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Berlioz-Los Troyanos PDF
Berlioz-Los Troyanos PDF
Héctor Berlioz
Personajes
(L’emplacement du camp abandonné des Grecs dans (El emplazamiento del campamento abandonado por
la plaine de Troie. A gauche du spectateur et à los griegos ante Troya. A la izquierda, detrás de las
quelque distance dans l’intérieur de Troie, la murallas, la Ciudadela. A la derecha, el Simois y, en
Citadelle. A droite, le Simoïs, et sur l’un des bords un una de sus orillas, un túmulo, la tumba de Aquiles.
tumulus, le tombeau d’Achille. Au loin les sommets Un altar de campaña delante en la escena y, junto a
du mont Ida. Un autel champêtre sur l’avant-scène et él, un trono sobre un podio.)
près de l’autel un trône élevé.)
(Le peuple troyen se répandant joyeusement dans la (El pueblo troyano se divierte alegremente en la
plaine. Soldats, citoyens, femmes, et enfants. llanura. Soldados, ciudadanos, mujeres y niños.
Danses, Bailes y juegos. Tres pastores tocan la flauta doble
jeux divers. Trois bergers jouent de la double flûte au sobre la tumba de Aquiles.)
sommet du tombeau d’Achille.)
CHOEUR CORO
Ha! ha! ¡Ja, ja!
Après dix ans passés dans nos murailles. Muchos días hemos pasado tras las murallas.
Ah! quel bonheur de respirer ¡Ah, qué felicidad poder respirar de nuevo
l’air pur des champs, que le cri des batailles el aire puro del campo que el fragor
ne va plus déchirer. de la batalla nos había arrebatado!
(Jeunes garçons et enfants accourant avec des débris (Jóvenes y niños acuden llevando despojos de la
d’armes à la main.) batalla.)
UN SOLDAT UN SOLDADO
Savez-vous quelle tente ¿Sabéis qué tienda
En ce lieu même s’élevait? estaba en este mismo lugar?
CHOEUR CORO
Non! Dites-le... C’était? ¡No! Dínoslo... ¿De quién era?
LE SOLDAT EL SOLDADO
Celle d’Achille. De Aquiles.
Los Troyanos /3
CHOEUR CORO
(Se reculant avec terreur) (Retroceden aterrorizados.)
Dieux! ¡Dioses!
LE SOLDAT EL SOLDADO
Restez, troupe vaillante! ¡No corráis, tropa de valientes!
Achille est mort, vous pouvez voir ici Aquiles está muerto,
Sa tombe, la voici. podéis ver aquí su tumba... ¡Ahí está!
CHOEUR CORO
C’est vrai; de ce monstre homicide Cierto, Paris nos libró de ese monstruo homicida.
Pâris nous délivra. - Connais-tu le cheval ¿Has visto el caballo de madera
De bois, qu’avant de partir pour 1’Aulide que, antes de partir hacia la Hélade,
Construisirent les Grecs? - Ce cheval colossal, nos han regalado los griegos?
Leur offrande à Pallas, dans ses vastes entrailles ¡Es enorme!... Es una ofrenda a Palas.
Tiendrait un bataillon. On abat les murailles. En sus entrañas cabría un batallón.
Dans la ville, ce soir, nous allons le traîner; Al anochecer lo llevaremos a la ciudad,
On dit que le Roi vient tantôt l’examiner! pero antes y debido a su tamaño,
Où donc est-il? - Sur le bord du Scamandre! tendremos que romper las murallas.
Il faut le voir sans plus attendre! El rey regresa del Escamandra y viene a verlo.
Courons! courons! Le cheval! le cheval! ¡Corramos!... ¡Corramos también a verlo!
(Pendant la fin de la scène précédente, Cassandre a (Mientras acaba la escena anterior, Casandra aparece
paru au milieu des groupes, parcourant la plaine avec agitada, caminando por la llanura. Tiene la mirada
agitation. Son regard est inquiet et égaré.) inquieta y perdida.)
CASSANDRE CASANDRA
Les Grecs ont disparu!... mais quel dessein fatal ¡Los griegos partieron! Pero, ¿qué siniestra
Cache de ce départ l’étrange promptitude? intención se esconde tras esta precipitada partida?
Tout vient justifier ma sombre inquiétude! ¡La inquietud me invade!
J’ai vu l’ombre d’Hector parcourir nos remparts He visto la sombra de Héctor recorrer las murallas
Comme un veilleur de nuit, j’ai vu ses noirs regards como un espíritu nocturno y, con su oscura mirada,
Interroger au loin le détroit de Sigée... observar a la destruida Sigea... ¡Ay, desgracia!
Malheur! dans la folie et l’ivresse plongée La locura se ha apoderado de la multitud
La foule sort des murs, et Priam la conduit! y abandona las murallas... ¡Príamo va a la cabeza!
Malheureux Roi! dans l’éternelle nuit, ¡Desdichado rey!
C’en est donc fait, tu vas descendre! ¡Has caído en las tinieblas eternas!
Tu ne m’écoutes pas, tu ne veux rien comprendre, ¡No me escuchas, no quieres entenderme!
Malheureux peuple, à l’horreur qui me suit! ¡Pueblo infeliz, mi funesto presagio se cierne sobre ti!
Chorèbe, hélas, oui, Chorèbe lui-même ¡Ay de mí! ¡Incluso Corebo cree que estoy loca!
Croit ma raison perdue!... A ce nom mon effroi ¡Cuando digo su nombre, el terror invade!
Redouble! O Dieux! Chorèbe! il m’aime! ¡Oh, dioses! ¡Corebo y yo nos amamos!
Il est aimé! mais plus d’hymen pour moi. Pero no habrá himeneo para mí...
Plus d’amour, de chants d’allégresse, No tendré esponsales,
Plus de doux rêves de tendresse! ni cantos festivos,
De l’affreux destin qui m’oppresse ¡ni tiernos y dulces sueños!
Il faut subir l’inexorable loi! ¡Él deberá cargar con mi destino inexorable!
Chorèbe!... il faut qu’il parte et quitte la Troiade. ¡Corebo!... Debes abandonar Troya...
CASSANDRE CASANDRA
C’est lui! ¡Es él!
CHORÈBE COREBO
Quand Troie éclate en transports jusqu’aux cieux ¡Cuando Troya estalla de felicidad,
Vous fuyez les palais joyeux tú huyes del alegre palacio
Pour les bois et les champs, pensive hamadryade! y te refugias en los bosques y campos.
De vous on s’inquiète... ¡Estaba intranquilo por ti, oh hamadríada!
CASSANDRE CASANDRA
Ah! je cache à vos yeux ¡Ay, deseo esconder ante tus ojos
Le trouble affreux dont mon âme est remplie! el terrible temor que anida en mi alma!
4/ Los Troyanos
CHORÈBE COREBO
Cassandre! ¡Casandra!
CASSANDRE CASANDRA
Quitte-moi! ¡Déjame!
CHORÈBE COREBO
Viens! ¡Ven!
CASSANDRE CASANDRA
Pars, je t’en supplie! ¡Vete, te lo ruego!
CHORÈBE COREBO
Moi, partir! ¿Irme?
Te quitter quand le plus saint des noeuds... ¡Dejarte cuando el más santo de los nudos...
CASSANDRE CASANDRA
C’est le temps de mourir et non pas d’être heureux. Ha llegado la hora de morir, no de alegrarse.
CHORÈBE COREBO
Reviens à toi, vierge adorée! ¡Vuelve en ti, virgen adorada!
Cesse de craindre en cessant de prévoir; Deja de desconfiar, de vaticinar,
Lève vers la voûte azurée alza la mirada de tu alma serena
L’oeil de ton âme rassurée. hacia la bóveda azul.
Laisse entrer en ton coeur un doux rayon d’espoir. Deja entrar en tu corazón un rayo de esperanza.
CASSANDRE CASANDRA
Tout est menace au ciel! Crois en ma voix qu’inspire ¡El cielo nos amenaza! Cree en mis palabras
Le barbare dieu même à nous perdre acharné. Inspiradas por el mismo dios que nos destruirá.
Au livre du destin mon regard a su lire, Mi ojos han visto el libro del destino.
Je vois l’essaim de maux sur nous tous déchaîné! ¡Veo un sinfín de males caer sobre nosotros!
Il va tomber sur Troie! ¡Se precipitarán sobre Troya!
A sa fureur en proie, Veo que ante su furor,
Le peuple va rugir el pueblo gemirá
Et de son sang rougir y, con su propia sangre,
Le pavé de nos rues; enrojecerá el suelo de las calles.
Les vierges demi-nues, Veo a las vírgenes semidesnudas,
Aux bras des ravisseurs, en brazos de sus captores.
Vont pousser des clameurs ¡Gimiendo querrán tapar
A déchirer les nues! su desnudez!
Déjà le noir vautour, ¡El negro buitre,
Sur la plus haute tour desde la más alta de las torres,
A chanté le carnage! ha divisado ya la carnaza!
Tout s’écroule! tout nage ¡Todo caerá
Sur un fleuve de sang, sobre un río de sangre!
Et dans ton flanc ¡Y en tu costado
Le fer d’un Grec!... Ah! una espada griega!... ¡Ah!
(Chorèbe soutient un instant dans ses bras (Corebo sostiene en sus brazos a Casandra medio
Cassandre à demi évanouie.) desmayada.)
CHORÈBE COREBO
Pauvre âme égarée! ¡Pobre alma perdida!
Reviens à toi, vierge adorée, etc. Vuelve en ti, virgen adorada, etc.
CASSANDRE CASANDRA
La mort déjà plane dans l’air... La muerte planea ya en el aire...
Et j’ai vu le sinistre éclair ¡Veo el siniestro relámpago
De son froid regard homicide! de su fría mirada homicida!
Si tu m’aimes, va-t’en - ¡Si me amas, vete!...
Pars!... va rendre à ton père ¡Vete!...
Un appui nécessaire Ve a dar a tu padre
A ses vieux ans, un apoyo necesario en su vejez.
Inutile pour nous. No hay esperanza para nosotros...
CHORÈBE COREBO
Eh, de quel oeil, si de tels maux sur nous Si tu mirada predice tales males para nosotros,
Devaient tomber, chère insensée, querida insensata,
Mon père me reverrait-il ¿crees acaso que mi padre me recibiría
Fuyant ma fiancée sabiendo que he abandonado a mi prometida
Au moment du péril? en un momento de tal peligro?
Mais le ciel et la terre, Pero el cielo y la tierra,
Oublieux de la guerre, olvidando ya la guerra,
Proclament ton erreur. proclaman tu error.
Los Troyanos /5
Cette tiède douceur Siente la tibia dulzura
Du souffle de la brise de la brisa
Et cette mer qui brise que mece las olas del mar
Si mollement ses flots en los acantilados de Ténedos.
Aux caps de Ténédos; Mira los apacibles rebaños
Sur la plaine ondoyante que sobre el valle ondulante
Ces tranquilles troupeaux, guía el pastor.
Ce pâtre heureux qui chante Oye el alegre canto
Et ces joyeux oiseaux de los juguetones pájaros
Semblent ne faire entendre, que parecen hacerse entender.
Sous le céleste dais, Bajo el celeste dosel
Et partout ne répandre y por todas partes,
Que l’hymne de la paix. se escucha un himno de paz.
CASSANDRE CASANDRA
Signes trompeurs! calme perfide! ¡Signos sutiles y calma aparente!
La mort déjà plane dans l’air, La muerte planea ya en el aire.
Et j’ai vu le sinistre éclair ¡Veo el siniestro relámpago
De son froid regard homicide! de su fría mirada homicida!
Quitte-nous dès ce soir, Márchate antes que anochezca...
Entends-moi, je t’implore, Sigue mi consejo... ¡Te lo ruego!
Dans nos murs que l’aurore Que no te sorprenda la aurora
Ne puisse te revoir! dentro de la ciudad.
D’épouvante j’expire ¡Mi corazón se rompe de dolor
Et mon coeur se déchire! en mil pedazos!
Pars ce soir, ¡Vete esta misma noche,
pars ce soir! vete esta noche!
CHORÈBE COREBO
Te quitter, dès ce soir! ¿Dejarte esta noche?
Cassandre! et je t’adore! Casandra, ¡pero si yo te adoro!
