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AFRIQUE
ANCIENNE
ESQUISSE GÉNÉRALE
DE L‘AFRIQUE ANCIENNE
par M. l)'-\vcLac
I'OMI'Ç PREMIER
Ë .
I' ÉDITIONS BOUSLAMA - TUNIS
\_AFRIQUE./
ESQUISSE GÉNÉRALE DE L'AFRIQUE
ET AFRIQUE ANCIENNE.
PAR M. D’AVEZAC,
m2: mué-ru uiuonrumnu un nus. un‘ nus}? numcrorr, n: meus-ri APIICAIDK on Lonunu
' 1' ' t'rmwwalqus m: pull, 3
CABTHAGE,
PAR M. BUREAU DE LA MALLE,
ET PAR M. .I. Y ANOSKI,
s SI'I‘I'LÉJS‘I‘ Au «.oLLrÏun un runcz. AunÏoi un L'umvnan'i,
NU M 1 D1 E ET MAUBITAN IE ,
‘PAR M. LOUIS LECROIX,
I0 lsszu l) n un:
I‘ZAFRIQUE CHRÉTIENNE
E’l‘ DOMINATION DES VANDALES EN AFBIQUE,
PAR M. J. YANOSKI.
R‘EHVIPRESSION
TOME PREMIER
EDITIONS BOUSLAMA-TUNIS
AFBIQUE.
TABLEAU GÉNÉRAL,
PAR M. D’AVEZAC,
nu mai-ris ol'oonnuqus n: un: , Lornns u- uucron ,
n: LA sucliri Anlcuxn un Loxnns,
vxcx-nismln' nl LA socn'ri l'rnnozomqul nl nus, u'c.
AFRIQUE ANCIENNE’
(CYRÉNAIQUE, CARTHAGE, NUMIDIE, mwmnmn) ,
PAR MM.
BUREAU DE LA MALLE,
IIIIII Dl L'ÀCÀD‘III DIS IISCIIPTIOIS I‘I IILIII-LINIIS.
YANOSKI,
uousuvn surrLiAI-r Au confia: ni un!“ .
Amie!’ nl L'unvIun-l', u-c.
PARIS,
CHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, ÉDITEURS,
mnfllBUlS-LlBMIlES M; L'ms'n'ru'r,
nus ucon, .m.
Il DCCG XLII.
PRÉFACE
DE L’ÉDIT EU R.
mesa
PAR M. D’AVEZAC ,
nu socu'sris ciiocsnaxqoss un ans, m. Lotions u‘ ne “Micron-r, ne.
INTROD UCTION.
Près d’aborder un sujet vaste dans le futile mérite de présenter tour_ à
son ensemble, compliqué dans ses dé tour des descriptions ou des récits
tails, dont nous ne voulons laisser en particuliers , dont l’intérët spécial fasse '
oubli aucun trait essentiel; ayant des oublier le récit qui précède pour s’ef
sein d‘eflleurer, au moins, les parties facer bientôt devant le récit qui sui
que diverses raisons, telles que le temps vra : préoccupé du besoin d’exciter
et l’espace assignés à notre travail, la dans la pensée quelques idées plus du
nature de ce travail lui-même , et par rables que les fugitifs souvenirs de ces
dessus tout notre propre insuffisance, descriptions et de ces récits morcelés ,
ne nous permettraient point d'appro qui nont d’autre lien apparent que
fondir; forcé de consacrer, au ta leau leur juxtaposition ou leur succession
que nous allons entreprendre, une lon matérielle, nous avons dû porter nos
gue série de pages, variées comme les premières sollicitudes sur la méthode
aspects multiples du sol, comme la qu’il nou convenait d’adopter pour
physionomie diverse des populations, montrer et ne jamais laisser perdre
comme les faits successifs de l’histoire de vue l’enchainement mutuel de toutes
des em ires; et désirant, plus que ces choses que nous avons à décrire et
toutes c oses , que ce tableau dont le à raconter.
cadre est si grand. les détails si nom C’est d'une puissante synthèse qu’il
breux, les parties si variées, n’ait point
nous faut emprunter le secouys, afin
1" Livraison. (Hls'r. DE L’AFBIQUE. 1
de ramener à une constante unité les phgsiqnes qui la caractérisent, et les
faits de divers ordres sur lesquels no in uences atmosphériques auxquelles
tre attention doit se trouver tour à tour elle est soumise; puis nous apparaîtra
appelée. Montrer et définir cette unité, la végétation distribuée à sa surface
la considérer sous les divers aspects par grandes agglomérations diverse
qu’elle peut offrir dans son ensemble; ment nuancées au gré de la multipli
tracer les grandes coupes naturelles cation de telle ou telle espèce prédo
entre lesquelles se distribuent par minante. Ensuite se montreront les
masses, puis par groupes successive animaux qui la peuplent, et à leur
ment étagés les détails sans nombre tête l'homme, sur lequel se concen
qui doivent ormer comme les fils d’un trera dès lors toute notre attention :
vaste tissu 2 tel est le plan qu’il con nous. verruns les différences de couleur
vient de suivre pour que , saisis et de formes, nous entendrons les
sant la corrélation naturelle des faits variétés de langages qui le séparent
isolés, des groupes où ces faits ont en races distinctes; nous étudierons
leur place déterminée, des masses où ses mœurs, ses usages, son dévelop
ces grou se doivent encadrer, et pement intellectuel , la constitution
du gran tout, enfin. que compose sociale qu’il s'est donnée; nous pour
la réunion de ces masses , l'esprit par rons aussi interroger ses traditions
coure sans ennui, retienne sans fatigue historiques, apprendre son origine,
une multitude de détails, dont chacun son établissement, ses alliances, ses
aura désormais ainsi une valeur de guerres, les conditions actuelles de sa
position, un degré d'importance ap vie politique, et peut-être même cal
préciable dans l'ensemble du sujet. culer ses chances d'avenir. Et souvent,
Elevons-nous par la pensée hors des au milieu de ces considérations, un
limites terrestres où notre frêle hu retour sur nous-mêmes nous portera
manité se trouve emprisonnée , et pla à rechercher par quelles routes nous
nant dans l'espace, considérons cette sommes parvenus jusqu’à lui, et quelle
terre, notre demeure. d’assez haut place nous devons lui assigner dans
pour que son unité seule nous soit nos inventaires géographiques du sol
perceptible; puis, nous ra prochant qu'il occupe.
d’elle par degrés, nous dist nguerons Aussi, en 'etant d’abord un coup
la masse des eaux et la masse des ter d’œil d’ensem le sur la vaste division
les émergées, parmi ces terres des terrestre dont nous avons entrepris la
continents séparés, en ces continents description historique, nous parait-il
de grandes divisions tracées par d’im convenable de traiter tour à tour, en
muables limites; et concentrant dé trois sections distinctes, du sol afri
sormais notre attention sur l'une d'el cain, des peuples qui l'habitent , et de
les, nous observerons d'abord ses l’étude qui en a été faite.
formes extérieures, les grands traits
PREMIÈRE SECTION.
DU SOL DE L’AFRIQUE.
5 I.
vun GÉNÉRALE ma: L'AFRIQUE.
Aux premiers temps de sa forma tion universelle , la forme sphéroîdale
tion , la masse terraquée, roulant in qui lui est restée; un refroidissement
candescente dans l’espace, revétait, graduel concrétait successivement, des
sous la pression des lois de la gravita pôles àl’équateur, la pateuse fluidité
HISTOIRE DE L’AFRIQUE. 3
des couches minérales, et cette cristal tre ignorance, et auquel d'autres dé
lisation homogène offrait une surface couvertes ont depuis ajouté un monde
unie sur laquelle se condensaient les maritime C’); le nôtre est resté pour
eaux jusqu'alors suspendues dans l’at nous le monde ancien. Et dans ce
mosphère : il n’y eut ainsi d'abord monde ancien, ui est le nôtre. des
qu'une seule mer enveloppant le globe séparations tranc des par des mers in.
tout entier, et déposant par assises, térieures entre les plages occupées par
sur l'écorce plutomenne, les sédiments les nations civiliséesdont nous avons re
terréux qu’elle tenait dissous. Mais cueilli l’béritage, donnèrent jadis nais
quand l’inégalité de retrait de la croûte sance à une distribution desterres alors
refroidie à l'égard des couches inférieu connues en trois grandes divisions con
res eut forcé la pellicule externe à se tinentales, qui portent de nos jours les
rider, se ramasser en plis , se soulew noms d’Afi'ique, d’Europe et d’Asie.
ver, s’affaisser, se tourmenter de mille Mais l'œil de l'homme n’embrasse à
manières, comme le constate la diver la fois qu'un étroit horizon; il lui faut
sité d’inclinaison des roches stratifiées, une longue série d’études persévéran
l'écorce solide n'offrant plus la symé tes pour reconnaître de proche en ro<
trie d’un sphéroîde régulier , la mer che toutes les parties d'un district, ‘un
ambiante alla combler de sa masse pays, d’une région, et arriver ainsi
fluide les dépressions qui altéraient la jusqu'à la notion générale des grandes
forme primordiale, laissant à décou divisions terrestres : aussi des appel
vert une quantité de terres égale au latiops générales n’ont-elles été données
volume de liquide que ces dépressions aux continents que longtemps après la
absorbaient. dénomination des contrées particuliè.
Nées de cet anti ne partage des ter: res qui y sont encloses; et celles-ci, à
res et des eaux à a surface de notre leur tour, n'ont eu de noms propres
globe , trois îles immenses, que nous que postérieurement aux localités spé.
intitulons pompeusement des mondes, ciales renfermées dans leurs limites;
émergent du sein d’un océan plus im resque toujours, au surplus, l’appel
mense encore. Habitants de l’un de ation générale n’a fait que reproduire
ces mondes terrestres, nous avons ap dans une acception plus large le nom
elé nouveau celui qu'une découverte qui était primitivement restreint à une
ameuse (*} vint révéler naguère à no région, à un pays, à une localité fort
bornée. Tel est le fil conducteur dont
(') a A Cnstilla y Leon il se faut aider pour la recherche des
1 Nuevo mundo diè Colon.»
étymologies géographiques; et nulle
sans doute du navigations antérieures part, peut-être, ce guide n'est plus
avaient l'ait connaître certaines plages sep utile et plus sûr qu’en cette grande
tentrionales, visitées par les aventuriers terre d’Afrique, ainsi dénommée air
nordmans; peut-être aussi quelques autres, jourd’hui dans son ensemble , quoique
points des terres d’outre-mer avaient-ils déjà_
cet ensemble lui-même soit encore
été aperçus : le hasard , les courants , et tes
vents alizés ont du conduire obscurément bien loin d'être complètement connu.
plus d'une fois les marins d’Europe à ce
nouveau monde dont la découverte aficielk tant c'est un autre qui eut l'insigne triom
était réservée àColomb; mais à Colomb seul pire de donner son nom au monde que
revient la gloire de cette grande révélation, Colomb était allé découvrir: le charlata
annoncée à l'avance par d'autres peut-être, nisme et la camaraderie l'emportèrent sur
mais poursuivie par lui seul avec cette les droits légitimes de l'inventeur véritable;
tenace persévérance qui caractérise une mis « . . . . . . . . . .. tulit alter honore“
sion providentielle, et vérifiée par lui après u Sic vol non valais. . . . . .
des obstacles, des dégoûts, des entraves , (') C'est au baron Walclseuee qu'a! dû
des lenteurs qui donnaient une solennité le premier emploi de cette démon
plus grande encore à cette épreuve en la, pour caractériser la troisième division ter
quelle lui seul avait une robuste foi. Et pour restre éparpillée dans le grand Océan
1.
4
nfiuomm‘nous ne t’srnrqvn. essayé d’autres étymologies : le docte
Varron avait cru trouver celle de Libye
Les traditions les plus anciennes ne dans le nom grec du vent de sud-est ,
sont pas toujours celles que nous ra libs; et le scholiaste de Virgile, Ser
content les écrivains des premiers âges; vius, proposait de dériver Afrique soit
elles ne nous sont parfois conservées du latin aprica, exposée au soleil, soit
que chez les polygraphes des temps du grec a-phrilœ , privée de froid.
inférieurs, usagers encore de sources Les étymologistes modernes, incon
historiques qui n’ont point survécu au testablement plus habiles, se sont éver
vandalisme ou à l’oubli des siècles de bar tués, sans beaucoup de succès, à décou
barie. C’est ainsi qu’Etienne de Byzance vrir l’origine cachée de l’une et l'autre
nous a transmis. d’après Alexandre de ces dénominations usuelles 2 la Li
Polyhistor, un catalo ue des dénomi bye a été pour eux tour à tour le pays
nations qu'avait‘ portées lapolyonyme des lions, la plage rousse, la région
Afrique, tour à tour appelée Olympie, enflammée, la terre noire ; et cette
Océanie, Eskhatie, Kqgphe, Hespé dernière explication du moins s’accor
rie, Ortygie, Ammon' , Ethio'pie, dait avec le sens énéralement recon
Cyréne, Ophiuse, Libye, Kephenie, nu des noms d‘ Jthiopie , d’Aérie et
Aérie. De tous ces noms , les uns n'ont d'Éthérie , qui désignaient certaines
jamais eu qu’une application spéciale contrées libyennes; mais il semble que
et restreinte. comme Cyrène, Ammo les biblistes sont bien mieux fondés à
nide, Éthiopie, Aérie; les autres sont revendiquer les Libyens comme ‘repré
appellatifs, et désignent tantôt une sentant les Lehbym de la Genèse, iden
situation relative, comme Océanie ou tiques aux Loubym des Paralipomènes
plage de l'océan, Eskhatie ou extré et des Prophètes, postérité directe des
mité du monde, [-Iespérie ou région Messrym ou Égyptiens, occupant le
du couchant; tantôt quelque trait phy littoral opposé à la Grèce, et fournis
sique, comme Koryphe ouxhaute ter sant ainsi aux Hellèues un nom pour
re, Ophiuse ou patrie des serpents. désigner toute la plage qui s’étend à
Peut-être faut-il comprendre aussi l’ouest de l'Egypte.
dans la méme'classe Kephénie. Orty Pour ce qui est du mot Afrique, on
gie C‘) , et plus douteusement Olympie, a voulu y retrouver un territoire fer
que semble revendiquer la mythologie tile en épis, le pays des palmiers, la
hellénique. Le nom de Libye fut seul région poudreuse, la contrée divisée,
employé par les Grecs dans toute la la terre de Bar ah, et même (sans
largeur d’acception que les Romains s'en douter) l’Ét érie des Grecs; mais
ont attribuée au nom d‘Afrique. combien ces diverses conjectures pa
Les écrivains de l'antiquité, poëtes raissent forcées à’côté de l’assertion
plutôt que linguistes, avaient adopté toute simple de Su1das(*) (qui souvent
le procédé commode de rattacher tou a puisé à d’excellentes sources), énon
tes les dénominations géographiques nt qu'Afrique était le nom antique
au grand arbre de leurs généalogies e Carthage même! N’est-ce point là
divines ou héroïques : il leur suffisait une origine toute naturelle de cette dé
ainsi de forger, d’une part, une prin nomination venue en grandissant jus
cesse Libye, soit indigène, soit fille qu’à nous pour désigner un continent
de Jupiter, ou de Neptune, ou d‘Epa tout entier, mais dont les'siècles n’ont
phus; d’autre part un prince Apher, pas effacé complètement les applica
fils de Saturne ou d'Hercule, trans tions antérieures, successivement cor
formé par les juifs et les chrétiens en un respondantes d’abord à la seule Zeu
fils d’Abraham ou de Madian, et par gitane, puis à cette province augmentée
les Arabes en un de leurs propres rois.
Cependant, quelques érudits avaient (") ,Kaprnôc‘ov, ‘h au! ’Açpmñ mi. Bépaa
1610M
(') Knwlv, guêpe: 'opwë, caille Smms, au mot 'Aappmzvôç
HISTOIRE DE L'A FRIQUE. 5
de la Byzacène, ensuite à la région Afi'yqah un établissement séparé, une
comprise depuis les Mauritanies jus colonie de Tyr; et les Arabes sont ve
qu'à la Cyrénaique, même jus uaux nus, par une dérivation régulière, dé
confins de l'Égypte, puis enfin a tout nommer Afryqyah le pays dépendant
ce que Rome et l’Europe néo-latine de cette antique Afryqah. Il n'est pas
connurent de cette vaste portion de sans intérêt d'annoter ici que le pre
l'ancien monde? Et-quant à l'étymolo mier emploi connu que les Romains
gie radicale de cette a pellation ri aient fait de ce nom étranger date du
mitive de Cartbage, la angue de ar vieux poète Ennius (‘), postérieur à
thage elle-même nous la fournit simple la première guerre punique et contem
et naturelle en nous montrant dans porain de la seconde.
5 II.
ASPECT ET CONSTITUTION PHYSIQUE.
SITUATION , menus, ÉTENDUE. dominatrices de cette plage, mais im
Double de l’Europe en étendue, mais * puissantes à franchir l'étroite lisière
plus etite d'un tiers que l'Asie, à qui resserrée entre la mer et l’Atlas. De
elle ispute en vain quelque parcelle puis ce détroit où la fabuleuse anti
de l'orient, l'Afrique partage l'occi quité plaçait les colonnes d‘Hercule,
dent avec l’Europe, et tandis que jusqu'au cap des Aiguilles qui marque
celle-ci tient l'empire du Nord, tous au sud la pointe extrême du continent,
les feux du Midi s’épandent et débor se contourne onduleusement sur l'o
dent sur la torride Afrique. céan Atlantique un littoral de plus de
En sa forme ramassée et compacte, 2,600 lieues, où quelques rivages mal
où nul golfe rofond, nul fleuve aisé connus attendent encore l'exploration
ment navi aEle n'a ouvert au com de l’hydrographie moderne. Et depuis
merce et à a civilisation l'accès des ré ce cap des Aiguilles, que lesmarins
gions intérieures, l'Afrique oppose à de Tyr doublèrent dans les vieux âges
la fois au génie des découvertes, ui avec une flotte égyptienne , jusqu'au
tourmente notre savante Europe, es fond du golfe Arabique où ces habi
difficultés naturelles d'un sol brûlant, les navigateurs ramenaient du grand
sans routes et sans abords, etl'inhosc voyage d'Ophir les vaisseaux chargés
pitalité sauvage des peuples indigènes d'or de l'opnlent Salomon, se déve
dont la fréquentation des nations loppe sur l'océan Indien une côte de
étran ères n'est point venue adoucir plus de 2,400 lieues, dont la majeure
la ruäesse native. partie ne nous est connueque par le re
Depuis l'isthme de Souéys , qui lui èvement nautique de ses contours.
est à l'orient comme une jetée de com L'ensemble de cette vaste périphé
munication avec I'Arabie, jusqu'au rie offre donc une ligne continue de
détroit de Gibraltar, où elle n'est se’ plus de 6,000 lieues géographiques,
parée de l’Europe que par un détroit présentant en sa forme une figure ir
de moins de 3 lieues, l'Afrique dé régulière que l'on a bien ou mal com
ploie de l'est à l'ouest, sur la Médi parée, tantôt à un triangle, tantôt à
terranée, plus de 1,000 lieues de côtes un cœur, ou bien à ce jouet que les
en regard de la Grèce, de l'Italie, de enfants nomment cerf-volant :si nous
la France et de l'Espagne, tour a tour voulions grossir le catalogue des com
paraisons de ce genre, nous ajoute
(‘) u Al‘riu terribiloi [remit horrida terra tumoltn
« Undique. » rions que l'Afrique reproduit la figure
Env. Annal. vu (Cice'ron, Festus, 91€.). réniforme d'une noix d'acajou tour
il Lali campi quo: gerit Africa terra polilos. » naäit ses deux lobes à l'ouest et au
EII. .îuljr. ux (Noniur Mnrcellus). su .
6
Depuis le cap Blanc, voisin de Di lieues carrées; puis, rangées autour
zute, qui tte 1! 87'19’40' de la d’elle comme des ‘satellites, les Come
tltude ‘nord leittrémité la plus avan res les Séchelles, et ces iles de France
bée de la côte septentrionale, jusau’au et de Bourbon, que les affections mu
cap des Aiguil es , qui termine à ttlelles, le langage; les mœurs et la
34° 38'40" de ‘atitude australe la pointe èommunauté d'origine tiennent étroi
sud du continent, on mesure un dia‘ tement liées sous des pavillons rivaux;
mètre de 1,450 lieues, que coup'e, sous enfin, à l'extrémité du ‘cap Gharda<
‘un an le de cou nord-ouest, un autre fouy, Soemora, de plus de 100 lieues
diamè le dé 1-,080 lieues, déterminant carrées, ‘acquisition récente de l’An
la plus grande largeur de l’Afrique, gleterre pour assurer à ses paquebots
entre le cap Vert, par 19"53'7” de lon la voie de l’Inde par la mer Rouge.
gitude à l’ouest de Paris, et le cap Bien plus : située au voisinage im
Ghardafony qui s’avance à l'opposite médiat de l’Afrique, offrant avec elle
jusqu’à 49'1'36” de longitude est. La la plus parfaite similitude de caractè
superficie totale est évaluée à 929,000 res physiques et de productions natu
lieues carrées géographiques, Et, com relles , ainsi que les rapports ethnolo
me a ' ndlbes immédiats, le banc des giques étlinguistiques les plnsintlmes,
Alguul es à l'extrémité sud , et le banc ‘Arabie semble constituer au nord
d'Argttin; sur la marge occidentale, est un appendice de ce continent bien
prolongent sous les eaux de l’Océan la plutôt que de celui d’Asie. Sans pré
vaste étendue des terres africaines. tendre sur ce motif introduire une dé
limitation nouvelle des randes divi
bitpsunsncas. sions de l'ancien mon e, du moins
est-il opportun de signaler ces con
En dehors de ces limites existent nexités répétées, ne la géographie et
des "sa, soit isolées, soit groupées en l'histoire s’accor ent à montrer si
archipels, que leur voisinage relatif étroites et si nombreuses.
fait encore annexer, comme des dé‘
pendances, au large continent d’Afrii [I118 AHBIANTBB, COURANTS.
ne. En nous bornant à indiquer les
t'incipales, nous avons à énumérer, Les mers qui baignent ces immen
dans l’océah Occidental, Madère, (‘a ses rivages circulent autour d'eux en
meuse par ses vins; les Canaries, auxa courants rapides, dérivations du grand
quelles se rattache le souvenir des lies‘ courant équatorial que la rotation ter
Fortunées, des Hespérides et des Gor restre imprime aux mobiles eaux de
gones de l'antiquité, et celui peubétre l’Océan. Dans la mer des Indes, le
de cette Atlantide disparue, que la mouvement normal, modifié par la
vieille Egypté racontait à la Grèce disposition des côtes. court au nord
naissante; plus loin, les iles du (:211) ouest le lon des rivages, jusqu’au
Vert; au fond de la mer de Guinée, fond du gel e du Bengale, d'où il se
Ferna‘n-do-Po, le Prince, Saint-Thomé, réfléchit au sud-ouest pour aller frap
Annobon, qui semblent culminer sur perles berges de Madagascar; pen
une prolon ation sous-marine des dant que la même impulsion, propagée
montagnes es Ambozes; au large, et en deçà de la chaîne des Maldives, en
{alarmant la route de l'océan Indien, traîne les eaux de la mer d’Oinan le
0 rocher de l'Ascension, terre une long des plages orientales du continent
sans souvenirs, et celui de Sainte-Hé africain, et les précipite dans le canal
lène, sur lequel est ineffaçablement de Mozambique. Au sortir de cette
écrit le plus grand nom historique manche, elles se réunissent à la fois
des temps modernes; sur la côte au courant particulier du Bengale et
orientale, Madag'ascar, la plus grande au grand courant équatorial, pour
des îles africaines, présentant à elle continuer avec une nouvelle puissance
seule une étendue de plus de 20,000 de glisser le long des côtes jusqu'au
HISTOIRE ni: L'AriuQUE. 1
banc des Aiguilles, le traverser en le qu'aux abords du littoral africain : sur
contournant, et là, se combinant avec toute la côte occidentale, des vents
les
parteffluves claires,
au nortildans s'avancer
la mer d’une
de Guinée, tout aussi réguliers, tout aussi cons
tants, loin de soufller à l'ouest, se di
et ,s'aller perdre d'autre part au nord i'igent dans un sens opposé vers la
ouest dans le courant équatorial de terre; et dans la tuer des ibdes, le
l’Atlantique. Ici encore les mers 8'44 phénomène des moussons fl'ap e les
frique se refusent à l'influence direété côtes orientales, jusqu'au cap lgaà
du mouvement normal; elles né reçoi do, d'un ‘veut de nord-est qui dureuhe
veut que son iin' ulsion réfléchie, alors ihoitié ‘de l'année (d’octobre à février),
qu'après avoir g‘issé sur les côtes bras tandis qu'un vent de sud-ouest le reins
siliennes, contourné le golfe du Mexi place pendant l’autré ‘moitié (d’avril à
que et longé les États-Unis, il revient août).
sur, lui-même port r d'une part les eaux GOLFBS B1‘ cars.
del'océandiiiisla éditerranée,_oùelles
courant à l'est c'o'ntl‘e le littdralbarba‘à Les iilers ambiantes‘ ne tracent
i'ësque, etd’autre part se diriger ‘en biai-‘ ‘oint de ‘profondes découptire‘s dnnd
sant vers la côte occidentale,imprlmer ‘e massif du continent afriraiii; l'éâ
àu bancd’Arg'ui'n la triste célébritéd’tin chaticrlire la plus cbitsidérablé, 'tll
fameux naufrage (celui de la Méduse), est au sud-ouest, de fait qu'une ll-'
et poursuivre sa marche fatale jusque tuse rentrée, où l’océa'n Atlahtlquü
dans le golfe de Guinée, où sa rencohâ élargi forme, entre le cap des Palmes
tre avec le courant du sud se révèle et le cap tapez; le ‘golfe ou plutôt là
par des tournants moins renommés, mer de Guinée’; l qdélle reçoit, en
mais plus à craindre que Charybde et s'approchant des terres, à anche le
se lla, tant chantés par la poétique nom‘ de golfe ou baie de éhin à
au iquité. _ . droite celui de golfe ou baie de mafia,
Cëtte route circulaire du Golf séparés par l'a polhtti basse et mousse
S'treàtn (comme l'appellent les marins qu’ou ‘appelle Fdl‘ino'se. _
du Nord) q’a-t-elle d'autre ho au cen La mer Mëdit rl‘äiiée dessine‘ pareil;
tral que à masse inerte ës eaux leinent au nord, entre le cap Bon de
atlantiques? ou bien faut-il croire Tuhis et le. Gebel Akhtiliai' de la Cÿl‘é-l
qu'un grand continent submergé trace naîquë, une large réduite, ou plutôt
encore, au fohil des mers, un lit la, deux rentrées jumelles, que les an.‘
franchlssable à ce fleuve gigantesque? ciens nommaient les Sÿr'tes, et que lti
O Platon! cette Atlantide, attestée à géographie moderne a dênomméeä
scion par les traditions immémot-lales cité du Sidr (nom arabe du jlljlllsieii
de l’Égypte, ‘et dotée, par‘ ta rêveuse rites), et golfe des Qâbes.
imagination, de peuples si merveilleuà comprimée en quelque sorte entré
sem'ebt ‘sa es, cette terre, que ia fable les Syrtes et la mer de Guinée; l'Afi'i-t
dispute à histoire, it-elle, en effet, que s‘é anuuit ensuite vers l'ouest en
sous ces eaux immdb les, autour des un vas e deinlàcercle, jalonné d'ufiü
quelles roule incessamment un cou; multitude de caps, 'armi lesquels le
rant fougueux, emprisonné dans ses cap Sparte], le cap dan, le‘ cap Bo
liquides rivages? jla or, le cap Blanc, le cap Vert, le cap
agrin et le cap Mesurado sont les
vnn'rs miGunniis. plus connus. Dans les intervalles dit
ces caps, là côte n'éprouve que des dé
D'accord avec les courants mariti pressions peu sensibles‘; mais en avait:
mes généraux, l’es v‘ents alizés règnent çant au sud, les rentrées et les saillies
constamment d'est en ouest sur la zone se prononcent davantage de même
équinoxiale de l'océan; mais, comme que sur la plage orientale, dont les un
les courants généraux, l'es vents alizés ' ulations correspondent avec une sins
n'ét'endent point leur domaine jus: gulière symétrie à celles du rivage ou
eidental :c'est ainsi qu'à l'enfoncement Gambie, le Sénégal, le Dara'li. Quant
de la mer de Guinée corres ond la au versant se tentrional, compris entre
longue saillie du cap Gharda ouy, au le cap Sparte et Soueys, etqui porte ses
cap Lopez la rentrée de la côte de Zan eaux à la Méditerranée, il ne présente
zibar, à la rentrée de celle de Benguéla qu’un grand fleuve, le Nil d Egypte,
la saillie de celle de Mozambiqne, au ébouchantà la mer par plusieurs ras,
cap Negro la baie de Sofalah, a la baie dont l'écartement sépare de la terre
des Baleines le cap des Courants, à la ferme une grande île triangulaire, cé
côte saillante des Namakouas la baie lèbre sous le nom de Delta, que les
de Lourenço Marquez : il semble que Grecs lui donnèrent en la comparant à
les ondulations d’un axe commun aient cette lettre de leur alphabet.
simultanément déterminé ces symétri
ues configurations; car les rentrées LACS.
du littoral accusent, par la grandeur
des fleuves qui s'y versent. l'éloigne Des lacs assez nombreux , mais im
ment des reliefs généraux où ils ont parfaitement connus. sont ré andus
leurs sources; et les dernières ex lo sur le sol africain : sans parler e l'im
rations de celles du Garie ont e fec mense mais douteuselagune à laquelle
tivement constaté, en con rmation de est attribué le nom des peuples Ma
cette théorie, qu'il naît au voisinage ravis, qui semble reproduire, comme
de la côte orientale. tant d'autres en Afrique, celui de l’an
tique Méroé; sans compter non plus
VEBSANTS cr nanars GÉNÉRAUX, ce Kalounga Kouffona, qui offrirait
neuves. le singulier phénomène de se déchar
gerà la foisdans les deux océans , nous
C'est ainsi que la disposition et la avons à mentionner, comme les plus
mesure des reliefs généraux, liées par célèbres et les plus considérables, dans
une corrélation nécessaire aux circons l’est le lac de Dembaya ou de Ssanà,
tances hydrographiques, se euvent dé traversé par le Bahhr Azreq, bran
duire conjecturalement' de a longueur che orientale du Nil d’Égypte; dans
des fleuves, et de l'inclinaison de leurs l’ouest le lac Gybâ ou Gyébou. traversé
pentes, révélée par la rapidité de leurs par le Niger ou Nil des Nègres; dans
ondes. L'Afrique, sous ce rapport, of l’intervalle compris entre les Nils, le
fre trois versants principaux, séparés grand lac Tchâd, que l’on croit en gé
deux à deux par de tortueuses démar néral occuper le fond d'un vaste bas
cations, dont le sommet commun est sin intérieur, mais dont les eaux dou
au point où les traditions'ont placé les ces trahissent l'écoulement inconnu :
hypothétiques montagnes de la Lune. on a voulu le rattacher hypothéti ne
Sur le versant oriental, qui s'étend ment, à travers les sables et des c al
depuis Soueys jusqu'au cap des Aiguil nes de lacs, au Bahhr Abyadh ou bran
les, et s'abaisse vers l'océan Indien, che principale du Nil égyptien; mais
coulent les grands fleuves de Maqda il nous semble bien plus probable (d'a
schou, de Mélinde, le Lofih, le Zam rès le témoignage précis que rendent
bâzé, et nombre d'autres, dont le cours es indigènes, d'une communication
est entièrement inconnu, sauf celui continuellement navigable entre le
du Zambézé ou Kouama, le seul, sur Tchâd et le Niger. par le Schâry ou
cette côte, que les Européens aient re Tchâdy) que le Yéou , traversant le
monté. Le versant occidental, qui du Tchâd, en ressort au sud sous le nom
cap des Aiguilles s'étend jusqu'au cap de Schâry (au lieu d’y affluer comme
Spartel, offre, parmi les cours d'eau le dit Denham), pour s’aller jeter dans
les plus considérables, le Gariep ou le Niger, où Lander a vérifié la direc
Orange, la rivière aux Poissons, le tion de son cours. Enfin, dans le nord,
Kouanza, le Zaire ou Kouango, le fa nous avons à mentionner encore la
meux Niger ou Gjalibâ ou Kouârah, la grande Sebkhah-A’oudyah, lac de sel et
HISTOIRE DE L’AFRIQUE. 9
de boue que traverse un sentier ja sins des deux océans, offre, selon toute
lonné par des poteaux, Jadis fameux apparence, vers le point où naissent
chez les Grecs sous le nom delac_ Tri d’une part le Kouâma ou Zambèze,
tonide, et que les Arabes de nos Jours et de l'autre le Kouanza et le Kouan
désignent comme le tombeau muet de go, un grand nœud austral dont I’é
lus d’une armée, de plus d'une nom lévation des terrasses inférieures doit
reuse caravane. faire estimer la hauteur fort considé
rable; les montagnes de Loupata qui
MONTAGNES. n’atteignent guère qu’un maximum
de 2,000 mètres, et celles du Congo
Les culminances montagneuses qui dont l'altitude a été fort exagérée,
serpentent plus ou moins capricieuse semblent former à l’est et à l’ouest
ment sur les lignes de partage de tou des chaînons collatéraux de l'axe cen
tes ces eaux, ne sont connues avec cer tral, dont une des culminances, le
titude qu’au voisina e des cotes, d’ou MouIoundou-Zambi, est évaluée à 5,000
l'œil européen a pu es apercevoir: au mètres. Madagascar, avec ses hautes
nord-ouest l‘Atlas, qui s’élève prés de cimes de plus de 3,500 mètres, étend
Marokjusqu’à 4,000 mètres, projette dans l’est une chaîne isolée parallèle à
ses rameaux , d'une part jusqu'au cap celle de Loupata. Enfin, dans la ré
Noun et dans les Canaries, e l’autre gion australe, une chaîne dirigée est
jusqu’au fond de la grande Syrte , et ouest, et dont quelques pics culmi
s’abaissant par degrés pour se perdre nent peut-êtrejusqu’a 2,500 ou 3,000
dans les sables de Bar ah. La chaîne mètres , semble constituer un prolon
de Koung, dont le nœu principal sem gement de l'arête dorsale, et vient
ble marqué par les sources du Nlger et expirer au sud-ouest , où la montagne
des fleuves de la Sénégambie, et que de la Table élève auprès du Cap un
l'on retrouve aux bords occidentaux sommet aplati qui n’atteint pas 1,200
du Niger inférieur, n’accuse en ces mètres.
