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CONSEIL GÉNÉRAL

2012 – 2018

Le temps de l’évaluation

Viator Web n° 84 Juin 2018

Au premier septembre 2018, six années se seront écoulées depuis l’entrée en fonction du conseil
général actuel. C’est un cliché de dire que le temps passe vite! Le rythme de la vie est accéléré et les
divers événements ont tôt fait de combler l’agenda des personnes qui acceptent de telles
responsabilités internationales pour notre famille religieuse.
Au cours des six dernières années, par l’intermédiaire du Viator Web, nous avons voulu donner la
parole à plusieurs Viateurs les interpellant à partager à leurs frères et sœurs des divers pays où
nous sommes, leurs convictions, leurs perspectives, leurs points de vue sur divers sujets. À cet
égard, nous sommes fiers que le Viator Web soit devenu un carrefour d’idées appartenant à l’ensemble
de la communauté. Certains auraient voulu qu’il en soit autrement… soit! Nous croyions et croyons
toujours que l’accentuation du sentiment d’appartenance internationale des Viateurs doit passer par
de tels moyens.
Ce dernier Viator Web de notre mandat laissera la parole aux cinq membres du conseil général. À
chacun, la question suivante est adressée : quels sont les éléments qui ont marqué votre expérience?
À toutes et tous, bonne lecture!
Être pasteur
d’une communauté en 2018 ?

P. Alain Ambeault, c.s.v.,


supérieur général

À ce moment-ci, ou six ans plus tôt lorsqu’un confrère désigné s’est approché pour me demander
si j’acceptais d’être disponible en vue de l’élection du supérieur général, la même question
s’impose : qu’est-ce qu’un pasteur d’une communauté? Pasteur d’une communauté comme la
nôtre en 2018? Loin de jongler avec ces nombreuses réponses théoriques qui suffiraient à
combler le court espace que Viator Web a dévolu à chacun des membres du conseil général, je
veux plutôt relire ces six années et laisser émerger les convictions et les questionnements que
cette expérience suscite.
D’entrée de jeu, je dois le dire : c’est une grâce! Recevoir la confiance de nos frères pour assumer
cette tâche de premier pasteur, c’est prendre conscience comme jamais auparavant de
l’enracinement profond de notre identité viatorienne. Cette expérience m’a permis de toucher
de près aux grandeurs de ce que nos frères et sœurs Viateurs vivent dans les pays où nous
sommes tout autant que leurs fragilités. Jour après jour, être associé aux défis de nos
communautés par les contacts qui aujourd’hui font fi de la distance, c’est une grâce! Être pasteur,
c’est garder le cœur ouvert à la vie qui interpelle par son histoire, sa foi, ses cultures. C’est aussi
toujours se préoccuper de ce qui nous garde unis, en communion profonde avec l’essentiel du
charisme dont nous sommes les héritiers et la mission que nous réalisons en Église.
Être pasteur, ce fut aussi entrer dans ce mouvement d’Église qui nous interpelle plus fortement
que jamais de garder l’équilibre entre la fidélité et la créativité, toutes deux essentielles et
complémentaires. Au cours de ce mandat, divers changements sont survenus et certains ont
soulevé des vagues. Tous ont été le fruit d’une réflexion sérieuse, de consultations et d’une
tentative de mettre en œuvre ce que le pape François nous dit : la pastorale en terme
missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du « on a toujours fait ainsi ».
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J’invite chacun à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures,
le style et les méthodes évangélisatrices. (E.G. 33).
Nous sommes une communauté apostolique et nous devons prendre conscience de la nécessité
de nous interroger en profondeur sur ce que nous sommes, notre réalité et les « conversions »
qui s’imposent dans nos manières de faire et d’agir. Mais cela fait peur et le changement nous
déstabilise!
J’ai la ferme conviction que l’avenir de la communauté viatorienne, partout où nous sommes,
nous convie à une conversion importante : l’apprentissage de la responsabilité commune. Je le
dis comme je le pense : notre pire péché serait de nous replier en défenseurs de nos avantages
et ainsi de tourner le dos à la diversité qui ne peut qu’enrichir ce qui se vit dans chaque pays. La
peur de perdre le contrôle… la peur de la centralisation… d’une manière différente de faire… de
devoir nous adapter… Toutes ces craintes ne doivent pas nous rendre insensibles aux signes
qui se veulent autant d’appels à ouvrir les yeux et à voir ce vers quoi l’avenir nous appelle.
Notre solidarité ne doit plus attendre la main tendue, elle doit provenir d’une attention de
tout instant, de cette charité qui est l’expression parfaite de l’amour.
Le dernier document de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée est clair : À vin
nouveau, outre neuve! Être pasteur, c’est tout faire pour que jamais nous n’enfermions la vie
dans de vieilles outres. Oser, c’est croire au Dieu de la vie qui veille sur nous! Oser, c’est être
convaincus que l’Esprit inspire, guide et soutient!
En terminant, je crois fortement qu’être pasteur d’une communauté comme la nôtre, c’est
faire en sorte que la responsabilité pastorale, à quelque niveau que ce soit, demeure pertinente
si elle se situe proche de la vie. Si certains craignent à juste titre la centralisation, il faut aussi
rappeler qu’il faut éviter l’isolement qui tue la vie. Les divers niveaux de la responsabilité
pastorale doivent trouver les nouveaux carrefours qui permettront de relever ensemble les
mêmes défis, animés d’une communion renouvelée.
Le pape François nous appelle aux frontières. Pour nous, il importe que nous quittions les
sécurités de nos manières de faire et d’oser les frontières de nos perceptions, de nos convictions,
de nos manières bien établies de faire. Aller aux frontières, c’est croire que ceux que nous
rencontrerons auront quelque chose d’essentiel à nous partager pour la poursuite de notre
route.
Être pasteur, c’est une grâce et un défi énorme! Ma conviction profonde est que nous devons
renouveler les liens qui unissent les pasteurs aux divers niveaux afin que la responsabilité
pastorale chez les Viateurs soit inspirée, forte et résolument tournée vers l’avenir qui appelle
davantage le sentiment d’une identité commune. Cela ne se réalisera que si nous nous
considérons tous comme des frères et des sœurs qui ont réellement besoin les uns des autres.
Oui, être pasteur d’une communauté comme la nôtre est possible en 2018, mais seul un fiat
commun rend cette tâche possible, réelle et effective.

