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Association Algérienne pour la Sauvegarde

et la Promotion du Patrimoine Archéologique (AASPPA)


Siège : Babzman, résidence Chabani, Bt. F5E, Val d'Hydra, 16 028 Alger
Téléphone : 213 (0)7 70 35 15 97 ou 213 (0)7 70 17 75 80
Adresse électronique : ikosim.aasppa@gmail.com

Comité scientifique
Aïn-Séba Fauré Nagète, préhistorienne, Institut d’Archéologie, Alger
Aït Amara Ouiza, historienne, Institut d’Histoire, Alger
Aumassip Ginette, préhistorienne, Alger
Blanc-Bijon Véronique, archéologue, Aix-Marseille Université/CNRS (France)
Chaïd-Saoudi Yasmina, préhistorienne, Institut d'Archéologie, Alger
Dahmani Saïd, archéologue, Musée d’Hippone, Annaba
Desanges Jehan, historien, Académie des Inscriptions et Belles Lettres (France)
Ghaki Mansour, archéologue, Universita degli studi di Napoli « L’Orientale » (Italie)
Heddouche Abdelkader, préhistorien, CNRPAH, Alger
Leveau Philippe, historien, Université Aix-Marseille (France)

Rédaction
F. Benouis, directrice
N. Aïn-Séba, G. Aumassip

© AASPPA
ISSN n°2170-1016

Conception couverture et infographie


Rym Mokhtari

Photo de couverture réalisée par A. Hadjilah


A.A.S. P. P. A.
Association Algérienne pour la Sauvegarde et la Promotion
du Patrimoine Archéologique

2016 N° 5
Remerciements

Merci à toutes les personnes, hommes et femmes de bonne volonté qui contribuent tout à fait gracieu-
sement à la réalisation de cette revue, les auteurs, les experts et membres de la commission scientifique,
nos traductrices Samia Boudjebbour et Sana Alleg pour l’arabe, Fatma Alioua pour l’anglais.

Toute notre gratitude va à l'entreprise Sonelgaz qui nous renouvelle sa confiance en finançant la totalité
de ce numéro. Nous sommes heureux que cette publication vouée à la promotion de notre patrimoine
soit prise en charge par cette Société nationale qui réalise ainsi pleinement sa vocation de mécène à
l'égard de cet héritage public.
SOMMAIRE

Hadjouis Dj. – Vers un paradigme holistique de l'anatomie paléoanthropologique : entre


adaptation posturale et globalité architecturale du corps chez les Hominidés ........................... 7
Vernet R., Le Floch R., Pasty J.F., Gauthier Y. – Une région archéologique sinistrée :
préhistoire de la région de Zouerate (Mauritanie)...................................................................... 21
Leveau Ph. – L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité. Climat et société, un état
de la question .......................................................................................................................... 57
Hadjilah A. – La rue Bab Azoun - Bab el Oued à la période romaine. Essai de restitution
de l’hypothétique cardo d'Icosium .......................................................................................... 73
Ben Mansour A. – Alger, la longue et difficile naissance d’une capitale ....................................... 85
Aillet C. – La dame de Sedrata : retour sur l’entreprise archéologique de Marguerite van
Berchem (1946-1965) ............................................................................................................. 93
Chazaud (du) S. – Aujourd’hui à Chlef le centre Larbi Tebessi, hier à Orléansville le centre
Albert Camus (1955-1961) ..................................................................................................... 125

Notes et travaux
Aumassip G. – N’Gaous, un rêve évanoui ? .................................................................................. 136
Rabhi M., Aberkane K., Bellahreche H., Belkacemi S. – Recherches préhistoriques dans
la région de Amoura (Djelfa, Atlas Saharien oriental) .............................................................. 143
Mehentel Dj. – Note sur une inscription inédite de la région d’Aïn Kebira (région de Sétif ) ..... 153
Iaichouchen O., Boukhenouf A. – Étude du site archéologique de Tablast (Bejaïa) ................. 155
Dahmani S. – Villes et villages d’Algérie du VIIIème au XVIème siècles d’après les géographes ........ 163
‫ – تقرير عن المعرض المؤقت" التحف المسترجعة" بالمتحف العمومي الوطني لآلثار القديمة‬.‫حضري ع‬
(10 2015 ‫ ديسمبر‬10 - ‫)ماي‬......................................................................................................... 182

Chronique du patrimoine déplacé


Hanoune R. – Des sculptures baladeuses .................................................................................... 183

Hommage à Henriette Camps-Fabrer ................................................................................... 187

Comptes rendus ....................................................................................................................... 195

Résumés ..................................................................................................................................... 201


Résumés

VERS UN PARADIGME HOLISTIQUE DE L'ANATOMIE PALÉOANTHROPOLOGIQUE :


ENTRE ADAPTATION POSTURALE ET GLOBALITÉ ARCHITECTURALE DU CORPS
CHEZ LES HOMINIDÉS par Djillali Hadjouis
Dans les années 1990, l'auteur a mis en place une méthodologie expérimentale de l'anatomie humaine sur la
base d'une relecture anatomique des différentes pièces osseuses qui composent le squelette céphalo-caudal. La
démonstration du postulat repose sur la biodynamique du complexe crânio-facial et ses rapports avec l'occlusion
d'une part et le rachis, le bassin et les membres d'autre part. Compte tenu de mouvements d'une dynamique non
linéaire au cours de l'ontogenèse, les trajectoires de croissance mettent en lumière des déséquilibres ascendants
et descendants dont les associations ne peuvent être décelées que si les systèmes musculo-squelettiques du corps
humain tout entier sont pris en compte. Ainsi, la globalité architecturale de la posture est mieux perçue et les
interprétations qui relèvent du diagnostic, de l'adaptation ou de la locomotion sont nettement plus prudentes.

UNE RÉGION ARCHÉOLOGIQUE SINISTRÉE : PRÉHISTOIRE de LA RÉGION DE ZOUERATE


(MAURITANIE) par Robert Vernet, Raymond Le Floch, Jean-François Pasty et Yves Gauthier
La préhistoire de la région de Zouerate est d’une exceptionnelle richesse, favorisée par une structure géogra-
phique rare. Des reliefs montagneux riches en matières premières lithiques, une immense dépression lacustre,
des massifs dunaires et des plaines à l’infini ont fait de cette région, pendant la préhistoire, un carrefour d’in-
fluences : depuis l’Oldovayen, toutes les cultures – Acheuléen, Paléolithique moyen, Atérien, Epipaléolithique et
Néolithique – y sont densément présentes.
Malheureusement, la région a été pillée, partiellement détruite par l’expansion minière et très peu étudiée. Pour-
tant, en rassemblant toutes les données disponibles (travaux scientifiques et notes éparses ; collections d’objets
– qui ont en général privilégié l’Hammami – en bordure de l’Azrag ; entretiens avec les acteurs depuis les années
1960 ; informations apportées par Google Earth ; comparaisons avec les régions voisines...), il a été possible de
présenter une synthèse qui se veut un point de départ pour des recherches d’envergure qui n’ont que trop tardé.

L’ENVIRONNEMENT DE L’AFRIQUE DANS L’ANTIQUITÉ, CLIMAT ET SOCIETÉ,


UN ÉTAT DE LA QUESTION par Philippe Leveau
La mise au point de la datation radiométrique par le 14C, puis l’abaissement de son coût ont rapproché les
échelles de temps de l’histoire des environnements naturels et celles des sociétés humaines. La patrimonialisa-
tion par l’UNESCO des paysages culturels en ont fait un objet d’étude interdisciplinaire pour les sciences de la
nature et de la société. Elle conduit à jeter sur eux un regard qui s’affranchit de la notion de dégradation associée
par les naturalistes à celle d’anthropisation. L’objectif de cet article est de montrer ce que cette approche apporte
à la question de la place des sociétés historiques nord-africaines d’époque romaine dans une évolution des envi-
ronnements. Celles-ci ont été perçues comme un facteur de leur dégradation plus important que le climat. Mais
durant les deux dernières décennies, la géoarchéologie et les géosciences de l’environnement (outils de datation,
analyses des composantes des sédiments) ont établi la succession de deux phases : une phase plus humide du
IIe s. av. J.-C au IIIe s. ap. J.-C. ; à partir du IVe s., une phase plus sèche entraînant une aridification. Poursui-
vant une réflexion sur une sécheresse identifiée pour les années 125-128, l’auteur propose un état de la question
des relations entre climat et sociétés de l’Afrique romaine. Il se fonde sur les données fournies par les sources
écrites et archéologiques et les confronte aux travaux d'environnementalistes (paléoécologues, géomorpholo-
gues, climatologues). Il s’interroge sur la relation entre des évènements climatiques (sécheresses, inondations)
et la gestion de la ressource hydraulique en milieu urbain (aqueduc) et rural (irrigation, techniques de culture,
construction de terrasses).

