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Contribution d’Estelle Boucher, estelle.boucher@oreka.

com

LES GENRES LITTÉRAIRES

Dominique Combe, Hachette, Paris, 1992.

4.LINGUISTIQUE DES GENRES

LINGUISTIQUES DE L’ÉNONCIATION
Logique des genres littéraires
Fiction et non-fiction
Benveniste et les « plans d’énonciation » : « Histoire » et « Discours »
Weinrich et les « attitudes de locution » : « Récit » et « Commentaire »
Genette et l’architexte
PRAGMATIQUE DES GENRES
Genres du discours
Actes de langage et genres du discours

5. POÉTIQUE DES GENRES

STYLISTIQUE DES GENRES


Pierre Larthomas et la distinction entre l’oral et l’écrit
POÉTIQUE DES GENRES
Northrop Frye et l’Anatomie de la critique
Les Formes simples : André Jolles et la morphologie des genres
Formalisme et théorie des genres
LE STRUCTURALISME ET LES GENRES
Genres empiriques, genres théoriques
Le narratif et le descriptif

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INTRODUCTION

Notion de genre littéraire : combattue par littérature et critique des 60’s (Barthes et
textualisme, Sollers et Tel Quel), ancienne distinction des genres déclarée périmée.
 notion de texte, censée mieux rendre compte de l’originalité radicale de certains textes
modernes rebelles aux catégories (Chants de Maldoror, la Recherche, Ulysse). Auteur
rebaptisé producteur ou scripteur, tentent d’abolir également distinction entre
producteur et interprète.
 S’inscrivent dans la tradition de la « terreur des lettres » (Paulhan, Les Fleurs de
Tarbes, 1941) : terreur surréaliste, Breton hostile à l’idée même de littérature préfère le
terme de « texte surréaliste ». Mais déjà avant, romantiques avaient fait de la
rhétorique leur cheval de bataille : cf. préface de Cromwell (1827) : définit le drame
contre distinction classique entre comédie et tragédie > vocation à l’universel du
théâtre. Mais rhétorique en remplace une autre, car substitue de nouvelles catégories
(drame).
 Aujourd’hui, genres se portent toujours bien, même si œuvres « ouvertes »
inclassables. Non-classification n’a de sens que parce que les catégories persistent. De
plus, retour en force des genres provenant de la Nouvelle Critique : réhabilitation de la
rhétorique revisitée par Todorov et Genette. Genre est devenu thème de réflexion :
poétique des genres, ressourcée dans la poétique d’Aristote. Cf également Ph. Hamon
sur le descriptif, Ricoeur sur le narratif, J. Cohen sur le poétique.

Textes :  Hugo et le refus nominaliste des genres dans la préface aux Odes et Ballades
(1826) : désinvolture provocatrice à l’égard de la notion, significative de l’esthétique moderne
hostile à la rhétorique, au nom de la liberté du génie créateur.
 Paulhan et la Terreur, Les Fleurs de Tarbes (1941).

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1. APPROCHE IMMÉDIATE DES GENRES

présentation formelle du livre, indices paratextuels qui permettent son identification. Surtout
quand le titre remplit une fonction métalinguistique : Essais,... Mais parfois trompeur, cf. Le
roman inachevé, Aragon, est un recueil poétique autobiographique.

PHÉNOMÉNOLANGAGEIE DES GENRES COURANTS : indices paratextuels définissent


une typologie : consensus tacite, horizon d’attente du lecteur (Jauss) qui définit un système
des genres.
[à propos de la lecture : cf. Dufrenne, Phénoménologie de l’expérience
esthétique, puf 1953 + idée du lecteur qui, quand il lit un roman, « suspend
son incrédulité » pour adhérer à la fiction cf. Thomas Pavel, L’Univers de la
fiction, 1988) ]
Pb : comment le lecteur reconnaît-il un genre et y inscrit tel texte ?
Pas seulement pb d’inclusion, exclusion, traits distinctifs, mais également phénomène
d’aperception irréfléchie.
Petite typologie naïve : lecteur ordinaire / lecteur professionnel.
4 catégories sont postulées de manière implicite : (acte de jugement pré-réflexif qui
rapporte l’œuvre aux idées régulatrices des genres littéraires généraux : la lecture se déroule
sur le fond de ces genres qui conditionnent l’horizon d’attente)
- fiction narrative (roman, nouvelle, conte, récit)
- poésie (vers ou prose ; disposition typographique / disparition du critère du vers, quasi
exclusif j> 1860-70 cf. J. Roubaud, La Vieillesse d’Alexandre, essai sur le vers
français, 1978 : autres critères de substitution, image depuis Rimbaud, densité du
langage « raccourci » ; autres distinctions comme épique, satirique se sont estompées,
sans doute parce que le lyrisme l’emporte et s’identifie à la poésie même. Poésie =
lyrisme ? )
- théâtre (tragédie, drame, comédie : critère de la représentation, exhibé dans sa
typographie la répartition des rôles, changements d’énonciation  clairement perçu)
- essai (disc philo ou théorique, autobiographie, mémoires, journal intime,
correspondance, .... le plus difficile à cerner : hétérogénéité, genre fourre-tout,
privilège accordé à la réflexion, à la pensée discursive, et non à l’imagination exaltée
par la fiction )

GENRES CONSTITUÉS ET CATÉGORIES GÉNÉRIQUES


!! distinguer les genres des qualités génériques (dont elles procèdent et qui les fondent) qui en
dérivent et peuvent s’appliquer à n’importe quel texte (ex : fonction poétique ne se confond
pas avec la poésie). Catégories comme « poétique », « dramatique » peuvent s’appliquer à
d’autres genres (voire à autre chose que la littérature).

