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BULLETIN DU CERCLE ERNEST-RENAN

gie. dans le second quart du IIe siècle, écrivit cjnq directives morales et ne pouvait ^πργρ

livres intitulés «Explications des Logia du Sei­ en la forme qu’il avait alors, à cinq livret
gneur ». Comme le grec « logia » signifie normale­ mentaires, tout porte à croire que le texte com Co*’
ment « oracles », comme, d’autre part, I enseigne­ par Papias était un recueil de textes bibliaues Z

ment du Christ rapporté par les Evangiles ne se dérés comme des oracles concernant le « Seio· C°ft8i'
caractérisait point par des oracles mais par des ou le Christ. ‘

LES EPITRES DE PAUL


par Prosper ALFARIC
I

Ernest Renan a écrit sur « saint Paul » un grand Les auteurs ecclésiastiques des âges suivants sont
et beau livre à la rédaction duquel il s’était préparé d’accord pour affirmer que l’édition longue est ia 5
par une étude minutieuse des lettres qui portent le plus ancienne et qu’elle a été audacieusement ampu- I Z·
§
nom de l’Apôtre et du récit de ses missions que nous tée par Marcion des textes qui allaient contre ses ΐ
donnent les Actes. L’ouvrage, très documenté, fort . propres vues. C’est ce que soutenait encore, il y a
bien ordonné, d’un style vivant et captivant, consti­ trente ans, le grand historien Adolphe Harnack dans %
tuait, en son temps, une nouveauté de première un livre important (Marcion, Leipzig, 1921), où il a oî
0i!
valeur. Il est aujourd’hui périmé. Sans doute, beau­ eu le grand mérite de rétablir, grâce aux citations et Il
coup de ses pages peuvent être encore lues avec au­ allusions de polémistes anciens, une partie notable
tant de profit que d’agrément. Il reste très supérieur do l’Apostolikon.
aux livres pieux et apologétiques qui voudraient le ü
faire oublier, particulièrement à l’œuvre de Daniel- Paul-Louis Couchoud a établi d’une façon très P
Rops. Mais sa perspective générale est confuse et nette, par quelques exemples précis, dans une excel­ p
déconcertante, souvent même irréelle, faute d’une lente étude intitulée « La première édition de saint 7b-
critique suffisante des textes utilisés. Paul » et publiée en 1928 dans ses Premiers écrits du i
Christianisme (p. 7-31), « que l’Apostolikon n’est pas 1
Un examen attentif du livre des Actes a permis une mutilation de l’édition longue mais, au con­
d’y démêler deux rédactions différentes, une, la plus traire, que l’édition longue n’est qu’un Apostolikon
ancienne, qui vient d’.un compagnon de Paul, bien remanié et augmenté ».
renseigné sur ses faits et gestes, l’autre, beaucoup
plus tardive et très tendancieuse, où les fiction* Couchoud ne faisait en cela que reprendre une
abondent. Surtout, une analyse pénétrante des Epî thèse de Joseph Turmel, ancien professeur de théo­
très de Paul a révélé qu’il s’y trouve, à côté de texte* logie au Grand Séminaire de Rennes, passé de bonne
authentiquement pauliniens d’un puissant intérêt, heure à l’incroyance, dont il avait reçu, quelques
beaucoup de menues gloses et de grosses interpola­ années auparavant, un long manuscrit sur « Les
tions qui en faussent le sens et qui, d’autre part, écrits de saint Paul » publié par lui en quatre volu­
sont loin de s’accorder entre elles et dénotent donc mes, de 1926 à 1928, dans sa collection « Christia­
plusieurs faussaires. nisme », sous le pseudonyme d’Henri Delafosse.
Examinons, d’abord, le recueil des Epîtres. P est, Turmel ne s’était pas borné à dégager l’édition
en sa forme première, antérieur au livre des Actes’ marcionite de son revêtement romain. Poussant bien
et les transformations qu’il a subies nous aideront plus loin son analyse, il avait montré que Γ Aposto­
à comprendre celles qui se présentent dans le récit likon lui-même ne venait pas tout entier de l’Apôtre.
des missions de l’Apôtre. Il y avait découvert des interpolations nombreuses
et parfois considérables, dont il avait attribué la
rédaction à celui-là même qui en avait fait son pro­
*
fit, à Marcion.
I. Analyse du recueil des Epîtres
La thèse du Pseudo-Delafosse, dont la véritable
Le recueil officiel des lettres de Paul qui a cours identité ne tarda pas à être dévoilée, fit sensation.
chez les Catholiques, chez les Protestants et chez les Elle fut vivement critiquée non seulement par les
Orthodoxes grecs ou slaves, comprend une Epître défenseurs de la tradition orthodoxe, soit catholique,
aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Gâtâ­ soit protestante, mais par un ehprit aussi indépen­
tes, une aux Ephésiens, une aux Philippiens, une dant que le « mythiste » Edouard Dujardin qui
aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, une à Phi- voyait en Jésus un Dieu préhistorique en forme de
lémon, deux à Timothée, une à Tite, une enfin aux serpent périodiquement crucifié en un drame sacré.
Hébreux, au total quatorze. Dans un livre intitulé « Grandeur et décadence de la
critique », formant le troisième volume d’une « His­
Vers 140 a circulé dans l’Eglise de Rome un toire ancienne du Dieu Jésus », Dujardin, qui était
recueil plus court, qui n’avait pas les quatrè der­ avant , tout un littérateur et qui avait écrit pour le
nières et où manquaient divers passages des dix Théâtre Antoine « Le mystère du Dieu mort et res­
autres. Cette édition brève était colportée alors, sous suscité », déclara que Turmel avait fait preuve d’un
le titre d’Apostolikon, par un navigateur de profes­ manque total de goût en morcelant d’une façon arbi­
sion, capitaine de vaisseau, Marcion, de Slnope sur
traire le texte si vivant et si spontané des Epîtres
la Aier Noire, paulinien fervent, qui venait de s’a­ On peut trouver que c’est lui, plutôt, qui a man­
gréger à la communauté romaine et se servait de ce qué totalement de flair en méconnaissant les diffé
livre pour prêcher un Evangile de caractère gnosti- ronces de style, pourtant singulières, qui lui étaient
que, nettement antijuif. signalées entre divers passages d’une même lettre de

