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3.

L'ELECTROCARDIOGRAMME NORMAL

L'analyse de l'électrocardiogramme comprend la mesure des amplitudes et


durées ainsi que l'examen de la morphologie de l'onde P, du complexe
QRS, de l'onde T, de l'intervalle PR, du segment ST, de l'intervalle QT. Les
valeurs normales citées ci-dessous qui s'appliquent à des adultes d'âge
moyen sont données à titre indicatif car il existe un chevauchement parfois
important entre les valeurs normales et pathologiques.

L'Onde P

Au cours du rythme sinusal normal, la dépolarisation du myocarde


auriculaire procède à partir du nœud sinusal, de haut en bas, et de droite à
gauche. Sur le plan frontal, le vecteur de dépolarisation auriculaire est donc
dirigé en bas et à gauche, ce qui produit une onde P positive dans les
dérivations I et II et négative en aVR. Une onde P négative dans la
dérivation I évoque soit une inversion des électrodes bras gauche et bras
droit, soit beaucoup plus rarement une dextrocardie. Une onde P négative
dans la dérivation II évoque un foyer auriculaire ectopique, la dépolarisation
auriculaire se faisant alors de bas en haut.

Sur le plan horizontal la dépolarisation auriculaire droite produit un vecteur


dirigé vers les précordiales droites tandis que la dépolarisation auriculaire
gauche qui lui succède produit un vecteur dirigé en arrière et à gauche,
expliquant l'aspect biphasique de l'onde P (+-) fréquemment observé en V1.

Habituellement les ondes P sont le mieux visibles dans les dérivations II et


V1. Voici les valeurs normales des paramètres de l'onde P :

 - Durée < 0,11 seconde (Normale : 0,085 - 0,015s)

 - Amplitude < 0,25 mV (2,5 mm)

 - Orientation dans le plan frontal entre 0 et +75º

- Composante négative en V1 composante positive et surface de la


composante négative > 0,004 mV.s (Index de Morris(18)).
L'Intervalle PR ou PQ

L'intervalle PR ou PQ, mesuré du début de l'onde P au début du complexe


QRS, représente le temps de propagation de l'influx par les oreillettes, le
noeud auriculoventriculaire, le faisceau de His, ses branches, le réseau de
Purkinje jusqu'au début de l'activation ventriculaire. La durée de l'intervalle
PR varie de 0,12 à 0,20 seconde en fonction de la fréquence cardiaque et
de l'âge. Chez l'adulte d'âge moyen, la limite supérieure de la normale est
de 0,21 seconde.

La notion de "segment PR" est moins utilisée. Il s'agit de la distance entre


la fin de l'onde P et le début du complexe QRS. On observe parfois un léger
sous-décalage du segment PR, reflétant la repolarisation auriculaire. La
mesure du segment PR est utile pour le diagnostic des préexcitations
ventriculaires où un faisceau accessoire court-circuite le noeud auriculo-
ventriculaire, accélérant le passage des oreillettes aux ventricules, ce qui
se manifeste par un raccourcissement du segment PR alors que l'intervalle
PR lui-même peut rester normal.

Le complexe QRS

La dépolarisation ventriculaire se traduit par un complexe polyphasique, le


complexe QRS. L'onde négative initiale est appelée onde Q : sa durée est
généralement inférieure à 0,04 seconde et son amplitude dépasse
rarement 1 à 2 mm. La première onde positive est appelée onde R. L'onde
négative qui suit l'onde R est appelée onde S. Toute déflexion ultérieure
positive ou négative sera désignée par les lettres R', S', R", S". Par
convention, les lettres minuscules sont utilisées pour désigner les ondes de
faible amplitude et les majuscules pour les ondes d'amplitude élevée.

(fig.3.1)

-La durée du complexe QRS normal varie en fonction de l'âge et du sexe :


plus élevée chez les sujets âgés et chez les hommes. Elle sera mesurée
dans la dérivation où le complexe QRS paraît le plus "large". En effet, la
projection perpendiculaire du vecteur du début ou de la fin de la
dépolarisation ventriculaire par rapport à certaines dérivations peut y
produire un segment isoélectrique, ce qui donne l'impression que le
complexe QRS est plus "mince" qu'en réalité. La mesure la plus fiable de la
durée de QRS est obtenue en superposant les 12 dérivations enregistrées
simultanément et en recherchant le début et la fin globale du QRS. La
durée de QRS est normalement comprise entre 0,06 et 0,10 seconde. Au-
delà de 0,12 seconde, on évoque un trouble "majeur" de conduction
intraventriculaire; entre 0,10 et 0,12 seconde on peut parler de trouble
"mineur" de conduction intraventriculaire.