Catégories génériques et tonalités affectives :


Mikel Dufrenne les considère comme des a priori de l’expérience esthétique, mais participent
de l’identification du texte. [Dufrenne, Le Poétique, puf 1963]
Car ce sont des fonctions dominantes, qualités intuitives et affectives, tonalités affectives, ton,
ethos grec (dramatique, poétique). [Georges Molinié, Eléments de stylistique française, puf
1986) <=> impression pré-réflexive qui se dégage à la lecture d’un texte. Résonance affective
de l’œuvre (expérience concrète du lecteur arraché à lui-même qui le plonge dans une certaine
humeur, comme la disposition de l’auteur au moment où il écrit) constitue un facteur
déterminant des genres littéraires, même évanescent. [Valéry oppose lecture du roman, qui
entraîne l’entendement dans course hallucinée vers le dénouement // lecture de la poésie, qui
unit harmonieusement les facultés du corps et de l’esprit]

1. Table des catégories a priori [pas d’élaboration conceptuelle] des genres

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Avant tout, pb sémantique : à quels termes recourt le lecteur non spécialiste pour caractériser
un texte ? [H. Morier, Psychologie des styles] > catégories a priori renvoient à des
impressions affectives et subjectives, tonalité.
[jugements de valeur sur la réussite d’un texte : beau, ennuyeux, ....] [Pierre Larthomas : le
langage dramatique ] [unité d’impression suscitée par le texte : « la forme-sens », H.
Meschonnic, Pour la Poétique]
Critères ordinaires de regroupement de ces tonalités sont à la fois thématiques et
stylistiques :
- poétique : analogue à l’émotion indéfinissable (le « je-ne-sais-quoi » de V.
Jankélévitch) suscitée par la poésie : Grand Meaulnes = roman poétique, Ondine
(Giraudoux) = théâtre poétique)
- lyrique : qui chante, cad suscite une vive émotion / pathétique : émotion intense et
extravertie ; élégiaque : lyrisme en mineur de l’émotion du deuil, mélancolie.
- Dramatique : exprime une forte tension / tragique : fatalité de la destinée
- Comique : suscite le rire / humoristique : plus sourire que rire ; ironique : critique et
agressivité
- Epique :exprime l’ampleur d’une fresque historique ou mythique, idée de grandeur.
- Didactique :vise à instruire le lecteur, lui adresse un message.
Classification de l’opinion commune qui rencontre sur de nombreux points l’ancienne
rhétorique. Traits distinctifs mais non exclusifs.

2. Le processus herméneutique
Moindre extension du genre par rapport à celle de la catégorie générique (comique est plus
général que comédie, poétique englobe poésie). Ordre d’importance ?
!!! phénoménologie de la lecture est celle d’un apprentissage (la lecture est une pratique, une
expérience), donc différente de celle de la perception ordinaire.
Le lecteur saisit genres et tonalités affectives ensemble : à la fois le poétique et la poésie.
Herméneutique montre que la compréhension d’un texte procède d’un va-et-vient incessant
entre le détail et le tout par lequel la signification se dégage progressivement. Mouvement
spiralaire d’anticipations et de retours en arrière.
Cf. Goethe, Notes et dissertations pour servir à l’intelligence du « divan occidental-oriental »
n’emploie pas la dénomination de « genre » (Gattung) mais celle d’espèces poétiques
( Dichtarten) :ballade, récit, satire, ... / formes naturelles (Naturformen) : épopée, poésie
lyrique et drame qui sont des attitudes fondamentales.
Texte : K. Vietör et « l’histoire des genres littéraires ».

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2. RHÉTORIQUE DES GENRES

EPIQUE, LYRIQUE, DRAMATIQUE


Parmi les tonalités (approche immédiate : poétique, lyrique, épique, dramatique, comique,
didactique), lyrique, épique et dramatique sont au cœur du système des genres défini par
l’ancienne rhétorique (toujours important car modèle notre pré-compréhension des genres et
oriente notre lecture).
Aristote : [Hugo dénonce règle des 3 unités comme provenant de la Poétique qui énonce
seulement unité d’action et son corrélat temporel ; théâtre classique s’est référé à tort à
Aristote ; aristotélisme permet renouveau de la tragédie qui devient genre majeur ; autorité
battue en brèche avec le romantisme et succès de Shakespeare]
Distinction canonique de la triade des genres (épique, lyrique, dramatique) provient de la
Poétique (taxinomie des genres). Leur principe est la mimèsis : tout art est mimétique par
définition. Utilise des critères formels, thématiques et énonciatifs (cad pragmatiques) : objets
(nobles/bas, surtout caractères), modes (théâtre) et moyens (vers/prose)
 distinction entre comédie et tragédie est une distinction d’objet (personnages bons ou
mauvais)
 principale distinction porte sur le mode : pure imitation du théâtre p/ récit  primat
accordé à la tragédie nécessairement.  distinction entre imitation pure (mimèsis) et
récit (diégèsis) >donc concerne l’énonciation, =ce entre discours direct et rapporté.
Problématique : 2 modes d’énonciation, le récit et l’imitation, correspondant aux deux
grands genres, théâtre et poésie. Epopée genre mixte > poétique grecque instaure théorie
essentialiste des genres qui doivent être cloisonnés.