points extrêmes que des hauteurs mé
PLAINES ET TERRASSES.
diocres ; la partie mitoyenne est lgno.
ree. De hautes plaines, tantôt fertiles,
De l’autre côté du Ni er se mon tantôt brûlées, s’étendent par étages
trent les ramifications ‘une autre entre les chaînons collatéraux, com‘
chaîne à laquelle appartiennent peut me de vastes terrasses, dont ils figu
être aussi les montagnes des Amboses, rent les parapets; l’éle’vation de ces
et qui se poursuit à l'est pour culmi plaines est quelquefois considérable, et
ner, dans le Mandharah, jusqu’à 2.000 dans les Karrous du sud elle dépasse
ou 2,500 mètres. Peut-être encore une 1,500 mètres. C’est dans ce trait ca
liaison est-elle établie entre ces alpes ractéristique que le docte géographe
centrales et celles qui, sous le. nom de Ritter a puisé l’idée s nthétique sous
montagnes de la Lune, renferment, laquelle il a individua isé le continent
au dire de Ptolémée et des Arabes, africain , supposant un vaste plateau
les sources les plus ‘reculées du grand supérieur dont la périphérie s‘abaisse
Nyl, élevant vers le ciel des cimes en terrasses successives, sillonnées de
neigeuses dont il faut, d’après cette cours d’eau qui conduisent par une
circonstance, estimer l'altitude à plus transition graduelle du plateau aux
de 5,000 mètres, offrant plus loin, basses terres; I’Atlas, la Cyrénaïque,
dans l’Abyssinie, des sommets pres membres détachés de ce grand corps ,
que aussi élevés , et se continuant en reproduisent, sous des échelles pro
un long rameau, sur le littoral de la gressivement rapetissées, les mêmes
mer Rouge , jusqu’aux environs de formes constitutives, et demeurent an
Souéys. nexés à la masse principale par la mer
Le relief dorsal qui trace la dé de sables, à travers laquelle des chaî
marcation commune entre les bas nes d'oases sont aux caravanes voya
10
cases comme autant de ports de ‘re sans eau , sans verdure, couvrant plus
che au milieu de cet océan dont le de 200.000 lieues carrées, depuis la
vent du midi tourmente les flots des vallée du Nil jusqu'à I’Océan occiden
séchés ("); plaine immense, effrayante tal, et depuis l'Atlas jusqu’au Tchâd ,
d’étendue et de nudité, ondulant quel avec une altitude moyenne de 500
quefois en sèches collines, coupée ra mètres.
rement de quelques rangées de rochers,
5 III.
HISTOIRE NATURELLE.
nous MIN snAL. ‘part des caps de la côte occidentale
CONSTITUTION GÉOGNOSTIQUI. . îont basaltiques; des trachytes, des
La éologie n'a point encore enregis aves , des p‘onces et des scories ont
tré es observations assez nombreuses été observées dans le pays d’Alger : des
pour qu’il soit possible d'indiquer la volcans ignivomes existent même, dit
distribution géognostique des terrains on, dans les montagnes du Cong’o, dans
gui constituent le sol de l'Afrique; cellesde Mozambique, etjusqu'en Abys
ans toutes les chaînes de montagnes sinie; mais la plupart de ces indica
qui ont été visitées, la base granitique tions auraient besoin d’étre vérifiées.
a pu être aperçue, se montrant surtout Quant aux sables du Ssahhrà, sont-ils
à découvert dans celles du Marok, du un transport alluvionnaire, ou le ré
Mandharah, de l’Abyssinie et du Con sultat d’une décomposition spontanée
go, avec les por hyres, la syénite, le de roches préexistantes P C’est une
gneiss, le micasc iste. le schiste argi question sur laquelle les notions acqui
leux, le quartz, le calcaire primitif. ses ne permettent point encore de pro
Les grès abondent à peu près partout, noncer, bien ne la nature friable des
tantôt reposant immédiatement sur les grès du Fezz n paraisse favoriser la
formations granitiques, tantôt sur les seconde hypothèse; mais, d'un autre
formations schisteuses; dans la région côté, le quartz gris blanc qui a formé
australe ils se présentent comme un ces sables si te’nus se retrouve de même
couronnement tabulaire posé horizon au désert en graviers, en galets, en
talement sur le granit qui s'élève au cailloux roulés, et semble témoigner
travers des roches stratifiées. Les cal de l’ancienne action d’un océan que
caires secondaires prédominent dans la les traditions historiques n’ont peut
région moyenne de l'Atlas ; dans le être pas , non plus, complètement
sud, ils se montrent, comme le grès, oublie.
en couronnement horizontal sur les onvcrocNosm. — Quant aux espè
hautes terrasses du Gariep. Le sel, soit ces minérales disséminees, sans parler
en couches, soit dissous dans les eaux ‘des mines de fer, de cuivre, et autres
de quelques lacs , de quelques ruis métaux moins recherchés, qui parais
seaux, se trouve en diverses parties sent nombreuses et abondantes, de
du continent , mais particulièrement riches mines d'or ont rendu certaines
dans celles du nord; la plaine de‘sel régions africaines célèbres parmi les
de I‘Abyssinie est fameuse par son éten éographes orientaux; les pa sdeBan
due. Des basaltes, (les roches trapéen ouq , de Bouré, de Ouanq rah dans
nes sont indiquées dans presque toutes l’ouest, celui de Sofalah dans l'est, sont
les grandes chaînes montagneuses, sur les plus renommés sous ce rapport.
tout dans les rameaux de l’Atlas qui Les Arabes appellent spécialement ces
s'étendent au sud de Tripoli ; la plu ‘deux dernières contrées Beled el-dze
heb ou Beled el-tebr, le pays de l’or ou
(') - Ille (auster) immodicus exsurgit, de la poudre d'or; les Européens eux
are‘nasque quasi maria àg’ens, siccis sævit mémes donnent le nom de Côte d’or
fluctibus. - Mans, 1, vm. à une partie du Ouanqârah, où l’or se
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. Il
montre en grains dans les roches quart rie; et dans la région du Cap elle est
zeuses qui alternent avec le schiste aussi fraîche, aussi douce et moins
argileux sous les couches du grès su variable qu’en notre beau pays de
périeur. Des gemmes précieuses exis France.
tent, dit-on , en abondance dans cer VÉGÉTATION.
tains cantons, tels que les parties
élevées du Congo, et surtout les pays Sous l'influence de températures
ui avoisinent le Nil , où l'on voit les aussi diverses , la végétation, fille du
ameux Gebél el-Zamurra‘d, ou mon sol et du climat, ne peut manquer d’of
ta nes d’émeraudes; lefliamarfl lui frir des aspects pareillement divers;
meme, dont Pline attestait l'antique cependant, malgré les variations de
existence dans la région ui s'étend puissance végétative que déterminent
depuis Thangeh jusqu'à Meroé, a été les différences de latitude. ë’eltitude ou
retrouvé de nos 'ours dans les sables d'exposition, des caractcresaisément
aurifères de Condtantine. saisissables, permettent de distribuer
la flore générale de l’Afrique en trois
CLIMAT. flores spéciales (‘), ayant chacune un
Les deux tropiques enferment dans vaste domaine; et l’Arabie, placée dans
la zone torride la majeure part des des conditions climatériques et cho.
terres africaines; les portions compri rographiques absolument analoglîes,
ses dans les zones tempérées se rédui vient en outre s’annexer au continent
sent à moins d'un quart de la superficie africain , pour être classée dans cette
totale. Cependant la température n’est grande division tripartite.
point aussi généralement brûlante que Les dénominations respectives de
cette distribution climatérique pour septentrionale ,- équz‘noæiale et aus
rait le faire supposer : l’élevation des trale, appliquées aux trois zones phy
terrasses qui se succèdent par étages tographiques ainsi établies, obéissent,
jusqu’à des hauteurs considérables pro il est vrai, aux conditions les plus
cure, jusque sous l’équateur, un air frappantes de l’habitat des types, mais
frais et doux, quelquefois même un sont‘loin de représenter le gisement
froid vif et piquant; mais les plaines de chacune dalles et leur disposition
inférieures et les plages maritimes su relative. Une ligne tirée d'est en ouest,
bissent toute l’ardeur du soleil zénia du Caire à Marok ou aux Canaries,
thal , à laquelle viennent seulement laisse en effet au nord la première de
faire diversion les vents constants et ces trois zones, étendue presque en
les brises réglées. Des pluies diluviales entier sur la Méditerranée , et produi
reviennent chaque année grossir tou sant le chêne , le pin, le cyprès, le
tes les rivières intertropicales, dont myrte , le laurier , l‘arbousier, la
les débordements couvrent et fécondent bruyère arborescente, l’olivier, l’o
les terres riveraines : les crues du Nil ranger, le jujubier, le dattier, le rai
sont fameuses depuis les temps les sin, la figue, la pêche, l'abricot, les
plus reculés. L’époque qui succède im melons, l’orge, le mais, le froment,
médiatement à la saison des pluies est le riz , le tabac, le coton, l’indigo, la
un moment critique, où l’humide cha
leur de l’air occasionne de dangereu (") De précieux échantillons, types de
ses maladies, 'usqu’à ce que les vents ces trois flores distinctes , nous sont offerts
aient assaiui latmosphère. C’est dans par les beaux ouvrages de Destontaines
(Flore atlantica, 2 vol. grand in-4O, Paris ,
le Ssahhrâ et les plaines limitrophes r 798),de Palisse! de Beau vois (Flore d’Oware
que la chaleur est le plus intense : elle t1 de Bénin, 1 vol. in-folio, Paris, 1501.),
s’élève, au Bournou et dans le Hhaou et de Tliunberg (F10M! capensis, vol. in-8°,
sâ , jusqu’à plus de 45" du thermomè Upsal, 1807), auxquels on ne peut se dis
tre octogésimal;-elle atteint même 50° penser de joindre les travaux plus récents
dans les basses terres de Bénin; mais de Robert Brown, de Perrettet, de Ton
elle est fort modérée dans la Barba nlng et Scbumakar, etc.
12
canne à sucre; offrant ainsi de nom mier élaîs, le khaîr, le nété, les ar
breuses analogies avec les côtes oppo bres à beurre, le kola ou gourou , les
sées de l'Europe méridionale. cypéracées, etc., non par divisions
Mais c'est une ligne tirée du sud juxtaposées, mais par succession de
ouest au nord-est , entre le fleuve d'0 plus grande fréquence au milieu de la
range et Maskat, qui détermine la fusion commune. Outre les fruits et les
limite et la direction de la troisième autres produits que le nègre retire de
région phytographique, développée sur ces arbres, tels que le vin et l'huile de
l'océan Indien en une zone prolongée palme , le beurre végétal, etc. , il re
qu'il serait plus exact d'appeler aus cueifle pour sa nourriture le miel, le
tro-orientale, et que caractérise d'une mais, le manioc, les ignames, quelques
manière remarquable l'abondance des légumes, la banane, la goyave, l'o
plantes grasses. On y rencontre en range, le limon, les fruits du papayer,
nombreuses tribus les stapélias, les du tamarin, et nombre d'autres; il
mesembryanthèmes, les aloès (qui ont cultive aussi le coton, l'indigo , le ta
fait la renommée de Socotora), les bac : mais c'est la végétation spontanée
euphorbes, les crassules aux fleurs écar sur laquelle est basée notre réparti
lates; puis les pélargoniers, les protées tion.
au feuillage d'argent , les ixia , les La vallée du Nil, appartenant à la
bruyères; sans parler de la vigne, des fois aux trois zones , conduit de l'une
fruits , des céréales, et autres végétaux à l'autre par un passage insensible; la
que la main de l'homme y cultive pour basse Égypte se lie, par la Cyrénaîque,
ses besoins. Madagascar et les îles voi à la lisière barbaresque; à Thèbes se
sines établissent une sorte de liaison montrent le palmier doum et le bala
entre cette flore et- celle de l'archipel nite; en Nubie paraît le baobab; et dans
indien, offrant en outre quelques plan les mares de l'Abyssinie se retrouve le
tes qui leur sont propres , surtout des souchet papyrier des bords du Kouan
fougères et des orchidées en grande go et de ceux du Scbâry, comme le
quantité. sésame ptérosperme du Bornou ; la
Tout le reste de l'Afrique appartient flore d'Abyssinie tend d'ailleurs à se
à la grande division intermédiaire'dé rapprocher de celles de Mozambique et
signée sous l'appellation d'équinoxia du Cap : les pélargoniers et les protées
le, figurant un triangle immense dont s'y montrent dé'à.
le sommet est au golfe Persique, et Quant àl'Ara ie, elle n'offre qu'une
dont la base onduleuse s'épanouit sur prolongation des zones africaines, de
l'océan Atlantique. Peut-être pourrait puis les gommiers et les balanitesjus
elle être subdivisée en bandes succes qu'aux mesembryanthèmes et aux sta
sives, qui tireraient leurs caractères pélias; le café lui-même, qui fait la
spéciaux de la prédominance de cer renommée de Mokhâ, ne serait , de
tains genres , si des notions moins l'aveu des Arabes, qu'une importation
vagues et moins bornées permettaient de l'Abyssinie.
de déterminer avec quelque assurance
ZOOLOGIE.
leur distribution. Le désert a des buis
sons de gommiers , l'agoul ou herbe La faculté locomotive qui distingue
du pèlerin , quelques po‘acées et pani le règne animal rend plus difficile la
cées, entre autres le kaschya, incom distri ution du sol par régions zoolo
mode au voyageur par les piquants de giques; peut-être cependant une con
son calice, une capparidée , appelée naissance plus étendue des circonstan
souag , et un petit nombre d'autres ces spéciales d'habitat pour certains
plantes chétives et glauques. Le pal genres , ‘certains ordres, certaines
mier doum et le soump ou balanite ca classes même , permettra-t-elle de dé
ractériseraient ensuite la bande la plus . terminer ultérieurement quelques cen
voisine du désert; puis viendraient tour tres de fréquence pour ceux dont l'u
à tour le baobab, les fromagers, le pal biquité est plus restreinte; mais ce
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. 13
n'est point dans l'état incomplet et Sennâr, resté inconnu à Salt, mais
vague des notions actuelles qu'il est retrouvé par Rûppel, est loin d'être
possible de se livrer avec assurance à aux hommes et aux animaux un aussi
cette zoographie dianémétique. Nous redoutableennemi que l'avait proclamé
devons nous borner, quant a présent, Bruce; les mosquites, les abeilles, les
à indiquer, pour l'ensemble du conti scolopendres à la piqûre douloureuse,
nent africain, la physionomie caracté et mille autres insectes divers, méri
ristique que lui procurent les animaux teraient également une mention. Parmi
répandus à sa surface ou le long de les aranéides nous devons citer la ta
ses contours , depuis le polype qui est rentule qui abonde en Barbarie, le
au bas de l'échelle jusqu‘a l'homme tendaraman ou araignée venimeuse de
qui en occupe le sommet. Marok, la mygale à robe veloutée de
INvEn'réBnÉs. - De nombreux zoo la Séné ambie, et l'araignée du Cap ,
hytes végètent autour de l'Afrique : toutes ort dangereuses; le scorpion
e plus remarquable est le corail rouge, est également redoutable, et plus fré
dont les Européens font des pêches quent, ainsi que le galéode qui lui est
réglées ; l'épongc fait l'objet d'un analogue. Enfin , parmi les crustacés,
commerce assez considérable; des co on trouve mentionnés par les voya
rallines, des madrépores, des gorgo geurs des homards, des crabes, des
nes, des alcyons, des polypes de toute langoustes, des chevrettes.
forme abondent sur le littoral, où se POISSONS. —— Passons aux vertébrés.
trouvent aussi quantité d'échinoder Les poissons maritimes qu'on pêche
mes et d'acalèpbes; nous ne devons aux atterrages d‘Afrique sont ceux des
pas oublier, entre les helminthes , le mers qui baignent ces côtes; et quant
ver de Guinée, filaire qui s'insinue sous aux poissons des fleuves, on nen a
la peau de l'homme, et lui cause à la encore étudié qu'un nombre fort res
longue les plus cuisantes douleurs. Les treint : M. Geoffray Saint-Hilaire a
mollusques maritimes appartiennent décrit ceux du Nil, parmi lesquels se
aux mers et non aux côtes : l’Atlanti font remarquer l'énorme bichir, des
que amène sur le littoral des seiches silures et des pime’lodes, dont les ana
que l'on dit colossales; la spirule n'est logues ont été retrouvés au Congo. des
point rare dans les parages du Séné coffres, etc. Les rivières occidentales
gal; le nautile se montre en nombreu ont fourni de curieux acanthopodes,
ses flottes aux environs du cap de des gymnarques, des sciènes, quelques
Bonne-Espérance; la janthine pour poissons qui vivent dans la vase, et
prée 'se faitremarquer le long du rivage eaucoup d'autres encore mal connus.
arbaresque; les doris, les aplysies Les poissons d'eau douce paraissent
abondent dans la mer Rouge. Parmi d'une extrême rareté dans la région
les fluviatiles, M. Caillaud a fait con australe; on n’ a guère signale’ que
naître les éthéries du Nil : les terres le silure à tête piste et la, carpe gono
tres sont presque complètement igno rhynque.
rés. Entre les annelides, nous nous Rennes. —— Les reptiles arais
contenterons de signaler la sangsue du sent fort multipliés, plus toute ois par
Sénégal , que l'on a, dans ces dernièo le nombre des individus que par la
res années, tenté de naturaliser aux variété des espèces. Les plus remar
Antilles et à Cayenne. Le plus vorace quables sont, parmi les lézards, ces
des insectes africains, c'est la saute crocodiles et ces caïmans ou alligators
relle vo ageuse, fléau aussi terrible que qui peuplent les grands fleuves; les
l'incen ie, qui anéantit les récoltes, et monitors ou ouarans du Nil et du
dont les essaims immenses obscurcis Kouango; les iguanes de Guinée ;' les
sent le jour (sans que cette expression cordyles du ap; les geckos immondes
ait aucune exagération métaphorique); du Caire et e Madagascar; les scin
les fourmis et les termites font aussi ques du Fezzan et des régions du haut
de grands ravages; le ssalssalyah du Nil, si prompts à disparaître sous le
14
col ; et ces caméléons dont les diverses l'ancienne Numidie :.le dronte, qu'on
affections sensitives se peignent sur la voyait jadis à l'île de France et dans
peau en couleurs changeantes. On a quelques parties du continent, ne se
observé peu de batraciens, mais parmi rencontre plus, et peut-être a-t-il en
eux ,_ des crapauds énormes et des 38 tièrement disparu du globe. Les échas
lamandres. Les fleuves et les rivières siers offrent des falcinelles, des plu
offrent beaucoup de tortues soit de viers, des vanneaux, des grues, des
mer, soit d'eau douce, et la tortue’ hérons, des ci ognes, entre autres la
terrestre d'Europe est aussi fort ré cigogne à sac e la côte orientale; des
pendue en Barbarie. Entre les serpents ombrettes , des flamants, des spatu
on cite l'énorme boa,,mais à tort, les , l'ibis, oiseau sacré de l'ancienne
les grands serpents d’Afrique parais Égypte, des courlis, des bécasses, des
sant appartenir au genre python; le râles, des poules d’eau. Dans les pal
céraste et d'autres es èces venimeuses mipèdes on trouve le canard et l'oie,
ont surtout été sign és dans la région le pélican , le cormoran, la frégate,
du Cap; des vipères d'une nouvelle es l'anhinga, le fou, le manchot; on voit
Pèce ont été recueillies au Sénégal', l’as de plus, sur les côtes, des goélands ,
pic, et surtout l’uræus en mm, sont des pétrels, des albatros. Mais le plus
fameux dans l'histoire de l'Egypte. remarquable de tous les oiseaux de
OISEAUX. — Trop souvent simples cette partie du monde, c'est l'autru
hôtes passagers , les oiseaux ne four che , compagne habituelle du zèbre ou
nissent point un des traits les plus de la girafe, et qui vit en troupes dans
saillants dans la ph sionomie zoolo le Ssahhrâ; il faut mentionner aussi
gique du sol; cependant , sur environ plusieurs espèces d'outarde, vivant pa
six cent cinquante espèces qui se trou reillement en troupes en compagnie de
vent en Afrique, près de cinq cents lui la gazelle.
appartiennent en propre: c'est un trei MAMMIFËBES. — A mesure que l'on
zième de la totalité des espèces con remonte l'échelle zoologique, des no
nues. Les plus nombreuses sont, dans tions plus précises et plus nombreuses
l'ordre des promeneurs, les passereaux permettent de reconnaître mieux la
si variés, les hochequeues, les gobe— physionomie particulière et tranchée
mouches, les merles, les loriots, les que l'Afrique présente sous ce point
rolliers , les troupiales , les pique c vue. Cette spécialité d'aspect est
bogufs, les calaos, les hirondelles, les surtout remarquable pour les mammi
soui-mangas, les guêpiers, les martins fères; elle possède un quart, à peu
pécheurs , les pies-grièches, les mé près, des espèces connues, et sur cette
anges, les alouettes, le crinon dont quantité un sixième seulement (ou un
le becest accompagné à sa base de vingt-quatrième de la masse totale )
soies l0 ues et rudes. Puis, parmi les étend son habitat sur d'autres ter
oiseaux proie, on compte les vau» res.
tours, les griffons, les percnoptères, Il est vrai de dire , toutefois , que
les aigles, les pygargues, les éperviers, les ordres qui ne s'offrent à l'étude de
les buses, les faucons, les messagers, et l'homme qu'en des rencontres rares et
la plupart des rapaces nocturnes. Lesfortuites, en même temps qu'indiffé
grimpeurs fournissent beaucoup de rentes, ont naturellement moins éveillé
perroquets et de perruches, des tou .son attention. Ainsi, parmi les céta
racos , des couroucous , des coucous, cés proprement dits, les voyageurs
aux riches plumages. Entre les gallina n'ont guère mentionné que les dau
cés on remarque des pigeons variés.tels phins souffleurs et les marsouins, fré
que la tourterelle à collier du Sénégal quents dans les mers d'Afrique. Ils
et de l’Afrique australe, et le pigeon ont remarqué aussi, à l'embouchure
vert d’Abyssinie et de Guinée; ‘des des fleuves, ce curieux lamentin qui,
perdrix, des cailles, des tétras , et la sans doute, fut le type des fabuleuses
pintade qui appartient spéciatementâ syrènes de l'antiquité. Ils ont vu pa
AFLILIUE ANCIENNE.
“M0! A Oral .
1' ( ’ , .
/ / ///M///, /! ///////r///)fr
SECONDE SECTION.
DES PEUPLES AFRICAINS.
5 I.
ETHNOLOGIE AFRICAINE.
IAl
[.mu tnv .hhuvl
Â/um" fluynrl/r‘ .
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. 17
rameaux de la race blanche, individua variétés, 'les nombreuses espèces de
lisés pour nous dans les trois types Bory de' Saint-Vincent, et celles qu'il
grec égyptien, et syriaque, dont les faut ajouter à son incomplète nomen
trad' ions respectives ont conservé à clature. Sans nous detemr a montrer
tra ers les siècles, comme un témoia comment le zoolo iste anglais, s’éle
gn e indélébile de la véracité de Moi vaut sur les idées e Mac-Leay, établit
5 , es noms de Japet, de Hham et de dans toute section naturelle du règne
hém; mais sans aborder digression animal une subdivision tripartite pré
ellement une uestion aussi vaste, sentant un type, un sous-type. et un
âtons-nous de ire qu’à nos yeux les/ groupe aberrant ou moins développé,
textes bibliques sont fort ,désintéres composé à son tour de trois groupes
sés dans les doutes que soulève celle secondaires dont un principal et deux
de l'unité ou de la multiplicité des subordonnés, nous supposerons de
espèces dans le genre humain. prime abord que l’espèce blanche ou
A ne considérer cette dernière ques caucasique est le t pe fondamental du
tion que sous un ,aspect purement genre humain , l’e pèce jaune ou mon
scientifique, on ne/ tarde point a re-, golique le sous-type, et l'espèce éthio
c'o/maître que la controverse roule en pique le groupe aberrant, formé des
l ajeur‘e partie sur l’acception réelle trois sous-espèces nègre , américaine
des mots espèce, variété; et/l'on peut et malaie, dont la première se lie à
considérer que si, d'un autre côté, les l'espèce blanche par la sous‘espèce amé
partisans de l’unité d’espèce restent en ricaine ou rouge, et à l’espece jaune
deçà des concessions qui semblent in par la’ sous-espèce malaie ou brune.
dispensables, leurs antagonistes vont Poursuivant l’application de la même
sans doute beaucoup au delà en ad méthode, ou peut classer l’espèce blan
mettant autant d’espèces qu’ils ont che en trois variétés qui seraient ainsi
reconnu de types plus ou moins tran échelonnées, savoir : la variété japé
chés, bien que les cadres les plus lar tique ou inde-germanique constituant
ges qu'ils aient tracés ne comprennent le groupe normal, la variété schémi
point en re, ta‘nt s’en faut. tous les tique ou syro-arabe offrant le sous
mesdi .férents que présente l’Afrique. type, et la variéte hhamitique ou phé
mec-égyptienne formant le groupe;
GRANDES DIVISIONS DU GENRE
aberrant, dans lequel il faudrait pro
HUMAIN. hahlement compter comme sous-vas
Nous ne saurions prétendre établir riétés les M essrytes, les Kouschytes et
ici une nouvelle classification du genre les Kananéens, ces derniers servant
humain ; mais il nous importe du de lien avec la variété japétique, et les
moins d‘indiquer en gros quelle place tlfouschy’tes se rapprochant davantage
occupent les t pes africains dans le e la variété schêmitique.
vaste tableau es populations du glo Les races blanches africaénes repré
be. Sans nous restreindre aux trois sentent, autant à raison de leurs gé
variétés de Link et de Cuvier, ou aux néalogies traditionnelles que par la
cinq variétés de Blumenbach, ni même persistance des caractères physiques,
aux deux espèces de Virey, sans débor toutes ces grandes sections de l'espèce
der non plus jusqu’aux “onze espèces blanche, dont la coordination ‘présen
de Desmoulins ou aux quinze espèces tait dès lors ici un intérêt direct et
de Bory de Saint-Vincent, nous pren. immédiat.
drons comme un mezzo termine com L'espèce jaune, sans être compléte
mode les trois divisions principales et ment désintéressée dans l‘ethnologie
deux divisions subordonnées dans la africaine, ne laisse toutefois aperce
coordination desquelles Swainson a voir qu’une liaison éloignée, immémo
concilié les classifications de Cuvier et riale, et dont la trace u‘est pourtant
de Blu‘menbach : dans ces grandes pas entièrement perdue, entre le Cop
coupes viennent se ranger, à titre de te, héritier dégénéré de l’antique peu
2‘ Livraison. (1118!. ne L'ArnIQus.) 2
18
ple d’Égypte , et le Chinois, variété 2° Les races arabes répandues sur
sous-type dans l’espèce mongole , où les côtes orientales jusqu’a Sofalah et
le groupe aberrant paraît formé par Madagascar, dans toute I‘Ëgypte, sur
les sous-variétés hyperboréennes. la lisière boréale le long de la Médi
Quant à l’espèce éthiopique, la sous terranée, sur le littoral atlantique jus
espèce nègre, qui en constitue le type qu'au Sénégal, et étendues à une assez
normal, appartient essentiellement à rande profondeur dans le désert ,
l’Afrique; mais pour coordonner dans dont elles occupent encore les parties
un classement rationnel les variétés austro-orientales.
de celle-ci, il serait indispensable de 3° La race copte, au teint jaune
réunir des notions beaucoup plus éten foncé, au nez court et droit, aux gros
dues et plus précises que nous n’en ses lèvres, au visage bouffi, qui tend
possédons encore sur les populations à s'effacer chaque jour davantage du
susceptibles défigurer dans ce cadre: sol de l’Egypte, et qui semble, ainsi
ce n'est donc qu’à titre d’hypothèse que nous lavons dé'à remarqué, con
aventurée et conjectnrale que nous dé server la trace de lancienne infusion
signerions le Nègre africain propre d’un élément mongol ou chinois.
ment dit comme variété tyoe, le Papou 4" Les races [couse/Lyres, au teint
de I’Océanie comme sous-type, et que nigrescent, au nez presque aquilin , à
nous placerions dans le groupe aber la bouche moyenne, au visage ovale,
rant le Hottentot, le Kafre et l‘Al qui peuplent l’Abyssinie et une partie
l'ourous. Puis, dans la variété nègre du littoral de la mer Rouye sous les
proprement dite, il est impossible de noms de Hhabeschyn, Danâqyl, Scho
méconnaître que des subdivisions sont hou, Ababdeh; la plupart e ces na
commandées air des différences frap tions, sinon toutes, se dénommant
pantes entre es belles races du Nord elles-mêmes aga’zg/dn, ou pasteurs.
et celles qui vers le Sud se rappro Peut-être divers éléments asiatiques et
chent du Hottentot par les formes cor africains s’y sont-ils fondus dans des
porelles; mais les indications éparses proportions diverses; les traces d’une
et incomplètes qui laissent apercevoir infiltration nègre sont aisément sai
ces diversités tranchées ne sul'lisent sissables. et, d’un autre côté, le noyau
point à en esquisser la distribution semble offrir une grande analogie avec
synthétique : la détermination des ty les vastes inférieures de l'inde. Quoi
pes, la recherche des éléments géné qu'il en soit de l’origine indigène ou
rateursdes populations hybrides, sou étrangère de ces peuples, toujours est
lèvent à chaque pas d’inextricables il que l’Afrique seule les possède au
diflicultés. jourd‘hui; quelques rameaux détachés
s'en retrouvent sur la côte de Zan
CLASSIFICATION DES RACES AFRI uebar et parmi les populations ber
GAINES. eres.
