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ASSOCIATION
DES JOURNALISTES
LESBIENNES GAYS BI-E-S
ET TRANS
Informer
sans discriminer
UN KIT CONÇU
À L'INTENTION DES JOURNALISTES
ET DES PROFESSIONNEL-LE-S
DES MÉDIAS.
CONTACTS
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Création graphique : Franck Delaire — fdelaire@gmail.com
AJL – Association
des journalistes LGBT
P
a en effet fortement interrogé-e-s. Propos caricaturaux
as toujours évident pourtant l’inconvénient de
publiés sous la plume de confrères et consœurs
pour un néophyte ne pas représenter tout
dans leurs éditoriaux, espace et temps disproportionnés
de se retrouver le monde. C’est pourquoi
accordés à des opposant-e-s à la loi sur les plateaux
dans la jungle de sigles sont apparus les sigles :
de télévision ou dans les pages des magazines, etc. :
désignant les membres — LGBTQ, pour
tout s’est passé comme si les propos à caractère des communautés les personnes « en
homophobe n’étaient qu’une simple opinion et non homo et trans. Alors Questionnement »
un délit et comme si les discriminations envers les faisons simple : le terme ou « Queer » (c’est-
homosexuel-le-s étaient plus acceptables que celles le plus couramment à-dire remettant
qui touchent d’autres minorités. Trop souvent, la place employé dans la presse globalement en question
laissée aux opposant-e-s et à leurs propos haineux généraliste est LGBT, pour l’hétéronormativité de la
a trouvé sa justification dans le fait de garantir parler des personnes société).
un « traitement équilibré » du sujet. Lesbiennes, Gays, Bi-e-s — LGBTQI, pour les
et Trans. L’avantage de « Intersexué-e-s »
C’est pourquoi nous avons créé, au printemps 2013,
ce sigle est qu’il est — D’autres sigles sont
l’Association des Journalistes LGBT (AJL). Ses objectifs :
utilisé un peu partout également employés mais
réagir et se mobiliser à chaque fois que des propos
dans le monde. Pratique, pour plus de clarté, nous
injurieux et discriminatoires à l’encontre des homosexuel-le-s
compréhensible par le n’utiliserons que le sigle
et des personnes trans seraient publiés sous couvert plus grand nombre, il a LGBT.
de « débat ». Mais aussi rappeler aux médias que
leurs publics ne sont pas exclusivement composés
d’hétérosexuel-le-s et que cette diversité doit être prise
en compte. Enfin, mener un travail de pédagogie sur le
traitement médiatique des questions spécifiques touchant
les LGBT pour lutter contre les préjugés et les clichés.
OÙ EST LE PROBLÈME ? d’utiliser des expressions qui laissent croire qu’il existe
un mariage spécifique pour les couples homos.
Par maladresse ou par manque d’information,
les journalistes emploient ou reprennent des termes « Avouer son homosexualité »
approximatifs, inexacts voire dépréciatifs ou injurieux On avoue un crime, pas une orientation sexuelle.
pour les personnes dont il est question. Or les Dire « avouer son homosexualité » entretient l’idée
mots sont, concernant ces sujets, particulièrement qu’il s’agit d’une faute, de quelque chose de honteux.
importants. Pourquoi ne pas choisir d’utiliser, pour Préférons donc « faire son coming-out ». Ou, pour les
une information plus efficace, des mots précis, clairs plus francophiles, « révéler » ou « annoncer son
et positifs ? Voici quelques pistes. homosexualité ».
