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Revue du rhumatisme 77 (2010) 91–93

Fait clinique

Résolution complète d’une calcinose universelle compliquant une


dermatomyosite juvénile traitée par pamidronate夽
Samy Slimani ∗ , Amina Abdessemed , Assia Haddouche , Aicha Ladjouze-Rezig
Service de rhumatologie, hôpital Ben Aknoun, rue des deux bassins, Ben Aknoun, 16300 Alger, Algérie

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Une jeune fille de 14 ans qui présentait une dermatomyosite (DM) juvénile a développé une calcinose
Accepté le 19 juin 2009 extensive et invalidante, réfractaire à la colchicine, mais avec une diminution de son atteinte musculaire.
Le pamidronate (2 mg/kg par an) a entraîné une amélioration spectaculaire de la douleur et de la fonction
Mots clés : dans les deux mois qui ont suivi et la calcinose a été complètement résolutive en deux ans. Aucune
Calcinose diffuse nouvelle calcification n’a été observée à cinq ans de suivi.
Dermatomyosite
© 2009 Société Française de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Bisphosphonates

1. Introduction dues aux hanches, au tronc et au pied gauche. Les radiographies et


le scanner montraient la présence de calcifications dans les régions
La calcinose est une complication fréquente de la dermatomyo- décrites précédemment (Fig. 1 et 2).
site (DM) qui survient dans environ 50 % des cas [1], habituellement Un traitement par corticoïde oral et colchicine a été instauré
tard dans l’évolution de la maladie. pendant six mois mais cela n’a pas empêché l’apparition de nou-
Il n’existe pas de traitement universellement reconnu. Des velles calcifications douloureuses qui se sont ulcérées, nécessitant
améliorations sous certains traitements ont été décrites, mais une ablation chirurgicale.
des résolutions spontanées sont possibles. Nous décrivons Le pamidronate a ensuite été débuté et poursuivi pendant deux
l’observation d’un enfant qui présente une DM juvénile compli- ans (15 mg tous les trois mois la première année, puis 30 mg tous
quée d’une calcinose universelle invalidante malgré un traitement les quatre mois la seconde année équivalent à 2 mg/kg par an).
adéquat de sa dermatomyosite, complètement résolutive sous La méthylprednisolone (4 mg/jour) a été poursuivie, avec du cal-
pamidronate. cium par voie orale et de la vitamine D3. En deux mois, on notait
une amélioration clinique importante avec un ramollissement des
2. Observation calcifications, une augmentation de la mobilité des hanches et
une amélioration de la marche. À la fin de la deuxième année de
Une jeune fille de 14 ans atteinte d’une dermatomyosite juvé- traitement par pamidronate, les radiographies montraient une dis-
nile depuis l’âge de 11 ans évoluait favorablement sous corticoïdes. parition complète des calcifications. Aucun effet indésirable n’a été
Le diagnostic avait été porté devant la présence de douleurs mus- rapporté et aucune altération de la croissance du squelette n’a été
culaires, d’une élévation des enzymes musculaires, d’anomalies observée pendant et après le traitement. Après trois ans de suivi, le
électromyographiques caractéristiques et d’un aspect histologique pamidronate a été diminué progressivement sans rechute clinique
compatible à la biopsie musculaire. Les examens biologiques ni radiologique.
retrouvaient des anticorps antinucléaires (ANA) avec un aspect
hétérogène. Alors que le déficit musculaire diminuait et que les
3. Discussion
enzymes musculaires se normalisaient, la patiente a présenté des
zones d’induration douloureuses, observées pour la première fois
Dans notre observation, l’aspect clinique et histologique étaient
sur les cuisses, qui ont ensuite augmenté en taille et se sont éten-
en faveur du diagnostic de dermatomyosite juvénile. L’atteinte
musculaire régressait sous corticoïdes, mais ce traitement n’a pas
empêché l’apparition tardive d’une calcinose sévère, très extensive
夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet article,
et invalidante, appelée « calcinose universelle ». La pathogénie de
mais sa référence anglaise dans le même volume de Joint Bone Spine
(doi:10.1016/j.jbspin.2009.04.011).
cette affection n’est toujours pas complètement identifiée. Bien que
∗ Auteur correspondant. la calcinose ne soit pas rare dans les maladies du tissu conjonctif
Adresse e-mail : Slimani@dr.com (S. Slimani). comme la sclérodermie et la dermatomyosite, aucun essai théra-

1169-8330/$ – see front matter © 2009 Société Française de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.rhum.2009.11.005
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Fig. 2. Nouvelle évaluation radiologique à l’âge de 16 ans, à la fin du traitement par


pamidronate. Disparition complète de la calcinose.

