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L’Herne

Cahier dirigé par Claire Tiévant et Lydie Dattas

Christian Bobin
CONTRIBUTEURS : LETTRES DE : ENTRETIEN INÉDIT :
Ahmed Abdelkrim Alain Borer Ce n’est pas la gamine qui va gagner
Lytta Basset Jean Grosjean
Pierre Bettencourt Daniel Grosjean AUTRES TEXTES DE

Bobin
Olivier Bogé Philippe Jaccottet
CHRISTIAN BOBIN :
Alain Borer Jean-Marie Kerwich
Thierry Bouchard Jean-Pierre Leguay Acédie
Frédéric Brun Pierre Magnard Babillages
Sophie Chérer Reine-Marie Paris de La Dix-neuf heures, gare de Chalon-sur-
Patrick Cloux Chapelle Saône
André Comte-Sponville Valérie Paul Jean-Sebastien Bach
Clotilde Courau Jean-Bertrand Pontalis Ernst Jünger
Federico Dainin-Jôkô Procopio André Velter L’assassinat des livres et la
Pascal David dématérialisation du monde
Bertrand Degott TEXTES INÉDITS DE L’éveil des vagabonds
Jean-Louis Étienne CHRISTIAN BOBIN : L’ivresse de renaître
François Gantheret Arvo Pärt thaumaturge La grande Chartreuse
Jérôme Garcin De l’imperfection de Dieu La grande élégance
Sylvie Germain Dérober à la mort son encrier La présence de Pierre
Guy Goffette D. Pagnier. Le Maître du froid Le daim et la poétesse
Gilles Gontier Elle, pour le coup, elle Le jeune homme vieux
Daniel Grosjean m’impressionne Le jour où Franklin mangea le soleil
Augustin Guillot J’ai désespéré d’être la cause Le mal des ardents
Vénus Khoury Ghata d’une douleur chez les autres Le poète est un autiste qui parle
Yves Leclair J’ai été préservé tout ce temps Le pourboire
Serge Linarès Je ne dirais pas que je veux Le testament
Pierre Magnard Je t’offrirai une alliance en osier Le tigre de l’éternel
Claude Mediavilla J. Grosjean. Le chef-d’œuvre Le tremble
Benoît Menut introuvable Lecture du chevreuil
Patrick Minard J.-P. Colombi. Archéologie du Les étourneaux
Robert Misrahi souffle Les visites
Bernard Morlino L’eau des miroirs (extraits) Mademoiselle nerfs d’acier
Franck Olivar L’homme blessé Monsieur silence
Yoko Orimo L’oriflamme Paul Claudel
Marc-Alain Ouaknin La blessure rouge P. Michon. Le verbe idolâtré
Dominique Pagnier La plus que vive Soleil donné
Ernest Pignon-Ernest Le bonnet du nain Tu ne mourras pas demain
Jacques Poirier Le cavalier du souffle Un déluge de bleu
Olivier Py Le prince de Hombourg Un grand artiste
Anne Queffélec Lettres Un léger reproche
Jacques Réda Ma timidité Un papillon ne s’égare jamais
Jean-Pierre Richard Ne venez pas à la maison Un prophète
Martin Steffens Passion triste Une journée ordinaire
Mohamed Taleb Pierrette Bloch Une quarantaine de moi-même
Jean-Philippe de Tonnac Quelle obscénité Zhu Xiao-Mei

L’Herne
Marc Wetzel Sainte horreur
Réponse à une demande de
Couverture : ©Alain Bollery/Opale.

Raphaëlle Ziadé
manuscrit
Une échelle appuyée contre l’air

33 € - www.lherne.com

126
L’Herne

Les Cahiers de l’Herne


paraissent sous la direction de
Laurence Tâcu
Christian Bobin

Ce Cahier a été dirigé par


Claire Tiévant et Lydie Dattas
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.

© Éditions de L’Herne, 2019


Éditions de L’Herne
2, rue de Bassano - 75016 Paris
lherne@lherne.com
www.lherne.com
Sommaire