Q
uand le plongeur coming-out, c’est arrêter de Il ne faut pas sous-estimer
Tom Daley annonce jouer la comédie et de se sa dimension politique. Par
qu’il est bisexuel, cacher. C’est aussi rappeler ailleurs, lors d’une interview,
il faut considérer que le que la société est diverse ne présumons pas de
coming-out de ce champion et que la communauté LGBT l’orientation sexuelle de
olympique est une information l’est aussi. C’est également l’interwievé-e. Posons plutôt
importante. Il ne s’agit pas offrir aux jeunes LGBT des des questions ouvertes qui
seulement de sa vie privée. références pour se construire leur permettent d’évoquer
La société (parents, ami-e-s, et ne pas avoir honte de librement leur vie amoureuse.
collègues, administration, leur orientation sexuelle ou A il-elle de voir ensuite s’il
etc.) présuppose souvent que de leur identité de genre. Le a envie d’aller plus loin.
nous sommes tous et toutes coming-out n’est donc pas Quand on y pense, toutes
hétérosexuel-le-s. Pour les forcément une info anodine les comédiennes n’ont pas
personnes LGBT, faire son à reléguer aux pages people. forcément un amoureux !
L’outing
L
’outing est le privée. Depuis, peu de Nitkowsky a révélé
fait de révéler journalistes s’y risquent. l’homosexualité de deux
publiquement Pourtant, en 2005, responsables du Front
l’homosexualité d’une la justice a débouté national dont Steve
personne sans son Marc-Olivier Fogiel Briois. La cour d’appel
consentement. Aux et Stéphane Bern de de Paris a décidé que
États-Unis et au leurs plaintes contre l’homosexualité du plus
Royaume-Uni, il a l’Expansion, car les connu pouvait être
été utilisé contre juges ont considéré que mentionnée, vu son rôle
des personnalités les deux personnalités politique. N’est-ce pas
gay ou lesbiennes avaient déjà donné en effet une information
qui soutenaient des des indications sur leur valable que de souligner
tou-te-s hétérosexuel-le-s
politiques homophobes. orientation sexuelle les incohérences d’un
En France, Jean-Luc dans la presse et qu’il homme politique ? mais ce n’est pas le cas !
Romero a fait condamner n’y avait donc pas Pourquoi mentionner Vous voilà chargé d’un
en 2004 un magazine atteinte à la vie privée. spontanément la vie reportage consacré
qui l’avait outé, pour Et dans un livre paru en privée des hétéros et aux conflits au sein du
atteinte à la vie décembre 2013, Octave taire celle des homos ? couple ? Aux meilleurs
endroits pour se dire
« Je t’aime » à Brest ?
ces paraphrases sont, d’une certaine façon, une A la rentrée des classes ? Au stress au travail ?
manière d’’invisibiliser les personnes LGBT, et de faire Pourquoi ne pas demander leur avis aux LGBT ?
comme si, dans la société, ces amours-là n’existaient Dans les sujets société ou lifestyle, la parole est en
pas tant qu’elles ne sont pas vraiment nommées. effet quasiment toujours donnée à des personnes
Pour dire qu’une personne est (ou était) homosexuelle, hétérosexuelles. Pourquoi ne pas diversifier votre panel
évitons donc les allusions et les circonvolutions et « Monsieur et Madame tout-le-monde » ? A éviter
écrivons… eh bien qu’elle est (ou qu’elle était) aussi, autant que possible, les généralisations qui ne
homosexuelle. Ce n’est pas si grave, vous savez... sont valables que pour les personnes hétérosexuelles :
« toutes les femmes » ne rêvent pas forcément « d’un
Une « famille normale » homme qui… » et tous les hommes ne cherchent pas à
Si ce n’est pas pertinent pour le sujet, vous savoir « comment la combler »...
conviendrez qu’il n’est pas utile de donner des
précisions sur l’orientation sexuelle des membres « L’avis du psy »
d’une même famille. Toutefois, si l’on souhaite vraiment Il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des
faire la distinction entre les familles, n’opposons pas interventions de médecins, de psychiatres ou de
dans une même phrase la famille « normale » psychanalystes pour traiter de la question de
à la famille « homoparentale » ou bien la famille l’homoparentalité ou de la transidentité. Surtout
« classique » à la famille « atypique ». Parlons tout lorsque l’on traite le sujet d’un point de vue social ou
simplement de familles hétéroparentales et de familles juridique. Cette démarche revient en effet à
homoparentales. En outre, les « parents » qui pathologiser les LGBT. Or, l’homosexualité et la
composent ces dernières ne sont pas à mettre entre transidentité ne sont pas des maladies. n
guillemets (au sens littéral et figuré). Comme les autres,
les personnes LGBT sont des mères, des pères, des
beaux-parents, des épouses, des maris, des divorcé-es,
veufs et veuves, etc. Et en ce qui concerne la famille
normale, qui peut se targuer d’en avoir une ?
