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La religion d'état était basée sur l'adoration du Soleil. Les empereurs Incas étaient considérés comme
descendants du dieu Soleil et étaient adorés comme des divinités. L'or, symbole du dieu Soleil, était
extrêmement exploité pour l'usage des dirigeants et membres de l'élite, non pas en tant que monnaie d'échange
mais principalement pour à buts décoratifs et rituels.
Sous l'influence du catholicisme, beaucoup ne virent dans la religion inca que l'adoration d'idoles ou des
manifestations démoniaques. Il fallait suivant leurs visions les supprimer afin de permettre l'adoration du "vrai
dieu".
Trois "pacha" ( temps et espace) constituent l'univers inca : HANAN PACHA (le monde du dessus),
KAY PACHA (le monde du d'ici ) et UKU PACHA (le monde d'en bas, ou encore Urin pacha). On y retrouve un
conception dualiste de l'univers: PACHA MAMA (notre mère de l'espace-temps) est la divinité de la terre , de la
fertilité puisqu'elle est source des aliments. L'intérieur de la terre est son lieu de vie. Elle est représentée par une
petite fille.
Dans ce contexte, l'éclair et l'arc-en-ciel, relie le ciel et la terre et est souvent représenté par le serpent. L'Inca
est le fils du soleil (de Viracocha pour certains) mais il est sorti de la terre lors de l'organisation du monde. Il
constitue donc aussi un lien entre ces deux plans extrêmes et symbolise l'ordre du monde. Le culte de
Viracocha proche du soleil dans les mythes y est présentée comme inférieure à celle d'Inti (le soleil). Avec la
naissance de l'empire inca, Inti deviendra la divinité la plus importante même si celle-ci préexistait au
tahuatinsuyu.
Pachamama et Viracocha existaient dans une multitude de lieux différents dans les Andes sous une multitude
de noms différents. Avant Viracocha, le monde était sombre. Viracocha créa le soleil à qui il commanda de se
lever derrière une roche noire, l'île du soleil qui sortait du lac Titicaca. Il créa aussi la Lune et les étoiles.
Ensuite, Viracocha créa les tribus des Andes, qui sortirent des grottes, des sources,... (pacarina) au milieu de
leur territoire respectif. il leur attribua à chacune un costume, une langue et des traditions. Seul Viracocha les
reliait. Chacune des tribus possédait un huaca qui commémorait la légende de création d'un ancêtre tribal non
humain par Viracocha.
LA CONCEPTION DU TEMPS
Dans certains mythes Guaman Poma, il existaient cinq âges ou mondes : Le premier est l'âge Uari Uiraqocha
runa où l'homme se réfugiait dans les cavernes, menait une vie nomade où il devait chasser pour survivre. Le
second Uari runa est caractérisé par un monde aux maisons rudimentaires, les hommes se regroupaient dans
des villages, début de l'agriculture. Au troisième Purun runa, les hommes se multiplient. Ils tissent, construisent,
font de l'agriculture. Le quatrième âge Auca pacha runa débute par des conflits internes, ils bâtissent des
forteresses en hauteur. c'est l'apogée des royaumes ethniques. Le cinquième et le dernier, l' Inca pacha runa :
l'âge des incas.
De nombreux mythes font références au "temps" par l'intermédiaire de l'astronomie. Ces mythes transmettent
oralement des moments importants qui rythment la vie des incas (calendrier et astronomie). Les mythes incas
parlent de combats entre les dieux. Les divinités vaincues ne disparaissent pas pour autant, elles perdent de
leur influence et marque le passage à un autre âge.
Le terme "huaca" désignait pour les chroniqueurs aussi bien les dieux que les lieux de culte. Il se peut que
"Huaca" désignait tout ce qui était sacré. Pour extirper les "idolâtries", les Espagnols s'attaquèrent à ce qui était
"huaca", ce qu'ils ne purent détruire, ils y mirent des croix, provoquant le syncrétisme. Mais "huaca" désignait
aussi des personnes et des fonctions: les "curaca" et l'Inca étaient sacrés et en relation avec le sacré. Chaque
fonction avait ses rites d'initiation. Les devins ,membre du culte, interprétaient les volontés divines. Ils
indiquaient le meilleur moment pour les semailles, les récoltes, la tonte et la reproduction du bétail, les rites
d'initiation des curacas, des fonctionnaires de l'élite et de l'Inca.
