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Notes sur l'apres-coup*

Je veux tout d'abord souligner que l'ensemble de Ia


problématique de Ia Nachtraglichkeit (apres-coup) prend
elle-même forme à travers un processus d'apres-coup.
Ce sont Ia lecture et Ia traduction françaises de Freud
qui ont donné son imponance au concept d'apres-coup.
Si, par exemple, vous prenez les index des volumes des
Gesammelte Werke de Freud, vous ne trouverez mention-
nés ni nachtraglich, ni N achtraglichkeit. Le Gesantmtregis-
ter, qui date de bien plus tard - 1968 plus précisément,
ce qui le rend postérieur au Vocabulaire de Ia psychana-
lyse - a bien une ou deux entrées à l'adjectif nachtraglich,
mais il ne s'agit pas d'exemples tres significatifs. Si vous
regardez dans les index des travaux des principaux
continuateurs de Freud, vous obtiendrez un résultat

* Ces « Notes )}SOntbasées sur une conversation de Jean Laplanche


avec Martin Stanton. Elles ont été publiées dans Jean Laplanche : Seduê-
tion, Translation and the Drives, London, rCA, 1992, Éd. John Fletcher
& Martin Stanton, et par Ia suite augmentées et révisées par I'auteur.
égaIement négatif. C'est par conséquent en France, et Nachtrãglichkeit pendant une bonne partie de ses années
en reIation étroite avec Ies probIemes de traduction, que d'activité, en fait depuis I'époque de sa correspondance
l'importance de Ia Nachtrãglichkeit s'est fait sentir. Cette avec Fliess, en passant par L 'interprétation du rêve
importance a été reIevée en premier par Lacan, qui (1901), Ie « Petit Hans )}(1908) jusqu' à l' « Homme aux
en 1953 a attiré I'attention sur ce terme en un sens pré- Ioups)} (1914-1918) et même bien au-deIà. Il est ainsi
,\t cis q~:9Jq~t:.I~~~~lnt,mais il n'a pas envisagé Ies impli- possibIe de suivre Ie déveIoppement de ces termes dans
cations pIus Iarges de ce concept pour I'reuvre de Freud. Ie contexte généraI de son reuvre. Ils n'acquierent
Il s'est occupé uniquement de son occurrence dans Ie cependant jamais assez de substance en tant que
cas de l'Homme aux Ioups et a ignoré son utilisation concepts pour que Freud consacre un article entier au
dans Ia période 1895-1900. C'est à Pontalis et à moi- concept d'apres-coup. Nous pouvons voir I'évoIution
même qu'il a appartenu d'attirer I'attention sur l'im- premiere de ce terme dans Ia correspondance de Freud
portance généraIe de ce concept - d'abord dans Fan- avec FIiess. PIusieurs éIéments peuvent être ici mis en
tasme originaire, fantasmes des origines, origine du fantasme évidence. L'adjectif nachtrãglich, qui est tiré de I'usage
(1964), puis dans Ie Vocabulaire de Ia psychanalyse courant de Ia Iangue, est empIoyé par Freud de pIu-
(1967). J'ai poursuivi I'éIaboration de ce concept dans sieurs façons. Nous pouvons en gros distinguer trois \1;,0::'
mon propre travaiI, dans Vie et mort en psychanalyse usages : d'abord, iI y a le sens d'ul-.!~~etlrou de secon-
(1970), dans Ies Problématz"ques(1981-1988) ainsi que daire __quI r~He-ia-cõnsdence'secõ-n_d~à 1!!1econseience (~
dans Ies Nouveaux Fondements pour Ia psychanalyse premÍere.--Strachey -e-t'Masson'-ie--traduisent habituelle-
(1987).
Je travaille en ce moment à un article pIus important
meni par « ultérieurement )}; iI prend donc simpIement ....':,J' ,I(
Ie sens temporeI de « pIus tard )}.Le deuxieme usage sui! (i,)
sur « l'apres-coup de Ia Nachtrãglichkeit )}.J'y présente Ia direction du temps du passé vers Ie futur, et Ie troi- '
une étude détaillée de I'utilisation que fait Freud de ce sieme I'inverse,. du futur vers Ie pa8~~.:.. Le deuxieme)(3)
terme, et de Ia façon dont elle differe de ma concep- usage, du passé vérs Ie futur, est tres lié à Ia théorie de Ia\ \,o'~",:i
tion; aussi ne donnerai-je ici que Ie schéma de mon séduction : iI implique Ie dépôt de queIque chose ~hez\ .,\,)",/'"
