Está en la página 1de 7

Bulletin de la Société

préhistorique française

Nouvelles gravures rupestres de l'Oued Djerat (N. Tassili)


Léone Allard-Huard

Citer ce document / Cite this document :

Allard-Huard Léone. Nouvelles gravures rupestres de l'Oued Djerat (N. Tassili). In: Bulletin de la Société préhistorique
française, tome 77, n°8, 1980. pp. 251-256;

doi : https://doi.org/10.3406/bspf.1980.5276

https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1980_num_77_8_5276

Fichier pdf généré le 13/04/2018


Bulletin
de la SOCIÉTÉ
PRÉHISTORIQUE
FRANÇAISE
1980 /TOME 77/8

Nouvelles gravures rupestres

de l'Oued Djerat (N. Xassili)

par Leone Allard-Huard

Dans les éboulis des falaises du canyon de l'Oued à la tête », ou « gravée sur le front » (3). Nos
Djerat, les variations ou le défaut d'éclairage de documents montrent que cette spirale est en fait inscrite
certaines surfaces gravées, suivant les heures ou les dans un disque frontal, ce qui donne à la
saisons, et surtout le nombre des gravures sont tels composition un caractère religieux et fait remonter ce
que des documents utiles peuvent filtrer à travers les trait culturel (qui sera très répandu chez les
mailles des prospections les plus attentives. pasteurs-graveurs) à la période archaïque de l'Art des
Chasseurs.
D'autre part, quelques compositions, généralement
assez grandes, apparemment indistinctes, ont été
négligées ou reproduites seulement en partie. Enfin, Spirale et oiseau (?) (fig. 3, n° 2)
les différences parfois notables entre plusieurs
reproductions d'une œuvre connue ont eu pour cause soit
l'éclairage du moment et l'incidence, qui effacent ou Cette composition de Tin-Touloult, dans une
privilégient certains traits des clichés, soit le degré partie supérieure de l'oued où les spirales sont très
de connaissance du caractère culturel du sujet, qui nombreuses (Tin-Smad), se rapporte à la série qui
varie beaucoup d'un opérateur à l'autre. relie des spirales à des animaux sauvages (4). Celle-ci
(30 cm environ de diamètre) est profondément et
Un certain nombre de nos documents n'ayant pas régulièrement piquetée. L'oiseau (?) est pointillé plus
encore été publiés, il nous a paru indiqué de donner légèrement. Il s'agit apparemment d'une scène de
les plus significatifs, c'est-à-dire apportant du piégeage.
nouveau ou permettant d'alimenter des séries
particulières.
Homme attaqué par un crocodile (fig. 3, n° 3)
Ces gravures appartiennent à sept stations figurant
parmi les 27 principales (1) que nous avons
dénombrées en les désignant d'après la toponymie utilisée A Abeïor, sur le glacis de la rive droite, comme
par les guides du Syndicat d'Initiatives d'Illizi (fig. 1). la plupart des autres gravures, se trouve une
composition originale (L = 1,50 m environ). Il s'agit d'un
homme longiligne, en profil absolu, au trait piqueté
Hippopotame à disque frontal et spirale (fig. 2 et serré et de patine totale, sur une surface irrégulière,
fig. 3, n° 1) surpris par un crocodile qui l'attaque par-dessous.
L'homme a le « dos rond », fréquent chez les
Nous donnons en premier lieu la photo et le calque Chasseurs (5), et un pan de vêtement piqueté plus
de l'hippopotame bien connu de Tin-Smad (2). Il a
été présenté comme portant une spirale « attenante 1976,
(3) I,H. fig.
Lhote.
898 Les
et II,gravures
p. 802. rupestres de l'oued Djerat, Alger,
(4) P. Huard, J. Leclant et L. Huard-Allard. Recherches sur
la culture des Chasseurs anciens du Sahara et du ATíř, IIIe
(1) P. Huard et L. Allard. Les gravures rupestres anciennes partie, Chapitre I, fig. 110-111, Crape, Alger, sous presse.
de l'oued Djerat, Libyca XXI, 1973, Alger, pp. 169-222. (5) Id., ibid, fig. 18, n" 9. — P. Huard et L. Allard-Huard.
(2) M. Reygasse. Gravures et peintures rupestres du Tassili Nouveaux documents sur les Chasseurs, en préparation pour
des Ajjers, L'Anthropologie, 45, 1935, 5-6, fig. 15, p. 549. Libyca.
>52

légèrement et assez lâche est en travers de sa cuisse.


Le cou, le menton et le nez de l'homme, bien tracés,
forment un profil non négroïde, surmonté d'un petit
toupet qui avance. Du crocodile incisé, mal dessiné,
on ne voit que les mâchoires grandes ouvertes et l'œil
est soigneusement indiqué.
On est en présence d'une scène rappelant un
drame vécu, dont il existe d'autres exemples chez

Fig. 2 - Hippopotame de Tin Smad (L = 152 cm) avec spirale


inscrite dans un disque frontal. Photo L. Allard-Huard.

les Chasseurs du Sahara et du Nil : hommes


projetés ou écrasés par des éléphants (6), homme avalé
par un hippopotame, etc. (7).