Le très important culte solaire (Inti) n'était pas exclusif. Au départ, les Incas étaient les fils du soleil ou de
Viracocha. Le soleil (Inti) remplaça Viracocha au moment de la guerre des habitants de Cuzco avec les
Chancas . Cela coïncide aussi avec le début de la grande expansion du Tahuatinsuyu.
Le culte solaire des Incas était limité en grande partie à la classe dirigeante de Cuzco. Dans chaque centre
administratif important; les incas firent construire des temples solaires. Chaque centre (Vilcas Guaman,
Cajamarca, etc.) comprenait un palais , un temple solaire servi par des prêtres liés à Cuzco et une maison
femmes choisies de l'Inca (acllahuasi).
Coricancha était le temple solaire le plus important. Il se trouvait à Cuzco. Seul l'élite pouvait y pénétrer, seul
l'Inca pouvait entrer dans certaines parties. Il y avait également d'autres temples solaires: les "ushnu",
pyramides sur des esplanades où étaient réalisés certains rites solaires.
LE CALENDRIER INCAS
Le calendrier inca possède de nombreuses fêtes rituelles souvent en relation avec l'agriculture où les solstices.
Le calendrier précis des incas ne pouvait être le fruit que d'une observation poussée des étoiles et de leur
déplacement.
Coricancha, le temple du soleil, était le véritable centre de l'empire inca. Du temple, partaient 42 lignes
imaginaires ("ceques") dans toutes les directions. Ces axes passaient par des sanctuaires, des huacas naturels
Il y avait 7 à 9 huacas par "ceque" pour un total de 328. Un jour était attribué à chaque huaca. Mais il reste donc
37 jours pour faire une année complète, qu'en était-il de ces 37 jours ? Certains avancent que cela correspond
exactement à la durée où les Pléiades trop proches du soleil restaient invisibles à Cuzco.
La voie lactée, dans les Andes, est si lumineuse que l'on perçoit même des nuages de poussières interstellaires,
les Incas avaient appris à en reconnaître tels que le "lama" (lluthu), le "crapaud" (hanp'atu), le "serpent" ou le
"renard". La voie lactée marquait pour les Incas la frontière entre les vivants et les morts et constituait un pont
emprunté par les défunts lors de leur retour annuel sur terre.
La chasse faite par les Espagnols de toute autre adoration que le vrai Dieu favorisa le syncrétisme. Par
exemple, les paysans faisaient preuve de grande piété devant la constellation de la Croix du Calvaire (cruz
calvario) qui symbolise l'idée de mort et de résurrection. Cette piété cachait la volonté de faire survivre certaines
croyances autochtones et très anciennes. Fin des années 70, Urton étudie la communauté de Misminay, (près
de Cuzco). Le village se divisait en quatre "quarts", délimités par deux routes qui se coupaient au centre du
village. L'un s'étendait du nord-est au sud-ouest, et l'autre du sud-est au nord-ouest. Cette division en quatre
caractérisait encore certains villages du Pérou et de l'Equateur et il semble que cette pratique existait depuis
l'époque inca. Urton pense que ces routes indiquaient les quatre points de lever et de coucher des soleils lors
des solstices. Ces routes unissaient donc des notions de l'espace (croix intercardinale) et du temps (croix
solsticiale). Les Incas tentent d'unir ainsi l'espace et le temps en un tout. Le premier axe joignait le lever du soleil
à l'horizon lors du solstice d'été (nord-est) et à celui du coucher du soleil lors du solstice d'hiver (sud-ouest). Le
second, le lever du soleil à l'horizon lors du solstice d'hiver (sud-est) à celui du coucher du soleil lors du solstice
d'été (nord-ouest). Ainsi la localisation des étoiles impliquées dans les deux solstices devenait aisée et l'espace
était intimement lié au temps. Ainsi, la saison sèche et la saison humide se fécondent chaque année,
continuellement.
C'est des cieux (Viracocha) que les hommes ont reçu le corpus de traditions et de techniques agricoles. La
religion enseignait que sur la voûte céleste se lisaient les règles et obligations des hommes. La voie lactée
("mayu" = rivière) séparait l'univers des vivants et des mondes inconnus. Des ponts franchissaient cette frontière
et permettaient l'accès aux royaumes du surnaturel. Les dieux et les esprits des morts utilisaient ces ponts pour
rejoindre le monde des vivants.
Les Incas avaient établi tout un calendrier des tâches agricoles et de leurs rituels basés sur les positions
saisonnières de la branche de la galaxie qui abrite le Lama céleste. Ainsi dans les rites saisonniers, ce sont des
informations utiles sur le plan "économique" qu'en retiraient les Incas.
