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Bonnes Façons
de mourir
Ou fin macabre et lamentable des Lituaniennes
De Gabriel Calderón
Traduction française Marys Aubert
Cette pièce a été jouée pour la première fois en août 2004 au Teatro Circular de
Montevideo sous la direction de l’auteur et les comédiens de cette institution.
Personnages :
Maître de Cérémonie - Glamour, Majestueux, avec un sourire particulier que l’on devine faux.
Journaliste femme - Voix en off, et si elle décide d’apparaître, alors ce ne sera pas une voix off,
ce sera peut-être une voix on.
Clara - 79 ans, très mauvais caractère. Soeur d’Inès et de Marta
Inès - 77 ans, très bon caractère, toujours contente. Soeur de Clara et de Marta. Elle oublie tout
et se rappelle encore plus.
Marta - 76 ans. Bien qu’elle ne le soit pas, elle a l’air autiste. Soeur d’Inès et de Clara.
Un enfant ou deux ou plus de deux - A la fin il n’y en aura plus qu’un, mais jusqu’à la moitié
de la pièce ils peuvent être plus d’un. Totalement indéfini, ultrasupermultifacécieux. Il
appartient à ce qui est appelé l’Armée des Enfants. Il n’est pas forcément joué par un enfant,
bien qu’il puisse l’être.
Scénografie :
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UN PEU DE PROLOGUE
Journaliste :
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2. Maître de Cérémonie
Superbe ! Je dirais.
Impressionnant !
je dirais
Je ne
peux pas
le
croire !!!
(rire)
D’où ?
De la télé.
Je m’informe de tout à la télé.
Merveilleux !!!
(rire)
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3. Les Lituaniennes
Inès - Comment ?
Inès - Bon, euh… Bien sûr ! Bien sûr que c’était la semaine dernière !
Evidemment que c’était la semaine dernière, ce qu’il y a c’est que…
Clara - Tu as oublié !
Clara - Tu as oublié !
Clara - Tu as oublié !!
Inès – Oui !! J’ai oublié ! Ce qu’il y a c’est que, je ne sais pas pourquoi, mais j’avais à
l’esprit qu’aujourd’hui était un jour important et…
Inès – Comment ?
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(Inès regarde Marta qui approuve de la tête)
PAUSE
Inès- (à Marta)
Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire ma petite Marta !
Joyeux anniversaire ! Hourra ! Hourra ! (Elle se laisse tomber dans une chaise).
Ah, pardon ! C’est que je ne sais plus ce qui me passe par la tête… j’oublies de plus en
plus de choses, je mélange tout… c’est que je suis vieille, avec mes cinquante ans
déjà…
Clara - Soixante-dix-sept.
Inès - (Elle rit)- Qu’elle est drôle, toujours de si bonne humeur, mais bon, non, au lit
non, tu as bien entendu le docteur, il a dit que tu ne pouvais pas passer toute la journée
couchée. Qu’est-ce que tu dirais si on allait au Jardin botanique ?
Inès - Pourquoi ma petite Marta ? C’est si beau. Je n’y suis jamais allée, ou bien si ? Je
ne rappelle pas, mais une fois j’ai entendu dire que c’était un endroit très joli, il y a des
plantes, des plantes ! Des plantes pour de vrai, pas comme celles qui viennent de
l’humidité qu’on laisse pousser dans la cuisine.
A propos de la cuisine, vous n’avez pas faim ?
Clara - Oui.
Inès - Hou là midi !... midi… midi, c’est l’heure de la toilette, non ! L’heure de dormir,
non plus ! L’heure de … de…
Inès - Des médicaments ! C’est l’heure des médicaments ! Je savais bien… j’arrive tout
de suite. (Elle sort).
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PAUSE (Marta et Clara se parle sans se regarder).
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4. L’Armée des enfants
Entre un enfant ou deux ou plus de deux (ce qu’on veut ou qu’on trouve).
Leurs vêtements ou leur présence suggèrent, d’une forme ou d’une autre, qu’ils
appartiennent à une armée. Il(s) regarde(nt) le public fixement, attrape(nt) certains
d’entre eux du regard. Il(s) dira(ont) les textes suivants en s’arrêtant chaque fois sur un
spectateur différent, comme s’il(s) lisai(ent) dans ses pensées et que chaque chose
qu’il(s) disai(ent) était ce que le spectateur était en train de penser.
- J’ai horreur de ces trucs dans lesquelles ils font participer avec le public. Mon coco…
j’ai payé pour que tu joues toi et pas moi.
- S’il ne me paye pas la prime de Noël lundi, celui-là il va m’entendre, parce que…
- Quand est-ce que je recevrai ma retraite? J’ai besoin absolument de cet argent …
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LA PIECE COMMENCE
5. Les lituaniennes
Inès - 27, 28... 29... ...30... (Elle s’arrête, réfléchit) Qu’est-ce que j’étais en train de
faire ?
Inès - (elle regarde les plaquettes) Ah... je ne sais plus où j’en suis.
(Elle recommence à compter en silence, et pendant que Marta parle, elle continuera à
s’y perdre et à recommencer en silence)
Inès - (Elle regarde les plaquettes) Ah... je ne sais plus où j’en suis.
(Elle recommence à compter à voix basse).
Marta - Je ne demande pas une grande demeure, ni la fortune, pas même la santé, rien.