...j

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l’Apostolikon. Lisez, dans l’Epître aux Gâtâtes, le dériver la doctrine authentique de Paul d’un ensei­
fragment d’autobiographie où Paul raconte, frémis­ gnement de Jésus en qui plus que jamais, .je ne vois
sant, sa querelle avec Pierre à Antioche (II, 11-14) qu’un pur mythe. Tout en reconnaissant dans l’en­
er La dissertation théologique qui interrompt brus­ semble, malgré diverses réserves de détail, le bien-
quement l’algarade et qui se réduit à une fastidieuse fondé de leurs anaylses du texte canonique, je me
séquelle d’abstractions. Il n’est vraiment pas possible fais une vue synthétique de sa formation graduelle
que des textes si discordants soient de la même main. sensiblement ■ différente de celle à laquelle chacun
Aux yeux d’Edouard Dujardin, Alfred Loisy repré­ s’est arrêté.
sentait la « grandeur de la critique », tandis que le (1) Paul n’est pour moi ni le nationaliste zélé,
Pseudo-Delafosse, Turmel, en figurait la « déca­ quoique non zélote, de Turmel, ni l’adventiste fié­
dence ». Or, Loisy, qui avait jadis trouvé en Turmel vreux de Loisy. Je vois plutôt en lui un adepte de
un de ses premiers et plus précieux collaborateurs et cet Essénisme évolué que fut le Christianisme pri­
qui était plus en mesure de l’apprécier, s’était mieux mitif.
rendu compte de la justesse et de l’importance de Je constate, à ce'propos, que sa conversion s’est
son'exégèse paulinienne. Seulement il avait déjà opérée à Damas, d’où il est parti en Arabie et où
beaucoup écrit sur ce sujet sans jamais aboutir à il est ensuite « revenu » (Gai. I. 17). Or, c’est dans
une conception aussi nette et aussi radicale de la cette ville que s’était retiré jadis le chef de cette
rédaction dés Epîtres. Il éprouva le besoin de recon­ communauté de la Nouvelle Alliance dont la Règle
sidérer la question, de procéder à une mise au point a été découverte parmi les manuscrits de la grotte
qui, tout en reconnaissant l’apport substantiel des d’Aïn-Feshka et présente beaucoup d’affinités avec
analyses de Turmel, justifierait, dans la mesure du celle que laissent entrevoir les textes authentiques
possible, ses propres vues. A cette adaptation, aussi de Paul. Comme les membres de cet Ordre, dont Pline
délicate qu’intéressée, il consacra un livre de 204 l’Ancien signale un monastère dans le voisinage de
pages intitulé « La littérature épistolaire du Nouveau la Mer Morte, à Engaddi, et dont Josèphe nous a
Testament », qui parut en 1925. Il y rendait hom­ décrit la vie ascétique et souvent itinérante, ΓApôtre
mage, dans une note du début, à la pénétration de pratique et prêche le renoncement aux richesses, aux
Turmel. Seulement, il accompagnait cet hommage honneurs, aux plaisirs, au mariage. Pour lui, com­
discret de réserves très accentuées. Il formulait en me pour ses coréligionnaires, Jésus personnifie non
maintes circonstances des critiques acérées sur de le Messie national ni le Prophète des derniers jours,
menus détails et il ne négligeait aucune occasion de mais le Juste idéal qui se détourne des biens maté­
montrer qu’il avait frayé les voies et, en beaucoup riels pour vivre en esprit avec Dieu et qui, pour ce