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Être au service de la famille viatorienne

P. Harry Célestin, c.s.v.


vicaire général

Je me souviens de ce 14 juillet 2012 quand j’ai reçu un appel nocturne du supérieur général
élu, à cause du fuseau horaire différent d’Haïti, en vue de me demander de faire partie de son
conseil. J’avais le reste de la nuit pour discerner. J’ai accepté de me mettre au service de la
grande famille viatorienne au niveau international. Je suis très reconnaissant au père Alain
pour cette expérience enrichissante qui m’a permis d’aller à la rencontre des Viateurs dans leur
milieu de vie et de mission. Elle m’a donné l’occasion également d’assurer la continuité en
faisant le pont entre notre congrégation et les différents dicastères du Vatican. Je remercie le
père Lezama qui fut procureur près le Saint-Siège pendant plusieurs années, et qui avait bien
pris du temps pour m’initier.

Des rencontres pour mieux comprendre et apprécier


Le choix du supérieur général de faire les visites en compagnie des autres membres du conseil,
quand c’était possible, a permis de mieux comprendre la réalité de nos sœurs et frères Viateurs
et aussi des personnes auprès desquelles ils sont envoyés. Le père Querbes s’est laissé guider
par l’Esprit, c’est-à-dire par les exigences de l’Évangile et de la proclamation de son message
dans un moment historique bien déterminé de la France. Il n’a pas gardé pour lui-même cette
intuition reçue, il est poussé à la transmettre. C’était merveilleux de voir dans ces quatre
continents comment des hommes et des femmes de nos différentes communautés viatoriennes,
voulant vivre pleinement leur baptême, ont entendu l’appel à vivre ce charisme et ont choisi
de le réaliser dans leur vie personnelle et communautaire. Ils ont éprouvé et authentifié dans
la réalité quotidienne ce don confié à notre Fondateur et qui appartient maintenant à toute
l’Église. Une fière chandelle à toutes ces personnes qui contribuent à développer et enrichir
notre présence dans le monde, notre maison commune. Les visites ont permis à tout le conseil
de rencontrer plusieurs de nos aînés qui se sont donnés ou qui se donnent encore dans la joie.
Avec conviction et détermination, ils ont affronté bien des écueils pour faire fructifier l’arbre
querbésien.
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En rencontrant les Viateurs de partout, nous avons admiré la richesse des différentes façons de
vivre l’héritage du père Querbes. Ils vivent concrètement leur foi en y mettant la couleur de leur
culture et aussi l’expérience de leur cheminement avec le Vivant. Cette foi des Viateurs est vécue,
approfondie et célébrée aussi bien dans des milieux où croire en Dieu va plus ou moins de soi,
que dans des pays où pratiquer sa foi apparaît, aux dires du philosophe français Denis Moreau,
comme une bizarrerie datée. Dans la simplicité et autour de la Parole de Dieu, ils vivent des
rencontres porteuses de sens avec les jeunes, les moins jeunes et les plus vulnérables. En
partageant joyeusement ce qu’ils sont, ils s’évertuent à être des allumeurs d’étoiles, des semeurs
d’espérance, des témoins de la tendresse et de la miséricorde de Dieu. Nous avons vu entre
autres des communautés qui cherchent de bien des manières à être toujours plus signifiantes.
Par des petits gestes, elles montrent beaucoup d’intérêts pour qu’il y ait plus de justice sociale et
que la course au profit ne fasse pas oublier les sans-voix. Comme le disait saint Charles Lwanga,
c’est bien pour cela que le Verbe s’est fait frère.
Il est certain également que notre famille viatorienne peut continuer à faire encore mieux pour
qu’il y ait un peu plus d’ouverture pour poursuivre notre présence dans l’aujourd’hui de ce monde
qui bouge et aussi pour savoir bien entrer dans l’avenir. À mon humble avis, c’est dans la confiance
mutuelle, la fraternité, l’intimité avec Jésus et surtout en faisant confiance aux imprévus de Dieu
que nous pourrons avancer avec une espérance qui va au-delà de la peur. Ce n’est pas un esprit
de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse. (2Tm 1,7)
Adoré et aimé soit Jésus!

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Quelques souvenirs des six dernières années

