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Michel Balat
1La triade en psychanalyse: Peirce, Freud et Lacan, de Michel Balat. Thèse de Doctorat d'Etat es-
Lettres. Publiée sous le titre Des Fondements sémiotiques de la psychanalyse, L’Harmattan, 2000.
2 On pourra se reporter par exemple à La saga freudienne de Paul Roazen (1986) ou à La bataille de
cent ans d'Elisabeth Roudinesco (Tome 1, 1982; Tome II, 1986).
3 "L'instance de la lettre dans l'inconscient" in Ecrits, Lacan, p.ll.
que celle-ci accepterait de cesser d'identifier psychique et conscient. On sait même
qu'il rédigea, aux premier temps de son élaboration, un essai de psychologie
scientifique4. Cette tentative n'eut guère de suite et, à côte de l'enrichissement de la
clinique psychanalytique, Freud se consacra par la suite à la constitution d'une
"métapsychologie". Or les développements de la psychologie ont rendu le point de
vue freudien problématique: en tout état de cause les rapports
psychanalyse/psychologie ne sauraient être analysés en termes d'inclusions.5
Lacan va apporter des éléments de solution concernant la place de la psychanalyse.
Pour lui (tout au moins dans un premier temps), c'est le pur jeu du signifiant qui fonde
l'inconscient et le sujet. Le signifiant étant un des éléments-clé de la linguistique, c'est
donc à celle-ci comme science que la psychanalyse fait appel pour se constituer. Il ne
relèvera pas le fait que, pour Saussure, la linguistique, comme branche spéciale d'une
Sémiologie qui l'englobe, est partie intégrante de la Psychologie, et que dès lors il y a
sans doute quelque petitio principii dans le fait de s'appuyer sur le signifiant pour
fonder le "sujet" de la psychologie.
Ceci montre que Lacan avait dès l'origine l'intention de garder les mains libres vis-à-
vis de cette linguistique ou de cette sémiologie. Il l'a largement prouvé par la suite.
Parvenu à la maturité de son élaboration, Lacan reconnaîtra que cette théorie ne lui a
pas permis d'aller aussi loin qu'il l'aurait désiré, réduisant dès lors l'ensemble des
emprunts qu'il lui avait fait a ce qu'il appellera une "linguisterie".
A notre sens il y a un quiproquo au point de départ de la théorie lacanienne du
signifiant: il s'agit de la confusion entre le signifiant conçu, défini, comme un des
sujets de la dyade signifiant/signifié - dans laquelle le signe paraît trouver son unité -.
et le signifiant comme un des sujets de la triade signifiant/sujet (de l'Ics)/autre
signifiant. Certes Lacan tentera d'établir la barre qui sépare S et s comme un tiers
terme dans la définition du signe, mais on ne transforme pas ainsi la logique interne
dyadique de la théorie tirée des leçons de Saussure en une logique triadique, qui est
celle dans laquelle à l'évidence il se trouvait. Nous pouvons même ajouter qu'il reçoit
cette logique de Freud, pour qui, si l'on peut dire, les bonnes bases d'une théorie vont
toujours par trois: Ics, Pcs, Cs, ou Moi, Ça, Surmoi, ou même Inhibition, Symptôme,
Angoisse.
On pourrait comprendre alors que nous nous soyons tourné vers le penseur de la
logique triadique et père de la sémiotique moderne, Peirce6, afin de voir s'il n'était pas
possible de reconsidérer la tentative lacanienne à l'aide des développements de la
sémiotique. Nous nous sommes dès lors peu préoccupé de ce qu'on appelle la
Sémiologie qui se donne comme la généralisation à l'étude des signes des outils de la
linguistique dyadique saussurienne.
On sait que la sémiotique peircienne se définit comme une théorie des inférences des
Que l'interprétant ne soit pas conçu comme l'interprète et nous voici placé devant une
nouveauté dans ce champ: puisqu'il n'est fait aucunement appel au sujet de la
psychologie dans cette définition du signe, peut-être va-t-elle pouvoir nous permettre
de le fonder. C'est ce que nous nous efforcerons de montrer, à la suite de Lacan.
Cette définition a pour autre conséquence le fait que ce processus est ad infinitum.
Bien entendu, il n'est alors "que" potentiel: ce caractère infini le montre à l'évidence.
