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LES MIGRATIONS ÉTUDIANTES

Thomas Roulet

La Découverte | « Regards croisés sur l'économie »

2010/2 n° 8 | pages 71 à 73
ISSN 1956-7413
ISBN 9782707166548
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2010-2-page-71.htm
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Les migrations étudiantes 71

Les migrations étudiantes


Thomas Roulet (RCE)

Q uand on parle de migration, on oublie souvent de mentionner


l’une des populations les plus mobiles : les étudiants. Les migra-
tions étudiantes sont pourtant un sujet d’étude en elles-mêmes. Elles
peuvent revêtir différentes formes, et avoir des motivations très variées :
compléter la formation obtenue dans son pays d’origine ; obtenir, pour
sa formation principale, un diplôme étranger ; contourner les « barriè-
res à l’entrée » d’un parcours professionnel bien précis.
Dans le premier cas, en 2008-2009, ils étaient presque 200 000 étu-
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diants de l’Europe des 27 (plus la Turquie) à participer au programme
d’échange Erasmus 1. Ce programme, créé en 1987, et disposant d’un
budget annuel de 450 millions d’euros, permet à des étudiants de pas-
ser un séjour de 3 à 12 mois dans un pays européen. On estime actuel-
lement que 3,5 % des étudiants européens ont bénéficié d’une bourse
Erasmus au cours de leurs études 2. La France est actuellement le pays
qui envoie le plus d’étudiants à l’étranger (28 300) via le programme
Erasmus, suivi de près par l’Allemagne (27 900) et l’Espagne (27 400).
L’objectif est clair : permettre aux jeunes Européens de parfaire leur
maîtrise des langues étrangères (voire d’en apprendre de nouvelles),
de se confronter à d’autres modes de formation et d’enseignement, de
développer leur faculté d’adaptation et plus généralement de s’ouvrir à
d’autres cultures. Conscients des exigences d’un marché du travail de
plus en plus mondialisé, les étudiants répondent positivement à l’ap-
Regards croisés sur l’économie n° 8 – 2010 © La Découverte

pel : leur nombre a augmenté de 5,9 % de 2006-2007 à 2007-2008, et


de 8,7 % de 2007-2008 à 2008-2009. Au-delà du programme Erasmus,
de nombreux accords bilatéraux d’échange d’étudiants existent entre
des institutions françaises et étrangères. Les Grandes écoles de com-
merce, notamment, ne sont pas en reste, puisque l’immense majorité
d’entre elles se vantent d’envoyer tous leurs étudiants au moins 6 mois

1. Commission Européenne, « Erasmus programme in 2008/09: the figures explained », Educa-


tion et formation, communiqué de presse, 21 juin 2010.
2. Commission Européenne, « Intérêt croissant des étudiants et des universités pour le pro-
gramme Erasmus », communiqué de presse, 13 mai 2008.
72 Économie politique des migrations

à l’étranger. Dans les faits, on assiste à l’émergence de nouveaux eldo-


rados étudiants : en Chine, par exemple, les effectifs d’étudiants fran-
çais ont augmenté de 7,6  % en 2008-2009, par rapport à 2007-2008,
dépassant ainsi la barre des 5 000 3.
Si certains font le choix de compléter leur formation à l’étranger,
d’autres choisissent de s’expatrier pour toute la durée de leurs études
supérieures, ou de revenir en France seulement dans l’objectif de com-
pléter une formation obtenue à l’étranger. Bien que souvent coûteuse
(il faut ajouter au prix de la vie à l’étranger les frais de scolarité dans les
institutions d’accueil, souvent plus élevés qu’en France), cette stratégie
se révèle souvent payante. Les grandes entreprises sont évidemment
friandes de ces profils « d’expatriés étudiants » qui reviennent géné-
ralement bilingues, avec parfois des diplômes d’universités étrangères
prestigieuses. Les meilleures universités et Grandes écoles françaises
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les accueillent aussi à bras ouverts lorsqu’ils souhaitent compléter leur
parcours.
La popularité croissante de cette démarche auprès des étudiants fran-
çais s’explique par la stratégie de communication employée par la plu-
part des universités internationales de premier plan qui cherchent à
diversifier leur corps étudiant en recrutant à l’étranger : à la London
School of Economics (LSE), 69 % des étudiants viennent de l’étranger 4 !
On peut aussi citer l’ambitieuse stratégie internationale des universités
québécoises : regroupement des moyens de 18 universités, délégations
dans les salons étudiants étrangers, plateforme d’information Inter-
net en 4 langues, le tout visant à augmenter de 10 % par an le nombre
d’étudiants étrangers 5.
Se former à l’étranger n’est pourtant pas toujours un choix, de plus en
plus d’étudiants cherchent à l’étranger une échappatoire à leur échec Regards croisés sur l’économie n° 8 – 2010 © La Découverte

en France ou une façon de contourner les processus de sélection du


système français pour poursuivre la carrière à laquelle ils aspirent...
parfois avec beaucoup de succès ! Dans un récent article titré « Je n’ai
pas le bac, mais je travaille à l’ONU » 6, Le Monde a entre autres inter-

3. Assemblée Nationale - Question de B. Carayon à V. Pécresse, publiée au J.O. le : 24/11/2009


p. 11066. Réponse publiée au J.O. le : 02/02/2010 p. 1158.
4. Source : Site internet, University of London, http://www.london.ac.uk/1814.html
5. « Les universités québécoises dévoilent à Paris leur nouvelle stratégie à l’international », Edu-
cpros, 3 février 2009.
6. Le Monde, 6 juillet 2010.
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rogé des Français qui avec ou sans le bac avaient fait leurs études à
l’étranger et avaient finalement obtenu le job de leur rêve.
Au-delà du bac, le choix de partir à l’étranger apparaît désormais
comme une alternative pour les étudiants recalés en première année de
médecine. Ainsi, l’université de Cluj en Roumanie accueille aujourd’hui
262 étudiants, recrutés sur dossier et non sur concours, dans une filière
entièrement en français 7. L’entrée de la Roumanie dans l’Union euro-
péenne en 2007 a permis la reconnaissance du diplôme de médecin de
l’université de Cluj  : les étudiants français peuvent à terme passer le
concours de l’internat français pour revenir en France. Seul point noir :
l’année de médecine à Cluj coûte 5 000 euros alors qu’elle est presque
gratuite en France.
Plusieurs éléments suggèrent que les flux d’étudiants devraient conti-
nuer de s’intensifier dans les années à venir. En premier lieu, il devient
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de plus en plus indispensable de donner une « touche internationale »
à son CV, un séjour universitaire à l’étranger mettant en évidence des
compétences recherchées par les entreprises. Un cursus 100 % interna-
tional est une panacée quand le diplôme obtenu provient d’une univer-
sité étrangère de renom. Enfin, la reconnaissance des diplômes au sein
de l’Union européenne crée une forme de concurrence entre les diffé-
rents systèmes d’éducation supérieure, en particulier dans les filières
sélectives comme la médecine ou la pharmacie... Alors que l’on fait face
à une pénurie de médecins en France, il ne sera bientôt plus néces-
saire de faire venir des praticiens roumains (entre 2007 et 2008, plus de
1 000 médecins roumains sont arrivés en France 8), puisqu’il suffira de
recruter des Français ayant obtenu leur diplôme en Roumanie !
Regards croisés sur l’économie n° 8 – 2010 © La Découverte

7. « La Roumanie, nouvel éden des étudiants en médecine », Le Figaro, 3 février 2010.
8. « La France recrute ses médecins en Roumanie », La Croix, 9 mars 2010.

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