Luis Alvarez Torres, c.s.v.,


économe général

Au terme du mandat actuel du conseil général, je suis invité à collaborer à ce Viator Web en
évaluant ce que j’ai vécu comme conseiller et économe général. Les expériences ont été
nombreuses au cours de ces 6 ans, mais comme l’invitation spécifiait un texte bref, je me
contenterai des principales réalisations afin de laisser un peu d’espace à la fin pour mes réflexions
et mes opinions.
Quoique je me sois présenté avec plus de 30 années d’expérience à divers niveaux dans les
domaines de la direction et de l’administration (présidence et la gérance d’organisations
intercongrégationnelles nationales en Espagne, en Europe et l’économat de la province
d’Espagne) accepter la tâche qui m’était offerte d’économe général constituait un tout autre
défi. Il s’agissait tout d’abord d’un domaine de gestion que je ne connaissais pas et qui m’obligeait
à vivre à l’extérieur de l’Espagne avec un bagage limité dans le domaine des langues (espagnol,
un peu de français, rien en italien). De plus, une circonstance à caractère familial limitait ma
disponibilité : je devais m’occuper de ma mère de 95 ans qui vivait seule dans une résidence.
Tout cela m’a contraint à répartir mes jours entre Rome et Madrid. Et sans oublier que, déjà à
ce moment, j’avais 68 ans.
Ma première tâche fut de bien lire et d’intégrer tout ce que notre droit particulier établit comme
responsabilités et compétences aux conseillers généraux et spécifiquement à l’économe général.
J’ai bien saisi depuis le début qu’il s’agit de collaborer avec le supérieur général et de lui rendre
compte de toutes mes activités. De plus, j’avais les responsabilités propres à l’administration
générale. En solidarité avec le supérieur général, je me suis donc appliqué à donner des suites
aux décisions du dernier chapitre général de 2012. Beaucoup de celles-ci m’apparaissaient en
relation directe ou indirecte avec la gestion des biens matériels. En conséquence, avant de
terminer l’année 2012, j’ai présenté au supérieur général et au conseil un projet d’action intitulé
« Une proposition globale » qui voulait répondre de manière globale et répartie dans le temps
aux demandes du chapitre.
Je dois accepter que si je connaissais bien le fonctionnement de la province d’Espagne, au
moment de rédiger ce projet, j’ai réalisé le peu de connaissances que j’avais du fonctionnement
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de l’ensemble de la congrégation et, quoique le projet fut bien accueilli par le supérieur général
et le conseil, nous avons dû réaliser que la structure et le fonctionnement très compartimenté
des provinces se heurtaient à un tel projet de travail solidaire, intégré et associé, car les intérêts
des uns ou des autres entravaient tout « projet global» que ce soit. Ainsi présentée, cette
proposition n’a pu aller de l’avant et l’auteur a dû corriger la perspective pour l’avenir.
Quoiqu’un des principes pour le discernement dit que « le tout est supérieur aux parties » je
pense qu’il est nécessaire d’écouter les parties lorsqu’on ne peut obtenir le tout. Ainsi, au cœur
de mes responsabilités et toujours sous l’autorité du supérieur général, je me suis appliqué à
donner des réponses individuelles aux décisions capitulaires correspondantes à l’administration.
En plus de la gestion annuelle courante (administration et comptabilité de la maison générale,
recouvrement des comptes, informations économiques des provinces, etc.) j’ai concentré mes
activités dans l’étude de la question de la localisation de la maison générale de Rome.
La conclusion de cette étude, réalisée avec la collaboration de deux commissions (une première
d’experts externes et l’autre de Viateurs représentant les provinces), a amené le CGE, en juin