LE MYTHE DE LA CREATION
" Sur les rives du lac Titicaca, il y a très longtemps, surgit un homme barbu muni d'un bâton. Il gagna l'île du
même nom sur le lac et commanda au Soleil d'apparaître, aux étoiles et à la Lune de surgir. Les astres lui
obéirent et dans l'argile, il modela alors des hommes et des femmes. Ces couples furent créés afin d'être les
ancêtres de chaque tribu des Andes. Le créateur offrit à chacun de ces couples, un langage, des graines, des
coutumes et des traditions. Enfin, il leur insuffla la vie et leur dit d'aller sous la terre afin de réapparaître sur leur
territoire respectif. Ainsi, ils jaillirent des grottes, des sources, ..."
Les lieux de résurgence des couples se nommèrent "pacarina" et chacune des tribus détermina son huaca
(représentation de l'ancêtre de chaque tribu sous la forme d'un animal associé à une constellation,...). Ainsi
l'huaca rappelait l'origine céleste de chaque tribu car chaque huaca était associé aux astres. L'ancêtre mort,
revenait à son lieu d'origine dans les étoiles symbolisé par l'huaca. Ainsi le territoire de chaque tribu prenait la
place sur terre comme une constellation occupe une part de la voûte céleste. Sur la voûte céleste, les étoiles
malgré leurs situations différentes se déplacent harmonieusement (comme le travail communautaire dans les
Andes). Sur terre, les peuples malgré leurs différences (langues, coutumes,...) sont tous issus du même
créateur. L'astronomie est une cartographie des peuples des Andes.
"Il y a bien longtemps, un berger rejoignait inquiet son troupeau de lamas car ceux-ci ne mangeaient plus et ne
buvaient plus. Toute la nuit, ils observaient le ciel et pleuraient. Le berger leur dit avec colère: "Vous avez les
meilleurs pâturages, vous recevez l'eau la plus pure et sans arrêt vous pleurez". Un lama répondit comme un
homme:" Tu vois les étoiles par dessus le mont Vilcacoto, elles nous disent que dans un mois exactement le
monde subira un déluge". Le berger convaincu par ses paroles, alla chercher sa famille et se réfugia au sommet
de la plus haute montagne en compagnie des animaux sauvages. Il finit par pleuvoir tant et tant que seul le
sommet de la montagne échappa à cette eau. Vu leur peu de place au sommet, un renard glissa et trempa sa
queue dans l'eau. C'est depuis ce jour que les renards ont la queue noire."
Il est intéressant de savoir que les Incas donnaient les noms de lama et du renard à des constellations d'étoiles.
Doit-on y voir un lien dans ce mythe ?
Il faut également savoir que vu l'altitude et la qualité visuelle qu'elle procure, il est tout à fait possible de voir
dans le ciel des Andes des nuages de poussières interstellaires dans la voie lactée. Ces nuages noirs font aussi
parties de l'astronomie inca que les chamans observaient d'ailleurs du sommet des montagnes.
Quel est donc ce groupe d'étoiles que le lama épiait ? Etait-ce le lever du soleil à l'est qu'ils attendaient en
pleurant ?
Si on traduit le nom de la montagne (Vilcacoto) : "montagne des tas de soleil", on aurait tendance à penser qu'il
s'agit bien du lever solaire que les lamas attendaient. Ou peut-être du lever héliaque ( dernière étoile visible
avant le lever solaire). Le tas de soleil pouvant être en l'occurrence les pléiades et sans doute le lever héliaque
des pléiades.
Le lama du mythe est probablement le lama astronomique c-à-d un nuage de poussières interstellaires bien
connu des Incas. Donc, il semble que la constellation inca du lama (se trouve à l'ouest) observait l'est dans
l'attente d'un catastrophe. Sans doute, attendait-il le lever héliaque des pléiades à l'est. Mais que devait-il se
passer ?
Mais quel était la position des astres à cette époque là? C'est qu'avec le temps, les astres n'ont plus la même
position dans la voûte céleste! C'est la précession. Y a-t-il eu un moment où le lama se couche quand les
pléiades se lèvent ?
Il faut savoir que dans les vieilles traditions andines, la très haute montagne est associée au solstice d'été. Les
prêtes se rendaient alors sur la montagne la plus haute du monde (vilcanota) que ceux-ci comparaient à la
position la plus septentrional du soleil dans le ciel. Donc comme l'indique le mythe, cela doit se passer 30 jours
avant le solstice d'été.