de cas, mieux exploré le terrain. motif est honni, traqué, condamné, mis à mort.
L’année suivante, Turmel, dans un ultime appen­ D’autre part, Paul vit en dehors des frontières
dice du tome Ve de sa grande « Histoire des dog­ officielles du judaïsme. Ayant fui Damas, où il allait
mes » (p. 572), se plut à constater que Loisy adoptait être arrêté par le gouvernement du roi Arétas (II.
« sauf quelques exceptions négligeables », son ana­ Cor., XI, 32), il reparaît dans la communauté d’An­
lyse critique du recueil des Epîtres de Paul. Il nota tioche (Gai. TI, 11), où les juifs sont fortement hellé­
seulément, avec quelque amertume, que cet accord à nisés et prennent plus de libertés avec le Code mo­
peu près complet sur le morcellement des textes, s’ac­ saïque qu’on ne peut se le permettre dans le voisi­
compagnait d’un désaccord foncier sur leur interpré­ nage du Temple. Son Christianisme est bien, comme
tation. En fait, les deux exégètes donnaient à ce sujet celui de son entourage, nettement judaïsant, il se pré­
• des interprétations nettement divergentes. sente bien comme l’aboutissement providentiel de la
Au jugement de Turmel, la première édition des loi traditionnelle. Mais il se montre libéral à l’égard
lettres de ΓApôtre Paul s’inspirait de sa foi en une des « Hellènes », c’est-à-dire des non-juifs gagnés à
prochaine restauration du royaume d’Israël qui avait la Nouvelle Alliance. Paul n’entend pas leur imposer
été annoncée par Jésus et qui constituait la substance les prescriptions rituelles consignées dans Γ« Exode »
initiale de l’Evangile. La 2e · corrigeait ce nationa­ et dans le « Lévitique ». 11 les dispense de la circon­
lisme messianique par la gnose antijuive de Marcion. cision, des interdits alimentaires, des tabous concer­
La 3e maintenait-le spiritualisme gnostique de la 2e nant les contacts avec les gens impurs.
en écartant ou en masquant son antijudaïsme. L’Eglise-Mère de Jérusalem, groupée autour de
Au contraire Loisy, subordonnant toute la prédi­ trois notables, Jacques, Képhas et Jean, n’admet pas
cation de Jésus à son attente d’une fin du monde de telles licences·. Elle exige l’observation stricte et
imminente, interprétait la doctrine de Paul en fonc­ totale de la sainte Thora.
tion de ce drame cosmique. A cette conception «escha- Ce désaccord déjà très grave se complique d’un
tologique » du véritable Paul s’opposait, selon lui, autre qui s’y rattache assez étroitement. A Jérusa­
l’œuvre, non pas marcïonite, ni même à vrai dire lem, le Christ est considéré comme une victime
gnostique mais simplement mystique du Pseudo-Paul rituelle, comme un Agneau de Dieu, immolé selon
de la 2e édition. Entre celle-ci et celle du recueil les règles qu’impose le Code mosaïque aux sacrifica­
canonique qui a finalement prévalu il ne voyait teurs. Dans les Chrétientés de Paul il apparaît plu­
qu’une différence de degrés. Il aboutissait donc à une tôt comme un esclave volontaire soumis au supplice
simple dichotomie du genre de celle qui s’était affir­ atroce du crucifiement que la loi romaine inflige à
mée dans son petit livre rouge sur « L’Evangile et ces gens de rebut.
l’Eglise ».