Seulement ce rêve… et ce n’est pas tellement.
Des petits-enfants, des arrières petits-enfants… j’aime les enfants.
J’ai toujours rêvé…
Qu’en sera-t-il de mes rêves à quatre-vingts ans ? A quatre-vingt-dix ans?
Inès - 31, 32... 33... ... (Elle s’arrête, réfléchit) Qu’est-ce que j’étais en train de faire ?
(Inès se dirige vers la fenêtre et s’arrête au beau milieu de la pièce. Elle reste
désorientée)
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Même si ce n’était pas le mien… un neveu…
Non ! Un neveu, non !
J’aime les enfants s’ils sont à moi.
C’est drôle comme les choses oscillent pendant un temps et ensuite disparaissent.
J’ai eu l’opportunité et je l’ai laissé passer.
Inès - Qu’est-ce que j’étais en train de faire ?... je ne sais plus où j’en suis …, je ne sais
plus où j’en suis.
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6. Les titres du journal
La journaliste :
D’autre part
le Ministère de l’Intérieur a installé
une ligne spéciale d’aide aux victimes de violences domestiques.
Tandis qu’au parlement, se trouve toujours en discussion la loi
qui doit punir sévèrement de tels agissements…
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7. L’Armée des enfants
J’ai un plan. Une idée. Une bonne idée. Un “Renouveau Générationnel”. Ça sonne bien,
hein ? J’ai trouvé ce titre moi-même “Renouveau Générationnel”. Ça fait sérieux non ?
Et voilà ! C’est bien, parce que ce que j’ai à dire est sérieux. Je continue. Ecoutez.
Les enfants représentent le futur. C’est clair. C’est clair, n’est-ce pas ? Donc d’abord
nous éliminons le passé. Aucune société avec un bon avenir ne peut se baser sur un
mauvais passé. Et notre passé n’est pas joli joli. Il est horrible. Douloureux.
Affreusement triste. Caucasien, dirais-je. Mais peu importe. Il s’écrit d’une main et
s’efface de l’autre. Ou avec le coude. Ou ce que vous voulez.
Le fait est que je pense comme ça. Je ne sais pas si c’est une vérité mais voilà. On
élimine le passé et on s’en invente un bien meilleur. Meilleur. Avec une civilisation
antique genre la Grèce ou Manhattan. Oui. Et après nous être occupé du passé, alors
seulement nous nous occuperons du présent. Voilà ! Une ville d’enfants. Des enfants qui
seront le futur, et le présent et le passé. Tout.
Hein ? ...Non ...je ne sais pas comment nous allons nous organiser. Qu’est-ce que j’en
sais. Qu’importe ! Ces choses-là sont des broutilles. Mineures. Des rainures
insignifiantes. On doit agir sans trop penser. Cela démolit n’importe quelle idée géniale.
Les bonnes idées ne se pensent pas. Elles surgissent. Elles apparaissent tout d’un coup.
Elles émergent des profondeurs obscures du Caucase ou de l’Himalaya. Si, quand s’est
fondé Athènes, on s’était mis à penser à ce qu’on ferait quand on serait conquis par les
Romains, on n’aurait rien fait. Et alors, on aurait été privé de… de… jolis mots comme
Athènes… Internet… et… et d’autres qui viennent aussi de là. Donc, commençons par
le début. Dès maintenant. Détruisons le passé…
Détruisons le passé !
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8. Le Maître de cérémonie
Lui ?
Non... lui n’était pas si content
Mais c’est naturel
Les hommes contents n’ont pas l’habitude d’être dans ce genre de situation
C’est bon pour les femmes
Pour eux, il est bon de
se troubler et de s’inquiéter
de comment on va entretenir la maison maintenant
avec l’arrivée d’un futur élément supplémentaire
Comment ?
Non, oui, elle aussi travaille.
Dans un centre de massage
Du moins c’est ce qu’elle lui raconte
Ou ce que lui veut croire
Parce que soyons réaliste
Aucune personne qui travaille à faire des massages
ne peut s’acheter une télévision de…
…29 pouces
Lui ?
Lui, il est ouvrier
Il gagne moins d’argent qu’elle
C’est pour ça que parfois il s’énerve et la cogne
Lui !
Oui !
Il la cogne et avec le poing fermé.
Tu sais comment ça fait mal ?
Parce que à moi, qu’il la cogne, ça ne me parait pas mal…
… mais avec le poing fermé…
…je ne sais pas…
…
Je ne sais pas.
Pour ça il n’y a pas d’excuse.
IL N’Y EN A PAS.
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9. Les lituaniennes
PAUSE
Inès - Moi, je préfère l’idée de mourir dans un hôpital, ça change, ainsi nous sortons un
peu d’ici… personne ne meurt dans un hôpital, c’est disons très romantique.
Marta - Dans ces lieux, tu entres parce que tu as une tension basse.
Mais ils te découvrent une autre petite chose.
Et sans le faire exprès, ils te donnent un médicament qu’il ne faut pas.
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Et ils se trompent dans le régime.
Et il faut opérer.
Et cette opération qui était simple se complique.
Et on est terriblement désolé.
C’était une petite vieille tellement adorable.
Peut-on discuter au sujet d’un don d’organe ?
Mais…
…comme tout ce qui est public…
C’était un plan presque parfait.