Sauve-moi, je t’implore, Sálvame, te lo ruego,
D’un affreux désespoir. de una horrible desesperación.
Tu veux donc que j’expire? ¿Acaso no ves que si parto moriré?
Sans pitié peux-tu dire: ¿Cómo puedes decir que me marche esta noche?
Pars ce soir, pars ce soir! ¡Esta misma noche?
CASSANDRE CASANDRA
Si de ton noble amour, Chorèbe, Si me crees digna de tu amor, Corebo,
Tu me crus digne un jour, tu partiras! ¡debes marcharte!
CHORÈBE COREBO
Au nom des dieux du ciel et de l’Erèbe, ¡Por todos los dioses del Cielo y del Erebo!
Cassandre, tu m’écouteras! Casandra, ¿escúchame?
A tes genoux, je tombe, Te lo pido de rodillas,
Cassandre! ¡Casandra!
CASSANDRE CASANDRA
A tant de douleurs je succombe! ¡Cedo ante tanto dolor!
Ô dieux cruels! ¡Oh, dioses crueles!
CHORÈBE COREBO
Te quitter, dès ce soir, etc. Dejarte, dejarte esta noche, etc.
CASSANDRE CASANDRA
Entends-moi, je t’implore, etc. Escúchame, te lo ruego, etc.
Aveugle et sourd comme eux! Tu persévères ¡Estás ciego y sordo, como todos!
A t’immoler à ton funeste amour? ¿Quieres inmolarte por tu funesto amor?
CHORÈBE COREBO
Je ne te quitte pas! ¡No te dejaré nunca!
CASSANDRE CASANDRA
L’épouvantable jour ¿No entiendes que mañana
Te verra donc combattre avec mes frères? deberás luchar junto a mis hermanos?
CHORÈBE COREBO
Je ne te quitte pas! ¡Jamás te dejaré!
CASSANDRE CASANDRA
Eh bien! voilà ma main ¡Está bien! ¡Aquí tienes mi mano
Et mon chaste baiser d’épouse! y un casto beso de prometida!... ¡Quédate!
Reste! La mort jalouse Que la celosa muerte prepare
Prépare notre lit nuptial pour demain. nuestro lecho nupcial para mañana.
6/ Los Troyanos
CHORÈBE COREBO
Viens! Viens! ¡Ven! ¡Ven!
(Entrent Ascagne a la tête des enfants, Hécube et les (Entra Ascanio encabezando a los niños, Hécuba y las
Princesses, Énée à la tête des guerriers troyens, princesas. Eneas al frente de los guerreros troyanos,
Priam et les Prêtres.) Príamo y los sacerdotes.)
CHOEUR CORO
Dieux protecteurs de la ville éternelle, Dioses protectores de la ciudad eterna,
Recevez notre encens; ¡recibid nuestro incienso!
Et du bonheur de son peuple fidèle ¡Escuchad las alegres plegarias
Entendez les accents! de vuestro pueblo devoto!
Ô vous! divins auteurs de notre délivrance. ¡Oh, divinos artífices de nuestra victoria!
Dieu de l’Olympe! Dieu des mers! ¡Dios del Olimpo! ¡Dios de los mares!
Régulateurs de l’univers, Regidores del universo,
Acceptez les présents de la reconnaissance. aceptad nuestras agradecidas ofrendas.
Nº 6 - Pantomime Nº 6 - Pantomima.
(Andromaque entre à pas lents, tenant par la main (Andrómaca entra con paso lento, llevando de la
Astyanax. Ils sont en deuil - vêtus de blanc - tous les mano a su hijo Astyanax. Van de luto, ambos
deux.) vestidos de blanco.)
CHOEUR CORO
Andromaque et son fils! ¡Andrómaca y su hijo!
Ô destin! ¡Oh, contradicción!
Ces clameurs de la publique allégresse... Esos clamores de pública alegría...
(Astyanax dépose une corbeille de fleurs au pied de (Astyanax deposita un ramo de flores al pie del altar.
l’autel. Andromaque s’agenouille a côté de lui et prie Andrómaca se arrodilla a su lado y reza por unos
pendant quelques instants.) instantes.)
(Andromaque se lève et conduit son fils devant le (Andrómaca se incorpora y conduce a su hijo ante el
trône de Priam.) trono de Príamo.)
(Elle présente l’enfant au Roi et à la Reine. Elle attire (Andrómaca presenta al niño ante Rey y la Reina;
Astyanax contre son sein et l’embrasse avec une estrecha a Astyanax contra su pecho y lo abraza con
tendresse convulsive.) convulsa ternura.)
Les épouses, les mères pleurent à leur aspect... Las esposas y madres lloran al verla...
(Priam se lève et bénit l’enfant. Hécube le bénit à son (Príamo se levanta y bendice al niño. Hécuba le
tour. Lle Roi et la Reine reprennent place sur leurs bendice también. El Rey y la Reina regresan a sus
trônes. Astyanax intimidé revient se réfugier auprès tronos. Astyanax, intimidado, corre a refugiarse en
de sa mère. L’émotion douloureuse d’Andromaque su madre. Crece la emoción dolorosa
augmente.) de Andrómaca.)
CASSANDRE CASANDRA
(passant au fond du théâtre) (apareciendo desde el fondo de la escena)
Hélas! garde tes pleurs, ¡Ay, ahorra tu llanto,
Veuve d’Hector... viuda de Héctor!...
Los Troyanos /7
(Les larmes la gagnant, Andromaque reprend la main (Andrómaca, que no puede contener el llanto, toma
d’Astyanax et passe devant les divers groupes du la mano de Astyanax y pasa ante los diferentes
peuple pour se retirer. La foule s’écarte devant les grupos para retirarse. El pueblo se aparta a su paso.
deux personnages. Plusieurs femmes troyennes Algunas mujeres lloran, ocultando el rostro tras la
pleurant, cachent leur visage sur l’épaule des espalda de los hombres que tienen cerca.
hommes qui sont auprès d’elles. Les deux Andrómaca y Asrtyanax
personnages s’éloignent à pas lents.) se alejan con paso lento.)
CHOEUR CORO
Ah! ¡Ah!
Nº 7 - Narration Nº 7 - Narración
ÉNÉE ENEAS
(accourant) (Llega corriendo.)
Du peuple et des soldats, ô roi! la foule ¡El pueblo y los soldados, oh rey!...
S’enfuit et roule La multitud corre y huye en torrente.
Comme un torrent; on ne peut l’arrêter! ¡Nada puede detenerla!
Un prodige inouï vient de l’épouvanter: Un prodigio inaudito ha sucedido.
Laocoon, Laocoonte,
voyant quelque trame perfide sospechando alguna treta
Dans l’ouvrage des Grecs, a d’un bras intrépide en el comportamiento de los griegos,
Lancé son javelot sur ce bois, excitant lanzó su jabalina contra la madera
Le peuple indécis et flottant y exhortó al pueblo a quemarla.
A le brûler. Alors, Entonces,
gonflés de rage, llenas de cólera,
Deux serpents monstrueux s’avancent vers la plage, dos enormes serpientes salieron del mar
S’élancent sur le prêtre, en leurs terribles noeuds y se enrollaron en el sacerdote...
L’enlacent, le brûlant de leur haleine ardente, Lo abrasaron con su aliento ardiente y,
Et le couvrant d’une bave sanglante, cubriéndolo de una baba sanguinolenta,
Le dévorent à nos yeux. lo devoraron ante nuestros propios ojos.
CASSANDRE CASANDRA
Ô peuple déplorable! ¡Oh, pueblo malvado!
Mystérieuse horreur, etc. Horrible misterio, etc.
ÉNÉE ENEAS
Que la déesse nous protége, ¡Que la diosa nos proteja
Conjurons ce nouveau danger! de este nuevo peligro!
Il est trop vrai, Pallas vient de venger Es seguro,
Un affreux sacrilège. Palas ha querido vengar un sacrilegio.
PRIAM PRÍAMO
Pour l’apaiser, suivez mes ordres sans retard. Para aplacarla, cumplid raudos mis órdenes.
ÉNÉE ENEAS
Déjà sur des rouleaux disposés avec art, ¡El caballo ya está sobre los rodillos que,
Le cheval est placé, que chacun le conduise, con los máximos honores,
Vers le Palladium en pompe l’introduise! lo conducirán al Palladium!
A cet objet sacré formez cortège, enfants, El sagrado cortejo lo forman
Femmes, guerriers, couvrez de fleurs la voie, niños, mujeres y guerreros.
Et que jusques dans Troie ¡El camino está cubierto de flores!
La trompette et la lyre accompagnent vos chants! ¡Que la trompeta y la lira lo reciban en Troya!
8/ Los Troyanos
ENSEMBLE TODOS
A cet objet sacré formez cortège, enfants, etc. El sagrado cortejo lo forman niños, mujeres, etc.
CASSANDRE CASANDRA
(parcourant la scène avec égarement). (recorriendo la escena fuera de sí)
Malheur! ¡Desgracia!
(Ils sortent. Cassandre reste seule sur l’avant-scène. (Todos salen. Casandra queda sola en primer término
Après avoir fait quelques pas pour suivre la foule, elle de la escena. Tras dar algunos pasos siguiendo a la
rentre brusquement.) gente, regresa de repente.)
Nº 10 - Air Nº 10 - Aria
CASSANDRE CASANDRA
Non, je ne verrai pas la déplorable fête No, no participaré en la fiesta donde,
Où s’enivre, en espoir d’un brillant avenir, hartos de vino, pedirán un futuro feliz.
Ce peuple condamné, que rien, hélas! n’arrête Este pueblo condenado, al que nada ¡ay de mí!
Sur la pente du gouffre. Ô cruel souvenir! le impedirá precipitarse en la profunda sima.
Gloire de la Patrie!... Et voir s’évanouir ¡Oh, cruel recuerdo!... ¡Gloria de la patria!...
Du bonheur le plus pur la séduisante image! ¡La más pura y seductora imagen!
Ô Chorèbe! O Priam!... Vains efforts de courage, ¡Corebo! ¡Príamo!... Todo ha sido en vano...
Des pleurs d’angoisse inondent mon visage! ¡Pronto lágrimas de angustia inundarán mi rostro!
(On entend le cortège dans un grand éloignement.) (se escucha el cortejo a lo lejos)
CASSANDRE CASANDRA
De mes sens éperdus... est-ce une illusion? ¿Será una ilusión de mis sentidos?
Les choeurs sacrés d’Ilion! ¡Los coros sagrados de Ilión!
CHOEUR CORO
Du roi des dieux, ô fille aimée, Hija amada del rey celestial,
Du casque et de la lance armée, portadora del casco y de la lanza,
Sage guerrière aux regards doux, sabia guerrera de mirada dulce,
A nos destins sois favorable, ¡favorece nuestro destino!
Rends Ilion inébranlable, ¡Haz que Ilión sea invencible!
Belle Pallas, protége-nous. Bella Palas, ¡protégenos!
CASSANDRE CASANDRA
Quoi, déjà le cortège!... Au loin je l’aperçois! ¡Ya llega el cortejo!... ¡Por allí viene!
L’ennemi vient et la ville est ouverte!... ¡El enemigo viene y la ciudad está abierta!
Ce peuple fou qui se rue à sa perte ¡Este pueblo loco, que camina hacia su perdición,
Semble avoir devancé les ordres de son Roi! se ha adelantado a las órdenes del rey!
(On entend le cortège plus près.) (se escucha el cortejo más próximo)
CHOEUR CORO
Du roi des dieux, etc. Del rey celestial, etc.
Entends nos voix, vierge sublime, Escucha nuestras voces, virgen sublime,
Aux sons des flûtes de Dindyme que al compás de las flautas de Dindimo,
Se mêler au plus haut des airs. se elevan hacia lo más alto del firmamento.
Que la trompette phrygienne ¡Que la trompeta frigia
Unie à la lyre troyenne y la lira troyana
Te porte nos pieux concerts! te eleven nuestras plegarias!
CASSANDRE CASANDRA
L’éclat des chants augmente! ¡El sonido de los cantos crece!
L’énorme machine roulante ¡La enorme estatua se acerca!...
S’avance!... la voici! ¡Aquí está!
