guanaco (Lama guanacoe) ainsi
que les camélidés domestiques que sont le lama (Lama glama) et l’alpaga (Lama pacos). Le renard
andin (Pseudalopex culpaeus) peut également y être observé (WWF, 2001).
Les zones humides et les points d’eaux concentrent une grande part de la faune de la
Cordillère et notamment de nombreuses espèces d’oiseaux comme le huallata ou huachhua
(Berniola Melanoptera), peut-être domestiqué avant la Conquête (Pulgar Vidal, 1946).
Les deux espèces domestiques présentes à cette altitude, le lama et l’alpaga, sont un réel
atout pour les populations autochtones. Ces deux animaux représentent en effet la base de
l’économie des zones de haute altitude dans les Andes (Flores Ochoa, 1977 ; Carhuallanqui, 1998) .
Ils représentent à la fois une source de viande et de laine et sont en outre utilisés comme animal de
charge (Pulgar Vidal, 1946 ; Browman, 1974 ; Custred, 1977 ; Dollfus, 1978 ; Lecoq, 1987).
« Les milieux d’altitude recèlent des potentialités biologiques, tant végétales qu’animales »
(Dollfus, 1978 : 10). La mise en place de stratégies d’irrigation permet donc de les maximiser.
Conclusion
Comme nous venons de le voir, la vallée de Nepeña témoigne d’une grande diversité
d’environnements et de climats. L’augmentation très rapide de l’altitude à partir de la vallée haute a
permis la coexistence de milieux écologiques très différents. En dépit des conditions très rudes qui
caractérisent les parties les plus élevées de la Cordillère Noire, les populations ont su tirer parti de
l’ensemble des environnements montagneux.
En dépit de conditions et facteurs contraignants, l’environnement de la sierra a été propice à
la création d’une grande diversité d’écosystèmes et de comportements humains (Dollfus, 1978),
encore peu mis en valeur. La singularité des climats et des écosystèmes de suni et puna ont ainsi
permis l’émergence de pratiques, telles que l’élevage, à grande échelle, de camélidés et la culture de
tubercules, base de l’alimentation andine. La gestion de la ressource en eau dans un environnement
si escarpé et aride apparaît comme déterminante pour le maintien de ces activités.
La puna, milieu très fragile, est aussi un des plus altérés du Pérou aujourd’hui, conséquence
d’une activité pastorale trop intensive (Tosi, 1960 ; Custred, 1977 ; WWF, 2001). La position de la
Contexte géographique - 21
páramo et de la puna, aux sources des bassins hydrologiques, leur confère pourtant une fonction
primordiale dans la régulation hydrique (Recharte et al., 2002). Les modalités d’occupation de ces
espaces et plus particulièrement les politiques de gestion de l’eau ont donc une forte répercussion en
aval. Comme le note très justement Recharte (2002 : 787), la situation géographique et
topographique des étages de suni et puna comporte en outre un intérêt capital dans la mise en
contact des populations d’altitude : « … ces éco-régions de pâturage d’altitude peuvent être
entendues comme un couloir connectant des vallées qui, sinon, seraient séparées. »10
Il conviendra donc de se demander quelles populations ont occupé ces espaces et de quelle
manière celles-ci se sont adaptées aux conditions climatiques et écologiques de la région.
10 Traduction personnelle de « … estas ecoregiones de pastizales de altura pueden verse como un corredor
que conecta valles que de otro modo serían segmentados. ».
Contexte géographique - 22
Fig. I.5. Carte représentant les différentes parties de la vallée de Nepeña
23
Fig. I.6. Carte hydrologique de la vallée de Nepeña
24
CHAPITRE 3 : ANTÉCÉDENTS DES RECHERCHES
La Cordillère Noire, dont la largeur n’excède pas trente kilomètres, constitue une barrière
orographique entre deux espaces géographiques bien distincts : les vallées côtières et le Callejón de
Huaylas. Frontière naturelle, mais aussi passage incontournable et donc lieu d’importants échanges,
la Cordillère Noire a participé au développement de groupes culturels singuliers de part et d’autre
de ses sommets.
Il convient de dresser un état des connaissances actuelles des cultures qui se sont
développées dans le Callejón de Huaylas et dans la vallée de Nepeña, cultures qui n’ont cessé
d’interagir au sein de la Cordillère occidentale.
I) Callejón de Huaylas
C’est avec les fouilles menées, à partir de 1919, par Julio C. Tello à Chavín de Huántar que
commencent véritablement les recherches archéologiques dans le Callejón de Huaylas. En effet,
l’émoi que suscitent les découvertes dans le site cérémoniel, localisé sur le versant opposé de la
Cordillère Blanche, conduit à s’intéresser à une des zones principales d’influence de la « civilisation
Chavín » (Tello, 1944). Le même Tello réalise d’ailleurs un voyage au Callejón de Huaylas à la fin
des années 1930. Ces premières données collectées sont suivies par d’autres travaux pionniers
comme ceux de Bennett (1944) et de Gary Vescelius et Hernán Amat (Lanning, 1965). Ces
premières prospections et fouilles à grande échelle permettent d’établir une carte des sites présents
dans la vallée et répondent à la tentative d’élaborer une première séquence culturelle fiable de la
région (Lanning, 1965).
Les recherches mettent en lumière l’existence de phases culturelles bien distinctes que sont :
la période Chavín, la période « Blanc sur rouge », la période Recuay et la période Wari.
La focalisation des recherches sur la côte et les problèmes politiques dans la sierra à partir
des années 1980 ont cependant freiné le développement de projets dans cette région durant la
seconde moitié du XXe s. (Lau, 2002-2004).
De nombreux projets d’investigation ont été menés à bien récemment et ont permis de
clarifier la chronologie du Callejón de Huaylas, notamment au sujet de la période Recuay dont les
bornes demeuraient très mal définies (Lau, 2002-2004). Certains sites notoires de la vallée comme
Huaricoto (Burger, 1995), Honcopampa (Hartmut Tschauner, 2004 ; Isbell, 2014 [1978]),
Tumshukayko (Bueno Mendoza, 2005) ou encore Pueblo Viejo (Tantaleán y Pérez Maestro, 2004)
La côte nord du Pérou a été, dès le XIXe s., un lieu attractif pour les aventuriers à la
recherche de trésors et les explorateurs en quête de cultures exotiques. Cet attrait précoce a favorisé
le développement des recherches archéologiques et mis en lumière les cultures emblématiques de
cette région : les Mochicas et les Chimús (Castillo, 2013)
Éclipsée, la partie méridionale, s’étendant de la vallée de Chao à celle de Casma (Fig.I.3), est restée
en marge de ce phénomène, attirant moins de recherches archéologiques.
Hormis le récit de voyage de l’explorateur américain George Squier (1877), l’un des
premiers à mentionner et décrire les sites archéologiques et les systèmes d’irrigation préhispaniques
dans la vallée de Nepeña, ce n’est qu’en 1933 que des fouilles pionnières sont entreprises, par le
père de l’archéologie péruvienne, Julio C. Tello, sur les sites de Cerro Blanco et Punkurí (Fig.I.8).
En dépit de l’enthousiasme généré par la découverte de frises polychromes (Tello, 1944),
permettant à son découvreur de corroborer l’influence de Chavín sur la côte (Tello, 1944), aucun
autre projet d’envergure ne fut ensuite mené pendant de nombreuses années.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la vallée de Nepeña souffre d’ailleurs
grandement de sa proximité avec la vallée de Casma/Sechín dans laquelle la multitude et l’ampleur
des sites monumentaux attirent d’importants projets de recherche (Thompson, 1964 ; Matsuzawa
11 Les données de carbone 14 calibrées indiquent une occupation dans un intervalle 2900-2475 av. J.-C.
Comme nous l’avons mentionné précédemment, la vallée de Nepeña a été moins explorée
que les vallées avoisinantes et le déficit de connaissances est particulièrement marqué en ce qui
concerne le cours supérieur. À l’exception des précieuses « prospections » réalisées par le péruvien
Wilfredo Gambini (1984) dans la partie nord, autour de la ville de Jimbe (Fig.I.5), aucun chercheur
n’avait tenté, jusqu’en 2000, d’établir un schéma d’occupation dans les parties hautes de la vallée
de Nepeña. Proulx (1968 ; 1973) et Daggett avaient en effet limité leurs prospections au niveau de
la poche de Moro, la considérant comme le terme de la vallée haute.
Les recherches les plus abouties, à ce jour proviennent des thèses de doctorats d’Alexander
Herrera Wassilowsky (2005) et de Kevin Lane (2005) qui se sont intéressées respectivement aux
vallées de Huarapampa et Loco (Fig.I.6), tous deux affluents du río Nepeña. Basées sur un relevé
méthodique de l’ensemble des sites et infrastructures, ces recherches ont permis pour la première
fois d’obtenir un panorama culturel de ces régions, à l’Intermédiaire récent (1000 – 1460 apr. J.-C.)
et à l’Horizon récent (1460 - 1532 apr. J.-C.). Les conclusions qui ont pu être tirées de ces études
sont les suivantes :
- la région était caractérisée par un habitat fortement dispersé, où quelques sites de première
importance étaient associés à de nombreux hameaux et villages ;
- les sites d’habitat principaux recensés (Intermédiaire récent) montrent une prédisposition pour les
positions défensives offrant un vaste panorama des régions alentours ;
- des populations relativement homogènes culturellement vivaient à la frontière entre les étages de
suni et puna et pratiquaient à la fois l’agriculture et l’élevage ;
- l’environnement constituait à la fois, un espace et un objet de vénération pour les populations,
notamment certains points d’eau et sommets montagneux ;
- la mise en place d’un réseau d’infrastructures hydrauliques aurait facilité l’établissement d’une
économie hybride, c’est à dire agropastorale.
Quant à la séquence d’occupation de cette zone, Lane (2005) et Herrera (2005) tirent des
conclusions similaires. L’occupation dans la partie méridionale de la haute vallée de Nepeña ne
Conclusion
Le Callejón de Huaylas, parcouru par le río Santa, et la vallée de Nepeña ont abrité, durant
l’époque précolombienne, des groupes culturels très différents. La Cordillère Noire, barrière
géographique entre ces deux régions, a cependant constitué un espace de contacts et d’échanges
intenses, et ce, particulièrement depuis l’Horizon moyen.
Cette région « frontalière », occupée majoritairement par des populations agropastorales, a
donc longtemps été perçue comme une zone stratégique (lieu de passage obligé pour accéder à la
côte ou au Callejón) par les populations du bassin du río Santa (Fig.I.6). Ces dernières, semblent
avoir porté un intérêt tout particulier au versant occidental de la Cordillère Noire en s’implantant
dans le cours supérieur de la vallée de Nepeña à plusieurs reprises.
C’est donc dans cet espace limitrophe, peu traité par les recherches archéologiques, qu’ont
été réalisés de très nombreux barrages ; barrages vraisemblablement cruciaux dans l’organisation
sociale des populations préhispaniques locales et qu’il convient maintenant de présenter.
33
CHAPITRE 4 : LES BARRAGES DE LA HAUTE VALLÉE DE NEPEÑA
QUE SAIT-ON ?
Les investigations menées par les archéologues, les ingénieurs ou même de simples
amateurs ont conduit à la détection de 45 barrages (Fig.I.10) dans la haute vallée de Nepeña. Tous
les barrages ne sont cependant pas connus de manière égale et les descriptions des ouvrages
diffèrent très fortement d’un site à un autre. Il convient donc de distinguer, au sein de l’inventaire,
des données dont le degré de fiabilité est très variable.
Les barrages de cette première catégorie correspondent à des ouvrages pour lesquels nous
disposons de détails architecturaux ou, tout au moins, d’une description sommaire permettant de les
caractériser. Ils constituent une large majorité des barrages recensés (Fig.I.10).
Les cas documentés proviennent en grande partie des recherches menées dans les bassins
des ríos Uchupacancha, Huarapampa et Loco (Herrera, 2005 ; Lane, 2005 ; Llosa, 2008 ; Herrera
and Lane, 2017). On pourra également mentionner les deux barrages documentés par Jesús Maza
Poma (2017) dans la partie supérieure du río Capado.
Au sein même de cette catégorie, le niveau de documentation est très variable. Certains
12 La haute vallée de Nepeña définie par Proulx (1968 ; 1973) prend fin aux alentours des villes de Jimbe et
Moro.
Sept barrages (Fig.I.10) sont également recensés et considérés comme préhispaniques sans
n’avoir fait toutefois l’objet d’aucune description.
Il est évident que ces informations, de moindre fiabilité, doivent être considérées avec
prudence. Cependant il existe peu de doutes quant à l’ancienneté de cinq des sept barrages. Parmi
eux trois ouvrages, Quepancocha (10-Col), Wakecocha (13-Col) et Mamancocha (14-Col), sont
illustrés d’une photographie (Gambini, 1984 ; Paz, 2008) et deux autres barrages ont été détectés
par l’archéologue Jesús Maza Poma lui-même (communication personnelle, 2017). Il s’agit des
retenues de Cushuro (5-Cap) et Huirí 1 (6-Cap).
Quant aux deux derniers, Estanque 2 (20-Cos) et Carhuacocha 2 (12-Col), nous sommes
contraints de nous référer aux seules allégations des auteurs (Gambini, 1975 ; Paz, 2008). Nous
sommes cependant en mesure d’en vérifier l’existence dans chacun des cas, grâce aux images
satellites.
Ouvrages en pierre, présentant parfois des dimensions impressionnantes, les barrages n’ont
fait l’objet, comme nous venons de le voir, que de simples descriptions ou relevés. En outre, ces
derniers n’ont pas été pleinement exploités, justifiant notre analyse postérieure.
Quelques constats, déjà réalisés par les auteurs, peuvent être signalés cependant.
Lane (2005) est le premier à remarquer que de nombreux barrages des bassins versants
d’Uchupacancha et Huarapampa (Fig.I.6) furent édifiés grâce à la technique du double-parement.
Cette technique : construction de deux murs en pierre séparés par un espace comblé de gravats ou
de terre (Fig.I.9) ; conférait aux ouvrages un aspect massif. L’emploi de murs de support, servant
vraisemblablement de contrefort (Lane, 2005 ; Maza Poma, 2017) a parfois été également constaté.
La disposition des barrages ne semble connaître que peu de variations. Barrant la plupart du temps
un vallon ou un verrou glaciaire, l’aspect des ouvrages va de rectiligne à modérément courbé
(Herrera, 2005 ; Lane, 2005 ; Herrera and Lane, 2017).
