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Edición / Édition
SUR
Siete Poetas Chilenos
SUD
Sept Poètes Chiliens
Primera edición: Abril 2008/ Premier édition: Avril 2008
Edición de 400 ejemplares/ Tirage: 400
Registro de propiedad intelectual/Dépôt légal: 170283
ISBN: 978-956-319-211-7
Antología realizada con motivo de Sur: Encuentro de poetas chilenos en París durante mayo de 2008.
Anthologie réalisée pour Sud: Rencontre de poètes chiliens organisée dans Paris en mai 2008.
SUR - 2 + 5
Son varios y diversos los viajes a los que nos invitan estos siete
poetas chilenos, viajeros. Por las razones que sea, ellos optaron por alejarse del país
natal, ese territorio alargado que Gabriela Mistral –viajera incansable- percibió, en
el mapa, como un remo (y un remo incita a partir…), difiriendo de quienes lo veían
como un sable. Convencida pacifista, ella prefería asomarse al océano y asombrarse
con él, negándose a aceptar esa imagen militar, y esto mucho, mucho antes de que el
“ruido de sables” se hiciera estruendo por casi veinte años, desde la mañana de un
martes de Septiembre de 1973. Desde entonces, fueron miles y miles los habitantes
de Chile que partieron para residir en espacios ajenos, que el tiempo fue acercando.
Francia también fue importante lugar de acogida, entre muchos llegados, para varios
poetas: Armando Uribe, Waldo Rojas, Gustavo Mujica… El viaje del exilio, sin
embargo, no se aproxima en nada a las elegidas y gustosas travesías del presente;
tampoco, a las verdaderas “peregrinaciones” de la década del 60 cuando los artistas
chilenos se desplazaron en búsqueda de personas -casi personajes-: Ernesto Cardenal,
Henry Miller, Leonora Carrington, y de lugares de hipnotizante aura, la misma que
hoy atrae a Nueva York, a París… Y es, justamente, en la capital francesa donde
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estos siete poetas chilenos –nacidos entre 1969 y 1979- se reúnen, viniendo desde
Düsseldorf, Berlín, Valencia o desde algún contiguo barrio parisino, por los que
alguna vez también caminó Vicente Huidobro.
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percibe en la sutileza de nominar los poemas con una sola letra y en referencias meta-
literarias. “…el reloj de Dalí, tan blando…”, de Montealegre, es un ejemplo entre
numerosas menciones cultas, reconocibles en textos de todos y cada uno de estos
autores. Otro rasgo común resulta ser el interés por concebir el libro como un todo
más que como una simple suma de unidades aisladas, los poemas. Podría reconocerse
en Gaete un mayor énfasis local, en espacios y vocabulario, en textos narrativos que,
por momentos, parecen fragmentos de conversaciones. Mientras, en estos poemas de
Carmen García, incertidumbres y falta de seguridades tienden a relativizar, incluso, al
YO que se expresa… Así, cada uno va armando y construyendo su territorio poético
propio. Pareciera que en tonos, preocupaciones, enfoques, formas, y otros rasgos
literarios, no habría grandes distancias entre la producción de estos siete poetas y la de
aquellos que hoy residen en Chile, de la que son una muestra, tal como esta muestra
actual es un segmento de un quehacer personal mucho más amplio.
Soledad Bianchi
Santiago de Chile, abril del 2008.
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SUD - 2 + 5
«
fixer dans la peau le poème
l’ historie ou le plan. «
Antonia Torres
Ces sept poètes chiliens, tous des routards, nous invitent à entreprendre un
voyage dans des contrées diverses. Pour une raison ou une autre, ils ont choisi de s’éloigner de leur pays
d’origine, ce territoire allongé que Gabriela Mistral, éternelle routarde, vit, sur la carte, comme une
rame de bateau (et une rame, ça incite à partir…), à la différence de ceux qui y voyaient un sabre.
