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occidentales pro-immigrationnistes » et les « organes


de financement de George Soros et autres structures
Le FN a payé une enquête complotiste
immigrationnistes et mondialistes ») : 10 000 euros.
sur Mediapart avec des fonds publics
européens
PAR MARINE TURCHI
ARTICLE PUBLIÉ LE MERCREDI 23 MAI 2018

Le groupe du FN au Parlement européen a commandé,


à la demande de l'eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser,
une « enquête » sur Mediapart et ses sources, réglée
avec les fonds publics alloués au groupe. Derrière ce
rapport complotiste émaillé de fake news, on trouve le La première page du rapport, intitulé « Les métastases
de Mediapart » et daté du 15 octobre 2017.
cabinet de conseil de l'essayiste Alexandre del Valle.
Cette « enquête » de 143 pages, intitulée «
« Il faut savoir que nous pouvons enquêter sur votre Les métastases de Mediapart » (et à lire en
enquête et montrer qui vous paie ou paie Mediapart. intégralité ici), a été présentée le 25 octobre
» En décembre 2016, l’eurodéputé frontiste Jean-Luc 2017 au Parlement européen, devant des élus du
Schaffhauser avait lancé cette mise en garde, alors que groupe ENL. Derrière ce rapport, on trouve trois
nous l’interrogions sur les recherches de financement personnages, qui figurent parmi les contributeurs (non
du Front national en Russie. L'élu soupçonnait notre rémunérés) du site Atlantico : l'eurodéputé Jean-
travail d'être « commandité par des réseaux extérieurs Luc Schaffhauser, membre pendant la campagne
de propagande ». du Comité stratégique de Marine Le Pen ; les
Six mois plus tard, il a mis sa menace à exécution. géopolitologues Alexandre del Valle et Viatcheslav
Selon nos informations, l’élu et le groupe du Front Avioutskii.
national au Parlement européen (Europe des nations D’après le devis, que Mediapart s'est procuré, le
et des libertés, ENL) ont commandé en juin 2017 « cahier des charges » visait à enquêter sur
une « enquête » sur Mediapart, ses journalistes et ses notre journal, ses sources prétendues, mais aussi
sources supposées, auprès d’un cabinet de conseil, ses journalistes (« personnes physiques ») « liés
Geopol Consultings. Coût total pour ce rapport et un ou issus des réseaux occultes qui réunissent les
second (consacré aux liens supposés entre des « ONG centres décisionnels, les organismes de financement,
et les faiseurs d’opinion », leur « parcours dans le
renseignement ou les offices extérieurs ».
L’objectif est inscrit noir sur blanc : « Démontrer les
liens existants entre certains acteurs extérieurs et ce
média ainsi que des acteurs politiques mainstream qui
se positionnent pourtant comme étant “indépendants”
et “objectifs” » et « montrer que ce média est un chien
de garde du système ». L’enquête prétend s’appuyer