Danseur à cornes (fig. 3, n° 4)

A Toukrimine, en rive droite de l'oued, sur la


face interne d'un bloc isolé de 2 m X 2 m environ
et à 1,50 m de la paroi de la falaise sont gravés trois
sujets, tous de patine totale, n'appartenant pas à l'art
naturaliste monumental. L'observateur est d'abord
attiré par deux rhinocéros profondément incisés,
légèrement stylisés (L = 60 cm environ), qu'il ne nous
paraît pas utile de publier. Au-dessus du rhinocéros
de gauche, et recouvrant le bout de sa petite corne,
est piqueté au trait un homme zoocéphale, de profil,
regardant vers la gauche (H = 1,20 m environ).
Il est nu, en mouvement, le corps penché en avant ;
les membres sont caractérisés par leur grande
longueur. D'après la position des genoux, dont l'un très
élevé vient toucher le coude, l'homme exécuterait
une danse vive, ses avant-bras relevés semblant faire
offrande d'objets oblongs. La tête composite réalisée
avec soin, à oreille dressée, longue et pointue, est
surmontée d'un remarquable cornage d'antilope kou-
dou, représenté de face. Cette composition réalisée
avec soin, sur une surface bombée irrégulière a,
pensons-nous, une signification rituelle en rapport
avec la chasse. L'anneau de cheville figuré, à section
triangulaire (8), d'un type présent dans le matériel
néolithique du Tibesti, montre qu'il ne s'agit pas
d'une œuvre des plus anciennes des Chasseurs locaux.
6 km

n'-(-6) 1 età (7)


8. Huard, Leclant, Allard-Huard. Recherches..., fig. 15,
Fig. 1 - Stations rupestres de l'Oued Djerat ayant donné les (8) Ce type de parure se trouve chez des populations actuelles
documents reproduits. du Sahara.
253

Fig. 3 - № 1, hippopotame de Tin Smad ; n° 1, spirale reliée à un oiseau (?) ; n" 3, homme attaqué par un crocodile ; n° 4, danseur à
cornes (relevés L. Allard-Huard, inédits).
254

Fig. n°4 3,- №masque


1, grand
d'Aferpersonnage
; n« 4, têtesurzoomorphe
dalle (AUard-Huard,
; n> S, têteinédit)
de bœuf; n°; n2, 6,homme
tête demasqué
bœuf à chignon
grand pagne
(relevéset mains
Allard-Huard,
(relevé Aliard-Huard)
inédits).
>
255

Grand personnage sur dalle (fig. 4, n° 1) deux mains tendues vers le personnage de droite,
chasseur à long pagne élaboré, portant un masque à
oreilles, avec une petite spirale derrière la nuque, et
A Tin-Smad, sur un glacis horizontal de la rive qui tient probablement un arc.
droite, présentant plusieurs niveaux, le grand
personnage en mouvement n° 1, de patine totale, est en Les mains, qui ont appartenu à un sujet placé à
partie détérioré (hauteur visible : 1,50 m environ). un niveau inférieur, semblent implorer le personnage
Notre relevé est établi d'après plusieurs dont l'accoutrement d'apparat peut correspondre à
photographies dont la prise difficile a entraîné des une scène rituelle en rapport avec la chasse.
déformations. La tête du sujet, de profil, avec une corne
plantée sur le crâne, a un museau allongé à bout
carré, ayant des homologues. C'est probablement un Deux danseurs d'Afer (fig. 5)
masque. De la ligne de séparation du cou bien
marquée, se détache vers l'arrière une sorte de ruban
flottant. Le bras droit se prépare à l'acte de lancer. En rive gauche de l'Oued Afer, une dalle
horizontale très proche du confluent porte de nombreuses
Cette figuration, d'une phase ancienne des gravures plus ou moins usées et de plusieurs styles.
Chasseurs locaux, est superposée à d'autres gravures Parmi elles, sont incisés au trait large en U, deux
indéchiffrables, usées et en partie disparues. personnages naturalistes de patine totale,
apparemment de même main. Représentés de profil à gauche,
ils sont nus, avec par-derrière des queues adventices
et semblent danser. Les membres inférieurs sont
réalisés avec soin tandis que le haut des corps est
actuellement beaucoup moins visible.
Le sujet de droite (H = 1 m environ), ithyphal-
lique à la tête pourvue de petites cornes, évolue vers
la gauche, les bras étendus. Ses jambes sont bien
galbées avec les doigts de pied marqués. Il est sous-
jacent au cornage d'un bœuf africain à chignon,
incisé en V, également de patine totale, dont le
style naturaliste évolué tend déjà à la stylisation.
Son compagnon, qui le précède, paraît bondir. Le
sexe est indiqué et il porte deux queues dont l'une
relevée en spirale. La partie supérieure du
personnage, assez effacé, a été recouverte par un bucrâne
stylisé, à corne artificiellement déformée (9), qui
semble de même niveau que le bœuf précité.
Les deux hommes décrits sont à rattacher à une
phase ancienne des Chasseurs locaux par plusieurs
traits culturels : cornes, queues postérieures
adventices, ithyphallisme, spirale, action de danse.