Les genres et le narratif : tragédie comme imitation d’action > histoire prime, caractères sont
secondaires. Importance de l’objet thématique > valorisation en Occident j>XIX des genres
qui racontent une histoire : poésie épique, tragédie, puis roman.
Privilège du narratif > oubli du lyrisme, et des genres comme ode, hymne, élégie.
Triade épique, dramatique, lyrique se réduit à une dyade et monisme du récit, structure
dominante à laquelle tous les genres sont subordonnés, clé de voûte de l’édifice des genres.
- Poétiques classiques : action y devient donc critère définitoire des genres littéraire.
Epopée est une tragédie dont l’action se passe dans l’imaginaire du lecteur.
- Structuralisme : analyse structurale du récit et narratologie se réfèrent à la Poétique
d’Aristote, primat de l’action sur les caractères car s’efforcent de dégager les
invariants des structures narratives (fonctions, structures actantielles, mythèmes).
- Action et temps narratif : Ricoeur part de ce privilège accordé à l’action pour montrer
que le récit, loin d’être un genre de disc comme les autres, est bien l’expression par
excellence de la temporalité humaine. Révolution dans la conception du tps : le tps
n’est pas tant l’expression du tps constitué mais le mode par lequel la temporalité se
constitue pour la conscience selon les 3 époques. La double composante logique et
chronologique nécessaire au récit (action successive ET finalisée) est la manière que
nous avons de nous référer au temps. La mimèsis d’action décrite par Aristote à
propos de la tragédie (préparation-noeud-dénouement) est la structure constitutive du
temps. Récit n’est jamais que l’expression verbale de cette structure fondamentale de
la conscience > 3 niveaux de mimèsis : mimèsis II renvoie en amont à une pré-
compréhension narrative de l’expérience humaine (I), qui permet III en aval une
restructuration narrative de cette expérience à travers la connaissance que nous avons
des récits littéraires. Si nous comprenons une histoire, c’est parce que notre
perception du monde est déjà pré-structurée par une temporalité narrative, que nous
projetons sur le monde les 3 grandes phases du récit (préparation-noeud-
dénouement) ; symétriquement, notre vision du monde est restructurée par la
médiation des oeuvres narratives que nous avons lues.

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TRAGEDIE ET EPOPEE
La tragédie selon Aristote : la tragédie se distingue de la comédie par l’objet (noble ou
bas) et de l’épopée par le mode (récit ou imitation). Elle se fonde sur 2 éléments :
- Le mythos tragique : « la tragédie est l’imitation d’une action noble, conduite
jusqu’à sa fin et ayant une certaine étendue » : l’essence de la tragédie vient du
mythe, de l’histoire. Fin : achèvement et finalité cad dénouement (>unité d’action du
théâtre classique) ; totalité cohérente : nœud, progression de l’action par la succession
des péripéties : logique, le nécessaire (interne à la logique de l’action) et le
vraisemblable (externe car tient compte des attentes du public, société de l’époque,
etc. Théâtre classique ne garde que la notion de vraisemblance, distinguée de celle de
bienséance.. Découpage rhétorique en partie <=> description canonique du discours
oratoire (exorde>péroraison) > modèle de description rhétorique.
- La catharsis : « c’est une imitation faite par des personnages en action et non par le
moyen d’une narration, et qui par l’entreprise de la pitié et de la crainte, accomplit la
purgation des émotions de ce genre. » Donc définition par son effet, non pas tant
moral (classiques) que thérapeutique >anticipe sur l’esthétique de la réception

L’épopée selon Aristote : définie en référence p/ tragédie, changent le mode et les moyens de
sa versification. Idée que la densité procure plus de plaisir que la dispersion sur la durée =>
discrédit qui frappe l’épopée (au XIX ?)

HORACE ET L’HERITAGE D’ARISTOTE


Interprétation moralisante et normative des « règles » aristotéliciennes par les classiques
provient de ce qu’ils le connaissent par l’intermédiaire d’Horace et son Art Poétique. Vocation
morale de la littérature (cf. Molière castigat ridendo mores), liée à la fonction pragmatique de
l’œuvre, en en privilégiant l’effet. Réponse à l’attente du public est critère de réussite et donc
de définition des genres. Pb central est l’adéquation (du sujet à l’auteur, de l’expression à la
matière, ...) exprimée alors par la notion de genre. Cf tradition rhétorique, cicéronienne de
l’aptus (conformation du disc au sujet et au public). Toujours notion de pureté des oeuvres et
genres.
Héritage classique d’Horace : tripartition se constitue à la faveur d’une montée en puissance
du lyrisme. Mais, malangageré importance de la poésie lyrique au XVI, grands genres
demeurent à l’époque classique tragédie et épopée (pour les doctes, et ne retrouve pas
grandeur ancienne).
- Boileau et Art Poétique (1674): synthèse des valeurs rhétoriques du classicisme,
héritier direct d’Horace. Codification a posteriori des oeuvres classiques (intention
horacienne de prescrire des règles-lois morales).
Chant I : aspects généraux de la poésie
Chant II : classe les genres lyriques (idylle, ode, ...)
Chant III : porte sur les grands genres : tragédie (3 unités et vraisemblable), poème épique
et comédie.
> classification hétérogène, car combine des critères socio-esthétiques (petit/grand),
modaux (épique/dramatique), thématiques (tragédie/comédie). Catégorie demeurent
aristotéliciennes, même si part plus gde au lyrique et à la comédie ( ! Boileau poète des
Satires).

LES GENRES ET LA RHETORIQUE


Théorie des genres directement tributaire de la rhétorique, même si Aristote distingue
rhétorique et poétique (= « ce qui n’est pas mais qui pourrait être », cad fiction vraisemblable)

Genres poétiques et genres rhétoriques : différents genres d’éloquence en rhétorique sont


applicables en poétique (Marmontel) cad tripartition : le délibératif (conseiller ou dissuader
son interlocuteur d’agir dans tel ou tel sens), le démonstratif (ou épidictique, par lequel on

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loue ou blâme les qualités du sujet traité) et le judiciaire (trancher juste/injuste à propos d’une
action déjà faite). Cf époque classique, tragédie représente souvent la situation de l’éloquence
judiciaire (2 pers plaidant cause devant 3ème) ; sermons de Bossuet ou Bourdaloue et
Consolation à M. Du Périer de Malherbe s’apparentent au délibératif ; poésie lyrique en
général se confond souvent avec l’éloquence démonstrative ; c’est avec cette dernière
catégorie que la littérature moderne a le plus d’affinités (description).