2014, à prendre la décision de fermer et de vendre la maison de Rome. Cette décision comportait
diverses conséquences : 1. rénover et adapter la partie « Berceau » de la maison de Vourles
afin d’y établir la direction générale, ses archives, la bibliothèque, les objets du père Querbes et
le secrétariat général; 2. obtenir la représentation légale en France et en Espagne comme base
pour la délocalisation géographique du supérieur général et des conseillers; 3. fermer et vendre
la maison de Rome; 4. réorganiser la gestion économique et financière l’adaptant à la nouvelle
structure du conseil général. Dans le rapport économique que je présenterai au Chapitre, je
ferai état de tout cela.
Avant de terminer par des opinions et des réflexions, je veux remercier plusieurs Viateurs pour
leur appui et cela à plusieurs endroits de la congrégation, mentionnant de façon spéciale les
économes des provinces et de la délégation. J’apprécie de tout cœur leur esprit de collaboration;
à tout moment ils ont accueilli mes écrits et j’ai obtenu de promptes réponses de leur part à
tout ce que je demandais. Je pense que le travail, réalisé au cours des deux réunions des
économes (comité consultatif – RG 127), en 2014 et 2017, a été très intéressant et éclairant; il
en va d’un premier pas afin que ces rencontres aient un caractère annuel en vue d’une meilleure
coordination de la gestion économique et financière de notre congrégation.
D’autre part, je veux ici refléter ma joie pour l’opportunité que j’ai eue de découvrir et connaître
plus en profondeur la réalité de ma congrégation. Je crois que je ne réussirai pas à remercier
Dieu suffisamment pour les occasions qui m’ont été offertes de connaître plusieurs Viateurs
de tous les pays, leur travail courageux et engagé, leur confiance dans l’avenir malgré les forces
qui diminuent en plusieurs endroits. Les œuvres qui nous permettent de réaliser notre mission
sont toujours nombreuses au nom du charisme hérité de notre fondateur Louis Querbes et
elles laissent place à l’espérance. Malgré le fait que nos fragilités sont nombreuses et évidentes,
je crois que nos forces l’emportent toujours. Je confie de manière spéciale au prochain chapitre
général le soin de chercher et de trouver de nouveaux chemins de conversion et de revitalisation
pour toute la congrégation.
La fidélité au charisme et à la mission continue d’être le critère fondamental afin d’évaluer ce
que nous faisons, comment nous le faisons et à partir de quelle structure nous le faisons.
Regarder plus loin demande une décision, une vision du futur qui part de l’histoire, mais qui
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dialogue avec la réalité actuelle. Il s’agit de la capacité de s’engager dans un chemin qui se
prend ensemble et de laisser de côté nos particularismes qui cachent souvent plus nos
motivations utilitaires que fraternelles.
Je suspecte que si la fraternité est dimension relationnelle et essentielle au discernement,
nous pourrons ouvrir des chemins de revitalisation personnelle et communautaire et nous
pourrons également éloigner, avec intelligence et solidarité, les comportements étanches qui
fragmentent notre communauté internationale. Nous sommes appelés à élargir notre regard
afin de toujours reconnaître le meilleur à atteindre. C’est précieux d’intégrer les différences et
nous sommes invités à tisser des liens et des relations pour articuler quelque chose qui ne soit
pas homogène à différents niveaux (du local au global), dans divers domaines (du matériel au
spirituel). Cela signifie apprendre à travailler ensemble, entre communautés, entre territoires,
entre provinces et avec le conseil général. J’espère et je désire avec ferveur que le chapitre
général le réussira.