CHOEUR CORO
(entrant en scène) (entrando en escena)
Du roi des dieux, etc. Del rey celestial, etc.
Souriante guirlande, ¡Bailad con vuestras guirnaldas
A l’entour de l’offrande alrededor de la ofrenda,
Dansez, heureux enfants! alegres niños!
Semez sur la ramée ¡Sembrad el camino
Los Troyanos /9
La neige parfumée con la nieve perfumada
Des muguets du printemps. de los lirios primaverales!
Pallas! protège-nous! ¡Palas, protégenos!
(Les chants cessent brusquement. Le choeur s’agite (Los cantos cesan bruscamente. La muchedumbre se
en divers sens; quelques femmes sortent comme altera y algunas mujeres salen como para poder ver
pour allervoir ce qui se pose hors de la scène et lo que hay fuera de escena;
reviennent presque aussitôt.) al momento regresan.)
CASSANDRE CASANDRA
Jupiter! on hésite! ¡Júpiter! ¡Todos vacilan!
Et la foule s’agite! ¡La multitud se agita!
CASSANDRE CASANDRA
On s’arrête... O dieux! Si... Se detienen... ¡Oh, dioses! Si...
(Le choeur reprend la suite du cortège et sort.) (El cortejo inicia el movimiento y sale.)
CASSANDRE CASANDRA
Arrêtez! arrêtez! Oui, la flamme, la hache! ¡Deteneos, deteneos! ¡Sí, la llama, el hacha!
Fouillez le flanc du monstrueux cheval! ¡Buscad en el costado del monstruoso caballo!
Laocoon!... les Grecs!... il cache ¡Laocoonte!... ¡Los griegos!...
Un piège infernal... Ahí se esconde una trampa infernal...
Ma voix se perd!... plus d’espérance! ¡Mi voz se debilita... no queda esperanza!
Vous êtes sans pitié, grands dieux, ¡No tenéis piedad, dioses,
Pour ce peuple en démence! para con esta muchedumbre enloquecida!
Ô digne emploi de la toute-puissance, ¡Oh, qué digna labor la de los todopoderosos,
Le conduire à l’abîme en lui fermant les yeux! conducirla al abismo tapándole los ojos!
(Elle écoute les derniers sons de la marche (Escucha los últimos sonidos de la marcha triunfal
triomphalequ’on distingue encore et qui s’éteignent que todavía se oye
tout d’un coup.) y que se extingue de improviso.)
Ils entrent, c’en est fait, le destin tient sa proie! Entran... ¡El destino ya tiene su presa!
Soeur d’Hector, ¡La hermana de Héctor
va mourir sous les débris de Troie! morirá en las ruinas de Troya!
ÉNÉE ENEAS
Ô lumière de Troie!... Ô gloire des Troyens! ¡Oh, luz de Troya!... ¡Oh, gloria de los troyanos!
Après tant de labeurs de tes concitoyens, ¿Después de tantos trabajos
De quels bords inconnus reviens-tu? Quel nuage desde qué rincón desconocido regresas?
Semble voiler tes yeux sereins? ¿Qué nube oscurece tu mitrada?
Hector, quelles douleurs ont flétri ton visage? Héctor, ¿qué dolores han marcado tu rostro?
(Entre Panthée blessé au visage et portant les dieux (Entra Panteo con la mirada perdida llevando los
de Troie.) dioses de Troya.)
ÉNÉE ENEAS
Quelle espérance encor est permise, Panthée? ¿Queda alguna esperanza, Panteo?
Où combattre, où courir? ¿Combatir?... ¿Salvarse?
PANTHÉE PANTEO
La ville ensanglantée ¡La ciudad arde por los cuatro costados!
Brûle! c’est notre jour fatal! ¡Ha llegado nuestro último día!
Priam n’est plus! Sortis du monstrueux cheval, ¡Príamo ha muerto!
Les Grecs ont massacré les gardes de nos portes. Lo griegos, saliendo del vientre del caballo,
Déjà d’innombrables cohortes, han acabado con la guardia de la puerta.
Affluant du dehors, courent de toutes parts Innumerables hordas, llegadas del exterior,
Attiser l’incendie se dispersan por doquier propagando el incendio
Qu’alluma de leurs chefs l’infâme perfidie; que ilumina la infame perfidia de sus jefes.
D’autres occupent les remparts. Otros han tomado las murallas.
ÉNÉE ENEAS
(l’interrompant) (interrumpiéndolo)
Suis-nous, Ascagne! ¡Sígueme, Ascanio!
(Entre Chobère, à la tête d’une troupe armée.) (Entra Corebo, al frente de una tropa armada.)
CHORÈBE COREBO
Aux armes, grand Énée! ¡A las armas, gran Eneas!... ¡Ven!
Viens, la Citadelle cernée La ciudadela, aunque cercada,
Tient encor! aún se mantiene en pie.
ÉNÉE ENEAS
A tout prix il faut y parvenir. Hay que llegar hasta ella
Prêts à mourir a cualquier precio.
Tentons de nous défendre. ¡La defenderemos hasta la muerte!
Le salut des vaincus est de n’en plus attendre. No perdamos ni un minuto en socorrerla.
CHOEUR CORO
Le salut des vaincus est de n’en plus attendre. No perdamos ni un minuto en socorrerla.
Entendez-vous ¡Escuchad!... ¿Las torres se abaten?...
L’écroulement des tours?... la flamme dévorante? ¡Las llamas todo lo devoran!
Les hurlements des Grecs? ¿No oís a los griegos reír?
Toujours leur foule augmente. El número de enemigos crece sin cesar.
Marchons! le désespoir dirigera nos coups. ¡Vamos, la desesperación dirigirá nuestros golpes!
TOUS TODOS
Prêts à mourir, tentons de nous défendre, ¡Estamos dispuestos a morir!
Le salut des vaincus est de n’en plus attendre. No perdamos ni un minuto en socorrerla.
(Énée prend la main d’Ascagne et le place au milieu (Eneas toma de la mano a Ascanio y se sitúan en
d’un groupe armé.) medio de un grupo armado.)
(Un intérieur du palais de Priam. Dans le fond, une (Interior del palacio de Príamo.
galerie à colonnade dont le parapet peu élevé donne Al fondo, una galería porticada que da a la plaza.
sur une place située à une assez grande profondeur. Entre las columnas se ve a lo lejos el monte Ida.
Entre les colonnades on aperçoit ou loin le mont Ida. El altar de Vesta - Cibeles ardiendo.
L’autel de Vesta-Cybèle allumé. Polyxène, femmes Polyxeno y mujeres
troyennes, groupées autour de l’autel. Quelques-unes agrupados junto al altar; unas arrodilladas, otras
sont agenouillées, d’autres assises à terre plusieurs sentadas en el suelo y otras tumbadas sobre los
sont couchées sur les gradins de l’autel, la face escalones del altar.
contre terre. Toutes dans l’attitude du plus profond Todas sumidas en la más
accablement) profunda desesperación)
(Entre Cassandre, les cheveux épars.) (Entra Casandra con los cabellos desaliñados.)
CASSANDRE CASANDRA
Tous ne périront pas. Le valeureux Énée No está todo perdido. Eneas y sus hombres
Et sa troupe, trois fois au combat ramenée, por tres veces contraatacaron,
Ont délivré nos braves citoyens liberando a los valientes ciudadanos
Enfermés dans la Citadelle. atrapados en la ciudadela.
Le trésor de Priam est aux mains des Troyens. El tesoro de Príamo está en manos troyanas.
Bientôt en Italie, où le sort les appelle, Pronto en Italia, donde los conduce el destino,
Ils verront s’élever, plus puissante et plus belle, verán renacer, aún más poderosa y bella,
Une nouvelle Troie. Ils marchent vers l’Ida. una nueva Troya. ¡Ya marchan hacia el Ida!
CHOEUR CORO
Et Chorèbe? ¿Y Corebo?
CASSANDRE CASANDRA
Il est mort. Ha muerto.
CHOEUR CORO
Dieux cruels! ¡Dioses crueles!
CASSANDRE CASANDRA
De Vesta, Por última vez me inclino
Pour ta dernière fois, à l’autel, je m’incline. ante el altar de Vesta.
Je suis mon jeune époux. Oui, cet instant termine ¡Seguiré a mi joven esposo!
Mon inutile vie. Sí, mi inútil vida ha llegado a su fin.
CHOEUR CORO
O digne soeur d’Hector! ¡Oh, digna hermana de Héctor!
Prophétesse que Troie accusait de démence! ¡Vidente aacusada por Troya de demencia!
De nous sauver, hier, il était temps encor, Nadie te creyó ayer cuando
Quand elle prédisait cette ruine immense! predijiste esta inmensa ruina.
CASSANDRE CASANDRA
Bientôt elle ne sera plus. Pronto ya no quedará nada.
CHOEUR CORO
Ô désespoir! Ô regrets superflus! ¡Oh, desesperación! ¡Oh, anhelos inútiles!
CASSANDRE CASANDRA
Mais vous, colombes effarées, Pero vosotras, palomas asustadas,
Pouvez-vous consentir ¿podréis consentir la horrible esclavitud?
A l’horrible esclavage? et voudrez-vous subir, ¿Queréis sufrir, vírgenes,
Vierges, femmes déshonorées la brutal deshonra
La loi brutale des vainqueurs? de la ley de los vencedores?
CHOEUR CORO
Faut-il bannir tout espoir de nos coeurs? ¿Deberemos descartar toda esperanza?
CASSANDRE CASANDRA
L’espoir! Ô malheureuses! ¡La esperanza!...
Dans ces ténèbres lumineuses ¡Oh, desafortunadas!
Ne voyez-vous, n’entendez-vous donc pas ¿Acaso no oís, entre las tenebrosas luces,
Les cruels Myrmidons qui remplissent nos rues los gritos de los crueles mirmidones
Et ceux qui du palais gardent les avenues? que os buscan por las calles y palacios?
CHOEUR CORO
C’en est fait, rien ne peut nous sauver de leurs bras. ¡Nada nos salvará de sus brazos!
CASSANDRE CASANDRA
Rien, dites-vous? Si l’honneur vous anime, ¿Nada, decís?... Si el honor os anima...
(montrant la galerie) (señalando la galería que se abre a la plaza)
Pour qui donc cet abîme ¿Acaso no veis
Est-il ouvert devant vos pas? que ese abismo os espera?
(montrant son poignard et les ceintures des femmes) (Señala con su puñal la cintura de las mujeres.)
Pour qui ce fer et ces cordons de soie, ¿Y este acero? ¿Y esos cordones de seda?
(Un petit groupe se tait et manifeste une terreur (Un pequeño grupo calla manifestando
rofonde.) gran horror.)
CASSANDRE CASANDRA
Le jour ¡El nuevo día no nos encontrará
Ne vous trouvera pas par les Grecs profanées? profanadas por los griegos!
CASSANDRE CASANDRA
Vous ne paraîtrez pas en triomphe traînées? ¿Acaso queréis ser tomadas como botín?
Nº 16 - Final Nº 16 - Final
(Les femmes se parlent entre elles. Quelques-unes (Las mujeres hablan entre ellas. Algunas toman liras
prennent de lyres et en jouent en chantant.) y comienzan a cantar.)
CASSANDRE CASANDRA
(interpellant le petit groupe) (dirigiéndose al grupo de las indecisas)
Vous qui tremblez et gardez le silence, Tembláis y guardáis silencio...
Vous hésitez? ¿Dudáis?
CASSANDRE CASANDRA
Eh quoi! vous subiriez une vile existence ¡Y quién no!
indigne des grands coeurs? ¿Acaso preferís tener una vida indigna?
CASSANDRE CASANDRA
(avec explosion) (furiosa)
Allez dresser la table et le lit de vos maîtres! ¡Iros a la cama de vuestros nuevos amos!...
Esclaves, loin de nous! ¡Esclavas!
(Elles les chassent. Le petit groupe recule en silence (El grupo de las dubitativas recula silencisamenteo
devant les autres femmes jusqu’à la coulisse il sort ante el empuje de las otras mujeres hasta salir todas
enfin de la scène. Toutes les autres redescendent la de escena. Inmediatamente el grupo de las decididas
CASSANDRE CASANDRA
(avec la plus grande exaltation) (Muy exaltada)
Chorèbe! Hector! Priam! ¡Corebo! ¡Héctor! ¡Príamo!