5° Celles-ci forment l’un des groupes
Quoi qu’il en soit de ces essais de les plus
elles remar uables
occupenttles du continent,
régions montagneu où
classification , les races africaines qui.
doivent trouver leur place dans ce ta ses du Nord, et les parties centrales
bleau d’ensemble peuvent être énu du Ssahhrâ, depuis I’Egypte jusqu’à
mérées en qros dans l’ordre suivant , l’océan Atlantique et aux Canaries, et
corrélatif à a disposition systématique depuis la Méditerranée jusqu’à Ten
des groupes naturels. eu égard aux Bohtone et Kasynah , peut-être même
affinités les plus marquées : jusqu’au dela du lac Tchäld , sous les
1° Les races européennes , qui ont dénominations diverses de Schelouhh,
formé des colonies disséminées sur Berêber, Qabàyl, Tonârek, Sourqâ et
toute la périphérie et dans les îles, y autres, que leur donnent leurs voisins
compris la race turke, clair-semée dans arabes ou nègres, et sous l’appellation
les pays de la côte septentrionale. générale de Amazygh, c’est-à-dire
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. 19
nobles , ou de zlmazerqt, c'est-à-dire races qui forment cette division eth
libres, qu’ils se donnent eux-mêmes : nographique : ainsi le Ouolof, le plus
réunion d’éléments fort divers , les noir de tous les nègres, est celui dont
uns blancs, d'autres hâlés, la plupart le nez est le moins épaté, les lèvres les
olivâtres, quelques-uns presque noirs; moins grosses; le Moutchicongo, au
un front étroit, une figure ovale, des contraire, dont le teint est beaucoup
traits arrondis, des yeux foncés et moins foncé, a le nez presque plat,
cruels, des cheveux noirs et rudes des lèvres énormes, et la femme pos
semblent, avec le teint olivâtre, carac sède , dans de moindres proportions,
tériser, au milieu de cette aggloméra le tablier et les grosses fesses de la
tion confuse, une souche primordiale, Hottentote; entre ces types extrêmes,
que les traditions désignent comme l’Aschanty, le Manding, I’Arada . l’I
kana’néenne, mais qui, d’une part, b0, le Monjou, le Makoua , offrent
s’est nourrie d’une sève dérobée aux une série de types intermédiaires.
races nègres, et sur laquelle, d'autre 8" Les races hottentotes, à peau
part, sont venus s’entcr de puissants brunâtre comme la suie, au nez entie
rameaux ,japétiques. rement épaté, aux lèvres grosses et
6° Du milieu des races nègres se avancées, aux pommettes saillantes ,
détache une population metive, à cou au visage triangulaire profilant celui
leur tannée ou cnivreuse, au net sail du sin e, habitent l’extrémité sud-ouest
lant, à la bouche moyenne, au visage de l’A rique; chez la femme, un trait
ovale, qui se compte elle-même parmi remarquable est le développement des
les races blanches, et se dit issue de nymphes qui couvre les parties génl
pères arabes unis à des femmes tau tales d’une sorte de tablier naturel,
roudes. Sous les noms de Foulahs, et celui des fesses, dont l‘énorme sail
Fellân s, Fellâtahs, ou plutôt sous lie semble destinée à supporter l’en
celui e Peuls‘, u’ils se donnent eux fant pendant l'allaitement.
mêmes, ces peup es occupent une zone 9° Les races kafres, au teint gris
large et onduleuse depuis les rives du noirâtre ou plombé, au nez arqué,
Sénégal jnsqu’aux montagnes du Man‘ aux grosses lèvres, aux pommettes
dbarah , et peutQétre beaucoup plus saillantes, occupent, au nord est des
loin; leur chevelure crépue et même Hottentots. une vaste portion de l’A
laineuse , quoique longue, justifie leur frigue orientale, ainsi que la pointe
classement parmi les populations ou sa de Madagascar; il semble u’avec
lotriques; mais ni les traits du visage, elles doivent être classes les allas,
ni la couleur de la peau, qui leur a qui, depuis Melinde, se sont avancés
valu de la part des voyageurs la dé jusqu’au cœur de l'Abyssinie.v
nomination de Peuls rouges, ne per 10'’ Enfin la race malaie a répandu
mettent de les confondre avec les quelques colonies sur la plage afri
nègres. quelque intime que soit d'ail caine, puisqn’elle a peuplé les rivages
leurs, sur la lisière commune, la fu orientaux de Madagascar ; d’ingénieux
sion des deux types. rapprochements voudraient même en
7° Les races nègres proprement di signaler des traces jusque dans le cen
tes, à peau noire plus ou moins fon-‘ tre de la Nigritie.
cée, au nez généralement épaté, aux Il est à peine besoin de dire que sur
lèvres grosses et saillantes, au visage la limite mutuelle des cantonnements
court, aux cheveux laineux, sont ré géographiques respectifs, les races ne
pandues sur la majeure partie du sol nous venons d'énumérer se sont p us
africain , depuis le Sénégal et le haut ou moins fondues les unes dans les
Nil jusqu’au delà du tropique austral. autres , et que leurs démarcations pré
Les caractères spécifiques sont diver cises ne sont pas toujours faciles à
sement combinés chez les différentes discerner.
2.
20
5 II.
LINGUISTIQUE AFRICAINE.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES sua Lss Un phénomène qu'il importe de ne
nvmcsnons LINGUISTIQUES. pas perdre de vue dans cette étude
diacritique, c'est que la similitude de
Telle est l'ébauche grossière à la langage n'est souvent que partielle,
quelle nous devons borner, quant à tantôt bornée à des racines communes
présent, nos essais de distribution 01h modiliées et construites suivant des
aographique des races africaines sous analogies et des s 'ntaxes différentes,
le point de vue de leur constitution tantôt restreinte l'unité de syntaxe
physique : l'état incomplet de nos et d'analogie grammaticale a pliquées
connaissances actuelles à cet égard ne à des radicaux divers. L'a nite, en
permet point de tenter une esquisse ce dernier cas, est moins apparente ,
moins imparfaite; mais les données mais plus intime, et l'on peut dire
linguistiques , bien que fort incomplè qu'elle constate, sinon la parenté des
tes aussi, peuvent utilement concou idiomes, du moins celle des popula
rir à une classification méthodique de tions qui les parlent ; dans le premier
ces peuples, au moyen des échantil cas, au contraire, l'affinité est plus
lons de langage recueillis en grand apparente que réelle, et s'applique aux
nombre, et ont les connexités ou les langues bien plutôt u'aux hommes.
différences mutuelles sont plus fa Souvent, en effet, es peuples sont
ciles à saisir; mais il faut se garder forcés d'apprendre des langues étran
d'une erreur trop commune aux lin gères, au gré des réunions ou des
guistes, celle de considérer sans res morcellements politiques qu'ils subis
triction comme ethnographiques les sent; mais, en général, le vocabulaire
rapprochementsoulesdivisionsfondées de la langue maternelle est alors seul
sur de tels indices. On ne doit point changé, et la grammaire native con
oublier que bien souvent un même serve le privilège de façonner à ses
langage est parlé par des races fort di idiotismes les éléments nouveaux qui
verses, et que souvent aussi des ra lui sont imposés.’ L'étude des gram
meaux d'une même souche ont appris maires est donc la meilleure clef dont
«les langues distinctes. Ainsi parmi les la linguistique comparée se puisse ai
Berhers sont cantonnés quel ues pen der pour léclaircissement des origi
plades noires évidemment étérogè nes ethnologiques; malheureusement
nes, et qui n'ont‘ pourtant d'autre cette étude est difficile, souvent même
idiome que le berber, tandis que, d'un impossible faute de matériaux suffi
autre côté, ces mêmes peuplades, rapo sants; et réduits que nous sommes à
prochées des Abyssins par tous leurs de minces et imparfaits vocabulaires,
caractères physiques, en demeurent quelquefois même à de simples indi
complètement séparées par le langa ces, nous ne pouvons aspirer à des
e. Mais il est aisé de concevoir que ‘résultats exempts d'incertitudes.
es dissidences linguistiques entre des
CLASSIFICATION ARTIFICIELLE DES
peuples limitrophes ou mutuellement
enclaves révèlent, dans la plupart des LANGUES AFRICAINES.
cas, une diflérence réelle d'origine, et Quoi qu'il en soit, et sans avoir la
que réciproquement les similitudes de prétention de donner ici, des idiomes
langage entre des peuples séparés par africains, ni un inventaire complet,
de grandes distances, supposent une ni même une liste fort étendue , nous
communauté antérieure , sinon tou les distribuerons en deux catégories :
jours d'origine,au moins d'habitation l'une composée des langues que nous
et de nationalité. appellerions volontiers cohésives, pour
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. 2l
marquer l’espèce de lien qu’elles for de l’Atlas, qpi naguère parlait aussi
lnent entre tous les éléments d'une le berber, ou lié aujourd’ ni pour l’a
même race ou des éléments juxtaposés rabe, et chez lequel on retrouverait
de races diverses; l’autre, des langues eut-être encore, à travers l’arabe et
u'il faudrait, au contraire, appeler e berber, les vestiges d’une grammaire
iacritiques, à raison des séparations antérieure.
qu’elles déterminent entre des éléments Dans un voisinage immédiat, et sur
qui, au moins dans l'état imparfait de une étendue non moirh vaste, divers
nos connaissances ethno raphiques , dialectes, philologiquement rattachés
sont vulgairement consid rés comme à la souche araméenne, réunissent en
homogènes. Il n'est pas besoin d’ajou un seul groupe tous les éléments de
ter qu’un tel classement n'a rien de race sémitique répandus sur le sol afri
sérieux, et qu’il indique sim lement cain, puis à ceux-ci presque tout ce
le point de vue d’utilité actue le sous qui su siste encore de la race copte,
lequel nous envisageons momentané uis encore les seuls restes intacts (le
ment le catalogue général des langues a race kouschyte, et avec ces derniers
africaines. quelques débris étrangers que la jux
taposition ou l’enclavement a ramenés
LANGUES AFRICAINES cousrnémäns à la communauté de langage. Et si
sous UN POINT DE vos COHBSIF. l'on tranche la séparation des deux
L’espèce de fonction cohésive qu‘il dialectes principaux. l’arabe d'une part
est utile de considérer dans les unes avec toutes ses variétés, et, d’autre
est particulièrement frappante dans la part, le g’ez et ses annexes, il faudra
langue berbère ou amazygh , qui réu tenir compte , dans la division arabe ,
nit eu un seul faisceau, ramène à une indépendamment de la fusion des deux
souche unique de nombreux rameaux familles qahhthanyte et ismaylyte , de
dispersés sur une immense étendue: l’immixtion à celles-ci des Coptes, de
ses dialectes sont parlés dans toutes quelques débris des Hébreux pales
les ramifications de l’Atlas, dans toute tins, et d'autres éléments moins dis
la ligne d’oases qui s’étend , derrière tincts: peut-être les Kaldéo-Na bathéens
ces montagnes, depuis El-Ouahh el nous sont-ils révélés par les formes
Bahharyeh confinant à l’Egypte , jus syriaques qu’affectent tant de noms
qu’au Opâdy Dara’h qui s’approche de ropres de la topographie africaine. Il
l Atlantique, et dans toute cette vaste audra reconnaître aussi dans la divi
partie du Ssahhrâ comprise entre Soq sion kouschyte l’intromissiou de quel
nâ et Gen , entre Touât et Bornou; ques rameaux hhomayrytes, que leur
montrant a parenté intime de l’habi peau blanche signale encore sur les
tant de Syouah avec le Schelahh de montagnes de Samen et d’Énarya, et
Marok, même avec l’ancien Guanche’ que l’on a identifiés aventureusement,
des Canaries, et celle du Qahâyly d'Al sur la foi de leur culte, à des juifs de
ger avec le Sourqâ des bords du Ni er; Palestine, ou , d’après le nom de leur
réunissant aussi avec eux des dé ris province, aux Schamyyn ou Syriens
des races blanches du Nord, recon de Damas.
naissables encore à leur tête carrée, En continuant d’envisager les indicj
leurs cheveux blonds et leurs yeux tions linguistiques sous le même point
bleus; et des rameaux égarés de la race de vue d'assimilation ethnologique,
kouschyte, tels que les Erouâghah, en nous rattacherions à la race copte les
core noirs au milieu des blancs, encore peuples qui habitent, au sud du golfe
doux et bons au milieu de peuples fa de Qâbes , les montagnes de Mathmâ
rouches et cruels ; et. d’antres élé thah et de Naouayl, et dont le langa
ments que signalent des différences ge, au rapport d’un voyageur magh
physiques tranchées, mais qu’on ne rebin assez récent, n’est ni berber, ni
sait à quel type ra !porter, tels que le turlt, ni arabe, mais copte.
Beskery aux traits eurtés, Auvergnat De même, la langue peule ou fel
p
fane a fait reconnaître , avant que les la langue Eyo pour une autre partir
caractères physiques l’eussent confir non moins considérable.
mée, l’homogénéité des tribus qui Dans l'est, divers groupes sont for.
habitent, dans l’ouest, le Toro, le Fou més_d'après les analogies et les répul
ta, le Bondou , le Kassou , le Fonta sions respectives des langues nubien
Gjalon, le Sangaran, le Fouladou, le nes , qui classent ensembleles Nubee
Brouko, le Massina, avec les Fella ou Dongolais et les Qenouz ou Bara
tahs dont le puissant empire presse le bras à part des Tibbous de l’ouest et
Bornou par l'ouest et le sud , et en des Ababdehs et Bischaryyn leurs voi'
voie des colonies vers les bords infë— sins à l’orient : ceux-ci réunis à 1cm
rieurs du Niger. tour distinctivement des Schohou, De
Et pareillement le Malai de Mada nâqyl et Adayel, lesquels sont eux
gascar est rattaché par son idiome mémes rapprochés des Gallas et des
aussi bien que par sa physionomie na Sçoumâl.
tive, à la grande famille malaie de La langue bounda ou mogialoua, et
I‘Océanie. la langue bomba , déterminent pareil
lement, entre des populations limi
LANGUES AFRICAINES cousmé‘nläss trophes, une division tranchée en deux
sous un POINT DE vue mAom groupes, dont l’un renferme, avec les
nous. peuples du Congo, une quantité de
nations successivement voisines, dont
.Si nous considérons, au contraire, les plus remarquables sont les Cassan
les idiomes africains sous le rapport ges et les Molouas, tandis que l'autre
des indications diacritiques qui résul s’étend au nord , comprenant les peu
tent de leur examen comparatif, ils ples de Ho, ceux de Sala ou Anzico,
viendront en aide à notre ignorance et les Ninéanav. sujets du Mouéné
pour tracer . à défaut d'autres bases , Émougy. Plus loin, sur la côte orien
a distribution, en diverses races , de tale, on ne connaît encore, parmi les
tant de peuples différents que nous peuples qu'on y a aperçus, aucune
confondons vulgairement sous l'appel consanguinité de langage qui permette
l‘ation commune de nègres, qu'ils soient de les grouper par agglomérations con
noirs de jais comme le Ouolof, oli génères; mais , dans la région austra
vâtres comme le Sçoumaly, ou mar le , les peuplades hottentotes et les
rons comme le Nube; .mais ces langues tribus kafres sont respectivement réu
n’en conservent pas moins simultané nies et distinguées parldeux systèmes
ment un caractère cohésif à l’égard spéciaux de langages.
des fractions éparses qu'elles rallient. Autour des, diverses familles que
Ainsi l'idiome'manding sépare d'entre nous avons indiquées, quelquefois mê
la masse confuse de l'espèce nègre une me dans leur sein , des idiomes dissi
p0 ulation nombreuse et puissante, dents, parqués en quelques cantons iso
qu il réunit en un seul groupe, bien lés , témoignent encore de l‘ancienne
qu'elle constitue, sous les noms de existence de peuples qui se sont fon
Mandings. de Sousous, de Bambar dus ou effacés dans des nations con
ras , de Kong , et autres encore, plu quérantes : tels sont le sérère au mi
sieurs nations politiquement séparées. heu du ouolof, le feloup, le banyon
La langue ouolofe détermine de mé à côté du manding, le kissour à côté
me‘, diacritlqnement et cohésivement du peul , le bourour'n au sein de
à la fois, le groupe des peuples de l’aschanty, et mille autres. Nous ne
Ouâlo', Gjolot, Kayor, Baol, Sin et parlons point du turk,dominateur pré
Saloum. [l en faut dire autant de la caire sur la côte septentrionale, ni des
langue aschanty, pour une rande langues apportées par les colons euro
partie des euples du Ouanqâra , au péens, et qui demeurent confinées avec
tant de la langue aradah pour une au eux dans leurs établissements.
tre grande partie. et autant encore de
HISTOIRE DE L'AFRIQUE I8
icnrrunns AFRICAINES. cien alphabet. relégué aujourd'hui dans
des livres qu'ils ne lisent plus. Les
Les monuments lapidaires épars Abyssins ont gardé leurs vieux caraoa
dans le nord de l'Afrique nous ont tères éthiopiens, moins vieux peut
transmis , outre les alphabets des do étre que ne l'admet l'opinion com
minateurs phéniciens, grecs et ro mune; certaines tribus gallas les leur
mains, le triple alphabet des Égyp ont empruntés en les modifiant à leur
tiens, ingénieusement déchiffré ar guise ("); quelques juifs barbaresques
l'heureux effort de l'érudition mod‘érl gril‘fonnent encore l'écriture chaldaî
ne (‘); ils nous ont aussi révélé un que. Partout ailleurs l'alphabet arabe,
alphabet de caractères inconnus , ac natif chez les uns , importé chez les
colés à des inscriptions puniques , et autres, réservé aux docteurs chez queh
qu'il semble plausible d'attribuer aux ques peuples nègres, tout a fait inconè
peuples berbers (“), bien qu’ils les nu au delà d'une certaine limite, est
aient oubliés pour l'écriture arabe, à peu près le seul employé aujourd'hui
comme ont fait les Coptes de leur an par les Africains indigènes.
5 III.
ÉTAT SOCIAL DES PEUPLES AFRICAINS.
Naissante chez les uns, caduque chez Palestine, mais aussi chez lesHho
les autres, la civilisation est en géné mayrytes chassés d'Arabie par la per
ral médiocre parmi les peuples afri sécutton musulmane; l'islamisme est
cains les plus avancés sous ce rap la religion la plus répandue, mais pro
‘port, et elle est absolument négative fessée sans ferveur, et n’opérant dès
chez les nations qui occupent les der lors qu'un bien faible progrès dans la
mers degrés de l'échelle. mesure déjà si restreinte de son uti
lité sociale, tout en fomentant l'into
RELIGIONS DE L’AFIIQUB. lérance et le fanatisme de ses grossiers
Le principe le plus actif du mouve sectateurs; le sahéisme, qui se trou
ment intellectuel , la croyance reli vait jadis parmi quelques tribus de
gieuse , n'a acquis nulle part ce degré l'Atlas , et qui se retrouverait peut
d'épuration qui seul peut témoigner de être encore dans certains cantons re
l'accomplissement de sa mission civi culés de l‘Abyssinie , compte aussi
lisatrice : le christianisme grossier des quelques adhérents à Mozambique;
Coptes et des Abyssins, celui que le mais c'est surtout le fétichisme le plus
zèle des missionnaires évan é iques grossier qui constitue le culte ou plu
tente d'implanter chez les Ka res, les tôt la multitude de cultes entre les
Hottentots et les Nègres, n'est pour quels se partagent la plupart des
les uns et les autres qu'un culte sans peuples d‘Afrique, et ce rudiment lui
intelligence des préceptes, et par con méme ne s'est ‘point, dit-on , encore
séquent inerte; le judaïsme est tra fait jour à travers la stupide anima
ditionnellement conservé non-seule lité de quelques tribus, ou du moins
ment chez les Hébreux réfugiés de la la sagacité des voyageurs n'a-telle su
découvrir chez ces sauvages l'indice
(') Le nom de Champollion est trop po d'aucune idée religieuse.
pulaire pour que nous ayons besoin de le
rappeler ici. (') Leseul échantillon qu'on possède main
(") M. de Saulcy, membre de l'Institut, tenant en Europe de l'écriture galla, est
a déchiffré la «plus étendue de ces inscrip une lettre du roi d'Enâria à un prince abysr
tions, et nous avons reconnu des formes sin , envoyée par M. Arnaud d'Ahhadieà
berbères dans les noms propres qu'il y a M. Reinaud, de l'Institut, et ubliée dans
lu. le Bulletin de la Société de géographie.
24
Chrétien ou juif, musulman , sa actif, et l'usage naissant d'une écri
béen, ou idolâtre , I’Africain est poly ture importée. Mais cette industrie est
game, sans acception de culte, parce fort médiocre, même dans les Etats
que la nature l'a ainsi voulu en gros les mieux policés, et ne peut guère four
sissant la (proportion des femmes , et nir qu'aux besoins locaux, aussi le
en n’accor ant à celles-ci qu'une courte commerce est-il presque exclusivement
fécondité en regard d'une faculté roli borné à l'exportation des produits na
fique longtemps persistante chez l’ om turels, entre lesquels les plus notables
me : tant il est vrai que les mœurs des sont l'or, l'ivoire, les cuirs, la cire,
peuples ont, au-dessus- de la sphère la gomme. Quant à la zone septen
des volontés individuelles, des causes trionale, l'exemple de l'Europe y a
primordiales auxquelles il leur faut façonné les peuples du littoral à cer
obéir , en dépit des règles qui parais tains arts; et sous la volonté forte de
sent les meilleures à notre prétendue l'homme supérieur qui commande à
sagesse européenne. l’Égypte, legénie européeninstruit l'A
rabe et le Turk et le Copte à enfanter
ËCHBLLB DE LA CIVILISATION AFRI des prodiges : des ports, des flottes,
GAINE. des arsenaux , des hôpitaux , des éco
Dans la carrière ascendante que re les, une administration régulière, et
monte péniblement l'humanité, pour jusqu'à des victoires , l'Égypte les doit
arriver de l'état sauvage à l'état de ci aux enseignements de la France. Et
vilisation perfectionnée dont nous nous la France , en s'asseyant àAlger, ne
proclamons orgueilleusement le type, prometaelle point la civilisation de
il semble qu'arrive’s au but et regar toute la côte barbaresque? Qu'elle
dant en arrière nous voyions descen plante en maîtresse son dra eau sur
gre du netàl'd au sud, depuis lles bords 'Atlas, que ses garnisons ha 'ilement
e la M’duiterranée
australe 'usdlfricaimpcette
contineri‘t n'a a ointe échelonnées soient autant de digues
inébranlables, et le flot indompté dont
longue échelle dont le pied est occiàpé la vaine fureur se briserait contre leur
par le Bosjesman ou Hottentot es immobile résistance, viendra glisser
taillis, que les voyageurs nous repré autour d'elles en ondes amollies.
sentent comme si voisin de la brute.
.Nullé part, cependant, il ne se trouve ORGANISATION POLITIQUE.
‘isolé, et sauf quelques exceptions ré L'organisation politique des Etats
trogrades qu'expliquent des guerres et des nations africaines est naturelle
d'extermination et la plus profonde ment assortie au degré d'avancement
misère, le Hottentot est généralement social u’elle _est ap elée à régir: pa
arrivé à l'état de tribu, et la sociabi triarca 9 chez les trigus nomades, elle
lité est flagrante parmi toutes ces peu passe généralement à la monarchie
plades, puisqu'il existe entre elles un .chez les nations à demeures fixes; il
système uniforme de langage, quelque est cependant quelques peuplades où
étrange que soit d'ailleurs ce langage dominent les formes républicaines. La
par ses gloussements et ses claque royauté élective et temporaire, ou la
ments de langue. Une apathie stu ide présidence si l'on aime mieux ce mot,
est le partage de ces misérables or est décernée dans un congrès en cer
des, dont les plus avancées ont seule tains pays, tels que le Foutah. Une
ment quelques troupeaux. Les Kafres, sorte de féodalité , constituée par l‘hé<
pasteurs , chasseurs et guerriers, ont rédité des grandes charges et des com
sur elles une supériorité marquée. Les mandements provinciaux, existe en
euples nègres , généralement agrico d'autres contrées , telles ne les Etats
es et constitués en nations territo ouolofs, et peut-être chez es Molouas.
riales, s'élèvent graduellement jusqu'à Le despotisme absolu parait, du reste,
une demi-civilisation caractérisée par le régime le plus fréquent , et c'est lui
quelque industrie, hn commerce assez qu'on retrouve chez les nations les
HISTOIRE DE L’AFRIQUE. 25
plus avancées; au point où sont arri souveraine est exercée sous les titres
vées les populations africaines, le pro les plus divers, et l’on a peine à se
grès ne saccomplit d’ordinaire que reconnaître au milieu de toutes ces
sous l'irrésistible impulsion d’une V0! dénominations de konk, inkousi, ki
lonté de fer; plus tard les peuples téva, mani, mouata, mouéné, makoko,
marchent d'eux-mêmes : mais l’Afri mansa , bour, damel , téyn , brak, al
que est bien loin encore de voir poin mamy, salti é, dâ, mây, négous, râs,
dre l’aurore d’un tel jour. L’autorité paschâ, solth n, et bien d'autres.
5 IV.
HISTOIRE DE L’APRIQUE
TRADITIQNS FABULEUSES , HYPO' les auteurs anciens tous les vestiges
TBESES CONJRCTUBALES. des vieilles traditions sur les premiers
âges des terres d‘occident , dociles
Est-il une histoire générale de ces surtout à écouter les enseignements
contrées, et des peuples qui y sont ré écrits sur le sol par les révolutions
pandus? Où la trouver? La faut-il physiques qui l’ont tourmenté, nous
demander à de vagues et menteuses pourrions tenter de reconstruire l’his«
traditions, ou bien à de conjecturales toire de ces temps effacés où l’Espagna
hypothèses? tenait à l’Afrique pendant que la Me’
Les mythes grecs nous parlent d’At diterranée communiquait a l’Océau
las, ce poétique géant des vieux âges,
par une autre route , encore reconnais
qui de ses épaules rocheuses soutenait sable au nord des Pyrénées, dans les
la voûte vers laquelle l’entassement de
Pélion et d’Ossa n'avait offert aux landes et les lagunes de la Gascogne
Titans u’un' insuffisant marchepied; et du Languedoc; la mer Atlantique
il était ls de Neptune et ère de se t alors couvrait le Ssahhrâ, et de ses
Atlantides, dont l'aînée ut mère e
flots directs allait battre les rivages
méridionaux de la péninsule arabique,
Mercure: c’est-ce pas simplement une où Strabon et Diodore lui conservent le
tradition des temps primitifs dont nos nom d’Atlanti/ron pelagos (‘ ), en même
langues prosaïques offriront une ver:
sion fidèle en traduisant u’Atlas avait temps qu'Hérodote affirme son identité
émer é des eaux, qu’il äominait sept avecla mer Érythrée (*’), imbus qu’ils
étaient d’anti nos souvenirs. A cette
îles pus petites formées des culmi époque sans oute I’Afrique donnait
nances de ses rameaux, et'qu’en la
à l’Espagne ses premiers habitants,
principale d'elles prit naissance un ri qu’Hérodote avait entendu appeler
che commerce? Platon a mis dans la
bouche d’un prêtre égyptien de Sais Kynètes, et dont Ptolémée aussi bien
l’histoire d’une grande terre atlantide, que Tacite connurent plus tard la
où Neptune procréa Atlas, et sonju souche africaine, demeurée avec le
même nom au voisinage de la petite
meau Gadiron ou Cadiz , et bien
Syrte; et quand cette dénomination
d'autres enfants, dont "la puissance ont disparu de part et d'autre . Am
s’étendit graduellement jusqu’auprès mien et Corippe nous montrèrent en
de l’Égypte avant qu’un grand cata
clysme vint engloutir leur empire;
c’est une de ces lueurs vacillantes qui (*) 'I-I ‘Euôuïuwv ëo‘riv ....... .. péxpt roi‘:
percent à grand’peine l’épaisse. nuit ‘Aflavnxoû nela'tyouç.
des siècles oublies pour arriver jus s'rnuux. XVI (Comp. Dmnoxl, III. 38).
qu'à nos jours d’orgueilleux scepticis (“') Kali ñ {Etc ovmlétov Güao‘e‘a i) Ïàflav
me , de capricieuse incrédulité. Et ‘ri; xalewttévn , au! à 'Epuflpii , pic: 'ru'fxo'tvet
pourtant, soigneux à. rassembler dans &Üaa.
Hinouç'rl, l, 10:.
26
coi-e des. Cantavriens sur le territoire qui persiste encore, n'a point recueilli
dépendant d’Alger, et des Austures e souvenirs du passé.
vers la Tri litame, comme I'Hispanie Les races australes , pour lesquelles
avait ses antabres et ses Astures non n'a point déjà lui l'aurore de la civi
loin du fleuve Magrsda, homonyme lisation, n'ont à raconter que leur
lui-même du Megerdah tunisien. propre naissance 2 encore est-ce de
D'autres . rêveurs érudits, ou phy leurs tribus les moins sauvages que
siolosistes ingénieux, au lieu de rede Kolbe apprit la tradition de Noh et
mander l'histoire primitive des Afri de sa femme Hingnoh , premier cou
cains à des traditions presque perdues, ple générateur, que Dieu introduisit
ont mieux aimé la chercher dans d'a au monde par un sonpirail; mais elles
ventureuses hypothèses, et leurs con ne savent rien des déplacements terri
jecturales narrations nous montrent toriaux qu'elles ont subis, et la no
dans le nègre l'aîné de la création, menclature géographique du pays que
fils de la terre et du hasard . prenant les Kafres leur ont enlevé vient seule
naissance aux neigeuses montagnes de nous instruire des anciennes limites
la Lune, où trouva plus tard aussi son de la terre des Hottentots.
berceau l’homme qui depuis, descendu Les races centrales, beaucoup plus
dans le Sennâr, engendra I'Égyptien avancées, sont néanmoins trop jeunes
et l'Arabe et l'Atlante : la race nègre, encore pour avoir de vieux souvenirs:
longtemps plus nombreuse, soumit et leur histoire se borne à la mémoire de
domina d'abord la race blanche; mais quelques migrations peu anciennes;
celle-ci , graduellement multipliée, se migrations qui affectent en général un
couant le joug de ses maîtres , et mouvement vers l'ouest ou vers le
d'esclave devenant maîtresse à son sud, comme s'il existait au nord-est
tour, les condamna à porter désormais une puissance impulsive toujours la
des tyranniques fers qu'elle venait de même. Sans parler des prétendus peu
briser; des siècles ont passé, et sa ples Jagas, que Bruce a voulu identi
vieille colère n'est point encore apaisée. fier aux Aga'zyan de l'Abyssinie, nous
voyons à l ouest les peuples du Congo,
mmcss HISTORIQUES sUn L'enter que leurs traditions aussi bien que
nm, LBS mesurons m Les mâ leur langue rattachent aux Molouas
VOLUTIONS POLITIQUES DES rau du nord-est , tandis u'à l'orient, der
PLES atones. rière les Arabes de a côte, incontes
Ne nous arrêtons pas davantage à tablement venus du nord, nous sont
de tels récits, arbitraires imaginations indiqués des peuples maravis, dont
que l'histoire ne saurait adopter : le nom, ainsi que déjà nous l’avons
c'est dans les traditions nationales, annoté, offre la plus intime liaison
dans l'archéologie des langues et des avec celui de l'antique Méroé; et que
monuments, qu’il faut chercher les ce rapprochement Onomastique ne sem
vestiges des origines et des révolutions ble. point une de ces coïncidences for
africaines; et quand l'étude de la gé tui'tes ‘et sans portée, auxquelles un
néalogie des nations est impuissante esprit sage ne peut raisonnablement
à nous révéler leur berceau, force s'arrêter: car à une distance pareille du
nous est de les considérer comme abo oint de départ, mais cette fois dans
rigènes et autochthones, en dépit de a direction de l'ouest, la même coin‘
cette curiosité qui nous entraîne à re cidence se reproduit, sous des formes‘
monter sans cesse l'échelle des siècles que l'orthographe an laise a écrites
pour découvrir le commencement. des Mallowa et Marroa , aciles à rétablir
choses. Il faut bien reconnaître que en Méraoueh; et ici le nom est ne
nul indice subsistant ne rappelle la compagne de traditions , que le sultan
venue en Afrique d'aucun des peuples IvIohhammed-b-Ellah nous a trans
oulotri nes répandus sur la ma'eure mises dans ses annales de Takrour,
partie eœcontinent; et leur en ance, curieuse esquisse historique d'une
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. 21
partie de l'Afrique centrale, où il qui remontent aux siècles les plus re
assure que le Ghouber et le Mêly ont culés. Avant les merveilleuses listes
été peuplés par des Coptes. Ce livre que Manéthon déroula aux yeux des
nous montre également, d'un côté le souverains grecs investis de l'héritage
Bornou recevant par l'est des Berbers de trente et une dynasties antérieures,
expulsés du Yémen, et par le nord-est une chronique plus ancienne, que le
des Touâreq d'Aougélah; et d'un an rétro de Sebennyte comptait parmi
tre côté le Yaoury et le Ya'rbah tirant es sources historiques dont il fit usa
leur population de tribus kana'néen ge, montrait le pays soumis d'abord
nes chassées de l‘Arahie. a la domination des divins Aurites ,
Sans examiner si les Aschantys sont auxquels succédèrent les héros mes
venus de l'Abyssinie, ainsi que le pen tréens, remplacés à leur tour par des
sait Bowdich, toujours est-il qu'ils rois de race égyptienne("). Quels purent
sont arrivés de l’intérieur à la côte, être ces Aurites divins? Les Berbers
comme ont fait aussi leurs voisins les d‘Aou ryah ou de Haouârah les doivent
Daoumans et les Yébous. Enfin , dans ils revendiquer? Les vieux Hhorytes
la Sénégambie , les Mandings se disent de la Genèse, qui régnaient aux mon
issus des Bambarras del’est, les Peuls tagnes de Scha' r, se trouvent-ils ici
des Fellâtahs; et les Ouolofs eux en cause? Ou ien s'agit-il de ces
mémes, moins nouveaux dans leurs éants enfants d'E’na , race proba
demeures actuelles, en ont jadis re lement japétique, éta ie, à une épo
foulé vers l'ouest et le sud les anciens que perdue dans la nuit des âges, sur
possesseurs sérères. Mais à l'opposite le territoire palestin , d'où la vinrent
une race conquérante effectue sa mar expulser les tribus kana‘néennes, et
che du sud au nord , et les farouches qui, chassée encore d'Egypte et de
Gallas viennent ainsi déborder sur Libye, alla peupler la Grèce de ces
l’Abyssinie. Inachides devenus ensuite si fameux
A côté de ces vagues indices des sous le nom de Pélasges? Les ques
migrations des peuples nègres, l'his tions se pressent et se compliquent, les
toire doit enregistrer quelques notions conjectures s'entre-choquent à l'égard
éparses , acéphales et mutilees. des ré de ces premiers temps du premier de
volutions politiques de leurs empires : tous les empires, et l'esprit demeure
il fut chez eux, en effet, quelques en suspens au milieu de ce monde
grandes monarchies , comme celles de d'hypothèses.