Jamais on n’aurait pensé… Jamais !
On ne naît qu’une fois.
Mais les morts sont si nombreuses !
Inès - (Elle rit d’abord puis s’apaise peu à peu. Ensuite elle répartit les médicaments)
Six pour toi… six pour toi…
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10. L’Armée des enfants
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recommandé de s’approcher d’un centre de maternité quelconque, car plutôt que de tuer
une personne adulte ou bien un enfant, mieux vaut tuer les deux à la fois. (Pause)
Mais observons ceci. La société est disposée à croire qu’un homme a pu tuer un certain
nombre d’enfants. Bien sûr que cela provoquerait de la douleur et beaucoup de choses
amusantes, mais si nous voulons les écrabouiller, il faut leur offrir quelque chose à quoi
ils ne sont pas préparés. Quoi ? Vous demandez-vous (Pause). Que diriez-vous d’un
enfant tuant un groupe de personnes. Un enfant innocent massacrant la société. Qui
mettrait en pièces la compagnie avec des balles, des bombes et des soucoupes volantes.
Et encore mieux, que diriez-vous d’un enfant se tuant pour tuer les autres ? Un enfant
bombe cherchant à exploser là où il y a du monde. Evidemment cela va détruire non
seulement ceux qui sont près de l’enfant, mais cela va détruire toute la société. Personne
ne va pouvoir l’admettre. Jolie manière de se défaire à la fois du passé, du présent et du
futur. (Pause). Jolie manière, non ?
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11. Les Lituaniennes
Inès - Marta ? Pourquoi n’as-tu pas eu d’enfants ? Je veux dire que tu aimes les enfants,
non ? Tu t’entends bien avec eux. Moi, je m’entends bien avec eux. Moi, j’aurais aimé
que tu aies des enfants.
Inès - Oui, c’est ça, des enfants ! Moi, j’aurais aimé avoir des enfants. Non. Je mens.
J’aurais aimé que toi tu aies des enfants. De ceux qui viennent tout petit tu vois, et se
mettent à grandir et à grandir. Mais moi je les aime tout petit, quand ils grandissent je ne
les aime plus, parce que quand ils grandissent ils cessent d’être des enfants et moi, c’est
les enfants que j’aime.
Inès - Clara m’a dit, il y a longtemps, que je ne pouvais pas en avoir. Elle me l’a dit
avec une figure très triste, mais à moi, cela ne m’a pas paru si mal, parce qu’imagine
s’ils avaient été à moi, j’aurais dû les avoir pour toujours, alors que si ce sont ceux des
autres, non. Tu comprends ? S’ils sont à quelqu’un d’autre je les aime quand ils sont
tout petits et après, quand ils grandissent, que d’autres les aiment.
Inès - Oui, moi je ne peux pas en avoir. Mais j’ai demandé à notre petite Clara si je
pouvais quand même les aimer, et elle m’a dit que pour ça il n’y avait pas de problème.
Clara… elle pleurait, je n’ai jamais compris pourquoi elle pleurait autant. Non. Je dis
des mensonges. Je n’ai pas compris, mais j’ai su quelque chose… c’était à cause de ce
qui lui est arrivé, tu vois ?
Inès - Oui c’est ça. Elle ne s’en est jamais remise. Et dire qu’elle aurait pu avoir tous les
enfants qu’elle voulait, mais non, après cela elle n’a pas pu… peut-être elle a eu peur, je
ne sais pas. A un moment, j’ai pensé que c’était toi qui lui faisait peur, mais non, tu ne
peux rien lui faire, je veux dire, après cela tu n’as jamais plus fait de mal à personne,
non ? Mais bon, la question est que maintenant nous sommes déjà vieilles… tu veux que
je te raconte un secret ?
Inès - L’autre jour quand le docteur est venu, je lui demandé comme ça en secret… je
lui ai demandé si toi tu pouvais avoir des enfants… et lui m’a répondu quelque chose
que je ne sais pas si je dois te le raconter, mais après y avoir bien réfléchi je pense que le
mieux est que tu saches la vérité. Le docteur m’a dit que tu avais une chose appelée
Ménopause, je ne sais pas grand-chose là-dessus vois-tu, mais il semble que tu ne peux
pas avoir d’enfant toi non plus, comme moi.
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Inès - Oui, je sais, je sais. Je te comprends, j’ai ressenti la même chose, mais regarde
sait-on jamais, peut-être qu’un de ces jours nous ouvrirons la porte, et dans un panier
apparaîtra un enfant, comme dans les films, tu vois ?
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12. Titres du journal
Journaliste :
Une fillette tombée dans une bouche d’égout, a été dévorée par les rats.
Trois garderies de la ville ont été affectées par des aliments avariés.
Les enfants de ces institutions sont en observation.
Et pour ce qui est de la météo, nous vous informons que demain le ciel sera nuageux,
avec peu de changement de température et si il y a…
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13. Maître de Cérémonie
Enfin
Lui se lève à cinq heures
Et part travailler
Si on peut appeler ça comme ça
Dix heures à lever des murs, faire du crépi et supporter les amis
Si on peut les appeler comme ça
Eux qui ont pris la charmante habitude de jacasser dans son dos sur son épouse
en racontant que c’est une…
- pardon mais il faut que je le dise -
Une pute.
