Está en la página 1de 22

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 20-199-A-10

20-199-A-10

Examen clinique et paraclinique


du patient atteint de vertiges
et/ou de troubles de l’équilibre
M Toupet
S Imbaud-Genieys

Résumé. – Devant tout vertige ou trouble de l’équilibre, l’examen du patient débute par un interrogatoire
précis visant à orienter le diagnostic selon quatre hypothèses diagnostiques différentes : vertiges brefs,
positionnels, à répétition, type vertige paroxystique bénin ; vertiges de quelques heures, à répétition, avec
signes cochléaires associés, type maladie pressionnelle de l’oreille ; grand vertige rotatoire de plusieurs jours,
type névrite vestibulaire ; déséquilibres ou instabilités.
Cet interrogatoire est complété par un examen clinique vestibulaire venant conforter l’hypothèse
diagnostique dans près de trois quarts des cas : un nystagmus avec vertige de position évoquant un vertige
paroxystique positionnel bénin ; des signes cliniques de déficit vestibulaire périphérique harmonieux
évoquant une névrite ; des signes cliniques ayant valeur d’atteinte centrale ; un examen normal.
En fonction de l’orientation clinique sont prescrits différents examens complémentaires : un examen
vidéonystagmographique comprenant une épreuve calorique, un examen vidéo-oculographique et une
verticale subjective ; des potentiels évoqués otolithiques sacculocolliques ; un bilan audiométrique complet
avec potentiels évoqués auditifs ; un bilan biologique et une imagerie si nécessaire.
Parmi ces examens complémentaires, l’épreuve calorique reste toujours un des examens les plus contributifs
au diagnostic, associé aux examens audiométriques.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : nystagmus, vertiges, vidéonystagmographie, vidéo-oculographie, vertiges positionnels


paroxystiques bénins, maladie de Ménière, névrite vestibulaire, déséquilibres.

Introduction existe une autre sorte de vertige, celui de la pathologie otolithique


où le patient ne voit pas tourner, mais sent la pièce s’incliner, osciller,
Le vertige est une pathologie fréquente. Le médecin généraliste, en pencher.
pratique, examine par semaine cinq patients présentant des vertiges
ou des déséquilibres, dont trois en consultation et deux en visite à TROUBLE DE L’ÉQUILIBRE
domicile [27]. Il adresse son patient à l’oto-rhino-laryngologiste (ORL) Le trouble de l’équilibre peut être ressenti par le patient de façon
pour un diagnostic et une prise en charge dans 80 % des cas. En isolée, sans vertige.
1980, seuls 6 % des patients vertigineux étaient adressés aux
Le mot équilibre vient du latin « libra » : balance. Il se définit comme
ORL [26] : depuis une vingtaine d’années, l’ORL est donc reconnu
une égalité de force entre deux ou plusieurs choses qui s’opposent.
compétent sur cette pathologie difficile et en pleine évolution.
Les trois quarts des diagnostics sont cliniques, et environ la moitié
reposent déjà sur les données de l’interrogatoire. L’autre quart est DÉSÉQUILIBRE
révélé par l’examen vidéonystagmographique et les autres Le déséquilibre est cette dérive de l’équilibre postural, qui échappe
explorations complémentaires. au contrôle volontaire et entraîne vers la chute. Cette régulation
subtile, que l’on peut appeler le contrôle postural fin lorsqu’on est
debout, immobile, est assurée par la triple entrée sensorielle visuelle,
Définitions labyrinthique et proprioceptive, et maintient l’équilibre postural de
façon automatique.

VERTIGE
SENSATION DE DÉSÉQUILIBRE
Le mot vertige vient du latin « vertere » : tourner. Le vrai sens C’est la sensation subjective que le corps ne garde pas son équilibre.
médical de ce mot doit correspondre à une sensation de rotation, Cette sensation peut être erronée, le corps étant parfaitement stable,
soit de l’environnement, soit de son propre corps. Avec le vertige ou réelle.
apparaît un déséquilibre et/ou une sensation de déséquilibre. Il
DIFFÉRENTES ÉTIOLOGIES
Toutes les pathologies vestibulaires ne s’expriment pas par des
Michel Toupet : Docteur, ancien assistant des Universités, assistant des hôpitaux de Paris. vertiges. Si la pathologie est chronique, lentement évolutive, tel un
Sylvie Imbaud-Genieys : Docteur, ancien interne des hôpitaux de Paris, ancien assistant spécialiste des
hôpitaux de Paris.
neurinome de l’acoustique, la pathologie s’exprimera peut-être par
Centre d’explorations fonctionnelles oto-neurologiques, 10, rue Falguière, 75015 Paris, France. un déséquilibre.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Toupet M et Imbaud-Genieys S. Examen clinique et paraclinique du patient atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales
Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Oto-rhino-laryngologie, 20-199-A-10, 2002, 21 p.
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
Ainsi, la pathologie vestibulaire correspond soit à des vertiges un canal semi-circulaire vertical postérieur. Les organes otolithiques
rotatoires, soit à des sensations erronées de déplacements linéaires, comprennent, de chaque côté, un utricule et un saccule.
soit à des déséquilibres. L’appareil labyrinthique contient des capteurs d’accélération dans
De même, tous les vertiges ne sont pas forcément vestibulaires. On l’oreille interne : les canaux semi-circulaires mesurent les
peut avoir des sensations vertigineuses dans le cas d’une pathologie accélérations angulaires dans les trois plans de l’espace ; le système
musculaire cervicale ou oculomotrice, ou purement neurologique, otolithique, utricule et saccule, mesure les accélérations linéaires [63]
sans atteinte vestibulaire périphérique, mais touchant les voies et dans toutes les directions de l’espace (préférentiellement dans le
centres vestibulaires centraux.
plan horizontal pour l’utricule et dans le plan vertical pour le
On ne trouve que ce que l’on cherche, et il nous faut donc dans un saccule).
premier temps récapituler les grands diagnostics des vertiges et
leurs pièges diagnostiques, pour bien préciser le but de l’examen Ces informations de mouvement sont ensuite transformées en
clinique et paraclinique. activité électrique et transmises à notre cerveau grâce :
– aux cellules neurosensorielles situées sur les crêtes ampullaires
DIAGNOSTICS dans les canaux semi-circulaires et sur les macules dans les organes
Nous distinguons quatre principales familles diagnostiques. otolithiques ;

¶ Vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB) – puis au nerf vestibulaire composé de deux branches : branche
supérieure comprenant les nerfs canalaires antérieur et horizontal,
Il s’agit d’un vertige bref positionnel qui se répète depuis plusieurs et utriculaire ; branche inférieure comprenant les nerfs canalaire
jours, plusieurs semaines. L’interrogatoire cherche à éliminer les postérieur et sacculaire.
diagnostics différentiels : les fistules endolymphatiques, les lésions
de la fosse postérieure et les rares conflits vasculonerveux (nouvelles Le nerf vestibulaire transmet ensuite les informations aux noyaux
pathologies otoneurologiques émergentes dont on ignore la vraie vestibulaires situés dans le tronc cérébral. Il s’agit de véritables petits
prévalence). ordinateurs qui reçoivent des informations, non seulement de
l’appareil vestibulaire homo- et controlatéral, mais aussi du système
¶ Vertiges récurrents visuel, proprioceptif spinal, cérébelleux et cortical. Des noyaux
Les vertiges récurrents de quelques heures, dont le type est la vestibulaires partent les neurones vestibulaires centraux à
maladie de Ménière, peuvent être ou non associés à des signes destination des motoneurones spinaux (système vestibulospinal),
auditifs. Les diagnostics différentiels le plus couramment recherchés des motoneurones oculomoteurs (système vestibulo-oculomoteur) et
sont les maladies auto-immunes, l’otospongiose, l’otite chronique, de quelques aires corticales.
le cholestéatome, la fistule ou fuite de liquide labyrinthique et le Le système vestibulospinal permet les réactions d’équilibration et
neurinome de l’acoustique (le schwannome vestibulaire). d’adaptation du corps aux mouvements.
¶ Grand vertige rotatoire Le système vestibulo-oculaire permet la stabilisation de la vision lors
des mouvements.
Le grand vertige rotatoire évoluant pendant quelques jours a pour
type la névrite vestibulaire. Parmi les diagnostics différentiels, on Ces informations permettent de savoir si c’est nous qui bougeons
note l’accident aigu des noyaux vestibulaires ou du ou l’environnement, et de connaître la vitesse et la direction du
vestibulocérébellum (archéocervelet et vermis), la fracture du rocher mouvement.
a minima. Les réflexes vestibulo-oculaires et vestibulospinaux sont soumis à
un contrôle cérébelleux grâce aux cellules de Purkinje du flocculus,
¶ État de déséquilibre qui se projettent également sur les noyaux vestibulaires.
L’état de déséquilibre fait évoquer :
– une atteinte otolithique ; les troubles de l’équilibre sont en général
déclenchés par des stimulations otolithiques répétées (un trajet en Examen clinique
voiture, essentiellement sur autoroute, l’ascenseur) ; ils peuvent
survenir de façon isolée ou dans le cadre d’un VPPB ;
– un déficit vestibulaire bilatéral périphérique ; après un début INTERROGATOIRE
intense, le déséquilibre s’amende progressivement au fil du temps ; Première étape diagnostique indispensable : faire préciser par le
penser à l’intoxication aux aminosides ; patient les caractéristiques du vertige :
– un syndrome postural phobique ; l’état de déséquilibre est
– sa durée ;
constant depuis plusieurs mois ou plusieurs années ; le bilan
clinique est tout à fait normal, avec une exploration fonctionnelle et – son caractère rotatoire ou la sensation de tangage perçue par le
un bilan neuroradiologique normal ; patient ;
– chez le sujet âgé, la presbyataxie, qui peut être majorée par – la fréquence des crises vertigineuses ;
certains médicaments (les hypotenseurs et tout particulièrement les
diurétiques, les sédatifs, surtout les benzodiazépines) ; – l’existence de signes auditifs associés (baisse d’audition,
acouphènes) ;
– une atteinte centrale, bien que beaucoup plus rare : un
schwannome vestibulaire, une maladie dégénérative des noyaux gris – l’existence de céphalées associées évoquant des céphalées de
centraux ou du cervelet, un syndrome extrapyramidal, une lésion tension ou des migraines, leur rapport dans le temps avec les
d’origine vasculaire telle la leucoaraïose, une hydrocéphalie à vertiges ;
pression normale. – l’existence de signes d’hypotension orthostatique ;
– la notion de perte de connaissance ;
Rappel anatomique et physiologique
– l’existence d’un traumatisme crânien ayant précédé la survenue
L’appareil vestibulaire, dans chaque oreille, est constitué de deux des vertiges ;
parties : les canaux semi-circulaires et les organes otolithiques. Les
– la survenue d’un épisode infectieux ;
canaux semi-circulaires comprennent, de chaque côté, un canal semi-
circulaire horizontal, un canal semi-circulaire vertical antérieur et – les antécédents personnels ;

2
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
– le traitement médical à la recherche de médicaments ototoxiques
(aminosides, quinine) ; 1 Épreuve de Romberg, les yeux
ouverts.
– les antécédents familiaux de vertiges ou de migraines.

EXAMEN OTOLOGIQUE
Il recherche une perforation tympanique (interdisant une épreuve
calorique à l’eau), des signes d’otite moyenne aiguë ou chronique,
des signes d’aplasie de l’oreille, un antécédent chirurgical.

EXAMEN NEUROLOGIQUE
Il recherche des signes d’atteinte centrale : atteinte des paires
crâniennes.
L’examen de l’oculomotricité est traité à part (cf infra).
L’examen du nerf facial (VII) commence par l’examen de la motilité
faciale (fronceur des sourcils, releveur des ailes du nez, labial et de
la houppe du menton pour les groupes musculaires paramédians, et
les muscles releveurs des sourcils, orbiculaires, buccinateurs et
zygomatiques), puis par l’examen plus fin du signe des cils de
Souques (on demande au patient de fermer les yeux fortement ; des
cils moins enfoncés d’un côté trahissent une faiblesse musculaire et
ainsi une suspicion d’atteinte minime du VII).
On recherche une hypotonie d’une hémiface : au niveau de la
paupière, du sillon nasogénien et de la bouche.
2 Épreuve de Romberg, les yeux fermés.
L’examen neurologique se poursuit par la recherche d’un syndrome
cérébelleux, syndrome extrapyramidal, des signes d’atteinte
périphérique (déficit moteur ou sensitif des membres).

EXAMEN DE L’ÉQUILIBRE POSTURAL


Cet examen du patient debout essaie d’évaluer la régulation
posturale statique et dynamique sous contrôle des fonctions
vestibulaires utriculosacculaires et proprioceptives principalement,
mais aussi vestibulaires canalaires et visuelles.

¶ Évaluation du système moteur postural


On mesure l’alignement du sujet par rapport à la verticale physique,
en position assise et debout. Un écart trop important par rapport à
celle-ci peut limiter les capacités de réponse à un déséquilibre et
augmenter le risque de perte d’équilibre dans certaines
directions [107].
On mesure la largeur spontanée de la base de sustentation.
On mesure l’amplitude de certains mouvements comme la flexion
du tronc, de la colonne cervicale, et l’amplitude des mouvements
des chevilles. Après une réalisation passive de ces mouvements, leur
réalisation active permet d’estimer si la force musculaire du sujet est
suffisante.
¶ Test de Romberg
On contrôle la capacité de réaliser les trois stratégies de correction
d’un déséquilibre (stratégie de cheville, de hanche, du pas) selon Ce test étudie la régulation motrice de la position statique,
trois modalités successives : comparant deux conditions visuelles : les yeux ouverts (fig 1) puis
les yeux fermés (fig 2).
– volontairement en demandant et contrôlant la présence ou Il peut être sensibilisé de plusieurs manières, par exemple par la
l’absence de flexion de hanche ou de déplacement des pieds ; manœuvre de Jendrassik, qui consiste à demander au sujet
– en réponse à un déplacement passif des hanches ou des épaules ; d’agripper vigoureusement ses mains l’une dans l’autre, coudes à
après une poussée antérieure des hanches du patient, le retour à la l’horizontale.
position d’équilibre, sans flexion des hanches, témoigne de la Les résultats normaux sont une stabilité de la position. Il est normal
capacité de développer une stratégie de chevilles ; des composantes d’avoir de toutes petites oscillations du corps, dont l’angle ne
supplémentaires ou asymétriques, comme des flexions excessives dépasse pas 2°.
des genoux, des rotations du tronc ou des mouvements anormaux Dans les affections otologiques, quelques secondes après la
des bras, peuvent être quantifiées ; fermeture des yeux, il est classique de dire que le sujet dévie sur son
– par anticipation, le centre de gravité se déplace avant l’exécution vestibule malade.
d’un mouvement de bras soulevant une charge. En cas d’affection du système nerveux central, l’instabilité du patient
Cette évaluation porte sur les aspects musculaires, ostéoarticulaires est augmentée aussi par l’occlusion palpébrale.
et neurologiques des réponses posturales. Des troubles posturaux Chez le patient hystérique, la chute est souvent spectaculaire,
statiques et des limitations d’amplitude de mouvements peuvent débutant parfois avant la fermeture des yeux. Il existe très souvent
résulter d’altérations motrices, sensorielles, articulaires, de un contraste entre le classique test de Romberg, bien connu du
compensations justifiées ou non à celles-ci, ou d’une peur injustifiée patient, et les autres tests de la fonction vestibulospinale plus
de franchir certaines limites. difficiles et paradoxalement normaux.

3
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre

3 Test de Fukuda. 4 Test de marche aveugle.

¶ Test de piétinement aveugle de Fukuda (fig 3) 5 Test des index.

Ce test, très sensible, consiste à demander au sujet de piétiner sur


place, les yeux fermés, en levant les genoux de 30°, d’effectuer
50 pas, en les comptant mentalement, au rythme d’un pas par
seconde.
On mesure ou on estime l’angle de rotation sur place :
– le spin, vers la gauche ou vers la droite c’est-à-dire l’angle de
rotation en degrés ;
– la déviation latérale que l’on mesure en mètres.
Le résultat normal est une stabilité du piétinement, avec une discrète
rotation ne dépassant pas 60° à 80°.
Le résultat pathologique est une rotation supérieure à 80°, le plus
souvent vers le déficit vestibulaire. Des réponses plus rares peuvent
être obtenues :
– soit une déviation du côté opposé en cas de recovery syndrome ;
– soit une latéropulsion au test du piétinement aveugle, cette
déviation latérale ne s’accompagnant pas de rotation sur place ;
parfois de plusieurs mètres (en 50 pas), il peut s’agir d’un
dysfonctionnement otolithique.