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Un autre vivre-ensemble

P. André Crozier, c.s.v.,


secrétaire général

En 2013, on s’en souvient, un comité a été formé afin de constituer un dossier sur la question
récurrente depuis quelques décennies de la localisation de la direction générale. Il proposa
plusieurs hypothèses. L’une d’elles prévoyait l’installation du siège de la congrégation à Vourles
avec la présence permanente du secrétaire général.
En juin 2014, le conseil général extraordinaire en fit une décision qui se concrétisa en avril
2015. Avant de planifier le déménagement, il a fallu réaliser d’importants travaux de rénovation
dans une partie du rez-de-chaussée et du premier étage du Centre Louis-Querbes et ceci en un
temps record. Trois ans déjà se sont écoulés depuis le transfert de nos archives plus que
bicentenaires au Berceau. À noter qu’en 2003, une partie importante de la bibliothèque dite
« du père Querbes » avait déjà quitté Rome pour rejoindre le deuxième niveau de la maison où
elle se trouve encore.
À Mostacciano, j’avais expérimenté la vie d’une communauté formée du conseil général et du
personnel de soutien en 2006-2012 puis au début du présent mandat en 2012-2015. Cette
installation à Vourles marqua donc le début d’une toute nouvelle expérience.
Ici, le rythme de vie est celui d’une communauté de frères retraités qui donnent sans bruit un
témoignage de prière. Cette vie de simplicité et de louange assidue est une précieuse
interpellation spirituelle pour ma tâche quotidienne. La majeure partie de mon temps – en
dehors des visites pastorales ou des CGE auxquels j’ai participé – se déroule dans ce bourg
pittoresque de Vourles que je connais depuis soixante ans et dans une demeure chargée
d’histoire qui suscitent la fierté de tout Viateur. Il va sans dire que j’apprécie particulièrement
les séjours du supérieur général chez lui. Son bureau fut selon des écrits dignes de foi celui du
père Querbes.
La salle affectée au secrétaire général est magnifique, spacieuse et lumineuse, et surtout très
tranquille. Elle est heureusement plus animée lorsque le silence du solitaire que je suis est
rompu par la présence des autres membres du conseil général pour nos réunions en sessions
plénières. Autrement, les rencontres du conseil se déroulent généralement le mardi, grâce au
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système Skype. Ce procédé s’est avéré efficace et satisfaisant. Il représente à n’en pas douter
un gain de temps et permet une prise de parole, demandée ou accordée, sans que celle-ci se
superpose à une autre. Comme si la technique transcendait la discipline!
Quitter mon bureau pour accéder aux archives, à l’étage inférieur, provoque un engouement
certain! L’endroit est agréable. Dans nos locaux de Rome, les nombreux documents d’archives
et les divers dépôts étaient répartis sur quatre étages dans plusieurs pièces, voire même dans
un corridor, pour des dossiers et des fichiers… Ici, nos archives bénéficient de deux espaces
contigus, assez grands pour contenir dans l’un ce qui regarde le fondateur, dans l’autre ce qui
concerne la congrégation. L’excellent éclairage facilite un travail prolongé en ce lieu qui fut à
ses débuts la salle de conférence.
Les archives dites « vivantes », qui demandent une consultation plus fréquente et qui absorbent
les classements en cours, se situent dans la salle du secrétariat, à portée de main. Et le meuble
qui trône au beau milieu a déjà tout une histoire. La noble table du conseil réalisée par des
confrères ébénistes pour la maison de Mostacciano pourrait nous livrer bien des secrets et
surtout témoigner des mûres décisions qui furent élaborées autour d’elle par les conseils
généraux successifs depuis 1973.
Chaque lieu de vie a sans aucun doute son importance et voici que depuis trois ans, celui des
membres du conseil – qui probablement auront tous accompli le présent mandat du début à la
fin – se situe soit à Montréal, soit à Madrid, à Las Vegas ou à Vourles. La proximité a-t-elle
besoin d’un « côte à côte » pour exister? Pas nécessairement, à en croire mon expérience de
près de douze ans. Comme l’a affirmé l’un d’entre nous, « on se sent tout aussi proche les uns
des autres que lorsque nous étions sous le même toit ». La proximité de pensée comme la
solidarité ne connaît pas de distance et cela est vrai d’ailleurs, avec tout un chacun, dans nos
relations avec les frères de tous les pays, au fil des jours et parfois des nuits. Ainsi des frères
communiquent entre eux, même sous le toit commun, grâce aux fonctionnalités rapides des
messages électroniques. Laissons cet état de fait révolutionner nos habitudes!
Et dans nos rencontres, lors des visites des CGE hors-les-murs, nous apprécions d’autant plus
faire la connaissance de ceux et celles avec qui nous avons pu nouer des liens de proximité et
de fraternité. Ce qui ne doit surtout pas nuire à ces liens, c’est la solitude absolue ou le repli sur
soi, c’est le refus de la rencontre ou le manque d’attention à l’autre, c’est l’ignorance ou l’oubli
de cette expérience gratifiante du psalmiste « Voyez ! Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en
frères tous ensemble! » (Ps 133,1) Notre habitation n’est-elle pas devenue « la maison commune »
planétaire de notre vivre-ensemble viatorien?