La sémiose actuelle, c'est-à-dire celle qui a une forme d'"heccéite", ne saurait être
décomposable en une infinité d'actes, fussent-ils triadiques.
Enfin, soulignons aussi que le jeu des déterminations intervenant dans la sémiose fait
que R (le representamen) représente O (l'objet) "pour" I (l'interprétant). Qu'est-ce à
dire, sinon que I a aussi pour objet ,d'un certain point de vue, le representamen R lui-
même (ou plutôt, dira Peirce, la relation R/O8). Intervient dès lors une autre série dans
laquelle I, comme representamen, représente R (ou R/O) pour un autre interprétant I'.
Nous pourrions représenter comme sur la Figure II le diagramme du processus
d'ensemble.
7Cf. "Quelle philosophie pour la sémiotique peircienne? Peirce et la sémiotique grecque" de Gérard
Deledalle in Semiotica 63 - 3/4 (1987), pp. 241-751.
8Cf. 2-274 (pages 185/187 de la thèse citée). Le premier nombre indique le numéro du tome des
Collected Papers de Peirce, le second, le numéro du paragraphe dans le tome.
U ti lisez Word 6.0c (ou ultŽrieur)
Ce processus potentiel est donc une structure en réseau triadique assez complexe,
comme une sorte de toile d'araignée. On pourra en trouver une représentation en un
diagramme non-linéaire dans la figure III.
Utilisez Word 6.0c (ou ultŽrieur)
Quelle que soit la forme que nous donnions au diagramme — et nous utiliserons de
préférence ici celui de la figure II —, on peut y voir trois niveaux: deux parties
séparées par une frontière. Une partie "fixe". domaine de l'objet — invariant dans la
sémiose, domaine de la détermination du signe —, une partie efflorescente, domaine
des interprétants, de la surinterprétation, que nous pourrions encore qualifier
"domaine de la surdétermination" afin de rapprocher ces éléments et leur structure de
la surdétermination freudienne, une frontière, celle de la "ligne des interprétants", en
tant que d'un côte elle révèle le monde objectal et que de l'autre elle subit le poids de
la structure interprétante.
C'est dans ce cadre potentiel que va se dérouler la sémiose actuelle: déterminée par
l'objet, elle est surdéterminée par la structure interprétante. Si l'on se réfère à la
succession des interprétants en acte dans la sémiose actuelle comme au lieu des
énoncés, on peut dire que ce dernier est déterminé par l'objet et gouverné par la
structure; mais celle-ci étant elle-même déterminée par l'objet, on peut voir qu'en
quelque sorte la structure interprétante gouverne ce qui la détermine Ceci nous
semble être de la plus grande importance: c'est la clé même de la conception du
fameux déterminisme psychique freudien. Rien de ce qui se produit en terme
d'énoncé ne l'est sans un objet qui le détermine et une structure qui le surdétermine.
Comme déterminé par l'objet, l'énoncé participe de la pulsion, lui donne corps;
comme surdéterminé par l'instance interprétante il participe de la structure et la
révèle.
Cette conception de la sémiose ouvre des possibilités de repérage des catégories
freudiennes, permet de rendre compte des catégories lacaniennes, mais est surtout une
conséquence de l'approche catégorielle peircienne.
Inconscient/Préconscient/Conscient: l'inférence
Sa seconde topique, Moi, Ça, Surmoi11, ne recouvre pas, bien entendu, la première. Si
la Ça est inconscient, des parties du Moi et du Surmoi le sont aussi. On sait que cette
seconde topique est plus en rapport avec la conception des pulsions. Le Ça apparaît
comme le réservoir des pulsions, le Surmoi comme l'instance symbolique ancestrale,
le Moi comme instance fondamentale de compromis entre le Ça, le Surmoi et la
réalité extérieure. Lacan fera remarquer, même s'il ne l'a pas formulé spécifiquement
ainsi, que si le Moi est ce avec quoi l'on pense, le Ça est ce qui pousse à la pensée, le
Lacan pour sa part, avec ses trois catégories, l'Imaginaire, le Réel et le Symbolique, a
tenté de rendre compte de l'élaboration freudienne, les puisant dans la logique
"sémiotique" du fondateur de la psychanalyse. Car Lacan présente ses catégories à
partir du langage. Nous faisant vivre, avec son "stade du miroir"12, la constitution de
l'Imaginaire, Lacan nous montre que celui-ci est tributaire non seulement d'une
altérité, l'"autre" du miroir, mais aussi d'un énoncé en troisième position, celle
forgeant la place de l'Autre, qualifiant l'identité de l'enfant et de son image spéculaire.