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ABSTRACTS

TOWARDS A HOLISTIC PARADIGM OF PALEO-ANTHROPOLOGICAL ANATOMY :


BETWEEN POSTURAL ADAPTATION AND A GLOBAL ARCHITECTURE OF THE BODY
IN HOMINIDS by Djilali Hadjouis.
In the 1990s, the author has set up an experimental methodology of human anatomy based on an anatomical
bone displaying different parts that make up the « cerebral-caudal » skeleton. The proof of the premise is based
on the bio-dynamics of the skull and facial complex and its relationship with the occlusion on the one hand
and the spine, the pelvis and the other members on the other hand.
Given a movement of non-linear dynamics in the ontogenesis, growth trajectories bring into light unbalances
whose ascendant associations can only be detected if the muscle and skeleton systems of the whole human body
are taken into account. Thus, the architectural whole posture is better perceived and interpretations from a
diagnosis, adaptation or locomotion are much more cautious.
Keywords – Architecture, biodynamic skull and facial, posture, occlusion, variability.

A DAMAGED ARCHEOLOGICAL REGION: PREHISTORY IN THE ZOUERATE REGION


(MAURETANIA) by Robert Vernet, Raymond Le Floch, Jean-Francois Pasty and Yves Gauthier
Enhanced by a rare geographical structure, the prehistory of the Zouerate region is of an exceptional wealth.
Mountainous reliefs rich in lithical raw materials, a huge lacustrous depression, dunes stretches and extensive
planes have made of that region a crossroads of influences during prehistory times : Since the Oldovayen, all the
cultures – Acheulean, Middle Paleolithic, Aterian, Epipaleolithic and Neolithic – are densely present. Unfor-
tunately, the region which has been stripped off and partially destroyed by the mining expansion, is hardly
researched. Nevertheless, by gathering all the available data such as the scientific work and disparate notes ; the
collection of objects – which generally have privileged the Hammami – on the Azrag border ; exchanges with
those concerned since the 1960s ; information brought in by Google Earth ; comparisons with the neighbou-
ring regions etc...), it has been possible to present a synthesis which aims to be a starting point for more robust
research which is long due.
Keywords – Paleoenvironments, Paleolithic, Neolithic, rock art, monuments, Chalcolithic, Zouerate, Azrag,
Tiris, Zemmour.

THE AFRICAN ENVIRONMENT IN THE ANTIQUITY, CLIMATE AND SOCIETY :


A STATE OF THE QUESTION by Philippe Leveau.
The development of radiometric dating by 14C, and the lowering of its costs, have helped integrate the time
scales of the history of natural environments and those of human societies. The « heritagization » of cultural
landscapes by UNESCO have rendered landscapes a subject of interdisciplinary study ; combining the sciences
of nature and society. It leads them to develop a perspective that overcomes the notion of degradation articu-
lated by naturalists to that of human impact. The purpose of this article is to show that this approach contri-
butes to the question of the role North African societies from the Roman era in changing their environments.
These people were seen as being more important than climate in driving environmental degradation. However,
during the past two decades, geoarchaeology and Environmental Geosciences (dating tools, sedimentary analy-
sis) established the succession of two phases : a more humid stage – 2nd century BC to 3rd century AD ; a dryer
stage aridification beginning in the 4th century. Developing a consideration of the drought that has been identi-
fied for 125-128 years, the author offers a review of the state of the questions regarding the relationship between
climate and societies in Roman Africa. It is based on data provided by texts as well as archaeological sources and
contrasts them with environmental research (palaeoecology, geomorphology, climatology). The author considers
the relationship between weather events (droughts, floods) and the management of urban water resources (aque-
ducts) and rural (irrigation, cultivation techniques, construction of terraces).
Keywords – cultural landscapes, natural environments, Roman Africa, climate, hydraulic elements.

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Appel à contribution
Ikosim est intéressé par la recherche dans tous les domaines en rapport avec le patrimoine
archéologique en Afrique du Nord :
• Préhistoire
• Archéologie antique
• Archéologie médiévale
• Architecture et urbanisme historiques, réhabilitation, mise en valeur
• Restauration des monuments, du vieux bâti, du mobilier archéologique
• Muséologie, conservation
• Anthropologie physique et culturelle
• Paléontologie, palynologie, sédimentologie, géomorphologie, paléo-environnement
• Géophysique en matière de prospection et de datation
• Archéométrie
• Législation, éducation

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L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité. Climat et
société, un état de la question
Philippe Leveau*

Mots clés - paysages culturels, environnements naturels, Afrique romaine, climat, aménagements
hydrauliques.

Durant les décennies qui viennent de s’écouler, l’archéologie a connu de profonds renouvelle-
ments dont l’une des caractéristiques majeures a été l’ouverture à de nouveaux partenaires. C’est ainsi
qu’au prix d’une apparente rupture du rapport qu’elle entretenait avec ses objets d’étude traditionnels,
l’archéologie de la période romaine a élargi le champ de ses intérêts au paysage et aux « systèmes écolo-
giques qui permettent de saisir les phénomènes culturels à travers les phénomènes naturels » (Ginouvès
1985). Cette évolution s’est accompagnée d’une ouverture à des partenaires autres que la philologie
et l’histoire des sociétés. Pour décrire les conditions naturelles qui ont servi de cadre à l’histoire des
sociétés, les historiens de la période romaine sont donc conduits à s’appuyer sur les données scientifiques
qui portent sur deux types d’environnements naturels qui, envisagés à l’échelle du temps des sociétés
historiques, étaient réputés stables : le relief et le climat – l’environnement abiotique – qu’étudient leurs
collègues géologues et géographes physiciens, la végétation, – l’environnement biotique objet de l’étude
des phytogéographes, des écologues et paléoécologues (Leveau 2005).
Avant les années 1950, de telles collaborations étaient rendues difficiles non seulement parce que
leurs objets différaient, mais aussi parce que les échelles de temps auxquelles ils travaillaient réduisaient
l’intérêt d’une confrontation des données. Ainsi, pour reconstituer les conditions environnementales de
l’Antiquité, on ne disposait que des indications tirées des auteurs anciens et de données archéologiques
relatives à l’occupation du sol. Sur ces seules bases, il était difficile de faire la part entre des irrégularités
interannuelles considérées comme normales et relevant de la météorologie et celles qui correspondaient
à des variations du climat. S’agissant de l’Afrique, Stéphane Gsell avait tenté de le faire dans le troisième
des chapitres généraux par lesquels s’ouvrait sa monumentale Histoire Ancienne de l’Afrique du Nord. Les
gravures rupestres et les données archéologiques disponibles mettaient bien en évidence l’assèchement du
Sahara depuis six mille ans. Mais au terme d’une recension précise des données fournies par les auteurs
anciens et en s’appuyant sur l’inventaire des travaux hydrauliques anciens (Gsell 1903), il se contentait de
constater que, durant la période allant du Ve s. av. J-C. au VIIe s. ap., le climat de l’Afrique du Nord n’était
pas fondamentalement différent de l’actuel. Il était cependant sensiblement plus humide en particulier dans
les montagnes qui bordent le désert (Gsell 1913). Exprimée ainsi sous une forme très générale, cette opinion
a été retenue par les historiens et les géographes. Elle reste valable à l’échelle de temps qu’ils envisageaient.

* Professeur d’Archéologie émérite. Centre Camille Jullian.

57
Ikosim

La situation a profondément changé dans la seconde moitié du XXe s. quand la mise au point de la
datation radiométrique par le 14C, puis l’abaissement de son coût ont rapproché les échelles de temps
de l’histoire des environnements naturels et celles des sociétés humaines. La collaboration des historiens
avec les paléologues et les géomorphologues était susceptible d’apporter une réponse à une question
qu’il y a un siècle S. Gsell posait en ces termes : « Il s’agit de savoir si [la] prospérité [de l’Afrique romaine]
a eu pour cause principale un climat plus favorable à la culture que le climat d’aujourd’ hui ou si elle a été
surtout l’œuvre de l’ intelligence et de l’ énergie des hommes ; si nous devons nous borner à regretter un passé
qui ne revivra plus ou lui demander au contraire des leçons utiles au temps présent » (Gsell 1913, p. 40).
Reformulé au XXIe s. dans un contexte historique profondément modifié par le processus de la coloni-
sation, le constat de l’interaction des sociétés avec l’environnement conduit les géographes à s’interroger
sur la responsabilité de l’Empire romain dans une vaste dégradation des environnements nord-africains.
L’objectif de cet article est de faire un état de la question en tentant de nous abstraire de sa dimension
idéologique pour porter notre attention sur les différents paramètres météorologiques qui, à l’échelle
d’une génération, définissent un climat : les températures, les pluies et les vents.