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sur des « sources ouvertes et confidentielles trouvées l'essayiste Pascal Bruckner. Les mots « islam » ou «
», « mais pas de sources illégales », juge utile de islamiste » figurent 176 fois, les termes « trotskiste »
préciser le document. ou « trotskisme » 164 fois.
Le rapport relaie sans vérification tout ce que Google
compte d'occurrences sur Mediapart. Les ouvrages
académiques sur les médias et articles de presse
côtoient des sites de la « droitosphère » tels que
24heuresactu, plusieurs fois épinglé pour la diffusion
de fausses informations (ici, là ou là) ; le blog d'une
militante Les Républicains ; ou encore l’Observatoire Extrait du rapport sur Mediapart, page 60.
du journalisme (Ojim), un site d'extrême droite qui D'après le devis, l'enquête devait débusquer les sources
ambitionne « d'informer sur ceux qui vous informent supposées de Mediapart, ses liens avec le monde
» et propose des fiches sur 200 journalistes. judiciaire et policier, à travers plusieurs « études de
Que dit cette « étude » ? Il s'agit d'abord d'un cas » : « Penelope Gate, Financement russe du FN,
réquisitoire sur les médias, dont le pouvoir est jugé « attaques contre Sarkozy-Guéant et soutien aux ONG
excessif et abusif ». « Source de toutes les méfiances » pro-islamistes pro-clandestins, liens entre le PNF [le
et atteints du « virus du journalisme de procureurs à Parquet national financier, qui a ouvert les enquêtes
charge », ils sont soupçonnés d'être un « danger pour visant François Fillon et Jean-Luc Schaffhauser – ndlr]
la démocratie ». Ils auraient « monté de toutes pièces et Mediapart ».
» l’affaire Fillon et « harcelé de la même manière À l'arrivée, le rapport avance la thèse d'un « coup
» Marine Le Pen. Ils seraient téléguidés par des d’État médiatico-idéologique » etdépeint Mediapart
« réseaux »« orientés vers le trotskisme et l’extrême- en « courroie de transmission d’enquêtes de police
gauche antisioniste, pro-islamiste, anti-occidentale », transmises illégalement ». Les auteurs reprochent au
ayant pour « objectif » « l’affaiblissement pur et simple journal de publier « des informations confidentielles
du système capitaliste » et l'influence de « l’opinion » sans « attendre qu'elles deviennent publiques ».
publique dans le sens de la subversion des valeurs Ils évoquent « des liens occultes avec des magistrats
traditionnelles judéo-chrétiennes ». et des policiers » qui utiliseraient le journal « comme
Mediapart en particulier mènerait un « jihad “poisson pilote” et haut-parleur opportun ».
médiatico-intellectuel », visant à « saper de l’intérieur Cette « étude » publie aussi une série de « fiches » sur
les fondements de l’État français », avec deux « les fondateurs et actionnaires de Mediapart, égrenant
facettes », « trotskisme » et « islamisme radical ». leurs photos, liens amicaux, familiaux et engagements
Qualifié d'« agent d'influence des islamistes », le supposés. Une longue partie vise le fondateur de
journal serait « entre les mains des Frères musulmans Mediapart, Edwy Plenel, mentionné à 183 reprises et
», écrit très sérieusement ce rapport, en citant accusé, après son militantisme de jeunesse à la LCR,
d'avoir mis sur pied une « cellule clandestine trotskiste
» au Monde.
Mediapart publie chaque année ses comptes et
actionnariat. Pourtant, le rapport multiplie les erreurs
factuelles sur le fond, les coquilles sur la forme,
déformant au passage les noms de personnalités
politiques (« Florient Filippot », « Jean Luc
Shaffhaeuser », « François Fillion »). Quelques
exemples. La première levée de fonds de Mediapart

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n'était pas de 4 mais de 2,9 millions d'euros. Le « Soros vous paie-t-il indirectement via le
capital de Mediapart n'est pas « détenu à 33 % par journal ou directement ? »
ses cofondateurs » mais à 42,08 %. La Société des
amis de Mediapart (SAM) est présentée comme «
une structure très opaque » dont les noms des 46
fondateurs seraient « anonymes » alors que la liste,
déposée au greffe du tribunal de commerce lors de la
création de Mediapart en 2008, est disponible sur le
site Infogreffe. Autre exemple emblématique : Mediapart est accusé,
avec d'autres médias, d'avoir « encensé » l'ex-
Alors que le Parlement s'apprête à débattre d'une
chroniqueur du Bondy Blog Mehdi Meklat «
proposition de loi relative à la lutte contre les fausses
malgré » la révélation, en février 2017, de tweets
informations, ce rapport est un cas d’école en matière
antisémites et homophobes publiés sous son alias
de fake news, sur fond de vision complotiste. On
« Marcelin Deschamps » (lire notre article et
y apprend par exemple que la directrice générale
notre billet). Le rapport affirme qu'Edwy Plenel
de Mediapart, Marie-Hélène Smiejan, parce qu'elle a
a publié un tweet « en soutien de Mehdi Meklat
étudié à l'université de Pékin en 1976, aurait établi des
»,le qualifiant d'« exemple ». C'est faux : non
liens avec « les milieux communistes-maoïstes » et les
seulement ce tweet était antérieur (septembre 2016),
« réseaux politiques du Parti communiste chinois ».
mais il s'adressait au Bondy Blog à l'occasion de sa
Ou que l'affaire Bettencourt était une « tentative de
MasterClass.
déstabilisation » visant à « affaiblir » Nicolas Sarkozy
« durant la campagne de 2012 au profit de Hollande Contactée, Marine Le Pen n'a pas répondu, et son
qui comptait bien sur Mediapart ». successeur à la présidence du groupe ENL, Nicolas
Bay, dit n'avoir « aucun commentaire à faire » car il
Ou encore que l'affaire Cahuzac a été révélée parce
n'était « pas au courant de cette commande ».
qu'il fallait mettre « hors d’état de nuire » le ministre
du budget qui « s’était résolument opposé au fait que De son côté, Jean-Luc Schaffhauser se félicite d’avoir
la presse en ligne bénéficie du même régime fiscal que « fort bien utilisé » son enveloppe européenne. « Les
la presse papier » et qui était un « homme de la gauche représentants de la souveraineté se doivent d'enquêter
libérale qui aime l’argent », « assum[ant] des amitiés sur les journalistes donneurs de leçon, indique-t-il à
transversales y compris parmi des personnalités du Mediapart. Les journalistes n'ont aucune légitimité et
FN ». Citant un vieil article deL’Express publié en la plupart du temps véhiculent des fake news. Derrière
octobre 2013, le rapport assure que « jamais les l'objectivité factuelle, l'étude montre qu'ils sont au
services de l’État ne s’aventureront à contrôler le site. service d'intérêts particuliers et non pas au service du
Mediapart est intouchable ». Le 17 décembre 2013, un bien commun. »
contrôle fiscal a pourtant été déclenché à l'encontre du Et l’eurodéputé de nous interroger : « Quels sont
journal. vos liens avec Monsieur Soros ? Vous paie-t-il
indirectement via le journal ou directement ? Si
oui combien ? Je suis curieux de savoir qu'en est-
il (sic) du journalisme soutenu par un milliardaire
représentant le lobby financier. » Pure fake news,
puisque Mediapart n'a aucun lien avec George Soros
et ne touche par ailleurs aucune subvention publique
ou privée.