Cette catégorie de l'Imaginaire apparaît ainsi comme un élément basique, premier,
d'une tiercéité à son étiage. Elément fondamental dans la triade lacanienne,
l'Imaginaire se présente donc comme la priméité de la tiercéité en quelque sorte
entifiée. Le monde des formes qu'est l'Imaginaire sera celui à partir duquel le sujet
construira sa réalité.
Certes le réel "précède la pensée", dira-t-il, "mais (il) prend des formes différentes
selon la manière dont le sujet s'en accommode"13. Le Réel sera dès lors inféré par le
langage comme ce qui l'a déterminé, point de vue que Peirce partagera concernant
l'objet du signe. Pour Lacan donc, "le langage a une sorte d'effet rétrospectif qui lui
fait déterminer ce qu'en dernier recours il désigne comme réel"14. On peut voir ici
comment la référence lacanienne au réel va pouvoir éclairer bien des points, que l'on
peut parfois juger obscurs, portant sur l'objet du signe dans la sémiotique peircienne.
De ce point de vue, il est remarquable de voir l'évolution de la conception de l'"objet
petit a" au cours des séminaires de Lacan: du statut imaginaire pré-symbolique à celui
de "couverture" du dernier réel, l'"objet petit a" devient ce qui reste après que l'on ait
enlevé toutes les "pelures" imaginaires. On saisit effectivement ici la proximité de
ceci avec l'"objet" du signe qui, sous les espèces de l'"objet immédiat" ou celles de
l'"objet dynamique", recouvre le champ analysé par Lacan concernant le réel. Les
12 Cf. "Le stade du miroir comme formateur de la fonction de 'je"' in Ecrits, Lacan.
13 Ecrits, Lacan, p.232.
14 Ecrits, Lacan, p.232.
"pelures" de Lacan sont les "objets immédiats" peirciens, présentant dans le signe les
effets de l'"objet dynamique".
Enfin, le symbolique lacanien n'est autre que le langage lui-même dans sa structure.
Certes il s'agit pour Lacan de rendre compte aussi de la "surdétermination"
freudienne. Mais nous pouvons voir en quoi c'est la tiercéité comme telle qui est ici
en question. Si, sur la question de l'objet, c'est la dimension de secondéité de la
tiercéité du signe qui était en cause, c'en est maintenant la tiercéité même.
Cela nous donne l'occasion de faire une remarque générale concernant ces jeux
d'écriture. Ils produisent des éléments dont le statut est incertain, sinon au niveau de
la production — où, au contraire, il est particulièrement précis et clair —, mais à celui
de l'interprétation. Tout jeu d'écriture nécessite une interprétation, une analyse, afin
de savoir la place des éléments qu'il constitue, leur statut réel, leur effet attendu, leur
importance. Voici deux démarches qui ne s'opposent pas: celle de l'analyse d'un
concept au contours indécis par ses corrélations avec d'autres concepts, à la
constitution d'une hypothèse théorique — comme la présentation par Lacan de ses
trois catégories triadiquement liées —. ou de la formation d'objets théoriques à la
reconnaissance de ceux-ci dans la réalité — du type des "jeux" catégoriels ci-dessus.
Ces deux démarches sont complémentaires et sont sans doute même le fondement de
tout véritable procès d'élaboration, contraignant à la traduction d'un des systèmes
dans un autre. Ce sont des considérations semblables qui ont justifié le type
d'exposition que nous avons choisi dans notre thèse.15
Nous pouvons alors reprendre les éléments que nous avions posés au début de cet
article, en abordant la question du signifiant et du representamen. Nous disposons
pour' cela de deux définitions précises: celle de Lacan pour le signifiant, celle de
Peirce pour le representamen.