Les genres et les styles : œuvres majeures de Virgile Enéïde, Bucoliques, Géorgiques, sont
associées à deux genres (épique, lyrique)et à trois niveaux de style (haut :grave,
moyen :médium, bas :tenue). Cicéron en distingue 3 : élevé, médiocre, simple. Style alors
étroitement dépendant de la thématique, et du niveau de langue (plan lexical, syntaxique, et
prosodique/métrique et rhétorique :figures). Style = harmonie entre forme et contenu, auteur
et public (aptus cicéronien). > notion de style est d’origine rhétorique (contrairement à ce
qu’on pense).

Pureté des genres : critiques de la notion de genre visent en fait la rhétorique en général.
Horreur du mélange et nécessité de cloisonner les genres pour éviter décadence. Notion même
de genre suppose qu’il existe des formes a priori, théorie qui obéit donc à une logique
essentialiste, idéaliste. Souci taxinomique de la rhétorique privilégie les genres purs aux
mixtes (de même rêve de la poésie pure de Mallarmé et Valéry, du roman pur de Gide).

Les règles : dans esthétique classique, les genres se définissent par des règles, contraintes
thématiques et formelles qui les codifient. Chez Aristote, sens plutôt descriptif que normatif ;
fait état de la littérature : tragédie se confond avec Sophocle et épopée avec Homère.

Textes : principe de la classification est hiérarchie ou séparation des genres et styles


corrélatifs. Poétique propose traits distinctifs concernant thèmes et personnages
(détermination sociale), et rhétorique séparation des styles qui y correspondent.
Modèle des genres oratoires demeure prégnant dans la poétique classique : analogie entre
genres du discours et genres littéraires.
Déni de la rhétorique, mais poésie moderne perpétue tradition des genres oratoires alors
qu’elle s’est affranchie des genres poétiques (restreints au lyrique ???)
Saint-John Perse, Eloges, scandé par le leitmotiv « O j’ai lieu de louer » : démonstratif
également Claudel, Cinq grandes odes, ou Ponge, Le Parti Pris des Choses.
Délibératif placé sous le signe de l’adresse directe au lecteur : cf poésie de Char, placée sous
le signe de l’interpellation, exhortation, ordre, conseil (récurrence de l’impératif et de
l’optatif).
Textes : Kibédi-Varga et la poétique classique des genres, in Les Poétiques du classicisme
(1990) et Rhétorique et littérature (1970)

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3. ESTHÉTIQUE DES GENRES

L’ESTHETIQUE CONTRE LA RHÉTORIQUE DES GENRES


Romantiques s’insurgent contre la notion de genres et la rhétorique, cf. Hugo mais aussi
romantisme de Iéna et groupe de l’Athenäum (frères Schlegel, Novalis) dès 1770-1780.
Fin XVIII : naissance du romantisme en Allemagne, tournant décisif où la culture rhétorique
héritée de l’Antiquité s’efface devant l’esthétique (fondée par Baumgarten vers 1750, puis
Lessing, Goethe, Schiller, puis surtout Kant et Critique de la faculté de juger, 1790). Beau doit
faire l’objet d’une discipline autonome en philosophie. Même si prétend se séparer de la
rhétorique, notion de genre reste au centre.
Goethe et Schiller amorcent la transition vers le romantisme.
Opposition canonique entre classique et romantique développée dans années 1820-30 (cf.
Stendhal, Racine et Shakespeare) et esthétique moderne de la littérature proviennent du
dialogue entre Goethe et Schiller (qui a écrit De la poésie naïve et de la poésie sentimentale,
1800), débat sur relation de la poésie avec Antiquité et ses genres.

L’HISTORICISATION DE LA NOTION DE GENRE


Rhétorique ignore l’histoire > essence > typologie abstraite et essentialiste qui ne tient pas
compte des variations. Dogme classique de l’intemporalité des œuvres. Réceptivité à l’égard
de la littérature son temps vs. Poétique classique qui reprend inlassablement modèle
aristotélicien périmé.
Les frères Schlegel systématisent l’opposition naïf/sentimental, classique/romantique, et
fondent classification sur critique du concept de genre, qui doit être situé dans l’Histoire.
Poésie et origine : primauté chronologique de la poésie, qui est d’abord poésie de nature (//art)
cad rapport poétique au monde. Donc précellence au plan des valeurs > fonde esthétique
romantique. Lyrisme est subjectif.
Hölderlin vise un système théorique des genres, et non plus classification empirique.
Hegel, Leçons sur l’esthétique (1820’s) : hiérarchie des arts (musique = art romantique par
excellence, > peinture, architecture, sculpture. Développe un système des genres théorique
(vs. Empirisme d’Aristote). Poésie épique (vouée à l’objectivité du monde), poésie lyrique
(opposée à l’épique, « elle a pour contenu le subjectif, le monde intérieur, l’âme agitée par
des sentiments et qui, au lieu d’agir, persiste dans son intériorité et ne peut par conséquent
avoir pour forme et pour but que l’épanchement du sujet , son expression »), poésie
dramatique (forme la plus élevée car réunit harmonieusement les 2 autres : déroulement
objectif + jaillissement des événements de l’intériorité).

