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Alain de Benoist
L'ensemble formé, dans l'œuvre de Koestler, par Les Somnambules (959), Le Cri
Ce n'est pas ici le lieu d'en faire l'analyse. Je voudrais, plus simplement, souligner la
place occupée aujourd'hui, sur l'échiquier des discours épistémologiques, par les
son appartenance aux trois premiers niveaux avec des «parties» de l'univers de plus
humain, en passant par celui des systèmes physiques et celui des systèmes vivants,
fur et à mesure qu'on s'élève dans l'ordre des niveaux: plus un ensemble est
complexe, moins il est analysable d'une façon qui permettrait l'élimination des
hiérarchie, écrit Koestler, a plus de " degrés de liberté" qu'un hoIon situé à un
niveau inférieur. »
Dans le courant des années trente, les doctrines physicalistes affirmaient déjà
nous avons une raison de plus pour les rejeter» (Science and Ruman Behaviour).
La futurologie américaine repose sur la même croyance implicite. Interrogé sur les
travaux menés par Herman Kahn à la Rand Corporation, Georg Picht, conseiller
tout quantifier. Il pense accéder à un maximum d'emprise sur les choses par un
politiques et morales qui peuvent entrer en jeu. En somme, il a selon une mode
récente, une confiance aveugle dans les données quantitatives qu'un ordinateur peut
avaler, sans s'interroger sur tous les préalables humains qui bouleversent sans cesse
nos prévisions. Or, les analyses semblent démontrer que les grandes mutations
2) Le tout est plus que la somme des parties. La démarche réductionniste étant une
démarche purement analytique, il est évident qu'elle escamote, par le fait même,
toutes les propriétés des systèmes en tant que systèmes. Or, celles-ci sont d'une
importance considérable, puisqu'à certains égards, c'est en elles que résident les
explications finales.
Il suffit de se pencher un tant soit peu sur les doctrines structuralistes, par exemple,
elles ont pour effet principal de faire disparaître ce sujet. D'une façon plus
générale,avec les «sciences humaines» (qui, comme l'a dit Roger Caillois, n'ont de
objet. II faut voir la rage obsessionnelle avec laquelle les théoriciens structuralistes
Michel Foucault dans Les mots et les choses. Jacques Lacan, dans ses " Ecrits"
théorique, déclare: «On ne peut connaître quelque chose des hommes qu'à la
(Pour Marx.)
l'humain en non humain ». (La pensée sauvage.) «Nous croyons, écrit-il, que le but
dernier des sciences humaines n'est pas de constituer l'homme, mais de le dissoudre
[ ... ] Après avoir résorbé les humanités particulières dans une humanité générale, il
spiritualisme sont des termes caducs. «Ecris avec ton sang, et tu sauras que le sang
est esprit.» (Nietzsche.) Les métaphysiciens imaginent une âme sans corps (libérée
du corps). Les behavioristes imaginent un corps sans àme (libéré des «illusions» de
la conscience). Pour les premiers, Dieu a fait l'homme à son image. Pour les
seconds, nous sommes faits à l'image du rat: c'est le « ratomorphisme ». Il est temps
«double conscience» : l'homme n'est pas seulement conscient, il est aussi conscient
aurait abouti au cortex humain, en même temps qu'elle aura ipso facto produit
la « double conscience» est une propriété du système cérébral en tant que système.
Cependant, on aurait tort d'imaginer que le fait d'avoir «réduit» les phénomènes de
conscience en expliquant comment ils ont pu apparaître nous renseigne
nature. L'enfant vient des parents. Il n'est pas les parents: il est fous ses ancêtres, et
quelque chose en plus (qui provient d'une nouvelle «donne» à l'intérieur de son
allons-nous? Jusqu'ici, on s'est contenté de deux grands types de réponses: celles des
métaphysiciens, qui impliquent le recours à une divinité (le plus souvent un dieu
freudisme) en simple unilatéralisme. Toutes ces explications n'en sont pas. Les
problèmes qu'elles n'en résolvent: elles exigent, pour se justifier, toute une
simplement. Elles nous montrent en quoi l'homme est un animal, en quoi l'animal
ressemblance, non sur la différence. Or, c'est la différence qui donne l'identité.