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Au mois d'octobre, l'élu avait publié le rapport dans auteurs du site anti-islam Riposte laïque, qui voit en
les recoins de son site, dans la rubrique « lui« un résistant trop souvent traité de “fasciste” par
Presse et autres travaux parlementaires ». Après les complices de l’islam ».
nos questions, l'étude a été renommée puis, pour
finir, totalement supprimée. L'eurodéputé explique
désormais que la version mise en ligne n'était
pas corrigée et recouvrait des « erreurs » (lire notre
Boîte noire et notre onglet Prolonger).

La page du site de Jean-Luc Schaffhauser consacrée au rapport, Publication d'Alexandre del Valle sur Atlantico le 13
avant qu'elle soit modifiée lors de l'envoi de nos questions. avril 2018, reprenant des extraits de son dernier livre.

Qui a réalisé ce rapport ? Jean-Luc Schaffhauser Dans le dernier ouvrage d'Alexandre del Valle, dont
explique avoir choisi le cabinet Geopol des extraits ont été publiés sur Atlantico en avril, on
Consultings pour son « expertise » et ses retrouve certaines thèses du rapport. Mediaparty
« compétences » et précise que « l'étude a été menée est présenté en « instrument de cette propagande
par un expert de l'école de guerre », sans donner aucun frérosalafiste, anti-laïcité et anti-République » et son
nom. fondateur en « coallahbo [contraction de « collabo »
et « Allah » – ndlr] de l'islamisme ». « Edwy Plenel et
Derrière ce cabinet domicilié à Bruxelles, on trouve un Mediapart sont devenus un instrument de propagande
certain Marc d’Anna, qui n’est autre que le vrai nom des Frères musulmans », affirme l'essayiste.
de l’essayiste Alexandre del Valle. Auteur d’ouvrages
violents sur l’islam, invité régulier des médias et D’après nos informations, un proche d’Alexandre del
professeur dans les écoles de commerce Sup de Co à Valle, lui aussi contributeur d’Atlantico, a participé
La Rochelle et l'IPAG à Paris –, Alexandre del Valle à la rédaction de ce rapport : le Franco-Russe
se présente comme « géopolitologue » et « chercheur Viatcheslav Avioutskii, géopolitologue spécialiste du
associé » dans des centres et instituts. monde russe et enseignant à l'école de management
ESSCA. Contacté, il n’a pas donné suite.
En 2002, il avait créé la Droite libre, un courant libéral-
conservateur associé à l'UMP, et fut candidat à la Questionné, Alexandre del Valle confirme à
Mediapart que son cabinet a réalisé des rapports à la
vice-présidence du parti. Mis en avant par Le Figaro,
demande « du groupe politique européen ENL » et
il est aussi un contributeur phare d’Atlantico, où il
qu’« un rédacteur a fait un travail d’expert et d’études
signe chaque semaine. Ces dernières années, il est
comme demandé ». « L’administration du Parlement
apparu régulièrement dans des médias ou think tanks
européen a validé l'étude », assure-t-il.
d’extrême droite (Valeurs actuelles, L’Incorrect, TV-
Libertés, le Cercle Aristote) et apparaît parmi les En réalité, le Parlement européen n’a pas de regard sur
le contenu des rapports réalisés avec cette enveloppe. «
Les groupes politiques gèrent les crédits qui leur
sont alloués » et « sont responsables du contenu
des activités politiques et d'information organisées
», souligne son service de presse. Chaque année,
le Parlement alloue un budget (la « ligne 400 »
dans le jargon) aux groupes pour couvrir leurs «