argumentation. Je Ie déveIopperai suivant trois axes I'individu qui ne sera réactivé que pIus tard, et deV1en-
généraux : en premier lieu, ce qu'il en est du concept de dra ainsi actif seuIement dans un « deuxieme temps )}
Freud; en second, Ie probIeme de sa traduction; et - ce qui constitue Ia théorie de Ia séduction. On doit
enfin, ma propre conception de I'apres-coup. lei encore, remarquer que cette théorie de Ia séduction était tres
je dois souligner que 1'0n peut examiner avec attention mécaniste, parce que Freud n'avait jamais pensé que
ce qu'a dit Freud sans pour autant être en accord avec I'on puisse inverser Ia direction temporelle. On peut
sa pensée, et c'est bien Ià ma position ! empIoyer l' exempIe de Ia bombe à retardement pour
Commençons donc par Ia conception de Freud de illustrer ce point : Ie premier souvenir est comme une
I'apres-coup. Il empIoie Ies termes nachtrãglich et bombe à retardement qui serait <----~_.-
déclenchée . par queIque
._,.,,-
~",,~..,q,.c.•.
(
,/\·I1P.·H·I'-c. I'vl (\(1 ovVi!\V'f"j'-~ (
chose d'extérieur. On ne trouve ici aucune rétroactivité. du refouIement, et par conséquent sur l' origine phyIogé-
Mais iI y a un troisieme usage qui, Iui, comporte Ie sens nétique du déveIoppement ontogénétique. ~l'!tl'!l.l,r ce
d'une rétroactivité. Ilya un certain nombre de passages teI!~!l1._<:l.~.!l!_M.!~!:!!!i_I!ª!!()ll.~.!1.(:tçY~l().p.R.(:ment.~l(:!>_
qui parlent de choses perçues dans un premier temps, des sexueIs d~X!l1<:l.JY!<:l..l!l~~!.A(;:~._s.!ª~t~~_phy!()g~l1.~t~9
puis comprises rétroactivement. Ces passages sont assez que Freud p<?se_~Xª..2!.~-cQ!!p_~L~.iLn'..(:!>!_4ººçpªs l
rares chez Freud. question d'inversioncie Ia progressioll temporelle. En-
Je me limiterai ici à faire queIques remarques de conséquence~--leschoses' ~e sont p~saussi sifilpI~~:'ÁIors
contexte à propos de ces trois usages. S'il a Ie çhQ~ que nous souhaiterions voir un usage doubIe, et même
entre une conce~ion déterministe qui procede C!.t:IJ:>!~~~ contradictoire, de Nachtraglichkeit, en réalité nous en \
vers Ie futur et une c(m<:eptioll.!étro~p~ctiy,: 2J.:l_~!1!!~_-: découvrons un usage fortement déterministe.
neutique qui procede du présent vers Ie passé, Freud Comme on pourrait reprocher à cette vision de ne se

I( f~~~~~o~~~~~~:f~~r:~1~~-~:~:~i~~~;:%:
~;~:
ici à Ia Iettre à Fliess du 3 octobre 1897, dans Iaquelle il
fonder que sur des textes antérieurs à 1898, je vais ilIus-
trer brievement Ia constance dont Freud fait preuve
dans _son.!~t~t~<!~J~!,.~.yt:r..~i!?i!!~~_g1!"_t"~~s
dans ses textes
rapporte un épisode de son auto-anaIyse, et commente : ultérieurs. Trois textes sont importants ici: L'inter-
« Un critique acerbe pourrait dire que tout ceci a été prétation du rêve, Ie « Petit Hans» et I' « Homme aux
fantasmé rétrogressivement pIutôt que déterminé pro- Ioups )}.Dans cette succession, Freud se trouve progres-
._- ~ gressivement. Les experimenta crucis doivent q~_~C:l:!(:rà sivement pris dans une confrontation théorique avec
son encontre. )}! Mon autre remarque contextuelle Jung, en défendant sa vision de Ia réalité de Ia scene pri-
conceme l'apparition du substantif Nachtraglichkeit. mitive « réelle », dans Ie sens de réellement vécue. Freud
Comme vous Ie savez, ce mot est assez rare en alle- a fait queIques concessions, mais n'a jamais faibli dans
mando Il est étonnant que ce substantif ne fasse son sa conviction que ce qui vient avant détermine ce qui
apparition que dans une Iettre reIativement tardive à vient apreso C'est pourquoi il me sembIe totaIement
Fliess du 14 novembre 18972• Cette Iettre intervient faux d'assimiler Ie concept freudien de Nachtraglichkeit à
apres ce qu'on appelle I'abandon de Ia théorie de Ia Ia notion jungienne de Zurnckphantasieren (fantasme
séduction, à un moment ou Freud devient encore pIus -rétroactif}3-. o