¶ Test de marche aveugle (fig 4) Le résultat normal est l’absence de déviation au bout de 10 à
Le sujet est debout, tête droite et yeux fermés, il avance et recule de 20 secondes. Le résultat pathologique est une déviation d’au moins
quelques pas. Le résultat normal est une absence de déviation. Le 2 à 3 cm en 10 à 20 secondes.
principal résultat pathologique est une déviation du côté du déficit
vestibulaire, qui réalise une marche dite en « étoile ». La forme de ¶ Test d’indication
cette étoile peut être très déformée par une latéropulsion. Cette On demande au sujet, assis, dos non soutenu, de tendre les bras et
latéropulsion traduit plus un déficit otolithique tel qu’il se constate les index devant ceux du praticien qui servent de repère, puis
dans les névrites vestibulaires, mais surtout dans les syndromes d’effectuer de grands mouvements d’élévation et de rabaissement
bulbaires. des index les yeux fermés.
Dans le recovery syndrome, la déviation se fait du côté opposé. Le résultat normal est un positionnement des index devant ceux du
Dans la pathologie cérébelleuse, on constate une marche festinante, praticien, à moins de 1 cm d’écart.
chaque pas entraînant une déviation excessive de tout le corps, avec Le résultat pathologique classique est une déviation latéralisée
une mise en route hésitante, retardée, et un arrêt incertain. Les pas progressive.
sont inégaux, irréguliers. Les membres inférieurs sont anormalement
projetés, les membres supérieurs anormalement balancés et le tronc ¶ « Functional reach point test »
reste en arrière.
On demande au patient, debout, l’écart entre les pieds étant similaire
¶ Test des index (fig 5) à la distance entre les épaules, de tendre un bras horizontalement
vers l’avant le plus loin possible, sans bouger les pieds (entre 20 et
On demande au sujet assis sur un divan, ou sur un tabouret (le dos 40 cm). Ce test est bien reproductible [24] et prédictif du risque de
non soutenu), de tendre les bras en avant, immobile, les yeux fermés. chute. Il est en outre sensible à une rééducation de l’équilibre [111].

4
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
¶ Réactions posturales à la poussée brève
6 Épreuves posturales chez l’enfant :
Le patient est placé en position de Romberg, les yeux fermés. On marche pieds nus sur un sol dur.
l’informe que l’on va s’installer derrière lui, qu’on va le bousculer
par les deux épaules et qu’il devra réagir rapidement pour retrouver
son équilibre. Deux types de réaction posturale sont retrouvés : soit
un fléchissement en avant du tronc, soit un déplacement en arrière
de l’un des deux pieds pour retrouver ainsi rapidement l’équilibre.
Chez le sujet âgé, on constate fréquemment un retard de réaction
posturale [107]. Parfois même, le patient part en arrière, piétinant des
deux talons, ne pouvant plus se redresser jusqu’à la chute [17]. Il est
donc important dans ce cas-là, pour apprécier l’ensemble du
phénomène, de rester bien en arrière du patient, les bras tendus
pour le rattraper sous les bras.

¶ « Timed get up and go test » [51, 60, 68, 69]

On demande au patient de se lever d’une chaise, de marcher 3 m,


de faire demi-tour et de se rasseoir. Les résultats de ce test montrent
que les patients autonomes pour l’équilibre et les tâches de
préhension le réalisent en moins de 10 secondes, tandis que ceux
dont l’indépendance n’est acquise que pour les transferts le réalisent
en moins de 20 secondes. Les patients le réalisant en plus de
30 secondes sont dépendants pour la plupart des tâches de la vie
journalière. Une première version non quantifiée du test montrait
une bonne corrélation avec le risque de chute chez les personnes
âgées [61, 62].

¶ « Functional balance scale » (échelle d’équilibre


de Berg) [8] 7 Épreuves posturales chez l’enfant :
marche pieds nus sur un sol mou.
Les items suivants sont cotés de 0 (mauvais) à 4 (bon) : station assise
sans soutien dorsal ni accoudoir ; passage assis-debout ; passage
debout-assis ; transfert d’un siège à un autre ; station debout sans
soutien ; station debout yeux fermés ; station debout pieds joints ;
station debout en tandem (pieds l’un derrière l’autre sur une ligne) ;
station unipodale ; rotation du tronc ; ramassage d’un objet au sol ;
tour complet (360°) ; monter sur une marche ; se pencher en avant.
Ce test est réputé avoir une bonne valeur test-retest et être
reproductible entre plusieurs examinateurs.

¶ Cas particulier de l’enfant de moins de 4 ans


L’examen les yeux fermés est difficilement obtenu chez l’enfant de
moins de 4 ans. On regarde tout d’abord l’enfant s’approcher, se
promener dans la salle d’examen et jouer. On le fait marcher puis
courir sur un sol dur (fig 6) puis sur un sol mou (fig 7). Chez l’enfant
ataxique, il faut bien observer la façon dont il prend les objets, les
manipule, lorsqu’il est en position assise maintenue. Une bonne
motricité des membres contrastant avec le déséquilibre est en faveur
d’une ataxie d’origine vestibulaire plutôt que d’un syndrome
cérébelleux (fig 8).

NYSTAGMUS (fig 9)
Le nystagmus désigne des mouvements oculaires répétés, succession
d’un mouvement lent suivi d’un retour rapide. La phase lente de ce
mouvement est produite par l’asymétrie de fonctionnement des – un nystagmus gauche qui est vu non seulement dans le regard à
noyaux vestibulaires : asymétrie physiologique pendant un gauche mais aussi dans le regard de face et non pas dans le regard à
mouvement, ou pathologique en cas de lésion du labyrinthe ou des
droite est de degré II ;
voies vestibulaires. La phase rapide est non seulement un retour de
l’œil en position initiale, mais une saccade qui dirige l’œil « là où on – un nystagmus gauche qui est vu non seulement dans le regard à
va aller ». Ce mouvement rapide est une saccade oculaire gauche, dans le regard de face, mais aussi dans le regard à droite est
programmée par la formation réticulée et les noyaux vestibulaires. de degré III.
Le nystagmus se définit par sa direction, son intensité et sa forme. Généralement, l’intensité du nystagmus est corrélée à l’intensité du
La direction du nystagmus est définie par le sens de sa secousse vertige. Un phénomène de plasticité neuronale, structurale et
rapide. Il peut être droit, gauche, haut, bas, horaire ou antihoraire. cinétique tend à faire disparaître vertiges, nystagmus et
L’intensité du nystagmus se définit selon trois degrés : déséquilibre : c’est le phénomène de compensation vestibulaire
centrale.
– un nystagmus gauche (par exemple) qui est vu uniquement dans
le regard à gauche et non pas dans le regard de face, ni dans le La forme du nystagmus : les nystagmus peuvent battre dans différents
regard à droite, est de degré I ; plans en fonction du plan du canal semi-circulaire stimulé :

5
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
– le plan horizontal et rotatoire, associant plusieurs composantes,
qui traduit l’atteinte globale du système vestibulaire périphérique
(comme dans le cas d’une névrite vestibulaire ou d’une crise de
maladie de Ménière).
Généralement, les nystagmus sont congruents. C’est-à-dire que les
deux yeux exécutent les mêmes mouvements dans le même plan et
dans le même sens. Parfois, les nystagmus sont disjonctifs : les
mouvements se font en vergence ; c’est le rare cas des nystagmus
convergents. Ils sont rencontrés dans les atteintes pédonculaires.
Parfois les nystagmus sont dissociés ; les deux yeux ne se déplacent
pas d’un même mouvement : dans l’ophtalmoplégie internucléaire,
le nystagmus prédomine sur l’œil en abduction, par atteinte du
faisceau longitudinal médian situé dans le tronc cérébral.
Il existe d’autres mouvements oculaires périodiques nommés
nystagmus, comme le nystagmus pendulaire où on ne retrouve plus
la nette dissociation entre phase rapide et phase lente. Il s’agit d’un
mouvement sinusoïdal parfois dans le plan horizontal, parfois dans
le plan vertical, parfois dans les deux plans, réalisant un nystagmus
de circumduction : l’œil décrit un mouvement vaguement circulaire
et continu. Parfois, ce mouvement périodique est pseudocycloïde,
formant sur le tracé un aspect de dômes ou de pics comme une
succession d’arcs de cercle, donnant cliniquement l’impression que
l’œil est comme une balle qui rebondit. Ce phénomène est très
fréquent dans les déficits visuels sévères.
Le nystagmus retractorius est constitué de clonies de tous les
muscles oculaires, entraînant un enfoncement brutal du globe
oculaire dans l’orbite, survenant parfois par salves. Ceci traduit une
lésion de la région épiphysaire, très rarement rencontrée.
C’est l’examen vidéonystagmoscopique qui permet de visualiser ces
nystagmus dans le noir. L’œil est filmé par une caméra infrarouge.
La fixation est ainsi inhibée. Cet appareillage vient remplacer les
lunettes de Frenzel, permettant une meilleure visualisation des
mouvements oculaires et l’enregistrement des nystagmus.

¶ Nystagmus spontané
8 Évaluation du comportement psychomoteur de l’enfant : apprécier la bonne
motricité des membres supérieurs, la précision des gestes de l’enfant pendant qu’il joue.
Le nystagmus spontané défini par les otologistes est un nystagmus
observé sous vidéonystagmoscopie, dans le regard de face, chez un
patient assis, immobile et tête droite. Un tel nystagmus semble
toujours pathologique.
Chez le sujet normal, dans le regard latéral extrême, à partir de
50° d’excentration peuvent apparaître quelques secousses
nystagmiques battant dans le sens de l’excentration du regard. Il bat
à gauche dans le regard à gauche, à droite dans le regard à droite,
en haut dans le regard en haut. Ce nystagmus est dit physiologique.

Influence de la fixation oculaire


Un nystagmus spontané vestibulaire (en crise de maladie de Ménière
ou de névrite vestibulaire) est toujours plus ample et plus net sous
vidéonystagmoscopie que les yeux ouverts à la fixation, le sujet
regardant une mire. Le taux de réduction est au moins de la moitié
de l’amplitude. Ce feed back visuel utilise la voie optique accessoire
du flocculus cérébelleux et un contrôle inhibiteur sur les noyaux
vestibulaires. En cas de pathologie vestibulaire centrale (noyau
vestibulaire ou flocculus cérébelleux), ce nystagmus est soit peu
modifié, parfois inchangé, voire augmenté par la fixation visuelle [21,
9 Examen vidéonystagmographique. 67]
. À un degré de plus, il peut apparaître à la fixation visuelle et
disparaître sous vidéonystagmoscopie.
– le plan horizontal (à gauche ou à droite), comme dans les VPPB
du canal horizontal, ou dans certaines atteintes centrales (en Aspects inhabituels des nystagmus
général peu diminué ou augmenté par la fixation), ou congénital
(en général variable en fréquence et en amplitude, et augmentant • Composante horizontale-rotatoire
à la fixation) ;
Dans une pathologie vestibulaire, comme une névrite vestibulaire
– le plan vertical (en haut ou en bas), comme dans le cas d’une ou une maladie de Ménière, le nystagmus est horizontal-rotatoire.
malformation d’Arnold-Chiari ; ayant valeur d’atteinte centrale, il La composante rotatoire est antihoraire quand le nystagmus bat à
persiste, en général, à la fixation ; droite, horaire quand le nystagmus bat à gauche. On pourrait dire
– le plan torsionnel (rotatoire horaire ou antihoraire), comme dans que le nystagmus roule sur le plancher inférieur de l’orbite. Dans
un VPPB du canal postérieur ou dans certaines atteintes centrales les affections bulbaires, type syndrome de Wallenberg, le nystagmus
(en général peu diminué ou augmenté par la fixation) ; spontané horizontal rotatoire a une composante rotatoire qui est

6
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
à la position médiane dans le regard de face, ce nystagmus s’inverse,
dure quelques secondes et disparaît. Quand les yeux vont dans le
regard opposé, ce gaze nystagmus va à nouveau apparaître, puis
s’inverser au retour dans le regard de face. Ce phénomène peut être
ainsi répété indéfiniment. La valeur cérébelleuse a été confirmée [41,
105]
, mais parfois on peut le retrouver dans certains nystagmus
congénitaux ou certains strabismes.

Nystagmus monoculaire (ataxique de Harris)


Il s’agit d’un nystagmus du regard excentré prédominant sur l’œil
en abduction. Plusieurs formes sont possibles : uni- ou bilatérale,
minime ou majeure (nystagmus monoculaire). Cette affection
accompagne en règle une ophtalmoplégie internucléaire uni- ou
bilatérale, dont le diagnostic serait fait a minima sur l’étude des
saccades. Cette hypermétrie donne l’impression clinique que l’œil
rebondit sur la paroi externe de l’orbite. Ce n’est pas un signe
cérébelleux.

¶ Nystagmus verticaux [3, 49, 115]

10 Recherche clinique d’un gaze nystagmus. Il s’agit de nystagmus apparaissant dans le regard de face à la
fixation visuelle, dont la phase rapide est verticale supérieure ou
parfois inverse, roulant sur le plafond de l’orbite : par exemple à verticale inférieure.
composante horaire quand il bat à droite en cas de Wallenberg Des nystagmus verticaux, supérieurs dans le regard en haut (up-beat
gauche et antihoraire en cas de nystagmus gauche dans un nystagmus) [29], verticaux inférieurs dans le regard en bas (down-beat
Wallenberg droit. Le nystagmus spontané, dans le syndrome de nystagmus), sont presque constamment retrouvés dans les cas
Wallenberg, peut s’inverser d’une part à la fermeture des yeux et/ou d’ophtalmoplégies internucléaires. Dans ces cas-là, c’est
d’autre part lorsque le sujet regarde du côté opposé [105]. l’interruption des voies vestibulaires ascendantes vers les noyaux
de l’oculomotricité verticale, le plus souvent du faisceau
• Piège rare : le nystagmus volontaire longitudinal médian, qui en est la cause.
C’est généralement vers l’âge de 7 ans que les jeunes enfants
Nystagmus vertical inférieur
prennent conscience qu’ils sont capables de faire trembler leurs
yeux, dans une sorte d’effort de convergence contrariée. Cette Il est plus visible dans le regard vers le bas ou latéral ; il est souvent
trémulation oculaire apparaît à l’examen être constituée d’une série associé avec un gaze nystagmus horizontal ou peut apparaître
de saccades dos à dos comme un flutter oculaire et peut durer de 5 à oblique dans le regard latéral. Chez certains patients, le nystagmus
6 secondes, mais pas plus du fait de la fatigue que cela entraîne. vertical inférieur est intermittent et il n’est parfois évident que
Cette aptitude à faire trembler ses yeux s’apprend facilement à cet pendant la convergence ou dans le regard latéral. Ainsi, demander
âge, pour faire rire les petits amis. Elle peut être utilisée plus tard au patient de regarder vers le bas puis latéralement est le meilleur
dans la vie pour étonner les médecins, parfois pour les abuser. moyen pour révéler le nystagmus vertical inférieur.

¶ « Gaze nystagmus » ou nystagmus de fixation


Étiologie du nystagmus vertical inférieur
du regard excentré
• Dégénérescence cérébelleuse, incluant ataxie épisodique
« To gaze » signifie scruter, regarder attentivement. Un gaze familiale et dégénérescence paranéoplasique.
nystagmus est un nystagmus constaté à la fixation visuelle d’une • Anomalies craniocervicales incluant malformations d’Arnold-
cible placée dans le regard latéral. Il faut donc le distinguer du Chiari, maladie de Paget, invagination basilaire.
nystagmus spontané vu sous lunettes de Frenzel ou en • Infarctus du tronc cérébral ou du cervelet.
vidéonystagmographie, majoré par l’excentration du regard. • Dolichoectasie de l’artère vertébrobasilaire ou compression
Les six muscles oculomoteurs de chaque œil, qui maintiennent l’œil de l’artère vertébrale.
dans cette position excentrée, sont soumis à un contrôle cérébelleux. • Sclérose en plaques.
Le gaze nystagmus traduit une dérive de cette position excentrée, • Tumeur cérébelleuse, incluant les hémangioblastomes.
avec des secousses de rattrapage pour replacer l’œil sur la cible. À • Syringobulbie.
l’examen électronystagmographique, on constate souvent que le
• Encéphalite.
décours de cette dérive n’est pas régulier mais exponentiel [105]. Ce
• Traumatisme crânien.
nystagmus ne s’accompagne pas de sensation vertigineuse.
• Augmentation de pression intracrânienne et hydrocéphalie.
L’examinateur approche une mire à 30 cm du sujet, dans le regard • Toxique ou métabolique : médicaments anticonvulsivants,
de face qu’il maintient pendant 20 secondes, pour entraîner d’un
intoxication au lithium, intoxication alcoolique,
mouvement brusque le regard de son patient vers la gauche de
encéphalopathie de Wernicke, déficit en magnésium,
20° d’excentration environ, maintenant le regard pendant une
vingtaine de secondes, puis retournant dans le regard de face ; la traitement par la Cordaronet, déficit en vitamine B12,
même séquence est effectuée dans le regard latéral droit (fig 10). intoxication au toluène.
• Tétanos.
Le résultat normal est une stabilité parfaite du regard dans chacune
• Congénital.
de ces positions excentrées.
• Transitoire chez l’enfant.
« Rebound nystagmus »
Il s’agit d’un nystagmus du regard excentré apparaissant à la Il est peu diminué par la fixation d’une cible.
fixation, qui apparaît dans le regard latéral (que l’on peut constater Il peut être aggravé ou avoir sa direction changée par un
au-delà de 40°, qui peut s’épuiser et disparaître comme un changement de position de la tête, ou un head shaking vigoureux
nystagmus physiologique). Cependant, lorsque les yeux retournent (horizontal ou vertical), ou par une vibration mastoïdienne.