- pardon mais il fallait que je le dise -
Lui sait bien que ce n’est pas vrai
Que ses amis ont toujours été jaloux
Lui sait bien que ce n’est pas vrai
Et que sa femme en serait incapable
Lui sait bien que ce n’est pas vrai
Qu’on s’aime une fois pour toute
Qu’on est un homme une fois pour toute
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Elle lui dit qu’elle n’a pas pu faire le dîner mais qu’il reste un peu du gratin d’hier, qu’il
le prenne et se le réchauffe parce qu’elle doit y aller.
Un baiser.
Chao.
Et il reste là
A neuf heures du soir
Il reste là
Assis
Il reste
A manger le gratin rassis
Lui
En regardant.
Une chaîne de télévision ?
Une vidéo ?
Un journal ?
Non.
En regardant passer sa vie
Eh, eh, eh
Si on peut appeler ça la vie.
Eh, eh, eh
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14. L’armée des enfants
DECLARATION DE GUERRE
SALUTACIONS DISTINGUEES.
NOUS-MEMES.
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15. Les Lituaniennes
Clara - Oui !
Inès - Je ne sais pas, mais c’est pas encore, pourquoi ? Tu veux quelque chose ?
Inès - Je te comprends parce que moi aussi l’anxiété me tue. J’attends minute après
minute qu’arrive l’heure des médicaments ; et chaque fois elle tarde un peu plus, non ?
Inès - Avant pour moi, une heure avait 27 minutes, comme pour tout le monde, et
maintenant je ne sais pas, j’ai l’impression qu’elle a quelque chose comme 57 et même
59 je dirais… je te dirais même plus… je souffre, mon cœur souffre…
Marta - Mourir !
Clara - Mourir !
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Clara - Non.
Inès - C’est l’heure des médicaments ! Ahi quelle émotion… je pensais ne rien vous
dire, mais je vais quand même vous raconter… j’ai une surprise pour vous. (Elle sort)
PAUSE
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16. Titres du journal.
Journaliste :
Public respectable
Déjà va savoir si vous êtes tant respectable
donc je dois vous informer que Monsieur
Delmiro Escuder a finalement été retrouvé voilà quelques heures… mort.
Le vieux monsieur a été découvert dans une fosse septique.
Nu.
Pendant que s’effectue une autopsie détaillée
les premières informations semblent
révéler que la victime
a été brutalement violée et assassinée.
Elle n’avait plus ni les yeux ni la langue.
Voilà le genre d’information que l’on déteste rapporter.
Mais c’est ainsi, respectable public.
Et l’assassin peut bien être l’un de vous autres respectables.
Ou peut-être pas si respectable.
Vous public.
Et permettez-moi de prendre cette liberté…
Ce n’est pas la première fois que je dois annoncer une
« mauvaise nouvelle »
… au début c’était difficile
désagréable
Ça me retournait l’estomac
Je vomissais.
Je n’aurais jamais pensé que c’était si compliqué
Que cela me coûterait tant de faire mon travail.
Il fallait que je change mon état d’esprit.
Je devais trouver le moyen de ne pas souffrir
que les atrocités quotidiennes glissent sur moi.
C’est ainsi que j’ai changé.
A partir de ce moment-là je me suis réjoui.
Je me réjouis de ce que les atrocités que je dois révéler
ne m’atteignent pas moi-même.
Des assassinats, je ressens
une félicité infinie
des viols, une excitation.
Mais bon, revenons à nos moutons
avec une nouvelle plus réjouissante heureusement.
Emotion dans l’opinion publique. Un enfant portant les initiales TNT, a explosé en mille
morceaux devant ses petits camarades de classe, provoquant la mort instantanée de
quinze d’entre eux. L’enfant avait une bombe attachée à son petit corps… (Il se tait).
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17. Les Lituaniennes
Clara - Auto élimination tu sais ? C’est ce qu’ils ont dit à la télé… tu ne trouves pas ça
amusant ? Ce qu’il y a c’est que tu ne l’as pas vu, c’était très drôle.
Dans quelle émission ? Qu’est-ce que j’en sais, je ne me rappelle plus, mais ce n’est pas
ça qui était drôle, ce qui était amusant c’était la dame, celle qui l’a rapporté.
Cette dame, blonde, décolorée, maquillée habilement, ornée de bijoux et avec un
tailleur… un tailleur… Psychologue Claudia Groiovich… tu te rends compte ? Déjà
avec ce nom… PAUSE
…Que pourrait bien savoir cette femme de “l’Auto élimination” ?
Si, alors qu’elle entrait à peine à l’université, elle était déjà morte !
quand elle se mariait avec son infidèle de mari, elle était déjà morte !
quand elle a eu son premier enfant, elle était déjà morte !
Ça fait des années qu’elle est morte, personne ne lui a encore dit, personne ne lui a
annoncé (Elle rit malicieusement). Elle croit que d’avoir un sourire sur des dents
blanches et une peau étirée fortement – sûrement fixée avec des bâtonnets dans son dos-
est une raison suffisante pour se croire vivante.
Son cœur entretient toujours ces pulsations typiques pompant ce qui s’est transformé en
un liquide noir et visqueux qui maintiennent au strict minimum une morte vivante.
Elle est enterrée, sous une terre oubliée, entre fleurs et rameaux de roses séchées.