Pour Lacan, donc, le signifiant représente le sujet pour un autre signifiant. On trouve
parfois cette formule: le signifiant est ce qui représente le sujet pour un autre
signifiant. Ce qui est véritablement une définition. Le signifiant est certes partie
prenante du signe (saussurien) dans la dyade signifiant/signifié, mais, en tant que tel,
il ne participe pas directement de la représentation de l'objet du signe — duquel il se
donne comme presque indépendant —. mais il devient le support du sujet — et
même, dirons-nous, du sujet de l'inconscient —, dans la mesure où y règnent les deux
mécanismes fondamentaux que sont la métaphore et la métonymie, celle-ci
établissant le déplacement de signifiant à signifiant, celle-là mettant "en
représentation" un autre signifiant. Si le sujet de l'inconscient se soutient du
signifiant, c'est donc qu'il est victime d'une double contrainte: l'aliénation au
signifiant qui le porte et la division entre les deux signifiants qui le révèlent. C'est
donc comme aliéné et fondamentalement divisé que le sujet de l'inconscient accède à
l'être, puisque ce qui le porte, le signifiant, est dans le même temps ce qui lui conteste
sa place, puisqu'il le représente, mais aussi celui qui l'efface dans l'intervalle des deux
Métaphore et métonymie
Lacan met en lumière ces deux mécanismes fondamentaux que sont la métaphore et
la métonymie, comme recouvrant respectivement la condensation et le déplacement
freudiens. Ce sont ces éléments qui, dans l'inconscient, répondent à l'énoncé dans la
parole.
La métonymie — ou le déplacement dans le rêve — concerne les différents
representamens de l'objet du signe, ou plutôt, dirons-nous, la capacité des différents
representamens d'être "causés" par un même objet. De ce point de vue le
representamen-interprétant est toujours une métonymie du representamen précédent.
La métaphore — ou la condensation dans la rêve — concerne les différents
interprétants du signe, à savoir leur capacité, comme interprétants, de représenter le
rapport du representamen à l'objet. Ce sont bien les deux fonctions essentielles de
l'interprétant peircien. Dans le signe potentiel, la métonymie est donc l'opération par
laquelle se soutient la "ligne des interprétants", la métaphore, celle par laquelle se
constituent les interprétants du demi-plan supérieur. L'essentiel à saisir ici est que ces
deux éléments interviennent en quelque sorte indépendamment de tout acte —
apparaissant ainsi comme éléments de priméité, des conditions formelles de l'acte
qu'est la sémiose et, de fait, de l'acte qu'est le transfert. Rapporté au rêve, le contenu
latent semble ainsi être une sorte de sémiose potentielle, à l'état primitif, un peu
comme pourraient être considérés les nombres dans leur structure.
Nous avons pu montrer dans notre thèse qu'en fait l'image, la métonymie et la
métaphore étaient la condition, respectivement, de l'icône, de l'indice et du symbole.
C'est-à-dire qu'il est nécessaire que ce que Peirce appelle la "matière même de la
pensée", l'icône, soit prête à cette mise à distance de l'objet que présentent l'indice
(relativement, puisqu'il se donne comme un "morceau" de celui-ci) et le symbole
(absolument, puisque son seul lien à l'objet est la structure toute entière). La question
de la construction de la réalité est totalement dans cette condition. Pour le sujet,
l'indice est sa condition d'appartenance au monde, puisqu'il en est, par lui, un morceau
représentatif. Le symbole, lui, par la réflexivité qu'il incarne, le garantit dans son être
de langage, le fait sujet de la parole — qui est la sémiose en acte. La psychanalyse a
largement montré — tout particulièrement depuis les travaux de Lacan sur la
psychose — que cette question de la métaphore conditionne totalement l'entrée de
l'homme dans la langage.
Bien entendu, ces mécanismes fondamentaux par lesquels le sujet se déploie
indiquent une dimension, non encore abordée ici, de type métaphysique. Car il nous
faut bien supposer un lien réel entre le sujet, au sens où nous l'avons présenté, et
l'objet du signe pour que l'ensemble de cette construction tienne sa place dans la
réalité.
Nous avons vu que, d'une certaine manière, le sujet se présente dans la sémiose de
manière telle qu'il occupe, par construction pourrions-nous dire, l'antériorité
structurelle qui dans la réalité est celle de l'objet. Il se présente dans la structure
comme un analogue de l'objet dans la réalité de la sémiose vivante. La définition
même de Lacan exprime bien que son sujet est en position objectale (au sens de
l'objet peircien) puisqu'il est ce que le signifiant représente pour un autre signifiant.