-L'amplitude des composantes du QRS varie en fonction de plusieurs


fac-

teurs : âge, sexe, race, index pondéral, morphologie thoracique et position


du coeur dans le thorax. Les valeurs normales d'amplitude peuvent être
consultées dans des tables et elles sont incluses dans les programmes
d'analyse automatique de l'ECG. Elles sont généralement stratifiées en
fonction des deux variables âge et sexe qui sont les principaux facteurs de
variation chez l adulte mais également, et dans une bien plus grande
mesure, chez l'enfant et l'adolescent.

-La morphologie du complexe QRS dans les divers dérivations se


comprend aisément en se référant au schéma d'activation cardiaque .

(fig. 3.2)

De façon résumée, la dépolarisation ventriculaire peut se représenter par


une série de vecteurs résultants instantanés successifs. L'activation initiale
qui débute au moyen de la face gauche du septum interventriculaire produit
un vecteur septal I dirigé en avant et à droite, et suivant la position du
coeur, vers le haut ou le bas; ensuite l'activation des régions paraseptales
et apicales produit un vecteur II dirigé en bas, en avant et légèrement vers
la gauche; l'activation de la paroi libre du ventricule gauche dominant la
dépolarisation déjà terminée de la paroi ventriculaire droite plus mince
donne un vecteur III de grande amplitude dirigé en arrière, à gauche et vers
le bas; finalement l'activation des parties postéro-basales des deux
ventricules et du septum donne le dernier vecteur IV, plus petit, dirigé en
arrière, à gauche ou légèrement à droite et vers le haut.
La connaissance de l'orientation spatiale de ces 4 vecteurs successifs
permet de comprendre la morphologie du complexe QRS tant dans le plan
frontal (dérivations périphériques, )

fig. 3.3

que dans le plan horizontal (dérivations précordiales).

FIG. 3.4 Vecteurs d'activation ventriculaire 1 à 4, correspondant aux 4 phases successives du


schéma d'activation ventriculaire de la figure 3.2. Projection dans le plan horizontal.

L'activation septale (vecteur I) produit normalement une onde q initiale dans


les dérivations I, II, III, aVL, V5 et V6 et une onde r initiale dans les
précordiales droites et moyennes de V1 à V4. En aVF, on peut observer
une onde r ou une onde q selon que le vecteur septal est dirigé en bas ou
en haut. Le vecteur du début de dépolarisation ventriculaire (II) produit une
onde R dans les dérivations II et III et de V3 à V4. Le vecteur III issu de la
dépolarisation du ventricule gauche dominant est responsable de l'onde R
dans les dérivations I, II, III, aVL, aVF, V5 et parfois V4, V6 et de l'onde S
dans les dérivations "opposées" aVR, V1, V2, V3 et parfois V4. Le vecteur
IV des forces terminales dirigées en haut, en arrière et souvent à droite
explique l'onde S terminale dans les dérivations I, aVL, V5 et V6 ainsi que
la petite onde r' parfois visible en V1 et V2 .
FIG. 3.5 Aspect des complexes QRS dans les dérivations précordiales. Les points 1, 2, 3, 4
représentent, dans chacune des dérivations de V1 à V6, l'endroit correspondant aux phases
successives d'activation cardiaque de la figure 3.2.

L'axe moyen de QRS, les "positions" et "rotations" électriques du


coeur sont des notions traditionnellement utilisées dans l'analyse de
l'électrocardiogramme.

-Méthodes de calcul de l'axe moyen de QRS dans le plan frontal

L'axe électrique moyen de QRS dans le plan frontal peut se calculer


visuellement de la façon suivante à partir du système hexaxial de Bailey qui
regroupe les 6 dérivations périphériques I, II, III, aVR, aVL et aVF autour
d'un point central .
FIG. 3.6 Système hexaxial de Bailey pour le calcul de l'axe moyen de QRS dans le plan
frontal. Les 6 dérivations périphériques I, II, aVF, III, aVR et aVL partent toutes d'un même
point commun qui symbolise le centre de la masse cardiaque. La polarité de chaque dérivation
est indiquée, en partant de la dérivation I, de 0º à + 180º vers le bas dans le sens horaire, et de
0 à -180º vers le haut dans le sens antihoraire. Les axes de dérivation et les axes
intermédiaires sont représentés de 30 en 30_.