Roi! père! frère! Amant! ¡Amante! ¡Hermano! ¡Rey y padre!
Je vous rejoins! entendez leur serment. ¡Marcharé a vuestro encuentro!
Dieux des enfers! ¡Escuchad nuestro juramento dioses infernales!
(Un chef grec entre pendant la fin de cette scène; il (Un jefe griego entra mientras termina la anterior
s’avance rapidement l’épée haute, et s’arrête étonné escena. Avanza, espada en alto, y se detiene
à l’aspect des Troyennes.) asombrado ante las troyanas.)
(Ils lèvent leurs épées sur les femmes.) (Alzan sus espadas sobre las mujeres.)
CASSANDRE CASANDRA
Nous méprisons votre lâche menace, Despreciamos vuestra cobarde amenaza,
Monstres ivres de sang, ¡monstruos ebrios de sangre,
troupe immonde et rapace! inmundos y rapaces!
Vous n’étancherez pas, brigands, votre soif d’or! ¿Nunca saciaréis, canallas, vuestra sed de oro?
(Elle se frappe et tendant le poignard à Polyxène.) (Se apuñala y tiende el puñal a Polixena.)
(Polyxène se frappe à son tour. Cassandre se (Polixena se apuñala también. Casandra apenas se
soutient toujours.) sostiene durante el resto de escena.)
(Quelques-unes se précipitent, d’autres s’étranglent (Algunas se lanzan al vacío por el balcón; otras se
et se poignardent. Cri d’horreur des Grecs s’élançant ahorcan y otras se apuñalan. Gritos de horror de los
vers la galerie. Pendant cette dernière scène, griegos. Durante esta última escena, Casandra, tras
Cassandre, après s’être frappée, et voyant les haberse herido y viendo a las troyanas lanzarse al
Troyennes monter sur le parapet pour se précipiter, vacío, se acerca tambaleante al fondo de la escena,
s’avance en chancelant vers le fond du théâtre; mais pero le fallan las fuerzas antes de llegar al balcón. Se
les forces lui manquent avant de parvenir à la apoya en las rodillas, después se incorpora
galerie. Elle s’affaisse aux genoux, puis se relevant con un esfuerzo supremo y,
pour un suprême effort et rendant les bras vers l’Ida, alzando los brazos hacia el Ida, grita: ¡Italia!
elle s’écrie: Italie! et tombe morte.) y cae muerta.)
(Une vaste salle de verdure du palais de Didon à (Gran patio en el palacio de Dido en Cartago. A un
Carthage. Sur l’un des côtés s’élève un trône entouré lado se alza un montón de trofeos: agrícolas,
des trophées de l’agriculture, du commerce, et des comerciales y artísticos;
arts; sur l’autre côté et au fond un amphithéâtre en al otro lado y al fondo, un anfiteatro en el que la
gradins, sur lequel une innombrable multitude est multitud está sentada,
assise, au lever du rideau.) a la altura del telón.)
Nº 17 - Choeur Nº 17 - Coro
CHOEUR CORO
(d’une partie du peuple carthaginois) (una parte del pueblo)
De Carthage les cieux semblent bénir la fête! ¡El cielo bendice las fiestas de Cartago!
Vit-on jamais un jour pareil ¿Visteis alguna vez semejante día
Après si terrible tempête? tras tan terrible tempestad?
Quel doux zéphyr! notre brûlant soleil ¡Qué dulce brisa!
De ses rayons calme la violence; Los rayos de nuestro sol
A son aspect la plaine immense sosiegan las inquietudes.
Tressaille de joie; il s’avance Ante tanta luz la gran llanura reverbera de alegría.
Illuminant le sourire vermeil El sol avanza iluminando con rojiza sonrisa.
De la nature à son réveil. El amanecer de la naturaleza.
(Entre Didon avec sa suite. A son entrée tout le (Entra Dido con su corte.
peuple assis sur les gradins de l’amphithéâtre se lève A su entrada, el pueblo se pone en pie agitando
en agitant des voiles de diverses couleurs, des velos de diversos colores, palmas y flores. Dido se
palmes, des fleurs. Didon va s’asseoir sur son trône sienta en el trono entre su hermana, a la derecha, y
ayant sa soeur à sa droite et Narbal à sa gauche; Narbal, a la izquierda;
quelques soldats les entourent.) algunos soldados la rodean.)
(Le peuple agite des palmes et jette des fleurs.) (El pueblo agita palmas y arroja flores.)
DIDON DIDO
(debout, du haut de son trône) (de pie, en lo alto del trono)
LE PEUPLE EL PUEBLO
Grands dans la paix, etc. Laboriosos en la paz, etc.
DIDON DIDO
Le farouche Iarbas El feroz Iarbas
veut m’imposer la chaîne quiere imponerme la cadena
D’un hymen odieux; de un odiado matrimonio.
Son insolence est vaine. Su insolencia es en vano.
LE PEUPLE EL PUEBLO
Son insolence est vaine. Su insolencia es en vano.
DIDON DIDO
Le soin de ma défense est à vous Mi honor está en vuestras manos
comme aux dieux. y en las de los dioses.
LE PEUPLE EL PUEBLO
Gloire à Didon, ¡Gloria a Dido,
notre reine chérie! nuestra querida reina!
Chacun de nous ¡Cualquiera de nosotros
est prêt à lui donner sa vie! daríamos la vida por ella!
Tous nous la défendrons. Todos la defenderemos.
Nous bravons d’Iarbas l’insolence et la rage, ¡Desafiaremos la insolencia de Iarbas,
Et nous repousserons y devolveremos al seno del desierto
Jusqu’au fond des déserts ce Numide sauvage! a ese númida salvaje!
DIDON DIDO
Cette belle journée, Este bello día,
Qui dans vos souvenirs doit rester à jamais, que quedará por siempre en el recuerdo,
A couronner les oeuvres de la paix ha sido consagrado por mí
Fut par moi destinée. como el día de la paz.
Approchez, constructeurs, Acercaos, albañiles,
Matelots, laboureurs; marineros y labradores.
Recevez de ma main Recibid de mi mano
la juste récompense la justa recompensa
Due au travail qui donne la puissance por vuestro trabajo,
Et la vie aux Etats. que da poder y vida a la patria.
(Les constructeurs en cortège s’avancent vers le (Los albañiles avanzan hacia el trono.
trône. Didon donne à leur chef une équerre d’argent Dido entrega a su jefe
et une hache. Le cortège retourne au fond du una escuadra de plata y un hacha.
théâtre.) El cortejo regresa al fondo de la escena.)
(Les matelots en cortège s’avancent vers le trône. (Los marineros avanzan hasta el trono. Dido entrega
Didon donne à leur chef un gouvernail et un aviron. a su jefe un timón y un remo. El cortejo regresa al
Le cortège retourne au fond du théâtre.) fondo de la escena.)
(Le cortège des laboureurs, plus nombreux que les (El cortejo de los labradores, más numeroso que los
deux précédents, s’avance lentement vers le trône; dos anteriores, avanza lentamente hasta el trono; un
un vieillard robuste le conduit.) anciano lo lidera.)
(Didon donne au vieillard chef du laboureurs une (Dido entrega al anciano jefe de los labradores una
faucille d’or, puis, tenant à la main une couronne de hoz de oro y, después, con una corona de flores y de
fleurs et d’épis, elle s’écrie:) espigas en la mano, exclama:)
DIDON DIDO
Peuple! tous les honneurs ¡Pueblo! Todos los honores
Pour le plus grand des arts, para la mayor de las labores:
L’art qui nourrit les hommes! ¡El de alimentar a los hombres!
LE PEUPLE EL PUEBLO
Vivent les laboureurs! nous sommes ¡Vivan los labradores!
Leurs fils reconnaissants; ils nous donnent le pain! ¡Estamos agradecidos a quienes nos dan el pan!
DlDON DIDO
(à part) (a parte)
Ô Cérès! l’avenir de Carthage est certain! ¡Oh, Ceres! ¡El porvenir de Cartago es seguro!
(Le peuple, conduit par Narbal, défile en cortège (El pueblo, guiado por Narbal, desfila ante el trono de
devant le trône de Didon et sort) Dido y sale.)
DIDON DIDO
Les chants joyeux, l’aspect de cette noble fête, Los alegres cantos de esta noble fiesta,
Ont fait rentrer la paix en mon coeur agité. devuelven la paz a mi inquito corazón.
Je respire, ma soeur, oui, ma joie est parfaite, Descanso, hermana mía, sí, mi alegría es plena,
Je retrouve le calme et la sérénité. tengo calma y serenidad.
ANNA ANA
Reine d’un jeune empire Reina de un pujante imperio
Qui chaque jour s’élève florissant, cada día mas fértil;
Reine adorée et que le monde admire, adorada reina a la que todos admiran,
Quelle crainte avait pu vous troubler un instant? ¿qué miedo os inquieta, siquiera un momento?
DIDON DIDO
Une étrange tristesse, Una extraña melancolía, sin causa aparente,
Sans causes, tu le sais, como bien sabes,
vient parfois m’accabler. viene a veces a turbarme.
Mes efforts restent vains contre cette faiblesse, No puedo vencer esa debilidad,
Je sens transir mon sein qu’un ennui vague oppresse, siento anidar en mi seno un vago desazón
Et mon visage en feu sous mes larmes brûler... y a mi mirada acuden lágrimas con facilidad...
ANNA ANA
(souriant) (sonriendo)
Vous aimerez, ma soeur... Estaréis enamorada, hermana mía...
DIDON DIDO
Non, toute ardeur nouvelle No, ese sentimiento
Est interdite à mon coeur sans retour. está totalmente prohibido a mi corazón.
ANNA ANA
Vous aimerez, ma soeur... Estaréis enamorada, hermana mía...
DIDON DIDO
Non, la veuve fidèle No, la viuda fiel debe
Doit éteindre son âme et détester l’amour. apagar su deseo y aborrecer el amor.
DIDON DIDO
(montrant à son doigt l’anneau de Sichée) (mostrando el anillo de Siqueo en su dedo)
Puissent mon peuple et les dieux me maudire, Aunque mi pueblo y los dioses me maldigan,
Si je quittais jamais cet anneau consacré! ¡nunca dejaré este anillo consagrado!
ANNA ANA
Un tel serment fait naître le sourire Ese juramento hace sonreír a la bella Venus.
De la belle Vénus; sur livre sacré Los dioses se niegan a escribirlo
Les dieux refusent de l’inscrire. en su libro sagrado.
DIDON DIDO
Sa voix fait naître dans mon sein Tu voz hace nacer en mi pecho
La dangereuse ivresse; una peligrosa embriaguez.
Déjà dans ma faiblesse En vano lucho contra
Contre un espoir confus je me débats en vain. una difusa esperanza.
ANNA ANA
Ma voix fait naître dans son sein Mi voz hace nacer en su seno
Des rêves de tendresse; sueños de ternura.
Déjà dans sa faiblesse, En vano lucha contra
Au doux espoir d’aimer elle résiste en vain. una difusa esperanza.
DIDON DIDO
Sichée! Ô mon époux, pardonne ¡Siqueo!... ¡Oh, esposo mío!
A cet instant d’involontaire erreur, Perdona este momento de debilidad
Et que ton souvenir chasse loin de mon coeur y que tu recuerdo despida lejos de mi corazón
Ce trouble qui l’étonne. la turbación que me confunde.
ANNA ANA
Didon, ma tendre soeur, pardonne, Dido, mi tierna hermana,
Si je dissipe une trop chère erreur, perdona si disipo tu error;
Pardonne si ma voix excite dans ton coeur perdona si mi voz hace nacer en tu corazón
Ce trouble qui l’étonne. la turbación que te confunde.
IOPAS IOPAS
Echappés à grand peine, à la mer en fureur, Reina, el furioso mar ha traído hasta aquí
Reine, les députés d’une flotte inconnue unos náufragos desconocidos.
D’être admis devant vous implorent la faveur. Imploran el favor de ser admitidos por vos.
DIDON DIDO
La porte du palais n’est jamais défendue La puerta de mi palacio jamás está cerrada
A de tels suppliants. a tales desgracias.