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dépenses administratives et de fonctionnement » et anti-national, pro-islamiste et russophobe de tous les


celles « liées aux activités politiques et d'information organes militants et journalistiquesqui ont conçu (...)
(...) dans le cadre des activités politiques de l'Union la tentative de lynchage » de l'eurodéputé.
européenne ». En échange, les groupes doivent lui
transmettre leurs comptes annuels avant le mois de
mai, pour que ceux-ci soient audités par un cabinet
extérieur. Les comptes 2017, dans lesquels figurent
la facture de ce rapport, n'ont donc pas encore été
examinés.
Alexandre del Valle invité de la web-télé d'extrême droite
Pourquoi Jean-Luc Schaffhauser a-t-il commandé TV-Libertés pour présenter son livre, en novembre 2016.
une telle enquête ? L'explication se trouve sans La démarche, le contenu du rapport et son absence
doute à la page 122. Les auteurs évoquent, sur sept de rigueur questionnent en tout cas le travail de
pages, la révélation par Mediapart du prêt russe du ces “experts” qui se présentent comme chercheurs et
Front national et du rôle joué par son négociateur, interviennent à ce titre dans les médias.
un certain… Jean-Luc Schaffhauser. Proche de
Le directeur de publication d'Atlantico, Jean-Sébastien
l'Opus Dei, ce consultant international a été investi
Ferjou, dit « découvrir » les activités de consultant
par le Rassemblement bleu marine aux élections
de son contributeur et explique qu'il « va [lui] en
européennes et municipales, en 2014. Cette année-
parler pour comprendre ce qu'était la nature de ce
là, il a activé ses réseaux pour débloquer en Russie
rapport ». Mais il précise ne se sentir « responsable
un prêt de 9 millions d'euros, touchant au passage
que de ce qu’Alexandre del Valle publie sur Atlantico
une commission de 140 000 euros qu'il avait alors
» : « Je n'ai jamais lu dans les articles principalement
“omis” de mentionner dans sa déclaration d'intérêts
géopolitiques que nous publions de lui quoi que ce
au Parlement européen.
soit qui puisse laisser penser qu’il s’écarterait de la
En février 2016, la justice a ouvert une rigueur intellectuelle de l’enseignant qu’il est aussi. »
enquêteaprès avoir reçu un signalement de la cellule Il estime qu’« un cabinet de consulting a le droit de
antiblanchiment Tracfin sur les fonds que l'élu a perçus faire ce qu’il veut » et que « la ligne rouge n’est pas sur
ainsi que ses structures. Fin 2017, la Société générale a le fait qu’Alexandre del Valle accepte ou pas de faire
fermé le compte personnel de l'élu, qui a contesté cette un rapport » mais « sur le fait de faire un rapport truffé
décision. Malgré ces éléments, le rapport estime que « d’erreurs et complotiste ». Pour autant, Jean-Sébastien
l'affaire Schaffhauser » serait « totalement motivée par Ferjou ne se prononce pas sur le contenu de cette «
des considérations politico-idéologiques, voire même enquête ».
géopolitiques, étant donné l’engagement à la fois
Contactée, l'école Sup de Co La Rochelle, où
enseigne Alexandre del Valle, rétorque ne pas
être son « employeur principal », précisant
qu'il « ne réalise que quelques interventions
ponctuelles ». L'IPAG, où il intervient également,
indique ne pas avoir à « se mêler » des « activités
de conseil » et des « clients » de ses professeurs,
estimant que cela relève de leur « vie privée
» et que « le fait de vendre des études à un
groupe politique du Parlement européen n’a rien
d’illégal ou de moralement répréhensible ». Mais