Le lobby gay
et la « théorie du genre »
de lesbiennes faisait partie des engagements familles homoparentales. Or, cette loi, dans ses
de campagne de François Hollande, avant d’être insuffisances, s’avère discriminante puisque la décision
écartée du projet de loi sur le mariage puis de l’adoption est confiée au bon vouloir des juges
repoussée au calendes grecques le 27 avril 2014 par qui sont libres d’interpréter les textes selon leurs
le gouvernement socialiste de Manuel Valls. Notons convictions personnelles (décision du TGI de Versailles
que l’éventuel élargissement des conditions d’accès en avril 2014).
à la PMA dépasse les questions LGBT puisqu’elle
pourrait également concerner les femmes célibataires. Encore une fois, la loi n’est pas la même
D’ailleurs, le 2 mai 2014, le Planning familial qui « milite pour tout le monde…
et se bat depuis plus de cinquante ans pour que Quant à la GPA, rappelons qu’elle est totalement
toutes les femmes puissent disposer de leur corps interdite en France et que son autorisation relèverait
librement (...) sans entrave religieuse, politique ou nécessairement d’une modification des lois
juridique », s’est engagé en faveur de l’accès bioéthiques. A l’étranger, la GPA est, en outre, très
à la PMA pour toutes. différente selon les pays qui l’autorisent : elle peut être
La loi sur le mariage devait aussi permettre très encadrée par certains États comme le Canada,
à l’épouse ou à l’époux d’adopter plus facilement les États-Unis ou la Grande-Bretagne, et beaucoup
les enfants de son conjoint (quel que soit le mode moins par d’autres, comme l’Ukraine ou l’Inde.
de conception) et d’avoir un statut légal, utile au bon Par ailleurs, la GPA ne fait pas l’unanimité au sein des
fonctionnement et à la reconnaissance sociale des associations LGBT et féministes. n
En finir avec
l’invisibilité des lesbiennes
D
les femmes » ans l’inconscient que celles des gays.
Utliser le mot « lesbienne » n’est vraiment pas un collectif, les Pour parler d’un groupe
problème surtout s’il permet d’éviter le très abstrait termes « gay » et mixte, parlons donc
« un relation forte entre deux femmes », le poétique « homo » renvoient aux plutôt de « gays et de
mais inexact « chère amie » ou l’hétérocentré, long
hommes. Soyons précis, lesbiennes », pas juste
donc, lorsqu’ils s’agit de d’« homosexuels ». De la
et ringard « une femme qui préfère les femmes ».
lesbiennes, d’autant que même façon, n’hésitons
Préférer suggère, en effet, qu’on aime deux choses
leurs problématiques (voir pas à parler de
dont l’une plus que l’autre. Ici, il s’agit de femmes qui
ci-dessus) ne sont pas « lesbophobie » et pas
couchent avec d’autres femmes, il n’est pas question forcément les mêmes juste d’« homophobie ».
d’autre chose. Une femme peut très bien aimer les
D
ifficile de rendre la communauté LGBT, les personnes LGBT.