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L’inspiration vivante du père Querbes

Carlos Flórez, c.s.v.,


conseiller général

Le père Querbes
Le père Querbes fut un thème majeur au cours de nos visites pastorales; nous l’avons présenté
comme celui qui marche avec nous. Nous voulions rappeler sans cesse que, sans le père Querbes
et sa vision, nous ne serions pas ce que nous sommes devenus.
Pour comprendre le charisme du père Querbes, il est nécessaire d’être en harmonie avec ce
qu’il a été, son inspiration initiale et son projet. Ainsi nous apprécions le don qui, à travers lui,
a été fait à l’Église.

Au cours de mon ministère à la direction générale, j’ai redécouvert l’admiration et l’affection


que je portais au père Querbes, sa vision, sa mission et ses vertus. Ce fut un regard porté sur
notre histoire, la compréhension que le père Querbes est vivant au milieu de nous et la
reconnaissance que son exemple de vie illumine notre route et nous guide. Son inspiration
continue d’être présente partout dans le monde, spécialement là où les Viateurs vivent et
œuvrent. Les religieux, les associés et toutes les personnes qui participent à notre mission
annoncent d’une manière ou d’une autre les vertus particulières du père Querbes, vertus
vivantes et actives. C’est ainsi que la foi, l’espérance, la charité, la prudence, la justice, la force,
la tempérance, la pauvreté, la chasteté, l’obéissance et l’humilité sont présentes et agissantes
aujourd’hui plus que jamais.
Prévoyons et déterminons d’avance ce que nous avons à faire, ne renvoyons pas au lendemain
ce que nous pouvons faire le jour même. Avec de l’activité et de l’énergie, on viendra à bout de
tout cela : en correspondant fidèlement à la grâce, on est capable de plus de choses qu’on le
pense. (Père Querbes - DQ 550)
L’hospitalité

Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes
(Co 3, 23).
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Au moment de terminer cette expérience comme conseiller général, je me rappelle les visites
faites auprès des Viateurs à travers le monde et je remercie Dieu d’avoir mis sur ma route une
manière particulière de découvrir le don de l’hospitalité par la rencontre de mes frères et sœurs.
L’hospitalité, étant une valeur universelle, je l’ai expérimentée particulièrement dans l’histoire
personnelle et communautaire de tous.

