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El paso de Eva

Le pas d’Ève

Ramón Peralta

Traduction

Pablo Fante
El pecado: abismo que pocos saben,
reconocen y salen sin rasguño.
No estará escrito sobre un libro,
sino tatuado en la piel del hombre.

Juan Rodríguez

Le péché : abîme que peux


connaissent,
reconnaissent et quittent sans griffure.
Point sera-t-il écrit sur un livre
mais gravé sur la peau de l’homme.

Juan Rodríguez
Tu marcha junta el miedo del venado.
Tu pecho, su calor palpitante.

Siempre la duda: tu velo y refugio


que vence la fragilidad de tu cuello
en el sendero donde al fin habito.

Ton pas rassemble la peur du cerf.


Ton sein, sa chaleur palpitante.

Toujours le doute : ton voile et refuge


qui vainc la fragilité de ton cou
dans le sentier où je demeure enfin.
Encarno sin querer a un tornado,
la imagen y aliento del asesino.

Bastión, batalla de los cien años,


yo, soy el único soldado y herido.

Cuántos días el silencio más rotundo,


el tormento cruel de la penitencia.

J’incarne sans le vouloir une tornade,


l’image et le souffle de l’assassin.

Bastion, lutte des cent ans,


moi, suis le seul soldat, le seul blessé.

Combien de jours le silence le plus rond,


le tourment cruel de la pénitence.
Apenas rozo una parte de tu sombra
tiemblo con la violencia del rayo,
la osadía de un golpe de piedra
y la gracia del mosco en el agua.

À peine je frôle une partie de ton ombre


je tremble avec la violence de la foudre,
l’hardiesse d’un coup de pierre
et la grâce du moucheron dans l’eau.
Avanza descalza sin lastimar la hierba.
Pero hoy, día del juicio,
insectos disimulan descanso bajo las adelfas.

Respiran futuro en una telaraña,


descubren el miedo,
y la pena no será errante por la mancha que germina en el vientre.

Yo, pájaro ciego,


atento al menor ruido del mal.

Elle avance pieds nus sans blesser l’herbe.


Mais aujourd’hui, jour du jugement,
des insectes dissimulent du repos sous les lauriers.

Ils respirent du futur dans une toile d’araignée,


découvrent la peur,
et le chagrin n’ira pas errant par la tache qui germe dans le ventre.

Moi, oiseau aveugle,


sensible au moindre bruit du mal.
En la seguridad de las frondas no creo,
a pocos metros escucho un diluvio.

Dans la sécurité des frondes point ne crois,


à peu de mètres j’entends un déluge.
Somos una colisión de planetas,
monstruos teñidos de sed y espanto;
la cuerda rígida del arco
atenta al viaje en la razón furtiva de la flecha.

Haremos incendios en otros parajes,


donde germine frondosa nuestra semilla,
y bendiga Dios la tierra por la mañana.

Nuestros cuerpos inundarán valles,


comeremos miedo de la palabra futuro.
La esperanza es un arpón detenido en el aire.

Nous sommes une collision de planètes,


monstres teints en soif, en effroi ;
la corde rigide de l’arc
sensible au voyage dans la raison furtive de la
flèche.

Nous ferons des incendies dans d’autres parages,


où puisse germer, luxuriante, notre semence,
et Dieu bénisse la terre au matin.

Des vallées inondées par nos corps,


nous mangerons la peur du mot futur.
L’espoir est un harpon suspendu en l’air.
Estoy lleno de rocas,
de una música que le pide la marcha al polvo.

Tiemblo, acurruco el deseo entre tus piernas:


cántaro de alfalfa, nido de fruta;
el día es una brasa que apenas cruje
y silva entre álamos.

Je suis plein de rochers,


d’une musique qui requiert la marche à la poussière.

Je tremble, blottis le désir entre tes jambes :


cruche de luzerne, nid de fruits ;
le jour est une braise qui crépite à peine
et siffle parmi des peupliers.
Fino vello que obediente tapias,
hablas con distancia del murmullo.

Tu piel, laguna en calma.

Arriban tesoros de navíos.

Reviento en la gracia tímida de tu hombro.

Fin duvet qui, obéissant, clôtures,


tu parles avec distance du murmure.

Ta peau, lagune en
repos.

Des trésors de navires accostent.

J’éclate dans la grâce timide de ton épaule.


Surge y estalla un beso
que dura este silencio,
después el silencio no será beso
será tiempo.

Surgit et éclate un baiser


qui dure ce silence,
puis le silence ne sera baiser,
sera temps.
Desprendes el miedo de tu cuerpo;
herida de luz queda la piel,
tus ojos verdes y la inocencia.
Nace tu cuerpo desnudo.

Desciende tu cabello a esconder tu pecho,


y el rumor del pezón ofendido por el sol
retumba y cobija la playa,
como un son que fabrica olas.

Tu détaches la peur de ton corps ;


blessure de lumière quiète la peau,
tes yeux verts et l’innocence.
Nu naît ton corps.

Tes cheveux descendent et cachent ton sein,


et la rumeur du mamelon offensé par le soleil
résonne et abrite la plage,
comme un son doux qui façonne des vagues.
Escolto al agua para que inaugure caminos,
descienda por tu espalda,
pierda equilibrio en la cadera
y nutra la tierra sin abandono.