7
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
La convergence peut l’augmenter, le supprimer ou le transformer en ¶ Mouvements oculaires spontanés
nystagmus vertical supérieur.
Il est associé à d’autres signes d’atteinte vestibulocérébelleuse : des Latéropulsion oculaire
anomalies oculomotrices (la poursuite verticale lente et le réflexe Il s’agit d’un mouvement de dérive oculaire qui apparaît dès que le
vestibulo-oculaire vertical sont souvent anormaux). sujet ne fixe pas son regard sur une cible : les yeux dans l’obscurité,
Le nystagmus vertical inférieur est généralement présent dans les les yeux fermés, entre deux saccades oculaires. Au cours des
yeux en position centrale. Chez la plupart des patients avec un saccades, cette latéropulsion induit l’association d’une hypermétrie
nystagmus vertical inférieur, la loi d’Alexander est appliquée : la dans le sens de cette dérive et d’une hypométrie dans le sens
vitesse de la phase lente du nystagmus augmente dans le regard opposé. Lorsque le sujet ferme les yeux quelques secondes, puis
vers le bas et diminue dans le regard vers le haut. Les conséquences regarde l’examinateur, à l’ouverture des paupières ses deux globes
du glissement de l’image sur la rétine par les phases lentes sont des oculaires dérivent d’un côté et reviennent rapidement dans le regard
oscillopsies et une instabilité posturale. Quelques patients rapportent de face. La latéropulsion oculaire est généralement évocatrice d’une
aussi l’existence d’une diplopie, reflétant peut-être la coexistence lésion bulbaire ou cérébelleuse souvent unilatérale. On peut trouver
d’une skew déviation. Le nystagmus vertical inférieur est parfois des formes a minima, hypométrie dans une seule direction ou
dissocié, plus vertical pour un œil et torsionnel pour l’autre. Dans hypermétrie uniquement dans l’autre direction, ayant sans doute la
ces circonstances, il peut être accompagné par une ophtalmoplégie même valeur sémiologique.
internucléaire.
« Flutter » oculaire
Nystagmus vertical supérieur
Il s’agit d’oscillations saccadiques des deux yeux, dans le plan
Il peut être considéré comme une forme de nystagmus vestibulaire horizontal, sans ondes carrées. Ce sont des saccades « dos à dos »
central. Il est peu supprimé par la fixation d’une cible à distance. qui surviennent par bouffées de 300 à 500 millisecondes, parfois
Le nystagmus vertical supérieur permet une localisation moins dans le regard de face, mais parfois uniquement dans le regard
précise de son origine que le nystagmus vertical inférieur, les lésions excentré, qui sont ressenties par le patient comme une période de
retrouvées étant situées de la moelle au mésencéphale. Le bref flou visuel [86, 105]. Les étiologies sont variables : encéphalites,
nystagmus vertical supérieur avec les yeux fermés en position tumeurs, intoxications médicamenteuses, défaut d’alignement des
centrale devrait être différencié du nystagmus apparaissant axes visuels.
uniquement dans le regard vers le haut, qui survient en général dans
les atteintes périphériques oculomotrices incluant les myasthénies Opsoclonie
(graves) ou la maladie d’Erb-Goldflam, et chez quelques sujets C’est un très rare mouvement de saccades oculaires dissociées des
normaux. deux yeux, dans tous les plans, horizontal, vertical, rotatoire, parfois
Il doit être également différencié du nystagmus transitoire à la fois même en profondeur. Les étiologies sont les mêmes que celles du
vertical supérieur et torsionnel, induit par le positionnement dans le flutter oculaire.
cadre du VPPB classique du canal postérieur.
Grandes saccades en ondes carrées : macro « square jerks »
Le nystagmus vertical supérieur présent en position centrale suit
toujours les lois d’Alexander, le nystagmus se majorant Ce sont des saccades de grande amplitude : supérieures à 5°, suivies
considérablement dans le regard vers le haut. Quelquefois, d’un retour dans le regard de face après une latence d’environ
cependant, le nystagmus augmente dans le regard vers le bas, la 80 millisecondes. On a l’impression que le patient ne peut pas garder
vitesse de la phase lente étant augmentée. Contrairement au l’œil droit devant lui et qu’une saccade aberrante l’emmène vers une
nystagmus vertical inférieur, le nystagmus vertical supérieur ne cible non désirée. Ces bouffées saccadiques sont à peu près
s’accentue habituellement pas dans le regard latéral. La suppression stéréotypées pour un même individu. Elles peuvent survenir dans
de la fixation peut modifier la fréquence des phases rapides, mais le noir ou à la fixation ; elles sont rarement supprimées par la
n’influence pas la vitesse de la phase lente. La convergence fixation. On les rencontre dans la sclérose en plaques.
augmente le nystagmus chez certains patients, le supprime chez Parfois, ces saccades surviennent par bouffées : ce sont les
d’autres, et parfois le transforme en nystagmus vertical inférieur. La macrosaccadic oscillations. Leur amplitude augmente puis diminue,
position tête penchée en avant augmente le nystagmus chez certains avec des intervalles intersaccadiques d’environ 200 millisecondes ;
patients. Le réflexe vestibulo-oculaire vertical et la poursuite lente elles peuvent avoir une composante verticale ou torsionnelle. Elles
sont habituellement anormaux. ont été décrites dans des atteintes cérébelleuses ou du tronc cérébral.

Petites saccades en ondes carrées


Étiologie du nystagmus vertical supérieur [38, 49]
• Dégénérescences et atrophies cérébelleuses. Les square wave jerks sont des saccades de petite amplitude : de 10°
à 30°, très souvent constatées chez le sujet normal lors de l’occlusion
• Sclérose en plaques.
des yeux, surtout en cas de fatigue ou de stress. Elles sont plus
• Infarctus médullaire, cérébelleux ou des pédoncules cérébelleux
fréquemment constatées chez le sujet âgé, ou en cas de maladie de
supérieurs. Parkinson [105] ou de syndrome de Steele-Richardson-Olszewski
• Tumeurs médullaires, cérébelleuses ou du mésencéphale. débutant, et plus rarement dans les paralysies supranucléaires
• Encéphalopathie de Wernicke. progressives ou dans certains syndromes cérébelleux.
• Encéphalite du tronc cérébral.
• Syndrome de Behçet. ¶ Étude des mouvements oculaires saccadiques [105]

• Méningite.
• Amaurose congénitale de Leber et autres désordres On demande au sujet de suivre les points lumineux qui vont alterner
congénitaux des voies visuelles antérieures. dans le plan horizontal puis dans le plan vertical, de façon aléatoire,
• Malformation congénitale artérioveineuse thalamique. en amplitude et en délai d’apparition (fig 11) ou cliniquement en
• Intoxication aux organophosphorés. regardant deux objets espacés de 30° à 40° d’excentration, à moins
de 50 cm de lui. Les saccades vont d’un objet à l’autre à la demande
• Tabac.
de l’examinateur (fig 12). Le système des saccades est un système de
• Associé à une pathologie de l’oreille moyenne.
balistique qui permet de diriger les deux yeux sur une nouvelle cible
• Fugace chez le nourrisson. visuelle ; c’est donc un mouvement rapide, le plus rapide possible
par la mécanique musculaire et ses contraintes viscoélastiques.

8
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre

11 Examen vidéo-oculographique : étude des saccades.

13 Test clinique de poursuite oculaire.

Il peut s’agir de saccades hypermétriques, l’œil dépassant la cible et


la retrouvant après une deuxième saccade de sens opposé, ou même
plusieurs en oscillations. On distingue différents types de saccades
hypermétriques :
– soit des saccades hypermétriques en ondes carrées ; l’œil est
maintenu sur la cible pendant 200 millisecondes ; les structures du
système nerveux central recalculent une nouvelle saccade de
correction [1, 48] ;
– soit des saccades avec retour glissé, généralement exponentiel ;
– soit des saccades des deux yeux comme on peut le constater dans
les cas de flutter oculaire [86] ;
– soit des saccades constatées uniquement sur l’œil en abduction et
12 Recherche clinique de saccades. généralement associées à une hypométrie sur l’œil en adduction,
traduisant ainsi l’hypermétrie de correction d’une ophtalmoplégie
internucléaire controlatérale.
On estime :
Hypermétries et hypométries peuvent s’associer, réalisant le
– la latence d’exécution du mouvement saccadique, c’est-à-dire le phénomène de latéropulsion oculaire.
délai entre l’apparition du signal lumineux et le départ de la Chez le sujet normal, on peut constater de temps à autre quelques
saccade ; on compare cette estimation pour chaque œil dans chacune saccades hypométriques, peu fréquentes (une sur dix), de faible
des directions, à gauche, à droite, vers le haut, vers le bas ; on peut amplitude (2° environ).
donc constater ainsi des retards d’exécution des mouvements,
l’anomalie maximale étant constatée dans les négligences d’un
¶ Étude de la poursuite oculaire
hémichamp visuel, où la latence peut être de l’ordre de 1 seconde
par rapport à un délai habituel de moins de 200 millisecondes ; La poursuite oculaire est un système de guidage automatique de
– l’analyse des vitesses, qui permet d’évaluer la possibilité d’une l’œil sur une cible en mouvement. Il s’agit d’un asservissement très
ophtalmoplégie internucléaire (une pseudoparalysie du muscle droit précis des muscles oculomoteurs pour garder une cible visuelle sur
interne) ou un ralentissement général des saccades dans toutes les la fovea. Cette poursuite ne s’effectue pas avec retard par rapport à
directions, tel qu’on le voit dans le syndrome de la cible mais en prédiction, cette vitesse étant calculée, estimée,
Steele-Richardson-Olszewski ; corrigée au fur et à mesure de la trajectoire de l’objet en mouvement.
Ce mouvement commence quelque 200 millisecondes après le départ
– la congruence des mouvements des deux yeux simultanément ; il de la cible, et persiste 200 millisecondes après l’arrêt de la cible.
faut regarder les deux yeux ensemble en fixant son regard sur la L’analyse des mouvements lents de poursuite doit être distinguée
racine du nez du patient et en appréciant ainsi dans son propre des saccades de rattrapage. Grâce à un traitement informatique du
champ visuel périphérique la vitesse des yeux du patient ; on note signal, il est possible d’obtenir une courbe de gain de la poursuite
ainsi un certain décalage des vitesses, l’œil ralenti étant en fonction de la vitesse du stimulus vers la droite et vers la gauche,
pathologique ; et en fonction de la fréquence du stimulus utilisé. On compare le
– la précision de la saccade ; gain vers la gauche et vers la droite.
Le protocole le plus simple est de demander au sujet de suivre le
– le maintien sur le nouveau point de fixation.
petit objet (fig 13) ou le point lumineux (fig 14) que l’on va déplacer
devant lui régulièrement de façon sinusoïdale, dans le plan
Dysmétries
horizontal puis dans le plan vertical. Il peut être confortable de lui
Il peut s’agir d’hypométries où le mouvement s’arrête trop tôt. Il est demander de suivre les oscillations libres d’un pendule placé à
poursuivi après un délai de 50 millisecondes à 200 millisecondes 60 cm devant lui, pendule d’une longueur de 1 m oscillant ainsi à la
par une nouvelle saccade de refixation, parfois plusieurs. On parle fréquence de 0,5 Hz. On peut aussi utiliser la baguette d’orthoptie
alors de saccades fragmentées. ou encore, pour un petit enfant, un jouet de petite taille.

9
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre

14 Examen vidéo-oculographique : étude de la poursuite.

Le résultat normal est un mouvement de poursuite souple régulière


sans saccade. Le principal résultat pathologique est une poursuite
saccadique en « marches d’escalier », que l’on constate tout
particulièrement dans la pathologie cérébelleuse. La poursuite peut
être saccadique dans une seule direction, des deux yeux, ce qui
traduit généralement une lésion cérébelleuse ipsilatérale [1, 13, 49].
En cas d’ophtalmoplégie internucléaire associée à une pathologie
cérébelleuse, la poursuite n’est saccadique que sur l’œil qui se dirige
en abduction.
En cas de nystagmus congénital, la poursuite devient
pathognomonique, associant une succession de mouvements
oculaires non pas saccadiques mais pseudocycloïdes (donnant sur
l’enregistrement électronystagmographique un aspect de dôme et de
pagode).
La preuve ultime qu’il s’agit bien d’une affection supranucléaire est
que la manœuvre des « yeux de poupée » est normale. Ce test 15 Recherche de nystagmus de position.
consiste à osciller passivement la tête du patient dans le plan
horizontal, en lui demandant de regarder un point fixe devant lui. postérieur, c’est-à-dire un nystagmus rotatoire dont la phase rapide
Ces mouvements ne sont plus une poursuite mais un asservissement est dirigée vers l’oreille la plus basse. Une réaction vestibulospinale
vestibulaire. Ceci prouve ainsi que la voie commune de contracte tous les muscles du patient. Pour effectuer ce mouvement
l’oculomotricité est indemne. rapidement sans brusquer le patient, sans brutaliser le cou, il faut
Les principales causes d’erreurs de l’appréciation d’une poursuite d’une part tenir le bras du patient pour qu’il ne vienne pas
saccadique sont : s’interposer pendant cette manœuvre, bloquer ses genoux d’une
jambe pour éviter un réflexe de défense, placer l’autre main dans le
– le patient est malvoyant ;
cou, doigts très écartés pour à la fois mobiliser le cou et positionner
– il présente un nystagmus congénital inhabituel ; correctement la tête. Pendant cette manœuvre, de l’autre jambe on
– il présente un strabisme et change d’œil fixateur au cours de la jette les jambes du patient sur le divan pour éviter un étirement de
poursuite. la région lombaire. Dans cette position qui peut déclencher le
vertige, il est important d’observer le nystagmus. Si le patient ferme
les yeux pendant les quelques secondes du vertige, il faut du pouce
MANŒUVRES DIAGNOSTIQUES DE POSITION rouvrir la paupière pour voir le nystagmus. Généralement, il s’agit
Le vertige déclenché par les changements de position de la tête est d’un nystagmus rotatoire, qui peut être mal visible si le patient a les
la plainte de 35 % des patients vertigineux. Des manœuvres yeux noirs. Il faut donc examiner les petits vaisseaux de la
effectuées par le praticien permettent de déclencher ces vertiges et conjonctive et apprécier la rotation.
d’objectiver un nystagmus dont l’ensemble des caractéristiques Au retour en position assise, il faut apprécier la latence, la direction
permet de faire un diagnostic [43]. Les manœuvres doivent déclencher et la durée du nystagmus ainsi déclenché pendant le vertige. Le
un seul phénomène physiopathologique à la fois. On évite d’ajouter, nystagmus bat dans l’autre sens, soit rotatoire, soit vertical inférieur ;
par exemple, une torsion cervicale musculaire et vasculaire, aux c’est l’inversion.
effets purement vestibulaires [84, 99]. On replace le patient dans la position déclenchante. Dans le cas du
VPPB du canal postérieur, le vertige et le nystagmus sont moins
¶ Manœuvre diagnostique du vertige positionnel intenses, souvent même absents ; c’est l’habituation [2].
paroxystique bénin du canal postérieur Après un tel diagnostic, il est judicieux de proposer une manœuvre
Le patient est basculé sur le côté (tête à 45° par rapport au plan thérapeutique.
horizontal) (fig 15). On pense que des otolithes amalgamées se En 1985, Toupet et Semont [99] ont soumis la première série de
déplacent dans le canal semi-circulaire postérieur au gré de la 80 patients traités de cette manière avec un succès immédiat dans
pesanteur. Cette prise de position donne (en cas de VPPB du canal plus de 85 % des cas. Avec l’usage, la technique se précise. Le patient
postérieur) un vertige pendant moins de 20 secondes, accompagné est allongé sur un divan du côté du VPPB, le côté qui déclenche le
d’un nystagmus qui bat dans le plan de ce canal semi-circulaire vertige. Après l’arrêt du vertige et du nystagmus, le thérapeute