Enfin une partie des barrages présente des systèmes d’évacuation d’eau assez perfectionnés,
permettant une gestion et une régulation du débit sortant. Lane (2005) mentionne notamment le cas
de Ricococha Baja (36-Hua) présentant pas moins de six vannes (Annexe 2 - Fig.3).
© A.Combey
Les prospections réalisées par les archéologues Lane (2005) et Herrera (2005) dans les
parties méridionales de la haute vallée de Nepeña ont permis d’aboutir à la reconnaissance de deux
grandes catégories de barrages, caractérisées par la nature du composant stocké.
Le premier type correspond aux barrages considérés comme les plus ordinaires puisqu’il
s’agit d’ouvrages permettant le stockage de l’eau. Il n’est pas ici question des réservoirs d’eau, déjà
dissociés par Lane (2005) et que nous circonscrivons aux ouvrages de rétention d’eau construits sur
au moins trois de leurs côtés13.
13 Les réservoirs décrits par Lane (2005) présentent des structures ouvragées enserrant totalement la masse
d'eau ou s'adossant sur un seul de leurs côtés à un flanc herbeux ou rocheux.
Le second type de retenue qui a pu être détecté dans le cours supérieur de la vallée de
Nepeña est beaucoup plus singulier. Les retenues de limon, nommées ainsi en raison du terme de
« silt dam » employé par Lane (2005)14, correspondent à des digues barrant le cours de quebradas et
provoquant, derrière elles, l’accumulation des produits de l’érosion. Ces sédiments transportés par
l’eau s’amoncellent au fil des années et entraînent la formation d’un sol humide propice à la
croissance d’une végétation hydrophile (Charbonneau, 2009). Plusieurs années après leur
construction ces barrages occasionnent donc la formation de tourbières, nommées bofedales dans la
région, jouant le rôle de pâturage pour les camélidés et plus particulièrement les alpagas (Browman,
1974 ; Browman, 1990).
Cette technique n’est pas sans rappeler des procédés similaires évoqués dès les débuts de la
Conquête par Guamán Poma de Ayala (1993 [1615]) et décrits en détail par Palacios Rios (1992).
L’auteur a en effet étudié les méthodes utilisées, par les éleveurs dans la région de Puno,
pour créer des bofedales artificiels, dont notamment le creusement de canaux. Des bofedales formés
grâce à cette technique ont déjà été mentionnés dans plusieurs régions du Pérou, en particulier la
région de Puno (Palacios Ríos, 1992 ; Erickson, 2000), la haute vallée du Mantaro (Carhuallanqui,
1998) et la vallée de Jawira dans le département de Moquegua (Kuznar, 1995). La technique a été
observée également dans notre région d’étude (Lane, 2005) en aval du barrage de Ricococha Baja
(36-Hua).
Néanmoins, dans la vallée de Nepeña, le principal moyen de transformer un pâturage sec en
zone humide ne fut pas d’irriguer et de saturer en eau les couches superficielles du terrain au moyen
de canaux, mais bien de rehausser le terrain en amassant des sédiments derrière un obstacle : la
digue. De plus, l’obstruction de certaines quebradas a pour effet de limiter l’érosion, phénomène
intense à ces altitudes, et participe ainsi au maintien des sols (Denevan, 2001 ; Brooks et al., 2005).
14 Nous préférerons cette dénomination à l'appellation « presas filtrantes » utilisée par Herrera (2011) en
raison du caractère beaucoup plus neutre de la première.
Tandis que Gambini (1975 ; 1984) n’avait entrevu dans les retenues d’eau de la région de
Jimbe qu’un système perfectionné facilitant l’irrigation et permettant notamment l’alimentation du
grand canal préhispanique de Huiru Catác (Maza Poma, 2017), la découverte de retenues de limon a
modifié notre perception de cette technologie hydraulique. L’existence de ces deux stratégies
distinctes, permettant le stockage de l’eau et de sédiments correspond, selon Lane (2005) à un
argument solide validant la finalité agropastorale des barrages. Les barrages témoigneraient donc
d’une collaboration effective entre des groupes d’agriculteurs huari et des pasteurs llacuaz
(Duviols, 1973 ; Paerregaard, 1992 ; Lane, 2005). Les retenues de limon permettent, par conséquent
à Lane (2005) de militer pour une reconsidération de l’équilibre agriculture-pastoralisme dans les
Hautes Terres de la Cordillère des Andes.
La collecte d’informations sur l’ensemble des barrages a permis d’obtenir une première carte
de distribution à l’échelle de la vallée. Observons donc maintenant leur localisation.
On été recensés des barrages tout le long du versant ouest de la Cordillère Noire (Fig.I.11),
alimentant le bassin hydrographique de Nepeña. Cette situation, présentant des ouvrages de retenues
localisés du nord au sud des sources de la vallée, masque pourtant une réalité très disparate.
Bien que cette distribution hétérogène puisse trouver ses origines dans des contextes
sociaux-environnementaux que nous discuterons plus en avant, il est impératif de tenir compte de
l'état lacunaire et fragmentaire des recherches dans cette région. Avant nos recherches et d’après les
sources, la totalité des affluents principaux du río Nepeña comportaient des barrages, et ce, dans des
proportions très diverses. Nous présentons ci-dessous un état des lieux pour ces six bassins versants,
du plus septentrional au plus méridional.
A) Bassin de Capado
Cet affluent prend sa source dans la partie la plus septentrionale de la vallée de Nepeña, au
pied du mont Quñuqranra, sommet le plus élevé de la Cordillère Noire (5181 m). Les barrages
localisés dans ce bassin versant se situent donc à proximité de la ligne de partage des eaux entre le
bassin hydrographique de la vallée de Nepeña et les bassins hydrographiques de la vallée de
Lacramarca au nord et de Santa à l'est (Fig.I.11).
Quatre barrages sont mentionnés par les auteurs : Coñocranra (3-Cap), Tocanca (4-Cap),
Cushuro (5-Cap) et Huirí 1 (6-Cap). Chacun d’eux occupe une quebrada différente alimentant le
río Capado (Fig.I.11). En outre, les barrages de Coñocranra (3-Cap) et Tocanca (4-Cap) semblent
associés au premier tronçon du canal préhispanique de Huiru Catác (Gambini, 1984 ; Maza Poma,
2017).
B) Bassin de Colcap
Les parties hautes du bassin hydrologique de Colcap sont caractérisées par une multitude de
lacs glaciaires de petites dimensions et se composent de trois quebradas parallèles. Quatre barrages
ont pu être recensés d’après la bibliographie (Fig.I.11). Il s’agit de Quepancocha (10-Col),
Carhuacocha 2 (12-Col), Wakecocha (13-Col) et Mamancocha (14-Col). Aucun n’est signalé dans
la quebrada la plus septentrionale.
Le río Cosma, connu sous le nom d’Atún Urán à son origine, prend sa source par filtrations
d’eau souterraine (Gambini, 1975). Cette eau est collectée dans le petit barrage nommé Estanque 2
(20-Cos) (Fig.I.11). Marquée par des pentes abruptes, la vallée ne présente aucun autre lac
susceptible d’être aménagé.
D) Bassin de Uchupacancha
Le río Uchupacancha, en raison de son orientation NNE-SSW, présente des sommets plus
élevés et des lacs plus nombreux sur sa rive gauche. Il n’est donc pas étonnant de constater que
l’immense majorité des 16 barrages recensés soient localisés sur cette dernière (Fig.I.11). Agococha
(18-Uch), Tsaquicocha 1 (19-Uch), Yanacocha Macho et Hembra (23-Uch ; 24-Uch), Alichococha
(25-Uch), Iskaycocha (26-Uch), Huaytacocha (27-Uch ; 28-Uch), Huancacocha (29-Uch),
Sacracocha (30-Uch ; 31-Uch ; 32-Uch), Carhuacocha 1 (33-Uch) et Chaquicocha (34-Uch),
comptabilisés par Lane (2005) lors de ses recherches, sont situés sur la rive gauche. Tayapucro (21-
Uch), Racracocha (22-Uch) leur font face, sur l’autre rive.
E) Bassin de Huarapampa
Le bassin versant de Huarapampa constitue une des régions pour laquelle nous disposons
des données archéologiques les plus nombreuses, grâce à la prospection systématique réalisée par
Kevin Lane (2005).
Loin d’être le bassin hydrologique le plus riche en lacs naturels, 17 infrastructures de
retenue ont pourtant été dénombrées (Fig.I.10 et I.11). Les barrages peuvent être classés en quatre
ensembles distincts :
- Orconcocha A et B (38-Hua ; 37-Hua), Yanacocha (39-Hua), Olerón Cocharuri (40-Hua),
Tsaquicocha 2 (41-Hua), Putacayoc (42-Hua ; 44-Hua), Kaukayoc (43-Hua) et deux autres barrages
sans dénomination (45-Hua ; 46-Hua) sont disposés en série le long d’un vallon surplombant la ville
de Cajabamba.
- Ricococha Alta (35-Hua), Ricococha Baja (36-Hua) ainsi que les réservoirs haut et bas (47-Hua ;
48-Hua) sont situés dans une quebrada parallèle à l’est.
- Intiaurán (49-Hua) et Collpacocha (50-Hua) sont situés à proximité de la communauté de Breque.
- Le barrage de Paccarinacocha (51-Hua) est situé à l’extrémité orientale du bassin.
La vallée du río Loco, affluent le plus méridional du fleuve Nepeña présente un faible
nombre d’ouvrages de retenue. Cette pauvreté ne semble pas être le fait du manque d’investigation
dans cette région ; cette dernière a fait l’objet de recherches ces dernières années (Herrera, 2005 ;
Lane, 2005). Une plus faible altitude des crêtes et un climat plus aride semble expliquer en partie
cette « pénurie » de barrages. Trois ouvrages (Fig.I.10 et I.11) ont pu, tout de même, être observés :
Estanque (52-Loc), Alalakmachay (53-Loc) et Togllakita (54-Loc).
Tandis que le premier est situé à proximité du passage de Tinku (5) (Fig.I.11), situé à
l’extrémité de la vallée de Loco et menant au Callejón de Huaylas ; les deux autres sont perchés sur
le flanc sud de la vallée, près de la frontière avec la vallée de Casma.
La question de la datation des barrages de la haute vallée de Nepeña reste une des questions
les plus ardues et demeure aujourd’hui en suspens.
Plusieurs hypothèses ont été proposées et nous paraissent discutables, ou pour le moins
incomplètes. Gambini (1984) est le premier à soulever la question de l’âge des infrastructures
hydrauliques. Bien qu’il n’ait pas proposé d’hypothèses quant à l’âge des barrages, son allégation
concernant le canal de Huiru Catác (Gambini, 1984 ; Maza Poma, 2017), canal préhispanique de
plus de 30 km qu’il considère comme en usage dès le Formatif supérieur (300 av. J.-C. – 100 apr. J.-
C.)16, laisserait supposer un âge similaire pour les retenues de la région. Le canal prend en effet sa
source au pied de deux lacs de retenue : Coñocranca (3-Cap) et Tocanca (4-Cap). Les recherches en
cours menées sur le canal, par Jesús Maza Poma (2017), tendent à repousser la construction du
canal à l’Intermédiaire Ancien (200 av. J.-C. - 600/700 apr. J.-C.).
La seule proposition claire de datation a été énoncée par Kevin Lane (2005) pour les
barrages des bassins versants de Huarapampa et Uchupacancha (Fig.I.6). En se basant sur
l’organisation spatiale des sites de l’Intermédiaire récent (1000 – 1460 apr. J.-C.) détectés, il
considère très probable le recours à des barrages avant l’occupation inca (1460-1532 apr. J.-C.).
Cette hypothèse, si elle a le mérite de délimiter une période de temps durant laquelle les barrages
étaient très certainement en fonctionnement, ne propose cependant aucune limite basse
correspondant à la période d’apparition de cette innovation hydraulique.
L’hypothèse d’une construction de barrages durant la période coloniale peut
16 Les dates proviennent ici de la chronologie fournie par Gambini (1984) et correspondraient plutôt aux
débuts de l’Intermédiaire Ancien selon la chronologie sur laquelle nous nous basons.
Conclusion
En dépit des premières conclusions, faisant état d’un véritable savoir-faire hydraulique dans
cette région (Gambini, 1984 ; Lane, 2005 ; Herrera, 2005 ; Maza Poma, 2017) ; et ce probablement
dès le début du deuxième millénaire de notre ère, les études des infrastructures de stockage
demeurent trop fragmentaires et dissociées. Aucune synthèse n’ayant été réalisée, permettant de
croiser les données obtenues dans différents bassins versants, peu d’interprétations solides ont pu,
pour l’heure, être formulées.
Il convient donc de réaliser une approche plus large afin de « recoudre » ce paysage morcelé et de
questionner l’uniformité potentielle des barrages à l’échelle de la vallée. L’objectif sera ainsi
d’observer les stratégies de gestion de l’eau mises en œuvre et d’évaluer l’impact des ces ouvrages
sur l’organisation sociale des populations.
44
PARTIE II : CARACTÉRISATION DES SITES
CHAPITRE 5 : MÉTHODOLOGIE ET LIMITES
Les barrages de la haute vallée de Nepeña figurent parmi les exemples de barrages
préhispaniques les plus connus du Pérou. Pourtant beaucoup de zones d’ombres demeurent quant à
leur rôle et leur impact sur l’organisation des communautés locales. Cette étude, malgré un corpus
encore incomplet et lacunaire, se propose de déterminer des clés d’analyse au travers d’une étude
spatiale et architecturale ; clés qui permettront d’étendre cette analyse à tout type de barrage de la
zone andine.
Objectifs
Le dessein de ce travail est de réaliser un inventaire complet et global des barrages recensés
à l’échelle du bassin hydrologique de la vallée de Nepeña, inventaire non réalisé jusqu’à présent.
Complété d’une description des méthodes constructives et d’un essai de typologie à partir des
caractéristiques architecturales, il permettra de questionner l’homogénéité, qui pourrait être
supposée, des ouvrages de retenue sur l’ensemble du bassin.