1ère méthode

(1) Rechercher dans les 6 dérivations périphériques celle où le complexe


QRS a un aspect isodiphasique, c'est-à-dire un complexe formé d'une onde
positive et d'une onde négative d'amplitudes ou de surfaces à peu près
égales de sorte que leur somme algébrique soit proche de zéro. L'axe
moyen de QRS (ÂQRS) est dès lors à peu près perpendiculaire à l'axe de
cette dérivation. Ceci signifie que l'ÂQRS se dirige dans une des 2 positions
qui sont à angle droit avec cette dérivation. L'examen des autres
dérivations périphériques permettra de déterminer précisément la position
de ÂQRS. Par exemple, un complexe exactement isodiphasique (R=S)
dans la dérivation I (I= 0º) implique que l'QRS est soit à +90º, soit à -90º.
L'une de ces 2 possibilités va inévitablement correspondre à une déflexion
maximale dans l'une des 6 dérivations périphériques. Si dans l'exemple
précité on observe une onde principalement positive dans les dérivations
inférieures II, III, aVF, cela signifie que ÂQRS est dirigé vers le bas; si
l'onde R maximale se trouve en aVF (aVF= +90º), ceci indique donc que
ÂQRS est exactement égal à +90º.
(2) Si, dans une dérivation donnée, le complexe QRS n'est pas exactement
isodiphasique, mais légèrement plus positif que négatif ou l'inverse, l'axe
moyen de QRS ne se trouve pas exactement situé à angle droit par rapport
à cette première dérivation, mais dans son voisinage. Par exemple, si
l'onde R est légèrement supérieure à l'onde S en I dans notre exemple,
cela signifie que ÂQRS n'est pas exactement à +90º, mais davantage
orienté vers le pôle positif de la dérivation I, c'est-à-dire quelque part entre
+90º et +60º. Orienté à +75º, il donnerait une onde R d'égale amplitude
dans les dérivations aVF (+90º) et II (+60º). Orienté à +60º, il donnerait une
onde R maximale dans la dérivation II et en même temps, un complexe
isodiphasique en aVL puisque la dérivation II est perpendiculaire à l'axe de
la dérivation aVL (-30º). Si l'onde R est au contraire légèrement inférieure à
l'onde S dans la dérivation I, cela signifie que ÂQRS s'éloigne davantage
de la dérivation I par rapport à + 90º, c'est-à-dire qu'il est situé quelque part
au delà de + 90, entre +90º et +120º. Le même raisonnement s'applique :
un ÂQRS situé exactement à +120º donnerait en même temps un
complexe isodiphasique en aVR (-150º) dont l'axe est perpendiculaire à III
(+120º) en même temps qu'une onde R maximale dans la dérivation III; si
une onde R d'égale amplitude est observée dans les dérivations aVF et III,
l'ÂQRS se situe entre les deux dérivations, c'est-à-dire aux environs de
+105º.

Cette première méthode, basée sur la recherche d'un complexe QRS


exactement ou à peu près isodiphasique dans l'une des 6 dérivations
périphériques permet de déterminer l'QRS avec un risque d'erreur ne
dépassant pas 0 à 15º.

2ème méthode

En l'absence d'une dérivation porteuse d'un complexe isodiphasique, on


recherchera deux dérivations contiguës, c'est-à-dire distantes d'un angle de
30º, où le complexe QRS a à peu près la même amplitude ou la même
surface positive. L'ÂQRS se trouve alors approximativement situé à mi-
distance entre les axes de ces deux dérivations.