Marionnette macabre d’un Dieu triste et ennuyeux, qui monte son médiocre spectacle
pour divertir uniquement les spectateurs aveugles.
(Maintenant elle ne rit plus malicieusement mais diaboliquement)
Inès - Dieu ?
Clara - Triste, émacié, raté (Elle regarde un moment vers le haut.) PAUSE
Je le vois et je ne sais s’il faut rire ou pleurer pour lui. Il est à genoux face à nous,
regardant vers le bas… et il prie… il prie nous demandant pitié.
Son nom lui va trop grand. (Elle rit)
Il pleure et Il pleure sans savoir quoi faire.
Il pleure et Il pleure depuis longtemps
Blessé par la solitude… seul (Elle rit et peut-être elle commence à pleurer, émue)
Enfant éternel dans un château de cristal vide.
Ne touche pas petit, ne touche pas !
Ne touche pas capricieux ! Capricieux !
Que veux-tu ? Que veux-tu de nous ? (Elle éclate en colère).
Nous ne voulons pas voir ton misérable chef-d’œuvre. Il nous ennuie ton spectacle de
marionnettes. On connait déjà tous tes personnages, on les a vus encore et encore,
révisant leurs textes et leurs gestuelles décadents. Tu nous ennuies. Nous crachons sur ta
grâce divine !
Qu’est-ce que tu veux ?
Pour quelle raison veux-tu nous maintenir sur cette scène, dans ce parterre de morts ?
Laisse-nous sortir de cette petite pièce de théâtre pathétique que tu as montée.
Laisse-nous mourir !!! (Elle se calme instantanément)
Clara - Hier.
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18. Interrogatoire
Journaliste :
Emotion dans l’opinion publique. Un enfant portant les initiales TNT, a explosé en mille
morceaux devant ses petits camarades de classe, provoquant la mort instantanée de
quinze d’entre eux. L’enfant avait une bombe attachée à son petit corps… (Il se tait).
Maître de Cérémonie - Très amusant. J’espère que vous avez compris que vous n’avez
ici aucune obligation, j’espère que vous comprenez…
L’enfant - Je le sais.
Maître de Cérémonie - Vous êtes ici de votre plein gré, et vous pouvez partir quand
vous voulez, vous pouvez vous en aller…
L’enfant - Je le sais.
L’enfant - Je le sais.
Maître de Cérémonie - Bien. (Il consulte des feuilles de notes) 97. Noël 97…
L’enfant - Quoi ?
Maître de Cérémonie - Noël 97, votre père, encore en vie à ce moment-là vivant, se
lève à 6 heures du matin pour déposer les cadeaux au pied de l’arbre pour déposer les
cadeaux… de Noël. (Il le regarde) Qu’est-ce qu’il vous a offert ?
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L’enfant - Je suis venu me livrer, non à…
L’enfant - Je suis venu me rendre ! Vous ne vous rendez pas compte, je suis…
Maître de Cérémonie – Le cerveau de tous les crimes commis durant les derniers jours
contre les personnes âgées, l’auteur intellectuel, bla, bla, bla. Oui, oui, nous avons déjà
entendu tout ça nous avons déjà entendu et je vous répète que vous êtes venu de votre
plein gré.
Si vous n’aimez pas la façon de mener ce processus vous n’aimez pas, vous êtes libre de
partir maintenant, sinon commençons une fois pour toute.
Maestro - Vous devez savoir que les affaires du passé sont des choses curieuses qui
oscillent, ondulent et habitent notre vie là où la raison n’est plus. Cela vous surprendrait
la pertinence de certains d’entre eux. Continuer je peux continuer ?
L’enfant - Allez-y.
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19. Les Lituaniennes et les Titres
Journaliste :
Les informations de ces derniers jours
Malheureusement se répètent
Les crimes commis envers les personnes âgées
Malheureusement continuent.
PAUSE
Malheureusement pour les personnes âgées
Marta - On sonne !
Inès - On quoi ?
Marta - On sonne !
Clara - Ça a sonné !
Journaliste :
Les services de police rappellent à ces personnes âgées qui vivent seules
Qu’elles doivent prendre les précautions suivantes
Ne pas sortir
Ne parler à personne
Ne pas regarder
Ne pas écouter
Ne pas manger
N pas respirer
Ne pas déféquer… ah, ah, ah
Quel mot spirituel
Clara – Attendez !
Inès - Quoi ?
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Inès - Peut-être que c’est une visite, ça fait tellement longtemps que personne ne vient
nous rendre visite.
Inès - Mais et si c’était quelqu’un qui nous regrettait, c’est possible, ça fait si longtemps
que personne ne vient, ça me manque tellement les visites des autres.
Marta - On sonne !!
Inès - J’arrive !
Clara - ...
Journaliste :
La police observe qu’il est important
De ne pas ouvrir la porte à des inconnus.
Et de prendre toutes les mesures de sécurité possibles.
Demandez qui c’est ?
Ne soyez pas stupide
Ce peut être un assassin brutal
Un assassin et violeur en série
Le facteur qui abuse des femmes sans défense
Le jardinier déséquilibré
L’agent névrosé d’EDF qui donnerait tout
Pour arracher des langues et des yeux à domicile.
Ne soyez pas stupides
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Inès - Qui c’est ?... qui c’est ?
(Sonnerie)
Marta - On sonne !!
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20. Interrogatoire
L’enfant - De bois.