DIDON DIDO
(à part) (aparte)
J’éprouve une soudaine et vive impatience Siento una repentina impaciencia por verlos
De les voir, et je crains en secret leur présence. y temo su presencia a la vez.
(Elle monte sur son trône. Entrent Énée sous un (Se sienta en el trono. Entran Eneas, disfrazado de
déguisement de matelot, Panthée, Ascagne, et les marinero, Panteo, Ascanio y demás troyanos llevando
Nº 27 - Recitatif Nº 27 - Recitativo
ASCAGNE ASCANIO
(s’inclinant devant la reine) (Inclinándose ante la reina.)
Auguste reine, un peuple errant et malheureux Augusta reina, un pueblo errante y desgraciado
Pour quelques jours vous demande un asile. os pide asilo por unos días.
Je dépose à vos pieds les présents précieux, Pongo a vuestros pies estos ricos regalos,
Débris de sa grandeur, que, par ma main débile símbolo de su grandeza que,
Au nom de Jupiter, vous offre un chef pieux. en nombre de Júpiter, mi indigna mano os ofrece.
DIDON DIDO
De ce chef, bel enfant, dis-moi le nom, la race? ¿De qué país procedéis, bello joven?
ASCAGNE ASCANIO
Ô reine, sur nos pas une sanglante trace ¡Oh, reina! Nuestro camino ha sido sangriento.
Des monts de la Phrygie a marqué les chemins Venimos de los montes de Frigia, junto al mar.
Jusqu’à la mer. Ce sceptre d’Ilion, Éste es el cetro de Ilión, hijo del rey Príamo;
DIDON DIDO
Troyens! ¡Troyanos!
ASCAGNE ASCANIO
Notre chef est Énée, Nuestro jefe es Eneas,
Je suis son fils. y yo soy su hijo.
DIDON DIDO
Etrange destinée! ¡Extraño destino!
PANTHÉE PANTEO
(s’avançant) (avanzando)
Obéissant au souverain des dieux Obedeciendo al rey de los dioses,
Ce héros cherche l’Italie, ese héroe se dirige a Italia,
Où le sort lui promet un trépas glorieux donde le espera un glorioso destino:
Et le bonheur de rendre aux siens une patrie. ¡el honor de fundar una nueva patria!
DIDON DIDO
Qui n’admire ce prince, ami du grand Hector? ¿Quién no ha oído hablar del amigo de Héctor?
Qui de son nom fameux n’est ignorant encor? ¿Quién no conoce su nombre?
Carthage en est remplie. Cartago es acogedora.
Dites-lui que mon port ouvert à ses vaisseaux Dile que mi puerto está abierto a sus naves.
L’attend. Qu’il vienne, qu’il oublie Que venga y olvide junto a nosotros,
Avec vous à ma cour ses pénibles travaux. sus terribles calamidades.
Nº 28 - Final Nº 28 - Final
NARBAL NARBAL
(entrant avec agitation) (entrando agitado)
J’ose à peine annoncer la terrible nouvelle! ¡Soy portador de una terrible noticia!
DIDON DIDO
Qu’arrive-t-il? ¿Qué sucede?
NARBAL NARBAL
Le Numide rebelle, El númida rebelde,
Le féroce Iarbas el feroz Iarbas,
Avec d’innombrables soldats con un inmenso ejército
S’avance vers Carthage. avanza hacia Cartago.
CARTHAGINOIS CARTAGINESES
(au loin) (desde lejos)
Des armes! des armes! ¡Armas!... ¡Armas!
NARBAL NARBAL
Et la troupe sauvage Los salvajes
DIDON DIDO
Que dites-vous, Narbal? ¿Qué dices, Narbal?
NARBAL NARBAL
Que nous allons tenter un combat inégal. ¡No podremos hacerles frente!
CARTHAGINOIS CARTAGINESES
Des armes! des armes! ¡Armas!... ¡Armas!
ÉNÉE ENEAS
(s’avançant après avoir laissé tomber son (Se acerca y deja caer su disfraz de marinero. Lleva
déguisement de matelot. Il porte un brillant costume un traje reluciente y coraza, pero sin casco ni
et la cuirasse, mais sans casque ni bouclier.) escudo.)
Reine, je suis Énée! ¡Reina, yo soy Eneas!
Ma flotte sur vos bords par les vents entraînée Mi flota, tras un sinnúmero de arduos trabajos,
A de rudes travaux fut par moi destinée; ha llegado hasta aquí arrastrada por los vientos.
Permettez aux Troyens de combattre avec vous! ¡Permitid que combatamos junto a vosotros!
DIDON DIDO
J’accepte avec orgueil une telle alliance! ¡Acepto con orgullo tal alianza!
Énée armé pour ma défense! ¡Eneas luchando en mi defensa!
Les dieux se déclarent pour nous. Los dioses se han apiadado de nosotros.
Ô ma soeur, qu’il est fier, ce fils de la déesse, ¡Oh, hermana, qué gentil es el hijo de la diosa!
Et qu’on voit sur son front de grâce et de noblesse! ¡Su rostro tiene gracia y nobleza!
ÉNÉE ENEAS
Sur cette horde immonde d’Africains, Hacia la horda inmunda de africanos
Marchons Troyens et Tyriens, marchemos troyanos y tirios.
Volons à la victoire ensemble! ¡Vayamos juntos a la victoria!
Comme le sable emporté par les vents Como la arena arrastrada por los vientos,
Chassons dans ses déserts brûlants caeremos sobre esos pérfidos númidas.
Le Numide éperdu; qu’il tremble. ¡Que tiemblen!
(Pendant la fin de ce morceau, on apporte ses (Traen las armas de Eneas, quien se pone
armesd’Énée. Il met rapidement son casque, passe à rápidamente el casco, toma su gran escudo y las
son bras son vaste bouclier et saisit ses javelots.) jabalinas.)
ÉNÉE ENEAS
(à Panthée) (a Panteo)
Annonce à nos Troyens l’entreprise nouvelle Anuncia a nuestros troyanos la nueva empresa
Où la gloire les appelle. a la que la gloria les llama.
Reine, bientôt du barbare odieux Reina, muy pronto el odioso bárbaro caerá.
Vous serez délivrée. A vos soins généreux A vuestro generoso pecho
J’abandonne mon fils. encomiendo a mi hijo.
DIDON DIDO
De mon amour de mère De mi amor de madre hacia él
Pour lui ne doutez pas. no dudéis.
ÉNÉE ENEAS
(à Ascagne) (a Ascanio)
(Il l’embrasse en le couvrant tout entier de ses (Lo abraza cubriéndolo con sus armas por completo.
armes. Ascagne pleure sans répondre.) Ascanio llora sin responder.)
D’autres t’enseigneront, enfant, l’art d’être heureux; Otros te mostrarán, hijo, el arte de ser feliz.
Je ne t’apprendrai, moi, que la vertu guerrière Yo sólo te enseñaré la virtud guerrera
Et le respect des dieux; y el respeto a los dioses.
Mais révère en ton coeur et garde en ta mémoire Medita y guarda en tu corazón y en tu memoria
Et d’Énée et d’Hector les exemples de gloire. los ejemplos de Eneas y Héctor.
(Le peuple de Carthage accourt de toutes parts (El pueblo acude desde todas partes de la ciudad
demandant des armes. Quelques hommes seulement solicitando armas. Solo algunos hombres están
sont armés régulièrement, les autres portent des armados, otros llevan hoces, hachas, hondas.
faux, des haches, des frondes. Panthée rentre en Panteo regresa a escena.
scène. Ascagne essuyé tout à coup ses larmes et Ascanio seca sus lágrimas y se coloca junto a los
s’élance à côté des chefs troyens.) jefes troyanos.)
ENSEMBLE TODOS
Des armes! des armes! ¡Armas! ¡Armas!
Sur cette horde immonde d’Africains, Sobre la inmunda horda de africanos,
Marchez/ marchons Troyens et Tyriens, etc. marcharemos troyanos y tirios unidos, etc.
Pantomime Pantomima
(Une forêt d’Afrique au matin. Au fond, un rocher (Bosque frondoso cerca de Cartago.
très élevé. Au bas et à gauche du rocher, l’ouverture Al fondo, un risco y, a su derecha, la entrada a una
d’une grotte. Un petit ruisseau coule le long du cueva.
rocher et va se perdre dans un bassin naturel bordé Un arroyo corre y muere en un lago bordeado por
de joncs et de roseaux. Deux naïades se laissent juncos y cañas.
entrevoir un instant et disparaissent; puis on les voit Dos náyades se dejan ver por un momento y
nager dans le bassin. Chasse royale. Des fanfares de desaparecen; después nadan en el arroyo. Cacería
trompe retentissent au loin dans la forêt. Les naïades real. La música de las trompas resuena a lo lejos.
effrayées se cachent dans les roseaux. On voit passer Las náyades asustadas se esconden entre las cañas.
des chasseurs tyriens, conduisant des chiens en Se ven pasar cazadores tirios con perros.
laisse. Le jeune Ascagne, à cheval, traverse le Ascanio, a caballo, atraviesa la escena al galope.
théâtre au galop. Le ciel s’obscurcit, la pluie tombe. El cielo se oscurece y llueve.
Orage grandissant... Bientôt la tempête devient La tormenta crece poco a poco...
terrible, torrents de pluie, grêle, éclaires et tonnerre. granizo, relámpagos y truenos.
Appels réitérés des trompes de chasse au milieu du Llamadas reiteradas de las trompas de caza en medio
tumulte des éléments. Les chasseurs se dispersent del ruido de la tormenta.
dans toutes les directions; en dernier lieu on voit Los cazadores se dispersan en todas direcciones; por
paraître Didon vêtue en Diane chasseresse, l’arc à la último aparecen Dido vestida de Diana, cazadora con
main, le carquois sur l’épaule, et Énée en costume el arco en la mano y el carcaj en su espalda y Eneas
demi-guerrier. Ils sont à pied l’un et l’autre. Ils vestido de guerrero.
entrent dans la grotte. Aussitôt les nymphes des bois Los dos descabalgan y van a pie.
paraissent, les cheveux épars, au sommet du rocher, Entran en la cueva.
et vont et viennent en courant, en poussant des cris Las ninfas del bosque aparecen en lo alto del risco.
et faisant des gestes désordonnés. Au milieu de leurs Llevan el pelo suelto y corren, de aquí para allá,
clameurs, on distingue de temps en temps le mot: gritando y gesticulando desordenadamente. En medio
Italie! Le ruisseau grossit et devient une bruyante de sus exclamaciones se escucha de vez en cuando
cascade. la palabra “Italia”.
Plusieurs autres chutes d’eau se forment sur divers El arroyo crece y se transforma en una cascada cuyo
points du rocher et mêlent leur bruit au fracas de la ruido se mezcla con el de la tormenta.
tempête. Les Satyres et les Sylvains exécutent avec Los sátiros y silvanas ejecutan en la penumbra
les Faunes des danses grotesques dans l’obscurité. La danzas grotescas junto a los faunos.
foudre frappe un arbre, le brise et l’enflamme. Les Un rayo cae sobre un árbol, lo quiebra y lo quema.
débris de l’arbre tombent sur la scène. Les Satyres, Los restos del árbol caen sobre el escenario.
Faunes et Sylvains ramassent les branches Los sátiros, faunos y silvanas recogen las ramas en
enflammées, dansent en les tenant à la main, puis llamas y bailan con ellas en la mano.
disparaissent avec les nymphes dans les profondeurs Luego, todos desaparecen
(Les jardins de Didon sur le bord de la mer. (Los jardines de Dido a la orilla del mar.
Le soleil. se couche.) El sol se esconde.)
Nº 30 - Recitatif Nº 30 - Recitativo
ANNA ANA
Dites, Narbal, qui cause vos alarmes? Dime, Narbal, ¿qué te preocupa?
Le jour qui termina la guerre et ses malheurs Hoy han terminado las desgracias de la guerra.
N’a-t-il pas vu briller la gloire de nos armes? ¿Acaso nuestras armas no han vencido?
Les Tyriens ne sont-ils pas vainqueurs? ¿No han resultado los tirios vencedores?
NARBAL NARBAL
Pour nous de ce côté plus rien n’est redoutable; Por ese lado no debemos temer nada.