William Sullivan (un scientifique), trouva de l'aide dans sa recherche grâce à des experts du planétarium de
Boston. Ils recherchèrent donc l'année où l'on pouvait observer les levers des pléiades un 21 mai. Ils en arrivent
à conclure que le rendez-vous entre l'amas des pléiades et le soleil (solstice d'été) se déroule en 650. Et
miracle, si on observe le solstice d'hiver en décembre 650, on s'aperçoit que la constellation du renard à la
queue coupée par l'horizon (queue dans l'eau et devient noire dans le mythe).
Pourquoi ce mythe ? Que se passe-t-il de si important à cette date pour être inscrit ainsi dans un mythe qui nous
est parvenu à ce jour ? Simplement, ce jour là, pour la première fois, le lever héliaque de la voie lactée avait
cessé de se produire lors du solstice d'été. Cette voie lactée qui était pour les peuples andins la mayu (rivière),
une passerelle entre le monde des vivants et celui des êtres surnaturels, des ancêtres, des dieux. En 650, cette
passerelle entre les 2 mondes se rompt pour toujours puisque le soleil du solstice d'été s'est dissocié d'elle lors
de son lever et le territoire des Dieux est devenu inaccessible. C'est le début de 8 siècles de guerres civiles et la
fin d'une longue période de paix et d'harmonie initiée par le mythe de la création (200 ans av. J-C).
" Viracocha, très âgé, se préparait à quitter la terre. Il rencontra avant le père de Manco Capac ("apu tambo") à
qui il confia un morceau de son bâton. Manco Capac deviendra le premier empereur mythique Inca. Ensuite
Viracocha quitta le monde par la rivière Cachamarca."
Dans les mythes, les Dieux sont souvent associés à des planètes. On attribue Saturne à Viracocha alors que le
peuple inca se considère comme le peuple de Jupiter. La rencontre de Viracocha et le père de Manco Capac
devait se traduire par une conjonction de Saturne et Jupiter (a lieu tous les 20 ans).
Après une observation minutieuse de l'année 650, il y a une conjonction entre les Jupiter et Saturne au couché
du soleil au gémeaux. Il s'agit tout juste de l'endroit exact où se trouve l'entrée du monde surnaturel des Dieux.
Et exactement, le lendemain matin, apparaît un divorce entre la voie lactée et le soleil, contrairement aux
années précédentes. Le pont est rompu entre la terre et les dieux. Il est temps pour Viracocha de rejoindre
l'autre monde.
Depuis toujours, les peuples andins avaient observés les étoiles et ceux-ci avaient constaté que chaque
apparition ou disparition de la voie lactée à partir de 200 av. J-C correspond précisément au moment les plus
important et souvent dramatique de l'histoire andine, et cela n'avait pas échappé aux Incas. Ces coïncidences
entre événements célestes et faits réels vont mener les incas à croire que l'astronomie détenait le secret de leur
destin.
Les incas étudiant les cieux ont cru pouvoir relier astronomie et destin. En quête de sens sur la mécanique
céleste, il pense pouvoir y lire leur destin.
Autre fait troublant, un siècle avant l'arrivée des espagnols, l'empereur de l'époque fait la prédiction suivante: 5
empereurs me succéderont avant la destruction totale de l'empire . Le cinquième était Atahuallpa lors de la
conquête espagnole. Cette prophétie dérange car certains disent qu'elle a été inventée à posteriori.
" Au milieu de la voie lactée, un lama se rend à la rivière chacune des nuits et boit tout son content d'eau sinon
le monde serait noyé."
Depuis toujours, au solstice, la constellation du lama présent dans la voie lactée qui annonce l'endroit où se lève
le soleil. En 1432, ce lien entre soleil et voie lactée n'est plus que ténu. Un siècle plus tard, la voie lactée
faussera compagnie au soleil. Ce qui, dans la vision cosmogonique inca, romprait un pont entre le ciel et la
terre. Un horrible parallèle avec ce qui s'est passé en 650 se dessine. A l'aube du solstice d'été 1532, la voie
lactée à perdu contact avec l'horizon au lever du soleil, c'est alors que les espagnols arrivent.
Le 15 novembre 1532, 170 espagnols en position affaiblie battent 40000 incas. Les espagnols ne sont que
l'instrument du destin. Avant même l'arrivée des espagnols, les incas avaient vu leurs ruines dans les étoiles et
cela les a conduit à leur perte.