11 Claire Tiévant
Avant-propos

I – Prisonnier au berceau
15 Olivier Py
Un aventurier de l’instant
Christian Bobin
19 Acédie
20 Mademoiselle nerfs d'acier
21 Franck Olivar
Messieurs Christian Bobin et Emil Cioran
26 Jean Grosjean
Lettre
Christian Bobin
27 La grande élégance
28 Lettre du service militaire – Inédit
29 Pierre Magnard
La marche à l’étoile
Christian Bobin
34 Quelle obscénité – Inédit
35 Trois herbes folles :
L'éveil des vagabonds
J’ai désespéré d’être la cause d’une douleur chez les autres – Inédit
Dix-neuf heures, gare de Chalon-sur-Saône
36 Ernest Pignon-Ernest
Scampia
39 Jean-Bertrand Pontalis
Lettre
40 Frédéric Brun
Une question de cœur
43 Yves Leclair
Pâques au Creusot
Christian Bobin
47 Le poète est un autiste qui parle
48 Le bonnet du nain – Inédit
49 Le mal des ardents
50 Lettre à Lydie Dattas – Inédit
II – La métaphysique des bébés
Christian Bobin
53 Le tigre de l'éternel
54 Passion triste – Inédit
55 Jünger
57 Le jour où Franklin mangea le soleil
59 Un papillon ne s’égare jamais
60 Bertrand Degott
Portrait du poète en petite fille aux allumettes
Christian Bobin
64 Sainte horreur – Inédit
66 Pierrette Bloch
67 Babillages
J'ai été préservé tout ce temps – Inédit
68 Le jeune homme vieux
69 Ce n’est pas la gamine qui va gagner – Entretien inédit
73 Jean-Louis Étienne
Correspondance avec un poète du Creusot
76 Gilles Gontier
Trop léger pour mourir
80 Federico Dainin-Jôkô Procopio
Une balle, un bol et une violette
82 Martin Steffens
L’écriture exaucée
86 Valérie Paul
Lettre et réponse inédite de Christian Bobin
Christian Bobin
87 Ne venez pas à la maison – Inédit
88 Réponse à une demande de manuscrit – Inédit

III – La merveille et l'obscur


91 Clotilde Courau
L’amour de la lumière
92 François Gantheret
Agnès et la goutte d’eau
95 Christian Bobin
Je ne dirais pas que je veux – Inédit
96 Pascal David
Clarté d’une femme
102 Sophie Chérer
Une petite armure de tulle
Christian Bobin
103 Lettres à Ghislaine – Inédit
104 La plus que vive – Inédit
105 Soleil donné
106 Daniel Grosjean
Lettre
107 Vénus Khoury Ghata
Le thème du deuil
109 Reine-Marie Paris de La Chapelle
Lettre
Christian Bobin
110 Le daim et la poétesse
111 Ma timidité – Inédit
112 Jean-Pierre Richard
Du sang sur la neige
117 Christian Bobin
L’eau des miroirs – Inédit
123 Sylvie Germain
Se voir dans l’absence à la seule clarté des mots
Christian Bobin
125 Elle, pour le coup, elle m’impressionne – Inédit
126 L'homme blessé – Inédit

IV – La Lumière écrite
La chambre du langage

129 Christian Bobin
Dérober à la mort son encrier – Inédit
130 Patrick Cloux
L’alouette
132 Philippe Jaccottet
Lettre
133 André Comte-Sponville
Pour saluer un poète
134 Pierre Bettencourt
Un traité du ravissement
135 Serge Linarès
L'authenticité graphique. Géopoétique du manuscrit
141 Claude Mediavilla
Calligraphie à l’encre noire
144 Alain Borer
Pragmalogie bobinienne
155 Jérôme Garcin
La gloire d’un pur

La fantaisie de Dieu
157 Bernard Morlino
Saint Bobin, priez pour nous
158 Christian Bobin
Pierre Michon
159 Dominique Pagnier
La supernova
161 Jacques Réda
Souvenirs lacustres
Christian Bobin
163 Un léger reproche
165 Lettre à Silvia Seova – Inédit
166 Dominique Pagnier – Inédit
167 Paul Claudel

La musique et l'écriture

168 Olivier Bogé
Écrire, c’est prendre soin des gens que l'on ne connaît pas
170 Christian Bobin
Monsieur silence
171 Daniel Grosjean
Christian Bobin, chef d’orchestre
173 Benoît Menut
Le Baiser de marbre noir
Christian Bobin
178 L’ivresse de renaître
179 Jean-Sébastien Bach
180 Anne Queffélec
Notes japonaises pour un poète philosophe
Christian Bobin
183 Arvo Pärt thaumaturge – Inédit
184 Zhu Xiao-Mei

V – Les différentes régions du ciel


187 Christian Bobin
La grande Chartreuse
188 Lytta Basset
Un souffle d’universalité
193 Jean Grosjean
« Dieu en poésie » – Annotations de Christian Bobin – Inédit
Christian Bobin
194 Jean Grosjean – Inédit
196 Le pourboire
197 Ahmed Abdelkrim
À la lumière du soufisme
199 Christian Bobin
Un grand artiste
200 Mohamed Taleb
Les poètes arabes et l'effondrement des banques
204 Yoko Orimo
L’univers du « tel quel »
211 Marc-Alain Ouaknin
Le vent des pages

Le Dieu nomade
Christian Bobin
216 Une échelle appuyée contre l’air – Inédit
218 Un prophète
219 Une quarantaine de moi-même
220 Jean-Marie Kerwich
Lettres
222 Christian Bobin
Le testament