Les Numides chassés dans leurs déserts de sable, Los númidas fueron aniquilados en el desierto,
Pris de nos murs ne reparaîtront pas; nunca más se acercarán a nuestras murallas.
Et le glaive terrible La terrible espada
Du héros invincible del héroe invencible
Nous a délivrés d’Iarbas. nos ha librado de Iarbas.
Mais Didon maintenant oublie Pero Dido olvida su deber
Les soins naguère encore à son esprit si chers; y pasa el tiempo en cacerías y fiestas.
En chasses, en festins, elle passe sa vie; Las obras están inacabadas y los talleres vacíos.
Les travaux suspendus, les ateliers déserts, Me inquieta la prolongada estancia
Le séjour prolongé du Troyen à Carthage del troyano en Cartago.
Me causent des soucis que le peuple partage. Y el pueblo es de mi misma opinión...
ANNA ANA
Eh! ne voyez-vous pas, Narbal, qu’elle l’aime, ¡Eh! ¿No te das cuenta, Narbal, que ella le ama?
Ce fier guerrier, et qu’il ressent lui-même ¿Qué ama a ese apuesto guerrero
Pour ma soeur un amour égal? y que él siente lo mismo hacia mi hermana?
NARBAL NARBAL
Quoi! ¿Cómo?
ANNA ANA
De l’ardeur qui les anime ¿Qué desgracia temes
Quel malheur craignez-vous? por la pasión que les une?
Didon peut-elle avoir un plus vaillant époux, ¿Puede tener Dido un esposo más valiente
Carthage, un roi plus magnanime? y Cartago un rey más magnánimo?
NARBAL NARBAL
Mais le destin impérieux ¡Pero el destino, tirano,
Appelle Énée en Italie! empuja a Eneas hacia Italia!
ANNA ANA
Une voix lui dit: Pars! Una voz le dice: “¡Parte!”.
Une autre voix lui crie: Reste! Otra voz le grita: “¡Quédate!”
L’amour est le plus grand des dieux. La voz del amor vencerá.
NARBAL NARBAL
De quels revers menaces-tu Carthage, ¿Qué desgracias guarda el futuro
Sombre avenir? para Cartago?
Je vois sortir ¡Las intuyo entre los deslumbrantes
De sinistres éclairs du sein de ton nuage! reflejos de su velo!
Jupiter! dieu de l’hospitalité, ¡Júpiter, dios de la hospitalidad,
En exerçant la vertu qui t’est chère, ejerce la virtud que te es más apreciada!
Avons-nous donc, avons-nous mérité ¿Acaso merecemos
Les coups de ta colère? los golpes de tu cólera?
ANNA ANA
Vaine terreur! ¡Te equivocas!
Carthage est triomphante! ¡Cartago es poderosa!
Notre reine charmante Nuestra encantadora reina
(Entrent Didon, Énée, Panthée, Iopas, Ascagne. (Entran Dido, Eneas, Panteo, Iopas y Ascanio. Dido
Didon va s’asseoir avec Anna sur une estrade, ayant se sienta junto a Ana en un estrado; Eneas y Narbal
Énée et Narbal auprès d’elle.) lo hacen a su lado.)
Nº 33 - Ballets Nº 33 - Ballets
(La reine descend de l’estrade et va s’étendre à (La reina desciende del estrado y se recuesta sobre
l’avant-scène sur un lit de repos, de manière à un diván, de manera que presenta su perfil derecho
présenter son profil gauche au spectateur. Énée al espectador. Eneas en pie.)
debout d’abord.)
DIDON DIDO
(languissamment) (aburrida)
Assez, ma soeur, je ne souffre qu’à peine Es suficiente, hermana mía,
Cette fête importune... me aburre esta inoportuna fiesta...
(Sur un signe d’Anna les danseurs se retirent.) (A un gesto de Ana los bailarines se retiran.)
IOPAS IOPAS
A l’ordre de la reine El deseo de la reina
l’obéis. es una orden para mí.
(Un harpiste thébain vient se placer auprès d’Iopas et (Un arpista tebano se sitúa junto a Iopas y lo
accompagne son chant. Le costume du harpiste est acompaña en su canto. El vestido del arpista es de
le costume religieux égyptien.) sacerdote egipcio.)
DIDON DIDO
(l’interrompant) (interrumpiéndolo)
Pardonne, Iopas, ta voix même, Perdona, Iopas, pero incluso tu voz
En mon inquiétude extrême, es incapaz de aplacar la inquietud
Ne peut ce soir me captiver... que me invade esta tarde...
ÉNÉE ENEAS
(allant s’asseoir aux pieds de Didon) (Se sienta a los pies de Dido.)
Chère Didon! ¡Querida Dido!
DIDON DIDO
Énée, Eneas
Ah! daignez achever ¡ah! compláceme
Le récit commencé y termina el relato que comenzaste
De votre long voyage sobre tu largo viaje
Et des malheurs de Troie. y las calamidades de Troya.
Apprenez-moi le sort Cuéntame qué ocurrió
De la belle Andromaque… con la bella Andrómaca...
ÉNÉE ENEAS
Hélas! en’esclavage ¡Ay! Pirro la convirtió en su esclava
Réduite par Pyrrhus, y ella sólo deseaba la muerte.
Elle implorait la mort; Pero el ferviente amor
Mais l’amour obstiné que ese príncipe sentía por ella,
De ce prince pour elle al fin venció
Sur enfin la rendre infidèle a los más queridos recuerdos...
Aux plus chers souvenirs... Tras muchas dudas y rechazos,
Après de longs refus, ella consintió
Elle épousa Pyrrhus. casasrse con Pirro.
DIDON DIDO
Quoi! la veuve d’Hector! ¿Cómo?... ¡La viuda de Héctor!
ÉNÉE ENEAS
Sur le trône d’Epire Ahora, ella está sentada
Elle est ainsi montée. en el trono de Epiro.
DIDON DIDO
Ô pudeur! ¡Oh, pudor!
(à part) (aparte)
(Ascagne appuyé sur son arc et semblable à une (Ascanio, apoyado sobre su arco y cual estatua de
statue de l’Amour, se rient debout au côté gauche de Amor, se ríe junto a la reina.
la reine, Anna inclinée appuie son coude sur le Ana apoya su codo sobre el respaldo del lecho de
dossier du lit de Didon. Auprès d’Anna, Narbal et Dido.
Iopas debout.) Detrás de Ana, Narbal e Iopas en pie.)
Andromaque épouser l’assassin de son père, ¡Andrómaca casada con el asesino de su padre!
Le fils du meurtrier de son illustre époux! ¡Con el hijo de quien mató a su ilustre esposo!
ÉNÉE ENEAS
Elle aime son vainqueur, Ella ama a quien la conquistó,
L’assassin de son père, aunque sea el asesino de su padre
Le fils du meurtrier de son illustre époux. y el hijo de quien mató a su ilustre esposo.
DIDON DIDO
Tout conspire, etc. Esto hace que mis remordimientos, etc.
(Didon ayant le bras gauche posé sur l’épaule (Dido tiene el brazo izquierdo sobre la espalda de
d’Ascagne, de façon que sa main pend devant la Ascanio, de forma que su mano cuelga ante el pecho
poitrine de l’enfant, celui-ci retire en souriant du del niño, quien retira sonriendo el anillo de Siqueo
doigt de la reine l’anneau de Sichée, que Didon lui del dedo de la reina, que Dido toma después
reprend ensuite d’un air distrait et qu’elle oublie sur distraídamente olvidándolo sobre el lecho al
le lit de repos en se levant.) levantarse.)
ANNA ANA
(montrant Ascagne) (señalando a Ascanio)
Voyez, Narbal, la main légère Mira, Narbal, la manita de ese niño,
De cet enfant, semblable à Cupidon, como si fuera Cupido,
DIDON DIDO
(rêvant) (como soñando)
Le fils du meurtrier de son illustre époux!... ¡El hijo de quien mató a su ilustre esposo!...
Tout conspire, etc. Esto hace que mis remordimientos desaparezcan...
ÉNÉE ENEAS
Didon soupire... Dido suspira...
Mais le remords s’enfuit, ¡Pero el remordimiento de su corazón
Et son coeur est absous!... desaparece!
Didon soupire... Dido suspira…
Mais son coeur, oui, son coeur est absous. pero su corazón, sí, su corazón perdona.
ÉNÉE ENEAS
Mais bannissons ces tristes souvenirs. Pero no pensemos más en esos tristes recuerdos.
DIDON, ÉNÉE, ASCAGNE, ANNA, IOPAS DIDO, ENEAS, ASCANIO, ANA, IOPAS
NARBAL, PANTHÉE ET LE CHOEUR NARBAL, PANTEO, CORO
Tout n’est que paix et charme autour de nous! ¡Se respira paz en todo nuestro entorno!
La nuit étend son voile et la mer endormie La noche extiende su velo y la mar murmura,
Murmure en sommeillant les accords les plus doux. soñando, los sonidos más dulces.
(Tous les personnages, excepté Énée et Didon, se (Todos, salvo Eneas y Dido, se retiran poco a poco
retirent peu o peu vers le fond du théâtre et finissent hacia el fondo de la escena y terminan por
par disparaître tout à fait.) desaparecer.)
Nº 37 - Duo Nº 37 - DÚO
DIDON DIDO
Par une telle nuit, le front ceint de cytise, En una noche como ésta, Venus, tu madre,
Votre mère Vénus suivit le bel Anchise coronada de flores siguió al bello Anquises
Aux bosquets de l’Ida. hasta el bosque de Ida.
ÉNÉE ENEAS
Par une telle nuit, fou d’amour et de joie, En una noche como ésta, Troilo, loco de amor,
Troïlus vint attendre aux pieds des murs de Troie se reunió bajo las murallas de Troya
La belle Cressida. con la bella Crésida.
ÉNÉE ENEAS
Par une telle nuit la pudique Diane En una noche como ésta,
Laissa tomber enfin son voile diaphane la virginal Diana dejó caer al fin su velo
Aux yeux d’Endymion. ante los ojos de Endimión.
ÉNÉE ENEAS
Et dans la même nuit hélas! l’injuste reine, Y en la misma noche, ¡ay!,
Accusant son amant, obtint de lui sans peine la injusta reina acusará a su amante,
Le plus tendre pardon. obteniendo de él el más tierno de los perdones.
(Ils marchent lentement vers le fond du théâtre en (Se marchan juntos despacio y cantando.
se tenant embrassés, puis ils disparaissent en Cuando los dos amantes,
chantant. aún cantando el dúo, salen de escena,
Au moment où les deux amants qu’on ne voit plus Mercurio aparece
finissent leur duo dans la coulisse, Mercure paraît repentinamente junto
subitement dans un rayon de la lune non loin d’une a la columna en la que están
colonne tronquée où sont appendues les armes apoyadas las armas de Eneas.
d’Énée. S’approchant de la colonne il frappe de son Se acerca a la columna
caducée deux coups sur le bouclier qui rend un son y golpea con su báculo el escudo de Eneas que
lugubre et prolongé.) resuena lúgubre y prolongadamente.)
MERCURE MERCURIO
(d’une voix grave, et étendant le bras du côté de la (con voz grave
mer) y señalando al mar.)
Italie! Italie! Italie! ¡Italia! ¡Italia! ¡Italia!
(Le bord de la mer couvert de tentes troyennes. On (Campamento troyano junto al mar. Se ven las naves
voit les vaisseaux troyens dans le port. Il fait nuit. troyanas atracadas en el puerto. Anochece. Un joven
Un jeune matelot phrygien chante en se balançant au marinero frigio se balancea en lo alto del mástil de
haut du mât d’un navire. Deux sentinelles montent un navío. Dos centinelas hacen guardia al fondo de la
la garde devant les tentes au fond de la scène.) escena.)
HYLAS HILAS
Vallon sonore, Desde el amanecer
Où dès l’aurore estoy cantando
Je m’en allais chantant, hélas! en este vallecillo sonoro, ¡ay!,
Sous tes grands bois chantera-t-il encore, bajo tus grandes árboles
Le pauvre Hylas?... ¿aún puede cantar el pobre Hilas?
Berce mollement sur ton sein sublime, Acuna dulcemente en tu seno,
Ô puissante mer, l’enfant de Dindyme! ¡oh, poderoso mar! al hijo de Díndimo.