Le milieu physique (Despois 1964)

Dans une étude des relations milieux/société, l’exemplarité de la partie de l’Afrique qui s’étend
au nord du continent (Fig. 1), entre le détroit de Gibraltar et le nord-est de la Tunisie, l’Anti-Atlas
et le fond du golfe de Gabès, est liée à une situation géographique et historique que caractérise le
terme « transition ». Il s’impose pour caractériser les trois facteurs qui entrent dans la définition de ses
environnements : le climat, le relief et les sociétés qui occupent un espace et agissent sur lui. Elle est
africaine par la plaque continentale à l’avant de laquelle elle se situe. Mais son architecture plissée en
rapproche le relief de celui de l’Europe du Sud. Cette même caractéristique s’applique à son climat. Les
précipitations y sont apportées par les dépressions qui circulent d’ouest en est entre les hautes pressions
du nord de l’Europe et l’anticyclone saharien. L’été, en année normale, les hautes pressions sahariennes
remontent vers le nord dans la zone méditerranéenne et apportent la chaleur et la sécheresse tandis
que durant l’hiver le front saharien descend au sud et laisse les dépressions océaniques arroser le nord
du continent. La même notion de transition rend compte de la distinction géographique entre deux

Fig. 1 - Répartition des précipitations en Algérie (d’après M. Cote 1996, p. 37 fig. 15). La zone en noir
cumule des totaux annuels supérieurs à 600 m. La zone en gris foncé reçoit encore plus de 500 mm.
Les quantités décroissent vers le sud. Celles qui reçoivent moins de 300 mm sont figurées en pointillés
plus espacés. Le Sahara reçoit moins de 200 mm. L’Oranie sulittorale accuse un déficit notable.

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Ph. Leveau - L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité

ensembles en fonction des possibilités offertes à


une vie. Le second rassemble des hautes plaines
steppiques intérieures au climat continental
aride et froid en hiver sauf aux deux extrémi-
tés marocaine et tunisienne qui jouxtent au sud
et à l’est le Sahara. Enfin depuis six mille ans,
ces régions sont profondément marquées par un
troisième facteur sociétal. L’instabilité pluviomé-
trique qui caractérise ces régions, la sensibilité
de ces montagnes à l’érosion fluviale et celle de
ces plaines à l’érosion éolienne aggravent l’inci-
dence des activités agricoles et pastorales sur des Fig. 2 - Les zones climatiques semi arides (gris clair),
couvertures pédologiques fragiles et discontinues arides (gris foncé) et hyperarides (noir) de la Médi-
terranée eurasienne (d’après Vigneau 2000 : 182).
(Fig. 2).
Son régime thermique et sa pluviométrie actuelle rangent la frange littorale du Tell dans la zone
climatique méditerranéenne définie par la succession d’une période estivale sèche et chaude 25° en
moyenne et une période hivernale relativement douce et humide à 10°. Ses variétés s’échelonnent entre
de hautes latitudes où la sécheresse dure 7 à 9 mois et de plus basses où elle se réduit à 4 mois. Fait
exception le Tell oranais où le cumul annuel des précipitations est inférieur d’un tiers à celui d’Alger,
Annaba ou Tunis : 375 mm au lieu de 600 mm. Dans ce cas, le climat est méditerranéen semi-
aride (Louanchi 2011). Ces climats ont en commun une forte variabilité météorologique interannuelle
qu’expliquent les oscillations du front saharien. Ainsi la station de Tunis Manouba a enregistré sur un
minimum annuel de 221 mm et celles d’Annaba, d’Alger et d’Oran respectivement 276 mm en 1961,

Fig. 3 - Variabilité des totaux pluviométriques annuels à Tunis entre 1876 et 2001
(Hénia et Benzarti 2008 : 18).

59
Ikosim

318 mm en 1989 et 172 mm en 1983. Mais, des pluies torrentielles de 200 mm peuvent s'abattre en
quelques heures. Un maximum de 808 mm a été atteint à Tunis et des maxima de 1 100 mm à Alger
en 1973 et à Annaba en 1984. Minima et maxima traduisent dans un cas une appartenance de la
région à la zone climatique méditerranéenne et dans l’autre son intégration à la zone aride saharienne
(Henia 1996 ; 2008) (Fig. 3).
Mais les hautes pressions centrées sur le continent africain ne forment pas toujours des ensembles
stables. Elles peuvent se fractionner dans le sens méridien. Ainsi, dans certaines configurations baromé-
triques, les effets conjugués de la barrière de la chaîne atlasique marocaine et d'un anticyclone centré sur
la péninsule ibérique et le Maroc écartent les dépressions venues de l’ouest. La conjonction de ces fac-
teurs explique la non-conformité des climats des régions de la Méditerranée historique, entre le Maroc
et la Libye par rapport au modèle climatique défini comme « méditerranéen » par les biogéographes.
Pour ces raisons, les climatologues rattachent l’ensemble de ces régions à la zone supra tropicale nord.
À l’intérieur, dans les montagnes et sur les hautes plaines méridionales, le climat est continental.
La sécheresse de l’air augmente le contraste entre les températures diurnes et nocturnes. L’altitude y
abaisse les températures hivernales à des moyennes qui se situent entre 0 et 5° C. Il y gèle plus de 50
jours par an. Les températures de l’été s’élèvent à des moyennes comprises entre 30° et 40° C. Des vents
secs et chargés de poussières qui soufflent depuis le Sahara jusqu’au littoral, le chergui au Maroc et le
sirocco en Algérie, font monter la température jusqu’à 50° et accentuent la sécheresse. En fonction de
l’humidité, on distingue deux variantes, l’une semi-aride sur les Hautes Plaines du Constantinois et
les chaînes atlasiques orientales, l’autre aride dans les Hautes Plaines algéro-marocaines. Seul le Djebel
Amour reçoit plus de 400 mm de pluie par an et bénéficie d’une couverture neigeuse persistante. Au
sud et en Tripolitaine règne un climat désertique commandé par un système anticyclonique stable sub-
tropical. Il est caractérisé par une quasi-absence de pluies : moins de 100 mm/an.
Les phytogéographes distinguent quatre domaines végétaux correspondant aux dominantes du
climat. Les deux dont l’extension est la plus importante sont le domaine méditerranéen et le domaine
steppique. Le premier couvre une grande partie du Maroc atlantique, l’ensemble des pays de l’Atlas
tellien en Algérie, la majeure partie des Hautes plaines constantinoises et de la Tunisie au nord de la
Dorsale. À l’état naturel, il est dominé par une végétation forestière et broussailleuse caractérisée par
des formations arbustives méditerranéennes (olivier, pin, pistachier et chêne vert). Dans le second, les
herbacées dominent. De vastes espaces sont couverts d’alfa et d’armoise et parsemés de buissons de
jujubiers formant des îlots forestiers. Ils s’étendent sur le sud-ouest du Maroc, la plus grande partie des
Hautes Plaines algéro-marocaines, la Tunisie au sud de la Dorsale (Le Houerou 1969). Les deux autres
domaines occupent des espaces plus restreints. Le plus important est une steppe prédésertique que
caractérise une végétation maigre et dispersée où l’alfa fait défaut. Elle occupe le Hodna, les plaines du
golfe de Gabès et la Djeffara. Un quatrième domaine alpin est limité à des îlots montagneux au Maroc.
Le poids exercé par le climat sur les conditions de la production agricole a conduit les géographes
à proposer de reconnaître deux limites géographiques qui constitueraient des invariants. Le tracé de
la première suit l’isohyète des 400 mm de précipitations annuelles qui sépare les régions où il est pos-
sible de pratiquer une agriculture sans irrigation et celles où elle est impossible. En deçà d'une tranche
annuelle minimale de 400 mm, les considérations économiques de rentabilité qui s'imposaient à la
colonisation européenne nécessitaient le recours à des techniques culturales spécifiques au milieu aride,
dont le dry-farming pratiqué dans le Sud-Ouest des États-Unis. Cette limite a été traitée par les géo-
graphes comme une « frontière climatique » séparant des agriculteurs sédentaires et des éleveurs dont les

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Ph. Leveau - L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité

déplacements sont déterminés par la disponibilité de la ressource pastorale. Des auteurs modernes l’ont
utilisée pour rendre compte de la géographie de l’Afrique romaine. Elle aurait été matérialisée par une
ligne militaire, le limes, limite méridionale de la province d’Afrique. Les historiens qui en ont retenu le
principe la définissent comme un espace de transition, l’interface Tell/Sahara, plutôt que comme une
ligne (Trousset, 1986). Le tracé de la seconde limite correspond soit au méridien d’Alger soit à la diago-
nale Alger-Biskra, qui aurait séparé des populations arabophones et berbérophones. Les unes auraient
occupé un Atlas tellien occidental plus morcelé, plus sec et plus chaud et les autres un Atlas tellien
oriental, plus massif, plus étendu et plus humide. Mais G. Camps a montré que la limite nord-sud qui
partageait effectivement des constructions politiques maghrébines a une origine historique remontant à
la protohistoire et qu’aucune contrainte naturelle ne justifie une telle coupure (Camps 1999).
Dans les deux cas, les considérations qui inspiraient ces partages avaient pour objectif d’inscrire
dans la longue durée des limites observées à l’époque coloniale française, dans un cas l’extension méri-
dionale de la colonisation, dans l’autre le partage de l’Algérie entre les trois départements d’Oran, Alger
et Constantine. La colonisation française ayant pour prétention de rendre à l’Afrique la prospérité qui
avait été la sienne dans l’Antiquité, elle s’imposait aux historiens comme un modèle interprétatif per-
mettant de restituer les dynamiques territoriales romaines. Mais il est impossible de faire ainsi coïncider
trois espaces dont les limites incertaines ont fluctué dans des temporalités qui ne se recouvrent pas :
un espace politique défini par le pouvoir militaire de Rome, un espace naturel défini par une limite
d’aridité, un espace économique défini par des pratiques culturales répondant à la double contrainte du
marché et du climat. Cette démarche ne vaut guère mieux en définitive que celle qui faisait coïncider
l’oléiculture et les mouvements de l’armée romaine.