La documentation et le travail d’inventaire nous ont également permis d’obtenir une
répartition spatiale de l’ensemble des infrastructures recensées. La mise en parallèle de cette
répartition avec le schéma d’occupation dans la haute vallée à l’Intermédiaire récent (1000 - 1460
apr. J.-C.) et lors de la période inca (1460 – 1532 apr. J.-C.), permettra d’émettre certaines
hypothèses quant aux implications sociales de cette technologie hydraulique.
A) Types de sources
Confronté à l’impossibilité de réaliser une quelconque prospection ou même une visite des
principaux ouvrages, il a été impératif de faire appel à la bibliographie la plus large possible pour
réaliser un inventaire des plus exhaustifs.
Il est tout d’abord nécessaire de mentionner qu’aucun témoignage de chroniqueur ne
rapporte l’existence, à notre connaissance, de structures de rétention de ce type. Seul Guamán Poma
de Ayala (1993[1615]) représente dans une de ses illustrations un réservoir, de facture très similaire
à un barrage (Fig.II.1). Nous nous sommes cependant intéressés aux témoignages des explorateurs
Méthodologie et limites - 45
qui ont visité la vallée de Nepeña (Squier, 1877 ; Raimondi, 1942) et ont observé les systèmes
d’irrigation mis en place dans sa partie basse.
Nous avons bien évidemment eu recours majoritairement à des travaux universitaires portant
sur la vallée de Nepeña et le Callejón de Huaylas adjacent. La majorité des travaux consultés
portaient sur les questions d’irrigation et de pastoralisme.
Nous avons, en outre, utilisé les ressources internet permettant d’obtenir des photographies
et des indications géographiques sur des sites ou des barrages non prospectés par les chercheurs.
Enfin nous avons exploité les images satellites (images Google et Bing) qui permettent de
confirmer, dans certains cas, l’existence de barrages préhispaniques non documentés. Le recours
aux images satellites a permis, en outre, la reconnaissance de neuf ouvrages de retenue non
mentionnés dans la littérature scientifique. Malgré le manque de preuves quant à leur ancienneté,
ces ouvrages furent insérés dans l’inventaire, au regard d’arguments que nous détaillerons plus en
avant.
Fig.II.1. Représentation d’un réservoir agricole par Guamán Poma de Ayala (1615)
Méthodologie et limites - 46
B) Inventaire et étude constructive
Le recours à cette grande diversité de sources nous a permis d’élaborer un inventaire des
barrages préhispaniques, ou considérés comme tels, et de réaliser des fiches d’enregistrement
(Annexe 4) pour chacun d’eux.
Ces fiches contiennent donc les éléments essentiels de chaque ouvrage. Y figurent, par
conséquent, les identifiants, la situation géographique, les principales caractéristiques
architecturales, les dimensions ainsi que des commentaires et d’éventuelles photos.
Il est nécessaire de préciser que les « réservoirs » de limon recensés par Lane (2005) n’ont
pas été distingués dans notre inventaire. Nous avons, de plus, conservé la méthode employée par le
chercheur anglo-saxon. Organisés en série et de petites dimensions, ces ouvrages fonctionnent en
association. Nous avons, par conséquent, conservé les regroupements réalisés sur une base
géographique. Un second argument vient justifier notre procédé : l’individualisation de chaque
infrastructure aurait faussé les statistiques réalisées dans les chapitres suivants, sur-représentant ce
type d’installation hydraulique.
Pour des raisons de commodité, nous avons tenté, dans la mesure du possible, de faire
référence aux barrages selon leur appellation commune. Nous avons également décidé de leur
associer un identifiant que nous avons créé afin de faciliter les recherches. Cet identifiant se
compose d’un nombre unique associé au trois premières lettres du bassin versant dans lequel est
situé le barrage.
La localisation géographique de chaque entité archéologique enregistrée dans l’inventaire est
indiquée au moyen des coordonnées GPS dans le système géodésique WGS84 et projetée en
UTM17.
Les données architecturales compilées dans les fiches nous ont permis de réaliser une
analyse des techniques architecturales employées pour la construction des barrages. Le prochain
chapitre, dédié à cette analyse, utilisera donc une typologie de murs empruntée à Clément (2015).
Nous avons également réalisé une distinction parmi les systèmes d’évacuation d’eau observables
sur certains ouvrages. Cette distinction repose sur les catégories d’évacuation d’eau évoquées dans
le premier chapitre.
C) Un déficit d’études
La principale limite réside dans la pauvreté du corpus universitaire pour la haute vallée de
Nepeña. Il existe, encore à ce jour, très peu d’études détaillées et, comme nous l’avons déjà signalé
dans le troisième chapitre, la majeure partie des informations provient encore de prospections
Méthodologie et limites - 47
(Proulx, 1968 ; Proulx, 1973 ; Herrera, 2005 ; Lane, 2005). De plus, la partie septentrionale, au sein
de la vallée haute, au dessus de la ville de Jimbe (Fig.I.5), n’a pas fait l’objet de prospections aussi
approfondies que la partie méridionale. Il existe donc encore aujourd’hui une vision tronquée de la
réalité archéologique. Le manque de fouilles ciblées empêche la validation de certaines hypothèses
et l’obtention de données plus précises sur l’occupation dans cette zone. Certaines comparaisons ne
sont donc tout simplement pas envisageables. Nous avons tenté par conséquent de focaliser nos
analyses spatiales sur les régions ayant été le plus intensivement explorées.
De cette carence en travaux universitaires découle le problème du recours à des sources
informelles telles que des témoignages, accompagnés de photographies extraites de pages internet.
Comme nous venons de le voir dans le chapitre précédent, il est impératif de considérer ces
cas de barrages non documentés avec beaucoup de précaution. Nous avons tenté de profiter au
mieux de la connaissance du terrain par ses habitants, sans pour autant tenir compte des
interprétations, incertaines ou relevant simplement de la tradition orale, données par ces
observateurs. Bien évidemment, seuls les témoignages présentant une illustration du barrage ou bien
vérifiables grâce aux images satellites ont été pris en compte.
Il nous a paru pertinent de profiter de l’expérience d’habitants de la région, pour certains
passionnés d’hydraulique, pour rendre notre inventaire plus exhaustif. Le recours à ces sources nous
a permis de documenter, ou du moins de cartographier certaines structures non mentionnées dans
les ouvrages universitaires.
Concernant l’élaboration de fiches d’enregistrement (Annexe 4) réunissant les informations
disponibles sur l’ensemble des barrages, la difficulté majeure fut l’absence complète de
documentation de certains ouvrages. Les descriptions lacunaires rendent difficiles leur analyse et
posent des questions quant à leur état de conservation. Nous avons du restreindre l’analyse
architecturale et l’appliquer à un corpus réduit de 28 ouvrages.
Nous avons eu recours à un système d’information géographique (SIG), QGIS, pour réaliser
une analyse spatiale des structures étudiées. La création d’un Modèle Numérique de Terrain (MNT)
a notamment permis la réalisation d’analyses hydrologiques ainsi que des études portant sur le relief
et les distances. Les principaux objectifs de cette analyse SIG consistaient en une meilleure
visualisation de la disposition des ouvrages de retenue dans l’espace, l’estimation des surfaces des
barrages et de certains bassins de drainage ainsi que le calcul de distance inter-sites. Nous avons pu
ainsi discerner certaines logiques de répartition des ouvrages de retenue et évaluer leur influence sur
le plan de l’organisation de l’habitat.
Méthodologie et limites - 48
A) La détection de barrages
Il doit être signalé, en premier lieu, que nous nous sommes concentrés uniquement sur le
bassin hydrologique de la vallée de Nepeña. Les lacs glaciaires situés dans la Cordillère Noire ne
sont pas présents exclusivement sur le flanc ouest, aux sources de la vallée de Nepeña, mais
également sur le flanc opposé de la Cordillère, en direction du Callejón de Huaylas et alimentant le
río Santa. Bien que l’existence de lacs aménagés sur ce versant ne soit pas déniée, nous avons
décidé de focaliser notre analyse sur les infrastructures préhispaniques de retenues du bassin
hydrologique de la vallée de Nepeña.
L’observation d’images satellite a permis le recensement de neuf barrages inédits (Fig.I.11)
que nous considérons potentiellement préhispaniques pour les raisons suivantes :
- les digues observables sur les images satellites Google Earth et Bing Map révèlent l’existence de
murs de pierre de facture simple, facilement distinguables des ouvrages bétonnés modernes. La
construction de ces barrages par la communauté n’est néanmoins pas exclue et ne peut être réfutée
par ce simple argument.
- six des neuf retenues détectées sont aujourd’hui colmatées. Il s’agit des barrages que nous avons
nommés Ulto 1 et 2 (1-Cap ; 2-Cap), Huirí 2 (8-Col), Meza 1 et 2 (16-Uch ; 17-Uch) et Saquipampa
(15-Col). Il est peu vraisemblable que les communautés actuelles aient construit des retenues de
limon, cette pratique étant tombée en désuétude dans la région (Lane, 2013). Si ces barrages
correspondent, en revanche, à des retenues d’eau colmatées par l’érosion, cela corrobore leur
ancienneté.
- pour les trois barrages restants : Hatun Huirí (9-Col) et Wakecocha Ouest (11-Col) présentent
chacun deux digues correspondant à deux phases constructives distinctes (Annexe 2 - Fig.5), Mata
Mata (7-Cap) est lui situé à 4600 mètres d’altitude dans une zone éloignée de traces d’activités
anthropiques contemporaines.
Ces arguments ne sont bien sûr pas suffisants et la confirmation de leur origine
précolombienne nécessitera un déplacement sur zone.
Méthodologie et limites - 49
volumes d’eau en jeu. Nous disposions des estimations volumiques pour certaines retenues (Lane,
2005), ce qui nous a permis d’obtenir une régression linéaire du volume en fonction de la surface
des réservoirs. Il a donc été possible de proposer une estimation des quantités d’eau impliquées dans
chacune de ces infrastructures hydrauliques (Annexe 3 - Fig.5)
La réalisation de ce type d’analyse sur SIG comporte évidemment des limites qui doivent
être mentionnées et qu’il est bon de garder à l’esprit.
L’observation d’images satellite pour réaliser des calculs de surface pose plusieurs
problèmes. Les valeurs de surface obtenues grâce à ce procédé ne sont pas d’une très grande
précision. Toutefois, cette faible précision a peu de conséquences sur les analyses que nous avons
réalisées. La variabilité saisonnière de la surface des lacs de retenue constitue un problème plus
épineux. Le niveau des eaux étant très fortement corrélé aux conditions climatiques et à la saison,
les données observables sur des images satellite ne rendent pas entièrement compte de la réalité
(Maza Poma communication personnelle, 2017). Les estimations de volume réalisées par inférence
sont donc à considérer avec prudence. Il faut toutefois relativiser la portée de ce problème. Notre
objectif consistant en une évaluation des quantités d’eau durant la saison humide, et les images
satellite présentant les lacs proches de leur capacité maximale (images Bing), les données recueillies
ne semblent pas incohérentes. Ces données doivent être considérées comme représentatives de la
situation durant la saison humide uniquement.
Nous nous sommes également intéressés aux surfaces de drainage de certains barrages afin
d’obtenir une indication des volumes d’eau collectés durant la saison humide. Désirant obtenir in
fine une estimation du temps de remplissage des retenues d’eau en capacité d’être vidangées, nous
avons réalisé cette analyse sur cinq cas disposant d’au moins une vidange de fond : les retenues de
Yanacocha Macho et Hembra (23-Uch ; 24-Uch), Tocanca (4-Cap), Ricococha Alta (35-Hua),
Togllakita (54-Loc) et les retenues de Sacracocha (30-Uch ; 31-Uch ; 32-Uch). Nous y avons ajouté
le barrage d’Agococha (18-Uch) pour lequel l’existence d’une vidange de fond est supposée, et ce,
malgré son très mauvais état de conservation (Lane, 2005). Le calcul de certaines composantes a été
nécessaire pour obtenir un bilan net des apports en eau dans le barrage. Nous avons donc tenu
compte des précipitations, du coefficient de ruissellement et de l’évaporation18 (Annexe 3 - Fig.9).
Méthodologie et limites - 50
Ces estimations sont évidemment à prendre avec précaution. De nombreuses variables sont
sujettes à d’importantes approximations. C’est le cas de la quantité des précipitations à plus de 4000
m. Nous nous sommes basés pour cela sur la méthode de Choquepuma Llave et al. (2009). En nous
fondant sur les travaux de l’INEI (2010), de la DDTM (2014) et du SENAMHI (2015), nous avons,
par ailleurs, retenu les valeurs des coefficient de ruissellement, de l’humidité relative et de la
température moyenne qui nous ont semblé les plus représentatives (Annexe 3 - Fig.10).
Ce calcul n’a pas vocation à l’obtention d’une valeur exacte des temps de remplissage des
retenues considérées. Les précipitations sont, par nature, irrégulières ce qui est contraire à
l’hypothèse de ce modèle. De plus la quantité de précipitation a pu être quelque peu différente
durant la période préhispanique tardive (Cardich, 1980). Cependant, les valeurs obtenues
permettront de discuter la possibilité de vidanges multiples d’un même barrage au cours de la saison
des pluies.
L’usage d’un SIG avait, par ailleurs, pour objectif d’évaluer les interactions qui pouvaient
exister entre les ouvrages de retenue et les installations humaines au sein de la vallée de Nepeña.
Pour cela, il a été nécessaire de visualiser le schéma d’occupation de l’habitat en cartographiant les
sites et enclos de la région.
1) Zone de reconnaissance
Méthodologie et limites - 51
pourrait apporter des données intéressantes mais ne fait pas l’objet de cette étude.
Enfin nous avons décidé d’analyser les modes d’implantation des enclos, ou corrales, à
l’égard des barrages. Dans le cas présent, il était évidemment inutile de relever tous les enclos
existants dans l’immense zone délimitée plus haut. Nous nous sommes concentrés sur les corrales
situés à plus de 3000 mètres d’altitude, dans un rayon ne dépassant pas 5 kilomètres autour de
chaque barrage. Des analyses de distance ont été réalisées pour déterminer les liens entre les
populations pratiquant le pastoralisme et les ouvrages de retenue.
Des analyses de coûts ont été effectuées grâce au système d’information géographique. La
création de cartes de coûts, prenant comme origine les sites d’habitat, ont permis le tracé de
chemins de moindre coût ainsi que le calcul des temps de trajets entre ces sites d’occupation
humaine et les barrages étudiés.