L’enfant - Non, moi je n’ai pas demandé un régiment… j’avais demandé deux ou trois
soldats, mais ils m’ont donné un régiment entier, je ne l’ai pas demandé, ils me l’ont
donné.
L’enfant - Comment où il se trouve ? C’était des jouets, qu’est-ce que j’en sais où ils
sont. On a dû les donner…
L’enfant - Non.
L’enfant - Rien.
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L’enfant - (PAUSE)
Je ne sais pas quelle connerie est arrivée à cette saloperie de petit régiment.
L’enfant - Non.
L’enfant - Non.
L’enfant - Non !
L’enfant - Fermez-la !
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21. Maître de Cérémonie
Superbe !
je dirais.
Impressionnant!
je dirais.
Je ne
peux pas
le
croire !!!
(Rires)
L’enfant
De demander… demande
Pour Noël
De recevoir… reçoit
Pour Noël
Reçoit ce qu’il demande ?
Non
L’enfant demande une paire de petits soldats
L’enfant reçoit un bataillon de petits soldats
Et eux sont là
…
L’esprit assassin
Psychopathes
Ils sont là
À guetter
À guetter
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Ils veulent lui prouver leur amour
L’impressionner
Alors au lieu de lui offrir une paire de petits soldats
Ils lui offrent … un bataillon !!!
Un bataillon entier
Qui impressionne réellement l’enfant
L’impressionne tellement
Tellement
(Rires)
Alexis naît !
Qui à partir de ce moment-là
L’aidera à être un bon garçon
Naît celui que personne ne reconnaîtra à travers de
Ses yeux enfantins de cristal pleins et vides d’innocence
Jusqu’à ce qu’un jour ensoleillé d’hiver
Une chaude nuit étoilée d’été
L’enfant et Alexis commettent le premier crime
L’enfant
Assassine
(Rires)
Tout d’abord
Il réunit le régiment de petit soldats
De bois
Et il les ligote !
Et il les imbibe
D’essence
Et il les brûle tellement
Tellement !
(Rires)
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22. Les Lituaniennes avec L’enfant, pendant que se poursuit
l’interrogatoire mené par le Maître de Cérémonie, tout en
découvrant peut-être un bref instant que celui-ci est une autre
personne.
Clara- Qui ?
Marta - Un enfant!
Inès - Oui ma petite Marta, un enfant, je te l’avais dit, il n’est pas venu dans un panier
mais c’est un enfant quand même.
Marta - Un enfant !
Inès- Combien ?
L’enfant - Vingt-six.
Marta - Un enfant !
Marta - Un enfant ?
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L’enfant - Alors ne me traitez pas d’enfant.
Marta - Un enfant !
L’enfant - Va chier !
Inès - Mais elles n’ont pas entendu que tu avais vingt ans.
L’enfant – Seize !
Inès - Tu n’es donc plus un enfant, n’est-ce pas ? Viens, ne te fâche pas.
Inès - Qu’est-ce qu’il va nous faire ma petite Clara ? C’est un enf… un jeune homme.
Clara - Même s’il était le pape… Nous ne savons pas qui c’est.
Inès - Qui ?
Marta - Un enfant !
Clara - Tais-toi idiote ! Tu ne te rends pas compte ? Nous ne savons pas qui il est, tu es
une vieille idiote !
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Inès - Mais ma petite Claire…
Inès - Chut, du calme petite Clara. (A lui) Ça lui arrive de temps en temps.
Clara - Vieille tarée! Pourquoi tu tiens à ce qu’il soit là ? A cause de cette affection
inutile que tu as pour les enfants ? Parce qu’un jour je t’ai dit que tu ne pouvais pas
avoir d’enfant ? Ou non, laisse-moi te le dire comme il faut… à cause du mensonge
qu’un jour je t’ai dit ? Ce mensonge qui disait que tu ne pouvais pas avoir d’enfant ?
Inès – Mensonge ?
Clara - Oui idiote ! (Elle rit) Tu aurais pu avoir tous les gosses que tu voulais, eh, eh,
eh… Mais non ! Tu n’allais pas en avoir, tu m’entends ? Si moi je ne pouvais pas en
avoir, alors personne n’allait avoir de gosses dans cette maison ! Ah ! Tu as toujours pu
en avoir vieille imbécile ! Mais je t’ai sauvée, moi ! Je t’ai sauvé de ces petites créatures
abominables, de ces gosses répugnants… comme celui-ci. (Elle montre l’Enfant) Enfant
de salaud ! Ah ! Enfant dégoutant ! Enfant de merd… (Inès lui donne un coup de poing
dans la figure, ce qui l’éjecte de sa chaise et la fait tomber au sol de tout son long.)
L’enfant - Chut.
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Maître de Cérémonie - Je te dis qu’il y a beaucoup de choses bizarres
L’enfant - Ferme-la !
L’enfant - Alexis !
Maître de Cérémonie - Tu sais que nous devons le faire, tu le sais! Il faut qu’on avance
sur les terribles secrets que tu caches, sur ton horrible passé. Il faut effacer le souvenir
de tes parents…
Maître de Cérémonie - Qui a parlé de tes parents ? Personne ne veut parler de ces bons
à rien.