J’escorte l’eau pour qu’elle inaugure des chemins,


descende à travers ton dos,
perde son équilibre sur les hanches
et nourrisse la terre sans abandon.
Nace el fuego, alumbro vértices de duna.

Nace el néctar hermano de tu boca.

La hoja: trampa curva de tus labios.

Rompes la vertical de los olivos por el incendio y el desvelo.

Naît le feu, j’allume des sommets de dune.

Naît le nectar frère de ta bouche.

La feuille : piège courbe de tes lèvres.

Tu brises la verticale des olives par l’incendie et


l’insomnie.
Mi lengua es mariposa

aletea de madrugada

invoca al relámpago

y al grito subterráneo.

Ma langue est papillon

bat des ailes à l’aube

invoque l’éclair

et le cri souterrain.
No resguardan secretos tus manos
cosechas a un lado tu cabello
apagas el filo certero de tus dientes
designas la profundidad de tu boca
y en tus ojos anuncias la ceguera.

Point n’abritent des secrets tes mains


tu récoltes sur un flanc tes cheveux
éteins le juste tranchant de tes dents
désignes la profondeur de ta bouche
et dans tes yeux annonces l’aveuglement.
Estas nubes amenazan un chubasco:
transparente reptil que baja lento entre tus piernas.

Ces nuages menacent d’une bourrasque :


reptile transparent qui s’affaisse entre tes jambes.
En un suspiro naces sin cambiar el contorno de la sombra

y levantamos en danza todas las plumas.

Dans un soupir tu nais sans changer le contour de l’ombre

et nous levons en dansant toutes les plumes.


Reposa el tacto en dos barcas.

Interrumpimos el curso del río.

Encierro la corona de mis ojos.

Colmo de luz una arista oscura.

Le tact repose sur deux barques.

Nous interrompons le cours du fleuve.

J’enferme la couronne de mes yeux.

Je comble en lumière une obscure arête.


Tengo carne y dolor en el costado,
un puente en silencio que nos crea.

Soy apenas círculo en la espera callada del retorno.


Una espesa crin nubla mis pupilas,
una avalancha de nubes me devora.

J’ai chair et douleur sur le flanc,


un pont en silence qui nous crée.

Je suis à peine un cercle dans l’attente silencieuse


du retour.
Une épaisse crinière brouille mes pupilles,
une avalanche de nuages me dévore.
Canta el gallo y desciende el arrepentimiento.

Piedra, niega la corriente del agua.

El tiempo redondea tu canto.

Le coq chante
et descend le repentir.

Pierre, nie le courrant de l’eau.

Le temps arrondit ton chant.


Donde cortamos tallos,
puedes nombrar pecado al último acto
si es tu queja punta del juicio.

Canal que divides y nutres el campo,


negaré el recordar tu presencia ronca con el relámpago que inicia tu
palabra.

Anda, inunda el gesto de luz o de ceguera,


que irrumpa nuestra faz el fondo del pozo,
para conocer la imagen que nos daña.

Où nous coupons des tiges,


tu peux nommer péché le dernier acte
si ta plainte est arête du jugement.

Sillon qui divises et nourris le champ,


je nierai le souvenir de ta rauque présence avec l’éclair qui
commence ton mot.

Marche, inonde le geste de lumière ou d’aveuglement,


que fasse irruption notre face au fond du puits,
pour connaître l’image qui nous blesse.
Camino al huerto en busca de higos,
críos de pera y la veta del agua.
Bebemos segundos, el terror que brinda una ola,
el misterio de un camino de nieve.

Je marche au verger en quête de figues,


pousses de poire et le filon de l’eau.
Nous buvons des secondes, la terreur qu’offre une
vague,
le mystère d’un chemin de neige.
Yo, la serpiente inmóvil en la hierba,
escucho lamentos de las varas,
con paso firme Eva se aleja.
¿Arderá su cabello por la noche?

Moi, le serpent immobile dans l’herbe,


j’écoute les lamentations des tiges,
d’un pas ferme s’éloigne Ève.
Flamberont-ils, ses cheveux, la nuit?
Ramón Peralta (México, 1979). Poeta y ensayista.
Es codirector de la revista de poesía Oráculo.
Tiene publicados: Diáfanas espigas (FETA, 2003) y
Fotosíntesis (Ediciones Invisible, 2006).

Ramón Peralta (Mexico, 1979). Poète et


essayiste. Et codirige la revue de poésie Oráculo. A
publié: Diáfanas espigas –Diaphanes épis– (FETA,
2003) et Fotosíntesis –Fotosynthèse– (Ediciones
Invisible, 2006).

Pablo Fante (Santiago de Chile, 1980,


francochileno). Doctorando en poesía mexicana.
Editor de Nigredo (versión digital en
magoscuro.cl/nigredo). A traducido a Michel
Deguy, Bernard Noël y Paul Valéry.

Pablo Fante (Santiago du Chili, 1980, Franco-


Chilien). Doctorant en poésie mexicaine. Éditeur
de Nigredo (version digitale sur
magoscuro.cl/nigredo). A traduit Michel Deguy,
Bernard Noël et Paul Valéry.

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