2) Limites
Méthodologie et limites - 52
positif parcouru en une heure19. Ce référentiel, après avoir été intégré aux paramètres de calcul des
coûts du SIG, a ainsi été appliqué à tout trajet reliant un barrage à un site d’implantation humaine.
Conclusion
Nous sommes conscients que le caractère bibliographique de ce travail, reposant par ailleurs
sur une documentation faible et incomplète, pousse notre méthodologie à ses limites. La prise en
compte de ces restrictions et la réalisation d’analyses architecturales et spatiales pondérées et
raisonnées permettent néanmoins de réaliser un travail qui permettra, selon nous, d’obtenir une
première vision à plus large échelle des barrages de la haute vallée et ainsi soutenir ou contredire
des assertions énoncées pour des régions beaucoup plus restreintes. Nous espérons que la
méthodologie mise en en place dans le cadre de ce travail pourra inspirer de nouveaux travaux sur
d’autres barrages de la Cordillère des Andes.
Méthodologie et limites - 53
CHAPITRE 6 : ÉTUDE ARCHITECTURALE ET CLASSIFICATION
Nous avons souhaité, dans un premier temps, nous intéresser aux caractéristiques
architecturales des barrages. Aucune étude de ce genre n’avait, en effet, été accomplie jusqu’à
présent en dépit des descriptions, plans et photos qui avaient pu être réalisés.
Compte tenu du déficit de données nous n’affirmons pas réaliser, ici, un examen complet et
exhaustif. Nous souhaitons plutôt proposer des pistes d’analyse qui pourront être utiles lors
d’investigations plus détaillées des ouvrages en question. Nous reviendrons donc en premier lieu sur
la classification bipartite proposée par Lane (2005) puis nous nous intéresserons aux types de murs
édifiés. Nous présenterons enfin les différents systèmes d’évacuation d’eau, éléments cruciaux
encore trop souvent négligés.
I) Types de retenues
Les prospections menées par Kevin Lane (2005 ; 2006) et Alexander Herrera (2005) dans la
haute vallée de Nepeña ont abouti à l’observation et au recensement de nombreux barrages qui ont
été divisés en deux grandes catégories (Lane, 2005) : les retenues d’eau et les retenues de limon.
Les auteurs ont cru y déceler une clé commode de reconnaissance fonctionnelle. Il semble pourtant
que la question de leur catégorisation soit plus ardue.
Grâce aux informations consultées et à notre travail sur images satellite, nous avons été en
mesure de détailler et préciser cette distinction.
Comme nous l’avons déjà évoqué dans un chapitre précédent, les retenues d’eau 20
correspondent aux barrages « traditionnels », conçus pour stocker l’eau, et ceci dans des proportions
variables.
Ne retenant pas le volume de stockage comme facteur distinctif entre les catégories de
« réservoir » et « barrage », nous avons constaté une grande diversité de tailles et de gabarits parmi
les retenues d’eau. D’après nos estimations de volume (procédant des surfaces calculées) nous
obtenons des valeurs variant de 32 000 à 990 000 m³ (Fig.II.4).
Quatre barrages, détectés grâce aux images satellite, sont enregistrés comme des retenues
d’eau. Il s’agit de Mata Mata (7-Cap), Hatun Huirí (9-Col), Wakecocha Ouest (11-Col) et Meza 2
(17-Uch) (Fig.I.11). Il existe peu de doutes concernant leur nature puisque des masses d’eau ont pu
être observées derrière la digue. Meza 2 (17-Uch) semble cependant en partie colmaté puisque les
images satellite laissent entrevoir une zone de bofedal en saison sèche (Annexe 2 - Fig.6).
La détection de nouvelles retenues ne modifie que très légèrement les proportions citées au
chapitre 4. Les retenues d’eau demeurent les plus nombreuses, représentant 35 entités sur un total
de 54 barrages (Annexe 3 - Fig.3).
Au regard de nos observations, il nous est apparu pertinent de dissocier ce type de retenue en
deux nouvelles catégories, catégories impliquant des stratégies constructives différentes.
La première catégorie concerne les barrages construits aux abords d’un lac naturel. Dans ce
cas, l’édification d’une digue ne permet que de rehausser le niveau d’un lac d’origine glaciaire, dont
la hauteur d’eau peut varier au cours de l’année. Le lac étant déjà localisé dans une dépression, il est
alors très probable que le point le plus bas du réservoir soit situé en dessous de la base du mur. On
peut citer les cas flagrants de Tocanca (4-Cap) et de Yanacocha (39-Hua).
Les retenues d’eau artificielles constituent la seconde catégorie. Dans ces conditions, le
barrage est édifié en travers d’une quebrada et permet de bloquer le cours de ruisseaux saisonniers.
Plus sujets à la sédimentation, ceux-ci sont aujourd’hui, pour la plupart, entièrement colmatés. Leur
nature originelle reste par conséquent débattue. On pourra citer comme exemples les cas de
Ricococha Baja (36-Hua) et Alalakmachay (53-Loc).
Il est intéressant de noter que les murs de digue sont en grande majorité ancrés, pour au
moins un de leurs flancs, sur un affleurement rocheux (Annexe 3 - Fig.6). Cette méthode offre en
effet au barrage une meilleure stabilité et résistance à la pression de l’eau. Les retenues d’eau
établies sur un lac préexistant correspondent aux barrages ancrés le plus fréquemment sur un
substrat rocheux (84 % contre seulement 50 % pour les lacs artificiels). Il profitent en effet de la
configuration naturelle de ces lacs, souvent barrés par des verrous glaciaires.
Correspondant aux silt dams que décrit Lane (2005) et déjà reconnues sous le terme de
« retenues secondaires d’érosion »21 par Freisem (Lane, 2005), les retenues de limon peuvent être
définies comme des « pièges » à sédiments, impliquant la formation de tourbières. Ces tourbières,
rares espaces propices à la croissance d’une végétation de zone humide dans la puna andine,
constituent des secteurs privilégiés de pâturage pour les troupeaux de camélidés lors de la saison
sèche.
Représentant 19 cas de notre étude (Fig.I.11 et Annexe 3 - Fig.3), ces barrages ne présentent
pas de différences notables vis à vis des retenues d’eau. Comme nous le verrons plus en avant, les
différences architecturales ne semblent pas associées à cette catégorisation.
Il est néanmoins utile de rappeler que huit retenues de limon correspondent à ce que Lane
(2005) définit comme des « réservoirs de limon »22 (Annexe 2 - Fig.4). Ceux-ci diffèrent
architecturalement des retenues de limon conventionnelles par leur forme courbée et leurs petites
dimensions (hauteur comprise entre 0,6 et 2m). Nous avons fait le choix de ne pas les isoler puisque
les méthodes constructives, comme le remarque Lane (2005) lui-même, sont analogues : technique
du double-parement pour certains et présence de systèmes d’évacuation d’eau.
D’architecture similaire aux retenues d’eau, la seule véritable différence de ce type singulier
de barrage réside vraisemblablement dans leur objectif originel de créer des zones d’herbage. Le
rôle de collecteur des produits de l’érosion pose, néanmoins, certains problèmes de détection et de
catégorisation des ouvrages de retenue.
C) Le problème de la sédimentation
En dépit de la rareté des dessins et clichés des infrastructures étudiées, il a été possible
d’analyser les méthodes de construction employées dans la réalisation de l’unique élément d’origine
anthropique du barrage : la digue.
Toutes les digues que nous avons recensées sont des ouvrages en pierre. Nous nous
focaliserons donc uniquement sur ce type de matériau. Aucune étude de la provenance des blocs
employés dans la construction n’a pu être réalisée malheureusement 23, en raison du manque de
données. De même, trop peu d’informations sont disponibles concernant le travail des blocs
employés dans l’édification des digues. Photographies à l’appui, il est permis de supposer un emploi
étendu de pierres brutes ou faiblement taillées.
Grâce aux plans réalisés par Lane (2005) et aux photos qui ont pu être collectées, il a été
possible de réaliser une analyse partielle des types de murs de contention, désignés plus justement
sous le terme de digues. En raison des très fortes analogies constructives constatées avec les types
de murs en pierre et en adobe analysés par Camille Clément (2015) dans la vallée de Chicama, nous
23 Il est très probable cependant que les blocs aient été collectés à proximité des ouvrages. Les rares photos
de bonne qualité laissent supposer l’emploi de roches volcaniques ou sédimentaires locales.
Les murs par entassement constituent le type le moins élaboré de notre classification. Ces
murs en pierres sèches sont constitués de pierres de taille variable, préférentiellement de taille
moyenne (entre 0,3 et 0,5m de côté) à grande (plus de 0,5m de côté). Ils présentent des
appareillages complètement irréguliers. Les pierres semblent en effet avoir été empilées les unes sur
les autres sans arrangement apparent. En l’absence de mortier, seule la forme des blocs permet
d’assurer un minimum de cohésion (Annexe 2 - Fig.7).
La disposition très faiblement ordonnée des pierres, non taillées, laisse supposer des
constructions rapides. Il est difficile d’émettre des hypothèses quant au recours privilégié de ce type
de murs dans une catégorie particulière d’ouvrages puisque nous ne disposons que de deux
exemples : Wakecocha (13-Col) et Tayapucro (21-Uch). Ces deux derniers constituent néanmoins
des retenues d’eau de très petite taille, de surface inférieure à 500 m². Il n’est pas exclu que d’autres
structures de ce type ne soient toujours pas recensées. Leur faible taille et la qualité médiocre de
leur construction rendent leur détection compliquée.
2) Murs simples
La seconde catégorie correspond à un type de murs que nous nommerons « simples ». Ceux-
ci se distinguent des murs de la catégorie précédente par l’emploi de mortier. L’appareillage semble
très variable d’une digue à l’autre. Un certain ordre semble cependant apparaître puisque l’on
pourra noter l’emploi de pierres de plus grandes dimensions à la base des murs, et par endroit une
organisation en assises de blocs similaires (Annexe 2 - Fig.8). Ce type de mur est comparable au
style « rustique » décrit par Menotti (1998) pour le style inca.
Quatre murs de ce type ont pu être recensés (Fig.II.5). Parmi eux, quatre concernent des
barrages considérés comme des retenues d’eau. La taille réduite de l’échantillon ne nous permet
cependant pas d’énoncer une hypothèse quant à un recours privilégié à ce type de murs dans
l’édification des retenues d’eau.
3) Murs à double-parement
24 Pierres sans forme précise et de petite taille qui sont employées dans le blocage.
La typologie des murs semble être liée à l’importance de l’ouvrage. Les murs simples et les
murs par entassement sont associés à des retenues de plus faibles dimensions et, par conséquent, de
moindre importance. Il est donc très probable que le temps de construction et le soin apporté à
l’édification des digues aient été directement associés à la valeur accordée par les communautés à
ces retenues.
Dans la construction d’un barrage, les matériaux utilisés et la manière dont ils sont agencés
ne constituent pas les uniques préoccupations. La morphologie de la digue représente également un
élément central, qui évolue et s’adapte suivant les situations (Degoutte, 1997). Ceci s’applique tout
autant à la période préhispanique qu’à la période contemporaine.
Nous avons décidé d’étudier en détail les plans réalisés par Lane (2005) dans le cadre de sa
thèse de doctorat et qui n’avaient pas fait l’objet d’une analyse jusqu’à présent. Il est évident que les
observations rapportées ci-dessous ne peuvent être étendues à l’ensemble du corpus que nous avons
constitué. Quatorze ouvrages seulement ont, en effet, été dessinés et l’intégralité de ceux-ci ont été
réalisés grâce à la technique du double-parement. Tous localisés aux sources des bassins
hydrologiques de Uchupacancha et Huarapampa (Fig.I.6), nous avons considéré utile, toutefois, de
questionner l’homogénéité architecturale de cet ensemble restreint de barrages.
Nous avons pu constaté en premier lieu que la totalité des barrages était de forme
trapézoïdale, les parements amont et aval inclinés de telle manière que la base du mur soit plus large
que le sommet (Fig.I.9). Les barrages poids actuels ont, en général, une base qui est égale
approximativement à 0,7 fois la hauteur du barrage (Lane, 2005). Dans notre cas, les données
obtenues révèlent des structures où la largeur de la digue est souvent supérieure à sa hauteur
(Annexe 3 - Fig.7). Ces barrages maçonnés présentent donc une architecture très massive qui leur
permet vraisemblablement de résister à la poussée de l’eau. La construction de murs très larges a
sûrement été favorisée et accélérée par l’emploi d’une grande quantité de remblai, offrant ainsi une
meilleure stabilité aux ouvrages.
Nous nous sommes intéressés ensuite au fruit des parements amont et aval. Le fruit,
correspond, en architecture, à la tangente de l’angle que fait le mur avec la verticale (Fig.I.9). Les
barrages poids contemporains présentent généralement des inclinaisons différentes entre leur face
amont et leur face aval. Tandis que la face amont est le plus souvent proche de la verticale, la face
amont présente un fruit variant entre 0,6 et 0,8 (Carrère, 1994 ; Degoutte, 1997) soit une inclinaison
25 Le bas de la digue ne concorde pas nécessairement avec le point le plus bas de la retenue, la vidange du
réservoir ne peut alors pas être réalisée complètement.
Conclusion
Aucun des éléments énoncés, étudié séparément, ne permet d’obtenir des données franches
et suffisantes. Cependant comme nous venons de le voir, conjuguer l’ensemble de ces critères
permet, semble-t-il, d’en apprendre davantage sur la fonction de ces ouvrages et d’obtenir des clés
d’analyse quant à leur conception et leur gestion. L’analyse architecturale permet en effet d’exclure
une conception uniquement fondée sur la configuration géo-morphologique du lieu d’implantation
des barrages. La conception architecturale des édifices recèle d’indices permettant de comprendre
leur mode de fonctionnement.
Les données disponibles indiquent une grande variété de retenues, aménageant lacs et
bofedales, de dimensions très variables et dans des contextes assez divers. L’architecture semble
d’ailleurs être bien adaptée à ces différents types d’ouvrages. L’examen d’un corpus plus restreint
dévoile néanmoins des méthodes constructives stables signalant un savoir-faire étendu et partagé
par de nombreux individus.
Pour terminer, les résultats de l’analyse des types d’évacuations d’eau indiquent une
préférence claire pour les évacuations simples (vidange de fond ou vanne unique), plaidant pour un
contrôle tout relatif de l’écoulement de l’eau à la sortie de ces retenues.