Motapa, de Conga , de Gjolof, de Ten Les Mestrécns nous sont moins incon
Boktoue, aujourd'hui écroulées; il en nus : la géographie mosaïque nous les
est encore dont la puissance séculaire représente sous l'appellation de Mess
a persisté. comme celles de Bornou, rym , com ris avec les Kouschytes et
de Ya'rbah, et autres moins connues; les Kana'neens parmi les descendants
enfin il en est aussi de nouvelles, de Hham; et Sanlthoniaton, d'ac
comme Aschanty, que Say-Toutou cord avec ces généalogies , fait naître
Kouam nah a, de nos jours, rendue sur le sol phénicien leur ancêtre Messr,
redouta le même à des troupes euro dont le nom s'est perpétué dans la
péennes , et Haousâ , fondée par O'ts bouche des Arabes. C'est donc l'Asie
man-Dzou-el'Nafadhyah, et portée à qui débordait sur l'Afrique. Un mou
un haut degré de splendeur ar son vement plus ou moins sensible du
fils Mohhammed-b-Ellah, l’ été de nord-est au sud-ouest faisait refluer
Clapperton. ' Messr devant Kousch, et Konsch de:
vant Yeqthan , pousse lui-même par
ORIGINE ET HISTOIRE ANCIENNE DES Ismaël ; mais tandis que les Messr tes
EGYPTIENS. arrivèrent naturellement par l'ist me
Les races africaines du nord ont
seules une histoire suivie, et l’É ypte (*) 'flpâ'yrov pàv 113v ‘A 15v ôéuupav 6è
étale sur ses monuments des astes räv Meatpafœv, 'tpiwv 6‘; ’ itou-lite”.
28
de Souéys, la route des Kouschytes de Gétnles. Parmi ces tribus se vinrent
dut être par le détroit de Mandeb; et fondre et naturaliser de nombreuses
leur cantonnement dans les hautes colonies de Coptes, de Kouschytes ,
vallées du Nil refoula sans doute vers d’Arabes Sabéens, d'Amaleqytes et de
le nord la race égyptienne ‘ou ce te, Palestins , distinguées encore au mi
dont les ruines de Méroé, aussi ien lieu de la fusion commune par leurs
que les récits de Diodore, attestent traditions respectives, qui nous mon
lantique civilisation, descendue plus trent en particulier Ssenhégah , Kctâ
tard et si admirablement développée mah, Lamthah, Haouârah, Massmou
“plus le beau ciel de Thèbes et de Mem dah , Léouâtah , comme issues des
lS.
p Quelle était cette race méroétique Sabéens du Yémen , Zénétah comme
sortie de la lignée de A’maléq, et d'au.
apparaissant alors au sein de I’Égyp tres vulgairement dénommées Gja
te? C’est un problème encore non ré Ioutyah, comme représentant la pos
solu , insoluble peut-être. Et ourtant térité de Goliat.
si, d'une part, les traits p ysiques Tels étaient les éléments qui cons
des rejetons qui ont persisté jusqu'à tituaient, avec les Libyens, les deux
nous sur le sol trahissent en eux des races indiquées par Salluste comme
affinités mongoles, ne peut-on , d'au formant la population primitive de
tre part, soupçonner une souche ber l'Afrique septentrionale, alors que s'y
bère ou syrienne, quand plus tard , à vinrent agréger les débris de larmée
Syouah, colonie de Thèbes, Hérodote d'Hercule, refluant del’lbérie, savoir:
nous signale une population samien d'un côté des Mèdes et des Arméniens,
ne, où nous ne saurions reconnaître dont le mélange avec les Libyens de
des Grecs de Samos, alors surtout qu'il l'ouest donna naissance à la race hy
nous est permis d'y voir des Bel-bers bride des Maures; et d'un autre côté
ou des Syriens de Schâm? des Perses, tige sans doute des Pé
Des invasions de nomades étrangers rorses et des Farousiens de la géogra
et de conquérants éthiopiens avaient phie africaine, et qui, mélés aux Li
déjà interrompu plus d'une fois la suc yens du littoral, s'étendirent à l'est,
cession des monarques indigènes quand sous le nom de Numides, jus u'auprès
les victoires de Cambyse annexèrent de l'endroit où des colons éniciens
l'Égypte à l'empire persan; Alexandre, étaient venus fonder l'opu ente Car
vainqueur des Perses , fut à son tour thage. Quel fut cet Hercule menant à
maître de l'Egypte et de la colonie que sa solde jusqu'au fond de l'occident,
les Grecs avaient fondée à Cyrène. des guerriers de Médie, de Perse et
Dans la répartition de son héritage, d'Arménie? Peut-être le génie de Tyr
I'Egypte échut aux Ptolémées, C rene avec les soldats mercenaires qu'ache
eut encore quelques rois particu iers; tait son or; ou bien peut-être un sou
puis ‘tout fut englouti dans le monde verain fameux de l'Asie occidentale,
romain. conquérant de Tyr, dont Strabon et
ORIGINE ET HISTOIRE ANCIENNE DES
Eusèbe ont répété après Mégasthènes
POPULATIONS ATLANTIQUES.
la venue en Afrique et en Espagne,
Nabou-Kodn-Asar en un mot. ‘
A l'occident s'était répandue, ‘mê Carthage étendit au loin sa puis
lée sans doute de quelques E'naqytes, sance : les tribus de l'Afrique propre
la population kana'néenne que San lui étaient directement soumises; la
khoniaton a individualisée sous le nom Numidie et la Mauritanie lui formaient
d'Atlas; population identique, peut à l'ouest deux royaumes alliés; mais
être, au noyau de celle qui y subsiste la jalouse Rome sut appeler à elle leur
aujourd'hui, que ses propres généalo foi douteuse et s'en faire des auxiliai
ies font descendre de Mâzygh, fils de res contre sa rivale; et lorsque Car
ana'n, et que l'ancienne géographie thage-eut succombé après cent vin t
désignait sous les noms de Mazikes et ans d'une lutte acharnée, Rome t
HISTOIRE DE L’AFRIQUE. 29
subir son despotique rotectorat à ces el-Mandeb, vinrent se réfugier en
deux États , et les ré uisit successive Abyssinie, se répandre au sud le long
ment en rovinces de l’empire. Alors de la côte orientale, ou s'infiltrer à
toute l‘A rique septentrionale fut ro l'ouest vers le Bahhr-Abyadh.
maine, et le christianisme de ces nou Le débordement ismaylyte, rossî
veaux maîtres vint s’enter sur le ju peut-être de quelques convertis u Yé
da'isme des tribus émigrées du Yémen men , mais surtout de ceux de Syrie,
et des Hébreux‘ chassés de la Pales se précipita par l’isthme de Soueys sur
tine, comme celui-ci s'était implanté I'Ëgypte, et roula le flot musulman
au milieu du sabéisme des Kouschytes .l'usqu‘aux extrémités occidentales du
et du tiède paganisme des i'ndi ènes : ittoral barbaresque; mais les tribus de
les églises se multiplièrent, et e titre l’intérieur opposerent une vive résis
épiscopal leur fut décerné à profusion. tance, et le célèbre O’qbah lui-même
Lors du partage del’empire, l’Egypte éprouva de "leur part une défaite; et
et Cyrène échurent à B zance; Rome quand elles eurent été subju uées et
garda le surplus, que ni disputaient converties, de fréquentes r bellions
de perpétuelles révoltes; puis quand montrèrent, dans ces nouveaux frères,
les Vandales repoussés de l‘flispanie des gens impatients du 'oug, indiffé
vinrent chercher des établissements en rents à tous les cultes, c rétiens, juifs,
Afrique, les indigènes se joignirent païens, plutôt ue mahométans. Et
volontiers à eux contre les Romains, pourtant , ébran és par la commotion
qui furent dépossédés sans retour, et musulmane, ils s’élancèrent les pre
contre les Byzantins, qui vinrent re miers sur l’Espa ne, où les Arabes les
cueillir l’héntage de leurs frères. Les suivirent , et is continuèrent avec
Vandales furent vaincus et dispersés eux, sur ce nouveau théâtre, une lutte
sans que l’esprit de révolte des Afri incessante depuis' les haines de Thé
cains pût être dompté; on parvenait req et de Mousày jusqu’aux dernières
bien à réduire quelques districts, mais querelles des Abencerrages et des
la plupart des tribus bravaient le joug, Zégris.
et l'appellation de Barbares, qui leur Mais cet Occident, que la ferveur
était donnée par opposition aux Mau des conquérants islamites avait si ra
res soumis, leur devint bientôt une idement annexé à l’empire des kha
dénomination nationale, qui a persisté yfes, leur fut plus rapidement encore
'usqu’à nos jours dans le nom de Ber enlevé par de successives défections :
rs. Les Goths d’Espagne occupaient, un nouveau khalyfat s’éleva dans l’An
près du détroit des Colonnes, une dalousie pour les Ommyades que l'u
portion de la Tingitane. surpation a’bbasyde déshéritait de l’O
rient; les Medrârytes fondèrent, au
nolmu'nolv MUSULMAN]; EN delà de l’Atlas occidental, l’em ire de
AFBIQUE. Segelmêsah; les Berbers de Barg aouâ
Le grand mouvement islamique pour thah élevèrent un Etat indépendant à
lequel s’ébranlaient, dans les déserts Temsnâ; les Rostamydes établirent
du Hhegiâz, les Arabes de la troisième celui de Teyhert; le pays compris entre
famille (ces hordes mosta’rabes ui ceux-ci et les Barghaouâthah devint le
reconnaissent pour aïeul Ismaël), vint patrimoine des Édrysytes, fondateurs
peser de tout le poids du prosélytisme. de Fés; enfin les Aghlabytes, en se
et des persécutions sur les Hhomay rendant maîtres de toute la région
rites ou Arabes de la seconde famille comprise entre Teyhert et I’Égypte,
(issus de Yeqthan ou Qahhtlian), soit achevèrent de ravir aux sultans de
'uifs, soit chrétiens, soit encore sa Baghdâd le reste de leurs possessions
éens, possesseurs du Yémen et frères d’Occident. L’Égypte elle-même leur
des Arabes déjà établis en Afrique; échappa sous le gouvernement des
ceux qui ne voulurent point subir la Thoulounydes : s’ils la reprirent pour
conversion, s’échappaut par le Bâb quelques années , ce fut pour la perdre
30
encore. et sans retour, alors qu'elle des Fathémytes, leur fut un peu plus
passa aux mains des Ekhsrhédytes. tard enlevée par les Ayoubytes, qui se
' L’héritage des Édrysytes, déjà mor la virent arracher eux-mêmes ensuite
celé par les princes ghomérytes de par les mamlouks qu’ils avaient insti
Sebtbah, fut recueilli en partie par tués, et qui formèrent deux dynasties
les Bény-Aby-el-A’âfyah de Meknês: h, successives désignées par les dénomina
possesseurs passagers de la royale l"ês tions de Bahharytes et de Circassiens,
et souverains persistants d'Agarsyf; le jusqu'à ce que les Turks-Othomans
surplus passa aux Ommyades d’Espa missent fin a leur souveraineté.
gne, ainsi que. Sebthah et une partie Le reste de l’Afrique musulmane
de Segelmésah. Mais là, sur les ruines forma, à la chute des Almohades, trois
des Medrârytes, avaient surgi les Fa États principaux : le plus occidental,
thémytes, sous la puissance croissante qui est celui de Marok , échut aux
desquels croulèrent de proche en pro Méryn tes, auxquels succédèrent les
che les Rostamytes de Teyhert’, et les Bény- uâthâs. rameau détaché de la
Aghlabytes de Qayrouân, maîtres de même dynastie; ceux-ci furent rem
la Sicile. et lesEkhschédytes d‘Égyp placés par des schéryfs Dara‘ouytes,
te; et le Caire s’éleva sur les bords dont le sceptre assa en dernier lieu
du Nil pour devenir leur capitale. Mais aux schéryfs Fill lytes qui le tiennent
pressés de continuer leur marche vers aujourd'hui. Dans un voisinage immé
’Orient, ils abandonnent leurs pre diat, Telemsên redevint un royaume,
mières conquêtes à l’ambition de nou indépendant cette fois, sous les Zy'âny
velles dynasties : les A’bdélouâdytes tes, rejetons des anciens A’bdelouâdy
établissent dans l’ouest le royaume tes; mais sa durée fut peu longue : le
tributaire de Telemsén, les Hhamma fameux corsaire A’rougj , et son frère
dytes dans l'est celui de Bougie, tandis Khayr-el-Dyn Barbe-rousse, qui de
qu'entre les deux les Zéyrytes conser vint grand amiral de la Porte 0tho
vent l’état suzerain d’Aschyr et de mane, jetèrent à Alger les fondements
Qayrouân; puis à l'extrême occident d'une puissance nouvelle; tout le ter
se montrent les Yafrounytes de Salé , ritoire de Telemsén fut bientôt sou
maîtres intermittents de Fës et roili mis à leur pavillon ; Bougie, enlevée à
gateurs des infidèlesdeBarghaou thah; Tunis . vint aussi grossir leur domai
enfin , à côté d'eux , en même temps ne : et le repaire de ces forbans, no
que voisins et rivaux des Zéyrytes d'As minalement tributaire du Grand-Sei
chyr , les Bény-A’thyah, rois de Fês gneur,.fatiguait la chrétienté de ses
et fondateurs de Ouetchdah, qui éten perpétuelles déprédations, lorsque la
dirent leur domination jusqu au Zâb. France, vengeant son injure person
Bientôt apparut l‘associatiou redouta nelle , a délivré l‘Europe de ces auda
ble des Morâhethyn ou Almoravides, cieux pirates et fondé pour elletméme
formée au désert, qu’elle avait envahi une importante colonie.
jusqu’aux États nègres du sud, et qui Enfin. à l’est, le royaume de Tunis,
remontant au nord, absorha tour à étendu jusqu’à l’Égypte, fut le lot des
tour les monarchies des Bény-Aby el Hhafssytes, ni se partagèrent en plu
A’âfyah, des Barghaouâthah, des A’b sieurs branc es , dont l’une garda
délouadytes, des Yafroun tes, des Bé Tunis, et une autre eut Bougie, qui
ny-A’thyah , toute l'Anda ousie, et les lui fut enlevée par la victoire du comte
Baléares, étendant en outre sa suze Pierre de Navarre; puis les Turks
raineté'sur les Zéyrytes de Qayrouân s’emparerent successivement de ‘ce qui
et les Ehammadytes de Bougie. Puis restait aux Hhafssytes, ety établirent
les Mouahhedyn ou Almohades vinrent deux âschâs. l’un à Tunis, l’autre à
renverser les uns et lesautres, et tout Tripoli; ainsi furent constituées. avec
englober dans une seule monarchie Alger, ce que l'on appela depuis lors’
homogène. les Régences barbaresques.
L'EEYP“: alors encore aux mains
‘HISTOIRE DE L’AFRIQUE. 31
TROISIÈME SECTION.
DE L’ÉTUDE DE L’AFRIQUE.
5 I.
EXPLORATIONS m‘ DÉCOUVERTES.
ANCIENNES CIBCUMNAVIGATIONS. non pour aller fonder des colonies sur
les côtes occidentales.
De l’histoire des vicissitudes poli Les Grecs , qui, au temps d‘Homè
tiques passons à celle des découvertes re, ne connaissaient guère que de nom
et des informations géographiques suc« la Libye, terminée brusquement au
cessivement acquises sur l’Afrique par delà des Syrtes par les sources de I’O
les nations policées dont nous avons céan', ne voulaient pas , au temps
recueilli l'héritage littéraire. d'Hérodote, croire à la circumnaviga
Les Hébreux, qui n'avaient vu que tion des Phéniciens, et la même incré
I’Égypte, ne nomment guère dans leurs dulité n’est point encore complètement
livres sacrés qu’elle et ses dé endan vaincue dans l’esprit des savants mo
ces; au delà ils indiquent seu ement , dernes; mais l‘Europe occidentale, à
dans une contiguïté successive, les peine sortie, sans traditions, des té
pays de Kousc/L ou d’Etliiopie, des nèbres séculaires où la civilisation
Lehbym ou Libyens, de Fout, dont grecque et romaine la trouva plongée,
la synonymie paraît devoir être cher a mauvaise grâce à se prévaloir de sa
chée dans la Marinarique (*); plus tard longue enfance pour taxer de menson
ils entendirent le nom de A’oub, dont ge les récits que la vieille Égypte avait
la même contrée nous offre, chez les transmis a la jeune Grèce sur une ex
géographes grecs , une traduction lit édition que le génie de Tyr avait dès
térale dans la dénomination de Pa ongtemps exécutée. Pour un esprit
liouros. sans préjugé, cette navigation autour
Les Kana’néens de Tyr et de Sidon , de l’At'rique est un fait incontestable,
ainsi que leurs frères de Carthage, et le passage de l’équateur demeure
maîtres du commerce de la Méditerra hors de doute, par cette circonstance
née et de la mer Rouge , durent avoir si vraie. mais qu’en sa naïve igno
sur l’Afrique des connaissances beau rance Hérodote accueillait avec incré
coup plus étendues; mais ils ne les di dulité, que le soleil se trouvait à la
vulgaient point aux peuples étrangers: droite des navigateurs. Les Perses,
il n’est resté d’eux que le souvenir mieux instruits que nous du vaste
d'une expédition de circumnavigation commerce et des longs voyages des
accomplie par des marins phéniciens Tyriens, croyaient à l’accomplissement
pour le compte du pharaon Nékoh, et de cette périlleuse expédition : Xercès
6 rapport d’un autre voyage mariti accordait grâce de la vie au coupable
me, entrepris par le carthaginois Han Sataspes, à condition qu’il refît le tour
(') M. Lenormand , de l'Institut, a fait de l'Afrique; et lorsque , après l’avoir
ressortir l'identité du peuple Faut de la Ge tenté par l'occident,'Sataspes revint
nèse avec les Ni-Plzaiat des livres Coptes, sur ses pas conter les fabuleux obsta
où ce nom désigne les Libyens; si cette cles qui avaient arrêté sa navigation
dernière synonymie était rigoureuse. Fout à quelques mois du détroit de Gadès,
serait un double emploi avec Lehbym dans le grand roi n’admit point cette chi
le livre sacré: il faut les considérer comme mérique excuse, et Sataspes fut em
désignant. à l'ouest de l'Êgypte, deux po palé. Possidonius, s’appuyantd’un récit
pulations voisines , mais distinctes. (aujourd’hui perdu) ‘Hérodote,‘én0n
çait qu'une semblable expédition avait Hipparque, Marin de Tyr, Ptolémée
été renouvelée avec un plein succès supposaient l'Afrique contournée à
sous le règne de Darius. Le carthagi l'est parallèlement a l'Asie et ceignant
nois Hannon , dont nous ne connais la mer des Indes comme une autre
sons plus que les premières explora Méditerranée. Mais au lieu de conclure
tions, avait, au dire de Pline, franchi u’ils admissent la réunion complète‘
l‘Océan depuis Gadès jusqu'aux con es deux continents à leurs dernières
fins de l'Arabie, et laissé une relation limites, il faut suivre la trace vérita
écrite de ce Voyage; de même Cœlius ble de leur hypothèse, d'abord sur les
Antipateraflirmaitavoir connu un mar planisphères arabes, puis sur ceux
chand qui, dans une expédition com des cosmographes européens du moyen
inerciale partie d'Espagne, avait atteint a e, Mariiio Sanuto, Andrea Biau
l'Éthiopie; et Héraclide de Pont ra c o, Fra Mauro, qui fournissent les
contait , mais sans preuves , qu'un termes successifs d'une transition gra
mage était venu d'orient, par la même duelle aux résultats des explorations
voie, trouver Gélon à Syracuse. D'un modernes.
autre côté; Eudoxe de Cyzique avait, Mais à ne parler que des périples in
au ra port de Possidonius, trouvé sur contestés, de simples reconnaissances
la cdt orientale et rapporté en Égypte nautiques paraissent avoir été le but
les débris d'un navire gaditain; et des voya es de Scylax, qui décrivit,
Pline dssure que sous Au uste on re conform ment à la première naviga
connut pareillement dans e golfe Ara tion de Hannon, la côte occidentale
bique des vestiges de vaisseaux espa jusqu'à l'île de Kerné, au delà de la
gnols uiavaient éri.Bienplus,Eudoxe quelle la mer est couverte de sargasses
lui«m me, sans tre découragé par un épaisses qui la rendent impraticable;
premier naufrage, serait parvenu, dans d‘Euthyméme, qui parvint sur la mé
une nouvelle navigation. à effectuer me côte jusqu'à un grand fleuve (le
le tour entier de l'Afrique; Possido Sénégal, peut-être), soumis comme
nius, du moins, en était persuadé, et le Nil à des crues périodiques; et de
Cornélius Népos affirmait que, de son Polybe , qui semble n'avoir point dé
propre temps, Eudoxe avait mené à passé , dans son exploration du litto
eureuse fin cette entreprise si long ral, les caps où viennent aboutir les
temps et si opiniâtrément poursuivie grands rameaux de l'Atlas. Quant à
par l'intrépide navigateur. Tous ces Eudoxe, il était parvenu, dans sa pre
rapports ne méritent sans doute point mière expédition , jusqu'à un pays où
une égale confiance, mais ils temoi l'on parlait un langagequ'il avait déjà
gnent hautement des traditions d'a entendu sur la côte orientale, et dont
près lesquelles la pointe australe de il avait recueilli un vocabulaire. Quant
'Afrique avait été doublée ; en vain aux notions que l'on possédait sur ce
suppose-ton les anciens inébranlable littoral d'orient, le périple de la mer
ment convaincus ne le continent se Erythrée s'avance au sud jusqu'à Rhap
terminait au nord e l'équateur : Pline ta , qu'on croit généralement être a
connaît deux zones tempérées, et Lu Qiiiloa moderne, et qui était dès cette
cain, antérieur à Pline, mentionne les époque sous la domination d'un chef
Libyens éloignés qui voient leur ombre arabe de la tribu sabéenne de Mo'af
se îprojeter au sud : il faut donc recon fer; Marin de Tyr indique, au delà de
na tre, à travers les contes du cré Bhapta , la ville et le cap Prasum, que
dule Méla, bien moins une hypothèse l'on fait coïncider avec Mozanbique.
imaginaire, qu'une vague et confuse
notion des périples antiques qui étaient connaissances mas ANCIENS sun
allés doubler au loin ce cap, aujour L'iiv'rsnieun DE L'unique.
d'hui réputé découvert seulement vers
la fin du quinzième siècle. Il est vrai A l'intérieur du continent, les ex
que les géographes mathématiciens, plorations étaient plus difficiles, et les
5..
msromnns L’AFRIQUE. 33
voyages des Grecs ne dépassèrent as bus porta les armes romaines , par
l'oasis d’Ammon (la moderne Syoua ), Cydamus et la route de la Phazame,
colonie de la Thèbes égyptienne; mais jusqu’à’Garama , ou , en d’autres ter
Hérodote apprit des Libyens l’itiné .mes, par Ghadames et la route du
raire des caravanes par Aougélab et Fezzân jusqu’à Germah près de Mor
le Fezzân jusque chez les peuples de zouq , en traversant quelques bourga
l’Atlas. Ils lui racontèrent aussi le des obscures dont on a, surdedouteuses
voyage de cinq jeunes chefs nasamons, homonymies , voulu retrouver les tra
qui, traversant les terres habitées, ces jusque sur les bords du Kouârahl
uis des solitudes infestées de bêtes J ulius Maternus employa quatre mois
e’roces , et continuant leur route vers à se rendre de Leptis à Garama, et de
l’ouest pardes déserts sablonneuxd’une là, vers le midi, au pays d’Agysimba,
longue étendue, arrivèrent chez ‘des où l'on trouve le rhinocéros.*septimius
peu les noirs , habitants d’une ville où Flacons s’avança chez les Éthiopiens
cou ait d’ouest en est un grand fleuve jusqu’à trois mois de route au delà de
rempli de crocodiles. Nous pensons Garama. Ces deux expéditions, e l’on
avec Rennel que ce fleuve n’est autre a voulu rattacher à celle de Bal us, ne
ans le Niger, et nous ne faisons point sont guère connues que par une simple
ifticulté d’admettre que des nomades mention de Ptolémée, et leurs bornes
qui connaissaient toute l'étendue du extrêmes semblent difficiles à déter
Ssahhrâ entre Thèbes d’Égypte et le miner. elques rapprochements pour
voisina e des Colonnes d'Hercule, aient raient ire penser que les Étbiopiens
accompi dès lors une découverte que de Scptimius Flacons sont les Blem
.les Européens n’ont renouvelée qu’à myes de Pline, c’est-à-dire les Tib
la fin du siècle dernier. Ne sommes bous de Bilmah, et Walckenaer estime
nous point encore aujourd’hui fort en que la terre d’Agysimba n’est ‘autre
arrière des anciens à l’égard du Nil? que l’oasis d'Azben, tandis que d'au
Hérodote savait qu'à quatre mois de tres la vont chercher jusqu’en Ab s
route au-dessus d’Eléphantine, ou deux sinie, et même encore bien au olà
mois au-dessus de Meroé , une colonie jusque dans la Zimbaoueh de Motapa!
égyptienne était établie sur les bords A ces ex lorations des voyageurs qui
de ce fleuve , lequel en cet endroit ve allèrent ja onner dans le sud les limi.
nait de l’ouest; dès le temps de Pto tes extrêmes des connaissances géogra
lémée, les sources en sont indiquées phiques des anciens sur l’Afri ne, aux
dans les montagnes de la Lune, dont indications recueillies par les ommes
l’existence est confirmée par les Ara de la science , tels que Strabon et
bes , et sur lesquelles nous avons été Ptolémée, et l’encyclopédiste Pline, et
jusqu’à ce jour inhabiles à nous pro leurs abréviateurs Denys le Périégè
curer de nouvelles lumières. te, Pomponius Méla, Julius Solinus,
Les Romains, qui dans leurs démé il faut joindre deux documents officiels
lés avec Carthage, apprirent d’elle le du plus haut intérêt. L’un est la no
nom d’Afrique , contribuèrent eux-mé tice des grandes routes militaires de
mes par quelques expéditions aux pro‘ l’empire romain, dont la première ré
grès de la géographie africaine, bien daction paraît remonter au tem s de
qu’il faille restreindre de beaucoup la Jules César, mais qui nous a été l guée
portée qu’on attribue trop légèrement dans son état actuel par le dernier âge
et leurs itinéraires. Suétomus Paulmus, de la décadence de Rome (‘). ,L’autre
qui le premier traversa dans l'ouest le est la table ou carte itinéraire qui, de
grand Atlas, arriva en dix étapes jus la bibliothèque de Conrad Peutiuger,
qu’à un fleuve Ger ou Niger, qu’on a, dont elle a conservé le nom, est pas
sur la simple consounance des noms, sée dans celle de l’empereur à Vienne :
voulu identifier au Niger des Soudâns,
au lieu de le reconnaître dans le Gir (”) Cet itinéraire a été compilé vers 375
de Léon et de Marmol. Cornélius Bal. par l'istriote Ethicus.
3' Livraison. (HIST. DE L'AFRIQUE.) 3
84
la date de sa rédaction est l’année éloignées qu’il indique vers le sud sont
même de la mort de Constantin le Aoudcglîâst, qu’on s’accorde , trop lé
Grand (‘); quant à la co ie actuelle, gèrement peut-être, à identifier avec
c’est l’œuvre d’un moine u treizième Agades , Ghânah à dix journées plus
siècle. Les routes détaillées en l’une loin, et qu'on regarde généralement
et l’autre ne dépassent point l’Atlas, comme le Kano des voyageurs moder
mais elles constituent, pour la région nes; puis Koughah, qui semble être
qu’elles sillonnent, le réseau géodési Kouka de Bornou, et plusieurs autres
que le plus complet que nous possé dont il est difficile de déterminer la
dions encore. synonymie.
