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Architecture alsacienne
« Ville et campagne, Koêt, Sundgau, vignoble, vallées vosgiennes…
L'image à la Hansi de la maison à colombage est symbolique de l'Alsace,
mais il existe d'autres architectures alsaciennes que les constructions à pans
de bois tant pastichées (voire caricaturées dans de nombreux lotissements).
Celles-ci sont d'ailleurs fort différentes les unes des autres, en raison de leur
implantation, de l'aisance de ceux qui les construisirent, des usages locaux,
de leur destination première. Il suffit, pour se rendre compte de la diversité, de
comparer trois édifices historiques de Strasbourg logeant actuellement des
restaurants connus : la Maison Kammerzell, la Maison des Tanneurs, et le
Buerehiesel, ancienne ferme démontée dans la région de Molsheim et établie
dans le parc de l'Orangerie.
Pans de bois et torchis. L'habitat traditionnel de la plaine alsacienne,
grosso-modo : le Ried, est constitué de maisons construites avec des murs en
pans de bois et poutrages décoratifs (colombage) et torchis, protégées par
des toitures en tuiles plates « queues de castor ». Colombage et torchis se
rencontrent, certes, dans d'autres maisons de plusieurs régions de France,
notamment la Normandie, mais leur abondance particulière en Alsace est due
à plusieurs raisons :
la proximité des Vosges rendait le bois bon marché et facile à trouver ;
du fait du risque sismique le bois était plus adapté que la pierre car,
plus souple, il résistait mieux ;
dans les périodes de guerre et d'invasion les villages étaient souvent
incendiés, ce qui entraînait l'effondrement des étages supérieurs.
C'est pourquoi on avait pris l'habitude de bâtir en pierre les rez-de-
chaussées sur lesquels on reconstruisait le haut en colombages une fois la
tourmente passée. C'est ce qui explique que certaines communes se soient
relevées si vite dès que la paix était revenue. L'importance accordée à la
pierre dépendait pour une bonne part de la proximité de carrières, donc du
piémont vosgien.
Les pans de bois et les éléments de menuiserie apparents aggravaient
les risques d'incendie. Afin de pallier cette situation, ils ont été peu à peu
recouverts de crépi à partir du XIXe siècle(dix-neuvième siècle). Ce n'est que
dans la seconde moitié du siècle dernier qu'on a entrepris de les dégager
systématiquement ; plus récemment encore les Beaux-Arts ont exigé, pour
accorder une subvention, que le crépi restant ne fût pas peint en blanc,
comme il était d'habitude de le faire, mais dans des couleurs variées, afin de
revenir à l'usage plus ancien. Les habitants ont suivi, plus pour des raisons
financières que par conviction. En tout cas, on est aujourd'hui frappé par la
différence entre les villages alsaciens maintenant badigeonnés, parfois avec
bonheur, parfois avec excès, et les villages badois qui leur font face outre-
Rhin, où le blanc règne toujours en maître.