Pacifiste convaincue, elle préférait se laisser charmer par l’océan et refuser cette image belliqueuse, et
cela, longtemps, très longtemps avant que l’épisode du “bruit des sabres” ne retentît un mardi matin
de septembre 1973 et s’installât pendant près de vingt ans. Des milliers de chiliens partirent alors
pour s’établir à l’étranger, où le temps finirait par les rapprocher. En France s’installèrent, entre
beaucoup d’autres, plusieurs poètes: Armando Uribe, Waldo Rojas, Gustavo Mujica… Toutefois,
le voyage forcé par l’exil ne s’apparente en rien aux déplacements de loisir actuels; il ne s’agit pas non
plus des pèlerinages des années 60, qui virent les artistes chiliens partir à la recherche de personnes
-presque de vrais personnages- comme Ernesto Cardenal, Henry Miller ou Leonora Carrington,
ainsi que de destins caractérisés par leur charme hypnotique, celui qu’on retrouve encore à New York
ou Paris. Et c’est justement dans la capitale française que ces sept poètes chiliens, nés entre 1969 et
1979- se réunissent, en provenance de Düsseldorf, Berlin, Valence ou un quartier voisin, où autrefois
se promena également Vicente Huidobro.
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Neruda et Mistral ne furent pas moins routards, tout comme Pablo de Rokha,
qui s’aventura en Chine et Amérique Latine et parcouru le Chili de bout en bout. Tout comme sa
sœur Violeta, Nicanor Parra fut aussi un voyageur; Gonzalo Rojas, lui, se considère un “errant”,
et nous nous arrêterons là car il ne s’agit pas d’en faire une litanie monotone. Il ne faut pas oublier,
cependant, cette phrase d’un Enrique Lihn plaintif qui affirma “je n’ai jamais quitté ce Chili
affreux”, ni les trains fumants de Jorge Teillier.
Lorsque Pedro Araya, Martín Bakero, Alejandra del Río, Claudio Gaete,
Carmen García, Pedro Montealegre et Antonia Torres prirent la route et emmenèrent avec eux leurs
écrits, ils avaient déjà publié leurs œuvres, puisqu’ils étaient déjà des poètes. Nous avons à présent
sous nos yeux des textes qui invitent au voyage, en parcourant leurs poèmes et leurs strophes, vers,
lignes, mots et lettres (ou encore, le complément sonore que l’on découvre à la lecture de Bakero).
Nous savons que la lecture peut être synonyme d’écriture. Nous nous
approchons alors des auteurs qui, cela va sans dire, nous précèdent dans le voyage de l’écriture,
en choisissant certains éléments et itinéraires -plus ou moins connus-, découvrant des traditions et
langages, travaillant le lexique, composant… Le poème “J’Autre”, écrit par Alejandra del Río,
reflète le malaise de quelqu’un qui ne se contente pas de verbaliser sa révolte, mais l’exprime avec
audace en forçant et fabriquant des mots. Quant aux autres poèmes, elle ne constitue pas une exception
au moment de déployer sa connaissance des formes, ainsi que son inquiétude vis-à-vis de la langue
(“Une femme est tombée dans le fleuve l’après-midi”, d’Antonia Torres), qui peut en même temps
prendre la forme d’une métalangue, devenant l’objet de sa propre réflexion; c’est également ce que l’on
observe chez Araya, dans le détail subtil d’intituler ses poèmes avec une seule lettre et le recours aux
références métalittéraires. “…la montre de Dalí, si molle…” de Montealegre, n’est qu’un exemple
des mentions cultes que l’on retrouve dans les textes de ces poètes. De même, ces auteurs sont mus
par le désir commun de concevoir ce livre comme un tout, plus qu’une simple addition de poèmes. De
Gaete nous pouvons dire qu’il met l’accent sur les espaces et vocabulaires locaux, dans des textes
narratifs qui, par moments, semblent des fragments de conversations. Carmen García, elle, nous fait
part de son désarroi, qui va jusqu’à relativiser le MOI qui s’exprime… Ainsi, chacun construit
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son propre territoire poétique. Il s’emblerait que ces tons, préoccupations, formes et autres aspects
littéraires que l’on distingue dans l’œuvre de ces sept poètes ne diffèrent pas tellement de ceux qu’on
retrouve chez les poètes habitant au Chili et dont la production littéraire, tout comme celle que l’on
présente ici, est le reflet d’un exercice personnel beaucoup plus vaste.