Par exemple, une onde R équivalente dans les dérivations I et aVL signifie
que ÂQRS est entre 0 et -30º, aux environs de -15º. Une onde R
équivalente dans les dérivations II et aVF indique que ÂQRS est à +75º
(entre +60º et +90º); une onde R équivalente dans les dérivations III et aVF
indique que ÂQRS est à +105º (entre +120º et +90º). Avec cette méthode,
le degré d'imprécision du calcul de ÂQRS peut être d'environ 30º.
3ème méthode

Si aucune dérivation ne montre un complexe QRS isodiphasique et que l'on


n'observe pas non plus deux dérivations contiguës avec une onde R
équivalente, on se bornera alors à rechercher la dérivation avec l'onde R
ayant la plus grande amplitude ou surface : l'ÂQRS est en dernière
approximation à peu près dirigé vers l'axe de cette dérivation. Cette
dernière méthode est bien entendu la moins précise.

Supposons que la dérivation aVR soit la seule à montrer une onde R, les
complexes QRS étant principalement négatifs dans les 5 autres dérivations
périphériques, ceci implique un ÂQRS dirigé vers aVR, c'est-à-dire vers
l'épaule droite, à environ -150º.

Remarques

1) Lorsqu'il y a deux dérivations porteuses d'un complexe QRS


isodiphasique, ces deux dérivations sont situées à 30º ou 150º l'une de
l'autre, et la détermination de ÂQRS avec un degré de précision de 15º
peut se faire par la première méthode en partant de n'importe laquelle de
ces deux dérivations.

2) Lorsque l'ensemble ou la majorité des 6 dérivations périphériques


montre des complexes QRS isodiphasiques, l'ÂQRS est considéré comme
étant "indéterminé", c'est-à-dire perpendiculaire, vers l'avant ou vers
l'arrière, par rapport au plan frontal.

3) La méthode servant à calculer l'axe électrique moyen de QRS s'applique


également au calcul de l'axe électrique moyen de P et de T.

Signification et valeurs normales de l'axe moyen de QRS

L'ÂQRS est normalement situé chez l'adulte entre -30º et +105º. Entre 0º et
+90º, on considère que l'axe moyen de QRS est strictement normal. La
plupart des adultes normaux ont un ÂQRS situé entre +30º et +75º. Quand
l'ÂQRS est entre +30º et -30º on considère que le coeur est en position
horizontale; entre +75 et +105º, le coeur est en position verticale. Si l'ÂQRS
est entre -30º et -90º, on parle d'une déviation axiale gauche, ou plus
exactement d'une déviation axiale supérieure gauche (19). Entre +105º et
+180º, il s'agit d'une déviation axiale inférieure droite. Quand l'ÂQRS est
situé dans le quadrant supérieur droit du plan frontal, entre -90º et -180º,
certains parlent d'une déviation axiale "extrême" : il serait plus logique de
désigner cette position comme une "déviation axiale supérieure droite".
L'ÂQRS fournit des indications concernant l'orientation du vecteur principal
de l'activation cardiaque dans le plan frontal qui est influencée dans une
certaine mesure par la position du coeur dans le thorax : par exemple
verticalement chez le sujet normal longiligne et mince, horizontalement
chez le sujet bréviligne obèse et chez la femme enceinte, de façon
indéterminée chez l'emphysèmateux etc ...

L'axe est également influencé par l'âge et tend à se déplacer vers la


position horizontale à mesure du vieillissement. Ainsi, un ÂQRS à 0º doit
être considéré comme anormal chez l'enfant et l'adolescent; inversément
un ÂQRS à +120º, encore normal chez l'enfant, est souvent pathologique
chez l'adulte.

La déviation de l'ÂQRS fait également partie des critères d'anomalies


cardiaques. Les causes les plus fréquentes de déviation axiale supérieure
gauche sont le bloc fasciculaire antérieur gauche, la CIA ostium primum,
l'infarctus myocardique inférieur, certaines formes de préexcitation
ventriculaire, l'hyperkaliémie. Parmi les causes de déviation axiale droite,
on trouve le bloc fasciculaire postérieur gauche, l'hypertrophie ou dilatation
ventriculaire droite, l'infarctus myocardique antérolatéral ou latéral étendu,
le bronchoemphysème.