. « déterJ:!lJlliste~~n:!!.iniste.-E_l!l1sJ~_!>.t::Es
__
9l:1.~futur et
présent sont tous deux détt:~!!!~l}"~!J?_~!:_leP3:ssé.La Iettre
3. Je crItique ici les tentatives récentes d'assimiler l'usage freu-
est tout entiere centrée sur Ia détermination organique dien ctutermê-Nachtriiglichkeit à Ia tradition herméneutique, en partlcu-
lier par des paralléles avec le concept de- Jung'"deZurückphantasieren
(< Freud's Nachtriiglichkeit and Strachey's 'Deferred Action': Trauma
1. La naissance de Ia psychanalyse, trad. Anne Berman, Paris, PUF, Constructions and the Direction of Causality », Helmut Thomã et NeiÍ
1956, p. 195-196. Cheshire, International Review oi Psychoanalysis, vol. 18, 1991, p. 407-
2. Id., p. 203-208. 427).
chose d'extérieur. On ne trouve ici aucune rétroactivité. du refoulement, et par conséquent sur I'origine phylogé-
Mais il y a un troisieme usage qui, Iui, comporte Ie sens nétique du développement ontogénétique .. C' e~t&J.lJ"çe
d'une rétroactivité. Il y a un certain nombre de passages terrain de Ia. déterminatioIl4!Lg~Y~Jgpp_eIJ:l~1l_t_g~~_~tª-
qui parlent de choses perçues dans un premier temps, des sex~eis-de-i;i~di~~~ i~~~J~~_~Jª~~~_P!lY.1()_géA_~!Íql!~..
puis comprises rétroactivement. Ces passages sont assez queFreUd-iº·si··;;j~ªP!~~:::Ç.Q!!p~_eJjln~~~t .4Qllç.pªs l
rares chez Freud. question d'inversion ..de .Iapr()gressioIl!empor~lIe: En e
Je me Iimiterai ici à faire quelques remarques de cons-êquence, iesého~es- ~e sont pas aussi simples. Alors
contexte à propos de ces trois usages. S'il a I~__çh9ix: que nous souhaiterions voir un usage double, et même
entre une conceJ2!:iondé_~-!:Il1iniste qui procede du passé contradictoire, de Nachtraglichkeit, en réalité nous en
vers Ie futur et une conceptioiJ. rétrospective-oii--hewê~ découvrons un usage fortement déterministe.
neutique qui procede du pré~ent vers -Ie pass~~--Freud- Comme on pourrait reprocher à cette vision de ne se
í l( chüIsira toujoursiã-premi~re.í5e fait, il ne-ienre-
même fonder que sur des textes antérieurs à 1898, je vais illus-
! Jamais de réconci1ier-íes-de~~-conceptions. Je me réfere trer brievement Ia constance dont Freud fait preuve
ici à Ia Iettre à Fliess du 3 octobre 1897, dans Iaquelle il dans son rejet de Ia réversibilité du tem..Qsdans ses textes
rapporte un épisode de son auto-analyse, et commente : ultérleurs':--Trofs·ie;ães .-.;~;;t--i~p~rtants ici: L 'inter-
« Dn critique acerbe pourrait dire que tout ceci a été prétation du rêve, Ie « Petit Hans et l' « Homme aux
f}