Soledad Bianchi
Santiago du Chili, avril 2008.
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d ALEJANDRA DEL RÍO
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ALEJANDRA DEL RÍO
Clef du cœur
Au fond de la poitrine
Enrobé par l’écorce cordiale
Assujetti à un rythme précis
Causa causorum de tous les mystères
Première manifestation et dernière offrande
La seule grande merveille
Royaume du battement
Revêtement fin de la vie
Danse silencieuse de l’univers
Simple majesté que personne ne reconnaît
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PEDRO ARAYA
1. Araya intentará suicidarse a la francesa, tomando unas 200 pastillas para dormir.
Desgraciadamente confundirá los somníferos con los anticonceptivos de una vecina.
Resultado: le saldrán senos. Eso lo escarmentará por un tiempo. Actuará en un par de
películas porno y morirá de cáncer al útero.
Araya essayera de se suicider à la française, en prenant quelques 200 cachets pour dormir.
Il confondra malheureusement les somnifères avec les pilules contraceptives d’une voisine.
Résultat : des seins lui pousseront. Cela le calmera pour un certain temps. Puis, il
jouera dans quelques films porno et mourra de cancer à l’utérus.
Julio Carrasco
2. Pedro Araya (Valdivia, Chile, 1969) es poeta y traductor. Ha publicado ArcoSanto
(Ed. Barba de Palo, 1991), peR,noCto (Ed. Lom, 2002); y junto a Yanko González,
La Muerte Se Está Fumando Mis Cigarros, traducción y notas, de poemas de Charles Bukowski
(Ed. Bajo el Volcán, 1996), Carne fresca. Última poesía chilena, una muestra (México: Ed.
Desierto, 2002) y ZurDos. Última poesía latinoamericana (Ed. Paradiso, Argentina, 2004;
Pedro Araya (Valdivia, Chili, 1969) est poète et traducteur. Il a publié ArcoSanto (Ed. Barba de
Palo, 1991), peR,noCto (Ed. Lom, 2002); et avec Yanko González, La Muerte Se Está Fumando
Mis Cigarros (La Mort Fume Mes Cigares), traduction et notes de poèmes de Charles Bukowski
(Ed. Bajo el Volcán, 1996), Carne fresca. Última poesía chilena, una muestra (Éd. Desierto,
Mexique, 2002), et ZurDos. Última poesía latinoamericana (Éd. Paradiso, Argentine, 2004; Éd.
Bartleby, Madrid, 2005). Il apparaît dans diverses anthologies telles que Poesía,Poesía. 3 poètes
chiliens. Waldo Rojas, Yanko González, Pedro Araya, sélection et traduction de l’espagnol (Chili)
par Stéphanie Decante (Printemps des Poètes, Université Lille 3, 2002). En 1991 il reçoit le Prix
Gabriela Mistral, accordé par la Municipalité de Santiago. Boursier, en 1994, de la Fondation Pablo
Neruda. Entre 1994 et 1999 il dirige l’Atelier de Poésie de la Sebastiana, Fondation Neruda, à
Valparaiso. En 1999, il dirige et publie le recueil d’essais et poèmes d’auteurs chiliens sur l’identité
culturelle, Métaphores du Chili (Éd. Lom, 2000). En 2005 il reçoit le Prix Fernando Santiván,
accordé par la Municipalité de Valdivia et l’Université Australe du Chili. Il réside actuellement à
Paris.
What part ob yu is deh poEM?
Pound
A
ergo,
y no lo sabe .
ergo,
il boit son café comme un chien et ne le sait point
il écrit le rythme de son épitaphe et ne le sait point
il pense au pari,cherche le frein,les trois doigts
de genièvre
pour survivre au bourbier
et ne le sait point .
no es nada .
n’est rien .