Carence d'autant plus grave que l'on monte dans J'échelle des êtres vivants, et que
l'on constate une complexification, donc une différenciation (et par là même une
inégalité) croissantes.
». Konrad Lorenz, dans un entretien avec Nouvelle Ecole, l'a souligné: « Si vous
dites que tous les processus de la vie sont-en dernière analyse des proces'sus
physico-chimiques, vous dites une vérité. Mais dès l'instant où vous dites qu'ils ne
sont rien d'autre que ces processus physico-chimiques, vous tombez dans le
réductionnisme. C'est la même chose si l'on dit que l'homme est un mammifère, et
mécanistes du siècle dernier), c'est que la continuité dans l'ordre causal puisse aller
de pair avec une rupture- de «nature », c'est-à-dire que l'univers soit le théâtre de
sauts qualitatifs brusques, qui font qu'un niveau « transcende» (dépouillons le terme
de sa résonance métaphysique) le niveau d'où il est issu, en sorte que les lois qui
s'appliquaient en-deçà ne s'appliquent plus au-delà. Ils ne veulent pas admettre que
différents eux aussi, lesquels sont alors dus, non à une transformation de la « nature
préexistant» (Koestler), et où tous les éléments sont en interaction les uns avec les
autres, en sorte que, comme au jeu d'échecs, le déplacement d'un «pion» ne change
d'admettre qu'au sein d'un tel système, le tout soit plus que la somme des parties,
qu'il ait en tant que tout des propriétés qui ne se trouvent dans aucune de ses
parviendra pas à identifieî· celle où « se trouve» le son. Le son est une propriété
émergente, qui naît lorsque les pièces sont agencées de telle façon. De même la
Que sont donc ces propriétés émergentes ? Elles ne sont pas, comme le soutiennent
les théoriciens rédudionnistes, le seul fait du hasard (on sait que pour Koestler,
agencées ou s'actualisent de telle ou telle façon. Il n'y a pas besoin non plus, pour
laquelle ces éléments se trouvent. C'est ainsi que, contrairement au principe tant de
L'immense mérite d'Arthur Koestler a été d'éviter le double piège qui aurait
philosophies de la vie, etc. Il a tenté de dégager une tierce position, qui fasse
presque toujours la synthèse des deux autres et de ce fait les dépasse (au sens de
l'Aufhebung des Allemands). Les solutions qu'il propose lui-même ne sont pas
nécessairement les meilleures. Mais au moins a-t-il montré qu'on pouvait sortir du
donnant la parole aux savants qui s'emploient, eux aussi, dans le même sens, en
permettant à un large public de connaître les noms et les travaux de Paul MacLean,
prises personnellement par Koestler, ce qui précède ne pouvant laisser de doute sur
l'esprit dans lequel ces critiques seront faitès. Je centrerai mon propos sur Le
scientifique» de Koestler. Il n'y a rien à redire, à mon sens, quant à la théorie des
après avoir été explicitée dans les deux premières parties. En revanche, il me semble
«sujettes à controverse »comme le dit lui-même Koestler (sans cacher pour autant
que c'est à elles qu'il attache le plus d'importance), méritent une «critique positive
». Dans cette dernière partie du Cheval dans la Locomotive, ,qui en est en réalité la
partie centrale, Koestler affirme que l'homme a été vidime d'une sorte d'« erreur»
ou d'« accident» au cours de son évolution. Cet «accident», responsable d'un défaut
du néo-cortex humain, ajoute-t-il, est le seul cas où l'évolution ait donné à une
Paul McLean et Papez ont montré que les différences que l'on constate entre le
scientifiques) est tout à fait neutre du point de vue moral. Elle s'énonce à l'indicatif,
cerveau humain. Elle ne nous dit nullement que ce fonctionnement est «mauvais »,
et qu'il faut regretter qu'il s'effectue de cette façon. Ce regret, c'est Koestler qui
l'introduit, à partir d'une opinion toute subjective. Koestler regrette qu'il n'y ait
pas de solution de continuité entre les deux cerveaux, que la relation paléo/néo-