L’examen d’autres exemples de barrages dans la région andine (Salomon, 1998 ; Lecoq et
Vivanco Pomacanchari, 2010 ; Parcero Oubiña et al. , 2016) nous révèle que les techniques
architecturales employées dans la vallée de Nepeña n’ont pas constitué une particularité régionale et
que des méthodes analogues furent employées dans d’autres régions. Les cas étudiés se
différencient toutefois de part leur nombre et leurs dimensions. L’agencement des ouvrages et les
stratégies de gestion de l’eau qui en découlent ont atteint un degré de complexité inédit.
> 27 000 m²
Barrages Surface (en m²) Vol. estimé (en m³) Vol. Calculé (en m³)
4-Cap 31000 130000 182243,5
25-Uch 42900 236045,54
3-Cap 51900 264000 276736,16
7-Cap 53000 281709,46
23-Uch 58400 306123,83
39-Hua 67500 340000 347266,57
18-Uch 87300 450000/687500 436785,93
10-Col 88500 442211,35
6-Cap 209500 989274,13
2 4 10 12 23 5 8
TOTAL
22
66
CHAPITRE 7 : DISTRIBUTION ET ORGANISATION SPATIALE DES BARRAGES
Les glaciers occupant les sommets de la Cordillère Noire durant les dernières périodes
glaciaires du Pléistocène (Bodenlos and Straczek, 1957 ; Rodríguez et al., 2011) ont façonné les
cimes de cette chaîne de montagne. Au mépris de l’altitude et d’un décor inhospitalier, les
populations précolombiennes locales ont su tirer avantage de ce paysage particulier pour y édifier
des barrages.
Profitant, par conséquent, des lacs, des verrous et des dépressions topologiques d’origine
glaciaire (Annexe 2 - Fig.1) les barrages sont tous situés à une altitude supérieure à 3800 m, région
également la plus arrosée (Choquepuma Llave et al., 2009).
En raison de la configuration topographique de la Cordillère, les barrages se distribuent
selon un axe nord-sud, effleurant, pour la plupart la ligne de partage des eaux avec les bassins
avoisinants. Près de 13 % des barrages se situent dans la puna brava, à plus de 4600 mètres
d’altitude (Annexe 3 - Fig.4) ; élévation conséquente sachant qu’aucun sommet de la Cordillère
Noire ne dépasse les 5200 m. Au sein d’une même quebrada, il est d’ailleurs rare d’observer le
barrage le plus élevé à plus de 700 mètres en contrebas des sommets. Seuls Saquipampa (15-Col),
Intiaurán (49-Hua), Collpacocha (50-Hua) et Estanque (52-Loc) font exception.
Cette position caractéristique à la source des différents sous-bassins versants de la vallée de
Nepeña octroie un contrôle des différents affluents. Les bassins de drainage alimentant ces lacs sont
néanmoins de dimensions réduites. Ceux-ci ne dépassent que très rarement les 1,5 km² pour les lacs
Cinq passages ou cols ont pu être détectés dans les hauteurs de la vallée de Nepeña,
permettant l’accès au Callejón de Huaylas. Ces lieux utilisés de préférence par les hommes en
raison des facilités de circulation (faible pente, point de bascule plus bas, …) apparaissent corrélés
de manière assez étroite aux infrastructures hydrauliques étudiées.
Parmi les cinq vallées permettant un accès aisé à la vallée de Santa, quatre présentent au
moins deux barrages situés à proximité de la route du col (Fig.I.11). C’est particulièrement le cas de
la vallée de Capado où cinq barrages sont localisés à faible distance de la voie menant au passage de
Tocanca (1). Le cas de la vallée de Huarapampa est également intéressant. Bien que situés
majoritairement dans des quebradas adjacentes, dix barrages font face à la voie de circulation
potentielle (3). Pour finir, la localisation du barrage de Paccarinacocha (51-Hua), à égale distance
des cols de Huarapampa (4) et Loco (5), est éloquente. Sa position témoigne peut-être d’une zone
de jonction et de contact pour les populations des deux vallées citées précédemment (Lane, 2005).
Enfin, il nous semble important de signaler la proximité immédiate de certains barrages avec
les vallées côtières de Lacramarca au nord et Casma au sud (Fig.I.11). Les barrages
d’Alalakmachay (53-Loc) et de Togllakita (54-Loc) localisés dans la partie méridionale de la vallée
du río Loco sont situés à environ 500 mètres des crêtes séparant la vallée de Nepeña et la vallée de
Casma. La situation est analogue au nord pour les barrages d’Ulto 1 et 2 (1-Cap ; 2-Cap),
Coñocranra (3-Cap) et Tocanca (4-Cap), très proches du bassin versant de Lacramarca.
Les barrages sont donc étroitement associés aux zones de contacts et de communication.
Selon Lane (2005), l’altitude constitue un élément clé dans la détermination du type de
retenue. Il est vrai que les chiffres semblent valider cette théorie. 100 % des retenues d’eau se
situent dans la puna tandis que 53 % des retenues de limon se situent à moins de 4100 mètres
d’altitude (Annexe 3 - Fig.4).
Nous appelons néanmoins à considérer ces chiffres avec prudence. Lane (2005) estime en
effet qu’il existe une très forte probabilité que les barrages situés dans la puna soient des retenues
d’eau car plus proches des sources des ruisseaux et donc moins affectés par la sédimentation. Il est
pourtant nécessaire d’examiner chaque cas indépendamment. Certaines structures situées à 4100
mètres d’altitude peuvent en effet disposer d’un bassin de drainage plus réduit qu’un lac situé à
4600m. Le barrage de Togllakita (54-Loc), situé à 4330 m, dispose par exemple d’un bassin de
drainage d’environ 0,7 km² tandis que les barrages de Yanacocha Macho et Hembra (23-Uch ; 24-
Uch) localisés à plus de 4650 mètres d’altitude disposent d’un bassin d’approvisionnement
dépassant le km² (Annexe 3 – Fig.10).
Bien qu’une tendance claire soit à noter, résultant vraisemblablement de problématiques de
gestion de la ressource hydrique, et que nous verrons dans le prochain chapitre, l’altitude ne peut
être considérée comme un argument recevable afin de déterminer la nature d’une retenue. Les
processus de sédimentation sont complexes et obéissent à différents facteurs, l’altitude et les
surfaces de drainage n’en sont pas les uniques facteurs.
Nos observations permettent toutefois de constater une distribution logique des retenues
suivant un modèle récurrent. Dans le cas où plusieurs retenues ont été construites en série, une
hiérarchie peut être discernée: les retenues d'eau surplombent les retenues de limon qui surplombent
elles-mêmes les « réservoirs » de limon. En l’état actuel de nos connaissances, il semble
envisageable de postuler qu’aucune retenue d’eau ne puisse être détectée en aval d’une retenue de
limon (Fig.I.11).
Nous souhaitions observer quelle pouvait être la relation existant entre l’activité pastorale et
les ouvrages hydrauliques. Comme l’avait déjà démontré Lane (2005 ; 2006 ; 2009 ; 2013),
l’objectif premier des retenues de limon était d’étendre les surfaces de pâturage disponibles pour les
camélidés. Le chercheur considère d’ailleurs une surface de bofedales supplémentaire de 672 ha, et
Cinq sites occupés à l’Intermédiaire récent (1000 – 1460 apr. J.-C.) et/ou à l’Horizon récent
(1460 – 1532 apr. J.-C.) décrits par les chercheurs comme des sites d’habitat de première
importance ont été choisis pour réaliser une analyse de leur degré de connexion avec l’ensemble des
barrages recensés. Ces sites sont : Pukapampa, Ricohirca, Yurakpecho, Intiaurán et Wampu.
Pour cela nous avons retenu les chemins les plus économiques en terme de coûts, reliant les
différents sites aux barrages. Nous avons superposé ces données à des cartes de coûts que nous
avons catégorisées en terme de temps de parcours. Nous avons basé ces indications de temps sur le
référentiel suivant : une moyenne conservatrice de 450 mètres de dénivelé positif par heure.
La compilation de ces données nous révèle de fortes disparités entre ces sites, en terme
d’accès aux retenues étudiées.
Les deux sites d’habitat de nature défensive, Pukapampa et Wampu, installés respectivement
sur les hauteurs des bassins de Capado et Loco, semblent entretenir un contact modeste avec les
retenues de la vallée (Fig.II.8 ; II.9). En effet, dans les deux cas, seuls les barrages les plus proches
sont accessibles de manière aisée par la vallée haute. Pour les barrages les plus éloignés il apparaît
plus facile d’emprunter les chemins passant par le Callejón de Huaylas ou la poche de Moro. En
outre peu de retenues sont accessibles en moins de 12 heures de marche : 19 depuis Pukapampa et
seulement 10 depuis Wampu.
Au contraire, les analyses réalisées sur les trois sites du bassin de Huarapampa ; Intiaurán,
Yurakpecho et Ricohirca (Fig.II.7 et Annexe 1 - Fig.3/4) ; tendent à indiquer une plus grande
centralité et une interconnexion plus forte avec l’ensemble des barrages. Le tracé des chemins de
moindre coût émanant de ces trois sites diffère radicalement de celui des deux premiers sites
évoqués. L’intégralité des barrages est en effet accessible par des chemins parcourant uniquement la
haute vallée. De plus l’accès aux barrages les plus éloignés se réalise en passant à proximité
d’autres ouvrages de retenue. Des liaisons entre deux barrages étaient donc grandement facilitées.
Les sites concernés sont localisés, en outre, à proximité d’un plus grand nombre d’ouvrages
hydrauliques. Pour exemple, 45 barrages sont accessibles depuis le site d’Intiaurán (Fig.II.7), en une
journée complète de marche.
À titre de comparaison, nous avons décidé d’évaluer le tracé des chemins les moins coûteux
reliant un site localisé dans la poche de Moro et l’ensemble des barrages préhispaniques recensés.
Nous nous sommes concentrés sur le site de Puente Piedra (Annexe 1 - Fig.2) présentant des
occupations durant l’Horizon ancien (900 - 200 av. J.-C.) et l’Intermédiaire ancien (200 av. J.-C. -
600/700 apr. J.-C.) (Proulx, 1968 ; Chamussy, 2009). Le choix du site a été motivé principalement
par sa bonne documentation ainsi que par sa situation géographique exemplaire, à la jonction de
deux principaux affluents du río Nepeña, les ríos Loco et Jimbe. Il nous a donc semblé que la
Au regard des distances avec certains enclos, les barrages de la haute vallée de Nepeña
semblent avoir entretenu un rapport étroit avec le monde de l’élevage. Leur proximité avec des sites
d’habitat localisés, eux aussi, dans des écosystèmes de suni et puna, tend d’ailleurs à démontrer une
orientation de l’économie toute entière de cette région vers les activités pastorales. Cependant il est
bon de rappeler que plusieurs canaux d’irrigation préhispaniques étaient en étroite connexion avec
les ouvrages de rétention d’eau. C’est le cas des canaux de Huiru Catác (Gambini, 1984 ; Maza
Poma, 2017) et de Chorillos Pukio (Lane, 2005). Par conséquent, l’agriculture également a
bénéficié de cette stratégie de rétention d’eau.
Ces canaux doivent aujourd’hui être étudiés de façon plus approfondie. Leurs relations avec
des barrages et des sites d’habitat permettront peut-être d’obtenir des données supplémentaires sur
l’âge des infrastructures de retenue.
Bien que critiquable, force est de constater que la datation des sites à proximité des ouvrages
hydrauliques demeure, en l’état actuel, une des réponses les plus convaincantes pour donner un âge
aux barrages. Il est évident que la présupposée association d'infrastructures à des sites d'habitat ne
permet pas, à elle seule, d'obtenir une indication certaine et incontestable puisque les seuls critères
d’association d’un site à un barrage demeurent contestables. L’analyse spatiale que nous avons
développée permet néanmoins de confirmer des constats énoncés précédemment et permet de
mettre en lumière une apparente contradiction :
– la cartographie des sites de la haute vallée de Nepeña détectés par les investigations précédentes
(Gambini, 1984 ; Lane, 2005 ; Herrera, 2005 ; Maza Poma, 2017) démontre une absence de sites
antérieurs à l’Intermédiaire récent (1000 - 1460 apr. J.-C.). Nos observations rejoignent donc le
constat réalisé à plus petite échelle, dans le bassin du río Loco (Herrera, 2005). En raison de la
rareté des occupations de l’Horizon moyen (600/700 – 1000 apr. J.-C.) détectées à ce jour, l’analyse
de la distribution des sites semble confirmer l’hypothèse de Lane (2005) associant les barrages des
bassins d’Uchupacancha et Huarapampa (Fig.I.11) aux sites de l’Intermédiaire récent (1000 – 1450
apr. J.-C.).
La datation du canal de Huiru Catác ; du « formatif supérieur » selon Gambini (1984),
correspondant, selon notre chronologie, au début de l’Intermédiaire ancien (200 av. J.-C. - 600/700
apr. J.-C.) ; et légèrement revue à la hausse par Maza Poma (2017) 26 ; apparaît par conséquent
comme un facteur de confusion.
Comment des barrages ont pu être édifiés dès l’Intermédiaire ancien (200 av. J.-C. - 600/700
apr. J.-C.) sans qu’aucune trace d’habitat ou d’activité humaine ne soit enregistrée à proximité de
ces ouvrages ? Nous concernant, nous prenons le parti de défendre le premier argumentaire et nous
considérons que celui-ci ne contredit pas nécessairement la seconde observation. Il n’est, en effet,
pas interdit d’envisager que des ouvrages de retenue très rudimentaires aient existé dès
l’Intermédiaire ancien, ou même avant. Nous estimons toutefois que la majorité des barrages
recensés et l’état dans lequel ils sont observables aujourd’hui témoignent d’une dynamique de
construction entamée à l’Intermédiaire récent (1000 – 1450 apr. J.-C.).
26 Jesús Maza Poma (2017), au regard des techniques architecturales et de l'association avec le site de
Cerro Kiway présentant une occupation de l'Intermédiaire Ancien, propose une construction durant
l'Intermédiaire Ancien, soit entre 200 avant J.-C. et 600/700 après J.-C.