VI – Souveraineté du vide
225 Raphaëlle Ziadé
Éloge de l’invisible
Christian Bobin
227 L'assassinat des livres et la dématérialisation du monde
228 L'oriflamme – Inédit
229 Ernst Jünger
Lettre
229 Christian Bobin
La blessure rouge – Inédit
230 Lecture du chevreuil
Un déluge de bleu
231 Lettre à Kôju Satoshi – Inédit
232 Jacques Poirier
Présence de l’absence
239 Christian Bobin
Le tremble
240 Marc Wetzel
Lettre à André Comte-Sponville
Christian Bobin
241 Le prince de Hombourg – Inédit
242 Jean-Pierre Colombi – Inédit
243 Les étourneaux
244 Je t’offrirai une alliance en osier – Inédit
245 Thierry Bouchard
Christian Bobin ou la guérison des maladies
248 Manifeste : Habiter poétiquement le monde
249 Christian Bobin
Le cavalier du souffle – Inédit
250 De l'imperfection de Dieu – Inédit
252 Robert Misrahi
L’intensité de vivre

VII – La nuit du cœur


259 Christian Bobin
La présence de Pierre
260 Pierre Magnard
Lettre
261 Guy Goffette
L’abbatiale de Conques
262 Jean-Philippe de Tonnac
Le cœur cambriolé
265 Alain Borer
Lettre-carte
266 Patrick Minard
Conversation ordinaire avec mon voisin
268 Jean-Pierre Leguay
Lettre
269 Augustin Guillot
Les abeilles de Patmos
272 André Velter
Lettre
Christian Bobin
274 Les visites
278 Manuscrit de La Nuit du cœur – Inédit
279 Tu ne mourras pas demain

280 Biobibliographie
283 Contributeurs
Avant-propos
Claire Tiévant

Aucune œuvre ne naît sui generis, détachée de son époque et des courants littéraires en vogue. Ou
bien elle se soumet à elle et en agrandit l’écho dominant, ou bien elle engage avec elle un combat entêté.
Comme celles de Grosjean, Cioran ou Jünger, l’œuvre de Bobin appartient à cette deuxième catégorie. Si
ses livres n’ont pas toujours été connotés ainsi, c’est que la lutte avec l’ange s’y fait sans bruit. Elle n’en est
pas moins rude. Ce Cahier ne se propose pas de monter un podium de papier au poète. Il est l’exploration
de ce que celui-ci appela dès ses vingt ans Les différentes régions du ciel, et qui n’est autre qu’une sorte de
chemin buissonnier contournant les croyances et les incroyances du monde.
Pendant, puis après la guerre, les maîtres du néant font leur apparition, avec Céline puis Beckett.
Le terrain aplani, l’époque consacre l’apogée des formalistes et des déconstructeurs comme Derrida ou
Barthes. Quand le temps a passé et que les historiens commencent leur recensement, apparaît la solidarité
thématique et conceptuelle d’écrivains qui se croyaient incompatibles : ils n’avaient pu dépasser l’horizon
de leur culture. Deviennent alors visibles des fractures dans ce socle linguistique d’une époque, des dissi-
dences inaperçues car non spectaculaires, qui attestent l’émergence d’un auteur dont la voix, pour n’avoir
rien cédé aux humeurs des modes, n’a pas sombré avec elles.
Après l’impératif d’une littérature engagée au service d’une idéologie contre une autre, vint, avec l’opu-
lence revenue, le luxe de construire des chapelles. Enfin, – car le formalisme appelle les barbares comme
une vie trop raffinée appelle la santé des tempêtes – advint l’empire confortable d’un nihilisme décomplexé,
accru par l’entrée dans la littérature d’une langue relâchée, immédiate, journalistique. Nous y sommes.
Tandis que le désenchantement gagne, presque seule de son espèce, l’écriture lumineuse de Bobin conquiert
un public fervent. Elle n’a pas le grand chic de la pensée cynique, mais elle touche, comme seule touche
l’écriture des poètes, et tranche sur la presque totalité des livres alors encensés par le monde.
Fidèle depuis quarante ans, le public de Bobin emjambe la noirceur de la modernité pour le lire.
S’il n’est pas religieux, comme Jünger, auteur qu’il affectionne particulièrement, Bobin est taoïste avec
les taoïstes, chrétien avec les chrétiens, juif avec les juifs, musulman avec les musulmans, athée avec les
athées. Ce qu’il aime, c’est le souffle vivant qui circule entre les croyances, ce souffle qui nous efface pour
faire briller la vie. L’élan de cette écriture est toujours le même : qu’il se cristallise dans un journal, un
poème en prose ou un conte, voire – et c’en est la part la plus accomplie, la plus rayonnante – dans le
genre épistolaire, il ne se trahit jamais. La distance marquée avec la passion triste des esthètes, l’est aussi
avec les assertions apodictiques, closes sur elles-mêmes, des tenants des dogmes, fussent-ils profanes. Le
but visé est de toujours ouvrir dans l’espace saturé de savoirs de l’écriture, une place pour l’oralité vive,
tenue, matrice de l’imprévisible, de l’audace et du fantaisiste.
Ce Cahier se propose de faire tomber les idées reçues qui depuis quarante ans déforment l’œuvre de
ce penseur libre. Sédentaire – mais ses livres sont traduits dans une quarantaine de pays et voyagent pour
lui. Sentimental – mais ses livres ne cessent de chanter la distance, le manque, l’absence, le vide. Ermite
– mais il est volubile, parle avec le premier venu, éclate de rire, fait de son cœur une cascade, et est aimé
des nomades. La raison d’être de ce Cahier est la mise au jour des lignes de force d’une œuvre qui, par sa
vitalité, coupe les nerfs malades du langage, cisaille les câbles souterrains qui relient si souvent les modes
et les dogmes. L’ambition de ce projet hors du commun n’aurait pu voir le jour sans la participation
et l’engagement de personnalités exceptionnelles. Écrivains, poètes, philosophes, docteurs en religions,
penseurs arabo-musulmans, rabbins, spécialistes du tao, maîtres zen, universitaires, chercheurs, artistes,
compositeurs et interprètes, aventuriers de l’extrême ou lecteurs anonymes, tous témoignent de cette
lumière que l’œuvre de Bobin leur a apportée.