LA SYNTHÈSE DES GENRES


Le romantisme perpétue donc notion de genre héritée de la rhétorique aristotélicienne, la
renforce en accordant fondement philosophique > déni de la distinction des genres ?
Maintenir la notion pour la dépasser à la faveur d’une synthèse ou d’un genre englobant.
La poésie romantique : pb qui se pose est surtout celui de l’unité de la poésie ; projet
romantique d’une poésie appelée à embrasser tous les genres « l’esprit romantique se plaît
dans un rapprochement continuel des choses les plus opposées. Toutes les antinomies : la
nature et l’art, la poésie et la prose, le sérieux et la plaisanterie (...) s’embrassent et se
confondent dans l’union la plus étroite et la plus intime » Schlegel. > englobe genres et
modes.
Le roman : le romantique semble signifier fin XVIII l’idée même du mélange des genres. Le
roman a également cette fonction unifiante, annonçant le privilège accordé au roman (forme
synthétique et « polyphonique », Bakhtine).
Nietzsche et la tragédie : La Naissance de la tragédie (1871) développe double thème de
l’apollinien et du dionysiaque (rend compte de 2 tendances esthétiques du génie créateur:
Apollon, dieu solaire > mesure, forme, clarté, lucidité, conscience / Dionysos, dieu de
l’ivresse > terre, obscurité, mystère de l’existence, souterrain) qui recouvrent le clivage

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épique/lyrique. Thèse de l’œuvre : montrer que le succès de la tragédie antique provient de
l’union de l’apollinien et du dionysiaque.
Idée que l’absolu de l’art est atteint par le mélange, la synthèse : éminemment romantique.
Le « Livre », l’ « Œuvre total » et la transgression des genres : esthétique romantique
portée à son comble avec poétique de l’œuvre total qui se développe dans le contexte
symboliste et décadent (fin XIXe : 1880-90). Vs tradition rhétorique qui classe, aspiration à
l’unité et sont privilégiées toutes les formes qui permettent de transgresser les frontières entre
genres et arts.
- « La Musique et les Lettres » (Conférence de Mallarmé): littérature classique avait
pour modèle la peinture (dogme horacien :Ut pictura poesis), puis littérature décadente
est hantée par le rêve d’égaler la musique, cf. Verlaine, Romances sans paroles, 1874 ;
Baudelaire souligne le pouvoir de la musique (Wagner et Tannhäuser) ; Mallarmé et
fréquentes comparaisons avec la musique : utilise l’image de la partition pour définir
son entreprise (préface à Un coup de dé, 1897) : par l’espace imprimé du texte sur la
page, qui se présente comme une constellation typographique où les blancs comptent
autant que les mots imprimés, il suscite un rythme : le modèle musical l’emporte ;
musique a la possibilité de combiner différentes voix en même temps > affranchir la
poésie de la linéarité du langage.
- Le « Livre » : Mallarmé le pense en termes musicaux : volume impersonnifié,
constitué de feuillets que le lecteur peut compulser à sa guise, recréant à chaque
lecture une œuvre nouvelle. Le Livre pourrait ainsi contenir tous les livres, cad
transgresser et résumer tous les genres.
- Le roman poétique : forme hybride réunissant les 2 genres, époque symboliste. Tadié
place récits symbolistes comme romans de Alain-Fournier, Pierre Jean Jouve, Gracq,
sous le signe du récit poétique : « Le récit poétique en prose est la forme du récit qui
emprunte au poème ses moyens d’action et ses effets, si bien que son analyse doit
tenir compte à la fois des techniques de destruction du roman et de celles du poème »
in Le Récit poétique. Fusion pas tant des modes (restent des romans) que des sujets.
Le NR, par son travail sur le signifiant, reprend ce projet de transgression des limites :
butor parle de son œuvre comme « poésie romanesque ».
 privilège accordé au poétique dans la hiérarchie des genres, et extension de l’idée
de poésie (pas limitée au vers) détermine l’émergence d’une nouvelle rhétorique
des genres, dont le fondement est encore romantique.

UNE NOUVELLE RHÉTORIQUE DES GENRES


Prose et poésie
Poétique porte exclusivement sur la poésie j> âge classique, sens de littérature qui acquiert
sens moderne seulement au XIXe. Prose existe même en-dehors du roman méprisé, mais
statut ambigu. Ebranlement de l’édifice des genres dès lors qu’avec le romantisme, la poésie
ne se confond plus avec le vers. Marqué par la « crise de vers » de Mallarmé dans
Divagations (1886-1896), empêche d’identifier poésie avec le vers réduit à la régularité
métrique et à la rime. Assouplissement du vers depuis Hugo (dont les derniers recueils sont
contemporains des poèmes en prose de Rimbaud et Mallarmé) et invention du vers libre
autour de 1870 (« Marine », « Mouvement » dans les Illuminations). Plus encore, le poème
en prose vient mettre en question l’opposition prose/poésie car le principe de la disposition en
ligne explose. > idée de poésie n’a cessé de s’élargir et de se dissocier du vers pour
reprendre son sens étymologique de « création ». Divorce consommé avec les « Petits
Poèmes en prose » du Spleen de Paris (prépare mode du genre hybride chez les symbolistes et
dans la poésie contemporaine. > plus de critère fiable puisque « tout est dans tout » selon
Hugo, qui était « le vers personnellement » selon Mallarmé.
Epique, dramatique, lyrique
Genre difficile à cerner ; critères fiables qui permettent de distinguer poème en prose / prose :
unité textuelle (pp= totalité close, autonome et relativement courte) [se démarque pfs

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difficilement du conte, cf ex rimbaldiens ou baudelairiens]. A défaut de critère stable, la
poésie récupère la définition d’un de ses modes, le lyrique : marginalisé chez Aristote,
assimilé aux « petits genres » dans les poétiques classiques, le mode lyrique valorisé depuis le
romantisme est devenu mode dominant, creuset et aune de la littérature.
Critère dominant demeure cpdt le récit, condition négative ; non plus : tragédie-épopée /
lyrisme, mais : poésie (assimilée au lyrisme) / histoire (fiction narrative ou théâtre).
Cad ancienne opposition : prose / poésie
Nouvelle bipartition : fiction / lyrisme (sur la base du narratif).
Poésie à partir de Mallarmé tend à être perçue comme incompatible avec le récit, « universel
reportage » (comme avec tout discours référentiel, didactique, descriptif) .
Proclamation de l’exclusion du récit hors de la poésie dans Crise de vers : « Narrer, enseigner,
même décrire, cela va et encore qu’à chacun suffirait peut-être pour échanger la pensée
humaine, de prendre ou de mettre dans la main d’autrui en silence une pièce de monnaie,
l’emploi élémentaire du discours dessert l’universel reportage dont, la littérature exceptée,
participe tout entre les genres d’écrits contemporains. »
Littérature (identifiée par Mallarmé à la poésie) exclut par nature le récit, la description, le
didactisme. Formule utilisée par Mallarmé, Valéry et Abbé Brémond : la poésie doit être
pure : elle doit être lyrique ou ne pas être.
Critères formels : poésie, prose // critères modaux : épique, dramatique, lyrique