L’Eglise-Mère s’émeut de cette nouveauté autant
que des abandons consentis à l’égard de la Loi. Elle
IL - Vue synthétique envoie sur les traces du novateur doublement rebelle,
qui colporte ses doctrines à travers les juiveries d’A­
J'estime, pour ma part, les deux conceptions éga­ sie et de Grèce, des émissaires chargés de le dénon­
lement défectueuses en ce que Turmel et Loisy font cer comme un dangereux hérétique.
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Paul réagit avec une vigueur passionnée. C est mer qu’elle fût son œuvre propre. Elle a fort κ
ce qui fait l’immense intérêt de sa correspondance. être constituée par un anonyme à une dat
Elle nous révéle l’état d’âme foncièrement conserva­ plus ancienne, vers la fin dirlw siècle ou au^6
teur des premiers Chrétiens groupés autour du Tem­ du second. Il n’en reste pas moins vrai qu? > 1
ple et les tendances dissidentes qui tendent à se Marcion qui est devenu le grand propagandiste T
répandre chez les fidèles recrutés dans le monde hel­ l’Apostolikon. e
lénique par l’Apôtre des Gaïm.
*

3) L’opposition à laquelle sa.propagande se heurt


Peut-être ces lettres de combat, qui nous font entre­ dans l’Eglise de Rome s’explique aisément par
voir occasionnellement la vraie genèse de l’Eglise, composition de cette communauté. Les juifs y étaient
furent-elles groupées et publiées par l’Apôtre lui- très nombreux et y donnaient le ton. Depuis Ιοησ.
même en un premier recueil, qui devait continuer son temps ils pullulaient dans la capitale de l’Empire
œuvre et en assurer le maintien. Sans doute durent- Après le désastre de 70 qui, en ruinant leur natio.
elles surtout leur diffusion et leur succès à la puis­ nalité, les détachait définitivement de la Palestine,
sante communauté d’Antioche, dont elles expri­ beaucoup d’entre eux s’attachèrent au Christianisme
maient- les tendances et dont elles servaient la pro­ comme à une planche de salut qui leur permettait de
pagande. rester fidèles à leur tradition sous le couvert de la
nouvelle foi. Les critiques de la Loi qui se lisaient
(2) Après la révolte des Juifs en 66 et leur écra­ dans l’Apostolikon ne pouvaient que les révolter. La
sement final en 70, un fort courant d’anti-judaïsme se réprobation du mariage et* de la procréation des
répandit dans la partie orientale de l’empire romain enfants allait contre leurs affections les plus chères.
mais surtout en Syrie. Lés Judéo-Chrétiens de Jéru­ On comprend que leurs protestations aient abouti à
salem s’étaient repliés sur les confins de la Transjor- une exclusion formelle de Marcion et de ses par­
danie, où ils végétèrent, sous le nom de « Naza­ tisans.
réens » ou d’ « Ebionites », à l’écart du reste de la
Chrétienté, presque étrangers à sa vie et à son évo­ L’Apostolikon n’en subsistait pas moins. Il sédui­
lution, de sorte qu’ils firent .bientôt figure d’héré­ sait les âmes pieuses par la spiritualité de sa dog­
tiques. matique et la rigidité de sa morale. Impossible de
l’éliminer d’un coup par acte d’autorité, car ses
Antioche devint la grande métropole du monde copies pouvaient circuler en cachette et se renouve­
chrétien. Il s’y était formé une Ecole de théologie ler. Ne valait-il pas mieux en faire une édition nou­
qui se réclamait de Simon, l’ancien Esmoun de la velle, qui atténuerait et neutraliserait les theses les
côte phénicienne, devenu le Dieu Sauveur des Sama­ plus hétérodoxes et les plus dangereuses ?