compte de toute mais essayons d’être N’oublions donc pas
la diversité attentif-ve à varier les de dater ces documents
d’une communauté représentations. Dans ce (et de les sourcer) et
en une seule photo ! genre de manifestations, de toujours se poser
Ainsi, chaque année, on trouve aussi des la question de la
de nombreux médias femmes, des jeunes, pertinence de cette
choisissent d’illustrer des vieux, maquillés, réutilisation. Pour ce
la Marche des fiertés à barbe, à talons ou qui est des légendes
(ex-Gay Pride) avec des en sandales, en tee- (ou de la voix off), il est
images de personnes shirt ou en chemise. important de respecter
« Le dégoût des
très maquillées Attention également si le souhait des personnes
hommes »
(généralement des vous réutilisez plus tard interrogées sur leur
hommes), vêtues de ces photos (ou vidéos). anonymat et/ou sur Des phrases comme
tenues exotiques ou Les images de La la manière dont elles « Son précédent
presque dévêtues... Marche des fiertés sont veulent être désignées. compagnon, violent, l’a
Pourquoi pas, c’est souvent resservies pour dégoûtée des hommes »
joyeux, coloré et c'est illustrer n’importe quelle ou « Elle a sûrement eu
une des facettes de actualité concernant une mauvaise
expérience avec les
hommes », ou « Elle n’a
avec surprise qu’une femme est « lesbienne mais pas trouvé celui qu’il lui fallait » ou encore « Avec
féminine ». S’en étonner, c’est maintenir les lesbiennes son physique, pas étonnant » résument à elles
dans des stéréotypes de genre d’un autre âge. seules les pires clichés qu’on puisse entendre sur les
D’autant que les journalistes ont déjà tendance lesbiennes . Être lesbienne n’est pas une orientation
lorsqu’ils présentent une femme hétéro à insister sur sexuelle par défaut. On n’est pas lesbienne faute
ses caractéristiques physiques (« Cette jolie brune », d’avoir trouvé mieux. Notons aussi que dans les
« Cette charmante cinéaste aux yeux bleus », « Cette exemples précédents, il est toujours question des
musicienne qui nous prouve que talent et beauté hommes. Et si, justement, pour une fois, il ne
peuvent faire bon ménage »), beaucoup plus que s’agissait pas d’eux ? n
pour un homme. En outre, il existe autant de sortes
de lesbiennes que de sortes de femmes.
Les représentations
stéréotypées des homosexuels
masculins
Respecter
les personnes trans
OÙ EST LE PROBLÈME ? compter que les personnes trans sont aussi les
victimes régulières de graves, agressions sans
Si les sujets concernant les gays et lesbiennes sont qu’aucun média ne s’émeuve vraiment de la
parfois truffés de clichés ou d’approximations, que fréquence et de la barbarie de ces violences.
dire de ceux concernant la transidentité ! Elle est
souvent confondue avec l’homosexualité et son
traitement journalistique se limite généralement aux
personnes travesties interviewées à la Marche des ATTENTION, PENTE GLISSANTE !
fiertés LGBT ou au sensationnaliste « Quand Gaston
devient Marguerite » avec les inévitables photos « C’est un homme ou une femme ? »
avant/après à l’appui. D’abord, respectons le genre vécu de la personne
Or cette façon de traiter le sujet a tendance à interwievée c’est-à-dire la façon dont elle se définit.
invisibiliser les vraies difficultés des trans : précarité, Ce qui signifie, entre autres, de la nommer ou de
fort taux de prévalence au VIH, psychiatrisation, s’adresser à elle avec le pronom adéquat. « Il/un »
parcours du combattant pour entamer une transition dans le cas d’une transition « femme vers homme »
dans les hôpitaux publics, difficulté à obtenir des (les anglo-saxons disent FtoM pour Female to Male) ;
papiers en adéquation avec son genre vécu. Sans « Elle/une » dans le cas d’une transition « homme
sociales et autres spécialistes s’extasient devant la ne doivent pas se laisser aller au sensationnalisme et
détermination des personnes trans à braver les véhiculer sans réfléchir, comme nous l’avons vu lors
normes de genre. Les personnes trans ne cherchent des manifestations contre l’ouverture du mariage aux
pas forcément toutes à « troubler le genre » et à couples de même sexe, des slogans transphobes
démontrer à quel point tout cela est subversif au assimilant les personnes trans à des monstres qui
sens théorique du terme, elles cherchent à vivre leur sèmeraient la confusion chez les enfants. n
vie le mieux possible, comme tout le monde.
VIH/sida,
comment en parler ?