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Nous avons donc souhaité faire entendre ce qu’on peut à juste titre appeler une voix : le surgissement
dans le langage d’une présence, une fracture de nos certitudes les plus mornes ou les plus primaires. Ainsi,
prisonnier au berceau, Bobin a fait de sa réclusion imposée son salut : « L’agoraphobie fut ma chance. Sa
nuit valait lumière. Elle m’a appris à tracer la ligne de partage des eaux, entre l’âme et le monde. »
La question posée par Bobin est celle-ci : y a-t-il une issue lumineuse à l’actuel effondrement de la
condition humaine ? Sa réponse est oui, et c’est ce qui fascine. Oui, parce qu’il est du devoir de chacun
de faire pousser un arbre jusqu’au bord du gouffre. Dans Éclat du solitaire, Bobin relève que le mot
« manne » – cette nourriture tombée du ciel pour nourrir les Hébreux dans leur exode – signifie originel-
lement un étonnement : « Qu’est-ce que c’est que ça ? » N’oublions pas que cet aliment, dit la légende,
descend du ciel, donc ne doit rien au monde : telle sera, toujours, la première réponse des doctes au
surgissement d’une parole qui semble n’appartenir en rien à leur socle culturel ou religieux : le « qu’est-
ce que c’est que ça ? » est le doigt de l’Inquisiteur désignant ce qu’il ne peut entendre car tout en lui
– habitudes, coutumes, rationalités, croyances – refuse de le comprendre. Telle fut, longtemps, la réponse
trop hâtive des lettrés aux livres de Bobin. Cette dureté dans la réception de l’œuvre la fortifia, accentua
paradoxalement sa singularité, tout en l’épurant.
Dans ce camp de concentration qu’est le monde (Robert Antelme), tel un oiseau perché sur des fils
barbelés, Bobin persiste à chanter malgré la nuit grandissante. Aujourd’hui, sa persévérance force l’admi-
ration. Ceux qui s’étaient éloignés à l’approche du Très-Bas s’approchent à nouveau pour l’entendre.
Devant les blessures infligées à la nature par les hommes, ceux qui raillaient hier son François d’Assise ne
peuvent que reconnaître la lucidité visionnaire de Bobin. Ce Cahier fait apparaître les nœuds de vérité
qui trament cette œuvre vivace, où semble se réfugier tout ce qui reste de profondément humain. Il est
la dernière étoile visible de cette Constellation des Poètes dont le fourmillement lumineux forme depuis
toujours le terreau des pensées et des rêves, et sans laquelle la terre ne serait qu'un caillou sans vie.

Nous tenons ici à remercier tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce Cahier, auteurs, artistes,
chercheurs, critiques, éditeurs, libraires et anonymes qui se sont engagés dans l’aventure et ont accepté
de prendre le temps de nous apporter leurs analyses et leurs témoignages, nous remercions aussi toute
l’équipe des Éditions de L’Herne, Laurence Tacû et Pascale de Langautier en particulier pour la patience
et l’esprit d’ouverture avec lesquels elles nous ont accompagnées dans la conduite de ce Cahier.

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