ritains. L’on y répudiait le Dieu des juifs, considéré
comme le Génie du mal. On y disait que Simon, dont C’est de cette idée astucieuse et de cette préoccu­
le ùom signifie « obéissant » était venu du ciel pour pation intéressée qu’est sorti le recueil canonique
obéir à la volonté du Très-Haut et apporter aux des Epîtres de Paul. Nous avons là un travestisse­
hommes la « Gnose », c’est-à-dire la Science vérita­ ment systématique de l’Apostolikon, fait selon les
ble, celle de leur origine, de leur nature et de leur vues et dans l’esprit des dirigeants de la commu­
fin. L’esprit, expliquait-on, est issu de Dieu mais nauté romaine. Ce travail délicat d’escamotage lit­
tombé par suite d’une faute originelle, dans les liens téraire fut sans doute entrepris dès le temps qui
de la chair. Il ne peut recouvrer sa pureté première suivit la condamnation de Marcion.
er regagner le Paradis perdu qu’en rejetant les lois
traditionnelles, surtout celles des juifs, faites pour Il dut être fait par un prêtre du nom de Clé­
l’asservir, et en professant une foi docile en la doc­ ment, « saint Clément », qu’un livre un peu plus
trine libératrice de Simon. Avec lui, par la grâce ancien nous présente comme un homme de lettres au
du Dieu suprême dont il est l’envoyé, on s’affranchit sens précis et matériel du mot, chargé de correspon­
du péché. On se libère de ce corps mortel pour attein­ dre pour l’Eglise de Rome avec les autres commu­
dre à la vie de l’esprit par la pratique de la morti­ nautés (Hermas, Vis., II, 4, 3) et de qui nous avons
fication, de l’abstinence et de la continence. une importante et célèbre « Epître aux Corinthiens ».
Ce dernier écrit, en effet, ressemble singulièrement,
C'est une transposition chrétienne de cette Gnose par son style et ses tendances les plus caractéristi­
simonienne que nous offre la seconde rédaction des ques, aux Epîtres à « Tite » et à « Timothée », qui
Epîtres de Paul. Elle diffère singulièrement de la furent créées alors de toutes pièces pour combattre
première. Si elle lui a été adjointe par une série la «fausse Gnose» (I. Tim;;VI, 20). Il cadre aussi
d’interpolations ingénieuses et de suppressions op­ fort bien avec les textes des dix Epîtres précédentes
portunes, c’est qu’elle y trouvait des points d’atta­ qui ne se lisaient pas dans l’Apostolikon.
che qui lui permettaient de bénéficier du prestige de
l’Apôtre sans risquer la défaveur qui s’attache aux Le nouveau recueil, une fois entré dans l’usage
nouveautés en matière de religion. courant de la communauté romaine, se répandit par
elle, à travers toutes les Eglises d’Oc.cident et d’O-
Turmel, qui ne soupçonnait pas les origines simo- rient. -Il devint, par la diversité de ses auteurs et
niennes de cette Gnose, a cru qu’elle était une créa­ par les contradictions internes de leurs tendances
tion de Marcion. Nous savons pourtant par des autant que par l’ampleur de certains aperçus et par
auteurs ecclésiastiques du III* et du IV* siècles, que la vie intense de certaines pages, un excitant continu
cet hérésiarque s’était formé à l’école du syrien Cer­ de la pensée chrétienne, une sorte d’énigme perpé­
don. Celui-ci avait déjà, nous est-il dit, une édition tuelle qui se prêtait à toutes sortes d’interprétations
courte des Epîtres de Paul. Rien ne permet d’affir­ et provoquait toujours de nouvelles recherches

lmp- R. Leroy - La Ferte-Macé (Orne) buecteur : G. Ory

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