Un siècle après , Abou-O’bayd-el
CONNAISSANCES GÉOGBAPHIQUES DES Békry, de Cordoue, composa aussi un
ARABES SUR LE CONTINENT AFIN‘ livre des Routes et Royaumes, où les
GAIN. pays les plus reculés d’Afrique sont
décrits d'après le témoignage verbal
Quand l'exaltation-islamique eut mi du faqyh voyageur A’bd-el-Malek. Au
raculeuscment transformé les pillards delà des peuples musulmans, les pre
isma'ylytes en de nobles guerriers, de miers nègres u’on rencontre sont ceux
chevaleresques conquérants , de pas de Ssanghaya , ayant au sud-ouest
sionnés amants des lettres et des Takrour sur les bords du Nil des Sou
sciences, l’établisscment de leur domi dâns, lequel passe aussi à Silây, et
nation dans l’Occident vint redonner tourne au sud à la hauteur de Tyr ày;
une vigueur nouvelle à la civilisation, Békry n’oublie d’ailleurs ni Ghâna ni
qui expirait étouffée dans les nerveuses les autres lieux mentionnés par Ebn
étreintes de la barbarie germanique Hhaouqâl, et il indique , au delà, les
et scandinave. L’intérieur de l’Afrique Remrem anthropopbages.
leur était ouvert par les courses alité. A un autre siècle de distance paraît
rieures de leurs frères yéménytes et le schéryf El-Edrysy, natif de Sebthah
des Berbers devenus leurs alliés : les ( Ceuta des Espagnols) et courtisan
Almoravides y étendirent leur puis de Roger de,Sicile : il ne dissimule
sance, et les auteurs arabes décrivirent pas ses emprunts à Ebn-Hhaouqâl et
dans leurs livres les routes de leurs au Békry, mais il étend plus loin qu’eux
, caravanes, les conquêtes de leurs guer ses indications géo raphiques : il nom
riers, l’histoire de leurs dynasties.Ra me, au delà de hânah, le pays de
rementle moi du voyageur perce dans Ouanqârah entouré par le Nil des Nèç
les récits qui nous en sont arvenus; gras, le Kânem, Zeghaouah du Dâr
ils se bornent à constater ’une ma Four , les montagnes de la Lune avec
nière générale l'extension donnée de les sources du Nil d’Égypte, les côtes
leur temps aux connaissances géogra de Barbarah, de Zeng et de Sofalah;
phiques. puis, dans la mer des Indes , indépen
Precédé par Abou-Ishhaq-’Aly, d’Iss damment de l’ile bien connue de So
takhar, auquel il a beaucoup emprun qothrah, beaucoup d’iles confusément
té , Ebn-Hhaouqâl , de Baghdâd , qui ésignées vers la côte des Zeng, no
écrivit dans la seconde moitié du tamment les grandes îles de Scher
dixième siècle son Livre des routes et bouah et de Qomor, ui semblent tour
des royaumes, parcourut lui-même, à tour répondre à Ma agascar, appelée
dit-on, toutes les possessions musul peut-être aussi par les Arabes du nom
manes en Afrique, aussi bien qu'en de Qanbalou; et dans l’Océan occi
Europe et en Asie. Les villes les plus dental, ou mer Ténébreuse, nombre
d’ilesnon moins difficiles à reconnaî
(") Nous avons déterminé cette date tre, mais parmi lesquelles il en est
d'après des indications précises puisées dans six principales nommées Eternelles
le manuscrit même; et nous en avons fait (Khaledât) , qu'il faut peut-être iden
lesujel d’un me'moirelu à l'Institut en 1839. tifier aux Açores plutôt qu’aux an
HISTOIRE DE L’AFRIQUE. '35
ciennes Fortunées, puisque nous trou expéditions jus u’au delà de SierraLeo
vons bientôt celles-ci représentées en ne , à l’embouc ure du Rio dos Cestos,
même temps ar les {les du Bonheur où ils auraient établi dès lors le comp
(gezâyr-el-Sa’ deh) chez quelques géo toir ou loge du Petit-Dieppe° l'année
graphes arabes postérieurs. suivante ils auraient pousse eurs ex
Ebn-el-Ouârdy, le Qazouyny, Ebn plorations jus u’à la Côte d’Or, et ulté
Sa’yd, écrivirent dans le siècle suivant, rieurement éc elonné leurs comptoirs
et Abou-el-Fedâ au commencement du depuis le cap Vert jusqu’à la Mine, où
quatorzième : ils reproduisirent ou ils auraient bâti une église en 1383.
résumèrent les notions recueillies par Ces faits ont été contestés par une
leurs devanciers , mais n’en ajouté critique rigoureuse (*), aux yeux de la
rent point de nouvelles. quelle des allégations tardives ne peu
Peu après voyagea , pendant trente vent suppléer les preuves positives ou
années consécutives, Ebn-Bathouthah les témoignages contemporains.
de Tangeh, qui le premier a mentionné A défaut des expéditions dieppoises,
cette Ten-Boktoue, devenue si fameuse d’autres faits, mieux établis, contre
depuis par les tentatives d’exploration disent aussi la commune renommée
dont elle a été le but : il s’ rendit en qui a proclamé sans distinction comme
l’année 1358 , en partant (e Segelmê des découvertes toute la série des re
sah et passant par Karssakhoue et la connaissances que les Portugais effec
grande ville de Mély, dont Ten-Bok tuèrent plus tard, le long des côtes
toue n’était alors q u‘une dépendance; africaines, au delà du cap Boyador , et
puis il descendit e Niger vers l’est mémeducap deNoun. Un Catalan nom
Jusqu’à Koukou, et revint par Touât mé Ferrer avait envoyé de Maiorque, en
à Segelmêsah. 1346, une galéace à la rivière d‘Or,
Sans parler d’Ebn-Khaldoun, du Ba figurée au sud du cap Boyador sur un
qouy , ni d’Ebn-Ayâs, qui suivent dans portulan de 1375 qui existe à la Biblio
l’ordre chronologique, nous arrivons thèque royale de Paris, et même sur
à l*‘.I-Hhasan de Grenade , si connu la carte des frères Pizigani, conservée
sous le nom de Jean Lcon , qui visita à Parme et qui date de 1367. Madère,
deux fois Ten-Boktoue, ct nous a laissé Porto Santo, les Canaries , sont éga
une description étendue de l’Afrique , lement tracées en détail sur ces portu
rédigée par lui-même en italien : le lans et sur d’autres plus anciens; dès
cercle des connaissances géographiques le treizième siècle, les Génois avaient
n’y est point agrandi, mais (le nom conduit leurs flottes jusqu'à ces îles.
breux détails y sont ajoutés aux notions Or les navigations portugaises, reven
précédemment recueillies. A Léon il diquées d’ailleurs par les marins génois
faut annexerMarmol, qui souvent n’est qui les conduisaient (**), n’atteignirent
que son copiste , bien qu’il eût voyagé les Canaries que vers 1336, et le cap
lui-même dans plusieurs des contrées de Nana demeura jusqu'en 1415 la li
qu’il a décrites.
(‘).Un ouvrage ad hoc, accompagné de
NAVIGATIONS 1ms PEUPLES Monna fac-slmile de cartes du moyen âge, a été
NES AUTOUR ma L’ArmQUs. publié en 1842 par le vicomte de Santa
rem, sous ce titre : « Recherches sur la
Pendant que les géographes arabes a priorité de la découverte des pays situés
consignaient dans leurs livres les lu « sur la côte occidennde d‘Afrique au delà
n du cap Bojador. :9
mières par eux recueillies sur l’inté (") Depuis 1317, le roi Denis de Portu
rieur du continent africain, les marins gal avait engagé à son service, à titre d’amiral
de l’Europe en côtoyaient les rivages. héréditaire, le génois Emmanuel Pezagno,
A en croire les récits de quelques au avec charge expresse que celui-ci fournirait
teurs normands du dix-septième siè et tiendrait toujours au complet un état
cle, des marchands de Dieppe et de major de vingt ol'liciers génois pour le com
Rouen auraient, dès 1364, envoyé des mandement et la conduite de ses galères.
3.
36
mite des connaissances des pilotes pour la mer Rouge ceux des officiers
espagnols sur cette côte; Joflo Gon de la marine de l'lnde anglaise.
galvez ne fut poussé par la tempête à
orto-Santo qu'en 1418; GiI-Yanez ne DERNIERS voraces n'sxptonniou
double le cap Boyador qu'en 1434; et m un nscouven'rss mus L'us
enfin Antonio Gonçalvez ne parvint a'iinlxun DE L'AFRIQUE.
à la rivière d'Or qu'en 1442.
C'est seulement à partir de ce point Ainsi se trouve déterminée, avec
que commencent les découvertes réel une précision satisfaisante et sauf quel
les des Portugais. Denis Fernandez ques rares lacunes que l'Angleterre et
arriva au Sénégal en 1446 ; Nuno la France se partagent le soin de com
Tristäo, après avoir vu le Rio-Grande, bler, l'immense périphérie où prennent
atteignit en 1447 le fleuve auquel il a leurs points de départ les nombreuses
donné son nom, et où il fut tué; le lignes itinéraires qui convergent vers
vénitien Cadamosto et le énois An l'intérieur du continent; quelque mul
tonio Usodimare visitèrent es îles du tipliées que soient ces lignes , elles
cap Vert en 1455; Pedro de Cintra n'ont pu couvrir l'Afrique d assez nom
s'avança en 1462 jusqu'à la côte de breux sillons pour former un réseau
Guinée, et Jude de Santarem en 1471 continu d'où résultat une connaissance
jusqu'à la côte d'Or, où les nouveaux complète des grands traits géographi
venus bâtirent le fort Saint-George ques de cette partie du monde :des
de la Mine en 1482. Deux ans après , vides fort considérables laissent sans
Jotlo. Affonso d’Aveiro abordait au liaison mutuelle divers cercles distincts
Bénin, et Diogo Cam au Con 0; on d'exploration, et marquent ainsi la
longea ensuite rapidement la c te aus distribution naturelle en divers grou
trale, et Bartolomeu Diaz atteignit en pes, des vo ages de découvertes des
1483 le cube Tormentoso (cap des modernes. ous ne saurionsgirétendre
Tempêtes ) , que le roi Jean de Portu renfermer ici l'inventaire étaillé de
gal aima mieux appeler cap de Bonne ces voyages; il doit nous suffire de
Espérance. Vasco da Gamma fut en récapituler les plus importants et les
vo é en 1497 pour le doubler, toucha plus nouveaux.
à a côte de Natal, visita Mozambi Dans la région du Nil , les magnifi
que, Monbasah, Mélindah. et continua es travaux des Français de l'expé
sa route vers l'Inde; Pedro Alvarez ition d'Égypte, en 1798, ont procuré
Cabral vint en 1500 à Quiloa, Albu sur ce pays des lumières étendues et
‘uer ne en 1503 à Zanzibar, et Pedro précises, auxquelles ajoutent encore,
a N aya en 1506 à Sofalah, où il bâ sous certains rapports, les Egyptiaca
tit un fort, de Hamilton, qui arriva pareil ement
Après ce résumé des remières cir jusqu'à Syène en 1801. Parmi les pré-*
cumnavigations de l’A rique par les cédents voyageurs, Pococke et Nor
Européens, nous ne donnerons point den, qui datent tous deux de 1737, ne
le catalogue des expéditions qui ont peuvent être oubliés, non plus ne
été faites sur ces côtes pour en 0 érer Savary et Volney qui sont entre es
le relèvement nautique; il suflit e si mains de tout le monde. Comme Nor
gnaler, comme ayant procuré à l'hy den, Legh en 1813 et Light en 1814
drographie les documents les meilleurs dépassèrent les frontières égyptiennes
jus u'à Ibrim. Waddington en 1820,
et les plus récents, pour la Méditer
‘Ca alvène et Breuvery en 1830, sont
ranée les travaux de Gauthier, Hell,
Richard, Beechey, Smyth et Bérard; remontés jusqu'à Méragueh. Sous le
our l’océan Atlantique ceux de Bor vêtement arabe et le nom emprunté
a, Baldy, Arlett, Roussin, Demayne, de Scheykh Ibrahym , Burclshardt s'a
Le rédour , Owen, Vidal , Boteler, vança en 1814 jusqu'à Schendy, d'où
Be cher, Bouet; pour la côte orientale il opéra son retour par Souäken; Hos
oeuxd'Owen, Christopher, Jehenne; et kins, en 1833, est pareillement re
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. ' 37
monté jusqu'à Schendy. Rüppell, en térieur se sont concentrés dans le
1825, vint aussi à Méraoueh et Schen bassin du fleuve Kouâma ou Zambê
dy , et alla reconnaître le Kordoufan , zé; ils sont d'ailleurs fort rares, ceux
visité aussi en 1836 par Holroyd , en du moins dont il a été publié des no
1839 par le czeche Pallme, et au delà tices : le plus ancien est celui de Fran
duquel est le Dâr-Four, déjà marqué cisco Baretto, envoyé de Portugal en
sur le planisphère de Fra-Mauro en 1570, avec mission de s'emparer des
1460 , puis complètement oublié , mines d'or que possédaient les indi
signalé de nouveau par Bruce, et visité gènes. Après une première expédition
enfin par Browne en 1193. Cailliaud , peu fructueuse, il fonda le comptoir
en 1820, remonta le cours du fleuve de Séna, et s'avança ensuite jusqu'à
beaucoup plus haut que tous ses devan Chicova à la recherche d'une mine
nciers , et s'avança sur le Bahhr d'argent qu'il ne put découvrir; après
Azreq jusqu'aux pays de Fazoql et de quoi il bâtit le fort de Tété et demeura
Qamâmyl. Linant , prenant une autre Baisible possesseur du pays, où s'éta
direction à El-Khartoum , suivit le lirent successivement plusieurs au
Bahhr-Abyadh ou véritable Nil, à tres comptoirs. En 1796, Pereira se
soixante-dix milles du confluent: nul rendit à la cour du prince Cazembé,
autre encore n'avait entrepris cette sur le Zambézé supérieur, à quarante
voie; mais elle a depuis été explorée, deux journées de marche au delà de
en 1840, 1841 et 1842, jusqu'à une Tété et à trois mois de distance d'An
distance beaucoup plus considérable gola : mesures dont la combinaison
par les ordres du paschâ d'Egypte, exi e un raccourcissement notable de
qui fait poursuivre avec une ténacité la ongueur, qui est habituellement
digne du monarque le plus civilisé , la attribuée sur les cartes à la route de
curieuse et difficile recherche des sour Pereira. En 1798, le colonel la Cetda
ces de ce grand fleuve; et le français artit de Tété pour une exploration à
D'Arnaud en a tracé le cours jusqu'au 'intérieur, et y érit. Enfin, en 1823,
delà de 5n de latitude. La vallée du les officiers ang ais Browne, Forbes
Nil a encore servi de route à Poncet en et Kilpatrik, attachés à l'expédition
1699, pour arriver dans l'Abyssinie hydrographique du capitaine Owen,
où Bruce se rendit en 1768 par la remontèrent le Zambézé jusqu'à Séna,
mer Rouge et Massouah : c'est par et reçurent d'un colon ortugais une
la qu'étaient jadis ‘entrés en ce pays notice sur ce pays. Un ocument plus
les anciens voyageurs européens, no récent est le mémoire statistique du
tamment les missionnaires portugais, pair de Portugal Sebastiaô Xavier 30
tels que Alvarez, Paez, Fernandez, telho, sur les domaines portu ais de
Lobo , qui ont laissé des relations l'Afrique orientale, imprimé Lis
étendues; ce fut aussi par là que s'y bonne en 1835. Ajoutons-y, pour le
introduisirent Sait et Pearce en 1805, pays des Sçoumal, jusqu'alors complé
Salt encore à son second voyage en tement inconnu, les renseignements
1809, puis en 1830 le missionnaire nouvellement recueillis par Antoine
évangélique Gobat, ensuite Rüppell en d'Abbadie. En ce moment même une
1832, et Antoine d'Abbadie en 1842, grande expédition, envoyée par la Com
tandis que l'on voit Combes et Tami pagnie anglaise des Indes orientales
sier en 1835, .\rnaud d’Abbadie,en sous la conduite du capitaine Harris,
1841 , Lefebvre et Petit en 1843, s'a our fra er une route entre Zeyla’ et
vancer par cette route jusque dans le e cap e Bonne-Espérance par le
Schoa, où Dufe'y en 1838, Rochet, Schoa, vient d'abandonner cette ten
Isenberg et Krapf en 1839 , Thomas tative, contrariée par de trop grands
Beke, Harris en 1841, se sont de leur obstacles.
côté rendus par la voie de Ze la‘. Si les relations manquent en ce qui
Dans la region de Mozam ique et concerne la région i vient de nous
des côtes orientales , les voyages à l'in occuper, elles abon ent au contraire
as
pour celle du Cap ou de l’Afrique aus Yanvo, capitale des Molouas, et de
trale; à ne citer que les plus remar l’autre par Missel, ville principale du
quables , nous indi uerons celle de Macoco des anciennes cartes, embras
Kolbe, trop dénigr e sur la foi de sant ainsi dans le rayon des connais
quelques amours- propres froissée ; sances positives les points les plus
celle de Le Vaillant, dont la rédaction éloignés jus u'où se fussent étendues
trop étudiée a fait révoquer en doute les vagues in 'ormations jusqu'alors re
la véracité; celle de John Barrow, qui cueillies. Il est vrai que des doutes ont
a voyagé en 1797 et 1798 dans toute été élevés sur la véracité du voyageur;
la colonie, et au delà chez les Kafres mais les matériaux géographiques qu’il
et les Bosjesmen; celle de Truter et a rassemblés et mis en lumière n’en
SomervilIe, qui, en 1801 et 1802, se sont pas moins à nos yeux une inté
sont avancés jusqu'à Lattakou , capi ressante acquisition.
tale de Betjouânas; celle de Lichten Quant aux contrées intérieures que
stem, laquelle se rapporte à l’année borde la côte de Guinée, les routes
1803; et celles encore des voyages de parcourues par les Européens y sont
Campbell en 1812 et 1820, de Philips en général rares et d’une extrême briè
en 1825, de Burchell en 1811 et 1812, veté : la relation du voyage de Norris
de Thompson en 1821 jusqu'en 1824, en 1772, reproduite par Dalzell, et
de Cowper Rose en 1824 et 1828 , et copiée encore par Mac Léod, ne con
nombre d’autres, dont les plus ré duit que jusqu’à la capitale de Damas
centes sont celle du capitaine Harris , meh; Bowdich en 1817, Dupuis et
offrant le récit de son voyage dans le Hutton en 1820 , n’ont point dépassé
pays des Zoulas, et celle du capitaine la capitale de l’Aschanty, et tout l’in
Alexander, qui a visité en 1836 les‘ térêt de leurs voyages gît dans les in
Damaras. formations qu’ils ont recueillies sur
Les missionnaires portugais du Con. les pays plus reculés. Le missionnaire
go n’ont point ardé le même silence Thomas Freeman n’est pas allé plus
que ceux de la cote orientale sur l’his loin en 1841. C’est seulement dans l’Est
toire de leurs courses apostoliques: que les itinéraires ont acquis une exten
Lopez en 1658, Carli en 1668, Cavazzi sion et une importance très-grande,
de Monte-Cuccolo en 1654 jusqu'en car c'est par là que Clapperton est re
1670, Mérolla de 1682 à 1688, Zuc tourné, en 1827, à Kano et à Sakka
chelli de 1696 à 1704, nous offrent des ton; que Lander est allé , en 1830,
récits détaillés qui ont encore, malgré à Yaoury pour y trouver le Niger et le
leur ancienneté, un intérêt géogra descendre jusqu’à l'embouchure de
phique actuel. Cependant depuis eux Noun, et qu’il est revenu en 18:33 re
sont venus Tucke , qui en 1816 a re monter par cette même embouchure
monteleZaireou ouangojusqu’àune jusqu'au Tchaddah et à Rabbah, en
soixantaine de lieues; Gregorio Men compagnie de Laird et Oldfield , et
dez , qui parcourut en 1785 l’intérieur du lieutenant de vaisseau William
des terres au sud de Benguêla jus Allen qui a fait le relèvement hydro
qu'au cap Negro; et Feo Cardoso, qui graphique de leur route. Plus récem
a donné l’histoire et la description géc ment, une grande expédition anglaise,
nérale des possessions portugaises de sous le commandement du capitaine
cette région d'après les documents of Trotter , avait projeté de remonter
ficiels qu’il avait à sa disposition. Mais plus loin, mais les maladies y ont mis
le voyage le plus remar uable entre obstacle. Nicholls en 1805 , Coulthurst
tous ceux du Congo est ce ui qui a été en 1832, voulaient tenter aussi de re
ublié en 1832 par Douville, et dont monter, par le Kalbar, jusqu'au grand
a ligne itinéraire s’étend de uis Ben fleuve; mais l'un mourut au voisinage
guêla jusqu'à Bomba, capita e du peu de la côte , et l’autre ne put dépasser
le Nineanay et du souverainMouéne Ibo. Becroft en 1840, après avoir cher.
Ëmougy, en passant d'un côté par cbé vainement sa route par le Bio
HISTOIRE DE L’AFRIQUE. B9
Eermoso, a été plus heureux par la 1810; et l'on conte même u’un autre
ranche d’Owère. Français , Paul Imbert, es Sables‘
C’est aussi la recherche du Niger et d’Olonne. avait, dès 1770, visité deux
de Ten-Boktoue qui a produit les iti fois cette ville fameuse.
néraires les plus importants de la Sé Nous avons déjà dit comment Cla
négambie : Brue avait reconnu le perton et Lander étaient allés par l:
Sénégal jusqu’à Galam et Kényou, en côte de Guinée à Kano et Sakkatou ;
1698; Jobson en 1620, Stibbs en 1724 ce n’était pour Clapperton qu’un se
avaient exploré la Gambie jusqu’au cond voyage, car il s’y était déjà rendu
dessus de Barra-Koundah; Compagnon par le Bornou, où il avait quitté Dena
avait arcouru le Bambouc en 1716, am son com a non. Cette voie avait
et Rufiault avait, en 1786, frayé la été préparée e ongue main : Lucas ,
route de‘ Galam ar terre , quand envoyé dès 1788 à Tripoli pour l'en
Houghton, le premier de tant de mar treprendre, ne put s’éloigner de la côte
tyrs envoyés parl’zffrican-Association barbaresque, mais il revint à Londres
à la découverte du Niger, alla périr en avec provision de renseignements ;
1791 dans le Kaarta. Mungo-Park s'é Hornemann, autre voyageur de l’A
lança sur ses traces en 1795, échappa frican-Association, se rendit en 1798
comme par miracle aux mêmes assas au Caire, d’où il partit l’année suivante
sins, et put atteindre ce Niger objet pour aller au Fezzân à travers les oa
de ses vœux, qu’il remonta jusqu’à ses de Syouah et Aougelah : arrivé à
Silla. Il revint dire à ‘l‘Europe sa dé Mourzouq , il y recueillit de nombreu
couverte, et retourna en 1805 en Afri ses informations sur les populations
que pour la com léter: il revoit le du désert et sur les pays de Hhaousâ
Niger, et s’y em ar ue; il arrive à et Bornou, pour lesquels il se mit en
Yaoury, atteint Bous , et périt. Ped route en 1800, et l’on n‘a plus eu de
die et Campbell voulurent tenter en ses nouvelles; Ritchie et Lyon arrivè
1816 la voie du Foutah-Gjalo : la ‘mort rent à leur tour à Tripoli en 1818 : ils
arrêta leurs projets; Gray et Dochard visitèrent le Fezzan, et ajoutèrent de
prirent leur place et ne furent guère nouvelles lumières aux lumières pré
plus heureux. Mollien, en 1818, dé cédemment rassemblées sur les pays
couvrit les sources du Sénégal et de du Sud. Enfin en 1822 l’expédition de
la Gambie, sur une route que déjà Denham, Clapperton et Oudney éné
Watt et Winterbottom avaient parcou tra au delà du Fezzân, traversa e dé
rue sans en apprécier l'intérêt; et en sert, atteignit le Bornou, découvrit le
1822, Laing, parti de Sierra-Leone , grand lac Tchâd , et poussa des recon
alla constater, sansy pouvoir atteindre, naissances divergentes , d’une part
l’emplacement véritable des sources jusqu’au Mandhar‘ah et au Loghoun,
du Niger. Ernest de Beaufort, en 1825, de l’autre dans le Hhaousâ jusqu'à
fut arrêté par la mort avant d'avoir Sakkatou.
dépassé les derniers confins du Bam Le Ssahhra n’a été vu que par les
bouc. Enfin, en 1827, Caillié, revêtu voyageurs qui de la côte barbaresque
du costume musulman , s’avance à se rendaient aux pays des Nègres , et
l’est jusqu'à Timé , 'usqu’alors incon‘ réci roquement, ou bien par quelques
nue, reprend au nor pour aller attein nau ragés; tels que Robert Adams, ne
dre Gény, s’y embarque, descend le nous avons dé'à cité, Brisson, Fol le,
Niger gusqu’à Ten-Boktoue, et tra Saugnier, Ri ey, Cochelet, et cet
versan l’immense désert regagne la Alexandre Scott qui a occupé la saga
côte atlantique à Rabath. cité de Rennel, mais dont la route
Laing aussi avait vu Ten-Boktoue semble avoir été bien autre que ne le
en 1826 , quelque temps avant Caillé, soupçonnait le savant géo raphe.
mais il y était venu par le nord-est; le Il nous reste à parler ,es ex lora
matelot américain Robert Adams y tions géo raphiques des Etats u lit
avait été conduit du nord-ouest en toral mé iterranéen : les relations,
40
nombreuses pour les uns , ‘rares our quelques lignes, à celles qu'ils ont visi
les autres, sont généralement medio tées. Nous n'avons garde d'insérer ici
cres. bien qu'il y ait de notables ex le catalogue de ces explorations for
ceptions. Della Cella en 1817, Beechey tuites. Ayons soin d'ajouter, pourtant.
en 1822, Pacho et Müller en 1825, que l'illustration historique de Malte a
parcoururent la Cyrénaique et Barqah. justement motivé une exception en sa
La Bibliothèque royale de Paris pos faveur, et que de nombreux ouvrages
sède un manuscrit étendu, contenant sont consacrés au récit des prouesses
une Description et histoire de Tri de ses chevaliers; mais. au point de
ly, rédigée en 1685 par un chirurgien vue descriptif, bien qu'on puisse citer
provençal lon temps prisonnier et es quelques relations spéciales, elle a , le
clave du pâsc à; les Lettres que l’on plus souvent, été reléguée sur un plan
désigne habituellement sous le nom de secondaire, à côté de la Sicile, comme
Tully sont à peu près le seul ouvrage dans l'ouvrage de Brydone qui date de
édit spécialement consacré à cette ré 1770, et dans celui de Borch qui est
gence. Pour Alger et Tunis, le voyage venu le compléter en 1776; dans celui
de Shaw. en 1727, est encore, malgré de Houél ublié en 1782; dans celui
sa date ancienne {ce que l’on possede de Blaquieres écrit en 1812; et dans
de mieux sur ces deux États; cepen ceux de l'anglais Smyth en 1815, et de
dant nous avons aussi la relation du l'américain Bigelow en 1830.
major Grenville Temple. qui renferme Dans l'océan occidental, les Aço
d'intéressants détails sur le ays de res , Madère , les Canaries , déjà figu
Tunis, recueillis en 1833 peu ant une rées sur les cartes du quatorzième
excursion rapide, et la carte dressée siècle, ont en leurs explorateurs spé
par le capitaine de vaisseau Falbe , sur ciaux; bornons-nous à citer, pour les
des éléments amassés pendant une Açores, Webster en 1821, et Raid en
longue résidence; et, d’un autre côté, 1835; pour Madère, Bowdich en 1823; .
_ l'occupation française del’Adgérie :1 per pour les Canaries, il y aurait une lon
mis de rassembler‘ les matériaux d'une gue série de relations à énumérer;
description précise et nourrie, dont mais après avoir rappelé celle que Boc
une commission scientifi e est char cace nous a transmise de l'ex ition
gée de diriger la publication. Quant à de 1341, celle des pères Bontier et le
l'empire de Match, nous nous con Verrier, sur la conquête de Bétben
tenterons de citer le voyage du géné court en 1402; les histoires de Nuñez
ral Badia, mieux connu sous le nom de la Peña en 1676, de Glas en 1764,
mauresque d’Ali-Bey, en 1805; celui de Viera en 1772, et de Bory de Saint
du lieutenant Washington, de la ma Vincent en 1803, il nous ‘suffit de si
rine anglaise, en 1829; et les livres gnaler les descriptions de Léopold de
descriptifs de Hœst, de Jackson et de Buch,en 1815, et de Berthelot et Webb
Gräberg de Hemsô , dont le premier en 1835. Quant aux îles du Cap-Vert,
remonte à 1779 et dont le dernier vues dès 1455 par Cadamosto et Uso
porte la date de 1834. dimare, elles ont été visitées en 1639
par le père Alexis de Saint-L0 , et en
EXPLORATION DES [LES AFRICAINES. 1838 par Samuel Brunner. Roberts,
en 1725, avait décrit à la fois les îles
Nous n'avons encore rien dit des du Cap-Vert et les Canaries; et le père
îles. Celles de la Méditerranée, con Antonio Cordeyro a donné, en 1717,
nues de toute antiquité, ont une si une histoire générale des quatre archi
mince importance individuelle u’il se pels atlantiques.
rait difficile d'en trouver de re ations Au fond du golfe de Guinée, Fernam
spéciales; seulement les voya eurs et do Po, Principe, San-Thomé, Anno
les touristes qui y ont touc é dans bom , qui figurent dans tous les Pilotes
leurs courses ou leurs promenades, africains, ont occasionnellement été
ont accordé quelques pages, parfois visitées par beaucoup de ‘voyageurs.
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. 41
Des Marchais, en 1725, leur _a consa sont celles de Gauche qui s'y était
cré quelques pages; l’expedition_ d'0 rendu en 1638, ,de Flacourt qui y ar
wen, qui avait avec elle le capitaine riva en 1648 et y passa sept années,
Boteler et l'aimable aveugleHolman, de Souchu de Rennefort qui y fut
a recueilli, en 1827, les élements de envoyé en 1664, de Drury qui y fit nau
descriptions plus détaillés. ‘ frage en 1702, puis celles de Le Gentil,
L'Ascension et Sainte-Hélene ont de Rochon, d'une foule d'autres , ré
leur place dans tous les routiers de sumées en 1831 par d'Unienville, et,
l'Inde : ce sont comme deux bôtelleries en_ dernier lieu , celle de Leguével
par lesquelles il faut indispensablement qui y a séjourné de 1823 à 1830, et
passer; et cependant,_la route n'a point celle des missionnaires anglais qui s'y
toujours été si certaine , que Jean de étaient établis en 1818 et qui en ont
Nova n'eût trouvé, en 1501 , l'îlot été chassés en 1835.
écarté de la Trinidad , avant de décou Quant aux petites îles qui sont ré
vrir, en 1502, Sainte-Hélène, qui nous pandues autour de cette grande terre
a été décrite avec détail par Brooke insulaire , Bourbon, Maurice , Rodri
en 1806 , mais qui nous est bien mieux gue, les Séchelles, les Comores, con
connue par le fameux Mémorial de tentons-nous de citer les relations de
Napoléon, et par les récits de l'ex é Bernardin de Saint-Pierre en 1768, de
dition qui est allée y chercher nagu re Milbert et de Bory de Saint-Vincent
les restes du grand Empereur. Tristao en 1800, de Grant en 1801, de Billard
da Cunha trouva aussi, en 1506 , l'îlot en 1816, de Frappaz en 1818 , de Le
éloigné qui a gardé son nom , avant de lieur de VilIe-sur-Arce en 1819, de Tho
rencontrer, en 1508 , le rocher de l'As mas en 1828, et de d'Unienville en
cension, dont nous devons au capitaine 1831, dont les unes s'appliquent à quel
Brandretli une notice détaillée, publiée ques points isolés, d'autres à plusieurs
en 1835. îles à la fois, ou même à tout l'en
Dans la mer des Indes, Madagascar, semble de cet archipel inconnexe.
qui nous est connue sous ce nom (*) Il nous reste à dire un mot de Soco
depuis le temps de Marc Polo, a une tora: il doit se borner à signaler ici
telle importance, que les vu ageurs le mémoire descriptif du lieutenant
qui l'ont visitée en ont laisse e nom Wellsted, qui a exploré cette île en
breuses relations; les plus connues 1834. .
5 II.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DU SOL
AFRICAIN.
svsrèmæs ANTÉBIEUBS. l'ensemble en eut été déterminé, au
moins par ses contours; et cette divi
Il ne put être uestion', pour les sion ne présenta d'abord, ainsi qu'il
géographes, d'une ivision méthodique devait naturellement arriver, qu'une
du continent africain, que lorsque simple extension, à ce cadre agrandi,
de la nomenclature précédemment ad
(') Le nom vulgaire de .Madagascar est mise, en attribuant désormais une si
une dérivation évidente de‘ celui de ses gnification plus large , mais avec des
habitants et de la langue qu’ils parlent ; de limites certaines, à la dénomination
cette même racine , Malacasm, sont pro vague jusqu'alors appliquée au limbe
venues les deux formes vulgaires de la dé indéfini de l'Afrique ultérieure. C'est
nomination donnée aux habitants, savoir, ainsi que Marmol , après avoir décrit,
Madecasses et Malgaches. en suivant Léon de Grenade, l'Afrique
42
musulmane, comprend sous le nom de cette division, sauf peut-être quel
commun d'Ethiopie, avec le pays des ques différences de nomenclature, ap«
Nègres connu de Léon, tout le surplus pelant, par exemple, Éthiopie orien
du continent, auparavant ignoré; seu tale ce que les De l’Isle nommaient
lement il distingue la haute et la basse Cafrerie.