Le climat dans l'antiquité

Dans la seconde moitié du XXe s., la mise au point de la datation radiométrique par le 14C,
puis l’abaissement de son coût ont permis aux paléoécologues de restituer l’évolution des environ-
nements végétaux.
De leur côté, les géomorphologues restituent dans les stratigraphies les rythmes de la sédimen-
tation constitutive des dépôts sur les piémonts et dans les vallées fluviales. Claudio Vita Finzi qui fut
le fondateur de la géoarchéologie moderne avait pratiqué des observations le conduisant à distinguer
deux phases principales de remblaiement, une phase ancienne (Older Fills) à la fin du Pléistocène et à
l’Holocène ancien, une phase récente (Younger Fills) (Vita-Finzi 1969, 1995). Dans le Nord-Est, la chê-
naie caducifoliée se maintient jusque vers 2 500 BP, mais on assiste à un retrait des espèces ligneuses
et au remplacement les forêts de chênes caducifoliés par des chênaies sclérophylles à chêne vert et
chêne-liège. Au sud, la steppisation se traduit par une extension d’Artemisia (l’armoise) qui en est le
marqueur (Ballouche 2002 et 2003). Cette évolution générale du climat n’exclut pas des oscillations.
Ainsi, la période antique parait avoir bénéficié d’une oscillation humide du climat (Shaw 1981). Les
paléoclimatologues en ont vu une confirmation dans les sources écrites et les données archéologiques.
En effet, ils font figurer aux côtés d’autres « proxies data » dans les reconstructions des climats du passé
la présence de ponts construits sur des rivières actuellement asséchées, de villes romaines dans des
régions aujourd’hui sinon désertiques ou du moins steppiques, ou encore des textes et des représenta-
tions témoignant de l’existence d’espèces animales maintenant disparues (Réale et Dirmeyer 2000 ;
Reale et Shukla 2000).

61
Ikosim

À partir de 4 500 BP, la limite de la zone intertropicale remonte en latitude en entraînant une


remontée proportionnelle de la zone climatique méditerranéenne dont l’effet se traduit par la modifica-
tion des zones bioclimatiques. Ainsi s’amorce une phase de développement de l’aridité qui conduit à la
zonation actuelle. Le déplacement prolongé des isohyètes a pour conséquence une répétition de périodes
de sécheresse, donc une extension de la steppe.
Mais des facteurs autres que l’intensité solaire sont à l’origine d’oscillations du climat. Son évolu-
tion n’est pas régulière et dans une tendance générale vers l’aridification, on reconnaît des périodes de
plus forte humidité dont l’alternance avec les phases d’aridification est appréhendée par la formation
des sols (pédogenèse). C’est ainsi que durant la période numide et romaine centrée sur les deux premiers
siècles avant et après J.-C., l’Afrique du Nord paraît avoir bénéficié d’un climat plus humide. Elle a été
observée en Tripolitaine dans le bassin alluvial de Grerat D’nar Salem où des carottes sédimentaires
prélevées en contrebas d’un établissement agricole romano-libyen ont fourni une séquence sédimentaire
et palynologique témoignant d’une phase légèrement plus humide que l’actuelle (Gilbertson et Hunt
1996, p. 67-79 et 271). Sur la vallée moyenne de la Medjerda, une équipe des Universités de Dresde
et de Séville a identifié aux alentours de 4 700, 3 000, 1 600 et 400 BP quatre phases d’aridification
(Faust et al. 2004). La première correspond à la fin du Néolithique. La seconde précède la période
numide. Avec la troisième, s’amorce au Ve s. une pulsation saharienne qui semble avoir fixé le cadre
climatique pour un millénaire, sans exclure des variations de faible ampleur.
Ces observations sur la période antique sont recoupées par celles des géomorphologues. Ainsi, dans
la plaine de Sfax en Tunisie, où la collaboration entre archéologues et géomorphologues a été particuliè-
rement efficace, la morphogenèse d’un bassin versant, celui de l’oued Chaal-Charfaoui, suggère que les
« pluies automnales [étaient] vraisemblablement plus intenses que celles d'aujourd'hui » (Ballais et al.
2003 ; Ferhi et al. 2007). Ailleurs, des enquêtes systématiques ont permis d’identifier plusieurs phases
d’érosion qui correspondraient à un régime des pluies concentrées et plus torrentielles que l’actuel. Elles
sont à l’origine d’accumulations sédimentaires inversant la tendance qui avait prévalu entre le dixième
et le quatrième millénaire avant notre ère quand la remontée postglaciaire du niveau marin liée au
réchauffement climatique avait entraîné l’invasion des vallées creusées par les fleuves et un recul général
de la ligne du rivage. Favorisé par le ralentissement de la remontée du niveau marin, l’apport dans les
embouchures des sédiments arrachés aux bassins des oueds et leur transport avaient entraîné le colma-
tage des embouchures et une avancée générale du trait de côte. Ainsi Utique, fondation phénicienne
à l’embouchure de l’oued Medjerda, se trouve maintenant à plus de 10 km à l’intérieur des terres. Ce
processus s’est poursuivi jusqu’à une date indéterminée avant un renversement de tendance entraînant
un recul presque général du rivage (Slim et al. 2004). Des observations analogues réalisées dans les
Aurès montrent que, la période qui va d’environ 250 av. J.-C. à environ 250 ap. J.-C. est caractérisée par
une stabilisation de l’environnement : l’accumulation alluviale s’arrête et l’entaille est modérée. Pendant
la période qui suit et jusque vers 600, l’accumulation est maximum, trois fois supérieures à l’Holocène
inférieur et moyen (Ballais 2009).
Toutefois, il convient de relever les nombreuses incertitudes qui subsistent. Elles résultent pour
partie de la manière dont la question est abordée en paléoclimatologie. Les palaéoclimatologues privi-
légient la réalisation de longues séquences permettant d’alimenter les banques de données nécessaires
à l’établissement de modèles climatiques, ce qui a pour effet de gommer les oscillations du climat à
l’échelle des derniers millénaires. Mais ses limites sont également liées aux difficultés d’une application
aux milieux nord-africains de méthodes qui ont été élaborées dans les pays de l’Europe du Nord riches