fantasmé rétrogressivement plutôt que déterminé pro- Ioups )}.Dans cette succession, Freud se trouve progres-
__ '\< gressivement. Les experimenta crucis doivent tranch.eJ à sivement pris dans une confrontation théorique avec
son encontre. )}1 Mon autre remarque contextuelle Jung, en défendant sa vision de Ia réalité de Ia scene pri-
concerne I'apparition du substantif Nachtraglichkeit. mitive « réelle )},dans Ie sens de réellement vécue. Freud
Comme vous Ie savez, ce mot est assez rare en alle- a fait quelques concessions, mais n'a jamais faibli dans
mando II est étonnant que ce substantif ne fasse son sa conviction que ce qui vient avant détermine ce qui
apparition que dans une Iettre relativement tardive à vient apreso C'est pourquoi i1 me semble totalement
Fliess du 14 novembre 18972• Cette Iettre intervient faux d'assimiler Ie concept freudien de Nachtraglichkeit à
apres ce qu' on appelle l'abandon de Ia théorie de Ia Ia notion jungienne de Zurückphantasieren (fantasme
séduction, à un moment ou Freud devient encore plus -rêiroactif)3 •
. « détermi~iste )}- déterministe dans Ie sens que futur et
présent sont tous de~'déU;rn.{~.~ii)_~ij~p~ssfLa Ienre
3. Je cntlque ici Ies tentatives recentes d'assimiIer I'usage freu-
est tout entiere centrée sur Ia détermination organique dien au terme Nachtdglichkeit à Ia tradition herméneuti~ en partlCu-
lier par des paralléIes avec Ie concept de Jung""deZürückphantasieren
«< Freud's Nachtraglichkeit and Strachey's 'Deferred Action': Trauma
1. La naissance de Ia psychanalyse, trad. Anne Berman, Paris, PUF, Constructions and the Direction of CausaIity », HeImut Thoma et Neil
1956, p. 195-196. Cheshire, International Review of Psychoanalysis, voI. 18, 1991, p. 407-
2. Id., p. 203-208. 427).
Passons à mon deuxieme point: Ia traduetion. De Vous voyez dans ees deux exemples que les traduetions
multiples traduetions ont été proposées pour ee terme interprétatives dépendent étroitement du eontexte dans
eomme pour bien d'autres. Il faut décider si l'on doit le lequel Freud emploie le terme nachtraglich. On doit done
traduire selon le eontexte ; autrement dit, s'il doit être décider soit de séparer et diviser ee terme dans Ia tradue-
« interprété I). Dans ee eas, on ne peut rendre ni en fran- tion, soit de ehoisir un terme qui permet aux leeteurs de \f':i,
çais ni en anglais nachtraglichlN achtraglichkeit par un seul séjoumer avee le terme de Freud et de le réinterpréter .,\, ' .
terme. C'est eette approehe qu'illustre bien Straehey . C' .. ~-{" 'J
pour SOl. est pourquOl Je propose une traduetion non- ; ,;,,p \t~'"
qui les traduit par toute une série de termes, suivant Í1!!.~!pl:~j:ative
: j~ suggereJe terme~;'apr~S:C-01,Íp>>,."~t \~O,~X
le eontexte: « deferred a~tion I), « subsequent1y I), « in «afte.rzoar{:lL~en.::tl1~lais.Dans tous les eas ehez Freud il ~'i~'.(··'·
a deferred fashion I), « subsequent I), « after-effeet », est possible d' employer « apres-eoup I), ainsi que after-
« deferred effeet », « deferred nature of the effeet I), wards et afterwardsness.
« later I), ete. Dans Ia mesure ou l'on veut « interpréter I)
de eette façon, et imposer une signifieation sur un texte Je voudrais maintenant parler de ma propre eoneep-
essentiellement ouvert, une traduetion unique reste tion de Ia Nachtraglichkeit et souligner qu'elle differe à Ia
impossible. Prenons maintenant l'exemple de deux tra- fois des eoneeptions freudienne, et jungienne ou hermé-
duetions de Nachtraglichkeit qui semblent se eoneurren- neutique. A titre d'introduetion, je voudrais prendre un
eer: «retrospective attribution» (attribution rétrospee- passage de L'interprétation du rêve qui n'a pas été eom-
tive), proposé par Helmut Thomã, et le classique menté par d'autres auteurs: il s'agit d'une association
« deferred action » (aetion différée) proposé par ,Straehey. au rêve des Knõdel (beignets).
Deux exemples pour illustrer: dans les Etudes sur En connection avec les trois femmes émergent Ies trois (J,,,J,()JL, .•.,.I."
l'hystérie, Freud parle de Ia « naehtrãgliehe J;r~~ Parques qui filent Ia destinée des hommes, et je sais que ~"'t;J )
der Traumen 1)4; et dans ses lettres à Fliess, il éerit: I'une des trois femmes, I'hôtesse du rêve, est Ia mere qui
donne Ia vie, et de pIus - ce fut Ie cas pour moi - donne sa
« Phantasien sind Dinge früh gehõrt erst naehtrãglieh
premiere nourriture à l'être vivant. Au niveau du sein de Ia
verstanden. 1)5 Dans le premier exemple il est absolument femme se rencontrent amour et faim. Un jeune homme
impossible de traduire nachtraglich par « rétrospeetive - raconte l'anecdote - qui devint un grand adorateur de Ia
attribution » ee qui donnerait l'absurde traduetion : « La beauté des femmes, s'exclama un jour ou Ia conversation
liquidation du trauma par attribution rétrospeetive. I) Il tombait sur Ia beBe nourrice qui I'avait nourri quand il était \,1--,
est tout aussi absurde de traduire Ia deuxieme phrase par :poupon : dommage de n'avoir pas mieux profité aIors de 'l<' v~
cette bonne occasion. J'ai coutume de me servir de cette
« les fantasmes sont des ehoses qui furent entendues
anecdote pour illustrer Ie facteur de l'apres-coup dans Ie
-i- auparavant et eomprises seulement par aetion d.~ér~e ». mécanisme des psychonévroses6•