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l'établissement prend soin de préciser que ces activités Schaffhauser : « Je n'étais pas au courant de cette
des professeurs « n’engagent en rien l’École et commande qui est ancienne, avant que je ne sois
n’expriment que leurs opinions ». président du groupe ENL. »
Pour sa part, l'institut Choiseul, où le géopolitologue Questionné le 15 mai, Jean-Luc Schaffhauser a assumé
dit être« chercheur associé », dément toute « relation ce rapport réalisé « pour le groupe de l'ENL », avant
professionnelle »« depuis près de quatre ans ». de nous expliquer le lendemain que la version publiée
L’organisme précise que « ses activités et publications sur son site était celle non corrigée : « Je fais rectifier
récentes (...) n’engagent que lui » et « récus[e] toute effectivement, j'avais demandé que les erreurs soient
critique visant un organe de presse quel qu’il soit, la reprises. Elles résultent d'un groupe de nationalités
liberté de la presse étant une valeur sacrée de notre diverses. »Le rapport a été renommé, puis pour finir
institut ». totalement supprimé de son site (voir notre onglet
L'école de management ESSCA, où enseigne Prolonger). Le 18 mai, l'élu nous a renvoyés vers
Viatcheslav Avioutskii, fait savoir qu'elle n'était «pas son avocat et annoncé son intention d'« attaquer
au courant de ce rapport » et précise qu'elle « ne Mediapart » : « J'attends donc impatiemment votre
partage en rien son contenu qui ne [lui] a jamais article car j'aurais dû le faire pour tous les autres
été soumis et n’a pas été réalisé dans le cadre mensonges passés ce qui me permettra de les rappeler
des missions confiées à cet enseignant ». Tout en factuellement. » En décembre 2016 déjà, il avait
rappelant que les professeurs ont « le droit d’avoir menacé de nous « attaquer pour divulgation de fausses
une vie professionnelle et des engagements politiques informations à [s]on sujet ». Son assistant, Romain
ou associatifs » à l'extérieur, elle dit veiller à ce Bessonnet, nous avait lui accusés d’avoir « sali la
que les cours dispensés ne soient pas « des vecteurs réputation » de son député et qualifiés de « canard
idéologiques ». hitléro-trotskiste ».
L'ISC Paris, qui a compté Viatcheslav Avioutskii Contacté, Alexandre del Valle a seulement accepté
parmi ses professeurs jusqu'en juillet 2017, rappelle de confirmer par mail cette prestation de son
les mêmes principes et ajoute que « s'il s'avère qu'il cabinet, sans répondre à nos autres questions. Jean-
est l'auteur d'un tel rapport, il est clair qu'il n'a plus Sébastien Ferjou, fondateur et directeur de publication
sa place dans un corps professoral ». « Notre école d'Atlantico, a été interviewé le 17 mai, puis nous
est attachée à la liberté de la presse », insiste son lui avons adressé le rapport afin qu’il puisse juger
directeur Henry Buzy-Cazaux, pour qui «Mediapart a par lui-même du contenu. « Du peu que j’en ai vu,
fait la preuve qu'il contribuait à la transparence là où le rapport m'a plus paru ressembler à une sorte
d'autres n'y arrivaient pas ou ne voulaient pas le faire de dissertation générale sur l'influence politique des
». « Les grandes écoles de management doivent être médias en fonction de leur positionnement », a-t-il
attachées à ce principe, ajoute-t-il. Si elles ferment commenté.
les yeux là-dessus, elles ne sont pas dignes de former Prolonger
des responsables d'entreprise. » Avant nos questions adressées à Jean-Luc
Boite noire Schaffhauser, le 15 mai, le rapport était en ligne sur son
Sollicités, ils n'ont pas répondu à nos questions : site d'élu, sous le titre « Les métastases de Mediapart
Marine Le Pen et son directeur de cabinet Nicolas » (la page est encore accessible dans le cache Google
Lesage ; Viatcheslav Avioutskii ; le Center of Foreign ici). Après nos questions, la page a été modifiée :
and Political Affairs (CPFA), où Alexandre del Valle l'étude a été renommée « Rapport Geopol » et le
dit être « chercheur associé ». Le coprésident du document en lien retiré. Quelques jours plus tard, la
groupe ENL, Nicolas Bay, n'a pas souhaité faire page a été totalement supprimée, effaçant toute trace
de commentaire et nous a renvoyés vers Jean-Luc du rapport.

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Voici la page avant nos questions :

Après nos questions:

Et le 22 mai:

Directeur de la publication : Edwy Plenel Rédaction et administration : 8 passage Brulon 75012 Paris
Directeur éditorial : François Bonnet Courriel : contact@mediapart.fr
Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS). Téléphone : + 33 (0) 1 44 68 99 08
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publications et agences de presse : 1214Y90071 et 1219Y90071. dont le siège social est situé au 8 passage Brulon, 75012 Paris.
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(Président), Sébastien Sassolas, Marie-Hélène Smiéjan, Thierry Wilhelm. Actionnaires peut être contacté par courriel à l’adresse : serviceabonnement@mediapart.fr. ou par courrier
directs et indirects : Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, à l'adresse : Service abonnés Mediapart, 4, rue Saint Hilaire 86000 Poitiers. Vous pouvez
Marie-Hélène Smiéjan ; Laurent Chemla, F. Vitrani ; Société Ecofinance, Société Doxa, également adresser vos courriers à Société Editrice de Mediapart, 8 passage Brulon, 75012
Société des Amis de Mediapart. Paris.

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