Les "rotations" du coeur autour de son axe longitudinal apex-base

(fig. 3.7)

sont des termes qui étaient anciennement utilisés pour caractériser la


succession d'aspects morphologiques des complexes QRS dans les
dérivations précordiales qui correspondent à la position du vecteur principal
de l'activation cardiaque dans le plan horizontal. La séquence d'activation
représentée dans le plan horizontal explique le passage progressif d'un
aspect "ventriculaire droit" rS en V1 à un aspect qRs "ventriculaire gauche"
en V5-V6, avec une "zone de transition" (c'est-à-dire l'endroit où s'observe
soit un complexe RS à peu près isodiphasique, soit le passage d'un aspect
rS à un aspect qR) située généralement au niveau des précordiales
moyennes V3-V4. Si l'on imagine un observateur fixant du regard la pointe
du coeur, celui-ci pourrait apprécier la rotation du coeur autour de son axe
longitudinal apex-base. En cas de rotation "antihoraire" autour de cet axe,
le ventricule gauche viendrait prendre la place du ventricule droit qu'il
refoule en arrière et un aspect qR "ventriculaire gauche" serait observé au
niveau des précordiales droites V2 ou V3; autrement dit la zone de
transition est déplacée vers les précordiales droites, la transition est
"précoce". En cas de rotation "horaire" autour de l'axe longitudinal du coeur,
le ventricule droit viendrait prendre la place du ventricule gauche qu'il
refoule davantage en arrière et un aspect rS "ventriculaire droit" serait
observé au niveau des précordiales gauches V4, V5 (V6) : autrement dit la
zone de transition est déplacée vers les précordiales gauches, la transition
est "tardive". Il vaut d'ailleurs mieux utiliser les termes "déplacement de la
zone de transition", transition "précoce" ou "tardive" que de rotation
"horaire" ou "antihoraire", ces derniers risquent de prêter à confusion avec
les appellations vectocardiographiques désignant le sens de déroulement
des boucles QRS projetées sur les plans de référence. Ces glissements de
la zone de transition peuvent s'observer à l'état normal et pathologique.

Résumé : Le complexe QRS dans l'ECG normal à 12 dérivations

Le novice en électrocardiographie peut s'étonner de ce que rien ne


ressemble moins à un ECG normal que l'ECG d'un autre sujet normal ! Ces
variations sont dues aux nombreux facteurs constitutionnels (âge, sexe,
race, morphologie thoracique, poids, taille etc ...) qui influencent
l'électrocardiogramme. Plusieurs traits constants peuvent cependant être
décrits comme constitutifs de l'ECG normal.

- Dans les dérivations périphériques :

(fig. 3.8)

L'ÂQRS étant normalement compris entre -30º et +105º, les dérivations I et


aVL enregistrent une onde R dominante si la position est plutôt horizontale
(+30º à -30º) tandis que ce sont les dérivations inférieures II et aVF qui
enregistrent l'onde R dominante si l'axe est plutôt vertical (+75º à +105º).
La dérivation II inscrit l'onde R généralement la plus ample tandis que aVR
montre toujours un complexe principalement négatif. Dans la dérivation III,
comme ÂQRS est le plus souvent compris entre +30º et +75º, on observe
souvent une complexe diphasique de faible amplitude.

De petites ondes Q sont présentes lorsque les vecteurs initiaux de QRS


s'éloignent de l'électrode positive. Lorsque l'ÂQRS est vertical, les vecteurs
initiaux se dirigent en haut et une onde Q est observée dans les dérivations
inférieures. Quand ÂQRS est horizontal, l'onde Q est présente dans les
dérivations I et aVL. A l'exception des dérivations III et aVR, cette onde Q
n'excède pas 0,03 seconde en durée. Dans la dérivation III, une onde Q
isolée parfois ample (jusqu'à 5 mm) et de durée atteignant 0.05 seconde
est possible. Dans les dérivations autres que III et aVF, l'amplitude de
l'onde Q est généralement inférieure à 4 mm et le rapport Q/R est inférieur
à 0,25. Ces ondes Q normales sont plus apparentes chez les sujets jeunes.

- Dans les dérivations précordiales :

Les déplacements de la zone de transition sont fréquents chez les sujets


normaux. Lorsque la zone de transition est déplacée à droite, le rapport R/S
peut être supérieur à 1 en V2 mais, sauf exception, il est inférieur à 1 en
V1. Lorsque la zone de transition est déplacée à gauche, le rapport R/S
peut être inférieur à 1 en V5 et V6 dans une minorité de sujets normaux .