10
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
s’installe. Le patient tient des deux mains le bras du thérapeute. Le de vertige au retour en position assise, et le nystagmus persiste
médecin fait réaliser au patient une bascule de 180°. Le patient se quelques secondes sans s’inverser. Il en existe deux formes : l’une
retrouve sur le côté ou sur le ventre, tête à 45° vers le sol. Il ressent, agéotropique, la plus fréquente, l’autre géotropique [19, 52, 55, 78, 79]. Le
après un délai de quelques secondes à quelques minutes, un vertige patient ressent surtout des vertiges en se retournant dans son lit ou
intense mais bref et le médecin observe un nystagmus rotatoire en se couchant. En décubitus latéral, le patient ressent un vertige
agéotropique. La latence d’apparition de cette réponse nystagmique ayant les caractéristiques du VPPB du canal postérieur, mais la
et de ce vertige est parfois immédiate, de 1 à 2 secondes, parfois latence et la durée sont plus longues. Le nystagmus observé est
plus longue, jusqu’à 5 minutes. Il faut donc savoir attendre. Ces purement horizontal, soit géotropique (dont la phase rapide bat vers
manifestations sont le témoin d’une sortie des otolithes du canal. le sol), soit agéotropique (le contraire), aussi bien en décubitus droit
Habituellement, le patient est immédiatement guéri, dans 80 % des que gauche. Des manœuvres thérapeutiques de déplacement
cas [73, 84, 88, 90, 99]. Sinon, la manœuvre est répétée [78, 93]. Après la d’otolithes sont proposées, consistant à retourner le patient, allongé
guérison peut apparaître, sans vertiges, un nystagmus vertical sur son lit, dans un sens opposé [108].
inférieur de position, aboli par la fixation visuelle [78].
Trancher cliniquement avec certitude pour savoir si un nystagmus
La manœuvre d’Epley est une autre manœuvre thérapeutique. Hall et de position, avec ou sans vertige, est d’origine périphérique ou
al, en 1979, ont proposé le concept de canalolithiase. Des débris centrale, est une des plus difficiles questions que l’on ne cesse de se
d’otoconies, circulant dans le labyrinthe au gré de la pesanteur, poser depuis les premiers temps de l’otoneurologie [4, 82] . Un
pourraient stimuler la cupule du canal postérieur en se déplaçant
diagnostic de position peut également se voir dans :
dans le canal [16]. Leur masse entraînerait, dans leur déplacement, les
masses liquidiennes. Ceci ferait varier les pressions de part et d’autre – la fistule labyrinthique ; c’est une atteinte du labyrinthe connue
de la cupule. La masse totale des otolithes de l’utricule représente mais relativement rare ; le vertige et le nystagmus de position n’ont
500 µg ; 26 000 otolithes, qui représenteraient 2 µg, soit 0,4 % de pas, a priori, de caractéristiques clairement attendues ; la chronicité,
l’ensemble des otolithes de l’utricule, pourraient entraîner un effet l’absence des caractéristiques des VPPB, soit du canal postérieur, soit
de cupulolithiase ; 1 200 particules d’otolithes pourraient entraîner du canal horizontal, et l’hypovalence vestibulaire associée sont déjà
un effet de canalolithiase, ce qui représenterait un poids de 0,09 µg, évocateurs ; on recherche un nystagmus spontané, un bien trop rare
soit 0,02 % de l’ensemble des otolithes de l’utricule [40]. Epley [28], puis signe de la fistule, un acouphène, une hypoacousie fluctuante,
Herdman [39] proposent une manœuvre d’évacuation des otoconies. pouvant être majorés par les efforts physiques ou l’effort de
En partant de la position déclenchante du VPPB, on fait pivoter la défécation (puissant révélateur) et la manœuvre de Valsalva ;
tête du patient allongé sur le dos, doucement jusqu’à la position l’imagerie vient à notre secours et parfois le succès thérapeutique
opposée, pour faire glisser les débris d’otoconies hors du canal du colmatage systématique des deux fenêtres débloque la situation ;
postérieur et les remettre dans la cavité utriculaire. Ensuite, le
patient est lentement ramené en position assise. La manœuvre – un déficit vestibulaire ; quelle qu’en soit l’étiologie, il peut
d’Epley est préférée chez des patients fragiles [113] ou lorsque la s’accompagner d’un nystagmus de position quand le patient se
manœuvre classique s’avère inefficace malgré plusieurs tentatives. couche du côté de son déficit ; si un nystagmus spontané persiste, il
peut alors s’agir d’un renforcement de son intensité dans cette
Un traitement par habituation vestibulaire peut parfois être utile [15].
Durant le vestibular training, le patient réalise de nombreuses fois position ;
les mouvements qui déclenchent le vertige. Par habituation, – le vertige positionnel invalidant ; décrit par Jannetta et al, en 1982,
phénomène de mémorisation centrale, le patient ressent des vertiges comme conséquence d’un conflit vasculonerveux dans l’angle
de moins en moins intenses [54] . Dans de très rares cas très pontocérébelleux, il a été l’objet de polémiques et controverses ;
récidivants et rebelles aux manœuvres, un traitement chirurgical est parfois, ce conflit prend la sémiologie d’un syndrome de
réalisé : soit une neurotomie vestibulaire du nerf du canal semi- Ménière [42] ; l’aspect rétrocochléaire des potentiels évoqués auditifs
circulaire postérieur, soit une oblitération du canal à la cire [57]. du tronc cérébral est évocateur ; le Rivotrilt doit diminuer les
symptômes ; l’imagerie se doit d’être soigneuse et irréprochable,
Vertige paroxystique positionnel bénin du syndrome pour envisager, chez un patient réellement invalide et non pas
de Lindsay-Hemenway seulement phobique, une intervention neurochirurgicale [7].
Décrit en 1965 [50], le tableau clinique associe un premier grand L’atteinte centrale est sans doute plus rare que l’atteinte labyrinthique
vertige rotatoire dû à une névrite vestibulaire suivi, dans un mais peut mimer le VPPB. Indéniablement, un accident vasculaire
deuxième temps, par un VPPB du même côté. L’étiologie est du cervelet ou une tumeur tel un hémangioblastome du cervelet [44]
classiquement ischémique, par trouble circulatoire de l’artère peut donner un tableau clinique, heureusement rare, de vertige de
vestibulaire antérieure. Cette artère irrigue les canaux semi- position où les signes cérébelleux peuvent être discrets. La présence
circulaires horizontal et vertical supérieur et antérieur, ainsi que d’un nystagmus de position sans vertige, la direction constante
l’utricule, qui perd ses otolithes. Ceux-ci, récupérés par le canal (surtout verticale inférieure) du nystagmus, le maintien de l’intensité
postérieur indemne, donnent, dans un second temps, le VPPB du nystagmus malgré la fixation visuelle, l’absence d’inversion du
classique [98]. nystagmus au retour à l’orthostatisme, l’absence d’habituation, sont
autant de critères qui évoquent une atteinte centrale. Quelques
Vertige paroxystique positionnel bénin bilatéral tableaux sont maintenant classiques :
Plus particulièrement après un traumatisme ou chez la personne
– le nystagmus de position vertical inférieur se rencontre dans des
âgée, l’atteinte du canal semi-circulaire postérieur peut être
lésions bien documentées du nodulus cérébelleux [44] ou des
bilatérale. Dans ces cas, le patient est souvent très invalidé par ses
malformations d’Arnold-Chiari [1] ;
vertiges déclenchés dans de nombreuses positions de la tête. Le
médecin provoque vertige et nystagmus rotatoire géotropique, aussi – un nystagmus de position sans vertiges majeurs, maintenu par la
bien en position de Dix et Hallpike droite que gauche, avec inversion fixation visuelle, est typique d’une lésion bulbaire ou du
du nystagmus lors du retour en orthostatisme [78]. Les manœuvres vestibulocerebellum [1, 13, 22, 49] ;
sont effectuées d’un côté puis de l’autre [79].
– les nystagmus de position avec vertiges, s’accompagnant de
déséquilibres, sont souvent d’intensité impressionnante, surtout chez
¶ Manœuvre diagnostique du vertige positionnel
l’enfant [117] ; la topographie la plus typique est la partie dorsolatérale
paroxystique bénin du canal horizontal du plancher du IVe ventricule ; il peut s’agir d’une tumeur, d’un
Dix pour cent des VPPB affectent non pas le canal postérieur mais le hématome ou d’un syndrome de Wallenberg ; la compensation est
canal horizontal. Le nystagmus, en décubitus latéral, est horizontal, lente, de quelques jours à quelques semaines [13] ; les autres éléments
dans les deux positions, gauche et droite. Généralement, il n’y a pas de l’examen otoneurologique sont généralement éloquents.

11
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
Il faut être consciencieux dans la caractérisation des nystagmus de
position, avec ou sans vertiges, pour affiner ses diagnostics et ne pas
rater une affection grave.

AUTRES MANŒUVRES DIAGNOSTIQUES

¶ Signe d’Halmagyi
Chez le sujet normal, un mouvement alterné de la tête dans le plan
horizontal de façon oscillatoire, ou de façon brutale, entraîne un
mouvement oculaire de stabilisation rapide dont l’origine est
vestibulaire. En cas de déficit unilatéral, ces mouvements rapides de
la tête déclenchent quelques saccades de rattrapage, dont la direction
est controlatérale au déficit. En cas de maladie de Ménière gauche et
donc de déficit vestibulaire gauche, la manœuvre d’Halmagyi fait
apparaître quelques saccades dirigées vers la droite [37]. Ce signe
n’est pas constant.

¶ Signe de Hennebert (1911)


La compression ou la décompression du conduit auditif externe du
côté de la maladie de Ménière peut entraîner de véritables vertiges
et des sensations vertigineuses avec déséquilibre. Il peut s’agir d’un
signe d’hydrops. La variation de pression exercée sur la chaîne
tympano-ossiculaire est transmise à une dilatation sacculaire [1]. Le
signe de Hennebert est présent chez 30 % des patients. La variation
de pression doit atteindre 1 500 mmH2O selon les auteurs. Dans
deux tiers des cas, ce fut à la décompression de la poire de Politzer
dans le conduit auditif externe que le signe était le plus net.

Épreuve vestibulaire calorique


clinique
La spécificité de cette épreuve est de tester chacun des deux canaux
semi-circulaires externes de l’oreille interne de façon séparée et
isolée. Cette stimulation calorique du canal semi-circulaire externe 16 Épreuve calorique.
peut se faire s’il est placé verticalement, c’est-à-dire si le patient est
allongé sur le dos nez en l’air, tête relevée de 30°. Ainsi, l’épreuve
chaude devient excitatrice et l’épreuve froide inhibitrice. Cette stimulation calorique, demander au sujet de se pencher en avant,
irrigation induit des modifications de pression dans les canaux semi- tête en bas, pour renverser le canal semi-circulaire et renverser le
circulaires et surtout un courant de convection. La présence de gradient thermique. L’irrigation est classiquement à l’eau à 30 °C et
réponses vestibulaires à l’épreuve thermique (à l’air) chez les à 44 °C, soit plus ou moins 7 °C par rapport à la température basique
cosmonautes en micropesanteur prouve que la convection thermique de 37 °C. L’eau est injectée grâce à un pistolet dans le conduit auditif
(nulle en micropesanteur) n’est pas le seul phénomène stimulant. Le externe. Le protocole de Freyss consiste à stimuler pendant
gradient de température qui parvient au canal semi-circulaire 30 secondes, à un débit de 150 mL/min, avec une pression de
horizontal par l’intermédiaire des structures osseuses est d’environ 50 cmH2O, pendant 30 secondes. L’analyse de la réponse se fait entre
0,5 °C. la 60e et la 90e seconde après le début du stimulus : à la culmination.
La réponse à cette stimulation labyrinthique aurait pu être la Si l’on utilise de l’air chaud et froid, la stimulation est à 27 °C et
sensation de vertige ou encore la déviation de la tête et des index 50 °C à un débit de 2 L/minute. Ainsi dans tous les cas, la durée
tendus mais, de façon plus objective, on a retenu de façon définitive totale de l’examen est de 20 minutes environ. L’évaluation du
le réflexe vestibulo-oculaire. À la stimulation d’un labyrinthe répond nystagmus peut être faite par l’observation à l’œil nu, en estimant la
un nystagmus qui apparaît, passe par un maximum et disparaît en fréquence du nystagmus ainsi induit, entre la 60e et la 90e seconde,
une minute et demie. en tenant compte de la direction de la phase rapide.
L’enregistrement électronystagmographique a permis un réel
confort : évaluation les yeux fermés, et surtout quantification de la
TECHNIQUE vitesse de la phase lente du nystagmus. Aujourd’hui,
Le protocole le plus classique consiste à irriguer le conduit auditif l’informatisation du signal électronystagmographique puis
externe avec de l’eau à 44 °C pendant 30 secondes, puis à observer l’apparition de la vidéonystagmoscopie et de la vidéo-
le nystagmus ainsi provoqué jusqu’à sa disparition. Cinq minutes nystagmographie augmentent encore la précision de ces mesures.
plus tard, c’est-à-dire après avoir suffisamment attendu pour ne pas Après un stimulus thermique chaud dans l’oreille gauche, le
télescoper les réponses, on stimule l’autre côté avec une même nystagmus bat à gauche ; après un stimulus froid dans l’oreille
irrigation à 44 °C, puis 5 minutes plus tard à 30 °C, d’un côté puis gauche, le nystagmus bat à droite, et inversement pour l’autre
de l’autre. oreille. Au terme des quatre épreuves, à gauche et à droite, à chaud
La position du patient est importante. Classiquement, on préfère et à froid, quatre réponses sont obtenues.
allonger le patient et lui relever la tête et le tronc de 30° par rapport Les critères de mesure les plus retenus sont la fréquence, nombre de
à l’horizontale, pour placer le canal semi-circulaire externe en secousses rapides (dans l’intervalle de la 60e à la 90e seconde), ou la
position verticale (fig 16). On peut aussi faire le test sur un sujet fréquence maximale, moyenne des cinq valeurs maximales au cours
assis, tête en arrière de 60°. On peut aussi commencer le test de de l’ensemble de l’enregistrement ; ou la vitesse de la phase lente
cette manière, assis tête en arrière de 60°, puis au cours de la même du nystagmus et son décours temporel, la cumulographie. La

12
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
moyenne des cinq valeurs maximales de la vitesse de la phase lente traduit une perte du contrôle cérébelleux sur la fonction
au cours de l’enregistrement est le critère le plus actuel. vestibulaire : l’hyperréflectivité vestibulaire bilatérale [70]. Cette perte
du contrôle cérébelleux est plus marquée encore si l’on fait un test
¶ Épreuve calorique bilatérale simultanée de fixation visuelle.
Pialoux proposa une épreuve calorique simultanée des deux Test de fixation oculaire : au moment de la culmination, où les
vestibules, soit avec de l’eau à 44 °C, soit avec de l’eau à 30 °C. réponses sont les plus fortes, on peut rallumer la lumière si le patient
Freyss et Toupet [ 3 1 ] ont reproduit cette épreuve avec des était dans le noir, relever les lunettes de vidéonystagmographie ou
caractéristiques plus calibrées, une représentation graphique et une retirer les lunettes de Frenzel et faire regarder au sujet une mire
compréhension nouvelle des résultats anormaux. Par la stimulation précise. Normalement, le nystagmus diminue d’amplitude et de
bilatérale, il semble que l’on puisse mettre plus facilement en vitesse. Le taux de réduction de la vitesse de la phase lente doit être
évidence un déficit unilatéral. L’apparition de secousses au moins de 50 %. Une persistance anormale traduirait un mauvais
nystagmiques verticales, descendantes pour l’épreuve chaude, contrôle cérébelleux de cette fonction vestibulaire [21, 67]. Il s’agit d’un
ascendantes pour l’épreuve froide, traduit une perte du contrôle des signe central important.
centres sur les canaux semi-circulaires supérieurs. Nystagmus perverti : parfois le nystagmus produit par la stimulation
du canal semi-circulaire horizontal ne bat pas dans un plan
horizontal, mais présente une composante soit rotatoire, soit
RÉSULTATS verticale ; le nystagmus est vertical inférieur pour les stimulations
Trois grands résultats sont appréciés. chaudes et vertical supérieur pour les stimulations froides. Ce
La réflectivité vestibulaire est la somme des réponses obtenues pour nystagmus perverti traduit une atteinte du noyau vestibulaire
chacune des deux stimulations chaudes et froides pour chacun des supérieur ou du noyau vestibulaire médian controlatéral à la
deux canaux semi-circulaires horizontaux. stimulation calorique [22, 97, 104].
L’hypovalence vestibulaire est un déficit relatif par rapport à l’autre La composante verticale des nystagmus au cours de l’épreuve
côté. La comparaison de la réflectivité des côtés gauche et droit obéit calorique peut être évaluée facilement en vidéonystagmographie
à une exigence sévère, inférieure à 15 % pour 95 % des sujets infrarouge [76].
normaux pour la fréquence, 30 % pour la vitesse de la phase lente. L’épreuve vestibulaire calorique chez l’enfant ne pose pas de
Elle est calculée selon la formule de Jongkees : différence des deux problème majeur. Avec tact et gentillesse, on montre au jeune patient
réflectivités gauche et droite, sur la somme des réflectivités gauche la température de cette eau que l’on va lui injecter dans l’oreille,
et droite, multipliée par 100. éventuellement on irrigue un peu l’oreille de la maman, on simule
La prépondérance directionnelle du nystagmus est la prédominance l’opération sur l’oreille du nounours et on se fait aider pour tenir la
d’un sens des nystagmus au cours de ces quatre épreuves. Elle est tête et les bras de l’enfant. L’irrigation se fait pendant 30 secondes
généralement la conséquence d’un nystagmus spontané, mais elle comme chez l’adulte. Parfois on préfère un stimulation au fréon [45].
peut être due à une perturbation des voies vestibulaires centrales ou On positionne les lunettes de Frenzel ou de vidéonystagmoscopie,
de la formation réticulée pontine. On compare les nystagmus après les avoir installées sur le nounours pour lui montrer les gros
gauches produits par la stimulation gauche chaude et froide droite, yeux qui apparaissent. On l’invite à ouvrir les yeux, s’il ne veut pas,
et les nystagmus droits produits par la stimulation droite chaude et on l’intéresse par une petite histoire, voire même une chanson, et on
gauche froide. compte le nystagmus. Parfois, l’enfant n’ouvre les yeux que pendant
10 secondes ; il faut faire une règle de trois pour extrapoler aux
La représentation graphique des résultats a beaucoup évolué ces
conditions habituelles. C’est tout l’intérêt d’être plusieurs : les uns
dernières années. Après avoir retenu le graphique de Hallpike, qui
tenant la tête, les bras, les lunettes, les autres s’occupant du regard
estimait plus la durée des réponses nystagmiques, le graphique de
de l’enfant et surveillant le chronomètre, un autre étant occupé à
Freyss a permis l’évaluation de la fréquence des nystagmus au cours
compter. L’informatisation vidéonystagmographique a simplifié
des quatre épreuves, puis le même graphique reporté à la vitesse de
cette dernière étape.
la phase lente au cours des quatre épreuves. Actuellement est
préférée une représentation plus globale de l’évolution de la vitesse Jusqu’alors, le dogme était qu’un déficit vestibulaire ne pouvait se
de la phase lente dans le temps pour chacune des quatre épreuves, voir que dans une lésion périphérique, labyrinthique ou nerveuse ;
formant un graphique en double radis. il peut également se voir dans certains cas d’atteinte centrale.
Un déficit vestibulaire ancien, bien compensé, tel un neurinome de En conclusion, on peut affirmer que l’épreuve calorique est la grande
l’acoustique évoluant lentement dans l’angle pontocérébelleux, peut épreuve pour révéler un déficit vestibulaire unilatéral. C’est un
être dépisté par une telle épreuve, alors que parfois aucun autre intérêt majeur pour le diagnostic des vertiges.
élément de la fonction vestibulaire de l’oculomotricité et de la
posture n’aurait pu le détecter. La recherche d’un nystagmus
spontané dans l’obscurité, la recherche d’un nystagmus provoqué Enregistrement des mouvements
par la manœuvre de secouage rapide de la tête (head shaking test),
ou le test subtil d’Hamalgyi [37], ou l’épreuve rotatoire pendulaire
oculaires
amortie, ou l’épreuve rotatoire pendulaire multifréquentielle, ou la
toute dernière épreuve rotatoire impulsionnelle, sont parfois Dès la prise de rendez-vous, le malade doit être prévenu de la durée
déjouées par les phénomènes de compensation. Le déficit n’est du test et des possibles interactions médicamenteuses avec la
parfois révélé que par la seule épreuve calorique. fonction vestibulaire. Il est ainsi recommandé de s’abstenir 4 jours
auparavant de médicaments vestibuloplégiques puissants telles la
Un déficit vestibulaire récent s’accompagne d’une diminution des
cinnarizine (Stugéront), la flunarizine (Sibéliumt) dont la demi-vie
réponses à l’épreuve calorique du côté de la lésion (au chaud et au
est de 18 jours. Le Serct est peu vestibuloplégique, une abstention
froid) par rapport à l’autre côté et d’un nystagmus spontané de sens
de 24 heures paraît bien suffisante, tandis que le Tanakant et le
opposé, qui donne une prépondérance directionnelle [91]. Les tests
Tanganilt ne sont pas vestibuloplégiques. Il est plus difficile
des index, d’indication, de Romberg, de Fukuda et de marche
d’obtenir l’abstention de médicaments neuroleptiques, sédatifs, il
aveugle sont tous déviés du côté du déficit.
n’est parfois pas possible de supprimer un Tégrétolt en cas de
Au fil du temps, si le déficit persiste, tous les signes d’examen traitement d’une névralgie faciale, et sûrement pas d’un
disparaissent, hormis le déficit vestibulaire à l’épreuve calorique, la antiépileptique, qui ont pourtant bien des effets sur la fonction
prépondérance directionnelle se compensant progressivement. vestibulaire et l’oculomotricité. Il est prudent de rappeler que la
L’épreuve calorique a d’autres intérêts que de tester le déficit prise d’alcool peut donner de petits signes d’allure centrale et il
vestibulaire des canaux semi-circulaires. Parfois, la réponse exagérée faudrait s’en abstenir dans les repas qui précèdent l’examen.