6. Traduction de Jean Laplanche. Cf. GW lI-lI!, p. 211, et


L 'interprétation des rêves, trad. L Meyerson révisée par Denise Berger
Paris, PUF, 1967, p. 181-182. '
Ce texte est significatif en ce qu'il montre qu'en 1900 cOIIlJ?.!~~_<!~.~~terlocuteurs égliletnent« centrés sur
Freud considérait encore Ia Nachtrãglichkeit comme un le.!uje.~~.~_~~~~~:]~·~siiJ~~)íital:l!11e.et Iesujetadulte ;
concept important qu'il fallait expliquer à ses étudiants. Xun_..-!~~~~_~i~,_ l' autr~ .épr~.uve -du~' plais~ érotiejue.
Dans cette anecdote, on peut retrouver les deux direc- Freud Ignore ICI Ia no.umce et sa sexualité à elle. 11 a 'fi
rions temporelles possibles à l'reuvre dans l'apres-coup. completement oublié sa théorie de Ia séduction, et ne •
La premiere direction est évoquée quand l'homme prend pas en compte le plaisir de Ia séductrice, nourrice
adulte qui voit l'enfant au sein de Ia nourrice, imagine ou mere, qui aura une telle importance dans l'étude sur
rétrospectivement tout ce qu'il aurait pu tirer érotique- Leonardo. 11traite ~_~~~E_S:2_1!l:!!!~.ll::t!.2Qj<:!J2.2l:ll.'J'enfant,
ment d'une telle situation s'il avait seulement suo On a et non comme une zone érotique pour Ia nourrlce:--Si-
ici un véritable exemple d€LZZ!riJckpll:qrn.a:sieren(fan- l'on introduit un troisieme terme dans cette scene
tasme rétroactif) et d'herméneuti~ue : il réinterprete Ia - c'est-à-dire Ia nourrice et sa sexuaIité à elle, qui est
fonction de donn~ehi~~;'~t~e~'de-s';~ituatio~-pré: sans nuI doute vaguement ressentie par Ie bébé - il n'est
). sente. C'est une conception totalement·-·füngren~e. pIus des Iors possibIe de considérer I'apres-coup comme
L'autre direction temporelle est tout autãnt'préS'~nt~, une simpIe combinaison de deux vecteurs opposés. Le
puisqu' on ne saurait oublier qued'apresFreud, Ia _troisieme terme est ce qui est passé à l'enfant depUiS
sexualité orale n'est pas une pure invention de l'adulte. le""/..' l'aduIte: Ie message de Ia nourrice à I'enfant.
11pense que l' enfant au ~ei.n-a-un plaisir érotique à téter r· Un second éIément que je voudrais --;jouter pour
qu'il décrit de surcroit dans les Trois essais sur Ia th~ transformer Ie concept d'apres coup est I'idée de traduc-
sexuelle comme l' expérience érotique orale premiere. tion. A mon sens, I'apres-:cQll:L~l i~l1sabIe sans un
Dans ce contexte, si Ia ~exu~l!!.~de !~ll_Q.ll:l!~.~stJye!llée modele de trad:uc~~n :_iI..E!_é~~PP2~e._gll:e queIgue chose-
par le spectacle de l'enfant au sein, c'est parce qu'elle a
- _~~~!!~..~!cõnservé·le·s-traces-de-sa·-propre·se~iIalité
infª-l}tile.À.i~sr-deux-interprétaifõns··-de cette ane'Zdot~
~stp!2f~.~ ..Pa.:!:.x~E!l:'.~~_
réinterprété. D'un côté, j'introduis Ia notion de I;~~tre
et de I'autre côté il y a Ie modele de Ia traduction. Mêm; i/'V
J ~;\
..qll:L~.s!..ªp!,es-:çº:iip·-i~trãd~ii:~'et--