(fig. 3.6)

Des ondes Q "septales" de faible amplitude sont normalement présentes en


V5-V6, parfois en V4, rarement en V3. Elles sont plus fréquentes chez les
sujets jeunes (< 40 ans). Leur durée est inférieure à 0,03 seconde et leur
amplitude est généralement de 1 à 2 mm, bien qu'elles puissent atteindre 3
et 4 mm chez les jeunes. Ces ondes Q sont également plus apparentes
lorsque la zone de transition est déplacée vers la droite.

Les ondes R sont les plus amples en V5 et V6 où la valeur de 25 mm est


souvent considérée comme limite supérieure de la normale chez des
adultes d'âge moyen tandis qu'elles peuvent atteindre 30 mm chez les
jeunes. Généralement l'onde R en V5 est plus ample que l'onde R en V6.
Un crochetage du QRS peut s'observer à l'endroit de la zone de transition.
Les ondes S les plus profondes se trouvent dans les précordiales droites,
davantage en V2 qu'en V1. Les limites de la normale proposées pour l'onde
S sont 18 mm en V1, 26 mm en V2 et 21 mm en V3 mais les exceptions
(30 mm) existent (20) .

La déflexion intrinsécoïde correspond au moment où le myocarde


épicardique sous-jacent à l'électrode précordiale entame sa dépolarisation.
Ce paramètre se mesure du début du QRS (début de Q ou début de R) au
sommet de l'onde R, juste avant sa descente rapide. La valeur est
normalement 0,035 seconde dans les précordiales droites et 0,045
seconde dans les précordiales gauches. Un retard de la déflexion
intrinsécoïde intervient comme critère dans le diagnostic des hypertrophies
ventriculaires et des blocs de branche.

Le segment ST

Le segment ST est la partie du tracé comprise entre la fin du complexe


QRS (point J pour "Jonction ST") et le début de l'onde T. Il correspond à la
phase 2, en plateau, du potentiel d'action transmembranaire. Le segment
ST est normalement isoélectrique : son déplacement vers le haut ("sus-
décalage" ou "sus-dénivellation") ou vers le bas ("sous-décalage" ou "sous-
dénivellation") indique généralement un état pathologique, le plus important
étant l'ischémie myocardique. Cependant le segment ST normal peut être
légèrement décalé, vers le haut au repos, ou vers le bas à l'effort : dans ce
dernier cas, il a habituellement une pente oblique ascendante. Chez des
sujets jeunes souvent de sexe masculin, un sus-décalage du segment ST
(de 1 mm à 3 mm) peut se voir dans les précordiales moyennes, il s'agit
d'un aspect appelé "repolarisation précoce". Le déplacement du segment
ST s'apprécie en comparant son niveau à celui du segment TP suivant ou,
de façon plus pratique, au niveau des quelques millisecondes qui précèdent
le début précis du complexe QRS.

L'Onde T

L'onde T correspond à la phase 3 terminale de la repolarisation


ventriculaire. Elle a normalement un aspect asymétrique avec une pente
initiale plus faible que son versant descendant, c'est-à-dire une montée plus
lente que la descente, et un sommet légèrement arrondi. Son amplitude est
faible, de 1 à 4 mm, grossièrement proportionnelle à celle de l'onde rapide
QRS. En général, là où s'observe l'onde R la plus ample, s'observe aussi la
plus grande onde T mais les ondes T les plus amples par rapport aux QRS
s'observent en V2 et V3. L'orientation de l'onde T chez des adultes
normaux est gauche, inférieure et, la plupart du temps antérieure. Chez les
enfants, les adolescents et les jeunes femmes, elle peut être postérieure
mais devient progressivement antérieure avec le vieillissement. L'onde T en
V1 peut être positive, isoélectrique ou négative. Elle est généralement
positive de V2 à V6 chez l'adulte. En règle générale, l'onde T normale est
plus ample en V6 qu'en V1. Chez l'enfant et chez le jeune adulte, surtout
chez la jeune femme, l'onde T peut être négative de V1 jusqu'en V3-V4
(onde T "juvénile"). Chez l'adulte, les dérivations périphériques montrent
généralement une onde T positive, excepté aVR où l'onde T est toujours
négative. L'onde T peut être négative dans la dérivation III si la position du
coeur est horizontale et dans la dérivation aVL si la position du coeur est
verticale. Avec le segment ST, l'onde T est la partie du tracé qui est la plus
sensible aux influences extérieures reflétant des phénomènes
physiologiques ou pathologiques (21).