Malgré le déficit de recherches sur les barrages de la vallée de Nepeña, il a été possible, pour
la première fois, de visualiser leur distribution et leurs relations avec l’habitat à l’échelle de toute la
haute vallée. La proportion inégale de barrages par bassin hydrographique (Annexe 3 - Fig.3)
indique une dépendance très variable des populations envers ces ouvrages et témoignent de choix
économiques différents. Les observations ont ainsi permis de démontrer que si la localisation des
barrages était en premier lieu due à la configuration géologique de la Cordillère Noire, elle avait
également été déterminée par des intérêts humains, tels que le contrôle de l’eau dans des bassins
bien arrosés et arpentés par des populations reliant le Callejón de Huaylas à la vallée de Nepeña.
En outre, l’observation de l’emplacement des sites d’habitat et des enclos permet de
confirmer un impact conséquent des barrages sur les activités agropastorales. Que l’implantation
des Hommes à ces altitudes ait été le moteur de la construction des barrages ou l’inverse, il n’en
demeure pas moins que, dans cette vallée, les barrages ont constitué un outil non négligeable de
gestion de l’eau, contrairement à ce qui était affirmé précédemment (Denevan, 2001).
CRITÈRES OBSERVATIONS
1) Préférence pour la puna.
2) Nombre inégal de barrages suivant les bassins
Distribution géographique des barrages. versants.
3) Proximité d'axes de circulation
4) Retenues de limon en aval des retenues d'eau.
1) Association claire des enclos aux retenues de
limon
Interactions sites d'activités et barrages. 2) Accès facilité aux barrages depuis les sites
des bassins de Huarapampa et Uchupacancha.
3) Canaux associés aux barrages.
4) Piste de datation des ouvrages de retenue.
75
Fig. II.8. Carte de coût depuis le
site de Pukapampa.
76
Fig. II.9. Carte de coût depuis le
site de Wampu.
77
Fig. II.10. Carte représentant la distribution des enclos dans les bassins de Uchupacancha et Huarapampa
78
PARTIE III: Une technologie aboutie au service des hommes
CHAPITRE 8 : DRAINAGE SUPERFICIEL ET STOCKAGE SOUTERRAIN
Il est à présent avéré que les barrages de la haute vallée de Nepeña constituent un véritable
réseau hydraulique. Ce système, dans lequel chaque entité n’acquiert toute sa valeur que lorsqu’elle
est associée à d’autres, révèle une complexité qui n’avait pas été totalement appréhendée jusqu’à
présent. Il est donc impératif d’en saisir les tenants et aboutissants afin d’apprécier les techniques
hydrauliques développées pour ces ouvrages polyvalents.
Comme nous l’avons déjà brièvement évoqué, l’implantation de barrages dans la haute
vallée de Nepeña répond à une logique précise et constitue vraisemblablement une composante
majeure d’un réseau hydraulique réfléchi et complexe. La citation suivante résume bien le rôle
assigné aux barrages étudiés : « Pour comprendre cette étroite relation entre eau, cultures et
animaux, il est nécessaire de comprendre que les réservoirs de limon et les barrages étaient des
éléments particuliers dans un système qui a mis en place une vision globale de l’usage de l’eau à
travers les vallées. »27 Lane (2005 : 200).
Les analyses architecturales et spatiales réalisées dans le cadre de ce travail permettent de
mieux comprendre les stratégies élaborées.
A) Un système en série
B) Stratégies d’irrigation
L’écoulement de l’eau et son contrôle n’ont visiblement pas constitué les uniques
préoccupations des populations qui ont bâti ces barrages. Ceux-ci témoignent en effet d’une
connaissance approfondie des phénomènes de circulation d’eau souterraine.
Depuis une vingtaine d’années, les recherches en hydraulique, dans l’aire andine, se sont
intéressées à deux éléments fondamentaux de la gestion de l’eau, connus en espagnol sous les
termes de « siembra y cosecha del agua ». Traductibles par le « semis et la collecte de l’eau », ces
deux termes sont empruntés au vocabulaire agricole et évoquent des pratiques d’irrigation
ingénieuses mises en place par les communautés agropastorales de la Cordillère des Andes.
Parmi ces stratégies d’irrigation, le « semis » de l’eau démontre une connaissance précise des
phénomènes d’infiltration de l’eau dans le sous-sol. Le principe des mahamaes évoqué par Bernabé
Cobo (1992), le système de filtration documenté à Cerro Amaru par John Topic (1992) ou encore les
amunas de la sierra de Huarochirí (Apaza Idme, Arroyo Hurtado y Alencastre Calderón, 2006) sont
autant d’exemples de techniques agricoles ou d’irrigation fondées sur l’infiltration ou la résurgence
28 Nous avons considéré qu'il tombait 800 mm de précipitations par an à plus de 4000 mètres d'altitude
d'après la technique proposée par Choquepuma Llave et al. (2009). L'estimation première était de 900
mm. Nous avons décidé de réduire ce chiffre pour obtenir une estimation plus conservatrice.
Il a été possible, au travers de l’étude typologique des digues, de constater que les murs,
dans leur grande majorité, avaient été construits grâce à la technique du double-parement (Fig.II.5).
Celle-ci, comme nous l’avons déjà remarqué, permet l’édification de digues plus hautes et plus
massives sans pour autant augmenter démesurément le temps de construction. La meilleure stabilité
offerte à l’édifice ne constitue pas l’unique avantage.
Le double parement apparaît comme une technique constructive particulièrement bien
adaptée à l’édification des digues, murs soumis à de constantes infiltrations. Résistants, de part leur
simple masse, à la poussée exercée par la retenue, les barrages de la Cordillère Noire correspondent
à des barrages-poids. Néanmoins, les barrages construits selon la technique du double-parement
relèvent également de la catégorie des barrages en remblai, et plus particulièrement des barrages à
noyau (Fig.I.2). Les parements amont et aval diffèrent, par nature, du remblai qui les sépare et ne
réagissent pas de la même manière aux contraintes et aux infiltrations.
Au sein des digues construites selon cette méthode, les fonctions de soutien et
d’imperméabilité sont nettement dissociées (Fairley, 2003). Les deux parements en pierre
permettent d’assurer la cohésion de l’ouvrage et d’offrir une meilleure résistance. Le remblai, quant
à lui, grâce à l’emploi de matériaux hétérogènes et probablement argileux tend à réduire les
infiltrations inhérentes à ces types d’infrastructures. Une telle configuration joue le rôle de drain.
L’eau parvient à s’infiltrer à travers le parement amont et est ensuite canalisée, par gravité, du haut
vers le bas du mur. Le mur conserve, par là même, son intégrité.
Le parement amont, en tant que première barrière, permet également de protéger le parement
aval d’un surplus d’humidité et ainsi de réduire la croissance des mousses. Les observations de
Lane (2005) et Maza Poma (2017) semblent indiquer que ce système n’a pas complètement endigué
la croissance de la végétation.
Nous ne disposons pas d’une documentation suffisante pour déterminer avec précision si les
doubles parements furent employés de préférence pour les barrages de grande taille, ou pour ceux
pour lesquels les risques d’infiltration étaient les plus élevés. Il est cependant certain que les
barrages construits avec cette technique ont mieux résisté aux assauts du temps.
C) Perspectives
Conclusion
Les infrastructures de stockage étudiées révèlent une fois de plus une connaissance
approfondie de la gestion de la ressource hydrique. Les résultats obtenus tendent à indiquer que les
retenues d’eau ne furent pas conçues comme des instruments précis de régulation. Toutefois, les
retenues de limon, unique cas documenté à ce jour en Amérique du sud, jouaient un rôle
déterminant dans l’optimisation de la ressource hydrique.
Destinées à créer des surfaces artificielles de bofedal, et ainsi accroître le potentiel pastoral
de la région, ces retenues de limon permettaient également de stocker l’eau en grandes quantités et
de la délivrer de manière constante durant une grande partie de l’année.
Si les données n’apportent pas la preuve d’un usage agricole ou pastoral des retenues d’eau
vidangée (Wachtel, 1990) il paraît probable que les populations locales surent tirer partie, de
manière optimale, des ressources offertes par cette technologie hydraulique. Cette optimisation de la
ressource hydrique est notamment soulignée par les usages multiples et successifs de l’eau
collectée, premièrement stockée dans des retenues d’eau puis « injectée » dans un bofedales et enfin
récupérée par des canaux d’irrigation en contrebas (Lane, 2005). Les pertes étaient donc fortement
minimisées.
Au regard du degré de mise au point de ce système hydraulique, il est, de surcroît,
envisageable qu’une majorité des barrages ait participé à la fertilisation et à l’enrichissement de
champs et terrains agricoles (Lane, 2005), grâce à l’emploi de sédiments lacustres (Albeck, 2010 ;
Lanzelotti, 2011) ou de dépôts provenant des bofedales29.
Le rôle amplificateur de ces retenues d’eau artificielles dans le phénomène de résurgence
29 Les excréments déposés par le bétail sur le bofedal accroissent d'ailleurs sa productivité (Lane, 2005).
OBSERVATIONS HYPOTHÈSES
1) Retenues d’eau positionnées à très haute
altitude Retenues d’eau : caractérisées par des délestages
2) Volumes modestes d’eau stockée. importants en eau.
3) Vidanges de fond prédominent Cycles de vidange et remplissage rapides et
4) Faibles temps de remplissage des retenues fréquents.
d’eau
1) Méthode constructive du double-parement Retenues de limon : savoir-faire approfondi des
2) Positionnement des retenues de limon en aval circulations souterraines.
des retenues d’eau. Innovation technique structurant le réseau
3) Analogies avec andenes et fontaines incas. hydraulique.
Depuis maintenant près d’un demi-siècle, les ingénieurs ont pris conscience des
conséquences sociales qui peuvent résulter de la construction de grands barrages. « Ils ont modifié
la géographie, la culture et la société de régions entières »30 (Öktem, 2002 : 311).
Évidemment, il est impossible d’affirmer que les petits barrages, construits dès l’époque
précolombienne, ont eu un impact similaire. Leur construction a néanmoins induit l’adaptation des
populations, adaptation à un nouveau régime d’irrigation qu’il était nécessaire de gérer et
d’entretenir.
Les barrages de Nepeña en sont une parfaite illustration. Bien que les indices soient encore
ténus, l’appropriation de ces systèmes hydrauliques ne fait plus de doute. Cette appropriation ne se
limite d’ailleurs pas à la simple gestion des ressources en eau. Comme nous le détaillerons ci-après,
les barrages ont certainement eu des implications dans des domaines économico-sociaux bien plus
vastes tels que les voies de communication, mais aussi dans le déclenchement et la résolution des
conflits.
Les analyses architecturales et spatiales réalisées nous conduisent à rechercher l’identité des
bâtisseurs et utilisateurs des barrages de la haute vallée de Nepeña.
A) Construction et usage
30 Traduction personnelle de « They have changed the geography, the culture and the society of whole
regions ».
Implications sociales - 87
À la différence de Lecoq et Vivanco Pomacanchari (2010), nous émettons des réserves sur
l’idée selon laquelle la réalisation d’ouvrages de cette nature aurait été conditionnée par l’existence
d’une autorité centralisée. Rien ne permet d’ailleurs d’écarter la possibilité de constructions par
étapes successives (Lane, 2005). Dans ces conditions, les barrages seraient le résultat d’une
succession de différents projets architecturaux, limitant ainsi considérablement le recours en main
d’œuvre. De plus, à la différence du modèle décrit par Wachtel (1990) chez les Chipayas et dans
lequel aucune entraide n’existait entre deux ayllus lors de la construction de digues, nous pensons
que la collaboration de plusieurs groupes familiaux a pu existé lors de l’édification des barrages ;
hypothèse d’une collaboration qui semble confortée par le partage des savoir-faire.
Le cas de Collpacocha (50-Hua), en raison de ses dimensions (Annexe 2 - Fig.11/12 et
Annexe 4) et de sa proximité avec le site d’Intiaurán semble faire exception. Il n’est pas impossible
que l’édification de l’ouvrage, observable aujourd’hui, ait en effet été le produit de la décision
d’une autorité politique supérieure, telle que l’administration inca locale.
Les données dont nous disposons semblent aujourd’hui conforter l’hypothèse d’une
utilisation communautaire des ouvrages hydrauliques. Nous tenons, en premier lieu à préciser que
les arguments développés ci-après traitent exclusivement des retenues de limon, destinées à la
création des zones de bofedal. Leur relation plus étroite avec l’activité pastorale permet, en effet,
une réflexion plus aisée sur leur mode de gestion.
Nous avons pu constater, lors de l’examen des distances entre enclos et barrages, que
plusieurs corrales étaient fréquemment associés à un même ouvrage de retenue. De même, un
enclos était très souvent localisé à proximité de plusieurs barrages. Bien qu’envisageable, il nous a
semblé peu crédible qu’une même famille nucléaire ait pu posséder plusieurs enclos dans un espace
géographique si restreint. La disposition évoquée des enclos laisse plutôt entrevoir, selon nous, un
partage, entre les familles, des droits de pâturage sur les bofedales artificiels. Il ne semble pas s’agir
ici de la situation décrite par Kuznar (1995), selon laquelle chaque famille s’approprierait les droits
d’usage d’un ou de plusieurs bofedales pendant la saison sèche. Le cas de Cushuro (5-Cap) est
particulièrement frappant puisque trois, voir quatre enclos sont situés dans un rayon de moins de 1,5
kilomètre de la retenue d’eau (Fig.III.4). Ce cas d’un unique bofedal artificiel préhispanique en fond
de vallée de Capado accrédite la thèse d’un partage des droits de pâturage.
Il convient de préciser que la gestion communautaire n’interdit pas l’existence de tensions.
La retenue de limon de Collpacocha (50-Hua) est encore aujourd’hui l’objet de querelles, les
communautés de Putaca, Cajabamba Alta et Breque réclamant les droits sur le pâturage (Lane,
2013). Les modes de répartition et d’appropriation des retenues de limon, ainsi que les règles
d’usage sur ces zones d’herbage ont pu être à l’origine de conflits entre les membres du groupe
(Browman, 1990 ; Kuznar, 1995).
Implications sociales - 88
Parmi les camélidés domestiques, seul l’alpaga affectionne les zones de tourbières
(Browman, 1974 ; Palacios Ríos, 1992). Ces dernières causent en effet aux lamas des infections
(Browman, 1990). La construction des retenues de limon a donc eu pour objectif l’augmentation des
troupeaux d’alpagas, recherchés pour leur laine (Browman, 1974). Nous présumons donc que la
construction et l’utilisation des retenues de limon s’est accompagnée d’une augmentation du
nombre de familles d’éleveurs d’alpagas dans la région.