XVII Prose Poésie


Epique, dramatique, lyrique
XIX-XX Prose Poésie
Narratif, dramatique (épique) Lyrique
Théâtre adopte la prose (sauf qqs soubresauts fin XIX avec E. Rostand).
Opposition poétique / narratif se substitue à la fois à celle de poésie/prose et à la triade
des modes et de leurs genres constitués.
Cependant, toujours gde opposition binaire fondée sur mimèsis d’action (mode narratif ou
dramatique) / lyrisme

Rhétorique du refus des genres


Exclusion du narratif domine effectivement dans les années 1920-30, mais ne doit pas
occulter persistance d’une poésie narrative : Supervielle, Cendrars, Saint-John Perse, même si
c’est de manière différente. De même Breton qui récuse le narratif y a recours sous forme de
récit initiatique dans le « Tournesol », Clair de Terre.

RETOUR À L’ANCIENNE RHETORIQUE


Depuis 70-80’s, exclusion qui frappait le narratif, descriptif, didactique en poésie s’atténue
(elle a duré un siècle, depuis 1870, phénomène exclusivement français). Cf Jabès qui intitule
un poème « Récit ».
Réhabilitation du récit en poésie, qui va de pair avec un retour à la métrique et aux
formes régulières.

Textes : *Hugo et la genèse des genres, Préface de Cromwell (1827): tripartition lyrique,
épique, dramatique correspond aux « âges » de l’humanité. Drame, genre moderne qui
opère la synthèse : « Nous voici parvenus à la sommité des temps modernes : Shakespeare,
c’est le drame ; et le drame, qui fond sous un même souffle le grotesque et le sublime, le
terrible et le bouffon, la tragédie et la comédie, le drame est le caractère propre de la
troisième époque de poésie, la littérature actuelle. (…) Il y a tout dans tout (…) Le drame est
la poésie complète. (…) c’est donc au drame que tout vient aboutir dans la poésie moderne. »
*Valéry et l’opposition entre la poésie et le roman, Œuvres I (1957) : perpétue l’esthétique
mallarméenne en opposant la poésie au roman, genre honni, au plan des conduites de lecture.

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« La poésie (…) est radicalement distincte de toute prose : en particulier elle s’oppose
nettement à la description et à la narration d’événements qui tendent à donner l’illusion de la
réalité (…) Considérez les attitudes comparées du lecteur de romans et du lecteur de poèmes
(…) Voyez le lecteur de roman quand il se plonge dans la vie imaginaire que lui intime sa
lecture. Son corps n’existe pus (…) Il est absorbé par ce qu’il dévore [aliénation] Il n’est plus
qu’un cerveau (…) livré à ses images, traversant une sorte de crise de crédulité.
Tout autre est le lecteur de poèmes…………………………………….
 Edmond Jabès et la question du « Livre »

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4.LINGUISTIQUE DES GENRES

LINGUISTIQUES DE L’ÉNONCIATION
Logique des genres littéraires
K. Hamburger distingue 3 sujets d’énonciation : historique (la pers qui parle est mise en jeu
individuellement), théorique (au contraire, l’individualité de la pers qui énonce n’est pas
mise en cause), pragmatique (le sujet veut dire qqch, pas seulement constatation).
La logique des genres combine cette distinction entre les sujetsde l’énonciation avec
l’opposition fiction/non-fiction.

Fiction et non-fiction
La tripartition est maintenue :
la fiction épique et dramatique : le sujet d’énonciation est représenté de manière fictive,
épique ou dramatique. P3 et emploi du passé simple comme indices de fictionnalité.
le lyrique : genre non fictionnel car le je est historique et référentiel
 genres mixtes, associant fiction et lyrisme.

Benveniste et les « plans d’énonciation » : « Histoire » et « Discours »


Cf. le célèbre article « Les relations de temps dans le verbe français » in Problèmes de
linguistique générale. Le jeu de l’énonciation temporelle fait intervenir 2 systèmes distincts et
complémentaires, ou plans d’énonciation, l’histoire et le discours.
L’histoire exclut les déictiques (dépendent de l’énonciation).

Weinrich et les « attitudes de locution » : « Récit » et « Commentaire »


Reprend et transforme la distinction de Benveniste dans Le Temps (1973). Instigateur de la
linguistique textuelle.
Relation entre locuteur et auditeur/lecteur tendue : commentaire (temps : pst, passé composé,
futur)
Détendue : récit (passé simple, imparfait, plus-que-parfait, conditionnel et passé antérieur).

Genette et l’architexte

PRAGMATIQUE DES GENRES


Genres du discours
Bakhtine et la translinguistique

Actes de langage et genres du discours


Austin et Searle

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5. POÉTIQUE DES GENRES

STYLISTIQUE DES GENRES


Stylistique s’attache à caractériser principalement la part individuelle de l’écriture, déviation
et écart entre texte et langue ordinaire. Au début ne se préoccupe pas des genres.
Pierre Larthomas et la distinction entre l’oral et l’écrit
Réhabilite la notion de genre littéraire en stylistique. Choix stylistique subordonné aux trait
généraux des contraintes génériques. Chaque genre littéraire représente une manière
particulière d’utiliser le langage : choix du genre implique choix de la forme, recherche d’une
certaine efficacité, … présupposition d’un certain consensus entre auteurs, lecteurs et critiques
sur la répartition des genres (s’occupe des genres constitués, historiques, davantage que des
catégories génériques).
2 critères de classification : - distinction entre oral et écrit & temporalité
Genre mixte qu’est le théâtre, s’établissant sur un compromis entre parole et écriture ; le fait
que l’auteur écrive pour la scène induit une écriture spécifique. L’écrit dans le genre
dramatique précède le dit, mais il est pensé en fonction de la représentation.
Poésie désormais essentiellement destinée à la lecture silencieuse ; depuis Mallarmé vouée de
plus en plus à l’écriture en jouant sur la typographie et la mise en page : procédés qui
l’éloignent toujours davantage de l’oralité première. Poésie garde cependant des traces de
cette oralité.