Maître de Cérémonie -
Des enfants de pute, lamentables, mal-aimés, ignorants, égoïstes, trouillards, pouilleux,
irresponsables, imbéciles, ratés…
L’enfant - Ne me…
Maître de Cérémonie - Bien sûr que c’est de leur faute ! Bien sûr que oui !! Je ne vais
pas te laisser dire ça. S’ils étaient de nouveau à côté de toi, juste un instant, tu te
rappellerais. Ils ont toujours été coupables. Tu veux que je te rappelle les détails ?
L’enfant - Je ne veux…
Maître de Cérémonie - Bien sûr que tu veux ! Ton père, commençons par lui, par ce
grand fils de pute qui ne t’a jamais aimé, qui n’a jamais aimé ni un enfant, ni personne !
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L’enfant - Ne me traite pas d’enfant.
Maître de Cérémonie - N’oublions pas qu’il battait ta mère, il lui collait la main dans
la figure, avec le poing fermé le lâche, ça ne te dérange pas ça ? Non bien sûr que non,
le pire est que la sale chienne saignait et saignait, la figure en compote, cette salope
éclatée qui couchait avec tout le monde, qu’on ne sait même pas si ton père est bien ton
père… Oui, ça oui, ça te dérange, non ?
Maître de Cérémonie - Non ! Tu ne comprends pas ? Ça, c’est ce qu’ils font eux, ils
dissimulent tout, essaient de te faire oublier, que tu laisses le passé derrière toi, mais le
passé ne s’en va pas, il reste, il reste dans notre tête et vit pour toujours en nous
tourmentant, avec le temps il prend plus de relief, bien loin de se faire oublier il reste
fortement tatoué dans nos mémoires. C’est ce qu’ils font eux, ils te mentent et te disent
d’oublier, ils te disent des mensonges, qu’ils t’aiment, qu’ils t’aiment tellement,
tellement… Et au lieu de t’offrir une paire de petits soldats, ils t’offrent…
L’enfant - Un bataillon !
L’enfant - La vérité ?
Maître de Cérémonie - Oui, tu sais que ton passé n’est pas comme tu le voudrais. Tes
parents n’ont jamais été de mauvais parents. Ils t’ont désiré et aimé de tout leur cœur.
Maître de Cérémonie - …N’a jamais fait de mal à une mouche, il n’a jamais frappé ta
mère qui, bien sûr, lui a toujours été fidèle ! C’était des parents modèles ! Mais non, toi
tu ne pouvais pas admettre ça. C’est ça qui te dérangeait vraiment. Eux-mêmes
dérangeaient, il fallait se débarrasser d’eux. Il fallait nous inventer un passé qui puisse
légitimer nos crimes, n’est-ce pas ? Tu l’as très bien fait. Tu n’as pas de remords. Nous
l’avons fait comme il faut, à temps. Nous nous sommes débarrassé du passé, mais ce
n’est pas suffisant, nous ne pouvons plus nous arrêter à présent.
Maître de Cérémonie - Nous devons laver tout le passé, il nous faut nettoyer la vieille
folle, tu le sais bien… Il y a ici quelque chose d’étrange et la guerre est déclarée.
L’enfant – Quoi ?
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L’enfant – Quoi ?
Inès - Quoi ?
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23. Les titres du journal
Journaliste :
Passionnant
L’affaire des petits vieux assassinés brutalement au cours de ces derniers jours
Prend actuellement une tournure spectaculaire
Dans une maison du Prado
Se trouve actuellement
Celui qui pourrait être
L’auteur de ces atrocités
Et qui, selon les informations qui nous arrivent de la régie
Tenez-vous bien
Serait un jeune mineur
Fantastique !
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24. Dernières nouvelles
Marta – Midi !
Inès - C’est pour elles, pour nous autres… Il va falloir m’excuser car c’est l’heure des
médicaments.
L’enfant - Allez-y…
(Inès ouvre la bouche de ses soeurs qui restent immobiles, et commence à leur remplir
la bouche de pilules jusqu’à saturation, jusqu’à ce qu’elles débordent et tombent sur
leurs vêtements et qu’elles roulent poétiquement sur le sol.)
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Maître de Cérémonie - Mais regarde-la comme elle laisse tomber ces pilules par terre,
qu’est-ce qu’elles sont ses sœurs, des mosaïques ?
Inès – Là.
Inès - Qui ça ?
Inès - Hein ?
L’enfant - Dites-moi tout ou je vous tue, je vous jure que je vous tue !
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Inès – Oui ! S’il vous plait, oui ! Tuez-moi.
Inès - Tuez-moi !
Inès - La vérité ?
Comme c’est curieux ce mot… La vérité… la vérité selon qui ?
Mon esprit oublie des choses mais se souvient plus encore, jeune homme…
Vous voulez ma vérité ?
Sachez que la seule histoire que je puisse vous raconter est un mensonge.
C’est quelque chose qui, à un moment donné, s’est créé dans ma tête.
Et que cependant je prends pour la vérité.
Croyez-moi, je vais vous dire la vérité.
Personne ne pourra y croire.
Incroyable et superbe histoire.
Que personne ne va croire.
La vérité.
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25. Les surprenantes Lituaniennes
Marta - Vous pouvez venir vivre avec nous, la maison est grande.
