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israélienne, Ayelet Nahmias-Verbin, une députée de

L’ambassade des Etats-Unis s’installe à
Jérusalem malgré les protestations
PAR CHLOÉ DEMOULIN
ARTICLE PUBLIÉ LE DIMANCHE 13 MAI 2018
Un ouvrier accroche un drapeau américain à côté d'un drapeau israélien, à l'entrée
du consulat des États-Unis à Jérusalem, le 7 mai 2018. © REUTERS/Ronen Zvulun
La première étape du déménagement progressif
de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv vers
Jérusalem, reconnue comme capitale d’Israël par
Washington, sera célébrée officiellement lundi 14
mai. Les Palestiniens dénoncent une provocation et
attendent, pour certains, une « journée de rage ».
Jérusalem, de notre correspondante.– Donald
Trump l’avait promis en décembre 2017, lorsqu’il
avait reconnu unilatéralement Jérusalem comme la
capitale d’Israël. Le déplacement de l’ambassade
des États-Unis dans la ville trois fois sainte sera
officiellement inauguré lundi 14 mai. À cette
date, seuls quelques bureaux, auparavant situés
à Tel-Aviv, auront été relocalisés, dont celui de
l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman.
La finalisation du processus avec l’installation
définitive de l’ambassade dans de nouveaux locaux,
pour un coût total estimé à plus de 500 000 dollars
(soit environ 420 000 euros), n’est pas prévue avant
un an. Mais cette première étape, qui coïncide
avec les célébrations du 70e anniversaire de l’État
hébreu, est présentée comme le symbole d’une victoire
diplomatique majeure par les Israéliens.
Outre le premier ministre, Benjamin Netanyahou, et
le président d’Israël, Reuven Rivlin, le gouvernement
au grand complet ainsi que de nombreux responsables
politiques, dont des membres de l’opposition,
devraient prendre part à la cérémonie. Preuve
que le déplacement de l’ambassade américaine fait
largement consensus au sein de la classe politique
l’Union sioniste (alliance de centre-gauche entre les
travaillistes et le parti centriste de l’ancienne ministre
des affaires étrangères, Tzipi Livni), s’est émue que
les parlementaires n’aient pas tous été conviés à
l’événement.« C'est un moment spécial dans l'Histoire
et ce serait une bonne chose pour nous [de pouvoir
partager] l'excitation [qui l’entoure] », a-t-elle écrit
sur son compte Twitter.
Seul le Meretz a fait part de son opposition. « Pour que
le déplacement de l’ambassade américaine ait un sens,
il aurait fallu qu’un accord bilatéral ait été trouvé sur
le statut et les frontières de Jérusalem. Ce qui n’est
pas le cas », déplore Laura Wharton, représentante
du parti de gauche au conseil municipal de la ville.
D’ailleurs, souligne-t-elle, « c’est une sorte de fiction,
car en réalité l’ambassadeur ne viendra à Jérusalem
que quelques jours par semaine ».L’élue s’inquiète
en outre que l’inauguration soit maintenue en dépit
d’un contexte géopolitique particulièrement agité.« La
température monte à notre frontière au nord du pays
[avec l’Iran, à la suite du retrait des États-Unis de
l’accord sur le nucléaire – ndlr]. Et tout le monde sait
que toute décision ou toute déclaration concernant
Jérusalem peut entraîner beaucoup de frictions. Je
ne pense pas que ce soit le moment de commencer à
mettre le feu aux poudres. »
Un ouvrier accroche un drapeau américain à côté d'un drapeau israélien, à l'entrée
du consulat des États-Unis à Jérusalem, le 7 mai 2018. © REUTERS/Ronen Zvulun
Côté américain, le président des États-Unis a laissé
entendre à plusieurs reprises ces derniers mois qu’il
pourrait se joindre à la cérémonie. À l’approche du
jour J, les autorités israéliennes n’ont toutefois reçu
aucune confirmation de la part de l’administration
américaine. Cette dernière a dévoilé cette semaine la
liste de la délégation présidentielle qui se rendrait à
Jérusalem le 14 mai et le nom de Donald Trump n’y

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figure pas. Le chef d’État sera représenté par sa fille,
Ivanka Trump, par son gendre et conseiller spécial
pour le Moyen-Orient, Jared Kushner, ainsi que par
le numéro deux de la diplomatie américaine, John
Sullivan. Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin,
et l’envoyé spécial de la Maison Blanche au Moyen-
Orient, Jason Greenblatt, seront également présents.