no es el verano,no es el veneno,cazzo
Mal séché,le ficus,la poudre dans la balle
mal pendu à la branche,sèche pour ne pas avoir voulu
séchée,la tronche retournée à coups de barre,le nœud
plat,la plèvre décollée du manque,la faim,le trafic
intestin:digère à peine le bol,mâchonne le pied-de-veau
El problema es el hemistiquio
no rasurado de tu padre,la tisis
del hambre que adentro carcome
la cara del que come grumos a destajo
el tajo en la suela abierta,la escuela
la crea del que salta en medio del paseo
el problema son las horas en sordina
la clave famélica del Apóstata del verso
y verse trotando en otro idioma sin un hueso
con que darle al hermano,el problema
es el lema,la patriotera loma,lo apenas que existe
es callar apenas y con saña,es rajar la pestaña
cuando nos corren terneros,los gritos del hemiciclo
mientras nos dan por los costados,sin un chingo
todos tristes todos negros,los cajeros,las cotas
el problema es la tristeza que nos dicen
el problema es el hemistiquio a este lado,Cabeza
lo que aturde al otro y punto
,lo mismo:el tic del mosquito muerto
,lo Manco .
Bei Dao
que dicen
yo .
Bei Dao
Ouvre l’œil sur l’œil torve qui ne cligne,ouvre l’œil sur la greffe binaire et
palpébrale,le temps de,quelques,disons,secondes:il sort de son œil en
formant des nœuds et suit ton index sur l’humide fenêtre,hôtel Beau-
Séjour,il décrit une bestiole tandis qu’il relit des journaux,les verticaux,de
Chinatown,il fait des dessins qu’hier il n’a pas esquissés,ne se détache
point,ouvre l’œil sur celui de son détail:le monolithe Li-ki-bei,gravé dans
le style Lishu,de l’empire & ses scribes,conservé dans le temple consacré
à Kwang-fu-tzu dans la ville de Ku-fu,province de Shang-dong–––––
l’élégance du style de Wang Cizhong,inventeur de ce tracé,est,dirait-
on,perceptible,quand il abandonne la page,pour oiseau,pour ponctuer
indécis le vague terrain en terre ou ce qu’il fut pendant la dynastie
Han:16 colonnes,de 36 idéogrammes chacune,sur commande du
fonctionnaire Han Chi,l’an 156,pour célébrer la restauration du site et la
donation de plusieurs jarres rituelles pour l’occasion–––––,ouvre
l’oeil,car à travers le grillage l’eau est couleur ciment,la mie de pain invite
à changer de cendre et la croûte qui sur le dos se fait bourre use un autre
œil dans son labeur:oeil borgne,oeil chauve,muet,étrange,sur le trottoir de
deux enfants qui déplacent leurs pièces taillées sur un damier qui n’existe
pas,ouvre l’œil,car cet idéogramme chinois,n’importe lequel,qu’il croit
reconnaître,sans avoir jamais étudié les langues,des vieillards accoudés au
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PEDRO MONTEALEGRE
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Nous écrivons avec ennui. Nous n’explorons plus. Les pommes
furent rondes – ou prévisibles – dans le fruitier. Les corossols
furent des têtes : elles ont pensé l’aube. Les noix,
petits cerveaux, ¿ont-elles réfléchi à quelque chose ? Le délire
nous étrangle avec du coton, iode obscure dans la bouche. Des taxidermistes
font un toast. Formaline. Ammoniac. Une larme
qui oublie l’ange sur un fil. Et nous nous ennuyons
dans la mention du lieu. Manises. Valence, Espagne.
L’histoire est la même : pas de lieu, conflit ;
la révolution : la caractéristique d’une machine à laver.
Les opprimés sont les testicules en dessous du jockstrap.
Les affamés ont le frigo plein. Les ouvriers
ont une certaine empathie pour les groupes néonazis. Les immigrants
effleurent leurs doigts dans la nuit du printemps. Nous sommes
Je n’ai pas su nager. Je n’ai pas préféré l’asphyxie. Les algues furent
longitude de trachée. Tu l’as voulue en verre, lancer une pierre.
Tu as voulu la réduire en miettes, couper les veines du livre.
La morceler. La rendre ver. Mais j’ai résisté. Tu étais loin.
La terre m’aimait, les troncs des arbres,
l’envie de m’accrocher avec les dents à eux – me couvrir le visage
avec des feuilles, lianes, nids d’oiseaux. J’ai résisté à ta malédiction :
je veux plus sans en avoir plus. Ce n’est pas de l’avarice,
c’est faire un pas sur le brouillard, se cacher mais en regardant.