L'Intervalle QT

Il s'agit de la distance entre le début du complexe QRS et la fin de l'onde T,


englobant la dépolarisation et la repolarisation ventriculaires. Dans les 12
dérivations, l'intervalle QT global est défini comme la distance allant du
début le plus précoce du QRS à la fin la plus tardive de l'onde T. Cet
intervalle QT, cependant, n'est pas nécessairement un reflet fidèle du temps
global de repolarisation ventriculaire : certaines régions du ventricule
peuvent être complètement repolarisées avant la fin du QT tandis que
d'autres ne termineront leur repolarisation qu'après le fin du QT. On
s'intéresse beaucoup à l'heure actuelle à la "dispersion" de l'intervalle QT,
c'est-à-dire aux différences du QT d'une dérivation à l'autre, qui pourrait
refléter une inhomogénéité de la phase de repolarisation au sein du
myocarde ventriculaire et constituer un élément prédictif d'arythmies
ventriculaires éventuellement létales (22-23). Il en est de même de la
dynamicité de l'intervalle QT, qui dépend entre autres du système nerveux
autonome, appréciée sur un enregistrement continu de 24h (méthode
Holter)(24).

La durée de l'intervalle QT varie en fonction de la fréquence cardiaque, de


l'âge et du sexe. La correction la plus couramment utilisée est celle qui tient
compte de la fréquence cardiaque : c'est l'intervalle QT corrigé pour la
fréquence ou QTc obtenu au moyen de la formule de Bazett :

K = 0.37 hommes et
enfants
K = 0.40 femmes

La limite supérieure de la normale est de 0,39 à 0,40 seconde chez


l'homme et 0,41 à 0,44 seconde chez la femme.
L'Onde U

L'onde U est une déflexion positive de faible amplitude qui est parfois
observée après l'onde T et presque uniquement visible dans les
précordiales. Sa signification exacte reste discutée : elle pourrait
correspondre à la repolarisation des fibres de Purkinje ou représenter un
facteur mécanique comme la relaxation ventriculaire. L'hypothèse la plus
récente attribue la genèse de l'onde U à la repolarisation prolongée de
cellules M qui constituent une couche de cellules situées dans le tiers sous-
épicardique de la paroi ventriculaire(25). On peut observer une onde U
chez les jeunes sujets normaux, dans des cas d'hypertrophie ventriculaire,
en cas de bradycardie importante ou lors de troubles ioniques. L'amplitude
de l'onde U peut atteindre 0,2 mV (2 mm) dans les dérivations V2 et V3.
Dans certaines circonstances l'onde U tend à fusionner avec l'onde T : c'est
le cas lorsqu'elle apparaît précocement ou lorsque l'intervalle QT est
prolongé (comme dans l'hypocalcémie, par l'effet médicamenteux de
certains antiarythmiques tels que quinidine, amiodarone, sotalol etc ...). Par
contre, quand l'intervalle QT est raccourci, comme sous l'effet de la digitale
et dans l'hypercalcémie, l'onde U est facilement identifiable. Une onde U
négative est pour certains auteurs un critère d'ischémie myocardique (26,
27) mais elle peut également s'observer dans diverses cardiopathies
gauches et sous l'effet de facteurs pharmacologiques.

Les variantes de l'ECG normal

Entre l'électrocardiogramme strictement normal et les anomalies évidentes


(hypertrophie ventriculaire, bloc de branche, infarctus myocardique)
existent des aspects intermédiaires, des cas-limite et des variantes de la
normale qui compliquent singulièrement la vie de l'électrocardiographiste
débutant ...