cortex soit une relation dialectique, et que l'emprise du néo-cortex sur le paléo-
cortex ne soit pas plus forte ni plus durable. Il exprime ce regret en fonction de son
tempérament, de ses sentiments personnels, des valeurs qui sont les siennes, et aussi
des expériences historiques et politiques qui ont été les siennes et qui, sans aucun
doute, ont influé sur son développement intérieur. Personnellement, je pense que
Koestler a tout à fait raison d'exprimer ce qu'il croit. Mais je ne peux le suivre dès
L'affirmation selon laquelle l'espèce humaine est une espèce « ratée» n'est pas
nouvelle. Au cours de l'histoire, nombreux sont les penseurs qui ont rêvé d'un
homme idéal, comme du «meilleur des mondes possibles ». Beaucoup ont donné
dans l'utopie, jusqu'à subir la sanction des faIts: qui veut faire l'ange ... Le
tendances de l'humanité, il semble être arrivé à cette conclusion que dans l'human
achievement, les défauts l'emportaient sur les qualités, 'que cet état de fait doit avoir
une cause et 'qu'en agissant sur cette cause, on doit supprimer l'effet. Les travaux de
Mac Lean sur la physiologie du cortex lui ont alors paru fournir la cause
recherchée. Mais, comme je viens de le dire, ces travaux ne fournissent rien de tel.
Mieux, ils ne peuvent être vus comme tels qu'à la condition d'être auparavant
convainëu que l'histoire de l'humanité est celle d'un être «défectueux ». Il me paraît
très douteux que le moindre consensus puisse s'établir sur pareille appréciation. Je
Nous souhaitons que l'homme se conduise d'une façon réfléchie et raisonnée. Mais
la raison, précisément, dans l'instant où elle nous dit que l'homme est raisonnable,
nous dit aussi qu'il n'est pas (entièrement) rationnel. Son cerveau, comme le
montre MacLean, comprend divers «étages ». Un seul de ces étages lui est propre,
c'est le néo-cortex. Les deux autres lui viennent de son héritage animal. Le cerveau
humain est donc un tout composé, et je ne vois pas pourquoi on déciderait qu'une
partie de ce tout est plus «détestable» qu'une autre. Si l'homme n'était qu'un
réfléchies et les pulsions, jouent les uns et les autres un rôle, il me semble que la
sa déficience ». Cette affirmation n'est, à mon avis, pas plus satisfaisante que les
extrapolations qu'il nous invite à faire à partir de l'évolution des arthropodes et des
marsupiaux. Et, pour ma part, j'aurai beaucoup de mal à me convaincre, après avoir
Le vieux cerveau, dominé par les pulsions, «ne verbalise pas, ne conceptualise pas. Il
pas que le paléo-cortex a toujours tort. Grâce au nouveau cortex, l'homme peut
raisonner par exemple sur des expériences qu'il n'a pas vécues, ou apprendre des
pas non plus que le néo-cortex a toujours raison. Koestler reconnaît lui-même tout
cerveau. Or, pour pouvoir souhaiter une meilleure emprise du néo-cortex sur le
paléo-cortex, il faudrait d'abord être sûr que le premier a toujours (ou presque
apprend qu'il n'en est rien. Il peut arriver que la pulsion première, irraisonnée, soit
la meilleure et la plus juste (ces deux termes n'allant pas nécessairement de pair: la
désirabilité d'une idée n'est pas en rapport avec son exactitude !). Il peut arriver
aussi que le raisonnement s'égare: les exemples n'abondent que trop. Et quand
l'esprit se perd dans la voluptueuse vacuité des abstractions pures. n'est-ce pas
quelque pulsion fondamentale qui le remet sur la voie des réalités qui ne mentent
pas? Reconnaître la prééminence du néo-cortex est une chose. Lui faire aveuglément
confiance en est une autre. A supposer même que toutes les v-érités lui soient dues,
tout ce qu'il exprime n'en est pas pour autant vrai. Après tout, le r-éductionnisme
est, lui aussi, une «entreprise» du néo-cortex, comme le sont du reste toutes les
idéologies, même les plus néfastes. Dans ces conditions, la prudence s'impose.