62
Ph. Leveau - L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité

en tourbières favorables à la conservation de pollens : ceux-ci sont détruits par l’alternance annuelle
de l’inondation et la sécheresse qui caractérise le climat de la Méditerranée. De ce fait, les principales
restitutions ont porté sur les zones montagneuses humides de l’Ouest marocain et de l’Est tunisien
de sorte que, dans l’état actuel de la recherche, l’histoire végétale des zones steppiques de l’intérieur
est mal connue. La seule étude détaillée qui l’aborde a été conduite dans les années 1980 sur des sédi-
ments marins Holocène de 5 000 BP à l’actuel, dans le golfe de Gabès un secteur soumis à un climat
semi-aride (Brun 1992). Des analyses à haute résolution de carottes marines réalisées en Méditerranée
centrale dans le détroit de Sicile assurent la continuité avec celles des carottes lacustres réalisées dans
un transect allant des Alpes au lac de Praola dans la partie sud de la Sicile (Magny et al. 2013). Elles
attirent l’attention sur un changement intervenu dans la répartition annuelle des précipitations à la
suite des variations d’intensité du rayonnement solaire établies par les astrophysiciens. La pluviosité
dont le maximum se situait durant l’été et l’hiver avant 4 500 BP aurait décliné dans la période suivant
durant ces deux saisons. Or l’effet de la sécheresse n’est pas le même selon la période durant laquelle elle
survient. Intervenant pendant la saison végétative, l’absence de précipitation au printemps a des consé-
quences agricoles directes alors qu’en automne et en hiver ses effets portent sur le remplissage des nappes
souterraines, sur l’hydrologie. L’aridification résulte d’épisodes de sécheresses dont la multiplication a
des effets durables sur les sols. La distinction entre sécheresse et aridification est fondamentale pour
des régions qui s’allongent entre le 36e degré de latitude nord, où les hivers de type méditerranéen que
caractérise l’humidité de la saison froide sont la règle et le 34e où ils sont l’exception.
Enfin parmi les incertitudes figure en particulier la question des températures. En 1956, X. de
Planhol et M. Tabuteau avaient tenté de l’éclairer à partir de la géographie de l’olivier dont la tolérance
est de -8 pour la moyenne des minima extrêmes. Une comparaison entre la carte actuelle de répartition
de l’arbre et l’expansion antique documentée par les vestiges archéologiques permettait d’exclure une
péjoration thermique d’une importance comparable à celle observée en Asie Mineure. Dans l’Antiquité,
l’Anatolie d’où l’olivier est exclu aurait bénéficié d’un climat plus doux, ce qu’expliquerait un affaiblis-
sement de la continentalité lié à celui de l’anticyclone eurosibérien (Planhol et Tabuteau 1956). Cette
observation a été vérifiée dans une enquête conduite dans les Nemencha : présent dans l’Antiquité
jusqu’à 1 300 m sur les terrains les mieux pourvus en eaux de ruissellement, l’olivier ne dépasse pas
1 200 m. Cette faible différence laisse penser que la diminution ou une répartition différente des préci-
pitations serait le facteur climatique principal (Chabin 1988 ; Chabin et Laporte, à paraître).

La variabilité climatique

La distinction entre la sécheresse qui est un phénomène météorologique temporaire et l’aridité


climatique qu’entraîne la répétition des épisodes de sécheresse est au coeur de la problématique de l’évo-
lution environnementale de l’Afrique du Nord dans l’Antiquité. Elle conditionne l’évaluation que l’on
fera de sécheresses durables et d’inondations catastrophiques dont S. Gsell avait relevé les témoignages
dans les sources écrites.
Les mentions de sécheresses sont les moins nombreuses et elles ne sont pas toujours exploitables
en terme climatique. Ainsi lorsque saint Cyprien (Ad Demetrianum, 2) écrit que de son temps « il ne
tombe plus autant de pluies en hiver pour nourrir les semences... », son propos s’inscrit dans le discours
eschatologique d’un chrétien pour qui les malheurs de l’époque sont autant d’indices annonciateurs de
la fin des temps attendue et espérée. Mais, lorsque dans son traité contre les païens, Arnobe de Sicca

63
Ikosim

Veneria explique que dans l’année où il écrit, 297 ou 298, la sécheresse sévit chez les Gétules et en
Maurétanie Tingitane, alors que les Maures de Césarienne et les Numides faisaient de belles moissons
(Adversus gentes ou Adversus nationes, I, 16), nous comprenons qu’un anticyclone avait dû se positionner
sur l’ouest de la Méditerranée. Les quelques autres témoignages rapportent des sécheresses qui n’excé-
dèrent probablement pas une ou deux années. Cela fait l’intérêt de celle qui survint au début du IIe s. et
dura cinq ans. Le biographe d’Hadrien rapporte en effet que quand, en 128, cet Empereur « se rendit
en Afrique, la pluie tomba à son arrivée après cinq années de sécheresse, ce qui lui valut l’affection des
Africains »1. Cette affirmation a suscité la perplexité des commentateurs qui ont expliqué ce passage par
la propagande impériale désireuse de montrer que les dieux bénissaient la venue de l’Empereur. La réa-
lité et l’extension régionale de l’épisode sont vérifiées par deux autels dédiés en 128, l’un à Jupiter (CIL,
VIII, 2609 = ILS, 3061), l’autre « aux Vents qui apportent la pluie bienfaisante » (CIL, VIII 2610 = ILS,
3935) par le commandant de la Légion stationnée à Lambèse au pied des Aurès (Leveau 2012 et 2013).
Par ailleurs, des archéologues italiens ont cru reconnaître à La Malga dans une stratigraphie, sinon cet
épisode, du moins une séquence dans laquelle il s’insérerait. Pour une période qui couvre le IIe s. et
dure jusqu’à l’époque sévérienne, la présence de cristaux de gypse analogues à ceux des sols de milieux
désertiques suggère que l’aqueduc qui jouxte la citerne a été construit pendant une phase climatique
aride (Di Stefano 2009). En lui-même, cet épisode n’est pas le signe d’une évolution climatique. Il s’ex-
plique par l’appartenance de ces régions à une zone de contact climatique dans laquelle les processus
sahariens imposent la sécheresse. Les hautes pressions sahariennes remontées durant l’été dans la zone
méditerranéenne ne sont pas redescendues durant l’hiver et cette situation barométrique a empêché les
dépressions d’arroser le nord de la Tunisie. Ce phénomène n’a rien d’exceptionnel.
Les attestations d’inondations et de destructions par les eaux sont plus fréquentes. Mais ce sont des
accidents météorologiques dont la portée n’égale pas celle des inondations qui affectent la ville de Rome
au début de l’ère et témoignent d’une oscillation climatique affectant l’Italie centrale. Il y a peu à tirer
de la mention de pluies diluviennes qui sont une caractéristique de la météorologie méditerranéenne.
Sans doute constate-t-on la multiplication au IIIe s. des documents épigraphiques – milliaires en par-
ticulier – mentionnant la réfection de routes et de ponts endommagés ou détruits par des inondations
(Salama 1951). Mais cette augmentation s’explique par l’attention portée à l’entretien du réseau routier.
Ainsi, ajoutant un nouveau document à la liste que P. Salama avait dressée, des archéologues allemands
ont publié une inscription fragmentaire trouvée dans les fouilles du fort de Gheriat el-Garbia sur le limes
tripolitanus : ab impetu aqu[arum- - -]\multa loca ed[ucta (?) - - -]. L’impetus aquae est un courant violent
dont les auteurs pensent qu’il désigne une crue des oueds provoquée par une pluie diluvienne tombée
« en de nombreux endroits » (Haensch et Mackensen, 2011). Mais il n’a pas plus de signification clima-
tique que les tourbillons qui emportaient les troupeaux au passage d’un ravin avant l’aménagement que
commémorait une inscription rupestre de Kabylie (Gsell 1999).

Climat et sociétés : Le débat sur les causalités climatique


et anthropique

À partir du Néolithique, les activités agropastorales prennent une importance qui n’a fait que
croître. Dans la seconde moitié du Ier millénaire, la forêt recule du fait de l’urbanisation dont les besoins
1  SHA. Hadr., XXII, 14 : Quando in Africam venit, ad adventum eius post quinquennium pluit, atque ideo ab Africanis
dilectus est.