Éthiopie, l'une répondant à l'empire Depuis que les explorations mo
d’Abyssinie , l'autre englobant tout le dernes ont rocuré des notions plus
reste. précises et p us nombreuses , les géo«
Graduellement cette immense sur raphes contemporains , Malte-Brun ,
face fut amoindrie, subdivisée , à me itter, Balbi, ont tenté de refondre
sure que l'on se lit une idée plus juste cette nomenclature pour l'ajuster au
de son étendue : Livio Sanuto crut de nouveau point de vue sous lequel il
voir en séparer le pays des Nègres de leur a paru convenable de considérer
Léon, en joignant même à celui-ci la l'Afrique dans son ensemble: et nous
région maritime jusqu'au cap de Lope avons à exposer, à notre tour, nos pro
Gonçalvez , et partager toute l'Afrique pres idées à cet égard. Sans répudier
en deux moitiés par une ligne tirée absolument certaines dénominations
d’Alexandrie d'Égypte à la mer de générales dès longtemps en usage,
Guinée, de manière a compter, dans la comme celle de Nigritie pour desi
remière, la Barbarie, la Numidie et la. gner vaguement tous les pays afria
.ibye de Léon, avec la Nigritie jus cains autres que ceux où dominent les
qu'au ca de Lope Gonçalvez ; et dans races blanches, celle de Cafrerie pour
la secon e, l’Egypte et les deux Éthio indiquer, sans plus de prétention à
pies: en tout, sept régions, qu'on re l'exactitude , ceux où étaient réputées
trouve les mêmes , quoique différem habiter des populations cafres; notre
ment rangées, dans la volumineuse dessein est de proposer un système
description de l'Afrique de Dap ici‘. de fractionnement qui réponde le mieux
Les Sanson , à leur tour, éta lirent possible à une étude raisonnée de cha
une première grande division de l’A cune des parties jusqu'ici explorées.
frique en deux moitiés, différant un Dans létat incom let de nos con
peu de celle de Sanuto, en ce qu'ils naissances sur l'A rique , ce n'est
réunissaient l’Egypte à la première, guère ni à la constitution physique du
qu’ils appelèrent du nom général de sol, ni au classement ethnologique ou
Libye; tandis que la seconde, com linguistique des habitants, ni aux cir
mençant à la Nubie, recevait le nom conscriptions politiques des empires,
général d'Éthiopie: puis l'une et l'au et moins encore à leur histoire, que
tre étaient symétriquement partagées l'on eut demander les bases d'une
en six régions chacune; en sorte que distri ution géographique de ce con
la Libye renfermait l'Ég pte, la Bar tinent; c'est plutôt à notre ignorance
barie, la Bilédulgérid, e Sahara, la même de certaines de ses parties qu’il
Nigritie et la Guinée; et n'en trou nous paraît nécessaire d'accommoder
vait, dans l’Ethiopie, la Nu ie, l'Abys une division provisoire en régions fac
sinie, le Zan uebar, le Congo, le M0 tices, déterminées par un cercle de
nomota a et es Cafres. notions acquises; et le tableau que
Clau e et Guillaume De l'Isle, au nous avons esquissé des explorations
lieu de ces douze régions, n’en com tè et des découvertes accomplies jus u'à
rent que six, savoir: l’Egypte, l’Et io ce jour, offre naturellement lui-m me
pie proprement dite comprenant la ce cadre que nous cherchons.
Nubie et l'Abyssinie, la Barbarie, la
Nigritie, la Guinée englobant le Congo, microns au son m: L'ÉQUATBUB.
et a Cafrerie renfermant a la fois l'ex
trémité méridionale et toute la côte Sous ce point de vue, ily a lieu
orientale du continent. D’Anville ne de considérer d'abord qu'une lacune
parait point s'être écarté en général, énorme sépare pour nous l'Afrique a:
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. 43
deux moitiés, au moyen d’une large sion tort rationnelle en laissant à l'est
. zone de terres inconnues entre le golfe la longue vallée du Nil , avec ses dé
de Biafra et la côte de Maqadoschou; endances; au sud les contrées que
puis, u’une seconde lacunelsépare en es indigènes appellent Taltrour et les
core v a moitié trans-équatoriale en Arabes Beléd-eldoudàn, ou pa s des
deux portions , au moyen d’une autre nègres; au nord les États barbares
large zone de terres inconnues entre ques, auxquels il s'annexe lui-même
la baie aux Baleines et celle de Lou pour former avec eux la grande région
renço Marquez. Le nom d’Afrique aus que les Arabes appellent Maghreb.Cette
trale ou de région du Cap appartient dénomination , qui sur nos indications
naturellement à celle de ces portions et nos conseils , a été introduite par
qui re ar'de le sud, et qui comprend, Balbi dans la Géographie vulgaire, a
outre a colonie européenne du Cap et our les musulmans un sens relatif à
ses dépendances, le pays des Hotten ’ensemble de l’empire islamique : tout
.tots et celui des Kafres. ce qui n’est point compris en celui-ci,
L’autre portion , presque entière soit parmi les Beydhân ou blancs,
ment renfermée entre l’équateur et le soit parmi les Soudan ou noirs , est
tropique du Capricorne, est composée Kafr nu mécréant ( et c’est cette épi
de deux régions , sur lesquelles les lu thète, si souvent lancée contre nous
mières ont respectivement été recueil mémes, que l’usage a consacrée ex
lies, pour l’une dans l’ouest , pour clusivement chez nous à dénommer la
l’autre dans l’est , sans que l'on sache race austro-orientale que nous enten
avec précision où ni comment elles se dions appeler ainsi par les Arabes de
rejoignent sur une limite commune. Sofalah ). Quant au pays des Mosle7
Cette circonstance oblige de classer myn ou fidèles, il a deux parts, le
dans la première , avec les ays de Maghreb ou occident, habitation des
Congo, dLAngôla et de Ben ué a, tous Maghrebyn ou Maures, c’est-à-dire
les cantons et les peuples in épendants Occidentaux, et le Schar ou orient,
qui se trouvent au delà de ces posses comprenant l’Égylpte, ha ité par les
sions portugaises, jusqu'aux Bihens Scharqyyn ou Sarrasins, c’est-à-dire
et aux Movanguêlas du sud-est, aux Orientaux.
Cassanges de l’est, aux Molouas et aux Le Maghreb se subdivise géogra
Ninéanay du nord-est ,« bien que le phiquement, pour les Arabes ( nos
pays de ces derniers soit évidemment maîtres sans contredit sous le rapport
une dépendance physique du bassin de des connaissances qu'ils possèdent sur
la mer des Indes; nous appellerons l’Afrique musulmane), en Ssah/zrd ou
cette agglomération de territoires con désert , en Beled el-Geryd, ou région
tigus, région du Congo. des dattiers, et en Tell ou hautes ter.
La seconde portion consiste princi res, dénomination appellative que rem
palement dans le bassin du Kouâma place quelquefois celle de Ardh el4Ber
ou Zambêzé,' avec les établissements er, c’est-à-dire la terre des Berbers
portugais dont le chef-lieu est à M0 ou la Barbarie. Cette longue zone est
zambique; et le surplus des notions partagée à son tour , sous le rapport
acquises sur le reste de la côte orien géographique , en Afrégqyalt , répon
tale est si peu de chose, qu’il y a toute ant à en près aux r gences de Tri
convenance de l’y réunir comme une poli et e Tunis; en Maghreb Aousath
annexe, pour former du tout la région ou occident mitoyen, représenté par
de Mozambique. _ ce que l’on appelle maintenant Algé
rie; et en Maghreb Aqssày ou occi
microns AU NOM) DE L’ÉQUATEUR. dent éloigné, qui correspond à l’em
pire de Marok.
Quant à l’Afri ue septentrionale, La région du Nil (ou le Nz'lland,
le grand trait qui a caractérise, l’i_m comme les Allemands ont eu l’heureuse
mense désert , nous indique une divi idée de l’appeler), restée à l’est du
44
Maghreb , comprend successivement , des Palmes jusqu'au fond de la baie
en remontant, 'Égypte, les deux Nu de Biafra; mais ici encore, où l'usage
bies; puis‘d'une part l'Abyssinie avec le conserve pour le littoral , nous lui
Adel ou Zeyla' et Hharrar, et de l'au préférons, pour l'intérieur des terres,
tre le pays inconnu u’arrose le Nil ce nom indigène de Ouanqârah , qui
blanc, et qui paraît ha ité en majeure s'étend précisément au nord jusqu'aux
partie , sur un long espace, par les nè limites du Takrour; sur la côte il of
g'res Schillouks, Ijusqu'aux hautes val fre dans une contiguité successive les
lées u'on appe le Donga; il y faut trois États d'Aschanty, de Daoumeh
rattac er le Kordoufân, que sa posi et de Beny.
tion géographique aussi bien que ses Enlin notre distribution géographi
relations politiques lient à la Nubie; que du sol africain se trouve complétée
et même le Bar-Four, qui appartient par l'adoption de ce nom de Talsrour,
peut-être physiquement au bassin du qui embrasse tous les pays entre la
Nil , et que les Européens n'ont d'ail Sénégambie et le Dâr-Four; nous le
leurs encore abordé que par la voie préférons à celui de Beléd el-Souddn
de l'Égypte. (vulgairement écourté en celui de Sou
Quant à la zone qui s'étend au sud dän) , par le motif que cette appella
du Ssahhrâ, depuis l'océan Atlantique tion , qui se rapporte aux peuples
jusqu'au Dâr-Four, l'extrémité occi nègres , s'applique avec une médiocre
dentale, caractérisée par lesdeux grands justesse à une région où domine par
fleuves du Sénégal et de la Gambie, e nombre comme par la puissance la
en a tiré le nom de Sénégambie, qui, race Penle qui est rouge, et qui se
borné d'abord , dans son application, compte elle-même parmi les blancs. La
aux bassins de ces deux rivieres, s'est région de Takrour se partage assez na—
successivement étendu vers le sud à turellement en trois grandes sections :
mesure que des notions étaient ac à l'est le Bormm et ses annexes, au
quises de proche en proche sur les centre le Hhaousâ, à l'ouest ce qu'a
contrées voisines le long du littoral, vec le sultan Mohhammed-b-Ellah
tandis qu'une grande lacune subsistait nous appellerons d'un seul mot Mel- ,
au delà. Pour nous , dépassant encore redonnant ainsi uneapplication actue le
les limites qui s’arrêtaient vis-à-vis de a une dénomination employée dès long
l'île Scherbrou, nous les porterons jus temps par les voyageurs et les géogra
qu'au cap des Palmes, où l’Union amé phes arabes, mais qui demeurait inu
ricaine a établi une nouvelle colonie, tile , ainsi que celle de Ouanqârah, faute
sœur de Liberia, qui prospère au cap d'indices suffisants pour les placer.
Mesurado, et que tant d’analogies doi
vent faire comprendre dans une même lLES AFRICAINES.
division avec la Free-town des Anglais
de' Sierra - Leone , inséparable elle Voilà pour le continent; restent les
méme de Saint-Mary sur la Gambie, îles. Celles que l'Afrique peut reven
dont elle est le chef-lieu hiérarchique. diquer dans la Méditerranée sont une
Nous effaçons ainsi de cette côte le annexe naturelle des Etats barbares
nom de Guinée, que nous avons déjà ques; dans l'océan Atlantique, les Ca
laissé en oubli pour la région du Con naries , dont on ne peut séparer Ma
go , où les routines géographiques la dère ni les Açores , sont évidemment
gardaient seules encore , bien que l'u un appendice de l'Atlas; les îles du
sage eût dès longtemps admis à sa cap Vert sont à leur tour un appen
place ce nom de Congo avec une ac dice de la Sénégambie : celles du golfe
ception plus large que celle qu'il eut de Guinée un appendice du Ouan â
dans l'origine. ,_ , - rah oriental; et dans la mer des la es
La dénomination de Guinée reste Madagascar se rattache à la région de
rait donc uniquement aux côtes qui Mozambique, aussi bien que Socotora,
s'étendent sur le golfe, depuis lecap prolongement insulaire de la grande
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. 45
presqu'île des Sçoumâl. Mais ces tincte toute la zone maritime où sont
iaisons respectives ne sont point tel disséminées les îles africaines, sauf à
lement étroites, qu'il ne convienne la subdiviser en archipels au gré des
peut-être mieux, ainsi que l'ont pensé affinités relatives qui déterminent la
la plupart de nos devanciers, de consi distribution de toutes ces îles en di
dérer comme une seule région dis vers groupes séparés.
5 III.
PLAN GÉNÉRAL DE L'OUVRAGE.
Nous venons de montrer sous ses tandis que certaines régions se recom
divers aspects ce grand tout/qui a nom mandent à la .fois par les traits de
Afrique .- nous avons dit ses caractères leur physionomie locale et par les sou
extérieurs et sa constitution intime, venirs de leur passé, il en est dont le
et sa parure d'êtres animés; puis con rôle est pour nous sans intérêt, dans
sidérant l'homme à qui la possession le temps aussi bien que dans l'espace.
en est dévolue, nous avons recherché De là une variété nécessaire dans la
sa race, étudié son langage, ses mœurs, forme sous la uelle se déroule le ta
ses habitudes sociales, scruté ses ori bleau successi de ces régions diver
gines, parcouru ses annales; et du ses, et dans l'étendue des pages que
sujet lui-même passant à ses rapports nous devons leur consacrer.
avec notre propre étude, nous nous Nous avons à nous préoccuper aussi
sommes demandé compte des explora de l'ordre dans lequel il convient de
tions qui nous l'ont révélé, et de la les ranger, our obéir à la double
corrélation qu'il est nécessaire d'éta condition de eurs affinités mutuelles
blir entre les notions acquises et le et de la séparation inévitable des vo
théâtre sur lequel elles sont recueil lumes où elles ont leur place. Emprun
lies. Tel est le cycle ne nous avons tant ici le commode artifice des clas
essayé de former des ragmeiits é ars sifications dichotomiques, nous avons
que nul encore n'avait réunisuâue que d'abord considéré lAfrique comme
mince que soit leur valeur isol e, elle offrant à notre étude, d'une part un
se grossit en raison de la ‘place qu'ils continent, de l'autre des îles; et nous
occupent dans le tableau 'ensemble. avons accordé un volume à ces der
Cette méthode, descriptive et nar nières. Puis, dans le continent afri
rative tour à tour, que nous venons cain, une distinction nous a paru facile
d'appliquer à l'Afrique entière, nous autant que naturelle entre les contrées
avons a l'employer maintenant pour où commande la race blanche et celles
chacune des parties de ce grand tout: où dominent les populations nègres;
mais les éléments tantôt historiques , et nous avons réservé un volume à la
tantôt géographiques dont nous ou Nigritîe. Il nous restait à partager
vons disposer, ont l'étendue et 'im cette autre portion , féconde pour la
portance la plus diverse. De vastes géographie et pour l'histoire, où se
régions explorées par de nombreux trouvaient concentrées toutes les con
voyageurs nous présentent un sol, des naissances que l'antiquité a eues de
productions, des habitants, à la des l'Afrique, et l'antiquité elle-même nous
cription des uels sont consacrés, dans a ici indiqué ce partage. Si les moder
nos biblioth ques, une multitude de nes, en effet, com rennent l'Egypte
volumes, mais elles ne peuvent nous dans le continent 'Afrique, il nen
offrir une seule ligne d'histoire; d'au fut pas de même des anciens, non plus
tres points au contraire, stériles pour que des Arabes : pour les uns et pour
la géographie , nous fournissent de co les autres l'Égypte appartenait à l'O
pieuses annales; et, d'un autre côté , rient, l'Afrique à l'occident; nous
48
avons fait comme aux , en consacrant en nous conduisant jusqu’à l’invasion
une division spéciale à I’Egy te, et à des Arabes.
l’Éthiopie qui occupe avec el a le bas
sin du Nil; et cette division a exigé surs nannanssquss.
deux volumes, l’un rempli tout entier
des faits de l’Égypte antique , l’autre La conquête musulmane imprime
réunissant 21 la fois l’Egypte moderne un nouvel aspect à l’Afrique, et ouvre
et les contrées ultérieures du haut Nil, ainsi l’bistoire moderne de cettegrande
Enfin, il nous reste à aborder l’Afri région, qui ne tarde pas à être mor
que des anciens, Maghreb des Arabes; celée en plusieurs Etats, sous diverses
Régences barbaresques des modernes, d nasties, dont il faut 130m‘ à tour ex
et nous lui consacrons aussi deux volu Eiorer les annales : àcôté des Aghla
mes . un pour les temps anciens, l’au V ytes de Qayrouân rè nent les Bos
tre pour l’état moderne. tamsytes de Teyhert , 'es Médrar tes
Ainsi , la Barbarie , l’Ég pte, la de agelmêsah,les Édrysytes de 65,
Nigritie, les Iles , tel est l’or re géné les Barghouâthes de Temsnâ, et d’au
ral de cette Histoire et Description tres dynasties encore à Sebthah, à
de l’Afrique , en tête de laquelle avait Nokour, au désert; puis surgissent les
sa place naturelle le tableau d’ensemr Fahémytes, sur les ruines de plu
ble que nous aehevons d’esquisser. sieurs de ces princi autés; mais ils
sont bientôt remplac s eux-mêmes par
les Zeyrytes d’Aschyr et les Hham
AFRIQUB moraux]. madytes de Bougie, les Abdelouâd tes
de Telemsén, et a côté , les B ny
Après un coup d’œll général sur la ‘Athyah, les Yafrounytes et les Bény
région que les anciens connaissaient Aby-el-A’âfyah, qui se disputent Fés;
sous le nom d’Afrique, et que nous ap puis s’élèvent les Almoravides , qui
elons vulgairement aujourd’hui Barn engloutissent la plupart de cesdynas
arie, vient l’histoire de la Cyrénai ties, et sont engloutis à leur tour,
que qui en occupe les parties les plus avec les Zeyr tes et les Hhammady
orientales : colonie grecque sur le sol tes, dans la omination des Almohha
libyen , tour à tour royaume des Bat. des, dont le grand empire ne dure
tiades, république turbulente, con-v
uère plus d’un siècle: les Hhafssytes
quête des Ptolémées d’Êgy te , et eviennent les maîtres de Tunis et de
enfin province obscure dans ‘empire toute la contrée qui s’étend depuis
de home et dans celui de Constanti l’Egypte jusqu’aux portes d’Alger; les ‘
nople, en même temps que dans l’église Zyanytes restaurent le royaume de
chrétienne d’Alexandrie. A la suite des Telemsén , et dans l’ouest, les Méry
fastes de Cyrène viennent se placer les nytes succèdent aux Almohhades, les
annales de Carthage, depuis sa nais Bény-Ouathâs aux Mérynytes; puis
sance jusqu’à la conquête des Ro aux Bény-Ouathâs des schéryfs Da
mains : r cit dramatique de la lutte ra’ouytes , remplacés enfin par les
acharnée où snccomba. l‘opulente ri schéryfs Fillêlytes aux mains des
vale de home. Puis nous nous occu quels est encore aujourd‘hui le scepn
pons de la Numidie et des Maurita tre de Marok. Dans l’est, Tri oli, Tu
nies , dont l‘antique histoire acquiert nis, Alger, conquis par les urks, ne
un intérêt nouveau par suite de notre sont plus que des paschâliks de l’em
ossessîon actuelle de lÏAlgérie. Le ta. pire othoman; et en 1830, Alger, ar
leau de la domination des Romains raché aux pirates, devient une pro
en Afrique. du développement et des vince française.
vicissitudes du christianisme en ces
contrées. le récit de la conquête et de Éevprx ANCIENNE.
la souveraineté passagère des Vanda
les, enfin la restauration byzantine, De la région barbaresque nous pas
complètent cette section de l'ouvrage sons en Egypte, dont le sol est Jon
HISTOIRE DE L'AFRIQUE. ' 41
che d'innombrables débris des temps souvenirs qui nous restent des vieilles
antiques; témoins, longtemps muets annales de la Nubie où fut Napata,
pour nous, d'une longue succession du Sennàr où fut Méroé, de l‘Abys
de siècles, ils nous en redisent aujour sinie où fut Axum, en même temps
d'hui l'histoire, de uis que le génie de que l’esquisse des révolutions qui s'y
Champollion a su aire parler les mil sont accomplies jusqu'à nos jours.
lie'rs de légendes hiéroglyphiques dont
leurs faces sont couvertes. A la vue mcmrrn.
de ces vénérables monuments, l'esprit Nous entrons alors dans la Nigri
s'enfonce dans la profondeur des âges tie. Là, ce n'est plus dans la descrip
pour étudier cette rimitive Égypte, tion des monuments , dans l’étude
dont il veut conna tre l’ancien état d'une civilisation immémoriale , dans
physique et les anciens habitants , la les récits d'une lutte acharnée dont
constitution politique, l'organisation l'empire du monde est le prix, ou
civile, les mœurs, les usages, les dans les chevaleresques exp oits des
croyances , et les curieuses écritures, apôtres d’une religion enthousiaste,
tracées, peintes , sculptées partout à que se trouve l’interét de notre tra
profusion. Puis il interroge ses im vail. Ce sont les mœurs, les coutumes,
mémoriales annales, où se succèdent, l’aspect , le langage, les costumes va
après les dieux et les héros, trente riés, les croyances et les superstitions
trois dynasties de rois et d'empereurs, singulières, qui doivent former les di
depuis l’indigène Ménès 'usqu’au by verses parties d’un tableau animé et
zantin Héraclius, détrôné par la con véritablement pittoresque, où des
quête des Arabes. hommes noirs, bruns, basanés , ollvâ
tres, gris, jaunes, au corps teilladé de
ÉGYPTB nonsnnn ; s'rmorrn. mille insignes distinctifs, doivent se
distribuer par groupes différemment
Là commence l'histoire moderne de caractérisés , depuis le Peul jusqu'au
l'Égypte, d'abord simple province du Hottentot, depuis le Yolof jusqu'au
grand empire des khalyfes, puis éman S oumâly. Entre le bassin du Nil et
cipée sous les Thoulounydes, reprise, l‘ céan s’étend, d'est en ouest, l’im
et perdue encore par la révolte des mense zone du Takrour, où se succè
Ekhschidytes , puis conquise sur ces dent, après le Kordoufân et le Dér
derniers par les Fathémytes, qui se la Four, les grands empires, disons plu
virent enlever à leur tour par les tôt ré ions, de Bornou, de Hhaousl,
Ayoub tes; ceux-ci furent dépouillés de M y, terminés à l'occident par la
eux-m mes par les mamlouks bahhao Sénégambie, et touchant au sud le
rytes , auxquels succédèrent les mam Ouanqârab, signalé par l'embouchure
louks circassiens , remplacés enfin du Niger, et dont les rivages , connus
par les Turks othomans. La France sous le nom de côte de Guinée, nous
alla inoculer a ces derniers posses offrent les grands états d'Aschanty,
seurs de la vieille Égy te la erme de Daoumeb et de Bénin. Plus loin,
d'une civilisation nouvel e , eti s'est c'est le Congo, lié par de curieux rap
trouvé un homme, dont la main vi ports de langage avec les peuples Be
oureuse et la volonté irrésistible, tchouanas, trères eux-mêmes des Ka
étouffant l'anarchie et façonnant les fres de la côte orientale, que tentent
populations orientales à l’ordre des aujourd'hui de refouler les Anglais,
sociétés européennes , a tenté de re possesseurs de la riche colonie du Cap,
constituer une monarchie égyptienne. où les races hottentotes ont à peine
Ses armes ont pénétré jusqu'aux plus laissé quel ues restes. Les autres par
hautes régions du Nil , et rattaché ties de l’A rique ne s'étaient montrées
ainsi à l'histoire de l’Egypte moderne à nous que du point de vue européen;
celle de l'antique Éthiepie. Là se pla celle-ci veut être envisagée du point de
cent donc naturellement le peu de vue africain.
48
ILBS on L'unique. que Atlantide, vérité perdue ou flction
ingénieuse , qui relie entre eux les ar
Enfin, nous arrivons aux îles ui chipels des A ores , de Madère, des
nagent dans la Méditerranée et es Canaries, et u cap Vert , après les
deux Océans, et qui sont rattachées au quels apparaît le rocher isolé de l'As
continent africain par la position géo cension, et cet autre rocher de Sainte
graphi ue, l'histoire, ou le langage. Bélène, stigmatisé à tout jamais par
Celles e la Méditerranée méritent un l'exil du grand homme que la France
dévelo pement particulier. Les unes avait op osé au monde entier , et sur
ont été) les escales des premières na lequel ' uro e voulut se venger de la
vigations dont se soit occupée l'anti longue humi iation qu'il lui avait fait
quité classique; nous les parcourons subir. Nous passons enfin à l'océan In
en suivant pieusement la trace de ces dien,et là nous avons deux parts à faire
vieux nautoniers , dont les routes des îles que nous connaissons; d'a
nous sont tracées dans les périples bord, le groupe où domine Madagas
recs; nous arrivons ainsi aux trop car, cette île immense dont les po u
ameuses Syrtes, où les anciennes îles lations diverses gravitent autour d un
des Lotophages sont devenues plus noyau malai aux mains duquel est le
tard , sous les noms de Gerbeh et de sceptre, et qui oppose une valeur sau
(jlerqeneh, le théâtre des expéditions vage, ou une politique rusée, aux ten
c rétiennes du m0 en âge, et le siége tatives d'établissement des ,Français
d'une seigneurie éodale; puis s'of de Bourbon , aussi bien que des An
frent à notre étude les îles que les glais de Maurice, maîtres aussi de
Grecs appelaient Pélagiennes, et au Rodrigue et des Séchelles; puis les
sein desquelles Arioste et Shakspeare îles de l'ancienne mer Érythrée, célè
sont venus placer la scène de leurs bres surtout dans l'antiquité, et nous
fantastiques créations; Malte , enfin , offrant la fameuse Pancliaia d’Evhé
s'empare de notre attention , en nous mère, pleine de merveilles et d'incer
racontant les hauts faits de cette mi titudes comme l’AtIantide , et cette île
lice, immortelle dans l'histoire, née à de Dioscoride, qui, sous le nom mo
Jérusalem, et qui, après avoir illustré derne de Socotora , devenue posses
Rhodes, vint aussi jeter sur Malte l'é sion anglaise, sert, aux paquebots de
clat de sa gloire, avant de s'y éteindre. la Grande-Bretagne, de point de ravi
Ensuite arrive le tour de cet Océan taillement sur la route nouvelle de
qui semble censerver,dans sa dénomi l'inde.
nation même , un souvenir de l'anti
un on L’esQmssa GÉNÉRALE.
a .umsuunnuunssuuuun \\|\Q\\\\uo|l“m\\\h.\“l\n\\\ unustuuuuuu uuunnunnnus
AI‘BIQ‘UE ANCIENNE.
——‘o.——
INTRODUCTION.
Du vaste continent que nous ap e recherches, en investigations pénibles,
lons aujourd'hui du nom commun (1 A en discussions appro ondies, allons
frique, les anciens ne connaissaient nous conduire le lecteur au milieu de
qu'une faible partie : les expéditions ce dédale d'assertions et d'hypothèses,
hardies d'un peuple navigateur avaient de conjectures et d'incertitudes, à tra
bien u le contourner au sud; mais il vers Iesquelles serpente, indécis et ari
n'en etait résultéaucun agrandissement de, l'étroit sentier par où la critique
du cercle dans lequel demeuraient ren introduit ses adeptes dans le sanc
fermées les notions en circulation par tuaire de la vérité? Non : sachons nous
mi les Grecs et les Romains, dont les garder de cette faiblesse inopportune;
traditions constituent pour nous l'an amant assionué de la déesse qui cache
tiquité classique. au fon d'un puits sa nudité pudique,
jetons un voile discret sur les luttes
SITUATION E1‘ GRANDEUR DE L'AFRI persévérantes au prix desquelles s'a
QUE DANS LE MONDE CONNU DES chètent ses- faveurs, sachons garder
ANCIENS. pour nous le secret de ses charmes, et
Quelle place était attribuée à l'Afri ne livrons à des regards profanes que
que, ou plutôt à la Libye , ainsi que ces contours vulgaires qu'il leur est
la dénommaient les Grecs, dans le donné
La 5 denthèse,
contempler.
résumant pour les uns V
monde géographique des anciens? Ce
n'est point d'un mot qu'on peut répon les mu tiples souvenirs d'une savante
dre à une question posée en des termes étude, esquissant pour les autres les
aussi larges; car ce monde antique, traits saillants d'un sujet encore ina
au sein duquel nous voulons chercher bordé, nous vient en aide ici pour ré
le site et les proportions de la Libye, duire à ses phases‘ principales la grande
ce monde fut variable au gré des siè question que nous nous sommes posée.
cles et des systèmes plus ou moins Tous les. monuments de la éogra
empiriques ou scientifiques des oëtes phie ancienne se peuvent, en et‘ et, dis
et des historiens , des géograp es et tribuer en cinq catégories successives,
des philosophes. Il faut donc parcou auxquelles s'attachent autant de noms
rir toute la série des monuments de célèbres pour les caractériser. D'abord
la géo raphie ancienne, pour détermi apparaissent les poètes, au milieu des
ner d' ge‘ en a e les conditions et la quels brille Homere; puis se montrent
solution, tout a la fois, du problème les historiens, avec Hérodote à leur
que nous venons d'énoncer. tête : c'est ensuite le tour des géogra
Entreprendrons-nous ici une pareille phes descriptifs, entre lesquels nul n'é
tâche; et cédant à l'attrait de cette cu gale Strabon; après eux viennent les
géographes mathématiciens, tous ma.
rieuse étude, féconde en laborieuses
4‘ Livraison. (Armous aucmuvn.‘ ‘ ‘
.50 L’UNIVERS.
gés autour de Ptolémée; enfin , la dé nord et le sud sont certainement dési
cadence romaine nous présente les gnés par Homère comme le côté de
itinéraires , notices, dictionnaires, et Borée ou de l’Aquilon et le côté de
cosmographies, fastidieuses mais oh Notos ou de l’Autan. Plus tard on ap
les compilations , dont les pluq impor pliqua aux deux segments les noms
tantes ont eu pour rédacteur Lthicus : d’Europe et d’Asie; mais le oëte ne
c’est encore de la géographie ancienne, connut ces deux noms que dhns une
mais c’est déjà le moyen âge de la acception beaucoup plus restreinte ,
géographie. inscrivant celui d’Europe entre le Pé
loponèse et les Iles (*),et celui d’Asie
CONTBÉES LIBYENNES comparses à l’embouchure du Kaystre (“'), tout
DANS LE DISQUE rnanssran n’no près d’l'lphèse.
Mime. Dans lhémicycle septentrional s’e
Le Planisphère homéri ue, dont le tendaient jusqu au limbe océanique, au
fleuve Océan déterminait e circulaire delà des Mysiens de la Thrace et des
contour, représentait la terre comme peuples hip omolges, les Cimmériens,
un disque , au centre duquel s’élevait dans lesque s l'ethnologie moderne est
l’Olympe, et que traversait, du cou tentée de retrouver les ancêtres de cette
chant 3 l'aurore , une zone tracée par puissante race celtique dont les restes
la mer Intérieure depuis les sources de portent encore le nom de Cymris.
l’Océan jusqu’au Phase. L’orbe terres Dans l’hémicycle austral, sur les
tre se trouvait ainsi coupé en deux se bords de la mer Intérieure, après la
ments, pour lesquels le divin rhapso e Colchide, la Troade, les Cariens, les
n'avait point encore de noms propres Lyciens , les Solymes, les terres qui
généraux. En vain Strabon, panegy s’arrondissent autour de Chypre, ‘la
riste, maladroit cette fois, de la science Phénicie et les Erembes, s’étend l’E
géographique d_’Homère_, affirme-t-il gypte , et enfin la Libye; et au delà,
que chez le poete l’hémicycle septen sur le limbe que baigne l'océan, les
trional est le côté des ténè res, l’autre Éthiopiens éloignés, divisés en deux
celui du soleil et du jour. Cette appli parts, l’une d’Orient et l'autre d’Occi
cation est plus ingénieuse ue vraie, dent. Ainsidans la mappemonde d’I-[o
et c’est folle de croire que e chantre mère, le disque terrestre , partagé en
d’Ulysse ait renversé l'ordre de la na deux moitiés inégales dont la plus
ture , qui a mis au levant l’aurore et grande était consacrée tout entière à
la source éternelle du Jour, au cou l’Europe, n’offrait plus qu’nn segment
chant les ténèbres et la nuit (*). Le amoindri pour l’Asie et l’Afrique en
semble; et quant à cette dernière en
' [I ‘C (ôçov-(änep ëe‘ri 1: c äpx'rov particulier, qui s’y trouvait reléguée
( ) 9:- al 85' -r' äv‘aufis npàç 15122’) 1" noté; ‘ce. au fond du couchant, il nous reste à
(510v 'rô vo'nov arlevpèv oiirm Xsyœv). examiner dans quelles proportions elle
Surnom, I. sur HORL, Odys, xx, 25. s’y trouvait comprise.
Il nous suffit d'opposer à cette explication Ménélas, qui passa huit années à er
celle qui ressort de cet autre passage d'Ho- ‘ rer sur des plages étrangères avant de
mère (Odyssée, x, 191).
‘Q qaüot, oi’qip ‘r’ ‘iôuev 61m lôtpoç, oùô’ jânç, Nous n'avons pas besoin de‘ nous étendre
008‘ 61m ñéhoç çaeaipôpotoç èîo" {me varan, ici davantage sur cette question.