cerveau» ce qui lui revient. Le néo-cortex ne cesse de chercher des alibis au paléo-
cortex. Le raisonnement, à mille reprises, ne vise qu'à donner aux instincts les plus
humaine est victime d'une «erreur », comment être certain qu'à ce moment précis,
chez lui, c'est bien le néocortex qui s'exprime? Ne déclarait-il pas lui-même, il y a
quatre ans: « En fin de compte, toutes nos déclarations sont basées sur des croyance
Selon Koestler, l'homme est marqué au front d'une dimension de folie. C'est une
thèse qu'a soutenue récemment l'utopiste Edgar Morin (Le paradigme perdu: la
(soulignons-le) met en forme et même justifie. Dans cette disposition, Koestler voit
une véritable aliénation mentale. Pourtant, dans le même temps, Koestler reconnaît
aussi que cette « folie» est constitutive du genre humain. «L'homme a toujours été
pulsion, loin d'être un «mal» ou une «malédiction », est une nécessité vitale pour
tout organisme vivant. Non seulement, c'est l'agressivité que l'on retrouve à la base
des plus hautes réussites de l'esprit humain (volonté de s'affirmer par rapport au
Que chez l'homme, l'agressivité ait pris la forme particulière que l'on connaît; que
soient chez lui soumis à une volonté consciente; que l'homme, pour décider de ses
fou ». J'y vois, tout au contraire, ce qui fait la grandeur tragique de la condition
humaine.
A la limite, cette conception selon laquelle l'humanité tout entière est considérée
comme atteinte d'une affection mentale (Koestler écrit: «Ce que nous chercbons,
c'est un remède aux dispositions paranoïaques des gens que nous appelons
Rostand) dont furent victimes Copernic et Darwin, que je marque ici la plus vive
réticence. Il me semble seulement que lorsque Koestler déclare: «Nous sommes une
Il est vrai que chez l'homme, le jeu des affinités et des hostilités dépend d'un grand
nombre de critères: dans le système le plus complexe, c'est le contraire qui serait
étonnant. Mais pourquoi faudrait-il, avec Koestler, parler d'une «affreuse diversité
des critères» ? Pourquoi l'un des traits spécifiques de l'humanité (et reconnu comme
tel) devrait-il être qualifié de « Chute» (avec une majuscule) ? Que vient donc faire,
Les pages du Cheval dans la Locomotive consacrées au langage ne sont pas moins
c'est aussi une de ses plus grandes servitudes, puisqu'il élève des barrières entre les
générateur de conflits: « Sans langage, il n'y a pas de guerre. On fait la guerre pour
des mots, pas pour l'espace vital» (ibid.). Indépendamment du fait que l'on a très
souvent fait la guerre pour l'« espace vital» (on continue encore aujourd'hui,
d'ailleurs), et que les espèces les plus notoirement dépourvues de langage sont loin
d'être les plus pacifiques, cette accusation portée contre le langage est très
surprenante. S'il y a, là encore, un trait spécifique de l'humanité, c'est bien celui qui
fait d'elle une espèce apte au langage abstrait. Et ce sont les «barrières linguistiques
»et les «forces séparatistes du langage», dénoncées par Koestler, qui en font
précisément la supériorité, C'est parce que, chez l'homme, le langage manifeste une
Dépourvu du langage que nous lui connaissons, l'homme serait ce que souhaitent
dans l'histoire, de liberté, ek. En d'autres termes, il ne serait qu'un être infra-
humain.