La question que nous abordons est celle, en métaphysique, de la Vérité. Certes, le
sujet subit dans notre propos un renversement puisqu'il passe de l'évidence du sujet de
la psychologie ou de la phénoménologie classique à la construction du sujet (et sa
reconstruction) de la psychanalyse. Dès lors le problème de la Vérité ne saurait être
posé de manière analogue à celle du champ traditionnel de la métaphysique. Nous
nous contenons d'indiquer ce changement d'optique, n'ayant pas la prétention
d'assumer la totalité du débat philosophique qu'il suppose. Il nous semble que
Juranville pose correctement le problème dans son ouvrage Lacan et la philosophie.
Bornons-nous à constater que cette dimension de Vérité est posée des l'origine par
Freud. Comment le contenu manifeste du rêve peut-il être d'une quelconque manière
la source de lecture du contenu latent si la vérité de ce dernier ainsi que l'articulation
au précédent, donc celle du "processus primaire", n'était pas supposée? Pour Lacan,
cohérent en cela avec sa position sur la langue, la vérité n'est que par le langage qui la
porte et la révèle, la voilant par cela même. La Vérité se dit. En fuit, elle se mi-dit,
indiquera-t-il, allant jusqu'à proférer: "Moi, la Vérité, je parle"19. Cette formule,
célèbre, montre bien dans sa construction même la position d'objet ("moi") et celle de
sujet ("je") qu'elle reçoit de la parole. Peirce abordera lui aussi le concept de Vérité à
l'aide de la sémiose: l'Esprit (the mind) est un sème (un terme, une fonction
propositionnelle) de la Vérité20. Pourtant la sémiose est, en réalité, faillible, et
nécessite d'être concue comme une enquête (inquiry) constante. Nouant Abduction
(l'hypothèse), Déduction (la construction logique — au sens étroit) et Induction
(l'appui de l'expérimentation), l'enquête peircienne est la sémiose et trouve un
fondement métaphysique dans la Vérité en tant qu'elle est une adéquation des choses
et de l'esprit.
Dans une démonstration magistrale21, Lacan saura montrer que la Vérité parle "de"
l'objet (au double sens du terme). En tant que telle, elle est en quelque sorte le
substrat métaphysique de l'inconscient, le "noyau de l'être" — pour reprendre un
terme freudien.
Conclusion
Pour garder quelque valeur démonstrative à nos propos, il ne nous a pas paru
possible, dans le cadre de cet article, d'aborder certaines des questions importantes
concernant les rapports entre la sémiotique (et la philosophie) peircienne et la
psychanalyse. Nous faisons ici allusion à ce qui, dans notre thèse, fait référence à la
question du savoir, de l'articulation même de la sémiose, des types de discours, des
identifications, et bien d'autres encore.
Il nous semble toutefois avoir montré les conditions du déploiement de notre
hypothèse: si l'on peut comparer, faire s'interpénétrer, psychanalyse et sémiotique,
c'est parce que cette dernière a su, dans les développement que Peirce lui a donnés,
rendre compte du "décentrage" du sujet de la psychologie. Freud avait affirme avoir
fait une "révolution copernicienne": c'était celle-là. De même qu'après Copernic
l'homme ne pouvait plus croire à cet effet de l'anthropocentrisme qu'était la
représentation ptolémaïque, après Freud l'évidence du sujet disparaît au profit du
signe, ou du signifiant.
Restait à établir des ponts, a construire des jonctions entre deux théories dont les
racines et les conditions de surgissement sont si différentes. Il nous semble que nous
avons fait un pas, probablement encore maladroit, dans ce sens, en pratiquant une
sorte de "traduction", de transfert d'un système de pensée dans l'autre. Par là-même
peut-être avons-nous pu avancer sur la question de la "calculabilité" du sujet, donc de
la psychanalyse comme praxis. Bien du chemin reste à faire, et nous tentons
actuellement l'ébauche de quelques nouveaux frayages dans la direction que nous
venons d'indiquer dans cet article. Ce chemin est encore incertain, mais notre
faillibilisme foncier nous soutient.
Inconscient/Préconscient/Conscient: l'inférence....................................................................4
Imaginaire/Réel/Symbolique .................................................................................................6
Conclusion .............................................................................................................................10
Références ..............................................................................................................................11