Fig. 1. Radiographies à l’âge de 14 ans, au début du traitement par pamidronate. chez les enfants. Bianchi a montré que la tolérance de l’alendronate
Des zones extensives de calcifications dans les hanches et les muscles des membres administré à 38 enfants était excellente [14]. Cependant, des essais
inférieurs. contrôlés, bien que difficile à réaliser sont nécessaires pour évaluer
l’efficacité des bisphosphonates dans la calcinose et montrer leur
peutique n’a été réalisé et le choix de l’approche thérapeutique est sécurité d’utilisation chez les jeunes enfants.
toujours empirique. En résumé, notre observation suggère que les bisphosphonates
Différentes spécialités ont été utilisées dans le traitement de la (le pamidronate dans le cas présent) peuvent entraîner une dispa-
calcinose : colchicine, probénécide [2,3], hydroxyde d’aluminium rition complète des dépôts calciques dans la calcinose compliquant
[4], diltiazem [5,6], immunoglobulines intraveineuses [7], biphos- la dermatomyosite juvénile, y compris dans les formes sévères. La
phonates [6,8,9] et agents anti-TNF alpha [10]. Leur efficacité est durée ou la dose de ce traitement devraient être cependant limi-
inconstante, mais aucune conclusion ne peut en être tirée en raison tées en raison de l’absence de donnée sur un éventuel effet délétère
du peu de patients traités et de l’évolution naturelle imprévisible de pour la croissance des enfants.
la calcinose dont la rémission spontanée est possible. La calcinose
universelle semble être moins fréquemment résolutive spontané- Références
ment.
Les biphosponates ont été utilisés comme traitement car les [1] Packman LM. Juvenile dermosynovitis, pathophysiology and disease expres-
dépôts calciques pourraient provenir des réserves osseuses et ces sion. Pediatric Clinics of North America 1995;42:1071–98.
[2] Nakamura H. Efficacy of probenecid for a patient with juvenile dermatomyositis
dépôts dans les tissus mettraient en jeu les macrophages [11,12]. complicated with calcinosis. Journal of Rheumatology 2006;33:1691–3.
Une amélioration spectaculaire des signes cliniques (douleur, indu- [3] Skuterud E. Calcinosis in dermatomyositis treated with probenecid. Scand J
ration sous-cutanée et mobilité des hanches) a débuté deux mois Rheumatol 1981;10:92–4.
[4] Wang W-J. Calcinosis cutis in juvenile dermatomyositis: Remarkable res-
après l’introduction du pamidronate. À la fin du traitement, toutes ponse to aluminium hydroxide therapy. Archives of Dermatology 1988;124:
les calcifications visibles ont disparu. Le même effet positif a déjà 1721–2.
été décrit sous alendronate chez deux enfants de six ans [8,9] et [5] Palmieri GMA. Treatment of calcinosis with diltiazem. Arthritis and Rheuma-
tism 1995;38:1646–54.
avec l’association pamidronate-diltiazem chez une fillette de huit
[6] Oliveri MB. Regression of calcinosis during diltiazem treatment in juvenile
ans [6]. Cette dernière association ne permet malheureusement dermatomyositis. Journal of Rheumatology 1996;23:2152–5.
pas de savoir lequel des deux traitements a été efficace. D’autres [7] Yang MC. Improvement of juvenile dermatomyositis with calcinosis universa-
lis after treatment with intravenous immunoglobulin. International Journal of
patients ont reçu de l’étidronate sans succès [13]. Les amino-
Rheumatic Diseases 2008;11:77–80.
biphosphonates sont supposés agir par une réduction du turnover [8] Mukamel M. New insight into calcinosis of juvenile dermatomyositis: A study
calcique et par inhibition de la formation de dépôts calciques of composition and treatment. Journal of Pediatrics 2001;138:763–6.
supplémentaires sur les calcifications déjà formées ; ils accélèrent [9] Ambler GR. Rapid improvement of calcinosis in juvenile dermatomyositis with
alendronate therapy. Journal of Rheumatology 2005;32:1837–9.
également la destruction des macrophages et empêchent la pro- [10] Riley P. Effectiveness of infliximab in the treatment of refractory juvenile der-
duction des cytokines. Les bisphosphonates semblent bien tolérés matomyositis with calcinosis. Rheumatology 2008;47:877–80.
S. Slimani et al. / Revue du rhumatisme 77 (2010) 91–93 93

[11] Rider L. Elevations of interleukin-1 receptor antagonist (Il1RA), STNFR, S1L2R, [13] Metzger AL. Failure of disodium etidronate in calcinosis due to derma-
and IL-10 in juvenile idiopathic inflammatory myopathies suggest a role for tomyositis and scleroderma. New England Journal of Medicine 1974;291:
monocyte/macrophage and B lymphocyte anti-radium. Arthritis and Rheuma- 1294–6.
tism 1998;41:S265. [14] Bianchi ML. Efficacy and safety of alendronate for the treatment of osteoporosis
[12] Murphy E. Evidence for increased bone turnover in patients with dystrophic in diffuse connective tissue diseases in children: A prospective multicenter
calcification. Arthritis and Rheumatism 1996;39:S97. study. Arthritis and Rheumatism 2000;43:1960–6.

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