Fraîche ramée, Fresca enramada,
Retraite aimée acogedor refugio
Contre les feux du jour, hélas! contra los fuegos diurnos, ¡ay!
Quand rendras-tu ton ombre parfumée ¿Cuándo darás perfumada sombra
Au pauvre Hylas?... al pobre Hilas?
Berce mollement sur ton sein sublime, Acuna dulcemente en tu seno,
Ô puissante mer, ¡oh, poderoso mar!
l’enfant de Dindyme! al hijo de Díndimo.
Humble chaumière, Humilde cabaña
Où de ma mère donde mi madre
Je reçus les adieux. me dijo adiós.
(Entrent Panthée et les Chefs troyens.) (Entran Panteo y otros jefes troyanos.)
PANTHÉE PANTEO
Préparez tout, il faut partir enfin. ¡Preparad todo, hay que partir!
Énée en vain El afligido Eneas
Voit avec désespoir l’angoisse de la reine, observa apesadumbrado la angustia de la reina,
La gloire et le devoir sauront briser sa chaîne pero la gloria y el deber romperán su cadena.
Et son coeur sera fort au moment des adieux. Su corazón será fuerte en el momento del adiós.
Nº 40 - Duo Nº 40 - Dúo
(Les deux soldats en sentinelle marchent, l’un de (Los dos centinelas hacen la ronda,
droite à gauche, l’autre de gauche o droite. Ils cruzándose en medio de la escena,
s’arrêtent de temps en temps l’un près de l’autre de manera que el que estaba a la izquierda
vers le milieu du théâtre.) ahora está a la derecha y viceversa.)
ÉNÉE ENEAS
(s’avançant dans une grande agitation) (Entra muy alterado.)
Inutiles regrets!... je dois quitter Carthage! ¡Inútiles recuerdos! ¡Debo dejar Cartago!
Didon le sait... son effroi, sa stupeur, Dido lo sabe... su desesperación, su desasosiego...
En l’apprenant, ont brisé mon courage... Cuando la vi, mi valor flaqueó...
Mais je le dois... il le faut!... Pero mi deber... ¡lo exige!
Non, je ne puis oublier la pâleur No puedo olvidar la mortal palidez de su rostro;
Frappant de mort son beau visage, su silencio... la llama sombría de sus ojos...
Son silence obstiné, ses yeux En vano le he hablado de las innumerables
Fixes et pleins d’un feu sombre... hazañas a las que emplazan los dioses;
En vain ai-je parlé des prodiges sans nombre la grandeza de mi ardua empresa;
Me rappelant l’ordre des dieux, el porvenir de mi hijo y de todos los troyanos;
Invoqué la grandeur de ma sainte entreprise, la heroica muerte que el destino
L’avenir de mon fils et le sort des Troyens, me tiene reservada
La triomphale mort par les destins promise, para culminar mi vida en los campos italianos.
Pour couronner ma gloire aux champs ausoniens; Nada de esto la ha hecho ceder...
Rien n’a pu la toucher; sans vaincre son silence Sin vencer su silencio,
J’ai fui de son regard la terrible éloquence. escapé de su terrible mirada.
Nº 42 - Scene Nº 42 - Escena
ÉNÉE ENEAS
Encor ces voix! ¡Otra vez esas voces!
ÉNÉE ENEAS
De la sombre demeure, Mensajero del más allá,
Messager menaçant, qui donc t’a fait sortir?... ¿quién te ha hecho salir de tu oscura morada?...
ÉNÉE ENEAS
Ah! je voudrais mourir! ¡Ah!... ¡Quisiera morir!
(Sa couronne s’éteint, il disparaît. Énée, s’élançant (Su corona se apaga y desaparece. Eneas se lanza
éperdu vers le côté droit de la scène y rencontre le perdido hacia la derecha de la escena y se encuentra
spectre de Chorèbe.) al espectro de Corebo.)
(Sa couronne s’éteint, il disparaît. Énée, reculant vers (Su corona se apaga y desaparece.
le fond du théâtre y rencontre les deux autres Al fondo de la escena aparecen los otros dos
spectres. Cassandre a le bras gauche appuyé sur espectros.
l’épaule Casandra a la izquierda, apoyada en la espalda de
d’Hector. Hector est armé de pied en cap.) Héctor, quien está armado de pies a cabeza.)
ÉNÉE ENEAS
Je dois céder ¡Cedo a vuestras despiadadas órdenes!
A vos ordres impitoyables! ¡Obedeceré, espectros inexorables!
J’obéis, j’obéis, spectres inexorables! ¡Dioses,
Je suis barbare, me habéis convertido en un ingrato!
ingrat; vous l’ordonnez, grands dieux! ¡Sacrificaré a Dido
Et j’immole Didon, en détournant les yeux! con los ojos cerrados!
ÉNÉE ENEAS
(passant devant les tentes) (pasando entre las tiendas)
Debout, Troyens, éveillez-vous, alerte! ¡En pie, troyanos, despertaos, alerta!
Le vent est bon, la mer nous est ouverte! ¡El viento es favorable, la mar nos espera!
Eveillez-vous! ¡Despertaos!
Il faut partir avant le lever du soleil! ¡Zarparemos antes del alba!
ÉNÉE ENEAS
(à un chef) (a un jefe)
Va, cours, porte cet ordre à l’oreille étonnée ¡Corre! Lleva esta orden al asombrado Ascanio:
D’Ascagne: Qu’il se lève et qu’il se rende à bord! ¡Que se levante y venga inmediatamente a bordo!
Avant le jour il faut quitter le port. Hay que zarpar antes del alba.
Ma tâche, jusqu’au bout, grands dieux, sera remplie, ¡Dioses, pronto cumpliré mi destino!
Alerte, amis! profitons des instants! ¡Alerta, amigos! ¡No nos retrasemos!
Coupez les câbles, il est temps! ¡Cortad las amarras! ¡Ha llegado el momento!
En mer! en mer! Italie! Italie! ¡A la mar! ¡A la mar! ¡A Italia! ¡A Italia!
CHOEUR CORO
Voici le jour, profitons des instants! Ya amanece, ¡no nos retrasemos!
Coupons les câbles, il est temps! ¡Cortemos las amarras! ¡Ha llegado el momento!
En mer! en mer! Italie! Italie! ¡A la mar! ¡A la mar! ¡A Italia! ¡A Italia!
ÉNÉE ENEAS
(se tournant du côté du palois de Didon) (Se vuelve hacia el palacio de Dido.)
A toi mon âme! Adieu! digne de ton pardon, ¡Mi alma queda a tu lado! ¡Adiós!
Je pars, noble Didon! ¡Perdóname, Dido!
L’impatient destin m’appelle; El impaciente destino me llama...
Pour la mort des héros, je te suis infidèle. ¡Por la voluntad de los muertos te soy infiel!
(Tous se précipitent hors de la scène dans diverses (Todos se precipitan fuera de la escena en todas
directions, comme pour faire des préparatifs de direcciones, preparando la marcha. Vemos algunos
départ. On voit les vaisseaux commencer à se metre barcos que comienzan a moverse. Destellos de luz a
en mouvement. Eclairs et tonnerre lointain.) lo lejos.)
DIDON DIDO
Errante sur tes pas, Entre todo este griterío
Sous la foudre qui gronde, te he buscado por todas partes y...
J’ai voulu voir, je vois et ne crois pas... ¡Mis ojos no creen lo que ven!...
Tu prépares ta fuite? ¿Huyes?
ÉNÉE ENEAS
En ma douleur profonde, ¡En mi profundo dolor, querida Dido,
Chère Didon, épargnez-moi! abandóname!
ÉNÉE ENEAS
J’ai trop tardé... He dudado demasiado
Des dieux les ordres souverains... si obedecer las órdenes de los dioses…
DIDON DIDO
Il part!... il suit la voix d’implacables destins, ¡Te marchas!...
Sans écouter la mienne! à ses lâches dédains ¡Caminas hacia tu destino y me abandonas!
Il me voit exposer ma douleur surhumaine. ¡No te importa mi profundo dolor!
ÉNÉE ENEAS
Didon! ¡Dido!
DIDON DIDO
Sans qu’à l’aspect d’une telle misère ¡Tanta miseria no merece
La pitié d’une larme humecte sa paupière! ni una sola lágrima de tus ojos!
Tu pars? Non! ce n’est pas Vénus qui t’enfanta, ¿Te marchas?... ¡No, no fue Venus quien te parió,
Quelque louve hideuse aux forêts t’allaita! sino alguna repugnante loba del bosque!
ÉNÉE ENEAS
O Reine, quand à vous se dévoua mon âme, ¡Reina, mi alma te siempre pertenecerá!
Elle subit la loi d’un immortel amour, La llama del amor ha prendido en mí
Et jusqu’au dernier jour y hasta el último día
Mon coeur vivra de cette flamme... mi corazón vivirá por ella...
DIDON DIDO
Tais-toi! rien ne t’arrête; ¡Cállate! Nada te retiene.
La mort qui plane sur ma tête, La muerte que planea sobre mi cabeza,
Ma honte, mon amour, notre hymen commencé, mi vergüenza, mi amor, nuestro himeneo,
Mon nom du livre d’or dès ce jour efface! ¡mi nombre en el libro de oro desde el día aciago!
Encor, si de ta foi, j’avais un tendre gage, Si tuviera una prenda de tu amor...
Oui, si d’un fils d’Énée Sí, si en mi seno
Le fier et doux visage se cobijara un hijo de Eneas,
Me rappelant tes traits, souriait sur mon sein, con rasgos que me recordaran a ti...
je serais moins abandonnée... Entonces me sentiría menos abandonada...
ÉNÉE ENEAS
Je vous aime, Didon; grâce! l’ordre divin Te amo, Dido. ¡Perdóname!
Pouvait seul emporter la cruelle victoire. La orden divina me obliga a dejarte.
(On entend la fanfare de la marche troyenne.) (se escucha la fanfarria de la marcha troyana)
DIDON DIDO
A ce chant de triomphe où rayonne ta gloire, ¡Esos sones te llaman a la gloria!
Je te vois tressaillir! Estás impaciente...
Tu pars? ¿Te vas?
ÉNÉE ENEAS
Je dois partir... Debo partir...
DIDON DIDO
Tu pars? ¿Te marchas?
ÉNÉE ENEAS
Mais pour mourir, Aunque marchara hacia la muerte,
Obéissant aux dieux, debo obedecer a los dioses.
Je pars et je vous aime! ¡Me voy amándote!
DIDON DIDO
Ne sois pas plus longtemps par mes cris arrêté, ¡Que mi lamento no te retengan por más tiempo!
Monstre de piété! ¡Monstruo sin entrañas! ¡Vete, pues! ¡Vete!
Va donc, va! je maudis et tes dieux et toi-même! ¡Os maldigo a ti y a tus dioses!
(Ascagne arrive conduit par un chef troyen. Énée (Ascanio llega guiado por un jefe troyano. Eneas
monte sur un vaisseau.) embarca en su nave.)
Nº 45 - Scene Nº 45 - Escena
DIDON DIDO
Va, ma soeur, l’implorer, Deja de llorar, hermana mía.
De mon âme abattue De mi alma abatida ha huido el orgullo.
L’orgueil a fui. Va! ce départ me tue ¡Vete! Esta marcha me aflige...
Et je le vois se préparer. Ya le veo alejarse.
ANNA ANA
Hélas! moi seule fus coupable, ¡Ay de mí! Yo he sido la única culpable,
En vous encourageant à former d’autres noeuds. por obligaros a crear otros lazos.
Peut-on lutter contre les dieux?... ¿Se puede luchar contra los dioses?
Son départ est inévitable, Su partida es inevitable,
Et pourtant il vous aime. aunque esté enamorado.
DIDON DIDO
Il m’aime! non! non! son coeur est glacé! ¿Él, amarme? ¡No! ¡No! ¡Su corazón es de hielo!
Ah! je connais l’amour, et si Jupiter même ¡Ah! Yo sé bien lo que es amar...
M’eût défendu d’aimer, mon amour insensé Aunque el mismísimo Júpiter me hubiese
De Jupiter braverait l’anathème. prohibido amar, mi amor hubiera desafiado
Mais va, ma soeur, allez, Narbal, le supplier su prohibición.