POÉTIQUE DES GENRES


Northrop Frye et l’Anatomie de la critique (1957)
Classification selon mode de représentation, cad situation de communication : œuvre destinée
à être lue silencieusement, représentée, chantée…distingue genres idéaux (primitifs : mime,
déclamation) des genres réels (qui gardent affinité avec genres idéaux, souvent par utilisation
de procédés de style).
Classification également selon les modes, en fonction de la qualité du héros.

Les Formes simples (1930) : André Jolles et la morphologie des genres


Contemporain des recherches des formalistes russes.
Recense les 9 formes simples communément oubliées (légende, geste, mythe, devinette,
locution, cas, mémorable, conte, trait d’esprit). S’intéresse aux formes anonymes,
impersonnelles de l’énonciation collective (se produisent dans le langage et procèdent d’un
travail du langage lui-même, sans intervention d’un poète). Différence entre ces formes
simples et les formes « savantes » tient à l’individualisation des moyens d’expressions (le
style) ; dans la forme simple, le langage reste ainsi mobile, général, chaque fois autre. Forme
savante serait actualisation d’une forme simple (Urform)

Formalisme (30’s) et théorie des genres


Historicité des genres qui rend vaine tte tentative de définition a priori. Système de genres, ils
sont en corrélation. Loi de la canonisation des genres vulangageaires : roman promu genre
majeur depuis le XIX, procédés également (satire infiltre l’épopée). Filiation littéraire :
canonisation de la branche cadette. Hybridation des genres qui entraîne leur décadence
permet renouvellement de la littérature (// romantisme).
Thématique et forme, étroite corrélation : nouvelle forme apparaît pour exprimer un
contenu nouveau.
Concept de dominante (Jakobson) : genres sont des combinaisons de procédés, distinction
provient de la hiérarchie, de l’importance dévolue à tel procédé. « élément focal d’une œuvre
d’art : elle gouverne, détermine et transforme les autres éléments, c’est elle qui garantit la
cohésion de la structure » in Huit questions de poétique. De même au niveau des arts, pour
l’esthétique classique, la dominante est la peinture, tandis que c’est la musique pour le

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romantisme. Dominante peut être appliquée aux 6 fonctions de la communication
linguistique, selon qu’est privilégié le référent, l’émetteur, …
Les fonctions du langage et la triade aristotélicienne : chacun des 3 grands genres est lié
à la dominante des fonctions référentielle, émotive et conative, elles-mêmes
subordonnées à la fonction poétique :
Poésie épique, centrée sur 3ème pers > référentielle
Poésie lyrique, 1ère pers > émotive
Poésie de la 2de pers supplicatoire ou conative, selon subordination 1ère/2ème
Œuvre dramatique conative, car centrée sur l’effet à produire sur le public
Emotive Conative Référentielle
JE Lyrique
TU Dramatique /
Lyrique
IL Epique

Distinction prose / poésie (de même que littérature / langage ordinaire) :


Poésie : fonction poétique (ou esthétique) dominante, qui joue sur le signifiant phonique
(rime, assonance, allitération), sur le rythme (métrique, parallélismes, syntaxe), etc.
Relation entre fonctions poétiques et principaux tropes que sont métaphore et
métonymie, « pôles » structurants du langage: poésie > métaphore procède par
substitutions sur l’axe paradigmatique / combinaison tandis que prose > métonymie sur axe
syntagmatique (sélection).
Prose : linéarité du signifié et du signifiant, association par contiguïté.
Rhétorique qui oppose poésie lyrique romantique et prose narrative réaliste :
POESIE PROSE
AXES Paradigmatique syntagmatique
TROPES Métaphore métonymie
FONCTIONS émotive / poétique référentielle
PERSONNES je, tu il
MODES lyrique épique (narr.)
HIST. LITTR romantisme, réalisme
symbolisme

Donc perpétue les postulats de l’esthétique nouvelle des genres née des ruines de la triade
rhétorique (chap. 3). Critères à la fois formels et thématiques (subjectivité ou objectivité de la
représentation).

LE STRUCTURALISME ET LES GENRES


Genres empiriques, genres théoriques
Retour à Aristote (Genette in « Frontières du récit », Figures II , 1969) et découverte des
travaux des formalistes, narratologie inspirée par Propp (Barthes, « Intro à l’analyse
structurales du récit » et Greimas, Essais de sémantique structurale). Théorie des genres lieu
privilégié d’une poétique structurale, invariants, constantes qui constituent des structures
latentes.
!!! distinction entre catégories génériques et genres
Catégories génériques Genres
Epique, lyrique, dramatique Epopée, roman, tragédie, odes, drame bourgeois,…
N. Frye Idéaux Réels
Todorov Théoriques Historiques
Genette Modes Genres
Attitude fondamentale
Goethe Naturformen Dichtarten

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Genette privilégie les modes aux genres, cf. notion d’architexte, qui s’élève justement au-
dessus des genres historiques. Souci d’exclure de la théorie littéraire les critères thématiques,
se limitant aux critères pragmatiques (situation d’énonciation)
Limitation progressive du champ d’investigation (Todorov) > on aboutit aux catégories
fondamentales de mimèsis et de diégèsis > narration et description se posent comme archi-
genres ultimes > narratologie, fondée par Propp et développée par Barthes, Greimas,
Brémond, Genette et Todorov.