64
Ph. Leveau - L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité

s’ajoutant à ceux de l’extension des cultures augmentent le prélèvement de bois de feu et de bois d’œuvre
pour les chantiers urbains et la construction navale. Un milieu initialement non désertique et forestier
est colonisé par des espèces adaptées à l’aridité. Ainsi s’amorce le processus de dégradation des terres en
zone aride, semi-aride ou sub-humide. Au forçage climatique perçu comme exogène s’ajoutaient les acti-
vités des sociétés historiques définies comme un forçage anthropique endogène. Dans l’historiographie
de l’Afrique antique, il a été fait l’objet d’une appréciation doublement négative d’abord comme facteur
de dégradation du milieu naturel fragile et en second lieu à cause de la relation de cause à effet avec
trois événements historiques : la conquête romaine, les invasions du XIe s. et la colonisation européenne.
Des géomorphologues ont considéré que, plutôt que le climat, le surpeuplement des montagnes
aurait été le facteur déterminant d’une crise érosive responsable des accumulations sédimentaires sur
les piémonts. Chassés par la colonisation des terres de plaines où il était possible de mettre en œuvre les
techniques américaines du dry-farming, les paysans indigènes se virent contraints de mettre en culture
les versants des collines et des montagnes autrefois réservés à la pâture. Ainsi une crise économique et
sociale était à l’origine d’une crise du milieu naturel favorisant les divers formes d’érosion, ravinements,
glissements de terrain, érosion en nappe (Benchetrit 1955, 1972 ; Dresch 1986, 93-94 ; Bravard 2006).
Faisant un constat analogue pour la période antique en Italie du Sud et en Sicile et l’élargissant à l’échelle
de la seconde partie de l’Holocène et de l’espace méditerranéen, R. Neboit présentait la période antique
comme celle du franchissement d’un seuil d’anthropisation. Intervenu trois ou quatre millénaires après
une première anthropisation néolithique, il était en rapport avec un modèle sociétal défini comme
« romain » (Neboit 1984). On prête en effet à la colonisation romaine en Afrique un projet de mise en
culture du territoire dans deux objectifs : une maximisation du profit tiré de l’exploitation domaniale ;
la production massive de blé pour alimenter la capitale de l’Empire. De fait, Rome construit un empire
centralisé qui couvre l’ensemble de l’Occident et met en oeuvre une vraie politique d’aménagement de
l’espace dont la réalité est abondamment illustrée par le réseau routier, les centuriations, les drainages,
la construction de canaux, les aménagements portuaires... Les six siècles de la période romaine auraient
ainsi correspondu à un moment de l’histoire caractérisé par une gestion forte de l’espace. Anticipant
une réalité qui est celle de la colonisation européenne, les Romains auraient accaparé les terres et rejeté
les populations indigènes dans les montagnes.
Dix siècles après, au XIe s., l’Afrique aurait été de nouveau la victime d’une autre invasion, celle des
tribus arabes hillaliennes qui en aurait ruiné l’agriculture en imposant un mode de subsistance fondé
sur le pastoralisme. Cette thèse invoquait un passage d’Ibn Khaldûn, qui, reprenant une comparaison
coranique, écrivait au XIVe s., que des tribus nomades, les Beni Hillal « se précipitèrent sur l'Ifriqya
comme une nuée de sauterelles, abîmant et détruisant tout ce qui se trouvait sur leur passage ». Avant leur
arrivée, selon un géographe égyptien du début XIVe s., « tout le pays depuis Tripoli jusqu' à Tanger n' était
qu'un seul bocage et une succession continuelle de villages »2 (Le Tourneau 1966).
La thèse de la responsabilité des tribus arabes dans la dégradation des environnements avait déjà
été critiquée par des géographes qui en dénonçaient le fondement idéologique. Mais le débat sur les
origines climatique ou anthropique de l’extension de la steppe au détriment de la forêt a été relancé
par l’interprétation des données polliniques issues de carottes sédimentaires prélevées dans le golfe de
Gabès et étudiées par A. Brun. En collaboration avec elle, M. Rouvillois-Brigol, auteure d’une thèse
sur l’oasis d’Ouargla dans le Sahara algérien, posa la question de l’origine de la steppisation de la Tuni-
sie intervenue depuis l’époque punique (Rouvillois-Brigol, 1985). Les analyses polliniques montraient
2  Ibn Khaldoun, Les Prolégomènes, trad. fr. de W.M. de Slane, Paris, 1863, vol. 1, p. 341.

65
Ikosim

que, dès la période romaine, le paysage végétal a vu une extension progressive des steppes d’armoise
qui s’était par la suite accélérée. Elles apportaient la preuve d’une phase d’aridification atteignant son
maximum aux alentours du XIVe s. et précédant une phase plus humide correspondant au Petit Âge
Glaciaire du XVIe s. au XIXe s. (Brun 1992). Il fallait donc inverser le système causal et « supposer que
le nomade aura suivi l’armoise beaucoup plus qu’ il ne l’aura suscité sur son passage ». Cette proposition qui
tranchait en faveur d’une causalité climatique a été confirmée par les études qui ont suivi.

Formes d'anthropisation

Le débat sur la part respective du climat ou des sociétés dans l’évolution des environnements
nord-africains revêt actuellement une forme nouvelle à la convergence de deux courants historiogra-
phiques, l’histoire post-coloniale et l’histoire environnementale. Fortement chargée d’idéologie, cette
thématique stigmatise un discours d’expert qui désigne les populations autochtones comme respon-
sables et victimes de la désertification. Elle en réhabilite les pratiques agro-sylvo-pastorales et désigne
comme responsables des pratiques productionnistes. Dans cette perspective une géographe américaine,
Diana Davis, a montré comment l’administration coloniale française avait justifié une lutte contre les
pratiques indigènes et la spoliation des populations indigènes en s’appuyant sur la science écologique
et forestière de l’époque. Une science coloniale aurait construit le « grand récit » du déclin d’une pros-
périté de la nature que le colonisateur avait l’ambition de restaurer. Elle s’appuyait sur la thèse de la
responsabilité des tribus bédouines : le développement du pastoralisme nomade à la suite des invasions
hillaliennes serait à l’origine de la dégradation d’un milieu dont la mise en valeur à l’époque romaine
avait fait de l’Afrique l’une des provinces les plus riches et des plus urbanisées de l’Empire et son grenier
à blé (Davis 2012).
Cette nouvelle construction historiographique s’appuie sur les critiques qui justifient l’abandon
du concept de climax que la science écologique avait élaboré au XIXe s. pour servir d’outil dans la des-
cription d’une succession écologique. Une végétation climacique était définie comme la forme finale
d’une adaptation à un milieu naturel en dehors de toute intervention humaine. Ce concept permettait
d’utiliser un ensemble végétal pour définir les caractéristiques thermiques et hydriques d’un climat.
Les différents agrosystèmes étaient traités comme autant de facteurs de dégradation d’une végétation
climacique. Ce modèle interprétatif a perdu son utilité avec le développement de la palynologie à haute
résolution qui permet d’écrire une histoire environnementale sans séparer les facteurs climatiques et
anthropiques. Les écologues distinguent bien la sécheresse qui est un accident météorologique et l’ari-
dité qui est un effet du climat. Ils insistent désormais sur la robustesse et la résilience d’une végétation
dont le feuillage sclérophylle et le système racinaire sont adaptés à l’aridité climatique. La santé d’un
écosystème n’est pas traduite par son seul état visible : le désert fleurit après la pluie. Les feux, naturels
ou pastoraux, sont des acteurs de la germination de sorte que la repousse est vigoureuse après l’incendie.
Les effets négatifs du surpâturage ne sont pas niés. Mais le pastoralisme stimule la croissance de plantes
qui en sont les marqueurs. Vieille pratique paysanne, le pâturage en forêt, s’il n’est pas abusif, maintient
l’équilibre forestier.
La dénonciation post-coloniale du discours des historiens de la période coloniale traite comme une
réalité historique ce qui est en réalité une construction historiographique (Leveau 2014). Elle se limite à
inverser les valeurs. Ses utilisateurs oublient que la province romaine d’Afrique, l’Afrique Proconsulaire,
n’est que la partie orientale de l’Afrique du Nord et que, si elle a bien fourni du blé à Rome, c’était non

66
Ph. Leveau - L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité

à son empire, mais à la ville seule. Elle n’en était que le second contributeur après l’Égypte et il s’agissait
de distributions mensuelles de blé aux 200 000 citoyens romains inscrits, d’abord à prix réduit, puis
gratuitement, sans préjuger de l’existence d’un marché libre important le blé d’autres provinces. On
oublie également que l’Afrique est restée exportatrice de céréales. À partir de 1725 environ, l’Algérie fut
le principal exportateur de blé nord-africain vers Marseille. C’est seulement dans le courant du XIXe s.
que l’huile l’emporta sur les grains dans les exportations de la Tunisie.
Dans la réalité, les pratiques culturales développées par les administrations actuelles à la faveur
de la décolonisation ne valorisent pas plus les pratiques indigènes. Dès l’époque où les idées des fores-
tiers s’imposaient dans la gestion des terrains de montagne en Europe, des géographes dénonçaient la
sous-évaluation du rôle du climat et la répression technocratique des pratiques des populations locales.
Les géographes, J. Despois et J. Dresch dénonçaient déjà les abus de langage des auteurs qui ont accusé
les invasions arabes et le nomadisme d’avoir ruiné la plupart des forêts nord-africaines. Dans cette pers-
pective, il faut rompre avec une évaluation des pratiques culturales des sociétés antiques nord-africaines
à la lumière des objectifs des sociétés modernes, des idéologies qui se positionnent par rapport au pro-
ductionisme. Lorsque les géographes introduisent le critère de rentabilité, c’est en fonction des condi-
tions économiques actuelles. L’erreur consiste à calquer la période actuelle sur les périodes anciennes
sans prêter l’attention qu’elles méritent aux conséquences de l’introduction de nouvelles techniques de
culture. La première est intervenue au XIXe s. avec l’introduction de la charrue Brabant : « munie de
l’avant train, du coutre, du soc et du versoir qui manquent à l’araire, elle retourne la terre à une profondeur
deux fois supérieure ». La seconde est liée à une mécanisation marquée par l’utilisation des charrues poly-
socs et de polydisques qui a été adoptée dans les grandes exploitations quelque soit le régime politique,
économique et social (Dresch 1986).