Pour qu’il m’accorde encore Pero ve con Narbal , hermana mía,
Quelques jours seulement. Humblement je l’implore: y ruégale que me conceda sólo algunos días más.
Ce que j’ai fait pour lui, pourra-t-il l’oublier, Humildemente se lo imploro:
Et repoussera-t-il cette instance suprême lo que hice por él, ¿podrá olvidarlo?
De vous, sage Narbal, de toi, ma soeur, qu’il aime?... ¿Rechazará mi última petición?
Nº 46 - Scene Nº 46 - Escena
CHOEUR CORO
(au loin derrière la scène) (lejos, tras el escenario)
En mer, voyez! six vaisseaux! sept! neuf! dix! ¡Mirad!... ¡Seis barcos! ¡Siete!... ¡Nueve! ¡Diez!
IOPAS IOPAS
(entrant) (entrando)
Les Troyens sont partis! ¡Los troyanos han zarpado!
DIDON DIDO
Qu’entends-je? ¿Qué dices?
IOPAS IOPAS
Avant l’aurore Antes del amanecer, su flota ya estaba en el mar.
Leur flotte était en mer, on l’aperçoit encore! ¡Aún se puede ver!
DIDON DIDO
Dieux immortels! il part! Armez-vous, Tyriens! ¡Dioses inmortales! ¡Se marcha!
Carthaginois, courez, poursuivez les Troyens! ¡A las armas, tirios!
Courbez-vous sur les rames, ¡Cartagineses, perseguid a los troyanos!
Volez sur les eaux, Tomad vuestros remos,
Lancez des flammes, volad sobre las aguas con teas encendidas
Brûlez leurs vaisseaux! ¡y quemad sus barcos!
Que la ville entière... Que la ciudad entera...
Que dis-je?... impuissante fureur! ¿Pero qué digo? ¡Impotente furor!
Subis ton sort et désespère, ¡Sufre tu suerte y desesperación,
Dévore ta douleur, devora tu dolor,
Ô malheureuse! oh, desventurada!
Et voilà donc la foi de cette âme pieuse! ¡Este es el pago a mi profundo amor!
NARBAL NARBAL
(à Anna) (a Ana)
Son regard m’épouvante, ô princesse, restez! Su mirada me asusta. ¡Oh, princesa, calmaos!
DIDON DIDO
Anna, suivez Narbal. ¡Ana, sigue a Narbal!
ANNA ANA
Que ma soeur me pardonne! ¡Que mi hermana me perdone!
DIDON DIDO
Je suis reine et j’ordonne; ¡Soy tu reina y te lo ordeno!
Laissez-moi seule, Anna. ¡Déjame sola, Ana!
Nº 47 - Monologue Nº 47 - Monólogo
(Didon parcourt la scène en s’arrachant les (Dido se arranca los cabellos durante la escena, se
cheveux,se frappant la poitrine et poussant des cris golpea el pecho y lanza gritos inarticulados.)
inarticulés.)
DIDO
DIDON ¡Ah! ¡Ah!
Ah! Ah!
(Se para bruscamente.)
(Elle s’arrête brusquement.)
Voy a morir...
Je vais mourir... ¡Sumergida en un inmenso dolor
Dans ma douleur immense submergée y sin ser vengada!...
Et mourir non vengée!... ¡Muramos, pues!
Mourons pourtant! Oui, puise-t-il frémir ¡Sí, puede que él tiemble ante la lejana luz
A la lueur lointaine de la flamme de mon bûcher! de la llama de mi hoguera!
S’il reste dans son âme quelque chose d’humain. Quizá quede en su alma algo de piedad.
Peut-être il pleurera sur mon affreux destin. Puede ser que llore por mi horrible sino.
Lui, me pleurer!... ¡Él me llorará!...
Énée!... Énée!... ¡Eneas! ¡Eneas!
Oh,! mon âme te suit, ¡Oh, mi alma,
A son amour enchaînée, en la hora de la noche eterna,
Esclave, elle l’emporte en l’éternelle nuit... continúa encadenada a la suya!
Vénus! rends-moi ton fils!... Inutile prière ¡Venus! ¡Devuélveme a tu hijo!
D’un coeur qui se déchire!... A la mort tout entière ¡Inútil plegaria de un corazón que se desgarra!
Didon n’attend plus rien que de la mort. Dido sólo espera la muerte.
Nº 48 - Air
Nº 48 - Aria
DIDON
Adieu, fière cité, qu’un généreux effort DIDO
Si promptement éleva florissante; ¡Adiós, orgullosa ciudad,
Ma tendre soeur qui me suivis errante, a la que un tenaz esfuerzo hizo florecer!
Adieu, mon peuple, adieu; adieu, rivage vénéré, Mi tierna hermana que me sirvió errante, adiós.
Toi qui jadis m’accueillis suppliante; Adiós, a mi pueblo.
Adieu, beau ciel d’Afrique, astres que j’admirai Adiós, playas veneradas, que lo acogisteis.
(Une partie des jardins de Didon, sur le bord de la (Un rincón de los jardines de Dido, a la orilla del mar.
mer.Un vaste bûcher est élevé; on y monte par des Hay una gran hoguera; se asciende por ella con
gradins latéraux. Sur la plate-forme du bûcher sont escaleras laterales. Sobre la plataforma de la
placés un lit, une toge, un casque, une épée avec hoguera hay un lecho, una toga, un casco y un busto
son baudrier, et un buste d’Énée.) de Eneas.)
(Entrent les Prêtres de Pluton, revêtus de costumes (Entran los sacerdotes de Plutón, vestidos con trajes
funèbres; ils viennent processionnellement se fúnebres.
grouper Vienen en procesión y se agrupan junto a dos altares
auprès de deux autels où brillent des flammes donde brillan llamas verdosas; después Ana, Narbal
verdâtres, puis Anna, Narbal, et enfin Didon voilée et y, al fin, Dido, con velo y coronada de hojas.
couronnée de feuillage. Pendant la première partie du Durante la primera parte del coro de los sacerdotes,
choeur des prêtres, Anna, s’approchant de sa soeur, Ana, acercándose a su hermana,
lui dénoue sa chevelure et lui ôte le cothurne de son le suelta el cabello y le ata la sandalia del pie
pied gauche.) izquierdo.)
Nº 50 - Scene Nº 50 - Escena
DIDON DIDO
(parlant comme en songe) (Hablando como en sueños.)
Pluton... semble m’être propice... Plutón... parece que me es propicio...
En ce cruel instant... Narbal... ma soeur... En este cruel instante... Narbal... hermana mía...
C’en est fait... achevons le pieux sacrifice… Ya está hecho... Acabemos el piadoso sacrificio...
Je sens rentrer le calme... dans mon coeur. Siento volver la calma... a mi corazón.
(Deux prêtres portant le premier autel s’avancent de (Dos sacerdotes llevan el primer altar y se adelantan
gauche à droite, deux autres portant le second de izquierda a derecha; otros dos llevan el segundo
s’avancent de droite à gauche et font en se croisant de derecha a izquierda, encontrándose ante la
ainsi le tour du bûcher. Didon, le pied gauche nu, hoguera.
les cheveux épars, après avoir déposé sur l’un des Dido,con el pie derecho desnudo, el cabello suelto
autels sa couronne de feuillage, le suit d’un pas tras dejar sobre uno de los altares la corona de
saccadé. Pendant ce mouvement processionnel, Anna hojas, los sigue decidida.
est à genoux à droite de la scène et Narbal à gauche. Ana está arrodillada a la derecha y Narbal a la
Entre eux le grand prêtre de Pluton, debout, étend, izquierda; en medio, el gran sacerdote de Plutón que
en la tenant des deux mains, la fourche plutonique extiende, sosteniendo entre sus dos manos la
vers le bûcher. Enfin, saisie d’une énergie convulsive, antorcha plutónica en dirección a la hoguera.
Didon monte d’un pas rapide les degrés du bûcher. Decidida, Dido asciende con paso rápido los
Parvenue au sommet, elle saisit la toge d’Énée, escalones. Llegada a lo alto, se viste la toga de
détache le voile brodé d’or qui couvre sa tête, et les Eneas, se quita el velo bordado de oro que cubre su
Ah! ¡Ah!
(Elle se prosterne sur le lit, qu’elle embrasse avec (Se tiende sobre el lecho, al que se abraza entre
des sanglots convulsifs. Elle se relève et prenant sollozos convulsivos. Luego se levanta y, tomando la
l’épée elle dit d’un ton prophétique:) espada de Eneas, dice en tono profético:)
Mon souvenir vivra parmi les âges. Mi recuerdo vivirá por siempre.
Mon peuple accomplira d’héroïques destins. Mi pueblo alcanzará heroicos destinos.
Un jour sur la terre africaine, Un día, sobre esta misma tierra africana,
Il naîtra de ma cendre un glorieux vengeur... nacerá de mis cenizas un glorioso vengador...
J’entends déjà sonner son nom vainqueur. Escucho ya sonar el nombre del conquistador.
Annibal! Annibal! d’orgueil mon âme est pleine! ¡Aníbal! ¡Aníbal! ¡Mi alma se llena de orgullo!
Plus de souvenirs amers! ¡Basta de recuerdos amargos!
C’est ainsi qu’il convient de descendre aux enfers! ¡Es así como hay que descender a los infiernos!
(Elle tire l’épée du fourreau, se frappe et tombe sur (Saca la espada de la vaina, se hiere y cae sobreel
le lit.) lecho.)
Nº 51 - Choeur Nº 51 - Coro
TOUS TODOS
Ah! au secours! au secours! la reine s’est frappée! ¡Ah! ¡Socorro! ¡Socorro! ¡La reina se ha herido!
(Narbal sort comme pour aller chercher du secours.) (Narbal sale como para buscar socorro.)
CHOEUR CORO
(derrière la scène et accourant) (tras la escena y acudiendo)
Quels cris! ah! dans son sang trempée ¡Qué gritos! ¡Ah!
La reine meurt! ¡Bañada en sangre muere la reina!
(Narbal rentre, le grand choeur entre en scène.) (Narbal regresa, el gran coro entra en escena.)
DIDON DIDO
(se relevant appuyée sur son coude) (Se incorpora apoyada en el codo.)
Ah! ¡Ah!
ANNA ANA
(sur le bûcher) (sobre la hoguera)
Ma soeur! ¡Hermana mía!
DIDON DIDO
Ah!... ¡Ah!
(Elle lève les yeux au ciel et retombe gémissant.) (Alza la vista al cielo y cae gimiendo.)
ANNA ANA
C’est moi, ¡Soy yo!
C’est ta soeur qui t’appelle... ¡Es tu hermana quien te llama!
DIDON DIDO
(se relevant à demi) (Se medio levanta.)
Ah! Des destins ennemis... implacable fureur... ¡Ah! ¡Adverso sino!... ¡Implacable furor!...
Carthage périra! ¡Cartago perecerá!
Nº 52 - Imprécation Nº 52 - Imprecación
(On voit dans une gloire lointaine le Capitole Romain (Aparece a lo lejos el Capitolio de Roma en cuya
au fronton duquel brille ce mot, Rome. Devant le fachada reluce la palabra Roma.
Capitole défilent des légions et un empereur entouré Ante un emperador, rodeado de artistas, desfilan las
d’une cour de poètes et d’artistes. Pendant cette legiones. Durante la apoteosis, invisible para los
DIDON DIDO
Rome... Rome... immortelle! ¡Roma!... ¡Roma!... ¡Inmortal!
CHOEUR CORO
Haine éternelle à la race d’Énée! ¡Odio eterno a la raza de Eneas!
Qu’une guerre acharnée ¡Que una guerra encarnizada
Précipite à jamais nos fils contre ses fils! enfrente a nuestros hijos contra los suyos!
Que par nos vaisseaux assaillis ¡Que nuestros naves
Leurs vaisseaux dans la mer profonde aborden las suyas
Périssent abîmés! que sur la terre et l’onde y las lleven a lo más profundo del océano!
Nos derniers descendants, contre eux toujours ¡Que por mar
armés, y tierra nuestros descendientes
De leur massacre, un jour, épouvantent le monde! masacren a los suyos y sean la gloria del mundo!