13
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
Il existe deux modes principaux d’enregistrement des mouvements
oculaires : soit électrique par enregistrement de potentiel 17 Test de la verticale visuelle subjec-
tive.
cornéorétinien, c’est l’électronystagmographie et l’électro-
oculographie ; soit par une caméra infrarouge venant filmer le
mouvement de l’œil, c’est la vidéonystagmographie et son
complément la vidéo-oculographie.
L’œil est un dipôle électrique. Le déplacement de l’œil dans l’orbite
modifie le potentiel cornéorétinien. Des électrodes placées dans le
plan horizontal et dans le plan vertical de part et d’autre de l’œil
permettent d’enregistrer ces déplacements. Le courant généralement
capté, de l’ordre de 0,1 µV, est amplifié. L’informatique a permis
une analyse précise et fiable de la vitesse des phases lentes du
nystagmus. L’électronystagmographie permet d’enregistrer les
réponses oculaires des épreuves caloriques, des épreuves rotatoires
pendulaires, du test de rotation selon un axe incliné par rapport à la
gravité (RAIG) et les tests oculographiques (tests de poursuite, tests
de saccades, tests optocinétiques). Des électrodes sont placées dans
le plan horizontal et dans le plan vertical de chaque œil. La rétine a
une activité positive par rapport à la cornée et ce dipôle
cornéorétinien dont l’axe correspond à peu près à celui de l’axe
optique fait varier des champs électriques périoculaires lors de ces
déplacements. Les électrodes en argent chloruré enduites d’un sel Explorations vestibulaires
d’argent sont placées sur la peau préalablement décapée. Une pâte otolithiques
abrasive à base de pierre ponce pilée permet de décaper la peau
après l’avoir dégraissée par mélange alcool/éther ; les électrodes La meilleure connaissance des syndromes vertigineux a permis de
sont maintenues par un sparadrap de petite dimension. développer les explorations fonctionnelles vestibulaires depuis ces
L’électronystagmographie et l’électro-oculographie étaient autrefois 10 dernières années [14]. Jusqu’à présent, seul l’appareil vestibulaire
le seul mode possible d’enregistrement des mouvements oculaires. canalaire horizontal était étudié en pratique (par les épreuves
Elles sont actuellement remplacées, chez l’adulte, par la caloriques et par les épreuves rotatoires). Actuellement, de nouvelles
vidéonystagmographie et la vidéo-oculographie. Elles permettent un explorations vestibulaires permettent d’étudier l’appareil
enregistrement vidéo des mouvements oculaires, une analyse vestibulaire otolithique ; parmi celles-ci : l’étude de la verticale
informatique des réponses, la tête étant libre de tout mouvement. visuelle subjective, les potentiels évoqués myogéniques
sacculocolliques, le test RAIG .
L’examen vidéonystagmographique est réalisé dans le noir grâce à
une caméra vidéo sensible aux infrarouges, miniaturisée et disposée
sur un masque parfaitement occlusif. Cet examen permet TEST DE LA VERTICALE VISUELLE SUBJECTIVE
d’enregistrer les mouvements oculaires spontanés, après épreuves
caloriques et rotatoires. La verticale subjective est l’estimation par un individu de la verticale
physique. Sa perception résulte de l’intégration de différentes
Pour les examens oculographiques, on préfère utiliser deux caméras modalités sensorielles (visuelles et proprioceptives) et vestibulaires
en champ libre (une pour chaque œil) permettant d’examiner chaque otolithiques [9]. Il s’agit, pour le patient placé dans une pièce obscure,
œil, alors que la tête du patient est maintenue immobile dans une de mettre en position verticale une barre fluorescente à l’aide d’une
mentonnière. La vidéo-oculographie permet l’enregistrement des télécommande (fig 17). Le sujet normal positionne correctement la
tests de saccades aléatoires à 10°, 20° et 30° par seconde, permettant barre avec une marge d’erreur qui n’excède pas 2° à 4°. Dans la
d’apprécier d’éventuelles hypo- ou hypermétries, évocatrices phase aiguë des névrites vestibulaires, on retrouve habituellement
d’atteinte cérébelleuse. Les épreuves de poursuite oculaire réalisées une déviation franche (de 5° à 15°) de la verticale subjective du côté
à 20°, 30° et 40° par seconde apprécient la régularité des du déficit vestibulaire unilatéral récent aigu. La verticale subjective
mouvements oculaires. L’existence éventuelle de saccades dans la n’est pas modifiée en cas d’atteinte vestibulaire bilatérale. En cas de
poursuite peut témoigner, là aussi, d’une atteinte cérébelleuse. lésion otolithique unilatérale aiguë, il existe une importante
Le standard universel de ces caméras est de 25 images par seconde déviation du côté de la lésion. Cette déviation a tendance à
mais, par un artifice de balayage de l’image, on peut échantillonner disparaître en quelques semaines ou mois, témoin d’une
à 50 demi-images par seconde grâce à l’utilisation des trames paires compensation vestibulaire [106].
et impaires séparément (procédé Mumédia [76]).
Pour pouvoir enregistrer ces mouvements oculaires, il est important POTENTIELS ÉVOQUÉS OTOLITHIQUES MYOGÉNIQUES
de ne pas avoir de clignements qui viendraient interrompre le signal SACCULOCOLLIQUES
ou apporter une modification des signaux électriques. Il est
Le saccule, organe otolithique, a une sensibilité fréquentielle qui le
confortable de placer une goutte de Novésinet dans la paupière
rend stimulable par des clicks acoustiques. Une réponse d’orientation
inférieure, pour anesthésier légèrement le patient pendant l’examen.
de la tête infraclinique peut être mise en évidence par des potentiels
Les mesures des mouvements oculaires nécessitent un étalonnage. évoqués myogéniques, grâce à des électrodes placées sur le muscle
Le patient doit regarder alternativement des cibles dont sterno-cléido-mastoïdien. Ces réflexes sont présents chez 70 % des
l’espacement est contrôlé. Il s’agit d’une mesure trigonométrique, sujets normaux à des seuils acoustiques de 80 à 90 dB. L’absence
où la distance du patient par rapport à la cible est fondamentale. Le unilatérale de ces réponses est en faveur d’un déficit sacculaire.
déplacement oculaire est une rotation du globe, l’extrapolation n’est Des stimuli sonores (clicks ou short tone bursts [20]) de forte intensité
pas parfaitement linéaire à partir de 30°-40° d’excentration. Une (100 dB) et de durée brève (100 millisecondes) sont délivrés, à l’aide
calibration plus nuancée permet de corriger ces déformations. d’un casque, à une oreille, à la fréquence de 5 Hz, permettant de
Par convention, les déflections des mouvements oculaires vers la stimuler le saccule. Les potentiels évoqués myogéniques induits par
droite sont représentées sur le papier ou sur l’écran de visualisation cette stimulation sonore sont recueillis au tiers supérieur des muscles
vers le haut, et ceux vers la gauche seront donc dirigés vers le bas, sterno-cléido-mastoïdiens. Durant l’enregistrement, les patients sont
alors que la convention pour les mouvements verticaux suit la placés en décubitus dorsal et relèvent la tête afin que leurs muscles
logique du mouvement, en haut vers le haut, en bas vers le bas. sterno-cléido-mastoïdiens soient mis en contraction (fig 18).

14
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
stimulation s’effectue en sens horaire et antihoraire. L’analyse des
nystagmus induits par cette stimulation permet d’analyser le
fonctionnement des systèmes otolithiques droit (rotation horaire) et
gauche (rotation antihoraire). La réponse oculaire due à cette
stimulation est un nystagmus complexe comprenant une
composante horizontale, une composante verticale et une
composante de torsion du globe oculaire. Les réponses sont
enregistrées dans le plan horizontal et dans le plan vertical : les
vitesses des phases lentes des nystagmus décrivent une modulation
en fonction du cycle de rotation du fauteuil. Les paramètres mesurés
sont l’amplitude de la modulation des composantes verticales et
horizontales, et la composante continue (ou biais qui correspond au
18 Potentiels évoqués otolithiques : installation du patient. décalage de la moyenne de la sinusoïde par rapport au zéro).
Le test RAIG est utile pour déterminer les atteintes du système
L’amplitude des potentiels évoqués est corrélée à l’amplitude otolithique [18, 87] :
électromyographique de la contraction des muscles sterno-cléido-
mastoïdiens. Les potentiels évoqués myogéniques ainsi obtenus sont – lors des atteintes vestibulaires aiguës (névrites, labyrinthectomie)
ensuite amplifiés, filtrés et moyennés. Les ondes précoces car les phénomènes de compensation centrale viennent rapidement
enregistrées (P13 et N23), dont on peut mesurer l’amplitude et la effacer les asymétries des réponses au test RAIG, et masquer ainsi le
latence, sont le reflet d’un état fonctionnel du saccule et de déficit otolithique ; ces asymétries du test RAIG permettent de
l’activation des voies sacculospinales (fig 19). distinguer les atteintes vestibulaires totales (canalaires et
otolithiques) ou partielles (canalaires seules), ces dernières étant
Ce test présente deux avantages majeurs :
susceptibles de récupérer plus facilement ;
– il explore électivement la fonctionnalité du saccule et des voies
– lors d’une atteinte vestibulaire fluctuante, le caractère fluctuant
sacculospinales ;
de l’atteinte empêchant la compensation centrale ; par exemple dans
– la compensation centrale après lésion vestibulaire ne le normalise les fistules périlymphatiques traumatiques, le test RAIG met en
pas et il est le seul test otolithique à être strictement unilatéral. évidence une prépondérance directionnelle dirigée vers le côté lésé,
Il présente un triple intérêt [20] : diagnostique, pronostique et traduisant une irritabilité otolithique en faveur de l’existence d’une
thérapeutique. Par exemple, dans les aréflexies vestibulaires fistule.
bilatérales détectées aux épreuves caloriques, il permet de Quatre cents personnes ont été examinées [87] et dix pathologies
déterminer l’existence ou non d’une fonction sacculaire otolithique principales étudiées : des déficits bilatéraux, congénitaux ou
résiduelle, élément d’information précieux pour le rééducateur. progressifs, des atteintes ototoxiques (intoxication aux aminosides,
par exemple), des patients présentant un VPPB, ou une névrite
vestibulaire, ou un syndrome de Lindsay-Hemmenway, ou une
ROTATION SELON UN AXE INCLINÉ
PAR RAPPORT À LA GRAVITÉ : RAIG maladie de Ménière, ou une vestibulopathie récurrente, ou des
instabilités, ou de vrais syndromes otolithiques, ou une fistule
C’est un test de la fonction otolithique stimulée par des rotations à
labyrinthique, ou encore des déficits exceptionnels. Les principales
vitesse constante autour d’un axe incliné par rapport à la gravité,
observations sont que la latéralité des atteintes peut être déterminée,
appelé RAIG ou off vertical axis rotation (OVAR). C’est l’étude des
les pathologies des canaux ou des otolithes peuvent être distinguées,
réponses nystagmiques otolithiques globales. Cette stimulation
des plaintes inexpliquées de déséquilibres peuvent être objectivées
vestibulaire otolithique est réalisée à l’aide d’un fauteuil rotatoire
(les latéropulsions, réelles ou ressenties, à la marche ou dans un
inclinable piloté par ordinateur [18, 112]. La réponse vestibulo-oculaire
véhicule s’accompagnent généralement d’une asymétrie des
est enregistrée, dans le noir, par électronystagmographie ou vidéo-
réponses). Les pathologies otolithiques pourraient ainsi être
oculographie. Le fauteuil est animé d’une accélération rotatoire
brève, puis d’un mouvement rotatoire constant (60°/seconde) selon décelées. Une lésion otolithique unilatérale périphérique récente
un axe vertical, stimulant alors les canaux semi-circulaires massive montre, lors de rotations du côté de la lésion, une amplitude
horizontaux. À vitesse de rotation constante, la réponse canalaire de modulation assez faible.
s’annule progressivement. Le fauteuil est alors incliné de 13° par Lors d’atteinte vestibulaire bilatérale, ce test permet de faire la part
rapport à la gravité, toujours à la vitesse constante de 60°/seconde, entre des lésions des canaux semi-circulaires horizontaux
stimulant alors électivement l’appareil vestibulaire otolithique. Cette proprement dits et celle de l’atteinte otolithique.

19 Potentiels évoqués otolithiques : enregistrement des


potentiels myogéniques. Ondes P13 et N23 : résultat
normal.