066’ 51:11 âvveÎ-ran. (") ’Hp,‘sv ôool llslonôwnoov nietpaw Exon
Nous ne doutons pas que la véritable ow.
traduction ne soit celle-ci: « 0 mes amis , ’Hô’ ôaoi Eùpu'rlmv 'te nazi àprptpû‘raç
xa'rà v'ño'ouç.
u nous ne savons plus où sont l'obscu
« rité (l'occident), ni l'aurore (l'orient), m le Horaires, Hymne à Apollon, 250.
u côté où le soleil lumineux fait sa route au ("*) ’Ao'iap êv ketpaîm, Kaûcrpiov âprpi .
a dessous de la terre (le nord), ni le point où péafipa.
a il culmine au»dessps d'elle (le midi). » Hom‘ma, lliade, 11,461.
GÉOGRAPHIE D‘BOMÈRE
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GÉOGRAPHIE
DE
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AFRIQUE ANCIENNE. 55
parée par le Nil, la mer Egée, la Pro dre que le double de cette quantité.
ontide, le Pont-Euxin, la Méotide et Quelle portion de l'Afrique actuelle
e Tanaïs, en deux fractions conoîdes, se trouvait comprise dans ce triangle
l'une orientale et formée tout entière ou ce trapèze? On ne peut se dissi
par I’Asie, l'autre occidentale et répu muler qu'elle était peu étendue. Le
tée Europe dans son ensemble, mais point extrême auquel on fût parvenu,
subdivisée par la Méditerranée en sur la côte orientale , était le promon
deux parties, savoir, au nord l’Europe toire appelé Corne du Sud, qui semble
proprement dite, et au sud la Libye. ne pouvoir être cherché plus loin que
Celle-ci com tait donc toujours pour le Râs-el-Kheyl , vers le huitième
un quart, p us ou moins, du monde degré de latitude nord. Sur la côte
habité; mais elle était annexée à l’Eu occidentale, on connaissait les iles
rope au lieu de l'être à l'Asie. Elle Fortuuées, situées à_ une médiocre
offrait, au sur lus, la fi ure d'un trian distance des extrémités de la Mauri
gle rectangle ont le Ni et la Méditer tanie , après la uelle étaient les Éthio
ranée traçaient les deux côtés mu piens du couc ant, limitrophes des
tuellement perpendiculaires, tandis états de Bocchus: on ne s'avançait
que l'océan en baignait l'hypoté donc'guère au delà du cap Noun , et
nuse; quelquefois aussi on la regar les Canaries étaient le dernier terme
dait comme un trapèze, sans doute que l’on atteignit. Dans l'intérieur
parce que le retranchement du Delta es terres , on n'avait que des notions
égyptien mettait en évidence un qua très-vagues sur ‘la région montagneuse
trième côté dessiné par la branche et déserte occupée par les Gétules et
Cano ique du Nil. Le sommet aus par les Garamantes, au delà desquels
tral e cette figure se prolongeait sous on pouvait, en neuf ou dix jours,
la zone torride, et ton n'en parlait arriver chez les Éthiopiens répandus
que par conjecture _: d'Alexandrie à sur les bords de l'océan : d'où il suit
Méroé, capitale de l’Ethiopie, on me que cet Océan était censé passer à une
surait dix mille stades environ, et de centaine de lieues tout au plus de
là jusqu'à la limite commune de l'IE Germa, et non loin des limites méri
cumène et de la région torride, encore dionales du Fezzan.
trois mille stades; en sorte que la plus Au surplus, la disposition que l’on
grande largeur de la Libye se pouvait
estimer à treize ou quatorze mille sta inévitablement tres-défectueuses dans un
des (*); sa longueur était un peu moin âge où l'on n'avait que des instruments très
imparfaits, déterminèrent, sur le méridien
_ (') Le stade, de 600 pieds grecs, ou 625 céleste, la mesure apgulaire de l'arc com
.pieds romains, équivalait précisément à pris entre le zénith d’Alexandrie et celui de
un huitième de mille romain , ce qui revient Syène, à un cinquantième environ de la
à un dixième de mille géographique. circonférence totale; et comme la mesure
Le tour de la terre, pris sur un de ses itinéraire de ces deux points était à peu
grands ‘cercles, était estimé 252,000 sta près de 500 stades, on en conclut très-logis
des : c'était un sixième de plus que la me quement que la circonférence à laquelle
sure généralement admise aujourd'hui. (‘vos appartenait cet arc contenait en totalité
sellin a eu la singulière prétention d'établir 252,000 stades, ce qui donnait 4200 stades
que les anciens connaissaient la Véritable par soixantième de cercle, comme comptait
mesure de la terre, et qu'ils en avaient Eratosthènes. ou 700 stades par degré; tandis
déduit la valeur exacte du degré, à laquelle qu'en réalité le degré terrestre ne valait que
était subordonnée la longueur du stade : 600 stades.
c'est renverser l'ordre naturel des idées, et D'autres mesures ayant fourni ultérieu
méconnaître les leçons journalières de l'ex rement des bases différentes, on attrihua
perience. au degré terrestre une longueur de 500 sta
La division du cercle en parties aliquoles des seulement: c'était une erreur en sens
susceptibles d'une mesure angulaire était contraire, puisqu'on restait d’un/ sixième
enseignée par la théorie; des observations, au-dessous de la vérité.
.g.
56
attribuait à notre Écumène n'était inconnus à cause de l’insu portable
as exclusive de l'existence d’autres chaleur de la lage intermé iaire; et
erres habitables. L’école d’Aristote il lui paraît tres-vraisemblable que le
avait dès longtemps proclamé que no .Nil a chez eux sa source, d’où il se
tre monde était, au sein de l’Océan , rend dans notre hémisphère par des
une grande île, la seule que nous voies souterraines , apportant chez
Eussions voir, mais que, vraisembla. nous , dans ses crues d'été , l'eau
lement, d’autres îles, les unes plus des pluies hivernales de l’hémisphère
grandes, les autres plus petites, émer austral. Telle est la vague notion que
geaient de l’immense Océan en des l'on se formait alors de la portion uI
parages éloignés de nous : et comme térieure du continent africain ; et
,Eratosthénes affirmait que, si la gran Pline, tout en croyant aux circumna
deur de l’Atlantique n'y faisait obsta vigations de Hannon, d’Eudoxe et de
cle, on pourrait naviguer à l’ourst quelques autres, n’en considérait pas
depuis l’Espagne jusqu’à l'lnde, Stra moins toute communication entre les
bon objectalt qu'une ou plusieurs deux zones tempérées comme imprati
terres habitables pouvaient occu er la cable à cause de l'ardeur du soleil.
zone tempérée à travers lequel e eût
dû s’accomplir cette navigation ; Chris LA LIBYE DANS LA HÀPPBHONDE
tophe Colomb, à dix-sept siècles de DE PIOLEHEE.
distance, artit d’Espagne pour na
viguer à ‘occident Jusqu’à l'Inde, Ptolémée fut l’éditeur d’une nou
comme le voulait Eratosthènes; il velle théorie géographique empruntée
rencontra sur sa route l‘Écumène en majeure partie à Marin de Tyr, et
nouvelle prévue par Strabon. où se réflétaient aussi probablement
Pomponius Méla, plus jeune que quelques-uns des résultats énoncés par
Strabon de quelques années, se pré Hipparque. La Libye ne fut plus une
occupa moins de l'existence possible simple annexe. soit de l’Asie comme
de plusieurs mondes sous une même aux siècles d’flomère ou d’Hérodote,
zone, que de l’existence, à eu près soit de l‘Europe comme au siècle de
certaine pour lui, d’un mon e habité Strabon; sa grandeur relative avait été
sous la zone tempérée opposée à la reconnue , et elle prenait rang en con
nôtre; aussi expose-t-il que la masse séquence immédiatement après l’A
des terres émergées de I’Océan est sie, et avant l’Europe. L’Océan ne la
partagée ar la zone torride en deux terminait plus au nord de l'équateur
côtés ou émisphères, dont l’un est pour rejeter loin d’elle la terre des
habité par nous ,_ l'autre par les Antichthones : on eut le mérite de
Antichfhones (*), lesquels nous restent savoir ignorer ce qu'on n’avait pas
vu, et l’on ne craignit pas d'avouer
(") Déja Hipparque avait soupçonné que qu’au nord et à l'est de l’Asie atte
la Taprobane pouvait bien être le commen naient des terres inconnues, qu'à
cement de cet autre monde, que Manilins l’ouest et au sud de la Libye atte
avait également signalé dans ses vers : naient pareillement des terres incon
u Terruum forma rotunda. nues. Mais on ne s’arrêta malheureuc
1 flanc eireum vlriæ genres huminum atque ferlrum sement point là : et cette terre incon
u Aeriæque colunt volucres. Pars cjus Id arclos
1 Emineuaustrinîs pus esl habitabilis oril.
- Sub pedibuaquc jlcet nostris, supraque videtur u Altera pars orbis sub aquîs jacet invia nnbis
I lpla sibi filleule solo declivia longs « lgnotæque bominum genres, nec lransita regna,
« Et puîler sursaute via, pariterque cadenle. - Commune ex une lumen ducenlia sole,
« llinc ubi lb nccuu nostros sol aspicît ortus, « Divcrsnsque umbrns, lævaque cademia signa,
a lllic orta dieu sopitu exciut urbeis. u Et dcxtros orlus cœlo speclanlin verso.
« Et :um lune refert operum vadiiuonia terril: Elc.
‘I Nos in nacre sumul, lomnosque in membra loch Idem, ibinlem, l, 432 sqq.
mm. « At lîhi, qnæcumque es, libyco gens igne diremla,
1 l‘unnv. ntrmque suis disringuit el alligat undis. « In Nmon umbra cadit, que: nobis exit in Arctonw
Murmure, lslmnomiqun, l, 134. Lvcun, Pharmlr. [X, 548.
A FRIQUE ANCIENN E. 51
nue du sud , ou se trouvait renfermé et plus étendue des contrées de la ter
le pavs d’Agas mba, on la contourna re, ainsi que cela arrive encore jour
vers l'est, para lèlement à l'Asie, pour nellement pour les régions peu ou mal
enfermer entre elles , comme une au connues; elle a supposé, dis-je, que
tre Méditerranée, la mer des lndes, la géographie positive a été ortee,
désormais séparée de l'océan , qui se dans des temps primitifs et ou liés, à
trouvait ainsi repoussé au delà des un degré de perfection qui a produit
terres inconnues. ‘La mappemonde de d'excellentes cartes , défigurées ensuite
Ptolémée, dont le cadre n’embrasse par l'ineptie des géographes grecs ou
que les parlies connues de notre globe, roznains de notre connaissance. Alors
ne ‘représente point dès lors l'orbe 0 '- se pose le problème de deviner
terrestre tout entier ; mais les cosmo comment Ptolémée a mal compris telle
graphes arabes, qui le prirent pour donnée très-juste du géographe primi
modèle au moyen âge ,‘ nous en don tif, comment il s'est mépris sur telle
nent un dessin complet. autre donnée non moins parfaite, et
par quelles corrections on rétablira
Étendue et formés générales du tout cela dans l'état où Ptolémée au
monde connu de Ptolémée. rait dû le laisser. Ce fut, à la fin du
siècle dernier et au commencement de
I au Le monde
sud, une connu
largeurembrassait,
de 40,000 du nord,
stades celui-ci, une œuvre glorieuse et vantée
que cette restitution fantastique de
et une longueur de 72,000 stades sous toute la géographie positive des anciens.
le parallèle de Rhodes , auquel se rap Le temps est venu d'en faire justice.
ortaient la plupart des mesures en Les erreurs de Ptolémée sont de
ongitude. Ptolémée , qui avait déduit deux sortes , et_ révèlent elles-mêmes
de quelque mesurage particulier une leur double origine : les unes existent
valeur de 500 stades pour la grandeur uniquement dans la graduation de sa
d'un degré du méridien, comptait donc carte. e.’ proviennent d'une fausse base
pour sa mappemonde quatre-vingts de cale‘ l pour la transformation , en
degrés de latitude entre le parallèle degrés. des mesures comptéés en sta
trans-équatorial opposé à celui de Me’ des; le degré de latitude vaut réelle
roé, d'une part, et le parallèle de ment 600 stades, et Ptolémée l'a éva
Tulé d'autre part; et il comptait, d'a lué à 500; le degré de longitude sous
près la‘ même base de calcul, cent le parallèle de Rhodes vaut réellement
quatre-vingts degrés de longitude en 485 stades. et Ptolémée l'a évalué à
tre le méridien des îles Fortunées et 444 : voilà de véritables méprisés, qu'il
celui de Thines, capitale des Sines est aisé de corriger en revenant aux
ichthyophages. mesures en stades qu'il a ainsi trans
L'erudition moderne, frappée de l'er formées; et cette correction faite, on
reur énorme qu‘offrait cette extension aura la carte fidèle du monde tel que
des latitudes et des longitudes, s'est ‘l'a connu le siècle de Ptolémée.
grandement préoccupée d'en recher Les erreurs de la seconde ‘espèce
cher les causes afin de restituer, tiennent à l'imperfection inévitable
comme on dit, la carte de Ptolémée; dans les observations» et dans les cal
mais la science moderne est si ingé culs de réduction des itinéraires : il
nieuse, si subtile, qu'elle a imaginé ne nous appartient pas d'y toucher , à
de merveilleuses explications, dont le moins de vouloir substituer arbitrai
seul défaut est d'être en contradiction rement, par un capricieux tripotage ,
avec les procédés naturels aussi bien aux connaissances de Ptolémée, le
qu'avec l'histoire de l'esprit humain. résultat de nos élucubrations pour les
Elle a supposé que la géographie posi‘ faire cadrer avec celles que nous pos
tive des anciens, au lieu de s'améliorer sédons aujourd'hui (*).
successivement par de lents progrès,
dus à une exploration plus attentive (') La restitution de Ptolémée d'après les
58
Cependant, après nous être rendu matériaux réunis et discutés en érudit
compte des formes sous lesquelles on par Marin , afin d'en soumettre la
se représentait la Libye, au temps de combinaison et l'emploi à une révision
Ptolémée, il convient d’examiner dans scientifique. Quoi qu'il en soit, nous
quelles limites réelles se trouvaient pouvons , à défaut du témoignage for
renfermées les notions alors acquises. mel de Ptolémée, qui nous manque
Là, encore, grand conflit entre les souvent, reconnaître par l'inspection
géogra hes critiques; les uns prolon attentive des noms géographiques, et
eant ort loin , les autres restreignant de l'ordre. dans lequel ils se succèdent
l’excès le terme des connaissances sur sa carte, à quels documents Ma
anciennes: pour les cas qui, sans rin les avait empruntés. Ainsi, pour
se plonger dans toutes es profondeurs la côte orientale de la Lib e, il avait
de ces graves uestions, veulent our pris pour guide quelques periples de la
tant sortir de ‘indécision qui 1- sulte mer Érythrée, analogues à celui qui
de telles dissidences, le procédé com nous est parvenu sous le nom d’Ar
mode des moyennes peut les tirer rien; pour la côte occidentale, il s'é
d‘embarras: In medio virtus, dit le tait servi du célèbre ériple de Hannon,
proverbe, et les proverbes sont la sa d'une date bien ant rieure à Strabon ,
gesse des nations. Eh bien, ce mode mais resté inconnu à celui-ci: quant à
facile de vider sans examen un grand l’intérieur des terres, Marin avait pro
litige scientifique , peut s'appliquer ici bablement employé les itinéraires four
avec tant de succès, que la critique la nis par les expéditions militaires de
plus rigoureuse en confirme les ré Caius Suetonius Paulinus (*) , au delà
sultats. > de l’Atlas occidental jusqu’au fleuve
Comme la mappemonde de Ptolé Gir, et de Lucius Cornelius Balbus (**)
mée nous offre, a peu de chose près, dans la Phazanie , l’un et l‘autre indi
dans leur extension la plus développée, qués par Pline; et nous apprenons de
les notions recueillies par les anciens Ptolémée lui-même que, pour les po
sur la géogra hie de la terre , et parti sitions les plus avancées, Marin avait
culièrement e la Libye , nous ne pou fait usage des routes de Septimius
vons nous dispenser d’exposer ici, Flaccus (***) et de Julius Maternus au
pour le continent auquel est consacré sud de Garama: nous ne connaissons
cet ouvrage, le résultat général des point autrement les détails de ces deux
explorations avancées au moyen des nouvelles expéditions , et la date même
quelles s’était agrandi le cercle des de la dernière est incertaine.
connaissances constatées par Strabon. Vérifions successivement jusqu’où
Ce n’est point Ptolémée lui - même ces documents divers peuvent nous
qui avait rassemblé les documents iti conduire , tant sur les côtes que dans
néraires employés à la construction de l’intérieur du continent africain, tel
sa carte: ce travail de recherches avait que nous le connaissons aujourd’hui.
été accompli par son prédécesseur, Et d'abord, examinons le périple de
Marin de Tyr, qui avait déjà mis en la côte orientale.
circulation deux éditions de son livre
et de sa mappemonde, et qui était Limite des connaissances anciennes
mort avant d’avoir pu mettre la der sur la côte orientale.
nière main à la troisième édition qu’il
préparait. Le savant d’Alexandrie sc Au sortir du golfe Arabique , auquel
orna à reprendre en sous-œuvre les nous restreignons à présent la déno
bases de construction fournies par les ob (') Consul en l’année 66 de notre ère.
servations modernes, peut procurer quel (") 'l‘riompbateur en l'année 19 avant
ques résultats de détail d’une application ‘l'ère vulgaire. «
utile; mais' ce ne peut être ici le lieu d’en ("') Sous Domitieu, en l'année 87 de
exposer les procédés ni la portée. notre ère.
AFRIQUE ANCIENNE.‘ . 59
mination de mer Rouge. ou se diri point à se produire ici. Cette route
geait à l'est, le long de la côte, jus était donc, en totalité, de quinze mille
qu'au cap des Aromates, pointe la plus stades , et la direction en était au sud
orientale de la terre-ferme, et répon ouest , tandis que celle des Rhaptes au
dant dès lors, sans conteste, à ce qu'on Prason se dirigeait au sud-est.
appelle maintenant le cap Gharda ‘Telles sont les données que l'anti
fouy. ou plus exactement Râs’Aseyr. quité a fournies aux élucubrations des
De là, navi uant au sud, ou contour. modernes: les uns, comme Henri Ja
nait une c ersonnèse ou presqu'île cobs, ont hardiment poussé le Prason
pour gagner le comptoir d’Opone; on jusqu'au cap de Bonne-Espérance; le
dépassait ensuite une double apocope plus grand nombre, et avec eux le
ou échancrure, terminée par un cap docteur William Vincent, a qui l'on
appelé Corne du Sud; puis on lon doit un savant commentaire sur le pé
geait une petite côte et une grande riple de la mer Érythrée, se sont dé
côte, on faisait escale aux mouillages terminés pour Mozambique, faisant
de Sarapion et de Nicon , on trouvait répondre le comptoir des Rhaptes à
encore plusieurs embouchures de riviè Quiloa, et le promontoire de même
re ou ancrages, et l'on atteignait enfin nom au cap Delgado. Gossellin, qui
la rivière, le comptoir et le cap des semble avoir eu pour système d'écour
Rhaptes ou barques cousues, limite ter sans pitié ni mesure le monde
ordinaire des navigations commercia connu des anciens, ne fait aucune dif
les en ces parages. Depuis les Aro ficulté de colloquer à Brava le cap
mates jusqu'au voisinage des Rhaptes, Prason , et dans le torrent hivernal de
le pilote Diogène avait mis vingt-cinq Doara le fleuve et le comptoir des
jours d'une marche continue; tandis Rhaptes , sans s'inquiéter en rien du
que le pilote Théophile, favorisé par gisement de la côte intermédiaire, qui
le vent du sud , n'avait mis que vingt se continue au sud-ouest au lieu de
jours depuis les Rhaptes jusqu'aux faire retour vers le sud-est.
Aromates, estimant à mille stades cha Entreces déterminations dissidentes,
cune de ses journées de vingt-quatre nous avons une m0 cune, appuyée du
heures. Marin de Tvr jugeait cette es grand nom géograp ique de D’Anville,
time fort raisonnable; néanmoins il qui sans doute n'est pas infaillible,
n’évaluait qu'à cinq mille stades, quoi mais dont l’admirable sagacité est bien
qu'clle eût employe bien des jours, la rarement en défaut, alors surtout
navigation du pilote Dioscore au delà qu'aucun des éléments de solution ne
des Rha‘ptcs ius u'au promontoire Pra lui a manqué. Pour lui, qui d'abord
son , terme le p us éoigné des recon avait adhéré à l'opinion générale, mais
naissances vers le sud: la variabilité qui modifia ses premières idées après
des vents ne permettait pas une route un examen plus ri oureux de la ques
assez directe pour autoriser une éva tion , pour lui, is-je, les Rhaptes
luation plus considérable. doivent coïncider avec Paté , et le Pra
Ptolémée s'enquit lui-même, auprès son avec le cap Delgado : nous ne pou
des mariniers pratiques de ces parages, vons, ce sera le, que nous ranger à
de la distance qu'ils calculaient entre son avis, puisque son explication se
les Aromates et les Rhaptes; cette na plie , aussi bien ne celle du docteur
vigation équivalait à trente journées Vincent, aux con itions de détail du
de douze heures, soit de jour, soit de périple ancien et des tables de Ptolé
nuit , qu'on devait estimer à quatre ou mée, tout en se renfermant dans les
cinq cents stades chacune. Ce résultat limites les plus restreintes où se puisse
est précisément celui qu'offrait dé'à le encadrer la double direction de la côte
périple spécial de la mer Eryt rée au sud-ouest jusqu'aux Rhaptes , puis
connu sous le nom d’Arrien (antérieur au sud-est depuis les Rhaptes jusqu'au
de quatre-vingts ans à Ptolémée), sauf Prason.
quelques dissidences de détail qui n'ont La chersonnèse immédiatement
80
apfis laquelle vient le comptoir d'0 et son étude fut de restituer en con
pone, ne peut, dans toutes les hypo séquence cette partie du littoral : le
thèses, étre méconnue dans la pres promontoire Arsinarion ou 'Ryssa
qu’ile vulgairement a pelée, sur nos dion, identifié avec le promontoire
anciennes cartes, cap 'Orfui, et plus Gannaria d'une part, et avec celui
exactement‘désignée aujourd'hui sous d'Hercule d'une autre part, fut placé
la dénomination indigène de Ras-Rha au cap de Ger; la Corne du couchant,
foun, qui semble conserver'ïguelque identifiée avec le romontoire du grand
trace de l’anti ce nom d'Opôn Atlas, fut étable au cap Noun; le
L'île Menut ias, inscrite dans les fleuve Masitholos, confondu avec le
tables de Ptolémée au nordeest du Pra. fleuve Nia d'une part, et avec le fleuve
son, a étéspécialement considérée, Nouios d'autre part, fut représenté
et les partisans de l'hypothèse la plus par le fleuve vulgairement appelé au
arge. comme un indice de la grande Jourd'hui Ouédy Noun; et l'hypodro
île de Madagascar; dans la pensée de me d'Ethiopie trouva sa place non loin
D'Anville; cest de la moderne Zanzi de l'embouchure.
bar qu’il s'agit. Nous aurons à revenir Aucune des h pothèses que nous
sur ce sujet dans la partie de cet ou. venons de sitgna er ne résout d'une
vrage où nous traiterons spécialement manière satis aisante la question pro
des lles africaines de la mer Érythrée. posée : toutes pèchent par labase, en
ce qu'elles ont toutes négligé, pour la
Limite des connaissances anciennes détermination du promontoire Ar
sur la cote occidentale. sinarion, une condition essentielle,
Transportons-nous maintenant sur résultant des tables mêmes de Pto
la côte occidentale. pour détermi lémée, savoir, de se trouver préci
ner aussi le point d'arrêt es notions sément par le travers des îles Fortu
de Ptolémée. Le trait saillant de ces nées, que représentent de nos jours
longs rivages que le géographe alexan les îles Canaries. Le cap Boyador seul
drin tracejusqu’à cinq degrés seule est justement ainsi placé : voilà donc
ment de distance de l'équateur, c'est le véritable cap Arsinarion; et tout à
le cap Arsinarion, qui s'avance consi côté s'élève la Penha-Grande, on le
dérablement à l’ouest, et après lequel grand Rocher des premiers explora
s'ouvre le golfe Hespérique, c'est-à teurs portugais, pour représenter le
dire occidental, où l'on remarque suc promontoire Ryssadion. La Corne du
cessivement un promontoire appelé couchant 'semble se retrouver dans le
Corne du couchant, l'embouchure du cap du Lagedo ou pavé, au sud du:
fleuve Masitholos qui vient de la quel s'ouvre le fameux Ilio do Ouro,
montagne nommée Char des Dieux, ou fleuve de l'Or, visité au quator
et enfin l'hypodrome d'Éthiopie, ex zième siècle par les marins de la Mé
trémité des terres connues dans cette diterranée, et ni répondrait au Masi
direction. , tholos de Ptol mée'; enfin, l'hypodro
Pour un ‘grand nombre d'érudits‘ me d'Ëtbiopie viendrait se placer dans
du siècle dernier. le golfe Hespériql's la petite anse innommée qui précède
n'était ‘autre que la rande mer de I’Angra de Gonçalvo de Sintra.
Guinée, et la Corne n couchant ré Telle est la synon mie géographique
pondait au; cap des Palmes. D'An à appliquer aujour ‘hui, dans notre
ville trouva que le promontoire Arsi opinion, aux points les plus avancés
narion était évidemment représenté de la côte occidentale d'Afriq’ue dont
par le cap Vert, et le Char des Dieux ait fait mention Ptolémée. Cest jus
ar les montagnés de Sierra-Leone. que-la que s'était prolongée la navi
ossellin pensa tout autrement; il crut gation devflannon, aux temps de la
découvrir que Ptolémée avait répété splendeur de Carthage; mais l'ltalie
jusqu'à trois- fois, bout à bout, une et la Grèce'n'eurent qu'une révélation
même série de points géographiques, tardive de ces explorations puniques, et
AFRIQUE ANCIENNE. 6l
Pomponius Mela semble étrele premier trême limite de nos connaissances sur
qui en eût employé les résultats dans l'Afrique centrale, et la géographie
un ouvrage géographique. Le roi J uba vulgaire s'est même emparée du nom
le jeune les avait sans doute mis en de Niger pour l'appliquer au fleuve le
circulation; mais il ne paraît pas que plus considérable de ces arages, ce
les reconnaissances nautiques exécu ui-là même dont Laing, aillié, Mun
tées par ordre de ce prince eussent go-Park et Lander ont découvert de
dépassé les Canaries, et c'était. encore, notre temps quelques fractions suc
probablement, sur la seule foi de Han cessives.
non, qu’après un intervalle de six siè Il y a pourtant bien loin de là aux
cles , Marin de Tyr et Ptolémée indi notions réelles des anciens. Chez Pto
uaient sur leurs cartes la côte qui se lémée, le Nigir et le Gir sont deux
éveloppe au delà des iles Fortunées. fleuves, presque connexes, mais cepen
Nous examinerons dans son ensem dant distincts, le premier occupant la
ble et ses détails cette expédition de région de l'ouest, le second celle de
Hannon, le long des côtes libyennes, l’est. Quant au premier, son cours est
à l’île de Kernè et aux îles Gorgades, compris entre les montagnes Mandron
en traitant, dans la suite de cet ou. et Thala, d'un côté, Sagapola et Ou
vrage, des îles africaines de l'océan sargala de l'autre : celles-là au sud,
Atlantique. celles-ci au nord. Quant au second, il
est compris entre le même mont Ou
Limite des connaissances anciennes
sargala et la vallée Garamantique. Or,
dans I‘interieur. ce mont Ousargala, dont le nom se
Maintenant, c'est dans l’intérieur trouve mêlé à la description du cours
des terres, dans ces régions si peu de ces deux fleuves, est justement
connues à nous-mêmes, que nous aussi le point de départ du Bagradas, le
avons à chercher la limite es explo fleuve de Carthage, et il serait dès lors
rations romaines et des notions re complètement superflu‘ de chercher
cueillies par Marin de Tyr et Ptolémée. d’autres preuves que les deux cours
Des rivières, des montagnes, des d’eau signalés par Ptolémée dans la
noms de contrées et de peuples, occu Libye intérieure, ont leurs sources
peut le vaste espace compris entre les au revers de l’Atlas, et coulent au
deux côtes dont nous venons de véri nord du grand désert : et l’on peut
fier l’étendue : le Nil , avec ‘ses sources juger par les noms de quelques peu
remontant jusqu’aux montagnes de la plades indiquées au delà du Gir et du
Lune, est trace dans la partie orien Nigir, telles que les Dolopes, les As
tale. De ce côté, si le cours supérieur tacures, les Mimaces, les Nabathres,
de ce fleuve n’est pas une délinéation inscrites en même temps sur le ver
fantastique et conjecturale, les con sant boréal de l’Atlas, qu’il ne s'agit
naissances des anciens ont été pous en définitive ici que de la région atlan
sées plus loin que les nôtres; il fau tique. ' ,
drait avouer. dans tous les cas, qu’ils Puis vient l’Ethiopie intérieure, où
étaient aussi instruits que nous sur se trouvent l'éléphant, le rhinocéros
la région du haut Nil. et le tigre : on n’y voit figurer aucun
Deux autres grands fleuves, le Gir nom de peuple, mais seulement quel
et le Nigir, serpentent en lusieurs ues montagnes, et la grande contrée
rameaux sur le reste de la Li ye inté ‘Agasymba, après laquelle tout est
rieure, et c’est même à la région qu’ils absolument inconnu. Nous savons que
arrosent qu'est spécialement restreinte ces vagues notions étaient le résultat
cette dernière dénomination. On a des expéditions de Septimius Flaccus
beaucoup disserté sur la question de et de Julius Maternus. Le premier,
savoir quels fleuves modernes repré dans une campagne de trois mois,
sentent ces deux grands cours d'eau: était allé de chez les Garamantes
ou les a longtemps cherchés à l’ex chez les Éthiopiens du sud; l’autre,
62
parti de Garama et de la Grande Lep heures de la nuit '(*). Que dis-je? la
tis, avec le roi des Garamantes. pour rotondité même n'est plus une condi
marcher droit au sud contre les Éthio tion des représentations graphiques;
piens, avait, dans l'espace de quatre et le moine grec Cosmas, surnommé
mois, atteint la contrée d'Agasymba; Indicopleustes ou le navigateur in
mais, remarquait Ptolémée, il s'agis dien ,jnscrit sa mappemonde dans un
sait des Éthio iens limitrophes des parallélogramme, sur la marge duquel
Garamantes, tendus à l'ouest et à reparaît , au delà de l'océan, la terre
l’est aussi bien qu'au midi, etl’on n'en ,‘des Anttchthones de Méla , offrant à
rapportait d'ailleurs aucun renseigne e l'orient le paradis terrestre, où se
ment digne d'intérêt. Nous onvons -voient les sources non-seulement du
mesurer là-dessus la valeur es con Gihon ou Nil , comme l'avait énoncé
naissances acquises jusqu'alors sur le géographe romain, mais aussi de
l'Afrique centrale : elles se rédui l'Euphrate, du Tigre et du Physon.
saient à quelques vagues indices des Dans les œuvres du moyen âge pro
peuples noirs qui bordent le Fezzan prement dit, se reproduisirent ces
par le sud, c'est-à-dire, des Tibbous tantastiques délinéations du monde
de nos jours. connu des anciens. Les disques offrant
un hémicycle et deux quartiers se re
Connaissances géogra niques posté trouvent nombre de fois; les Anglo
fleures à Pto mee. Saxons, à l'autre bout de la terre, ont
Après Ptolémée, la science de la aussi laissé leur parallélogramme, ana
terre subit une révolution nouvelle: logue à celui de l'indicopleustes Cos
alors commence une époque de tran mas; quelques traces de la terre des
sition où la géographie, s'appliquant Antichthones se montrent sur de rares
encore à la période ancienne de l'his mappemondes orbiculaires, dans les
toire du monde, se rattache par ses conditions indiquées par Méla; puis
formes aux siècles ultérieurs : ainsi apparaissent les planisphères arabes,
que nous l'avons dit plus haut, ce ou percent, à travers l'impéritie de
n'est point encore la géographie du l'art le plus naïf, les enseignements de
moyen âge, mais c'est déjà le moyen Ptolémée , et son système du prolon
âge de la géographie. ement‘de l'Afrique à l'est pour en
Toutes les cosmographies latines ermer la mer des Indes comme une
sont désormais rédigées sur une base autre Méditerranée; ceux-là servirent
ui s'éloigne peu de ce principe fon de modèle aux cosmographes néo - la-_
amental, entouré
Àlairement que l’orbe
d'unterrestre, circu
océan continu, tins qui vinrent après eux, jus u'à ce
u’une subite lumière sur la v ritable
est diamétralement coupé du nord au orme de la terre détermina la brusque
sud par le Tana’is et le Nil, en deux transition de ces lanisphères grossiers
parties, dont la plus orientale s'ap aux mappemon es sphériques de la
pelle Asie , tandis que celle d’occident science moderne.
est séparée d'est en ouest par la Mé
diterranée en deux uartiers, l'un nn'suué mas NOTIONS mas ANCIENS
d'Europe , l'autre d'A rique. C'est un son L'unique.
retour grossier aux idées d'Ératos
thènes et de Strabon. La sphéricité de Ainsi , dans la revue historique que
la terre s'efface même, devant les scru nous venons de passer des phases'di
pules des Pères de l'Eglise; on rétro verses sous lesquelles se sont produites
grade jusqu'au disque plan d'Hérodote
et d'Homère; et le soleil, effectuant (') On retrouve l'exposition de ce sys
son cours du levant au couchant par 1ème au neuvième siècle dans le géographe
le midi pendant les douze heures de la anonyme de Ravenne, et son application
Journée, revient du couchant au le graphique beaucoup plus tard encore, dans
vant par le nord pendant les douze le Planisphère niellé du musée Borgia.