Tout comme une importante délégation de membres
du Congrès américain, républicains et démocrates
confondus.
La veille, le dimanche 13 mai, une réception sera
également organisée par le ministère des affaires
étrangères israélien pour fêter la relocalisation de
l’ambassade américaine mais aussi de celle du
Guatemala, prévue quelques jours plus tard, le
16 mai. Un événement auquel assisteront plusieurs
responsables américains et le président du Guatemala,
Jimmy Morales. Selon les médias israéliens, tous les
ambassadeurs étrangers postés en Israël auraient été
conviés à cette réception par le ministère, mais aucun
n’aurait renvoyé de réponse jusqu’à présent.
En début de semaine, le numéro deux de
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP),
Saeb Erekat, a appelé les dignitaires étrangers présents
en Israël à boycotter l’inauguration de la nouvelle
ambassade« à moins qu’ils n’accordent une légitimité
à une décision illégale et à des politiques continues
d’occupation, de colonisation et d’annexion de la
part d’Israël ».« Washington poursuit une politique
d’encouragement de l’anarchie internationale et de
mépris des organisations et du droit internationaux »,
a-t-il dénoncé.
Réagissant à l’annonce de Donald Trump en
décembre dernier, Emmanuel Macron avait dénoncé
une « décision regrettable que la France n’approuve
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pas ». Ni l’ambassadeur de France à Tel-Aviv ni le
consul général de France à Jérusalem ne participeront
donc aux festivités.
L’entre#e du consulat des États-Unis, future ambassade,
dans le quartier d'Arnona, proche de Je#rusalem-Est. © C. D.
Aux yeux des Palestiniens, la célébration en grande
pompe du déménagement de l’ambassade américaine
est une« provocation ».« Ce déplacement, qui est
l’extension de la reconnaissance de Jérusalem par
les États-Unis comme capitale d’Israël, légitime
les inégalités politiques, sociales et économiques
qui existent entre l’ouest et l’est de la ville (...).
C’est une insulte envers le gouvernement et le
peuple palestinien », analyse Betty Herschman,
membre de l’ONG Ir Amim, qui milite pour
faire de Jérusalem« une ville plus équitable »pour
les Israéliens et les Palestiniens. En réaction, le
ministre du travail de l’Autorité palestinienne, Ahmad
Majdalani, a annoncé un« énorme [et] populaire jour
de rage partout ».
Après les déclarations de Donald Trump en décembre
2017, l’Autorité palestinienne a suspendu ses relations
diplomatiques avec la Maison Blanche. Un sondage
publié début avril par l’institutPalestinian Center for
Policymontre qu’une écrasante majorité (65 %) de
Palestiniens sont opposés à la reprise de relations avec
l’administration américaine, la soupçonnant de parti
pris envers les Israéliens et remettant en cause sa
capacité à être un intermédiaire de confiance dans les
négociations de paix entre les deux partis. Toujours
selon le même sondage, 48 % des Palestiniens
interrogés seraient par ailleurs en faveur d’un retour à
la lutte armée.
« Ce déplacement a lieu à un moment très dangereux »,
précise Betty Herschman. Ce sera« le lendemain de la
“journée de Jérusalem”, qui célèbre la réunification
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de la ville [après la guerre de 1967 – ndlr], et donne
lieu à une démonstration majeure de nationalisme,
avec un cortège de drapeaux israéliens qui passe par
le quartier musulman dans la vieille ville, et juste
avant le “Nakba day” [qui commémore la fuite ou
l’expulsion de plus de 700 000 Palestiniens lors de la
guerre de 1948 – ndlr] et le début du ramadan ».