15
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
POTENTIELS ÉVOQUÉS VESTIBULAIRES l’autre sur les hanches. Elles permettent des mesures précises dans
OTOLITHIQUES CORTICAUX trois plans sur une grande surface d’évolution. Le patient n’est plus
Le sujet est installé sur un fauteuil de stimulation selon l’axe Z (l’axe nécessairement au garde-à-vous mais peut être libre de ses
vertical) induisant les stimulations les plus ponctuelles possibles mouvements.
(60 millisecondes), accélération vers le bas suivie d’un freinage vers Ces examens posturographiques, statiques et dynamiques
le bas, accélération vers le haut puis freinage vers le haut sur une permettent une approche plus globale et plus fonctionnelle du
hauteur de 10 cm. L’accélération varie de 0,05 g à 0,4 g. Au moyen patient présentant des vertiges et/ou des déséquilibres.
d’électrodes d’électroencéphalographie insensibles aux mouvements,
les potentiels évoqués corticaux d’origine otolithique sont
SYSTÈME POSTURAL FIN
enregistrés. Une cartographie cérébrale (mapping cérébral) permet
de mettre en évidence sur chaque hémisphère, cinq sites de réponses Le centre de gravité de l’homme normal, debout, se situe en avant
vestibulaires otolithiques corticales. La latence et les caractéristiques de la troisième vertèbre lombaire. L’étroite surface des plantes des
permettent d’évaluer cette réponse originale [5]. pieds est seule à supporter tout le poids du corps. La projection au
sol du centre de gravité tombe dans le polygone de sustentation [59].
Il faut peu de choses pour qu’il en sorte. L’homme oscille comme
« TILT SUPPRESSION TEST » un pendule inversé. L’amplitude de cette oscillation ne dépasse pas
L’inclinaison de la tête arrête la réponse vestibulo-oculaire 4° d’arc. Cette situation élémentaire, primordiale, de l’homme
postrotatoire. Après une rotation (sans fixation, c’est-à-dire les yeux debout est donc l’objet d’une régulation très serrée ; c’est le système
ouverts dans l’obscurité) pendant dix tours (un tour en 3 secondes postural fin. C’est un sous-système de la régulation
= 120°/seconde de vitesse angulaire), on provoque un arrêt brusque, vestibulospinale [33]. Les performances d’un sujet dans la régulation
sans fixation, yeux ouverts, puis on mesure pendant 5 secondes la de son équilibre postural en position de Romberg sont
vitesse de la phase lente du nystagmus. Puis on incline la tête en indépendantes de ses performances en mouvement, testées en
avant (tilt) et on fait une deuxième mesure, pendant 5 secondes, de posturographie dynamique ou à la marche. Les différentes modalités
la vitesse de la phase lente du nystagmus. d’équilibration font appel aux mêmes entrées sensorielles, à la même
régulation cérébelleuse et aux mêmes voies descendantes, mais
Chez les sujet normaux ou dans les atteintes des canaux semi- traitent indépendamment chacun des sous-systèmes de
circulaires, après inclinaison de la tête, le nystagmus est très l’équilibre [72]. Aucune technique particulière de posturographie ne
diminué. En cas d’atteinte du nodulus cérébelleux et/ou des organes supplante les autres. Vraisemblablement, ensemble, elles élargissent
otolithiques, le nystagmus est peu diminué [103]. notre champ d’exploration de l’équilibre.

MESURE DE LA CONTRE-TORSION OCULAIRE EXAMEN POSTUROGRAPHIQUE STATIQUE


PAR RÉSEAUX DE NEURONES La plate-forme est stable, soutenue par trois jauges de contrainte.
Canaux semi-circulaires et otolithes concourent à stabiliser le regard L’acquisition des coordonnées et des abscisses par rapport au centre
afin de maintenir une vision stable et de qualité. Quand on incline du polygone de sustentation se fait généralement pendant
la tête de côté, de 60°, les muscles oculomoteurs tournent l’œil dans 51,2 secondes. L’environnement visuel est contrôlé : mire à 90 cm,
le sens opposé de 6° (en moyenne chez le sujet jeune). La contre- en situation yeux ouverts, l’éclairage est franc, 2 000 lx, et l’acuité
rotation est donc insuffisante pour redresser l’image. Une autre est éventuellement corrigée selon les habitudes du patient.
rotation se fait dans le cortex, grâce à l’information otolithique. Cette Un gabarit de carton de la pointure du patient est placé sous la
torsion est difficile à voir à l’œil nu ou en vidéonystagmoscopie. plaque de Plexiglast de la plate-forme, pour que son centre de
polygone de sustentation soit 3 cm en arrière du centre électrique de
la plate-forme. Les talons sont écartés de 2 cm, pieds à 30°. Pour
Posturographie d’autres plates-formes, une talonnette en Plexiglast permet de
positionner les pieds du patient bien au centre. L’instruction est
Tout sujet debout immobile présente des oscillations permettant de donnée au patient de se tenir droit, les bras le long du corps, et de
maintenir son centre de gravité dans le polygone de sustentation. rester immobile le mieux possible. Un premier enregistrement est
La posturographie est l’analyse de la posture sur une trace écrite. effectué, pour montrer le test au patient, et généralement la mesure
On aurait pu parler aussi de posturométrie. L’analyse n’est pas gardée.
posturographique de l’équilibre du sujet peut se faire dans diverses Les deux principaux tests sont effectués, l’un les yeux ouverts en
conditions : sur un plan stable en position de Romberg, yeux ouverts pleine lumière, l’autre les yeux fermés dans la pénombre.
avec ou sans environnement visuel perturbant puis yeux fermés, Le paradigme de vision stabilisée consiste à tester le patient, la tête
puis les même séquences sur un plan instable. Le but est de dans un lampion chinois éclairé de l’intérieur. Le patient ne voit que
comprendre comment le patient utilise ces informations pour l’environnement stabilisé et non plus ses propres mouvements. Ce
maintenir son équilibre. Est-il dépendant d’une information conflit sensoriel perturbe surtout les dépendants visuels que sont
sensorielle, ou au contraire complètement indépendant de cette souvent les patients vertigineux [34, 88, 89, 114].
information visuelle, proprioceptive ou vestibulaire ? L’interposition d’un revêtement de mousse entre les plantes des
Les différentes plates-formes et leurs différentes conditions de tests pieds du patient et la plate-forme, diminuant l’information tactile,
sont autant de manières d’évaluer l’équilibre. Elles ne sont pas ou encore sur un support diminué en dimension, sont des conditions
redondantes mais complémentaires (comme pour les différents tests qui permettent de perturber la proprioception et de tester plus alors
audiométriques entre eux, ou les tests de mémoire ou des fonctions la participation visuelle et vestibulaire au maintien de l’équilibre.
supérieures). Voici les différents paramètres étudiés.
Différentes plates-formes de posturographie permettent une étude La surface : le paramètre de « surface » est la surface de l’ellipse de
statique (« AFP-Toulemonde ») et dynamique (Équitest, Multitest confiance qui contient 90 % des positions (du centre de pression
Équilibre Framiral [116], Toennis [58]) de l’équilibre, en appréciant échantillonnées au cours de l’enregistrement). La surface normale
divers paramètres comme la longueur du déplacement du centre de est de 100 mm2 ± 50 les yeux ouverts et de 225 mm2 ± 100 les yeux
pression des pieds pendant un temps défini et/ou la surface fermés.
d’évolution du centre de gravité. Une tout autre technique permet La longueur normalisée : le paramètre longueur en fonction de la
l’analyse multisegmentaire [107] du corps en équilibre, grâce à des surface (LFS) représente une certaine estimation de l’énergie
bobines magnétiques à boucles d’inductions (procédé Mumédia) dépensée par le sujet pour contrôler sa posture orthostatique. Le
placées en divers endroits du corps, généralement une sur la tête et LFS normal, à 20 ans, est de 1 les yeux ouverts.

16
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
Le quotient de Romberg : le quotient de Romberg est le quotient, vidéo situées dans les trois plans de l’espace. Une technique récente
multiplié par 100, de la surface en situation yeux fermés par la et moins lourde (Statitest-Mumédia) fait appel à de petits capteurs
surface en situation yeux ouverts. Ce quotient est donc le reflet de placés sur différentes parties du corps (l’un sur la tête, l’autre à la
l’utilisation de la vision pour le contrôle postural ; taille), sensibles à des champs magnétiques produits par des
Le paramètre VFY : la variance de la vitesse de déplacement pendant antennes placées sous le patient. L’originalité de cette méthode est
l’examen est hautement corrélée (r = − 0,92) à la position moyenne de mesurer le déplacement réel du corps, et non pas de façon
en Y (antéropostérieur) chez le sujet normal. Ce paramètre intitulé indirecte à partir de la mesure de pression des pieds. L’analyse de la
simplement VFY, traduit la distance (euclidienne) du sujet par position des capteurs dans l’espace permet une description précise
rapport aux normaux. La valeur normale est par définition 1 (avec de la stratégie d’équilibration utilisée par un patient lorsque
un écart-type de 2,88). différentes contraintes sont imposées à son système d’équilibration.
Voici quelques éléments d’interprétation des résultats de L’énergie dépensée par un sujet peut également être approchée en
posturographie statique : étudiant les vecteurs d’accélération que comportent les réactions
posturales. Cette possibilité de connaître les déplacements des
– l’augmentation de la surface témoigne de la difficulté à maintenir
différents segments du corps et leur limites, sans risque de chute,
le contrôle de l’équilibre ;
est à la base de programmes de rééducation. Le patient peut voir,
– le concept de cécité posturale ; lorsque le quotient de Romberg est pour ensuite mieux sentir, où sont ses limites, quelles sont les
proche de 100, le sujet n’utilise pas sa vision pour mieux contrôler réactions adéquates et comment celles-ci progressent au fil de la
sa posture ; ceci est constaté dans les pathologies vestibulaires aiguës rééducation. L’utilisation de capteurs de position placés sur le corps
comme les névrites vestibulaires [33], les pathologies vestibulaires de fournit une meilleure approche de l’analyse de l’équilibre, via
tout-venant [88, 89], les hétérophories, les lombalgies, les atteintes du l’observation des déplacements des segments du corps. La
vestibulocérébellum et chez les sujets très âgés [88, 89] ; multiplication de ces capteurs devrait à terme fournir une bonne
– le paramètre VFY traduit l’efficacité du tonus musculaire en représentation des déplacements du centre de gravité. Les mesures
fonction de la tension musculaire de la loge postérieure de la jambe ; sont réalisées sur plateau stable les yeux ouverts et fermés, puis sur
quand le tonus diminue, le paramètre VFY augmente ; les plateau en demi-cylindre pivotant soit dans l’axe latéral, soit dans
myorelaxants ont cet effet ; on retrouve aussi un VFY augmenté chez l’axe antéropostérieur, puis pour deux autres tests dont voici la
les sujets très âgés [88, 89]. description.
La réponse impulsionnelle, en posturographie multisegments [107],
POSTUROGRAPHIE DYNAMIQUE DE BESSOU
analyse la réaction de rattrapage du sujet lors de la bascule
OU STABILOMÉTRIE PLAN-CYLINDRE
postérieure (de 6° et à 35°/s) du plateau. Le patient n’est pas averti
L’élément mécanique de la plate-forme de Bessou et al [10], le du moment de la bascule. La rétropulsion du sujet est freinée par
stabilomètre, est un plateau reposant sur un demi-cylindre. Deux une accélération antérieure, réflexe, dont on analyse la latence et
potentiomètres fixés sur la plate-forme et montés en parallèle l’amplitude. Le test est répété trois fois les yeux ouverts puis fermés.
captent, au moyen d’un bras de levier, l’angle de celle-ci par rapport On constate que la répétition des bascules induit une augmentation
à la verticale. Les avantages mécaniques du stabilomètre sont liés significative de la latence et une diminution de l’amplitude de
au caractère virtuel de l’axe de rotation. Les réactions d’équilibration l’accélération. On interprète cette évolution comme un apprentissage
font non seulement incliner le stabilomètre, mais le font aussi normal et inconscient vers une optimisation des dépenses
avancer, déformant ainsi le polygone de sustentation. énergétiques. Par cette mesure, on évalue la capacité
d’apprentissage. La posturographie multisegments permet une
PLATE-FORME DE POSTUROGRAPHIE DYNAMIQUE description précise de la stratégie d’équilibration utilisée par le
TOENNIES
patient. Comme la position des segments du corps est connue, il est
Un moteur fait osciller la plate-forme de force [57, 58]. Deux épreuves possible d’estimer le risque effectif de perte d’équilibre lorsque
dynamiques sont proposées par le constructeur, l’une à 4° à la surviennent les mouvements de correction.
vitesse de 50°/seconde, l’autre plus lente à 0,5 Hz. L’enregistrement
électromyographique simultané permet d’analyser les latences des Les latences sont réduites lorsqu’un patient présentant une aréflexie
activités musculaires de contrôle de l’équilibre. vestibulaire bilatérale doit garder les yeux fermés.
Les patients souffrant de vertiges phobiques réagissent
PLATE-FORME DE POSTUROGRAPHIE DYNAMIQUE prématurément et avec une énergie démesurée à des perturbations
MULTITEST ÉQUILIBRE FRAMIRAL inoffensives de leur équilibre.
Une plate-forme de force classique mesure le centre de pression des Des lésions centrales, vestibulocérébelleuses ou extrapyramidales
pieds du patient debout immobile, yeux ouverts, puis yeux fermés, augmentent significativement les latences des réponses mais
puis yeux ouverts en regardant le déplacement pseudoaléatoire de conservent le plus souvent cette capacité d’apprentissage.
projection d’images optocinétiques sur le grand espace du mur
opposé [102, 116]. La plate-forme de force est montée sur un puissant La mesure du champ de posture est un autre test réalisé en
jeu de ressorts. Ces trois conditions de tests posturographiques sont posturographie multisegments [107] . Celui-ci mesure la surface
répétées sur plateau instable. Le côté primordial du test, la simplicité maximale de déplacement volontaire du corps, soit de la tête, soit
de la mesure et la robustesse du matériel expliquent sans doute sa des hanches, pieds immobiles, bras le long du corps. Cette limite de
large diffusion. stabilité est la capacité de mobilisation du corps sans tomber. Le
déplacement est effectué volontairement dans tous les axes du plan
Un système de biofeedback sonore, de cibles virtuelles où le patient
horizontal jusqu’à la limite de perte d’équilibre. Cette mesure est
doit positionner son centre de pression et de vérins modifiant
réalisée en stratégie de hanches puis de chevilles, yeux ouverts puis
l’inclinaison de la plate-forme enrichissent le champ des explorations
yeux fermés.
fonctionnelles et de la rééducation vestibulaire [34, 116].
Il est tout de même trop réducteur de considérer le corps humain Le principal résultat anormal est une réduction du déplacement.
d’un seul bloc. Peu à peu, sont arrivées des techniques d’analyse Cette possibilité de mieux connaître les déplacements des différents
multisegmentaires. segments de son corps (hanches, chevilles…) et leurs limites, sans
risque de chute, est à la base du programme de rééducation du sujet
POSTUROGRAPHIE MULTISEGMENTS présentant un déficit vestibulaire, surtout s’il est bilatéral et que le
STATITEST-MUMÉDIA patient est âgé. Le patient peut, par biofeedback, visualiser sur écran
L’analyse de la position des différents segments du corps dans l’état antérieur de la surface décrite pour ensuite mieux sentir où
l’espace définit la posturographie multisegments [107]. Celle-ci peut sont ses limites, quelles sont les réactions adéquates et comment
être réalisée par le traitement d’images acquises par des caméras celles-ci progressent au fil de la rééducation.