L'adaptation des sociétés à l'évolution des environnements

Dans une perspective critique, il faut insister sur un aspect de la construction des paysages par les
populations paysannes de l’Antiquité. Il ne s’agit pas de ces grandes constructions paysagères qui ont
retenu l’attention des historiens de la romanisation, mais de plus modestes aménagements qui assurent
la mise en culture dans les zones arides et sub-arides. Ces aménagements ont pour caractère commun
avec ceux de la zone méditerranéenne de porter sur l’hydraulique. Ils apportent aux plantes les quantités
d’eau indispensable à leur croissance pour compenser un bilan climatique insuffisant ou déficitaire. On
peut distinguer trois types d’aménagements répondant à des situations différentes.
Le premier est l’ouvrage classique d’irrigation qui conduit l’eau d’une source ou détourne celle
d’un cours d’eau vers des parcelles de culture. Il ne présente bien entendu aucune spécificité africaine ni
même méditerranéenne. Sa meilleure description est celle que Procope de Césarée donne d’un secteur
des Hautes Plaines constantinoises au moment de l’éphémère reconquête de l’Afrique par Byzance au
VIe s. : « La rivière Amigas descend de l'Aurès et, dans la plaine, arrose la terre selon la volonté des hommes.
Les indigènes dirigent le flot à l'endroit et au moment le plus utile. Dans la plaine, on trouve de nombreux
canaux entre lesquels se divisent les eaux qui, en les alimentant tous, disparaissent sous le sol pour réapparaître
plus loin à sa surface et se former à nouveau en rivière. Ces dispositifs intéressent la plus grande partie de la
plaine et donnent aux habitants le moyen en plaçant ou en enlevant des barrages de terre devant les canaux,
de faire des eaux de la rivière l'usage qu'ils veulent » (Procope, Guerre Vandale, IV, 19, 11-14). Le dispositif
décrit est proche de la plaine de Belezma où une célèbre inscription datée du début du IIIe s., la Table de

67
Ikosim

Lamasba, reproduit un règlement d’irrigation for-


malisant la distribution de l’eau d’une source à des
parcelles de culture dans un secteur qui bénéficie
d’une tranche annuelle de 4 à 500 mm de pluies
(Shaw 1984). Des aménagements de ce type ont
été décrits sur les piémonts des massifs orientaux.
Ainsi, restituant l’intense mise en valeur agricole
dont avait bénéficié la région de Kasserine (Sbeitla/
Sufetula) à l’époque romaine, Bruce Hitchner a
décrit les traces d’aménagements de ce type au
sud-est du Djebel Chambi et en rive droite de
l’oued el Darb où l’épandage des eaux de crues est
conjugué à la construction de terrasses de culture
dont la fonction hydraulique est assurée (Hitch-
ner 1995) (Fig. 4). Quant à l’habitat, il bénéficie
des ressources hydrauliques souterraines de deux
nappes principales : l’une implantée dans les sédi-
ments continentaux plio-quaternaires, l’autre pro-
fonde et localisée dans les sables du Miocène. Une
partie des eaux de cette dernière aurait une ori-
gine ancienne (pluviaux holocènes). Mais toutes
deux « s'alimentent à partir de l'infiltration des eaux
de surface et leur écoulement se fait dans les sens de
l'exutoire des eaux de surface aboutissant dans un
système complexe de cuvettes fermées (endoréisme) »
Fig. 4 - Les aménagements agricoles du Tazbent
(Amri 1992). Mais la conservation de ce type
15 km à l'ouest de Tébessa (d’après IGN tirage d’aménagement n’est pas assurée. C’est ce qui est
de juillet 1947). advenu sur le piémont dans l'Est algérien, où l’on
pratique la culture céréalière par épandage de crue.
Ainsi Marc Cote a décrit dans les Némenchas où J.
Birebent avait cartographié les épandages antiques (Birebent 1962) le processus de l’érosion régressive qui
approfondissant le lit des oueds, oblige les agriculteurs à déplacer la prise d’eau (Cote 1968). Un docu-
ment daté du XIe s. qui constitue un véritable code des eaux atteste la persistance de la réglementation de
ces pratiques au Moyen Âge dans l’Ifriqiya méridionale (Ben Ouezdou et Trousset 1999).
Ce qui en revanche constitue une spécificité des milieux arides, ce sont les deux autres types d’amé-
nagement qui assurent l’indépendance de l’agriculteur par rapport au climat en mobilisant dans un cas
la réserve hydrique contenue dans les sols et dans l’autre des nappes profondes. Le premier est connu
dans le sud de la Tunisie sous le nom de jessour (Trousset 1986) et au Maroc, sous celui d’irrigation
faïd (Roose et al. 2010). Les géographes et les agronomes qui ont travaillé sur cette région en ont donné
des descriptions précises. Un « jesser » est un petit barrage de section trapézoïdale élevé au fond d’un
oued afin de piéger des sédiments entraînés par les eaux de ruissellement, de retenir à l’amont un sol
cultivable et d’emmagasiner une nappe d’eau protégée de l’évaporation. À l’aval, l’écoulement des eaux
superficielles est concentré sur la section d’un glacis la plus apte à la culture. Les couches inférieures

68
Ph. Leveau - L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité

des sols qui les emmagasinent sont préservées de l’éva-


poration par capillarité par des labours maintenant en
surface une couche pulvérulente (Fig. 5). Pline qui sou-
ligne l’importance des labours préparatoires explique
que l’on en pratique jusqu’à neuf (Hist. Nat. XVIII, 48
[180]). Columelle précise qu’en Afrique, la terre pulvé-
rulente l’emporte en fertilité sur toutes les autres si l’on
prend la précaution de la rendre friable3. Il rappelle que
Virgile conseillait de pratiquer quatre labours (Géor-
giques, I, 43-49). Ainsi l’apport d’une tranche annuelle
de 200 mm équivaut à 500 mm/an. Il est alors pos-
sible de planter des arbres et de cultiver des céréales.
Cette technique prend en compte les conditions d’une
culture en milieu aride qui sont à la base du dry-farming
moderne du Sud-Ouest des États-Unis mais étaient
mises en oeuvre avec des moyens techniques incom-
parablement moins destructeurs (Bernard 1911). Plus
généralement, elle tire parti des accumulations sédi-
mentaires sableuses des piémonts pauvres en éléments
organiques, mais plus riches en éléments minéraux qui
dérivent des roches dont ils sont issus, alors que les sols
des régions humides sont naturellement lessivés par les
pluies. Aux jessour sont associées des murettes de col-
lecte des eaux qui réduisent la vitesse du ruissellement,
diminuent l’effet de l’érosion et stabilisent des versants
dont les pentes atteignent jusqu’à 25 %.
On doit aux archéologues d’avoir apporté la
Fig. 5 - Le système des jessour (d’après
preuve matérielle de son existence. Il a été décrit sous le Bonvallot 1979 modifié, Ben Ouzedou
nom de Walls and Floodwater Farming par une équipe et Trousset 2009 : fig. 3, 19)
archéologique britannique pluridisciplinaire qui a prospecté dans les années 1979-1989 le plateau libyen
drainé vers le golfe des Syrtes par les oueds Zemzem, Sofeggin et Bei al-Kébir. Ce territoire d’une
superficie de 75 000 km2 qui constitue l’arrière-pays des villes romaines littorales de Sabratha, Tripoli
et Lepcis Magna, est compris entre les isohyètes des 100 mm et des 25 mm annuels (Barker 1996). Plus
à l’ouest, du côté tunisien, P. Trousset et Bruce Hitchner ont décrit la mise en valeur agricole du sud de
la Tunisie par l’épandage des eaux de crues conjugué à la construction de terrasses de culture, l’un dans
la zone prédésertique du limes tripolitanus entre Gafsa et le chott el Jérid, l’autre dans la région de Kasse-
rine (Sbeitla). Mais la généralisation de ces pratiques est maintenant bien démontrée par les travaux d’A.
Mrabet dans le Sud-Est de la Tunisie ou encore ceux de S. Slimani dans le Hodna occidental (Fig. 6).
Le second type d’ouvrage est connu en Afrique saharienne sous le nom de foggaras en Algérie et de
Kheltara au Maroc, deux termes dont l’équivalent est « qanât ». Il est constitué d'un ensemble de puits
verticaux reliés à une galerie de drainage acheminant l'eau vers une oasis. Les eaux captées sont soit
3 Collumelle, Res Rusticae, Praef., 24 : In Africa Numidiaque putres arenae fecunditate vel robustissimum solum vincunt.
Ailleurs, il cite (II, 4) un vers de Virgile : et cui putre solum ; namque hoc imitamur arando (Géorgiques, II, 204).

