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La culture - textes

(texte 1) Un champ, si fertile soit-il, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour
l’âme sans enseignement […] La culture de l’âme (cultura animi), c’est la philosophie : c’est elle
qui extirpe radicalement les vices, met les âmes en état de recevoir les semences, et, pour ainsi dire,
sème ce qui, une fois développé, jettera la plus abondante des récoltes.

Cicéron (homme d'Etat et philosophe romain, 1er s av JV, Tusculanes)

(texte 2) La nature a voulu que l’homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse
l’agencement mécanique de son existence animale et qu’il ne participe à aucun autre bonheur ou à
aucune autre perfection que ceux qu’il s’est créés lui-même, libre de l’instinct, par sa propre raison.
La nature, en effet, ne fait rien en vain et n’est pas prodigue dans l’usage des moyens qui lui
permettent de parvenir à ses fins. Donner à l’homme la raison et la liberté du vouloir qui se fonde
sur cette raison, c’est déjà une indication claire de son dessein en ce qui concerne la dotation de
l’homme. L’homme ne doit donc pas être dirigé par l’instinct, ce n’est pas une connaissance innée
qui doit assurer son instruction, il doit bien plutôt tirer tout de lui-même. La découverte d’aliments,
l’invention des moyens de se couvrir et de pourvoir à sa sécurité et à sa défense (pour cela la nature
ne lui a donné ni les cornes du taureau, ni les griffes du lion, ni les crocs du chien, mais seulement
les mains), tous les divertissements qui peuvent rendre la vie agréable, même son intelligence et sa
prudence et aussi bien la bonté de son vouloir, doivent être entièrement son oeuvre. La nature
semble même avoir trouvé du plaisir à être la plus économe possible, elle a mesuré la dotation
animale des hommes si court et si juste pour les besoins si grandi d’une existence commençante,
que c’est comme si elle voulait que l’homme dût parvenir par son travail à s’élever de la plus
grande rudesse d’autrefois à la plus grande habileté, à la perfection intérieure de son mode de
penser et par là (autant qu’il est possible sur terre) au bonheur, et qu’il dût ainsi en avoir tout seul le
mérite et n’en être redevable qu’à lui-même , c’est aussi comme si elle tenait plus à ce qu’il parvînt
à l’estime raisonnable de soi qu’au bien-être.

Kant (philosophe allemand, 18es, Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique)

(texte 3) Toutes les nations doivent-elles se rapprocher un jour de l’état de civilisation où sont
parvenus les peuples les plus éclairés, les plus libres, les plus affranchis de préjugés, les Français et
les Anglo-américains ? Cette distance immense qui sépare ces peuples de la servitude des Indiens
de la barbarie des peuplades africaines, de l’ignorance des sauvages, doit-elle peu à peu s’évanouir ?
Y a-t-il sur le globe des contrées dont la nature ait condamné les habitants à ne jamais jouir de la
liberté, à ne jamais exercer leur raison ? En un mot, les hommes approcheront-ils de cet état où tous
auront les lumières nécessaires pour se conduire d’après leur propre raison dans les affaires
communes de la vie, et la maintenir exempte de préjugés, pour bien connaître leurs droits et les
exercer d’après leur opinion et leur conscience ; où tous pourront, par le développement de leurs
facultés, obtenir des moyens sûrs de pourvoir à leurs besoins ; où, enfin, la stupidité et la misère ne
seront plus que des accidents, et non l’état habituel d’une portion de la société ? Enfin, l’espèce
humaine doit-elle s’améliorer, soit par de nouvelles découvertes dans les sciences et dans les arts,
et, par une conséquence nécessaire, dans les moyens de bien-être particulier et de prospérité
commune ; soit par des progrès dans les principes de conduite et dans la morale pratique ; soit enfin
par le perfectionnement réel des facultés intellectuelles, morales et physiques, qui peut être
également la suite, ou de celui des instruments qui augmentent l’intensité et dirigent l’emploi de ces
facultés, ou même de celui de l’organisation naturelle ? En répondant à ces trois questions, nous
trouverons, dans l’expérience du passé, dans l’observation des progrès que les sciences, que la
civilisation ont faits jusqu’ici, dans l’analyse de la marche de l’esprit humain et du développement
de ses facultés, les motifs les plus forts de croire que la nature n’a mis aucun terme à nos
espérances.

Condorcet (philosophe français, 18es, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit
humain
(Texte 4)
On a longuement parlé il y a quelques années – moins maintenant, je ne sais pas pourquoi – de
l’excision et de l’infibulation des fillettes pratiquée comme règle générale dans une foule de pays
musulmans africains. Tout cela se passe en Afrique, là-bas. Vous vous indignez, vous protestez –
vous n’y pouvez rien. Puis un jour, ici, à Paris, vous découvrez que votre employé de maison
(ouvrier, collaborateur, confrère) que vous estimez beaucoup se prépare à la cérémonie d’excision-
infibulation de sa fillette. Si vous ne dites rien, vous lésez les droits de l’homme (ceux de cette
fillette). Si vous essayez de changer les idées du père, vous le déculturez, vous transgressez le
principe de l’incomparabilité des cultures. Le combat contre le racisme est toujours essentiel. Il ne
doit pas servir de prétexte pour démissionner devant la défense de valeurs qui sont été créées « chez
nous », que nous pensons être valables pour tous, qui n’ont rien à voir avec la race, la couleur de la
peau et auxquelles nous voulons, oui, raisonnablement convertir toute l’humanité.
Castoriadis, philosophe français, 20es, Le Monde morcelé
(Textes 5)

« S'il existe des cultures concrètes, que l'on peut situer dans le temps et dans l'espace, et dont on
peut dire qu'elles ont « contribué » et continuent de le faire, qu'est-ce que cette « civilisation
mondiale » supposée bénéficiaire de toutes ces contributions ? Ce n'est pas une civilisation distincte
de toutes les autres, jouissant d'un même coefficient de réalité. Quand nous parlons de civilisation
mondiale, nous ne désignons pas une époque de l'histoire, ou un groupe d'hommes : nous évoquons
une notion abstraite. (…) Il ne peut pas y avoir une civilisation mondiale au sens absolu que l'on
donne souvent à ce terme, puisque la civilisation implique la coexistence de cultures offrant entre
elles le maximum de diversité, et consiste même en cette coexistence. La civilisation mondiale ne
saurait être autre chose que la coalition, à l'échelle mondiale, de cultures préservant chacune son
originalité. »

« Les anciens Mexicains n'ignoraient pas la roue, comme on le dit souvent ; ils la connaissaient fort
bien pour fabriquer des animaux à roulette destinés aux enfants ; il leur eût suffit d'une démarche
supplémentaire pour posséder le chariot. (...) La chance qu'a une culture de totaliser cet ensemble
complexe d'inventions de tous ordres que nous appelons une civilisation est fonction du nombre et
de la diversité des cultures avec lesquelles elle participe à l'élaboration, le plus souvent involontaire,
d'une commune stratégie. (…) Tandis que les cultures qui se fécondent mutuellement sur le sol
européen sont le produit d'une différenciation vieille de plusieurs millénaire, celles de l'Amérique,
dont le peuplement est plus récent, ont eu moins de temps pour diverger ; elles offrent un tableau
plus homogène. »

Claude Lévi-Strauss, anthropologue français, 20es, Race et histoire

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