L’emplacement provisoire choisi pour l’installation de
l’ambassade, dans un groupe de bâtiments abritant
déjà des opérations consulaires américaines, est
également source de polémique. Il est situé dans le
quartier d’Arnona, proche de Jérusalem-Est, au sud de
la ville. Une zone conquise par Israël pendant la guerre
de 1967 et toujours considérée par les Nations unies
comme occupée.
Dès l’annonce de Donald Trump en décembre, le
ministre de la défense israélien, Avigdor Liberman,
avait mis en garde contre« un prix »à payer.
Conscientes du caractère explosif de l’événement, les
autorités israéliennes ont donc déployé un important
dispositif de sécurité aux abords de la nouvelle
ambassade. Des patrouilles ont été mobilisées en
renfort sur le terrain depuis deux semaines et des
caméras de surveillance supplémentaires ont été
installées dans le secteur. Selon le porte-parole de la
police de Jérusalem, Micky Rosenfeld, la vigilance
sera particulièrement accrue en direction des quartiers
arabes voisins de Jabel Mukaber et Sur Baher, tous
deux distants d’à peine trois kilomètres.
Pour répondre aux exigences du protocole de sécurité
du département d’État américain et sécuriser au
maximum l’ambassade, le ministre des finances
israélien a accordé une dérogation spéciale autorisant
la construction d’un mur d’enceinte de quatre mètres
le long du bâtiment. Une route a également été
creusée sur le côté du complexe pour faciliter une
évacuation en urgence de l'ambassadeur si nécessaire.
Des travaux dont plusieurs résidents israéliens du
quartier se sont plaints. Un groupe d’entre eux a
déposé un recours devant la Cour suprême dimanche 6
mai pour s’opposer à ces aménagements.
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Pour l’heure, il est difficile de dire à quoi
ressemblera la journée de lundi. Les forces de
sécurité israéliennes redoutent que cette cérémonie
d’inauguration, conjuguée au bilan meurtrier des six
dernières semaines dans la bande de Gaza, ne suscite
un embrasement. D’autant que la « marche du retour »
gazaouie doit précisément culminer le 15 mai avec
le Nakba Day. Jusqu’ici le mouvement, circonscrit
dans l’enclave palestinienne, n’a cependant que peu
mobilisé à Jérusalem-Est et dans le reste de la
Cisjordanie.
Membre de l’ONG palestinienne Grassroots
Jérusalem, Fayrouz Sharqawi reconnaît qu’il y
a« de la colère »et qu’il y aura certainement une
mobilisation importante des Palestiniens dans les rues.
Mais selon la militante,« il ne faut pas s’attendre
à une réaction dramatique ». « Pour beaucoup
de Palestiniens,explique-t-elle,cet événement n’est
qu’une étape de plus qui confirme le parti pris des
États-Unis en faveur des Israéliens et le silence du
reste du monde face à la poursuite de l’occupation.
Certains se demandent si cela ne va pas mettre en
danger le processus de paix. Mais “quel processus de
paix ?”, répondent les Palestiniens. »
L’annonce de Donald Trump, en décembre, avait
déjà fait craindre le début d’un nouveau cycle de
violences.Des jours de rage avaient été organisés et
des heurts avaient éclaté avec l’armée israélienne.
Mais les forces de sécurité palestiniennes avaient
souvent barré la route aux manifestants pour limiter les
débordements.« Nous voulons maintenir le calme et la
stabilité (...). Nous n’avons aucun intérêt à retourner
à la destruction de la deuxième Intifada », a confié un
responsable de la sécurité palestinienne au Jerusalem
Post en début de semaine. Selon lui, cette fois, tout
dépendra du mot d’ordre du président de l’Autorité
palestinienne Mahmoud Abbas. Si ce dernier décide
de soutenir« une mobilisation massive », précise-t-il,
il n’y aura pas grand-chose à faire« pour empêcher les
affrontements ».
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