69
Ikosim

des eaux circulant sous les lits des anciens cours


de rivières descendant de l’Atlas Saharien soit
celles de nappes plus profondes dont certaines
sont héritées de la période pluviale de l’Holocène
ancien quand la mousson pénétrait au Sahara
jusqu’aux environs de 30° de latitude, soit 10°
plus au nord que l’actuelle. C’est le cas au Fez-
zan, une région du désert libyen où une moyenne
pluviométrique annuelle inférieure à 10 mm
interdit toute forme d’agriculture non irriguée
et où plusieurs années peuvent se passer sans la
moindre averse. Sur la base de sources écrites,
on admet que la foggara a été introduite dans
les oasis sahariennes seulement au XIe s. Mais la
technique est universelle, celle de la galerie drai-
nante, connue en français sous le nom de « mine
d’eau ». Elle est pratiquée dans les zones subdé-
sertiques et steppiques du Moyen-Orient et on
Fig. 6 : Système de barrages au confluent d'oueds lui a supposé une origine iranienne. En réalité,
libyens à proximité de sites d'époque romaine une tradition africaine de construction de ces
(d’après Gilbertson et al. 1984 : 58, fig. 7).
ouvrages hydrauliques est bien attestée au Fez-
zan par la civilisation garamante (Wilson 2006).
Cette civilisation qui a connu une expansion
remarquable du Ve s. av. J.-C. à l’époque romaine
a donné naissance à une structure politique qui
mérite d’être qualifiée d’« État ». Selon les géo-
logues qui ont reconnu l’existence d’immenses
réserves dans la nappe albienne allant de l’At-
las du Nord au Sahara central et dans la nappe
nubienne, les sources coulent en régime de taris-
sement (Fig. 7). Son utilisation est favorisée par
l’importance des facies gréseux dans la géologie
de l’Atlas saharien. Composés d’une infinité de
Fig. 7 : Foggara avec contournement d’une partie
endommagée (bipasse) à Adrar dans le Touat petits grains de sable, les grès ont une capacité de
(d’après Grewe 1998 : 39, fig. 45). stockage bien supérieure à celle des autres forma-
tions rocheuses sédimentaires, en particulier aux
calcaires. L’exploitation des eaux souterraines par des galeries creusées dans les aquifères et par des puits
est la réponse des sociétés sahariennes à un assèchement climatique selon un processus analogue à celui
qui a été décrit dans l’oasis de Kharga du désert occidental égyptien (Leveau 2015). Là les écoulements
artésiens de la nappe fossile accumulée dans les grès nubiens lors du dernier épisode pluvial saharien
avaient permis le maintien d’une occupation agricole. Leur tarissement à la fin du troisième millénaire
avait entraîné l'abandon de cette partie de la dépression. Sa réoccupation était due au creusement d'un
réseau de qanâts, puis à son allongement et à son approfondissement durant un millénaire jusqu'au IIe

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Ph. Leveau - L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité

ou IIIe siècle (Wuttmann 2001).


Un scénario climato-anthropique du
même type a probablement joué un rôle dans la
construction des aqueducs urbains. Sans doute
celle-ci doit-elle être replacée dans le contexte
de prospérité générale d’un empire romain à son
apogée : elle répondait à de nouveaux besoins
et assurait une alimentation régulière en fin de
période estivale. Mais dans les régions du Nord-
Est où l’épigraphie met en effet en évidence l’im-
portance des constructions d’aqueducs urbains
aux IIe et IIIe s. (Bel Faïda 2009), il est possible
qu’une relation existe entre leur mise en chan-
tier et l’augmentation des épisodes de sécheresse
durant la période hivernale d’alimentation des
nappes phréatiques. Deux exemples plaident en
faveur d’une telle hypothèse. Le premier est celui
de Carthage. La ville punique a d’abord utilisé
des ressources hydrauliques locales. De nom-
breux puits puisaient dans une nappe phréatique
dont le renouvellement est actuellement assuré
par une pluviométrie annuelle de 600 mm/an.
Les eaux souterraines étaient captées en galeries.
Les maisons étaient pourvues de citernes stockant Fig. 8 : L’aqueduc romain de Carthage.
A : carte. 1 : section réutilisée au XIXe s.
l’eau de pluie. La nouvelle Carthage romaine s’est 2 : section en tunnel. 3 : section abandonnée.
satisfaite de ces ressources jusqu’à la fin du Ier 4 : section sur arche. 5 : conduite moderne.
6 : massifs calcaires. 7 : faille principale.
s. Elles furent seulement complétées au I  s. par
er
8 : autre relief. 9 sources captées. 10 : réservoir.
les grandes citernes de La Malga. C’est dans ce 11 : diversion du XIIIe s. B : coupe sur le Djebel
Zaghouan : N : marnes ; J : calcaire jurassique ;
contexte qu’au IIe s., on construisit un aqueduc E : Éocène NP : niveau piézométrique
pour chercher un supplément d’eau dans le Dje- (d’après Nicod 1999 : 21, fig. 4).
bel Zaghouan. Le captage des nappes karstiques
dans ce massif calcaire qui dépasse 1 000 m et reçoit une tranche d’eau annuelle de 700 à 800 mm
constitue une illustration emblématique de l’utilisation des potentialités du karst par les ingénieurs
romains. La branche principale longue de 90 km fut prolongée par une branche de 33 km à laquelle
on ajoutera 8 km d’adductions secondaires qui en augmentaient le débit. Intervenue à une époque où
la ville s‘impose comme la métropole de l’Afrique romaine, la construction d’un ouvrage comparable
aux grands aqueducs de Rome s’explique par la richesse de ses élites et par leur lobbying auprès des
empereurs. Mais une interférence avec une oscillation climatique dont témoigne la sécheresse de 125-
128 présentée plus haut est probable (Fig.8). Le second fait allant dans le même sens est documenté à
Dougga dont l’alimentation en eau est renforcée la fin du second siècle par l’aqueduc d’Aïn el Ham-
mam. Long de 10 940 m, celui-ci capte l’une des nombreuses sources qu’alimente une nappe contenue
dans des grès. Leur écoulement était plus régulier que celui des deux sources karstiques qui assuraient à
l’origine de l’alimentation de la ville. Dans ces deux cas, les considérations hydrogéologiques et hydro-

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Ikosim

climatiques paraissent avoir joué un rôle essentiel (Leveau 2013). Ce scénario peut se réclamer du paral-
lèle de l’aqueduc de Marseille au XIXe s. Souffrant d’un perpétuel manque d’eau, la ville projetait de
construire un canal amenant les eaux de la Durance. Le manque d’eau apparaissait comme un frein au
développement industriel qui suscitait une rapide croissance démographique. Il était en partie respon-
sable de l’absence d’hygiène qui avait donné une dimension catastrophique à l’épidémie de choléra de
1832-1835. Un déficit pluviométrie de l’ordre de 50 et 85 % du total annuel moyen durant la décennie
1830-1840 fut un élément décisif dans la décision de s’engager dans une entreprise d’un coût prohibitif
(Jacob-Rousseau et Astrade 2010).

Conclusions  : changements environnementaux et histoire

Les forts contrastes qui caractérisent le milieu physique nord-africain, la fragilité de la couverture
végétale et des sols justifient le poids accordé aux contraintes environnementales sur les sociétés histo-
riques. Faisant du climat un acteur de l’histoire, des géologues et d’une manière générale des spécialistes
des géosciences de l’environnement ont vu dans l’histoire de l’Afrique romaine une illustration des
théories faisant de la convergence entre forçages climatique et anthropique la cause de l’effondrement
des civilisations (théories du « collapse »). De son côté constatant le contraste géographique entre le litto-
ral méditerranéen au nord et le désert au sud, les montagnes et les plaines, J. Despois écrivait : « Entre
le nomade redoutable par sa mobilité et le montagnard inaccessible dans ses hauteurs, le paysan des plaines
et des collines méditerranéennes avait presque toujours succombé » (Despois 1953, p. 194). D’autres encore
ont suggéré que la prospérité de la partie orientale de l’Afrique romaine serait liée à une augmentation
et à une meilleure répartition des précipitations, que leur diminution associée à l’augmentation des tem-
pératures expliquerait la pression des nomades sur les marges présahariennes ainsi qu’un plus important
recours à l’irrigation dans le reste du territoire.
Mais de telles propositions sont difficiles à prouver. Les théories du collapse portent sur un temps
géologique dont l’échelle est bien éloignée de celles du temps historique. Les lois proposées par J. Des-
pois ont été formulées dans le contexte colonial ; elles traduisaient l’inquiétude devant les change-
ments en cours dans les luttes de la décolonisation. Quant aux troisièmes, elles méritent d’être prises
en considération à condition de ne pas les projeter dans le passé et de ne pas supposer un changement
environnemental à partir de troubles sociaux. Pour évaluer correctement les conditions offertes par le
milieu aux sociétés nord-africaines, il faut prendre ses distances par rapport aux restitutions érigées en
paradigmes interprétatifs par des lanceurs d’alerte recherchant dans le passé des faits historiques illus-
trant les catastrophes environnementales annoncées. Sans en méconnaître l’éventualité, gardons-nous
de succomber à la tentation d’écrire l’histoire des environnements à partir des inquiétudes que suscitent
les changements en cours dans le fonctionnement du climat depuis les débuts de l’ère industrielle.

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