sont possibles, une progressive et une rétroactive, mais si nous focaIisons toute notre attention sur Ia direction~'" I
elles demeurent indépendantes et isolées l'une de temporelle rétroactive, dans Ie sens ou queIqu'un réin-
l'autre. terprete son passé, ce passé ne peut pas être purement
Je voudrais intervenir ici dans ce que Freud rapporte factueI, un « donné ))brut, non transformé. 11contient
pour donner mon propre point de vue, qui n' est en .pllJ.tQ!<_c,i'll:t!e.._!llç_~:t!
__!!:t!mª-12en.te _qyeIque chose d'an-
aucun cas un choix entre ces deux possibilités. 11 _!ér!~_ll:!:_=<.lJ.J:1.IIl~Ssll,g;~<:i~!'a':l:t~e:
II est donc itnpossible
n'implique nullement d'opter pour Ia position hermé- d'avancer une position purement herméneutique - en
neutique ou Ia posirion déterministe de Freud. Ce que d'autres termes que chacun interprête Ie passrên fonc-
Freud exclut ou ne~~~~s voir dans cet exemple est rion de son présent - puisque le passé a déjà en dépôt
tout simplement5r~~~~~pre~<!_~~~'luement _~~_ .f{7!:elquechose qui demande <!!......~~~~~~ijJréqui ~stk
/'
/~
message de I'autre personne. Mais I'herméneutique
modeme n'oubIíê:::i=êlíê"p-asson propre commencement,
Iorsqu'elle était - dans l'interprétation religieuse des
'"textes sacrés - ~~~~~é~~utiq~"<:_9:~""I1!"~!s,.t\~~~!"

Pour conclure, je voudrais dire que Ie concept de


Freud d'apres-coup contient à Ia fois une grande
richesse et une certaine ambigu'ité, en ce qu'il combine
une direction rétrogressive et une direction progressive.
I Je veux rendre raison de ce probleme des directions dif-

1 férentes, vers I'avant et vers I'arriere, en argumentant

que, des Ie début, il y a quelque chose qui va dans Ia


\
, direction du passé vers Ie futur, de I'autre à l'individu en
l'\question, de l'adulte vers le bébé, que j'appelle l'im-
! pIantation du. messªg~.~ºjgp::lªti.g!J.e.- Ce-"message est
I alors retraduit, en suivant une direction temporelle tour
I à tour rétrogressive et progressive (en accord avec mon
Imodele de!!~~~!~~~.~S~~~d,!.~~~~~:;;:etraduction).1*1
Jean Laplanche

Entre séduction
et inspiration :
l'homme

~ .é/;.

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.: .

Ij ',:
~
QUADRIGE/PUF

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