La complémentarité et le fonctionnement symbiotique des retenues de limon et des retenues
d’eau nous apparaissent comme autant d’arguments crédibilisant la thèse d’un mode de gestion
communautaire analogue de ces dernières. La gestion de l’eau contenue dans les réservoirs de ces
barrages, garante du bon fonctionnement de l’ensemble du réseau hydraulique, représentait peut-
être une considérable responsabilité, déléguée par la communauté à l’un de ses membres.
Implications sociales - 89
Ricococha Baja (36-Hua) et Alalakmachay (53-Loc), a toutefois permis à Lane (2005) de proposer
l’existence de « qochacamayocs ». Désignés par les communautés de la haute vallée de Nepeña, ils
se seraient vu confier les tâches de surveillance de l’entretien des digues, de la juste répartition de
l’eau ou encore du niveau des lacs (Salomon, 1998), et ceci afin de pouvoir décider des quantités
d’eau à prélever.
De notre point de vue, aucune donnée nouvelle ne permet de confirmer ou d’infirmer cette
hypothèse. Cependant, la localisation avantageuse de certains sites d’habitat permet aujourd’hui
d’envisager une supervision, plus ou moins intense, des barrages par certains sites de
l’Intermédiaire récent (1000-1460 apr. J.-C.) et de l’Horizon récent (1460-1532 apr. J.-C.). C’est le
cas d’Intiaurán et de Ricohirca (Fig.II.7 et Annexe 1 - Fig.4), dont la position géographique permet
un accès relativement rapide à un très grand nombre d’infrastructures hydrauliques. De ce point de
vue, la présence de « qochacamayocs » dans ces sites paraît tout à fait envisageable.
C) Un imaginaire agropastoral
L’eau a toujours représenté un élément primordial de la cosmovision andine. Bien que les
données archéologiques confirmant l’existence de cérémonies ou de rituels liés aux infrastructures
de stockage de la vallée de Nepeña fassent défaut, nous souhaitions tout de même mentionner un
exemple ethnographique décrit par Salomon (1998), cas s’inscrivant dans un contexte analogue aux
barrages de la Cordillère Noire. Frank Salomon (1998) décrit en effet des cérémonies se déroulant
aux abords du barrage de Yanascocha dans la sierra de Huarochirí. Ce barrage est d’ailleurs décrit
dans le manuscrit du même nom (Francisco de Ávila, 1966 [1598?]). D’après l’ethnologue, deux
cérémonies avaient lieu près du barrage préhispanique et correspondaient symboliquement à
l’ouverture et à la fermeture des vannes du barrage. Ces cérémonies faisaient bien évidemment écho
à deux périodes charnières de l’année en matière de stratégies d’irrigation : le début de la saison
sèche et le début de la saison humide.
Édifié, selon la légende, par la huaca Collquiri (Francisco de Ávila, 1966 [1598?]), le
barrage décrit par Salomon est donc considéré comme une « résurgence » de cette entité,
représentante d’un réseau hydrographique souterrain. Ces propos ne sont pas sans rappeler la
divinité Wiracocha, créatrice des systèmes d’irrigation et chargée de la répartition de l’eau (Itier,
2013), eau qui provient la plupart du temps des lacs d’altitude et des hauteurs. Dans les deux cas
mentionnés, les entités surnaturelles sont en étroite connexion avec le monde souterrain et les lacs
situés en altitude. Le barrage de Huarochirí apparaît d’ailleurs comme une émanation de ces
divinités et vise à les suppléer en permettant aux humains de gérer eux-mêmes la ressource
hydrique si précieuse.
Ces arguments ne peuvent évidemment pas être transposés directement aux barrages de la
Implications sociales - 90
vallée de Nepeña. Cependant, comme l’a déjà évoqué Lane (2005), le cadre géographique dans
lequel résidaient les communautés agropastorales de la région avait une signification et un impact
réel sur leur mode de vie. Il ne peut donc être exclu que les infrastructures hydrauliques étudiées
aient endossé une signification symbolique forte pour les communautés qui les ont construites,
manifestant par exemple l’origine et le pouvoir des ancêtres (Kaulicke et al., 2003).
Implications sociales - 91
que ce barrage a représenté une étape sur le chemin d’éleveurs de camélidés, provenant aussi bien
du versant oriental qu’occidental de la Cordillère Noire.
L’analyse des plans réalisés par Lane (2005) permet de renforcer notre hypothèse. Tous les
barrages dessinés présentent en effet une largeur de crête supérieure à un mètre permettant le
passage sans difficulté d’une personne. Une photographie prise par Edmundo Paz d’un pont dans la
région de Jimbe (Annexe 2 - Fig.13) révèle d’ailleurs des similitudes architecturales intéressantes
(Annexe 2 - Fig.14). Certains barrages constituaient-ils des portions de chemins ? Des recherches
plus poussées sur les voies de communication dans cette région permettront peut-être d’apporter
une réponse.
Il est intéressant, enfin, de noter que les cartes de coûts réalisées révèlent une grande
proximité des barrages avec le Callejón de Huaylas (Fig.II.8). L’accès aux infrastructures
hydrauliques depuis le bassin du río Santa était probablement plus aisé que depuis la région de
Moro. Les barrages s’inscrivaient donc dans un espace de circulation et d’échange (des axes furent
peut-être tracés à la suite de la construction des barrages), tourné certainement vers le Callejón.
Nous pensons que les ouvrages étudiés ont été à l’origine d’autres formes d’échanges : des
échanges de violence.
A) Sources ethnohistoriques
31 La traduction est nôtre: « Those living in the upper valley could more or less control the waters needed
for irrigation by all those in the valley, and conflicts over these rights is a definite possibility » (Proulx, 1968:
31-32)
Implications sociales - 92
recueilli par Francisco Hernández de Guebara en 1567, extrait d’un document judiciaire et publié
par María Rostworowski de Diez Canseco (1988) témoigne de manière claire du contrôle exercé par
les communautés montagnardes sur les communautés vivant plus en aval :
« […] avant que viennent les incas à ces terres, les terres de Quybi était possédées par un seigneur,
dont il a oublié le nom, et que ce seigneur était sujet au repartimiento de Canta et qu’il rendait tribut
au cacique de Canta. Et quand il n’y avait pas d’eau dans la rivière de Quybi ; qu’il y avait
sécheresse ; se rassemblaient les indiens de Canta et ceux de ce seigneur et ouvraient des lacs, pour
qu’ils fassent tomber, de là-haut dans la montagne des neiges, l’eau et la fassent venir par la rivière
de Quybi. De cette manière il dit qu’il a entendu dire de son père que le seigneur et ses indiens
irriguaient les terres de Quybi … »32 (Francisco Hernández de Guebara. Année 1567, Lima).
En effet dans la vallée du Chillón, avant l’arrivée des Incas, les Canta, résidant dans les
parties hautes de la vallée, possédaient les droits sur l’eau et pouvaient décider du devenir des Quivi
plus en aval en cas de sécheresse. Ce pouvoir justifiait donc la participation des Quivi à l’ouverture
des vannes, en contrepartie du droit à l’usage de l’eau. Le non respect des accords légitimait, de
surcroît, les raids que les Canta pouvaient diriger sur la chaupi yunga en contrebas (Rostworowski,
1988).
Les relations conflictuelles entre les populations de la vallée moyenne et les groupes
humains de la vallée haute ont marqué l’histoire de la vallée de Nepeña, et ce dès l’Horizon ancien
(Chamussy, 2009). Cette situation semble d’ailleurs s’amplifier durant l’Horizon moyen (600/700 –
1000 apr. J.-C.) et l’Intermédiaire récent (1000 – 1460 apr. J.-C.). Comme nous l’avons mentionné
dans les premiers chapitres, ces périodes se caractérisent par une cohabitation de différents groupes
culturels. Alors que les fonds de vallée fertiles (jusqu’à la poche de Moro) étaient occupés par des
sociétés fortement hiérarchisées telles que les Mochicas et les Chimús, des populations
agropastorales dispersées, affiliées culturellement au Callejón de Huaylas (Schaedel, 1985),
semblent avoir résidé dans les hauteurs.
Il n’est pas impossible que l’édification de forteresses et la popularisation de types d’habitat
32 Traduction personnelle de « … antes que binyesen los yngas a esta tierra las dhas tierras de Quybi las
poseya un senor que no se acuerda como se llamava e que este dho senor le dixo el dho su padre que era
sujeto al rrepartimyento de Canta e que trebutaba al cacique de Canta e que quando no tenya agua por el dho
rrio de Quybi que avia sequya se juntavan los yndios de Canta y los deste senor que dho tiene y abrian unas
lagunas que se fazen alla arriba en la syerra de la nyebe que cae y las hazian benyr el agua dellas por el dho
rryo de Quybi y desta manera dize que el oyo dezir al dho su padre que el dho senor y sus yndios rregavan
las dhas tierras de Quybi … ».
Implications sociales - 93
défensif (Proulx, 1968 ; Proulx, 1973 ; Gambini, 1984 ; Lane, 2005) aient été le produit
d’incursions répétées de ces populations de la Cordillère Noire, dans la vallée moyenne. La maîtrise
de l’eau, fut probablement perçue par ces populations montagnardes comme un instrument politique
puissant, capable de leur assurer le contrôle de la haute vallée et de peser dans les relations avec les
populations plus en aval.
Il reste néanmoins nécessaire de nuancer ces propos. Comme nous avons pu l’observer, peu
de barrages disposent, selon nos informations, de systèmes d’évacuation. Les délestages massifs
lors des vidanges pourraient s’apparenter aux procédés évoqués par le texte judiciaire de 1567
(Rostworowski, 1988). Cependant les quantités d’eau libérées ne peuvent pas constituer à elles-
seules des réponses à une sécheresse ou à un manque d’eau pour l’irrigation. Seule la vidange de
plusieurs retenues présentes dans plusieurs bassins versants permettrait une hausse notable du
niveau d’eau en aval. Or, malgré la supervision probable d’un grand nombre de barrages depuis des
sites de l’Intermédiaire récent (1000 – 1460 apr. J.-C.) tels que Yurakpecho et Ricohirca (Annexe 1 -
Fig.3/4), aucun élément ne permet aujourd’hui d’affirmer avec certitude une gestion coordonnée de
l’ensemble des retenues de la vallée avant l’Horizon récent (1460 – 1532 apr. J.-C.). Des politiques
de gestion de l’eau coordonnées, à l’échelle des sous-bassins versants uniquement, semblent plus
probables pour cette période au regard des études antérieures (Herrera, 2005 ; Lane, 2005).
Cette maîtrise de l’eau, au même titre que le contrôle de toute autre ressource échangeable,
constitue donc un élément important dans la différentiation des ces groupes sociaux et la
construction d’une identité (Boelens, 2013). Cela fait écho aux propos de Schaedel (1985) qui
distingue trois types de populations dans la Cordillère centrale : les populations côtières, les groupes
des vallées moyennes « cis-andines » et les populations des Hautes Terres, caractérisées par leur
faculté à occuper la Cordillère de manière transversale et cantonnées, le plus souvent, aux espaces
les plus élevés. Le contrôle des droits sur l’eau, au moyen de barrages dans la vallée de Nepeña,
constitue, selon nous, un des facteurs de cette différentiation.
Implications sociales - 94
Conclusion
OBSERVATIONS HYPOTHÈSES
1) Pluralité des enclos à proximité des barrages. Entente et supervision communautaire des
2) Sites d'habitat à distance raisonnable de barrages.
plusieurs barrages. Importance symbolique pour les communautés
3) Analogie ethnohistorique avec les cérémonies pastorales.
de la sierra de Huarochirí.
1) Zone de passage entre le Callejón et la vallée
de Nepeña et proximité des barrages avec des
cols.
2) Circulation aisée d'un barrage à un autre Barrages comme élément structurant certaines
depuis certains sites d'habitat. voies de circulation dans la puna.
3) Similitudes constructives avec des ponts
précolombiens.
1) Position stratégique des barrages à haute
altitude. Elément stratégique de contrôle des droits sur
2) Prédominance de sites d'habitat de nature l'eau.
défensive. Levier politique et diplomatique à l'égard des
3) Analogies avec le témoignage ethnohistorique populations en contrebas.
de la vallée du Chillón.
4) Délestages brutaux en eau peut-être associés à
une ouverture concertée des vannes.
Implications sociales - 95
Fig. III.4. Carte représentant la distribution des enclos dans les bassins de Capado et Colcap
96
CONCLUSION
Conclusion - 97
étaient vraisemblablement en capacité d’administrer de manière coordonnée les barrages qui y
étaient implantés. Des différences dans les modes de gestion de l’eau existaient peut-être entre ces
sous-bassins, différences qu’il restera à préciser.
Au regard du rôle important attaché à la fonction de supervision de ces barrages, nous
plaidons en faveur d’une réévaluation des échanges et des relations qui ont pu existé entre le
Callejón de Huaylas et la vallée de Nepeña. Quels furent les impacts de ces politiques locales
d’administration de l’eau sur les échanges de part et d’autre de la Cordillère ?
Enfin, les raisons encore méconnues, qui ont incité les Incas à mettre en place une autorité
administrative (Lane, 2005 ; Lane, 2011) dans une vallée considérée pendant très longtemps comme
périphérique et peu fréquentée, pourraient être partiellement éclaircies aujourd’hui. Le potentiel
hydrologique que représentait le contrôle de ces barrages ne doit pas être négligé et explique
vraisemblablement un développement accru de l’élevage d’alpagas, fondement de l’économie
textile inca (Topic, McGreevy and Topic, 1987 ; Itier, 2010).
Nous avons bien évidemment conscience des limites de notre étude. La faible
documentation des ouvrages complique encore l’analyse architecturale tandis que les analyses
spatiales SIG ne peuvent être considérées comme un aboutissement des recherches. Nous espérons,
tout au moins, que ce travail offrira un nouveau regard sur ce type, encore peu étudié,
d’infrastructure hydraulique et proposera des clés d’analyses applicables à d’autres infrastructures
analogues de la région andine.