Parce que tu as voulu me faire mal, je dresse mon bouclier, mon écriture brisée,
le craquement du blanc, degré zéro du brûler ou du neiger.
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La sanación simplemente. El higo de la soledad echando néctar
sobre la boca que agoniza. La sanación, el nervio
de quien suda de noche. Va a aparecer. Va a aparecer. Vigilas
la sombra –la oscuridad fuera del ojo–, lo impenetrable
del observador, lo que lleva a huir siempre, hocico –agudo–
de cachorro. Que gime. Que busca la parte blanda de la colcha.
Un miedo leve –masticar hierba. Sacar de su cáliz
una flor morada, chuparla por debajo. Néctar
que te sana, cuando se te aparece la letra. Viene
la letra-padre con el viejo sonido de las cerraduras.
Y el espacio clava, púas transparentes de ortigas.
La letra-padre, rumor de zapatillas de levantar.
El talco forma nubes cuando el viento se cuela.
Las polillas, una forma de adiós. La naftalina
es una gema comestible. Tu dolor astilla de a poco
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La guérison tout simplement. La figue de la solitude versant du nectar
sur la bouche agonisante. La guérison, le nerf
de qui transpire pendant la nuit. Elle va apparaître. Elle va apparaître. Tu surveilles
l’ombre – l’obscurité hors de l’œil-, l’impénétrable
de l’observateur, ce qui amène toujours à fuir, museau – aigu-
de chiot. Qui gémit. Qui cherche la partie la plus molle du matelas.
Une légère peur – mâcher de l’herbe. Sortir de son calice
une fleur pourpre, la sucer par en dessous. Nectar
qui te soigne, quand t’apparaît la lettre. Vient
la lettre-père avec le vieux son des serrures.
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CLAUDIO GAETE BRIONES
Juliaca y Valdivia
En la peruana Carnaza
patea su bola de estiércol, hace rodar su equi-
paje empujándolo con la espalda. Los tumbos
de las trituraciones, las palas, algo neto esperado
de la tierra
sospechamos demasiado.
Vinieron los imprevistos:
la Moneda, de un tiempo a esta parte borrosa
detuvo su imagen, dijo, tosió primero, nadie
le creyó a la imagen
Juliaca et Valdivia
Dans la péruvienne Carnaza
tape dans sa boule de fumier, fait rouler ses ba-
gages en les poussant avec le dos. Les retentissements
des triturations, les pelles, quelque chose de net attendu
de la terre
Néanmoins j’annotai
ce que Mnémosyne disait : « sais-tu que Chevreau
est un délateur ? – je ne crois pas qu’il existe »/
Sous terre tu verras l’arc du Congrès inversé
une agrafe sur un sol en bois, une molette
“estoy lejos,
no sé si tenga el tiempo para madurar bajo
una crónica de la luz con un corazón de co-
lores primarios que el pulgar horada y ese cuadro
moteado de cera naranja que mis papás conservan
en mi pieza de niño
junto a un reloj que marca
la hora en el extranjero:
garzón de restorán mexicano
sale y entra a la helada a las una de la mañana
pero improvisamos:
la mejor música del mundo es la música de lo que sucede
“Deja que los espejos se pudran”, pensé decirle
“Hay que ser carnaza”, le dije.
En un silo a orillas del Cautín
el cuento se llama:
“la Perica, una chancha enorme
en mitad del chiquero con doce lechones cabeceando
las tetas”
Por qué no/ corrernos irnos venirnos hablar
tras el vaho;
una mente grotesca propia
corta con la uña el film que separa los objetos y
le conte s’appelle :
« la Perica, une truie énorme
au milieu de la porcherie avec douze cochons de lait qui branlent
la tête contre les tétines »
Pourquoi pas/ jouir finir venir parler
c’est achever ce que nous avons devant les yeux à l’instant même.