Je n’oublierai pas les bons moments, les rires contagieux, les conversations pleines d’histoire
et l’amour de l’apostolat viatorien, les parcours dans les petites et grandes rues des villes, les
maisons pleines de l’esprit viatorien et du désir d’échanger l’essentiel de la Parole de Dieu et la
subtilité d’une parole pleine d’affection, de bons désirs, de prières et de mille bénédictions.
Chaque lieu a ses caractéristiques riches et uniques qui ont fait de ma présence dans les maisons
viatoriennes quelque chose de merveilleux. Ce fut une bénédiction de pouvoir connaître mes
frères et sœurs dans leur milieu de vie et d’apostolat. Tout ceci m’a permis de comprendre de
manière plus grande les différences qui nous rendent spéciaux et uniques avec le sceau singulier
du charisme du père Querbes.

« Revenez bientôt! » Cette phrase redite au moment de chaque départ provenait du cœur de
nos hôtes et a su toucher profondément le mien.

Je remercie du fond du cœur tous mes frères et sœurs viatoriens pour l’attention spéciale
qu’ils ont eue envers nous, l’organisation du parcours de nos visites et la planification soignée
des œuvres, collèges et paroisses visités et des communautés locales. Les gestes d’affection,
l’intérêt de nous offrir des repas traditionnels du lieu (n’oubliant pas les breuvages!) les sourires
d’accueil et fraternels à l’aéroport, la volonté remarquable de préparer nos espaces de façon
que nous nous sentions bien à la maison.

Vocation

Une de mes responsabilités qui consistait en l’un des thèmes importants au cours de nos
visites pastorales fut celle de la vocation viatorienne. J’ai partagé mes convictions concernant
mon propre appel à la vie consacrée avec plusieurs de mes frères et sœurs et j’ai accueilli avec
attention et allégresse leur propre histoire vocationnelle.
Qu’il est beau de se laisser surprendre par l’appel de Dieu, accueillir sa Parole, orienter les
étapes de sa vie sur les traces de Jésus, dans l’adoration du mystère divin et le don généreux
de soi aux autres. Votre vie sera plus riche et plus joyeuse chaque jour. (Pape François)

Chacun de nous vit son expérience de l’appel de Dieu. Avec notre réponse, nous avons mis et
continuons à mettre en action ce que nous sommes, ce que nous désirons et ce que nous
partageons avec les autres. Le reflet de notre vocation doit être la joie, celle qui émane, celle
qui est au service de Dieu à travers ceux qui sont en contact avec nous à chaque jour, à travers
notre relation avec les religieux et les associés, dans notre apostolat, dans la vie de prière et
l’héritage du père Querbes.

Notre tâche d’inviter des personnes à répondre à l’appel de Dieu nous convie à vivre en
transparence, en relation et en dialogue. C’est par notre témoignage de vie que nous offrons
une réponse joyeuse à cet appel sans oublier l’importance de l’accueil. Pour cette tâche, nous
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avons besoin d’une identité propre, précise, et notre propre expérience vocationnelle se
comprendra à partir du charisme du père Querbes.

Que nous soyons témoins de la vie et nous n’aurons pas peur d’inviter les autres à répondre à
l’appel de Dieu à notre vocation propre. Que le Seigneur nous guide et nous bénisse sur ce
chemin vocationnel et, à l’exemple du père Querbes et de saint Viateur, que nous soyons fidèles
à notre charisme et notre mission de service.

Pour cette magnifique expérience, je dis un immense merci!

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Le Viator Web no 83 d’avril 2018 a utilisé en première page la « croix
au milieu des pétales ». Il s’agit de la rosace stylisée de la Primatiale
de Lyon.

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