« L'homosexualité
n'est pas forcément qu'un
élément de la vie privée »
Lea Forestier, avocate spécialiste
du droit de la presse
Dans quels cas l’homophobie peut-elle être février 2014, le sénateur PS Jean-Pierre Michel,
condamnée par les tribunaux ? poursuivi pour diffamation par « La Manif pour
tous » après avoir affirmé que ce mouvement
La loi sur la liberté de presse de 1881 a été faisait preuve de « déni d’homophobie » n’a pas
enrichie en 2004 de sanctions pénales contre les été condamné par la cour d’appel de Paris, car
personnes provoquant à la haine, à la violence, à la le tribunal a estimé qu’il s’agissait plutôt d’une
discrimination à l’égard d’une personne, ou d’un injure.
groupe de personnes, en raison de leur sexe ou de La 17e chambre du tribunal de Paris, chargée
leur orientation sexuelle. Les sanctions peuvent aller des affaires de presse, a ainsi jugé le 10 février
jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 45 000 € 2012 que le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé
d’amende. L’hebdomadaire Minute a été condamné avait le droit d’évoquer les « propos
en mai 2014 à 4000 € d’amende et 3000 € de homophobes » de l’ancien député UMP Christian
dommages et intérêts pour une couverture jugée Vanneste, car celui-ci est connu pour plusieurs
homophobe par le tribunal correctionnel de Paris. En déclarations dénigrant l’homosexualité. « Jean-
cause : son caractère « réducteur, clairement Vincent Placé disposait ainsi d’une base factuelle
méprisant et outrageant ». suffisante pour s’exprimer comme il l’a fait », a
Pour autant, il demeure très délicat de tracer jugé le tribunal. Il a en revanche été condamné
une ligne claire entre les propos susceptibles pour avoir affirmé dans la même phrase que
d’être condamnés pour homophobie et ceux ne Christian Vanneste tenait des « propos racistes »,
dépassant pas les limites de la liberté d’opinion et faute de base factuelle.
d’expression. Ainsi, Christian Vanneste a été Qualifier dans un article ou un sujet une
condamné en première instance puis en appel pour personne (ou ses propos) d’« homophobe » est
injures homophobes en raison de propos dans donc possible, mais à condition, soit de disposer
lesquels il jugeait l’homosexualité « inférieure d’une base factuelle suffisante permettant d’étayer
moralement » et « dangereuse pour l’humanité », son propos, soit de satisfaire aux quatre critères
avant que la Cour de cassation ne considère ces de la bonne foi : l’absence d’animosité personnelle,
propos comme licites, quand bien même ils auraient la légitimité du but poursuivi, la qualité de
pu « heurter la sensibilité de certaines personnes l’enquête, la mesure et la prudence des propos
homosexuelles », les infractions prévues par la loi de tenus. A vous, journalistes, de mesurer les risques
2004 devant, selon elle, être entendues de façon avec votre directeur de la publication. Dans
restrictive afin de ne pas porter une atteinte trop tous les cas, il est toujours possible d’écrire, par
importante à la liberté d’opinion. exemple, qu’un propos « peut être ressenti comme
homophobe ». Le risque d’être poursuivi dans ce
En tant que journaliste, puis-je écrire dans un cas-là est faible.
article ou dire dans un sujet que telle personnalité Si aucun journaliste n’a semble-t-il été, à ce
(ou ses propos) sont « homophobe(s) » ? jour, condamné pour diffamation pour avoir estimé
que telle personnalité, ou ses propos, étaient
Ce genre d’affirmation peut tomber sous le coup homophobes, le rédacteur en chef de la Voix du
de la diffamation. Mais tout dépend du contexte. En Midi fait actuellement l’objet de poursuites pour
complicité de diffamation contre le FN pour avoir Journaliste, je relaie un « outing ». Quels sont les
rapporté les propos de deux ex-militants dénonçant risques encourus ?
notamment l’homophobie au sein du parti.