Fig. S Deux danseurs d'Afer (relevé Allard-Huard). Masque d'Afer (fig. 4, n° 3)


(dessin inversé)
Sur la même dalle, mêlée à d'autres gravures
indéchiffrables, de patine totale, traitées au gros
Homme masqué à grand pagne et mains (fig. 4, n° 2) piqueté jointif, est figurée une grande tête animale
de profil (L = 60 cm), s' arrêtant avec le cou et
Cette belle composition a été plusieurs fois portant de longues oreilles. C'est très probablement
publiée (8 a), mais incomplètement. Il s'agit d'une un masque, car d'assez nombreuses têtes de chasseurs
scène incisée, dont la desquamation de la paroi a figurées à Djerat sont représentées de la sorte.
fait disparaître la partie gauche ; il n'en reste que
(9) Cf. P. Huard et L. Allard-Huard. Contribution saharienne
(8 a) Notamment par P. Huard et L. Allard, dans Lîbyca, à l'approche des cultures pastorales de Nubie (Communication
XXI, p. 172, fig. 2, n° Г), et H. Lhole, Les gravures rupestres de au IIe Congrès International d'Egyptologie, Grenoble,
l'O. Djerat, I, p. 271, fig. 959. septembre 1979).
256

Tête zoomorphe (fig. 4, n° 4)

Au confluent des ouadi Afer et Djerat, la tête à


oreilles dressées n° 4, très ancienne (H = 30 cm),
de patine totale, réalisée au gros pointillé profond,
est sans corps.

Tête de bœuf (fig. 4, n° 5)

Dans le site du coude de l'oued Afer, en rive


gauche, cette tête de profil représentée seule, exécutée
au gros piqueté profond, irrégulier et de patine totale
(H = 35 cm environ), se trouve au bas d'un panneau
où figurent des bœufs à cornage déformé, nettement
moins anciens. Le document est, pensons-nous,
antérieur au style naturaliste local, et le cas n'est
pas exceptionnel (10).

Tête de bœuf à chignon (fig. 4, n° 6)

A Ti-Belouahin, en rive droite de l'oued Djerat, Fig. 6 - № 1, girafe tenue par la queue (relevé Allard-Huard)
la tête d'un bœuf de profil n° 6 est profondément n 2, couple sous-jacent à un bœuf (Allard-Huard, inédit).
marquée par un piquetage très large, profond et
continu (L = 40 cm environ). La patine n'est pas
totale. Le chignon est fortement mis en évidence, Couple sous-jacent à un bœuf (fig. 6, n° 2)
les cornes absentes, le naseau, la bouche et l'œil
nettement tracés. La ligne inférieure de l'oreille a été
prolongée pour tenir lieu du cornage manquant. Dans la même station, mais en rive droite, le
couple piqueté profond n° 2, de très petites
dimensions (quelques centimètres) met en évidence un
Girafe tenue par la queue (fig. 6, n° 1) ithyphallique à tête informe et une femme vêtue
portant une coiffure en champignon. Ces détails sont
d'époque pastorale avancée. La scène est toutefois
Sur une dalle légèrement inclinée de la rive gauche sous-jacente à un grand bœuf naturaliste au trait
de l'oued Djerat, à Abeïor, la composition n° 1 incisé en V remarquablement poli, ayant fait suite à
(L = 4 m environ) comprend, superposée à un âne un piquetage très régulier et espacé. On est en
sauvage, une girafe en course, très soignée (H = présence d'un des cas rares où l'art naturaliste s'est
1,60 m), légèrement plus claire que la roche. Le conservé tardivement jusque vers la fin de l'époque
contour est au trait incisé et poli en U, avec les pastorale.
lignes des ocelles piquetées. La queue, très longue,
polie sur toute sa large surface, est tenue par un
homme incisé moins profond, qui court derrière la
girafe. Il porte une coiffure ramenée en arrière et
une ceinture. Cette scène qui exprime un trait Nous espérons que cet apport documentaire qui
culturel fréquent chez les Chasseurs (11) n'appartient pas se rapporte presque totalement à la culture des
à la phase archaïque de cette longue culture (12). Chasseurs anciens, si richement représentée dans
l'oued Djerat, incitera les visiteurs de ce Haut-lieu à
tenter l'effort d'exploiter complètement les
(10) Cf. Huard et Allard-Huard. Gravures sous-jacentes à documents, même d'apparence peu lisibles, qu'ils en
l'art naturaliste, en préparation.
(11) Huard, Leclant et Allard-Huard. Recherches..., IIIe partie, auront rapportés.
fig. 138 à 156.
(12) Cette girafe a été publiée par H. Lhote sous le n° 1556
et en fig. 40, et l'homme en fig. 65. sans rapport entre les deux Leone Allard-Huard,
documents. Divajeu, 25400 Crest.
G. Bailloud, Gérant, № C.P.P.P. 28 888 Imp. LABOUREUR et Cie, 36100 Issoudun - Tél. (54) 21-00-87

También podría gustarte