Inès - Et c’était tout, le pire de tout. Ensuite les choses se sont passées simplement,
normalement, comme elles se passent d’habitude dans ces cas-là. Marta a tué l’enfant de
Clara, elle l’a tué dans le ventre de la petite Clara, pendant que le mari de Marta, le père
du fœtus mort et amant de Clara s’enfuyait pour ne plus jamais revenir. Combien de
temps à passé…
Inès - Quarante ans ont passé. Pendant vingt ans Marta a été… comment dire…
retardée, autiste, muette, immobile, comme absente d’elle-même. Il fallait tout faire en
fonction d’elle, manger, vivre, respirer.
Inès - Pendant quarante ans la petite Claire a été énervée, très très énervée, tous les
jours de mauvaise humeur, et de pire en pire chaque jour, furieuse contre Marta, contre
moi, avec ce qui lui restait de vie.
Vingt années suspendues au bord du temps.
Confinées dans mes seuls soins.
Et moi confinée dans leurs besoins.
Je vivais selon leurs désirs.
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PAUSE
POUR INES
UN BAISER
ET ADIEU
MARTA ET CLARA
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Une histoire véritablement immonde, une saloperie incroyable…
Et lui ? Je n’ai jamais su ce qu’il était devenu.
Le père du fœtus assassiné.
Une fois j’ai entendu quelqu’un dire qu’il s’était remarié
mais que son épouse est morte.
Et après cela il s’est encore remarié
et cette fois ils sont morts tous les deux.
Assassinés par leur propre fils.
Brûlés vifs par leur fils…
J’aime à penser que c’était la vengeance du fœtus assassiné.
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26. Le spectacle
L’enfant - La ferme, j’ai une meilleure idée (Il rit tandis qu’il lui serre le cou)
Alors comme ça tu voudrais avoir un enfant ?
L’enfant - Vieille salope, tu vas m’aider à agrandir mon armée, n’est-ce pas ?
(Inès essaie de crier, mais c’est impossible, elle manque d’air)
Journaliste - Ouvrez ! Nous voulons filmer, rien de plus ! Cela peut vous être utile !
On peut négocier.
L’enfant - (Il lui parle tout en la pénétrant) Je vais t’engrosser d’un magnifique enfant,
comme moi, dis « enfant » salope ! Dis-le !
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Journaliste - Incroyable mesdames et messieurs ! La scène à laquelle nous assistons est
incroyable… Ce que nous avons pris jusqu’à présent pour une bande organisée ou une
armée, n’est finalement rien d’autre qu’un jeune mineur qui, en ce moment même, est
en train de violer une vieille femme, en direct et en simultané sur notre chaîne, une
vieille décrépite qui est peut-être, attention, la propriétaire des lieux.
Nous allons tenter de parler avec eux.
(A l’enfant) Salut, pourriez-vous nous dire votre nom ?
L’enfant - TNT
Journaliste - Nous pouvons les voir en ce moment crucial, et nous ne savons pas ce qui
peut arriver ici…
L’enfant - Je vais t’engrosser maintenant et dans neuf mois tu auras un bel enfant que tu
vas élever et éduquer pour que, dès qu’il sera assez grand, il te brûle vive ou te tire une
balle ou t’empoisonne et qu’ainsi il devienne le fidèle portrait de son père.
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Journaliste - Maître - Je t’en prie, ne fait pas de conneries.
Inès - Marta! Marta! Je vais avoir un enfant.
Des images exclusives que vous ne Marta - Un enfant?
pouvez apprécier que sur notre chaîne. L’enfant - Ferme-la tu m’empêches de me
Une page de publicité.
concentrer.
Ne quittez pas vos fauteuils car après
Clara - Tu ne peux pas nous faire ça Inès.
notre journal vous verrez le film de la
semaine. Avec une proposition plus Maître - Tu es train de nous tuer ! Tu dois croire
qu’intéressante, comme sait toujours ce que je te dis.
vous offrir notre chaîne. L’enfant- Tu ne me laisses pas me concentrer
merde ! Ça ne veut pas venir.
Et n’oubliez pas d’appeler et de participer Inès - Qu’elle heure est-il?
à notre vote. Marta- Midi.
Inès tombera-t-elle enceinte ?
SE
Clara - C’est l’heure des médicaments Inès.
0900-6969 pour le OUI
Inès - L’heure des médicaments.
0900-6666pour le NON
Participez pour gagner un téléviseur de L’enfant - Prend ton médicament! Prend-le.
29 pouces. Inès - Ah, oui! Oui!
A tout de suite… Clara - Vous allez la tuer!
Maître - Tu vas nous tuer, ne fais pas l’enfant.
Marta- L’enfant !
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LES LUMIERES
S’ETEIGNENT
TANDIS QUE
INES ET L’ENFANT
CRIENT
DE PLAISIR
JUSQU’AU BOUT.
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FIN DE LA PIECE
UN PEU D’EPILOGUE
27. ALEXIS
Superbe ! Je dirais.
Impressionnant !
je dirais
Je ne
peux pas
le
croire !!!
(rire)
D’où ?
De la télé.
Je m’informe de tout à la télé.
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28. FIN - Chanson pour le petit manège qui tourne lamentablement
(« Floricanto » ; de Lhasa)
Canción “Floricanto”
Perteneciente a la cantante México- americana Lhasa De Sela.
Pertenece a su álbum “La Llorona”
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Car tous nous allons et
disparaissons en sa
Car tous nous allons et
disparaissons en sa
maison
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