Le fait pour un-e journaliste de relayer un
Un-e journaliste risque-t-il quelque chose à révéler « outing » révélé par la presse ou tout autre média
qu’une personne est lesbienne, gay, bi-e ou trans ? l’expose théoriquement à des poursuites pour
violation de la vie privée au même titre que l’auteur
D’abord, il faut distinguer deux notions souvent de l’« outing » en question. Pour autant en pratique,
confondues : le « coming-out » et l’« outing ». l’information devient, suite à sa première divulgation,
Le « coming-out » est le fait de révéler un sujet d’actualité susceptible de faire l’objet de
volontairement son homosexualité ou sa transition de commentaires dans les médias. Ainsi, le droit ne
genre. Le journaliste peut l’encourager, en posant la sanctionne que la révélation au public d’un élément
question à la personne qu’il interviewe. Libre à de la vie privée, non sa stricte reprise après
celle-ci de le dire, ou pas. divulgation.
L’« outing » est le fait de révéler publiquement L’on pourrait se questionner toutefois sur les
l’homosexualité ou la transition d’une personne raisons qui font qu’encore aujourd’hui l’homosexualité,
contre sa volonté. Il peut constituer une atteinte à la qui n’indique pourtant rien d’autre que l’orientation
vie privée, très protégée en droit français. En cas sexuelle, demeure un élément de la vie privée alors
de poursuites pour atteinte à la vie privée (le délai que l’hétérosexualité n’a jamais fait débat
de prescription est de trois mois), le juge cherchera judiciairement. Finalement ce n’est que parce que
à répondre à deux questions : l’atteinte à la vie notre société est encore homophobe que l’évocation
privée est-elle constituée ? Et si oui, cette atteinte de l’homosexualité peut porter préjudice. n
est-elle justifiée par un débat d’intérêt général et le
droit à l’information du public ? Plus une personne
est présente, visible ou influente dans la vie
publique, plus la sphère de sa vie privée se réduit.
Jean-Luc Romero a obtenu en 2004 la
condamnation d’un magazine qui l’avait « outé »,
pour atteinte à la vie privée. Depuis, peu de
journalistes s’y risquent. Pourtant, en 2005, la justice
a débouté Marc-Olivier Fogiel et Stéphane Bern de
leurs plaintes contre l’Expansion car les juges ont
considéré que les deux personnalités avaient déjà
donné des indications sur leur orientation sexuelle
dans la presse et que la divulgation publique ne
constituait pas dans ces conditions une atteinte à
la vie privée. En décembre 2013, la cour d’appel de
Paris a jugé légitime l’évocation dans un livre de
l’homosexualité du secrétaire général du Front
national Steeve Briois, un proche de Marine Le Pen,
au motif qu’il s’agit d’une « personnalité politique de
premier plan » et que cette information « est de
nature à apporter une contribution à un débat
d›intérêt général ». L’homosexualité de Steeve Briois
avait en effet été évoquée qu’en ce qu’elle a pu
avoir un impact dans l’infléchissement de la ligne
idéologique du FN sur la question homosexuelle. En
revanche, les juges ont estimé que révéler l’identité
de son compagnon n’était pas d’intérêt public en
raison du caractère moins public de son implication
dans la vie politique, ce qui est à mon sens très
contestable.
Contacts
utiles
FièrEs
Fieres.wordpress.com
SANTÉ / VIH
Gouines comme un camion
Gouinecommeuncamion.tumblr.com | AIDES
jesuis@gouinecommeuncamion.com Aides.org | Antoine Henry : 01 41 83 46 63
06 10 41 23 86 | contact : presse@aides.org
RELIGION
Beit Haverim – Goupe juif gay et lesbien de France
JEUNESSE Beit-haverim.com |
porteparole@beit-haverim.com
CAELIF – Collectif des Associations Étudiantes LGBT
d’Ile-de-France David et Jonathan – Mouvement homosexuel chrétien
Caelif.weebly.com | contact@caelif.fr Davidetjonathan.com |
communication@davidetjonathan.com
Le MAG jeunes lesbiennes, gais, bis et trans
Mag-paris.fr | 01 43 73 31 63 H2MF – Homosexuels musulmans 2 France
Homosexuels-musulmans.org |
homomusulmans@gmail.com
SPORT
FSGL – Fédération sportive gaie et lesbienne
Fsgl.org | 06 22 27 80 09 | presidente@fsgl.org
CONTACTS
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