Les barrages de la haute vallée de Nepeña, encore fonctionnels pour la plupart d’entre eux,
représentent une réelle opportunité de maintenir une tradition agropastorale au moyen de
technologies préhispaniques. Des projets de barrages hydrauliques modernes menacent
malheureusement aujourd’hui les ouvrages précolombiens, dénaturant par là même leur objectif
premier. Il nous apparaît donc important de plaider, tout comme Kevin Lane (2013) pour des
programmes de développement plus respectueux du patrimoine préhispanique, programmes
probablement mieux adaptés, d’ailleurs, à un écosystème fragile et surexploité (Custred, 1977 ;
WWF, 2001). Une étude archéologique plus approfondie, menée de concert avec les communautés
locales et ambitionnant la remise en état de certains ouvrages, représenterait une formidable
occasion de valoriser une région et un patrimoine archéologique oubliés.
Conclusion - 98
ANNEXE 1 : Cartes
99
Fig.2.Carte de coût depuis le site de Puente Piedra.
100
Fig.3.Carte de coût depuis le site de Yurakpecho.
101
Fig.4.Carte de coût depuis le site de Ricohirca.
102
ANNEXE 2 : Photographies et dessins
Fig.1.Sommets de la Cordillère Noire avec les cimes enneigées de la Cordillère Blanche au second
plan. On notera les lacs d’origine glaciaire au premier plan.(Crédits : Edmundo Paz).
103
Fig.2.Paysage de puna humide dans la Cordillère Noire. Bofedal de Cushuro
(Crédits : Edmundo Paz).
104
Fig.3.Vannes de Ricococha Baja (36-Hua).
Cliché d’Edmundo Paz (à gauche) et plan de Lane (à droite).
105
Fig.5. Image satellite (Google) de Wakecocha Ouest (11-Col).
Les flèches indiquent les deux digues visibles.
106
Fig.7. Dessin de la digue de Wakecocha (vu depuis l’amont). D’après photographie de Paz.
Exemple de mur par entassement.
107
Fig.9. Digue d’Orconcocha 2 (38-Hua), face aval. Crédits : Lane, 2005.
Exemple de double parement à appareil irrégulier.
Fig.10. Digue de Ricococha Alta (35-Hua), face aval. Crédits : Edmundo Paz.
Exemple de double-parement à appareil semi-régulier.
108
Fig.11.Digue de Collpacocha (50-Hua), face aval. Crédits : Edmundo Paz.
La vanne centrale est visible au second plan.
109
Fig.13. Pont traditionnel de la région de Jimbe
(Crédits : Edmundo Paz).
110
ANNEXE 3 : Données statistiques
30 30
Rang de température (en °C)
25 25
20 20
15 15
10 10
5 5
0 0
Jan Fév Mar Avr Mai Jun Jul Aoû Sep Oct Nov Déc
Mois
12
10
Débit (en m3/s)
8
débit
6
0
Jan Fév Mar Avr Mai Jun Jul Aoû Sep Oct Nov Déc
Mois
111
Retenue limon Retenue eau Total % des barrages
Uchupacancha 3 15 18 33,33%
Colcap 2 6 8 14,81%
Huarapampa 11 6 17 31,48%
Loco 0 3 3 5,56%
Capado 3 4 7 12,96%
Cosma 0 1 1 1,85%
Total 19 35 54 100,00%
Suni (3300-4099m)
47,37 %
Puna baja (4100-4599m)
52,63 %
Puna brava (>4600m)
20,00 %
Suni (3300-
4099m)
Puna baja
(4100-4599m)
Puna brava
(>4600m)
80,00 %
112
< 27 000 > 27 000
Surface Volume Barrages Surface Volume Barrages
5000 12950 34-Uch 31000 130000 4-Cap
4300 55000 30-Uch 51900 264000 3-Cap
13100 92500 35-Hua 67500 340000 39-Hua
19000 97600 36-Hua 87300 450000 18-Uch
8300 120000 51-Hua
31000 130000 4-Cap
23000 133920 26-Uch
27400 225000 27-Uch
500000
450000
f(x) = 4,52 x + 42086,92
400000
350000
300000
série1
250000 Puissance (série1)
série2
200000 Linéaire (série2)
150000
113
Retenue d'eau
Barrages Retenue de limon Ancrage
Réhaussement Artificielle
1-Cap X X
2-Cap X X
3-Cap X
4-Cap X
5-Cap X
6-Cap X
7-Cap X X
8-Col X
9-Col X
10-Col X X
11-Col X X
12-Col X X
13-Col X X
14-Col X X
15-Col X
16-Uch X X
17-Uch X X
18-Uch X X
19-Uch X
20-Uch X X
21-Uch X X
22-Uch X X
23-Uch X X
24-Uch X X
25-Uch X X
26-Uch X X
27-Uch X X
28-Uch X X
29-Uch X X
30-Uch X X
31-Uch X X
32-Uch X X
33-Uch X X
34-Uch X X
35-Hua X X
36-Hua X
37-Hua X X
38-Hua X X
39-Hua X X
40-Hua X
41-Hua X
42-Hua X
43-Hua X
44-Hua X
45-Hua X
46-Hua X
47-Hua X
48-Hua X Fig.6. Catégorisation des
49-Hua X barrages et ancrage.
50-Hua X X
51-Hua X
52-Loc X
53-Loc X
54-Loc X
114
Barrages 19-Uch 22-Uch 23-Uch 24-Uch 27-Uch 28-Uch 29-Uch 30-Uch
Largeur/Hauteur 0,77 1,5 0,43 0,87 1,88 1,83 1,5 1,05
Contreforts
31-Uch 32-Uch 34-Uch 35-Hua 36-Hua 40-Hua Moyenne
1,69 1,05 1,38 0,85 1,08 1,72 1,26
Contreforts Contreforts
0,6
0,4
0,2
0
ch
ch
ch
ch
ch
ch
ch
ch
ch
ch
ch
ua
ua
ua
-U
-U
-U
-U
-U
-U
-U
-U
-U
-U
-U
-H
-H
-H
19
22
23
24
27
28
29
30
31
32
34
35
36
40
Barrages
115
Barrages 19-Uch 22-Uch 23-Uch 24-Uch 27-Uch 28-Uch 29-Uch 30-Uch
Amont 15,65 18,8 15,75 13,83 16,6 16,37 20,34 16,93
Parement
Aval 14,6 14 15,28 15,04 18,4 14,58 20,65 15,7
31-Uch 32-Uch 34-Uch 35-Hua 36-Hua 40-Hua Moyenne
15,7 15,3 18,65 12,5 10,3 12,03 15,63
12,85 14,3 24 12 10,18 9,56 15,08
25
20
Amont
Angle (en °)
15 Moyenne (Amont)
Aval
10 Moyenne (Aval)
0
ch ch ch ch ch ch ch ch ch ch ch ua ua ua
- U - U - U - U - U - U - U - U - U - U - U - H - H - H
19 22 23 24 27 28 29 30 31 32 34 35 36 40
Barrages
116
Evap = 0,0018(T+25)²(100-RH)
où T : température ambiante en °C
RH : humidité relative
Evap donné en mm/jour
Surface du bassin Vol. eau / jour (en Vol. eau après infiltration / jour (en Volume barrage (en
Barrages
(en m²) m³) m³) m³)
Yanacocha M. et H. 1043358 5561,1 5004,99 449728
Tocanca 931164 4963,1 4466,79 182243
Ricococha 1693810 9028,01 8125,21 86068
Togllakita 538714 2871,35 2584,21 55604
Sacracocha 473223 2522,28 2270,05 84020
Agococha 1731527 9229,04 8306,14 436785
117
Enclos Barrages Distance Enclos Barrages Distance Enclos Barrages Distance
1 Ulto 1 1189 28 Yanacocha M. 2933 34 Orconcocha B 3211
Ulto 2 973 Yanacocha H. 3128 Orconcocha A 3008
2 Ulto 1 2574 Alichococha 1951 Yanacocha 2465
Ulto 2 2366 Iskaycocha 3099 Olerón C. 1234
3 Ulto 1 2576 Huaytacocha 2814 Tsaquicocha 2 661
Ulto 2 2389 Huaytacocha 2 2921 Putacayoc 1 311
5 Coñocranra 2530 Huancacocha 2227 Kaukayoc 188
Huirí 1 3563 Sacracocha 2757 Putacayoc 2 102
6 Coñocranra 1474 Sacracocha 2 2665 Unnamed 1 135
Huirí 1 2868 Sacracocha 3 2619 Unnamed 2 266
7 Coñocranra 569 29 Yanacocha M. 2196 35 Ricococha Alta 2515
8 Huirí 1 436 Yanacocha H. 2353 Ricococha Baja 2378
9 Tocanca 1583 Alichococha 1178 36 Ricococha Alta 4799
Cushuro 1098 Iskaycocha 2279 Ricococha Baja 4655
10 Tocanca 1111 Huaytacocha 2001 Réservoir Haut 1064
Cushuro 852 Huaytacocha 2 2113 Réservoir Bas 1035
11 Cushuro 433 Huancacocha 1421 37 Ricococha Alta 4569
12 Tocanca 520 Sacracocha 2045 Ricococha Baja 4358
13 Hatun Huirí 120 Sacracocha 2 1941 Réservoir Haut 515
14 Hatun Huirí 743 Sacracocha 3 1923 Réservoir Bas 474
Huirí 2 764 30 Carhuacocha 1828 38 Intiaurán 1707
15 Huirí 2 1256 Chaquicocha 1419 39 Collpacocha 189
17 Quepancocha 71 31 Carhuacocha 629 Intiaurán 1177
19 Wakecocha 676 32 Orconcocha B 2221 40 Collpacocha 156
Wakecocha W. 112 Orconcocha A 2044 41 Collpacocha 341
20 Saquipampa 202 Yanacocha 1539 42 Collpacocha 1090
21 Saquipampa 872 Olerón C. 504 45 Collpacocha 2474
Mamancocha 2301 Tsaquicocha 2 597 47 Estanque 1 550
22 Saquipampa 2132 Putacayoc 1 848 48 Alalakmachay 1142
Mamancocha 1000 Kaukayoc 1000 49 Alalakmachay 790
23 Meza 2 1149 Putacayoc 2 1146 50 Alalakmachay 683
24 Tsaquicocha 1 616 Unnamed 1 1246 51 Togllakita 1955
Agococha 1647 Unnamed 2 1378 52 Togllakita 1400
Meza 1 2301 33 Orconcocha B 3107 53 Togllakita 1566
Meza 2 1734 Orconcocha A 2899
25 Tsaquicocha 1 412 Yanacocha 2353
Agococha 1200 Olerón C. 1130 Enclos 4-16-18-43-44-46
26 Agococha 265 Tsaquicocha 2 559 Considérés comme non
27 Estanque 2 578 Putacayoc 1 229 associés directement aux
Tayapucro 1012 Kaukayoc 77 barrages
Putacayoc 2 102
Unnamed 1 231
Unnamed 2 343
118
Distance Corral - Retenue d'eau
Corral le plus proche
3000
2500
2000
1500
Distance
1000
500
0
ra ca ha ha ho ra ha ha ha _2 _2 ha _3 ha ha lta ja _B _A ha ue ay ita _1 ha irí ha st _2 2 ro
r an an oc oc ac mb oc oc oc ha ha oc ha oc oc _A _Ba ha ha oc nq ch llak uirí oc Hu oc ue z a que puc Barrages
c c c c c c c c c c c c a a c _ c e
oc o anc go _M He ho ay ta co co ra co ua ui ha ha oc oc na s t m og H an tun ke a_O M tan y a
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Y Ya W
Distance Corral - Retenue de limon
Corral le plus proche
2500
2000
1500
1000
Distance
500 Moyenne (Distance)
Fig.13. Distances entre
chaque retenue d’eau, de 0
limon et l’enclos le plus i t
pa _1 ha ur _2 _1 oc _2 ed _2 u as án ha ro _2 _2 _1 _1
m ha oc har ha oc ay oc am ed Ha _B aur oc shu lto uirí z a lto Barrages
proche. pa c c c y k y n m r _ ir ti c u U H Me U
qui ico nc a Coc ico aca Kau aca Un na voi rvo In llpa C
u u t t n r o
Sa saq Hua ón_ saq Pu Pu U se ése C
T er T é R
l R
O
119
ANNEXE 4 : Fiches d’enregistrement
Vallée : Capado
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
Préhispanique ?
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°2
Vallée : Capado
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
Préhispanique ?
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°3
Vallée : Capado
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. : 3
DESCRIPTION
Assises visibles.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°4
Vallée : Capado
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Oui
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°5
Vallée : Capado
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°6
Vallée : Capado
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°7
Vallée : Capado
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
Préhispanique ?
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°8
Vallée : Colcap
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
Préhispanique ?
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°9
Vallée : Colcap
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
Préhispanique ?
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°10
Vallée : Colcap
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°11
Vallée : Colcap
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°12
Vallée : Colcap
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°13
Vallée : Colcap
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. : 1
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°14
Vallée : Colcap
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Mur submergé
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°15
Vallée : Colcap
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°16
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
Préhispanique ?
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°17
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
Préhispanique ?
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°18
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°19
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Non
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Mur partiellement détruit par un barrage moderne. Eau filtre sous la digue.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°20
Vallée : Cosma
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°21
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
Mur détruit.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°22
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Non
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. : 2
DESCRIPTION
Converti en bofedal.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°23
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Non
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Évacuation élargie.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°24
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Non
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. : 3
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°25
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts :
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°26
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts :
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°27
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Non
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°28
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Oui
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Autre mur de 4m de long, 0,9m de large. Représente une autre phase constructive.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°29
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Non
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. : 2
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°30
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Non
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. : 2
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°31
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Non
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°32
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Oui
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°33
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°34
Vallée : Uchupacancha
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Oui
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°35
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Non
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Converti en bofedal.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°36
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Oui
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°37
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Oui
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. : 3
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°38
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts :
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°39
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts :
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
Mur submergé.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°40
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Oui
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°41
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°42
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°43
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts :
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
20 « réservoirs » en série.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°44
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°45
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
13 « réservoirs » en série.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°46
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
7 « réservoirs ».
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°47
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°48
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. :
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°49
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°50
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°51
Vallée : Huarapampa
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Hauteur max. : 2
DESCRIPTION
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°52
Vallée : Loco
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
Converti en bofedal.
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°53
Vallée : Loco
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts :
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
Fiche d’enregistrement des barrages de la Vallée de Nepeña
FICHE N°54
Vallée : Loco
CARACTÈRES ARCHITECTURAUX
Contreforts : Oui
DIMENSIONS BIBLIOGRAPHIE
PHOTO
BIBLIOGRAPHIE
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