_ L'aspect RSR' en V1

Une onde R'en V1 donnant un aspect RSR' ou rSr' avec une durée du QRS
inférieure à 0,12seconde s'observe chez 2,5% des sujets normaux. Cette
onde R' en V1 s'explique par la dépolarisation tardive de la partie
postérieure du septum et de la chambre de chasse du ventricule droit
(vecteur IV) où la densité des fibres de Purkinje est moindre. Cet aspect
doit être distingué du bloc incomplet de la branche droite du faisceau de His
où l'on observe une onde S empâtée, plus large que normalement, dans les
dérivations V5, V6 et en I, aVL(28). Il doit aussi être distingué de certains
cas d'hypertrophie ventriculaire droite de type surcharge volumique, comme
dans la CIA ostium secundum. Lorsque l'aspect RSR' en V1 est une
variante de la normale, l'amplitude de l'onde R' est habituellement inférieure
à celle de l'onde R (R'<R) et à celle de l'onde S, et son amplitude excède
rarement 5 mm. Cette onde R' disparaît lorsque les électrodes précordiales
droites sont placées un espace intercostal plus bas.

_ La repolarisation précoce

Une élévation modérée du segment ST dans les dérivations précordiales


est fréquente chez des sujets normaux. Dans certains cas, cette élévation
peut être plus marquée et prêter à confusion avec les aspects observés
dans la péricardite aiguë ou la lésion sous-épicardique produite par une
ischémie myocardique. Cet aspect particulier est dénommé "repolarisation
précoce"(29-30). Il est plus fréquent chez de jeunes hommes, dans les
dérivations V2 à V5, lorqu'il y a une transition précoce. Les autres
caractéristiques sont

 (1) une sus-dénivellation du segment ST démarrant au point J et


pouvant atteindre 1 à 4 mm,

 (2) une concavité vers le haut du segment ST (aspect en "selle de


cheval"),

 (3) un petit crochetage ou ralentissement de la pente descendante de


l'onde R,

 (4) une onde T de grande amplitude et d'aspect symétrique.

_ La mauvaise progression des ondes R dans les précordiales droites

Chez des sujets normaux, généralement de sexe féminin et de moins de 30


ans, des ondes r de faible amplitude et sans progression nette, de V1 à V2
ou V3, peuvent être observées. Parfois un facteur positionnel intervient, par
exemple le déplacement des électrodes ou l'interposition du sein. Dans
d'autres cas, aucune explication n'est trouvée. Un aspect QS de V1 à V2,
parfois jusqu'en V3 peut se rencontrer ou l'absence de toute pathologie
cardiaque ou pulmonaire, souvent chez les femmes (31). Chez les sujets
jeunes, se pose le problème du diagnostic différentiel avec la
cardiomyopathie et l'embolie pulmonaire, chez les plus âgés celui de la
séquelle de nécrose et des hypertrophies ventriculaire gauche et droite. Le
plus souvent, le contexte clinique permet de faire la distinction(32).

_ L'absence des ondes Q "septales"

L'absence d'onde Q en V5-V6, I et aVL que l'on attribue à la dépolarisation


du septum interventriculaire se rencontre chez 15 à 25% des sujets
normaux. Il peut s'agir bien entendu d'anomalie secondaire à une
hypertrophie ventriculaire gauche ou un bloc incomplet de branche gauche,
ou encore une séquelle méconnue de nécrose ou fibrose septale.

_ Les ondes T de grande amplitude

Les ondes T de grande amplitude, souvent d'aspect plus ou moins


symétrique et avec base élargie, peuvent se voir chez des sujets normaux,
souvent de jeunes sportifs, avec bradycardie au repos. Ces ondes T
amples peuvent êre suivies d'ondes U proéminentes surtout visibles dans
les précordiales. Il peut exister également un sus-décalage du point J
("repolarisation précoce"). L'intervalle QT reste normal contrairement à ce
qui se produit dans les anomalies de la repolarisation dues à une
hypertension intracrânienne ou l'ischémie myocardique. L'aspect doit
également se distinguer de celui causé par l'hyperkaliémie où l'aspect
symétrique de l'onde T s'accompagne d'une base étroite ("aspect en
tente").

_ L'aspect S1S2S3

Une onde S profonde peut être observée dans les dérivations I, II, III chez
environ 20% des sujets(33). Cet aspect S1 S2 S3 serait dû à l'orientation
supérieure droite du vecteur tardif de dépolarisation du septum
posterobasal et de la chambre de chasse du ventricule droit.
Exceptionnellement, l'onde S est plus ample que l'onde R dans les 3
dérivations I, II et III. Le diagnostic différentiel se pose parfois avec
l'hypertrophie ventriculaire droite et l'emphysème pulmonaire, surtout
lorsque coexiste un aspect rSr' en V1

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