17
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
Devant une suspicion d’atteinte centrale, l’imagerie est faite de
20 Schwannome vestibulaire compri-
principe : scanner cérébral avec injection chez le sujet âgé, imagerie
mant le tronc cérébral, le IVe ventricule et
le cervelet (imagerie par résonance magné- par résonance magnétique (IRM) cérébrale chez le sujet plus jeune
tique, T2).
[1, 6, 13, 49]
afin d’éliminer toute lésion démyélinisante.
En pratique, on demande :
– un scanner cérébral avec injection, à la recherche d’une tumeur
ou d’un accident vasculaire cérébral de la fosse postérieure, ou en
cas de maladie dégénérative du sujet âgé ;
– un scanner des rochers avec injection, à la recherche d’une tumeur
du sac endolymphatique ou d’un méningiome, d’une otospongiose,
d’une fistule labyrinthique avec ou sans cholestéatome, d’un
Exploration des troubles auditifs neurinome de l’acoustique, d’une fracture des rochers, d’une rupture
des fenêtres après barotraumatisme ;
Audiogramme-impédancemétrie et potentiels évoqués auditifs sont
– un scanner cérébral ou une IRM cérébrale de profil, à la recherche
systématiquement prescrits en cas de déficit vestibulaire ou devant
d’une malformation d’Arnold-Chiari ;
l’existence d’une plainte auditive (hypoacousie ou acouphènes) [92].
– une IRM cérébrale avec injection de gadolinium, à la recherche
d’une tumeur, d’un accident vasculaire ischémique de la fosse
Imagerie postérieure, d’une maladie démyélinisante, d’une ataxie épisodique
familiale, d’une maladie auto-immune, d’un neurinome de
C’est l’examen clinique et les explorations fonctionnelles l’acoustique ;
cochléovestibulaires qui guident le choix de l’imagerie [6, 7]. – une angio-IRM cérébrale avec reconstruction 3D, à la recherche
En cas de VPPB typique, l’imagerie est inutile. C’est seulement dans d’un conflit vasculonerveux ou d’un accident vasculaire cérébral ;
les formes atypiques ou résistantes aux manœuvres thérapeutiques – un échodoppler des vaisseaux du cou et transcrânien à la
que l’on propose une imagerie à la recherche d’un diagnostic recherche d’une dissection vertébrale ou d’une sténose artérielle.
différentiel, les otolithes n’étant pas encore visualisables, pour
éliminer avant tout :
– une fistule labyrinthique, même sans signes cochléaires ; Examens biologiques
– une tumeur de la fosse postérieure (avant tout un
hémangioblastome du cervelet) [44, 49] ; En général, un bilan biologique n’est pas nécessaire dans les atteintes
vestibulaires courantes.
– un rare conflit vasculonerveux cochléovestibulaire (disabiling
Devant une atteinte vestibulaire uni- ou bilatérale rapidement
positionnal vertigo [42]) ;
évolutive, ou récidivante, ou fluctuante, il faut se poser la question
– une malformation d’Arnold-Chiari. d’une maladie auto-immune, même rare. On réalise de principe le
En cas de maladie de Ménière typique, il n’y a pas besoin d’imagerie. bilan sanguin suivant : numération formule sanguine, glycémie,
Cependant, une authentique maladie de Ménière peut révéler une bilan rénal, bilan thyroïdien, vitesse de sédimentation, C reactive
tumeur du sac endolymphatique ou un méningiome si la protein, électrophorèse des protéines, treponema pallidum
symptomatologie vertigineuse s’accompagne de céphalées haemagglutination assay, veneral disease research laboratory, recherche
homolatérales. d’anticorps antinucléaires, antimyélines, anticardiolipines (lupus
avec syndrome des antiphospholipides), anticytoplasmes
Parfois, la maladie de Ménière évolue rapidement, l’atteinte auditive (granulomatose de Wegener), antineutrophiles, et recherche d’un
intéresse plus les fréquences aiguës ou se bilatéralise rapidement : il déficit en protéine S.
faut penser à une maladie auto-immune.
Si l’examen audiométrique n’est pas typique, il faut se méfier d’une
forme trompeuse telle qu’une otospongiose cochléaire, une fistule Conduite du diagnostic des vertiges
labyrinthique avec ou sans cholestéatome, ou un neurinome (fig 20),
même cochléaire.
Malgré tous les progrès techniques, l’étape la plus importante du
En cas de névrite vestibulaire typique, il n’y a pas besoin d’imagerie. diagnostic demeure l’interrogatoire et l’examen clinique. On peut
De principe, il faut éliminer un neurinome d’abord par la réalisation dire qu’il existe quatre grands types de pathologies vestibulaires
de potentiels évoqués auditifs et otolithiques. s’exprimant par des vertiges et/ou des déséquilibres : vertiges qui
Si le déficit aux épreuves caloriques n’est pas très marqué, ou s’il ressemblent au VPPB, à la maladie de Ménière, à la névrite
existe des signes d’atteinte centrale cliniques ou aux examens vestibulaire, et déséquilibres évoquant un dysfonctionnement
vidéonystagmographique et vidéo-oculographique, il faut éliminer otolithique, un neurinome de l’acoustique et une atteinte centrale.
une atteinte aiguë de la fosse postérieure type syndrome de Pour les patients dont les examens sont normaux, se pose la question
Wallenberg ou accident ischémique transitoire du cervelet [46]. d’une angoisse posturale phobique ou de manifestations
Devant une douleur cervicale homolatérale associée à un tel tableau, hystériques. Le déséquilibre du sujet âgé est fait d’un tableau plus
il ne faut pas hésiter à demander en urgence un échodoppler des composite.
vaisseaux du cou pour éliminer une dissection artérielle vertébrale.
Dans un contexte traumatique, il faut penser aux différentes formes VERTIGE POSITIONNEL PAROXYSTIQUE BÉNIN
de fracture du rocher jusqu’à la fistule labyrinthique.
C’est un vertige bref qui n’excède pas 20 secondes dans la grande
Au cours de plongée sous-marine en apnée ou en bouteilles, il faut majorité des cas. Généralement, le sujet se plaint de vertiges en se
se méfier, même en cas d’accident de décompression, d’une rupture couchant dans son lit, en se tournant surtout d’un côté mais aussi
de fenêtre. en se relevant, en baissant la tête ou en regardant vers le ciel [56]. Les
Les symptômes d’un syndrome otolithique peuvent avoir une manœuvres diagnostiques mettent en évidence le VPPB en crise [64].
origine périphérique ou centrale dans le cadre de toutes les Tout le bilan de la fonction vestibulaire, de l’oculomotricité, de la
affections vestibulaires connues. C’est la logique de l’examen posture et de l’audition est normal. Le diagnostic est fait, une fois
clinique qui conduit l’indication de l’imagerie [103]. sur deux, à l’interrogatoire [71]. Les crises de vertiges durent de une

18
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
nuit à 8 semaines, en moyenne 3 semaines [77]. La moitié des patients unilatéral non compensé. Il n’y a généralement pas d’atteinte
ont une seule crise dans leur vie [84]. C’est un vertige qui touche deux auditive. Le traitement consiste en l’association de thérapeutiques
femmes pour un homme. Les manœuvres thérapeutiques décrites médicamenteuses qui favorisent la compensation [ 4 7 ] et de
par différents auteurs (Epley [28], Toupet et Semont [99], Brandt et rééducation vestibulaire [25, 80, 81, 94, 95, 96, 102].
Daroff [15] etc) [39, 54] visent à déplacer les débris d’otolithes placés sur Le diagnostic différentiel se fait avec les autres déficits vestibulaires
la cupule du canal semi-circulaire postérieur [32]. Le VPPB est le plus aigus :
souvent idiopathique mais, dans 10 % des cas environ, il s’agit d’un
VPPB post-traumatique (accident de la voie publique – fracture du rocher (scanner) ;
essentiellement avec traumatisme crânien ou « coup du lapin »). – accident vasculaire cérébral type syndrome de Wallenberg ou
Une forme clinique doit être bien connue : il s’agit du VPPB du canal infarctus cérébelleux.
semi-circulaire horizontal [19, 56]. Ce VPPB se caractérise par la
survenue, lors des manœuvres de position de Dix et Hallpike ou
DÉSÉQUILIBRES
lors de la mise en décubitus latéral, d’un nystagmus horizontal pur,
géotropique ou agéotropique à droite comme à gauche. Les formes
¶ Syndrome otolithique
géotropiques et agéotropiques correspondent soit à une
canalolithiase [57], soit à une cupulolithiase [65]. Quelquefois, le sujet ne se plaint pas de vertiges rotatoires mais
Les principaux diagnostics différentiels sont : d’une impression de déplacement linéaire parfois spontané [14, 115], le
plus souvent à la suite d’un déplacement du corps, ou en se
– la fistule labyrinthique ; le vertige est encore plus bref (quelques retournant dans son lit : impression que le lit se déplace
secondes) et s’accompagne d’un déficit audiométrique et d’un déficit transversalement, en profondeur, impression que la voiture continue
vestibulaire à l’épreuve calorique ; il peut survenir tête immobile d’avancer ou penche d’un côté à la suite d’un freinage, ou encore
lors d’un effort physique (les efforts de défécation ou de mouchage impression de prendre la tangente ou que la voiture se renverse dans
étant les plus spécifiques) ; les mouvements de force centrifuge lors d’un virage [101, 103]. Ce peut
– la tumeur de la fosse postérieure ; elle peut donner des vertiges être encore l’impression que les pieds s’enfoncent dans le sol ou que
positionnels, mais là, l’ensemble de l’examen otoneurologique le sol est en pente, en sortant d’un ascenseur. Le diagnostic est
trouve des éléments de type central : poursuite oculaire saccadique, surtout fait d’après les données de l’interrogatoire et la normalité
gaze nystagmus, test de fixation oculaire anormal, saccades du bilan classique. Les tests d’étude de la fonction otolithique
dysmétriques, qui aident au diagnostic (attention, car le vertige peut permettent d’argumenter un déficit unilatéral (verticale visuelle
être le seul signe au début) [7] ; subjective [106, 110], potentiels évoqués sacculocolliques [20], RAIG [112]).
Le diagnostic différentiel se fait avec des manifestations phobiques
– le conflit vasculonerveux, rare, les vertiges étant parfois
tout particulièrement. Le traitement consiste essentiellement en une
accompagnés ou précédés d’acouphènes ;
rééducation vestibulaire adaptée.
– la malformation d’Arnold-Chiari ; rare, le nystagmus est le plus
souvent vertical inférieur. ¶ Neurinome de l’acoustique
Il s’agit d’un schwannome du nerf vestibulaire. Il peut être
MALADIE DE MÉNIÈRE responsable d’un ou plusieurs de ces symptômes : hypoacousie
C’est un grand vertige rotatoire qui dure entre un quart d’heure et unilatérale de perception, rétrocochléaire aux potentiels évoqués
plusieurs heures, rarement moins, et qui se répète plusieurs fois auditifs ; acouphènes homolatéraux ; surdité brusque homolatérale,
dans la vie du patient. Le diagnostic est fait devant l’association des avec déficit vestibulaire homolatéral d’apparition progressive,
symptômes suivants : bourdonnement d’oreille grave, hypoacousie parfois asymptomatique.
de perception et grand vertige rotatoire survenant par crise. Souvent, Potentiels évoqués auditifs et otolithiques recherchent une atteinte
des prodromes annoncent le vertige comme une plénitude d’oreille, du nerf cochléaire et du nerf vestibulaire inférieur respectivement.
une hypoacousie, un acouphène grave d’intensité croissante. Les Le diagnostic différentiel se fait avec les autres tumeurs des angles
tests audiométriques osmotiques confirment l’hydrops. Les pontocérébelleux, avec les autres déficits cochléovestibulaires
potentiels évoqués auditifs sont normaux. À distance des crises, progressifs telles une maladie auto-immune ou une fistule
l’examen calorique montre un petit déficit homolatéral et un labyrinthique.
nystagmus spontané homolatéral appelé nystagmus de
convalescence [53]. Parfois, la symptomatologie est exclusivement ¶ Déséquilibre du sujet âgé : presbyvestibulie
dans la période du paramenstrum chez la femme [100]. et presbyataxie
Le diagnostic différentiel [11] se fait également avec les autres vertiges Le déséquilibre du sujet âgé est le premier symptôme de l’avancée
qui s’accompagnent de signes auditifs tels que : en âge. Bien souvent, aucun élément médical n’est retenu pour
– otospongiose ; expliquer cette déficience du sens de l’équilibre. Le vieillissement
vestibulaire peut affecter aussi bien les otolithes que la composition
– otite chronique [30] ; chimique des liquides labyrinthiques, ou les cellules sensorielles
– neurinome de l’acoustique (fig 19) ; elles-mêmes, leur vascularisation et les voies et centres nerveux qui
– maladie auto-immune ; participent au système vestibulaire [17]. Le bilan cochléovestibulaire
doit être large. Le traitement fait appel aux médicaments qui
– fistule labyrinthique ; favorisent la vascularisation, l’oxygénation cérébrale et la plasticité
– tumeurs de l’angle pontocérébelleux ou de l’os temporal ; neuronale, associés à la rééducation de l’équilibre [66, 68, 69, 102, 116].
Le diagnostic différentiel se fait avec l’hydrocéphalie à pression
– labyrinthite.
normale (scanner), les compressions médullaires cervicales
arthrosiques (IRM), les troubles psychologiques du sujet âgé et les
NÉVRITE VESTIBULAIRE maladies dégénératives du système nerveux central. La prise en
charge doit être neurologique.
C’est la survenue d’un grand vertige rotatoire qui dure plusieurs
heures, plusieurs jours, s’accompagnant d’un grand syndrome
¶ Atteinte centrale
vestibulaire harmonieux : intense nystagmus dont la secousse rapide
bat du côté opposé au déficit, déviation du corps, les yeux fermés, Elle est évoquée devant l’association de céphalées, de vertiges ou de
du côté du déficit. À l’épreuve calorique, on constate un déficit troubles visuels tels un obscurcissement ou un rétrécissement du

19
20-199-A-10 Examen clinique et paraclinique du patient Oto-rhino-laryngologie
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
champ visuel. Elle l’est d’autant plus que les examens montrent une examens otoneurologiques sont normaux. La dépendance aux lieux
poursuite oculaire saccadique, un gaze nystagmus, un test de fixation permet de comprendre l’agoraphobie ou l’acrophobie (la peur du
oculaire anormal, des saccades dysmétriques, des potentiels auditifs vide), mais parfois c’est le seul fait d’être debout qui crée les
centraux. Le scanner et l’IRM sont indispensables. La prise en charge sensations angoissantes de chute imminente. Parfois même, il s’agit
doit être neurologique. de véritables attaques de panique. L’ORL doit prendre l’avis du
psychiatre.
¶ Comportements phobiques
Le diagnostic différentiel est fait avec toute la pathologie
L’angoisse posturale phobique se traduit par une sensation de neurologique affectant la locomotion dans son début et toute la
déséquilibre, une sensation de vertige, sans vrai déséquilibre. Les pathologie otoneurologique que nous venons de voir.