Plein de conjectures contre la mutation, tant pis pour le Pacifique
alors qu’il y en aura deux qui attachent ses narines aux faces
d’une même vitre
ils auront déjà deviné leurs yeux
derrière la bouée ;
un esprit grotesque propre
coupe avec l’ongle le film qui écarte les objets et
ses ombres, les décors d’époque et
donc c’était ça
un vieux monde ? un poème qui partait de toi et ter-
minait deux ans après en se déménageant de faille ? c’est ça
un vieux monde ?
un coup de dés qui jamais n’abolira tes yeux?
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MARTÍN BAKERO
si sonaras
sin los oros
si son eros
los sonoros
si sonidos
si son idos
si soñares
los sonares
no hay sonido
sin sentido
ni salida
sin soplido
sembrado
has salado
has sentado
has sobado
sobornado
cucharas
si escucharas
y cucarachas
acurrucaras
encaras
la cara
la más cara
cielos
claros
claro cielo
siento
celo
siento
suelo
siempre
sentidos
saliendo
siguen
sonando
suben
silbando
s’il sonnait
sans les heures
sans l’honneur
le sonore
les sonies
s’ils sont art
sons de l’art
les sonars
seul le sens
dans le son
et le son
dans le sense
le souffle
se couvre
t’ouvre
recouvre
si t’entends
si t’as temps
si t’entend
le tant de temps
que tu l’attends
vie le sage
divise sage
dit vie singe
sol ou ciel
sol soleil
seul sol oeil
sol de l’oeil
sol du ciel
trois jours
toi jour
roi jour
joie jour
toujours
pour la joie
vois joyeur
vas voyageur
FALTA LA FALTA
asfalta
si falta la falta
has falta la falta
o la falta la espanta
o le espanta la falta
le espanta a la falta
la falta que espanta
le falta la flauta
a la falta que es falta
le falta la falta
a la falta de flauta
ya no falla la falta
ya que falta es flauta
le mantra du manque
le manque qui est mantra
y mettre le mètre
au maître du manque
maia:
más allá
losqu’il y a
gaya
guérrilla
parfois
autrefois
toutefois que la joie
rougie
et se reploie
ahora una a
en un ahora
en una hora
en un aura
una a hora
car la voix
nettoie
envoie
renvoie
perçoit
prévoit
entrevoit
la tache
le ratage
admonition
réverbération
transcription
transfiguration
transposition
de l’invisible
invisibilité
un vise
bilblibilblibilbliblé
la Rea
alitée
eeeeeeeeeee ééééééééééééééé
mmmmmmm
y tengo
que
tenir
partir
venir
aller
o ir
oír
ioioioioi
psui
psui
fsfsffsffsfsfsffsfsfs
tuitui tuitui tiu tui
t’es où?
tout est tu oui
BREVES BEBES
COMO
CUANDO
DONDE
CUANTO
PUEDE
PULE
PESA
PEGA
PIENSA
OJOS
AJOS
BAJOS
LEJOS
OTROS
VIVES
SIENTES
HIELES
MIELES
HUELES
MIENTES
SUELES
VIENES
VIERTES
SIENTES
SALAS
BALAS
BOLAS
SOLAS
BREVES
VULVAS
MADRES
OTRAS
VARIAS
COSAS
BEBES
comment
quand
où et
combien ?
elle peut
elle pleut
elle pense
elle perce
elle pèse
dès yeux
elle veux
loin
dans un coin
les autres
monstres
qu’elle montre
et des montres
des rêves
des trêves
des tresses
des caresses
elle verse
déverse
et reverse
mystère
miss terre
(103)
ANTONIA TORRES
conectan equívocos
acumulan escombros
apilan centavos en torres
Note du traducteur:
Luche: algues comestibles chilienne.
Loyo: champignons comestibles chilien.
Murtas: fruit; espèce de myrte chilienne.
Nalca: originaire du Sud du Chili.
Piure: invertébré comestible originaire des côtes chiliennes .
Tu as perdu la tête
l’enfonçant dans des fauteuils délabrés
la ville entière tu as perdu un dimanche léger
traversant invisible la foule un gâchis
les meubles ainsi jetés dans la rue
(123)
CARMEN GARCÍA
Yo sé eso de mi alma
Sé que no pertenece.
Le temps a les jointures abîmées
Le temps est l’ouragan qui tout recouvre
la craie des morts
Un orage que personne n’embrasse.
(135)