On voit donc Koestler, d'une part, regretter la puissance que les émotions et les
de notre cerveau; et, d'autre part, reconnaître que certains des traits qu'il déplore et
qu'il condamne sont, eux aussi, constitutifs de la nature humaine, en sorte qu'il est
très probable que l'on ne puisse les faire disparaître sans faire disparaître l'homme
Koestler pense que l'on pourrait modifier l'esprit humain dans le sens souhaité par
proposition, il prend les précautions appropriées. Il dit aussi que les résistances qu'il
rencontrera viendront de ceux qui ne veulent pas «toucher à la nature ». Telle n'est
pas ma façon de voir. Personnellement, je ne suis nullement hostile à des mutations
génétiques, je pense même qu'il est temps d'y songer plutôt que de pratiquer la
psychiatrique et qu'à beaucoup d'égards, elle est la solution de l'avenir. Enfin, il est
certain que l'homme, dès son apparition sur terre, n'a ,cessé de «toucher à la nature
culture: la culture est la «nature» qu'entre d'autres possibles, l'homme s'est donné
et par laquelle il s'est constitué en tant qu'homme. Mais la question n'est pas là. La
question est de savoir si, oui ou non, la personne humaine est « défectueuse» au sens
Lorsque, sur les champs de bataille, la poudre a été employée pour la première fois,
perspectives d'apocalypse, sans voir que la même énergie nucléaire qui a donné la
bombe H aboutit aUSSI à des innovations techniques dont ,chacun, sans même le
savoir, perçoit les bienfaits; en sorte qu'une fois encore, l'homme est confronté à
une innovation qui, comme toutes les innovations, peut aussi bien le servir que le
perdre, et lui rappelle qu'il est un être de défi: il survivra aussi longtemps qu'il
voudra retourner en· arrière. Par conséquent, que l'homme soit aujourd'hui
oubliant que sa plus grande fragilité. sa plus grande vulnérabilité lui viennent de sa
aussi exposé aux périls que le crabe au moment de la mue, bref, de tout ce qui fait
qu'il est homme, et non pas dinosaure ou kangourou. Cela suffit pour n'accepter
que cum grano salis les schémas explicatifs impressionnants qui, sous une forme ou
C'est vrai que, selon l'expression de Koestler, le chien de Pavlov, sur sa paillasse, est
devenu, par la faute des behavioristes, une sorte de « mythe antiprométhéen ». Mais
comme par la fuite, par le haut ou par le bas, et qu'il conserve, à tout moment, la
possibilité de choisir entre la surhumanité et le déclin.
tout ce qu'il considère comme « affreux». L'homme, dit-il, « est condamné s'il reste
ce qu'il est». Il faudrait, ajoute-t-il, «stabili"ler les gens, les harmoniser sans
vraiment les châtrer, sans les stériliser mentalement ». C'est au sens propre la
quadrature du cercle: comment peut-on bien faire pour supprimer le revers des
A un journaliste qui lui déclarait: « On retrouve dans tous vos écrits la même
volonté de rechercher une explication globale, une clé qui ouvre tout... Vous l'avez
cherchez dans vos travaux sur les deux cerveaux », Koestler a répondu: «Je suis
d'accord. Une clé qui ouvre toutes les portes. C'est naïf, mais au fond, c'est cela»
(entret. cit.). Malheureusement, la recherche d'une telle «clé» ne gît-elle pas à la base
préalablement réduit? Je crains fort qu'il ne faille se rendre à l'évidence: il n'y a pas
l'homme. Elle n'exige pas seulement qu'on présuppose «la réalité de l'homme, dont
(Gusdorf). Elle demande aussi que l'homme soit accepté dans sa totalité, tel qu'il
est, non tel qu'il devrait être, sans rien lui enlever de ce qui fait son humanité, sans
introduire dans l'observation des faits une moralité toute subjective qui s'exprime
mort qui a dressé sur le sable les pyramides et les tempIes; c'est lui qui a fourni
l'une des plus hautes inspirations de l'art, de la tragédie grecque aux peintures de la
Renaissance, à la musique de Bach, aux "Sonnets sacrés" de John Donne. Mais quel
prix à payer pour ces merveilles! » La 'question, cette fois-ci, est parfaitement posée.
Pour toutes ces merveilles, l'humanité a-t-elle trop cher payé? Beaucoup, je l'espère
verront dans ces merveilles ce qui fait la valeur du genre humain, et penseront que,
si le même prix devait être payé à nouveau, sous peine de les voir disparaître, il
Alain de Benoist