Références
[1] Baloh RW, Honrubia V. Clinical neurophysiology of the [24] Duncan P. Functional reach: a new clinical measure of [49] Leigh RJ, Zee DS. Neurology of the eye movements. Phila-
vestibular system. Philadelphia : Davis FA, 1979 balance. J Gerontol 1990 ; 45 : 192-195 delphia : Davis FA, 1983
[2] Baloh RW, Sakala SM, Honrubia V. Benign paroxysmal posi- [25] Eber AM, Strubel-Streicher D, Guillot M, Collard M. Trou- [50] Lindsay JR, Hemenway WG. Postural vertigo due to univer-
tional nystagmus. Adv Otorhinolaryngol 1979 ; 25 : 161-166 bles de l’équilibre, vertiges et nystagmus induits par sal sudden partial loss of vestibular fonction. Ann Otolaryn-
[3] Baloh RW, Yee RD. Spontaneous vertical nystagmus. Rev l’excentration maxima du regard. Rev Neurol 1984 ; 140 : gol 1965 ; 74 : 264-270
Neurol 1989 ; 145 : 527-532 131-137 [51] Mathias S, Nayak U, Isaacs B. Balance in elderly patients.
[4] Bàràny R. Diagnose von Krankheitserscheinungen im Berei- [26] Enquête Janssen auprès des médecins généralistes, 1985 The ″get and go test″. Arch Phys Med Rehabil 1986 ; 67 :
che des Otolithenapparatus. Acta Otolaryngol 1921 ; 2 : [27] Enquête UCB auprès des médecins généralistes, 2002 387-389
434-437 [28] Epley J. The canalith repositionig procedure for treatment [52] McClure JA. Le vertige positionnel bénin du canal horizon-
[5] Baudonnière PM, Lepecq JC, Jouen F, Belkenchir S, Wiener- of benign paroxysmal positional vertigo. Otolaryngol Head tal. In : Toupet M, Sauron B éd. XXXe symposium de la
Vacher S, Toupet Fet al. Les potentiels évoqués vestibulai- Neck Surg 1992 ; 107 : 399-404 société d’oto-neurologie de langue française, les 17 et
res otolithiques : intérêt en pathologies vestibulaires. Com- 18 mai 1996. Paris : Institut Ipsen, 1996
[29] Fischer A, Gresty M, Chambers B, Rudge P. Primary posi-
munication présentée les 17 et 18 mai 1996, à Paris au tion upbeating nystagmus: a variety of central positional [53] McClure JA, Copp JC, Lycett P. Recovery nystagmus in
XXXe congrès de la société internationale d’otoneurologie nystagmus. Brain 1983 ; 106 : 949-964 Ménière’s disease. Laryngoscope 1981 ; 91 : 1727-1737
[6] Bensimon JL. Techniques et limites de l’imagerie : TDM, [30] Freyss G, Narcy P, Toupet M, Manac’h Y. Acoustic reflex as [54] Norré ME, De Weedt W. La rééducation des vertigineux par
IRM, et explorations vasculaires. Rev ONO 1995 ; 67 : 27-31 a predictor of middle ear effusion. Ann Otol Rhinol Laryngol habituation. Cah ORL 1980 ; 15 : 197-303
[7] Bensimon JL, Toupet M. Boucles vasculaires de l’angle pon- 1980 ; 89 (suppl 68) : 196-199 [55] Nuti D, Vannucchi P, Pagnini P. Benign paroxysmal posi-
tocérébelleux : de l’image pathologique à la présomption [31] Freyss G, Toupet M. L’examen vestibulaire calorique chez tional vertigo of the horizontal canal: a form of canaloli-
de conflit vasculonerveux cochléovestibulaire. Cah ORL vous ? Cah ORL 1978 ; 13 : 117-142 thiasis with variable clinical features. J Vest Res 1996 ; 6 :
1996 ; 31 : 107-114 [32] Gacek R. Le concept de la cupulolithiase. In : Hausler R éd. 173-184
[8] Berg KO, Wood-Dauphinee SL, Williams JL, Maki B. Mea- XIXe Symposium d’ENG de langue française, Genève, [56] Nylén CO. Positional nystagmus. J Laryngol Otol 1950 ; 6 :
suring balance in the elderly: validation of an instrument. 1-3 mars. Paris : Institut Ipsen, 1985 : 18-19 295-318
Can J Public Health 1992 ; 83 : S711 [33] Gagey PM, Toupet M. Orthostatic postural control in ves- [57] Parnes LS, McClure JA. Posterior semi-circular canal occlu-
[9] Berthoz A. Le sens du mouvement. Paris : Odile Jacob, 1997 tibular neuritis: a stabilometric analysis. Ann Otol Rhinol sion for intractable BPPV. Ann Otol Rhinol Laryngol 1990 ;
[10] Bessou P, Costes-Salon MC, Dupui P, Montoy AR, Pages B. Laryngol 1991 ; 100 : 971-975 99 : 330-334
Analyse de la fonction d’équilibration dynamique chez [34] Guidetti G. Stabilometria clinica. Modène : Faculté de [58] Perrin P, Jeandel C, Perrin C, Courant P. Contribution de la
l’homme. [abstract]. Arch Int Physiol Biol 1988 ; 96 : A103 médecine de Modène, 1989 posturographie statique et dynamique à l’étude du vieillis-
[11] Bordure PH, Legent F. Le diagnostic différentiel de la [35] Guidetti G. Diagnosi e terapia dei disturbi dell’equilibrio. sement physiologique de l’équilibration. Rev ONO 1993 ;
maladie de Ménière et les formes frontières. In : Vertiges Rome : Marrapese, 1996 65 : 95-99
97. Paris : Acanthe-Masson, 1998 : 25-34 [36] Hall S, Ruby R, McClure JA. The mechanisms of benign [59] Perrin PH, Lestienne F. Mécanismes de l’équilibration
[12] Branchereau B, Toupet M, Ohresser M. La posturographie paroxysmal vertigo. J Otolaryngol 1979 ; 8 : 15-18 humaine. Exploration fonctionnelle, application au sport
doit être incluse dans l’examen du vertigineux. Ann Otola- et à la rééducation. Paris : Masson, 1994
[37] Halmagyi GM, Curthoys IS. A clinical sign of canal paresis.
ryngol Chir Cervicofac 1987 ; 104 : 117-125 Arch Neurol 1988 ; 45 : 737-739 [60] Podsialdo D, Richardson S. The timed ″up and go″: a test of
[13] Brandt T. Vertigo: Its multisensory syndromes. Clinical [38] Halmagyi GM, Rudge P, Gresty MA, Sanders MD. Down- functional mobility for frail elderly persons. J Am Geriatr Soc
medicine and the nervous system. Philadelphia : WB Saun- beating nystagmus: a review of 62 cases. Arch Neurol 1983 ; 1991 ; 39 : 142-148
ders, 1990 40 : 777-784 [61] Reubeb DB, Siu AL, Kimpau S. The predictive validity of self
[14] Brandt T. Otolithic vertigo. Adv Otorhinolaryngol 2001 ; 58 : [39] Herdman S, Tusa R, Zee D, Proctor L, Mattox D. Single report and performance based measures of function and
34-47 treatment approaches to benign paroxysmal positional health. J Gerontol 1992 ; 47 : 106-110
[15] Brandt T, Daroff R. Physical therapy for benign paroxysmal vertigo. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1993 ; 119 : [62] Rozzini R, Frisoni GB, Bianchetti A, Zanetti O, Trabucchi M.
positional vertigo. Arch Otolaryngol 1980 ; 106 : 484-485 450-454 Physical performance test and activities of daily living scales
[40] Honrubia V, House MG. Theoretical model for the mecha- in the assessment of health status in elderly people. J Am
[16] Brandt T, Steddin S. Current view of the mechanism of
nism of benign paroxysmal positional vertigo (BPPV). Geriatr Soc 1993 ; 41 : 1109-1113
benign paroxysmal positional vertigo: cupulolithiasis or
canalolithiasis? J Vest Res 1993 ; 3 : 373-382 24e congrès annuel de l’association de recherche en ORL. [63] Sans A, Dechesne CJ, Demmes D. The mammalian otolithic
ARO, St Petersburg, Floride, 4-8 Février 2001 receptors: a complex morphological, and biochemical
[17] Clanet M, Vellas B. Les effets du vieillissement sur la marche
et l’équilibre. In : Vincent S éd. 26e symposium de la société [41] Hood JD, Kayan A, Leech J. Rebound nystagmus. Brain organization. Adv Otorhinolaryngol 2001 ; 58 : 1-14
d’oto-neurologie de langue française, Lyon, 29 et 30 mai 1973 ; 96 : 507-526 [64] Sauvage JP, Bessede JP. Le vertige positionnel paroxystique
89. Paris : Institut Ipsen, 1992 [42] Jannetta PJ, Möller MB, Möller AR. Disabling positional bénin. Paris : Duphar éditeur, 1987
[18] Darlot C, Toupet M, Denise P. Unilateral vestibular neuritis vertigo. N Engl J Med 1984 ; 310 : 1700-1705 [65] Schuknecht H. Cupulolithiasis. Arch Otolaryngol 1968 ; 90 :
with otolithic signs and off-vertical axis rotation. Acta Oto- [43] Jongkees LW. Le nystagmus paroxystique bénin. In : 765-778
laryngol 1997 ; 117 : 7-12 Données fondamentales et cliniques sur l’équilibration. [66] Shumway-Cook A, Horak FB, Yardley L, Bronstein AM.
[19] de La Meilleure G, Dehane I, Depondt M, Damman W, Paris : Doin, 1976 Rehabilitation of balance disorders in the patient with ves-
Crevits L, Vanhooren G. Benign paroxysmal positional [44] Kattah JC, Kolsky MP, Luessenhop AJ. Positional vertigo and tibular pathology. In : Bronstein AM, Brandt T, Woollacott
vertigo of the horizontal canal. J Neurol Neurosurg Psy- cerebellar vermis. Neurology 1984 ; 34 : 527-529 M eds. Clinical disorders of balance posture and gait. Lon-
chiatry 1996 ; 60 : 68-71 don : Arnold, 1996 : 211-235
[45] Klein M. Emploi du fréon dans l’épreuve calorique. Ann
[20] De Waele C. VEMP induced by high level clicks. Adv Oto- Otolaryngol Chir Cervicofac 1980 ; 97 : 435-460 [67] Takemori S, Cohen B. Loss of visual suppression of vestibu-
rhinolaryngol 2001 ; 58 : 98-109 [46] Kubo T, Sakata Y, Sakai SI, Koizuka I, Matsunaga T, Nogawa lar nystagmus after flocculus lesions. Brain Res 1974 ; 72 :
[21] Demanez JP. L’influence de la fixation oculaire sur le nys- T. Clinical observations in the acute phase of cerebellar 213-224
tagmus post-calorique. Acta Otorhinolaryngol Belg 1968 ; hemorrhage and infarction. Acta Otolaryngol [suppl] 1988 ; [68] Tinetti ME. Performance oriented assessment of mobility
22 : 739-753 447 : 81-87 problems in elderly patients. J Am Geriatr Soc 1986 ; 34 :
[22] Demanez JP. Le complexe nucléaire vestibulaire. In : Toupet [47] Lacour M, Toupet M, Denise P, Christen Y. Vestibular com- 119-126
M éd. XVIIIe symposium ENG. Paris : Institut Ipsen, 1984 : pensation: facts, theories and clinical perspectives. Paris : [69] Tinetti ME, Ginter SF. Identifying mobility dysfunctions in
67-74 Elsevier, 1989 elderly patients: standard neuromuscular examination or
[23] Dix M, Hallpike C. The pathology, symptomatology and [48] Larmande P. Œil et cervelet. Influence du cervelet dans le direct assessment? JAMA 1988 ; 250 : 1190-1193
diagnosis of certain common disorders of the vestibular contrôle de l’oculomotricité. [thèse de doctorat], faculté [70] Torok N. The hyperactive vestibular response. Acta Otola-
system. Am J Otorhinolaryngol 1952 ; 61 : 987-1016 de médecine de Tours, 1978 ryngol 1970 ; 70 : 153-162

20
Oto-rhino-laryngologie Examen clinique et paraclinique du patient 20-199-A-10
atteint de vertiges et/ou de troubles de l’équilibre
[71] Toupet M. Nystagmus et vertiges paroxystiques bénins. [87] Toupet M, Denise P, Darlot C. Le test de rotation autour [102] Toupet M, van Nechel CH, Bodson I, Pezzini-Picart S.
Encycl Méd Chir (Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier d’un axe incliné par rapport à la gravité en pathologie Vestibular rehabilitation in the elderly. In : Guidetti G ed.
SAS, Paris), Oto-rhino-laryngologie, 20-037-A-10, 1980 : vestibulaire. In : Exposé de 15 minutes. Résumé paru dans Rehabilitative management of the dizzy patient. Milano :
1-8 le Livre du XXIXe congrès de la Société internationale d’oto- Experta Medica, 2000 : 143-166
[72] Toupet M. Les convergences visuelles et proprioceptives neurologie, les 30 juin et 1 juillet 1995, Berne. Paris : Institut [103] Tran Ba Huy P, Toupet M. Peripheral disorders in the
cervicales sur l’arc réflexe vestibulo-oculaire et le « vesti- Ipsen, 1995 otolith system. A pathophysiological and clinical
bulo-cerebellum ». Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 1982 ; [88] Toupet M, Gagey PM, Heuschen S. Vestibular patients and overview. Adv Otorhinolaryngol 2001 ; 58 : 110-127
99 : 119-129 aging subjects lose use of visual input and expend more [104] Uemura T, Cohen B. Effects of vestibular nuclei lesions on
[73] Toupet M. Le vertige positionnel paroxystique bénin, energy in static postural control. In : Vellas B, Toupet M, vestibulo-ocular reflexes and posture in monkeys. Acta
maladie idiopathique de traitement simple. J Otorhinola- Rubenstein L, Albarède JL, Christen Y eds. Falls balance and Otolaryngol [suppl] 1973 ; 315 : 1-71
ryngol 1992 ; 41 : 36-38 gait disorders in the elderly. Paris : Elsevier, 1992 : 183-198 [105] van Nechel CH. Nystagmus spontané et mouvements
[74] Toupet M. Le vertige positionnel paroxystique bénin. In : [89] Toupet M, Heuschen S, Gagey P. Postural dyscontrol in the oculaires anormaux. In : Vertiges 99. Paris : Acanthe-
Pélissier J, Brun V, Enjalbert M éd. Posture, équilibration et elderly and vestibular pathology. In : Woollacot MT, Horak Masson, 2000 : 3-20
médecine de rééducation. Problèmes en médecine de réé- F eds. Posture and gait: control mechanisms. Portland : [106] van Nechel CH, Toupet M, Bodson I. The subjective
ducation n° 26. Paris : Masson, 1993 : 81-87 University of Oregon Books, 1992 : 307-310 visual vertical. Adv Otorhinolaryngol 2001 ; 58 : 77-87
[75] Toupet M. La rééducation vestibulaire des patients présen- [90] Toupet M, Lasserre MH, Laccourreye H. Nystagmus et [107] van Nechel CH, Toupet M, Bodson I. Progression du
tant une lésion vestibulaire unilatérale récente. In : Pélissier vertige positionnel paroxystique bénin. Ann Otolaryngol contrôle postural en posturographie multi-segments. In :
J, Brun V, Enjalbert M éd. Posture, équilibration et méde- Chir Cervicofac 1982 ; 99 : 7-14 Presenté au XXXIII e symposium de la Société
cine de rééducation. Problèmes en médecine de rééduca- [91] Toupet M, Moreau JL, Frachet B, Pialoux P. Le nystagmus internationale d’otoneurologie, Genève, Suisse, le 14 et
tion n° 26. Paris : Masson, 1993 : 97-109 pseudo-calorique. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 1981 ; 15 mai 1999. Résumé paru dans le livre du congrès.
[76] Toupet M. Vidéonystagmographie en pratique de ville. 98 : 353-358 Paris : Institut Ipsen, 1999
Lettre Oto-Rhino-Laryngol Chir Cervicofac 1994 ; 174 : 18-20 [108] Vannucchi P, Giannoni B, Giuffreda P, Paradiso P, Pagnini
[92] Toupet M, Ohresser M, Branchereau B, L’héritier A, Matha
[77] Toupet M. Évolution à long terme de 168 vertiges paroxys- P. The therapy of benign paroxysmal positional vertigo
N. Vertiges et troubles auditifs chez l’adulte. Encycl Méd
tiques positionnels bénins, traités par la manœuvre. Cah of the horizontal semicircular canal. In : Versino M,
Chir (Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris),
ORL 1995 ; 30 : 425-430 Zambarbieri D eds. International workshop on eye
Neurologie, 17-018-A-10, 1999 : 1-12
movements. Pavia : Fondazione IRCCS, 1994 : 211-220
[78] Toupet M. Diversité des nystagmus des vertiges position- [93] Toupet M, Pezzini-Picard S. Comment guérir soi-même de
nels. In : Toupet M, Sauron B éd. XXXe symposium de la [109] Vellas B, Toupet M, Rubenstein L, Albarède JL, Christen
son VPPB. (livret de 12 pages). Suresnes : Solvay-Pharma, Y. Falls balance and gait disorders in the elderly. Paris :
société d’oto-neurologie de langue française, les 17 et 1997
18 mai 1996. Paris : Institut Ipsen, 1996 Elsevier, 1992
[94] Toupet M, Pezzini-Picart S. La rééducation des vertiges et [110] Vibert D, Safran AB, Häusler R. Évaluation clinique de la
[79] Toupet M. Œil pour œil, la diversité des nystagmus du des troubles de l’équilibre. (cinq livrets de 16 pages). fonction otolithique par la mesure de la cyclotorsion
vertige positionnel paroxystique bénin. Film vidéo de Suresnes : Solvay-Pharma, 1997 oculaire et du strabisme vertical. In : 25e symposium
11 minutes, réalisé par M. Dozier, produit par Solvay-
[95] Toupet M, Pezzini-Picart S, Bodson I. La rééducation vesti- d’oto-neurologie de la langue française. Lisbonne 17 et
Pharma, Paris, 1996
bulaire du sujet âgé. Neuroscopie 1998 ; 2 : 8-13 18 mai 1991. Paris : Institut Ipsen, 1991
[80] Toupet M. Hallucinations ou illusions vestibulaires ? Film [111] Wiener DK, Bongiorni DR, Studenski SA, Duncan PW,
vidéo de 10 minutes. In : Résumé paru dans le livre du [96] Toupet M, Pezzini-Picart S, Bodson I. La rééducation de
l’équilibre du sujet âgé. Les entretiens de Bichat. Méde- Kochersberger GG. Does functional reach improve with
congrès, publié par l’Institut Ipsen. Exposé de 15 minutes.
cine, Livre du congrès, 13 sept 1999 rehabilitation? Arch Phys Med Rehabil 1993 ; 74 :
Résumé paru dans le livre du XXIXe congrès de la Société
796-800
internationale d’otoneurologie, les 14 et 15 mai 1999, [97] Toupet M, Pialoux P. Le nystagmus perverti. Ann Otolaryn-
Genève. Paris : Institut Ipsen, 1999 gol Chir Cervicofac 1981 ; 98 : 319-338 [112] Wiener-Vacher S. Clinical application of the off vertical
axis rotation test OVAR. Adv Otorhinolaryngol 2001 ; 58 :
[81] Toupet M, André M. Le bon usage de la rééducation vesti- [98] Toupet M, Piketty B. 39 cas de syndrome de Lindsay- 88-97
bulaire dans le traitement des vertiges. FMC Hebdo 1999 ; Hemenway : association d’une névrite vestibulaire et d’un
48 : 17-18 [113] Wilmouth G, Toupet M, Jousselin JM. Examen de la
vertige paroxystique positionnel bénin du même côté. Cah charnière sous-occipitale des patients présentant un
[82] Toupet M, Bensimon JL. Difficultés et pièges dans le dia- ORL 1995 ; 30 : 445-449 vertige positionnel paroxystique bénin. Rev Méd Orthop
gnostic différentiel du vertige paroxystique positionnel [99] Toupet M, Semont A. La physiothérapie du vertige posi- 1997 ; 48 : 23-27
bénin. Cah ORL 1995 ; 30 : 417-423 tionnel paroxystique bénin. In : Hausler R éd. XIXe Sympo- [114] Yardley L, Lerwil H, Hall M, Gresty M. Visual
[83] Toupet M, Bodson I, Pezzini-Picart S. La rééducation vesti- sium d’ENG de langue française, Genève, 1-3 mars 1985. destabilisation of posture. Acta Otolaryngol 1992 ; 112 :
bulaire du sujet âgé. In : Jacquot JM, Strubel D, Pélissier J éd. Paris : Ipsen, 1985 : 21-27 14-21
La chute de la personne âgée. Problèmes en médecine de [100] Toupet M, Toupet F, Ohresser M, Caudal A. Les vertiges [115] Zee DS, Hain TC. Otolith-ocular reflexes. In : Sharpe JA,
rééducation n° 36. Paris : Masson, 1999 : 240-247 du paramenstrum. Rev ONO 1995 ; 67 : 5-15 Barber HO eds. The vestibulo-ocular reflexes and vertigo.
[84] Toupet M, Codognola S. Vertige positionnel paroxystique New York : Raven Press, 1993 : 69-78
bénin. Optimisation de sa physiothérapie. Rev ONO 1988 ; [101] Toupet M, Tran Ba Huy P. La fonction otolithique. Un
film réalisé avec la collaboration de Wiener-Vacher S, de [116] Zeitoun A. Instabilité, vertiges : rééducation. Kinésithér
60 : 25-33 Prat 1994 ; 42 : 2-5
Waele C, Baudonnière PM, Toupet M, Tronche D,
[85] Toupet M, Darlot C. Nystagmus provoqué et regard excen- Heuschen S, Pézzini-Picart S, van Nechel C. Réalisation [117] Zilstorff K, Thomsen J, Johnsen NJ. Positional nystagmus
tré volontaire et loi d’Alexander. Rev ONO 1990 ; 62 : 5-15 technique : Dozier M. Première : 30 juin 2000, à Cannes, of persistent type. In : Hood JD ed. Vestibular
[86] Toupet M, De Gramont A, Bacri D, Haguenau M, Pepin B. pour le symposium satellite UCB sur les vertiges. Prix du mechanisms in health and disease, VIth extraordinary
Le flutter-opsoclonie. À propos de trois observations. Rev meilleur film scientifique, à Filmed, le festival du film meeting of the Bàràny society, London : Academic press,
Neurol 1982 ; 138 : 219-239 médical, à Amiens, le 20 septembre 2000 1978 : 211-269

21

También podría gustarte