Le narratif et le descriptif
- Genette et l’empire du narratif : « Frontières du récit » propose théorie des genres à
parir de mimèsis/diégèsis : « les deux modes purs et hétérogènes du récit et de
l’imitation ». question du rapport entre narration et description > distinction récente,
description n’est qu’une variante de la diégèse à laquelle elle est toujours plus ou
moins soumise (ancilla narrationis). Tout récit comporte toujours élément descriptif,
seule différence entre ces 2 catégories modales porte sur le contenu (narration = procès
temporel / description = êtres et objets coprésents dans l’espace, même si c’est pour
les soumettre à la linéarité du langage (cf.cit)
- Ph. Hamon et l’autonomie du descriptif : soumission du descriptif au narratif dans
théorie de littérature, légitimation du descriptif est difficile. Genette : comme tradition
qui va j> Valéry, descriptif considéré uniquement à travers le narratif, pas d’autonomie
épistémologique. Hamon : reconnaissance d’une autonomie
 dépassent la pbatique des genres, pour se vouer à l’architexte.
Valéry : description (comme récit) = antithèse de la poésie.
Hamon montre affinités de la description avec l’imagination poétique, à preuve du poème
en prose.
- Todorov et la mimèsis : combine couple vers/prose avec celui de
présentation/représentation. Cf Reverdy : poésie lyrique = art présentatif qui montre la
réalité sans la représenter. Originalité absolue des Illuminations est ainsi rapportée non
pas à la fonction représentative (qui suppose acte de référence) mais « présentative »,
cad monde créé de toute pièce comme une fiction non référentielle.
Vers Prose
Présentation Poésie Poème en prose
Représentation Epopée, narration et Fiction (roman, …)
description versifiées
Permet d’inclure la poésie lyrique qui échappait à la Poétique d’Aristote car elle échappe à
la mimèsis (or chez Aristote, poésie était rapportée à la mimèsis cad représentation).

Textes :  critique du formalisme et de la poétique jakobsonienne, par R. Wellek et A.


Warren, in Théorie littéraire (1971).
 les limites de la poétique des genres, Todorov, Introduction à la littérature fantastique.

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CONCLUSION

CONSTANCE DE LA TRIPARTITION ARISTOTÉLICIENNE


Cad permanence du partage rhétorique entre l’épique, le lyrique et le dramatique.
Genette a montré qu’en fait cette tripartition ne figure pas chez Aristote (seulement
opposition lyrique / dramatique).
Donc : fondée sur un malentendu (interprétation abusive de la Poétique), cette triade est
pourtant la clef de voûte de l’édifice des genres.
La rhétorique classique des XVII et XVIII, qui faisait d’Aristote l’autorité, perpétue
les 3 catégories.
Plus surprenant est le maintien de cette distribution dans l’esthétique moderne, surgie
fin XVIII et dans le romantisme, et qui prétendait se substituer à l’ancienne rhétorique :
les frères Schlegel, Hegel, Hugo surtout entérinent la tripartition alors qu’ils prétendent
mettre fin à l’empire rhétorique.
Cependant, évolution des rapports de force au sein de la triade : promotion du lyrique
j>là inférieur ; la poétique, à partir de Mallarmé, s’est définie comme essentiellement
lyrique.
Mais les catégories demeurent aristotéliciennes : limites de la révolution moderne. De
plus, les approches contemporaines des genres procèdent également de cette tradition.

GENRES LITTÉRAIRES ET GENRES ARTISTIQUES


catégories en peinture et musique également.

CRITÈRES DE DÉFINITION ET PURETÉ


Focalisation sur la théorie des genres particulière en littérature. Cela tient sans doute à
l’obsession de pureté des genres.
Le thème de la poésie pure (inauguré par Mallarmé, puis 20’s : Brémond et Valéry)
actualise les postulats majeurs de la Poétique.
 la notion même de genre semble indissociable du souci de pureté. Cf. Derrida,
« La loi du genre ».
Glissement de la description à la prescription.

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE
La théorie des genres ne peut être que purement descriptive ; elle impose des normes,
donc légifère et prescrit.
La théorie des genres et la littérature contemporaine :
Conception normative inadéquate pour rendre compte de la littérature contemporaine : En
attendant Godot : tragédie ou comédie ? La recherche : roman au sens du XVII ?
Les traits génériques ou modaux se combinent dans des proportions variables qui rendent
l’œuvre intrinsèquement impure. Déjà, polyphonie des romans de Rabelais (Bakhtine)
(farce, chronique, genre savant).
 la pureté des genres est un mythe. La transgression des genres est + fréquente et +
systématique dans la modernité qu’avant ; elle devient même un principe poétique.
 à partir de 1850, après Baudelaire, la transgression et la synthèse des genres sont élevés
au rang de principe de création, avec le thème symboliste de « l’œuvre total », le Livre et
le développement de formes hybrides : poème en prose, roman poétique, ou œuvres
inclassables comme Les chants de Maldoror. Comment rendre compte d’Ulysse ?
Les textes contemporains sont essentiellement polyphoniques, pluriels, et n’ont pas pour
but l’appartenance à un genre unique. Le mélange, l’intertextualité, le métissage sont
valorisés.
Les apories suscitées par les œuvres modernes dénoncent le concept même de genre.

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LA POLYPHONIE DES CRITÈRES
Difficulté d’identifier un texte : indices paratextuels, faisceaux d’indices combinant la
sémantique et la forme. La notion de genre est en effet à la croisée de critères sémantiques
(le sujet) et formels (oral/écrit ; modes d’énonciation ; vers et prose ; niveaux de style).
 idée de dominante.

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