AFRIQUE ANCIENNE. 63
successivement les connaissances géo Rio do Ouro, par le nord du désert,
gra hiques de l'antiquité sur l'étendue le pays des Tibbous, et les sources du
et a répartition des continents ter Nil, jusqu'au cap Delgado voisin de
restres, parmi lesquels nous avions à Quiloa.
reconnaître la place réservée à l'Afri
que, nous avons vu, tour à tour, Ho‘ LIMITES DE LîAIfBIQUB ANcrnNNn
mère, donnant à l’Europe la plus grande DU cors D'Asuz.
moitié du disque, laisser lautre seg
ment à l'Asie , dont la Libye occupait Ptolémée, le premier, avait osé mar
l'extrémité occidentale; puis Hérodote, quer expressément la sé aration de
amoindrissant l"Europe, consacrer à l'Afrique et de l'Asie à l'ist me que les
l'Asie le segment le plus considérable, modernes ont aussi adopté pour limite
dans lequel la Libye avait la moindre définitive: Hérodote en avait déjà eu
part; ensuite Strabon, attribuant à la pensée . mais il ne l’avait pas impo
l'Asie toute la moitié orientale de l’Ecn sée d'autorité à ses contem orains et
mène sphéro'ide, donner l'autre à l’Eu à ses successeurs; aussi Ptolémée est-il
rope, en y comprenant la Libye comme forcé de la proposer lui-même comme
une annexe de moindre étendue, in une nouveauté, et d'en plaider les avan
dépendamment des terres extérieures. tages, sans parvenir toutefois à con
au nombre desquelles se range celle vaincre son siècle ni les géographes des
des Antichthones de Méla; nous avons âges ultérieurs: en vain il représenla
vu enfin Ptolémée, soudant la terre ne le Nil avait l'inconvénient de sein
des Antichthones aux extrémités con er I'Égypte , et d'offrir d'ailleurs une
nues de la Libye , agrandir celle-ci jus séparation moins tranchée et moins
qu'à lui assigner le second rang. après commode que le golfe Arabique; l'an
l’Asie et avant l’Europe, dans la dis; cienne routine prévalut. On se con
tribution des continents de l'Ecumène. tentait d‘échapper à l'inconvénient de
Après lui , la géowraphie rétrograde scinder l'Egypte et l'Ethiopie, en rat
vers l'imperfection (‘les âges antérieurs, tachant à l'Asie toute la rive gauche
et s‘enveloppe des langes de la barba de la vallée du Nil : cette vallée même
rie, d'où elle ne doit sortir qu'à la re devint plus étroite ou plus large au
naissance des lettres. gré des vicissitudes politiques qui an
Et ‘parallèlement à ces représenta nexaient à I‘Égypte une portion tantôt
tions contemporaines, sous lesquelles plus grande , tantôt moindre, de la li
les anciens formulaient à la fois leurs sière libyque limitrophe. '
connaissances positives et leurs théo Ainsi, tantôt c'était à l'embouchure
ries systématiques du monde habité, canopique du Nil, ou bien à Alexan
cherchant la portée véritable de leurs drie, ou encore au fond du golfe Plin
notions réelles, nous avons vu Ho thinète, tantôt à Parétonion, ou à
mère, mentionnant à peine quelques ‘ Apis, ou à Plynos, ou enfin au grand
îles libyennes de la Méditerranée , tout Catabathme, que l'on marquait, sur la
ignorer au delà du méridien de Car côte , le point de division de l'Asie et
thage; Hérodote n'a de renseigne de la Libye, continuant droit au sud
ments précis que sur une partie du lit leur ligne de démarcation. En un mot,
toral ; mais les informations plus vagues l'Egypte, avec ses dépendances, de
u'il avait obtenues suivaient la ligne meura fondamentalement annexée à
des Oases , et s’enfonçaient peut- être l'Asie , et le nom de Libye fut invaria«
même dans les terres jusqu'aux confins blement restreint, dans l'acception
ultérieurs du désert; la limite des con usuelle, a la_région africaine située à
naissances de Strabon, partant des Ca l'ouest de l'Egypte : les Arabes même,
naries, suivait la chaîne de l’Atlas, et dont Ptolémée fut pourtant le princi
passait au sud du Fezzan pour se ter pal guide, subirent néanmoins cette
miner au Ras el Kheyl; enfin , l'hori influence des vieilles habitudes ; et
zon de Ptolémée s'étendait depuis le comprenant le Messr, c'est-à-dire
r’"
M
l’Egypte dans le sella ou Orient,ils nègres proprement dits, qui se seraient
‘lirent, , ur représen’gr la Libye des avancés alors jusqu'au nord du désert.
miensfignom général de Maghreb soit qu’on les doive seulement regar
ou Occident. ' der comme une race basanée.
Il convenait donc. en traitant de A ces populations indigènes ou pré
P,“ ‘ ne ancienne, de n’y pas intro tendues telles, se vinrent mêler des
duim‘l'lgypte et le reste de la vallée élémeuts étrangers qui en modifièrent
du Nil, toujours considérés, dans l'an la composition intime et la distribu
tiquité, comme une division séparée , tion territoriale; c'est encore aux livres
et qui, dès lors , exigeaient une des de Biempsal que Salluste en a’ emprunté
cription à part, une histoire dis le récit. - Quand Hercule, dit-il , selon
tincte. les traditions africaines, eut péri en
Espagne , son armée , composée de
Divisions orioeannrquss m; L'A nations diverses, sans chef, en proie à
PIIQUI AIICIINII. des ambitieux qui s'en disputaient le
commandement, ne tarda point à se
Cette troisième partie du monde débander. Une partie, s'étant embar
connu des anciens n’a point gardé, dans quée, passa en Afri e: c’étaient des
le cours des siècles , une äclgttirizliî Mèdes et des Arméniens. qui s’établi
tion ' e constante de
mmsiîo’itnsqusœommoder . primeu e rent sur le littoral de la Méditerranée;
et des Perses , qui s‘enfoncèrent plus
sant les subdivisions de notre travail. loin. vers l'océan. Ceux-ci se lirent
D'abord on n’entrevoît d'autre distinc des abris de la coque renversée de leurs
‘tien quenelle des :J'ide'rodotet navires, à défaut de matériaux ne le
“d’a p rès“recueillies
les notions. qgalluste
‘il avait d'après
irec e sol ne leur fournissait pas, et qu ils ne
avaient tirer d’Espagne par voie
qu'il trouve consignées dans les ’achat ou d’échange, car l‘étendue de
l'wrespuniques de Bi‘empsal , concou la mer et la différence de langage s‘op
rent a nousnonncr une idée générale posaient aux relations commerciales.
de ia-sitoation primitive des popula Peu à peu ils se mélèrent aux Gétules
iem‘autochtlionœ, ou qu’ils rager par des mariages; et comme souvent,
tient de moins comme telles.’ sur tdtant le pays, ils étaient allés de place
toute l'étendue du littoral étant repan en place, eux-mêmes se donnèrent le
doe la race libyenne, à laquelle ce nom nom de Numides( i n’est qu'une au.
appartenait endpropre; depuis l’Egypte tre forme de celui de nomades). Au
üsqu’eu fond e la petite Syrte et aux temps de Salluste , les demeures de ces
rds du fleuve Triton , elle menait la Numides agrestes, appelées ma alia
vis errante des nomades; du Triton a en leur langue, avaient encore la orme
l'océan, elle était adonnée aux cul allongée et la courbure latérale d’une
turcs sédentaires. Derrière ces Libyens coque de navire. ‘
agriculteurs étaientcantonnés d’autres ‘aQuant aux Mèdes et aux Armé
nomades, peuples rudes et sauvages, niens, ils s’unirent aux Libyens, plus
däignés ‘sous le nom de Gétules, et rapprochés de la mer d’Afrique; tandis
‘ ne représentent peut-être les Berbers que'les Gétnles étaient plus au midi,
e nos jours : les traditions généalo non loin des ardeurs du tropique. Ils
gi nes de ces derniers, rapprochées de eurent bientôt des villes; car, séparés
ce les que nous a transmises Procope, de l’Espagne par un simple détroit, ils
tendent à montrer en eux les descen avaient institué un commerce d’échan
dants des Kananéens expulsés de la es. Les Libyens, altérant peu à peu
Palestine par Josué. Puis , derrière eur nom, les appelèrent, en leur langue
tous ces nomades. soit libyens ,‘ soit barbare, Maures, au lieu de Mèdes
gétules , habitaient les Éthiopiens, (se rapprochant ainsi de la prononcia
ainsi appelés de la noirceur de leur tion arménienne, qui donne en effet
teint, sont qu’il y faille reconnaître des la forme Mer au nom des Mèdes).
' AFRIQU‘E ANCIENNE. 05
- La puissancedesPerses fut prompte dont le plus considérable fut Carthage,
‘à se développer (et leur descendance 'bientôt devenue cité prépondérante au
directe se perpétua dans les tribus des milieu des cités puniques , souveraine
Pérorses et des Pharusiens , ainsi que d'un 'État puissant , et dominatrice de
Pline en a fait la remarque). Plus tard, tout le littoral africain depuis le fond
à cause de leur multitude, ils se sépa de la Syrtejus ne par delà les colonnes
rèrent de leur souche et s'étendirent, d’Hercule. Ce (furent , d'un autre côté,
sous le nom de Numides, dans les can les Grecs de Théra, qui vinrent fonder,
tons voisins du site de Carthage, qui sur la côte libyenne il l'est de la Syrte,
s'ap lèrent dès lors Numidie. Puis, des établissements dont la métropole
s'ai ant les uns les autres, ils subju fut Cyrène, moins célèbre par son im
guèrent par les armes ou par la crainte portance politique et ses richesses que
les peuples limitrophes, et s'acquirent par la culture des sciences et des
beaucoup de gloire et de renommée , lettres et par l'illustration de ses
surtout ceux qui s'étaient le plus avan écoles.
cés vers la Méditerranée,‘ où ils n'eu Alors se trouvèrent déterminées de
rent affaire qu'aux Libyens, moins véritables limites territoriales , que les
belliqueux que les Gâtules: en défini vicissitudes politiques purent dé lacer,
tive, la plage inférieure de l'Afrique mais qui ne s‘effacèrent lus; es au
tomba, pour la majeure partie, en la tels des Philènes, au feu de la Syrte.
possession des Numides; et tous les marquèrent la séparation des états de
vaincus n'eurent désormais d'autre na Cyrène et de Carthage; le nom de
tion ni d'autre dénomination que celle Libye acquit, surtout dans la bouche
de leurs maîtres. n , des Romains, une application spéciale
Ainsi, à sa deuxième phase, la po à la première de ces divisions, tandis
pulation de l'Afrique se trouva répar que le nom d'Afrique fut adopté comme
tie de manière à nous offrir, au voisi la dénomination propre du domaine
nagqule plus immédiat de l'Hispanie, carthaginois; tout le reste s'ap lait
les aures, formés du mélange des Numidie , f'usqu'au Molouya , apr le
' Arméniens et des Mèdes avec les Li quel était a Mauritanie.
byens indigènes; derrière eux les Pè Dans la Libye proprement dite, on
rorses et les Pharusiens. postérité des distinguait la Pentapole cyrénaique. et
Perses; puis les Ge'tules, et . en avant le pays des Marmarides ou Libye mar
de ces derniers, les Numides ‘formés marique, appelée aussi Maréotide;
de leur mélange avec les Perses, et quand les Romains en furent devenus
englobant les Libvens subjugués ,du les maîtres , ils en firent une province
littoral, depuis le fleuve Molouya, d'abord réunie à la Crète. puis sépa
borne des Maures, jusqu'au fond de la rée, et enfin divisée elle-même en deux
etite’ Syrte, et même au delà; enfin, à provinces présidiales sous l'autorité
‘extrémité orientale de cette lon ue supérieure du préfet d'Égypte.
zone. les Libyens pasteurs, chez es Dans l'Afrique et la Numidie, il y
uels les Numides ne s'étaient point eut, jusqu'à l'épo ue où la conquête
tendus; et derrière eux tous, les Ethio romaine eut passé e niveau sur les ri
piens. valités nationales des dominateurs pu:
D'autres races étrangères vinrent niques et des sujets indigènes . une
s'impatroniser en Afrique, non plus fluctuation de limites que l'érudition
comme éléments nouveaux destinés à et la science des modernes n'a pas tou
s'effacer dans une fusion commune, jours bien comprise , et que nous au
mais au contraireacomme fondatrices rons la tâche d'expliquer. contentons
de colonies conservant une nationalité nous de dire ici que la province
séparée. Ce furent, d'une part, les d‘Afrique, graduellement agrandie, fut
Phéniciens de Tyr et de Sidon, qui ensuite partagée de manière à former
échelonnèrent sur la côte , à l'ouest de d'est en ouest les provinces successives
la grande Syrte, divers comptoirs, appelées Tnpolitaine, Bizacène, Afri
5' Livraison. (Arnaque maman.) 5
"J ‘
66
que propre, et Numidie nouvelle. Le fils. Et la mer elle-mémé, vis-à-vis
reste de l'ancienne Numidie, donné de ce point , semblait avoir subi, dans
par les Romains au roi de Mauritanie la nomenclature qui lui est spéciale,
Bocchus, fut désormais confondu dans l'influence de ce grand divorce entre
les états de ce prince, sous le nom l’Occident et l’Orient; car un ancien
général de Mauritanie; puis, rentrées périple grec de la Méditerranée dis
sous la domination romaine , ces con tingue expressément, dans le golfe
trées formèrent les deux provinces de communément appelé grande Syrte,
Mauritanie, distinguées, d'après le nom d'une part une Syrte de Cgre'ne, de
de leurs capitales, en Mauritanie Césa äautre la grande Syrte proprement
rienne et Mauritanie Tingitane; plus ite.
tard, on sépara de la première, du côté Dépendance politique de l'empire
de celle de Numidie, une province nou d‘Orient , la Libye chrétienne recevait
velle, qu'on appela Mauritanie Siti ses évêques d’Alexandrie. Les provin
fienne. Quand Rome porta ses armes ces africaines, comprises dans l'em
au delà de cette zone littorale, les ire d’occident, constituèrent, sous
cantons qui subirent alors le joug a primatie de Carthage, la célèbre
furent annexés à la province la plus voi Église d'Afrique, placée dans l'obé
sine: le reste n'était connu que de nom. dience de Rome, et anéantie par la
Les dénominations territoriales ne persécution des‘Vandales. Quand elles
la géogra hie a consacrées pour es furent reprises aux barbares pour être
grandes ivisions de l'Afrique an réunies à l'empire d'orient, ces pro
cienne sont donc celles de Libye pro vinces formèrent ensemble une grande
pre, d'Afrique propre, de Numidie, et préfecture prétorienne, distincte de
de Mauritanies. toutes les autres.
Ces contrées n'ont point, n'eurent C'est donc adopter, pour notre tra
même jamais une histoire commune: vail, une distribution conforme au
et d'abord ‘une séparation profonde di sujet lui-même, que de traiter séparé
visait en deux parts très-distinctes ment de ces deux grandes divisions
cette longue zone de rovinces : d'un territoriales. Nous consacrerons, en
côté c'était l'orient , e l'autre l'Occi conséquence, une première partie de
dent, grandes régions dont la nature ce livre à la Libye roprement dite,
même avait indiqué. le partage. et que dont nous suivrons l’ istoire , sans in
la force des choses maintenait cons terruption, depuis les temps les plus
tamment en des mains diverses, bien reculés jusqu'à l'invasion arabe, dans
avant que les maîtres du monde son les flots de laquelle fut engloutie toute
geassent à le morceler en deux em l'Afrique ancienne.
pires jumeaux. Les dénominations gé Passant ensuite aux provinces afri
nérales étaient, dans leur acception la caines, nous donnerons une section à
plus large, soumises aux exigences de chacune des trois grandes contrées,
ce partage : on n'étendait point au l'Afrique propre, la Numidie , les
delà de la région occidentale l'appel Mauritanies, depuis l'origine jusqu'à
lation de provinces africairæs; et la leur réduction en provinces romaines;
langue de Rome‘échappait à l'influence la domination des Romains , le déve
des‘ habitudes grecques, pour concen loppement et les vicissitudes de l'É
trer dans la division orientale le nom glise d'Afrique , le règne des Vandales,
de Libye. * la restauration byzantine, demande
La borne commune. était marquée ront à leur tour de nouvelles sections
par les Autels des Philènes, monu pour arriver à l'invasion musulmane,
ments à la fois de l'ancienne étendue qui doit ouvrir, ainsi que nous l'avons
des possessions littorales deCarthage éjà marqué, l'histoire moderne de
et du patriotique dévouement de ses l'Afrique.
*
ummmummmu uoaumuawuuumuu\mmwnum W
AIFIRJIQUE ANŒEENNE.
‘#009
PREMIÈRE PARTIE.
———.
LA LIBYE PROPRE,
GOIPIŒIAN‘I
LA CYRÉNAÏQUE ET LA MARMARIQUE.
5 les‘.
DESCRIPTION .
I. 1.1: son. quelques îles de verdure étaient parse
mées à la lisière septentrionale de la
Limites générales, politiques et grande mer de sables, la possession
physiques; dénominations. de ces îles flotta ,souvent, incertaine,
LIMITES POLITIQUES DE L'AN entre la Libye, l’Egypte, et les popula
CIENNE LIBYE. — La Méditerranée au tions indépendantes du désert.
nord, au sud les profondeurs du désert, LIMITES NATURELLES ou PHYSI
à l'est l'Egypte, et l'Afrique propre à QUEs. — Cependant . le territoire que
l’ouest, telles sont. en termes généraux, nous venons designaler, peut aussi être
les bornes de la contrée à laquelle les considéré , au point de vue de la géo
Romains restreignaient le nom de Li graphie physique, comme une région
bye, employé parles Grecs dans up sens déterminée par des limites assez bien
beaucoup plus eteudu. Sauf le cote de tracées : il y faut remarquer en effet,
la mer, dont le caprice des hommes au nord-ouest, un plateau culminant,
ne pouvait avancer ou reculer les ri dont les déclivités s‘abaissent rapide
va es, ces limites n'eurent pas la fixité ment, dans cette direction, vers la
in élébile des démarcations naturelles mer qui l'entoure, tandis qu'elles s'é
que n'affectent point les vicissitudes pd tendent, à l'opposite, en vastes ter
litiques; mais si les variations qu'elles rasses successivement étagées vers
éprouvèrent furent fréquentes et sen l’est, où le passage de l'une à l'autre
sibles du côté de l'Égypte , où un pou est remarquable par les ressauts appe
voir puissant envahissait par degrés un lés le grand et le petit Catabathme,
domaine qu'il devait finir par s'appro et dont la dernière vient expirer aux
prier tout entier , les limites occiden confins immédiats de la vallée du Nil;
tales ne subirent que des changements pendant que vers le sud , depuis le fond
plus rares et moins considérables , dus de la grande Syrte jusqu'à l'extrémité
encore à l'extension de la puissance orientale, une longue vallée s'étend
égyptienne, qui, sous les Ptolémées comme un lit desséché‘, entre les der
s'avanca d'une centaine de milles au nières déclivités du plateau , et les
delà même des Autels des Pliilènes. jus dunes sablonneuses où commence le
qu'à la tour Euphranta; et au sud , où grand Ssahhrâ, présentant sur quel.
5.
68
ques points des cultures et des bosquets VILLES , BOURGADES En? Aunns
verdoyants , ui signalent les cases maux DÉPENDANTS DE LA PENTA
d'Augiles et Ammon. POLE. —- Cyrene , Apollonie, Ptolé
DÉNOMINATIONS nrvxnsns nu mais, Arsinoé, Bérénicert‘clles furent
rus-Le plateau culminant, partie les cinq cités qui constituèrent la floris
principale de tout cet ensemble , cons sante Pentapole : dans leur de ndance A
tituait, à proprement parler, ce qu’on étaient comprises d’autres vil e8_moins
appela tour à tour Cyrénaîque, Pen importantes , comme Adrianopolis ,
tapole, Libye supérieure; le reste for entre Bérénice et Arsinoé; sur la route
mait la Marmarique, Libye aride ou de Ptolémaîs à Cyrene, Kélida, Ké
inférieure, nommée aussi , dans sa nopolis, Phalacra, dans l’intérieur; et
partie la plus orientale , Libye maréo sur la côte, Ausigda, et le petit tem
tide. Il est superflu d'ajouter que, sous le d’Aptoukhos; sans compter nom
la domination de Cyrene , le nom de re de villages plus obscurs , répandus
Céyrénaîque s'étendait à toute la contrée sua tout le plateau en tirant vers le
r unie sous ses lois. su .
A l'est d’Apollonie, s’ouvrait une
Description de la Libye supérieure baie spacieuse offrant un Naustatlimos
ou Peniapole cyre'natque. ou station navale, au sortir de laquelle
Tsaal'roma ET VILLES DE LA PEN on rencontrait, sur la droite, Éry
TAPOLIL- Figurant une ellipse, le pla thron , puis Chersis voisine de la
teau verdoyant de Cyrene projetait'à petite île d’Aphrodisias , et sous l’abri
l’est la grande. Chersonnèse, à l'ouest le du promontoire Zephyrion la cité de
promontoire Borion , comme les deux Darnis, dont le nom a persisté dans
‘les de son grand axe; tandis que sur le celui de la moderne Derneh; après
anc septentrional , le promontoire de Darnis on trouvait encore, sur la côte,
Phyconte marquait l'extrémité de son Axilis, avant d'atteindre la grande
moindre diamètre: le llanc méridional Chersonnèse des Antides; et quand
s‘abaissait vers les landes arides d'une ; on avait doublé celle-ci , on voyait le
grande terrasse qui s’étendait elle Paliouros déboucher en face des îles
même au loin jusqu’à Augiles et à Platée et Sidonie. A l’intérieur étaient
l'oasis d‘Ammon. Sur le plateau étaient Limniade, Hydrax, Leucon, et d’au
assises Cyrène et Barkê, ayant à leurs tres points plus obscurs.
pieds , au fond de deux petites anses PRODUCTIONS NATURELLES nu
de la côte, les ports d'où elles expéw tLunAu CYBÉNÉEN. —— Le flanc sep
diaient leurs navires; là c’était Apol tentrional du Iateau offrait la plus
lonie,. le port de Cyrène, connu plus admirable fertilité, et les récoltes,
tard sous le nom de Sozousa, que s’étageant en trois saisons successives
peut-être il avait primitivement porté, depuis le pied jusqu'au sommet, oc
reconnaissable encore dans l'appella cupa‘ient les deux tiers de l’année. On
tion arabe de Mersày-Sousah qu’il commençait la moisson et la ven
conserve encore auiourd'hui; de l’au dange sur le bord de la mer; on pas
tre art, c’était Ptolémaîs, le port de sait ensuite à la région intermédiaire,
Bar é, d’abord appelé aussi Barké de celle des coteauxtoù le blé et le rai
même que la cité principale à la for sin achevant de mûrir appelaient la
tune de laquelle il était attaché. Plus main qui devait les couper; et pen
loin, à l’ouest, se montrait, sur la dant qu'on les cueillait sur cette zone
côte, Téulihira, qui fut appelée Arsinoé moyenne,v ils venaient aussi à matu
sous les Ptolémées, mais qui reprit rité dans la dernière région, et vou
ensuite son nom indigène, qu’elle garde laient à leur tour être moissonnés
encore de nos jours; puis enfin Béré et vendanges. L’extrémité occidentale
nice, l’antique Hesperide, près des _ présentait surtout la plus délicieuse
, ruines de laquelle s’élève la moderne végétation’, et méritait à juste titre ce
Ben-Ghâzy. nom de Jardin des Hespérides, que
AFRIQUE ANCIENNE. 69
l'antiquité poétique lui avait décer du grand Pétras et de Panormos.
né 2 c'étaient d'admirables vergers , de jusqu'au grand Catabathme; quelques
charmants bocages, où l'ombre et la autres points. marqués à l'intérieur
fraîcheur s‘étendaient sous l'épaisse dans la direction d'Ammon et d’Au
verdure des lotiers , des pommiers de giles , n'étaient probablement que des
toute es èce , des grenadiers , des poi lieux de campement. A l'ouest, au
riers , es arbousiers , des mûriers , delà du cap Borion , on voyait se suc
des vignes , des myrtes, des lauriers, céder les postes de Diachersis , d’Hé
des lierres , des oliviers, des oléastres, raclion, de Sérapion, les orts de
des amandiers , des noyers. Le figuier Diarrhoas et d'Apis, les ch teaux de
et le cornouiller, le lentisque , le gené Kainon, de Borion, d'Automala, et
vrier odorant et le cyprès, étaient aussi enfin le bourg et les Autels des Phi
répandus sur ce terroir fertile où la lènes. Si , de cette limite, on voulait
brise promenait un air pur et vivifiant, suivre plus loin le rivage, on ren
où des eaux fré uentes nourrissaient contrait le petit port d'Épèros, celui
de verdoyants p turages émaillés des de Charax où l’on croit ue naquit
fleurs du safran. Au delà de cette li Den s le Périégète, .et en n la tour
sière littorale, sur les hautes plaines, Eupl‘iranta, dernière ,borne de la Cy
depuis la grande Chersonnèse jus rénaîque sous les Ptolémées.‘
qu'aux Hespérides, dans une longueur SECONDE rsnmsss, Au-pnssous
e 1500 stades sur une largeur de DU GRAND Cnxnnnun. — En des
300, naissait le précieux silphion aux cendant à l'est le grand Catabathme,
ombelles d'or, aux vertus héroïques, on arrivait à une seconde terrasse. non
produit sauvage des terres incultes, moins aride et une que la première,
fuyant les soins de l'homme et dispa s'étendant vers l'orient jusqu'au petit
raissant sous la dent des trou eaux, Catabathme, et offrant, sur la côte,
jadis abondant, uis rare, puis isparu Zygris, Zagylis, Plynos, Apis , Paré
tout à fait duv so , et reparaissant après tonion, et autres lieux de moindre im
un long oubli, pour se laisser étudier portance , sans parler de nombreuses
par les botanistes modernes, sous le stations plus écartées de la mer. Et
nom de deriah ou zerrah que lui don lorsqu'on avait encore descendu ce
nent les Arabes nomades, maîtres ac deuxième Catabathme, on trouvait, sur
tuels de l'antique région silphiophore. le littoral, Pe’donia, Antiphra, Leu
caspis, et enlin Plinthine où la Libye
Description de la Libye inférieure venait expirer devant l'Egypte, outre
. ou Marman‘que. quelques autres points moins immé
diatement rapprochés du rivage.
Pnsmîznx TERRASSE, Au-nnssUs Tel est le théâtre sur lequel nous
DU GRAND Cmuænnus — Des avons à distribuer les populations qui
oendons du plateau supérieur sur la se partageaient la possession du sol.
vaste terrasse qui lui succède au sud,
et qui s'étend ‘d'est en ouest depuis 11. ms HABITANTS.
le grand Catabathme jusqu'au fond
de a grande Syrte, borne au midi, C'étaient , nous le savons , des races
comme nous l'avons déjà indiqué, indigènes, des Libyens nomades, au
par les oasis d'Ammon et d'Augiles; nord desquels s'étaient juxtaposés ,
ce n'était qu’un désert, parcouru par sur la côte, des colons grecs, hôtes
uelqucs nomades sans habitations d'abord , puis maîtres du pays.
fixes, et l'on n'y ouvait guère relever La’ plus ancienne description que
qu'un petit nom re de points sur la nous ayons de ces divers peuples , est
côte. A l'est, depuis l'embouchure du celle que nous devons à Hérodote : et
Paliouros , se succédaient les ports de nous ne pouvons mieux faire que de
Batrachos. du etit Pétras, d'Anti la transcrire ici , telle à peu près qu'il
pyrgos, de Skyt ranion, de Ménélas, nous l'a laissée.
70
Description des populations indi qu'à la mer près des flespérides. Vers
nes au cinquième siècle avant le milieu du territoire des Auskhises
ère vulgaire. sont cantonnés les Cabales, petite na
tion qui s’étend jusqu'à la mer vers
Antnxecmnas. Grucutss, As Taukhira , ville dépendante de Barkè.
bvs'rss, Ausxursas. — « Voici », Ces peuples ont les mêmes mœurs que
dit Hérodote, « l’ordre dans lequel on ceux qui habitent au-dessus de Cyrène.
trouve les peuples de la Libye, à com NASAMONS, PsvLLss. — « Aux
mencer depuis l’Egypte. terres des .Auskhises confinent , à
v Les premiers qu'on rencontre sont l'ouest, les Nasamons, peuple consi
les Adyrmachides. Ils ont presque les dérable, qui, laissant pendant l'été
mêmes usages que les Égyptiens; mais leurs troupeaux au bord de la mer.
ils s'habillent comme le reste des Li s'avancent jusqu'au canton d'Augiles,
byens , et leurs' femmes portent à cha our récolter des dattes , parce que
que jambe un anneau de cuivre. Elles es pa miers y sont abondants , vigou
laissent croître leurs cheveux, et si reux et tous féconds: on les cueille
elles sont incommodées par les poux, à peine mûres Ç‘), on les fait sécher
elles les prennent, les tuent avec les au soleil, et on les moud ensuite; on
dents, et s'en débarrassent de cette les détrempe dans du lait pour les
manière ;‘lls sont, au surplus, les seuls manger. Chacun a d'ordinaire plusieurs
d'entre les Libyens qui en agissent femmes, etil les voit publiquement, à
ainsi. Ce sont également les seuls ui peu près comme les lllassagètes, après
montrent au roi leurs filles nubi es avoir planté en terre son bâton. Lors
afin qu'il choisisse celle qui lui plaît. qu'un Nasamon se marie pour la pre
Ces Adyrmachides habitent depuis mière fois, la coutume est, la pre
l'Égypte jusqu'au port appelé Plynos mière nuit des noces, que la mariée
(voisin du grand Catabathme). reçoive les emhrassements de tous les
c Ils ont auprès d'eux les Gigames convives, qui lui font un cadeau ap
ou Giligames, qui occupent la con rté tout exprès de chez eux. VOICI
trée a l'occident, jusqu'à l'île A lll‘O eur manière (le faire des serments et
disias. Dans cet intervalle est l’ile de d'exercer la divination : ils mettent la
Platée, où les Grecs fondateurs de main sur les tombeaux des hommes
Cyrène s'étaient d'abord établis, et qui ont parmi eux la réputation d'avoir
sur le continent est le port de Méné été les plus justes et le plus gens de
las, et Aziris où les Cyréuéens habi bien, et jurent par eux. Pour exercer
tèrent aussi. Là commence le sil la divination, ils vont aux tombeaux
phion, car c'est depuis l'île de la de leurs ancêtres, y font leurs prières,
tée jusqu'à l'entrée de la Syrte que et y dorment ensuite : si pendant leur
croit cette plante. Ces peup es’ont à sommeil ils ont quelque songe, ils en
eu près les mêmes coutumes que font usage dans leur conduite. Ils
eurs voisins. s'engagent mutuellement leur foi en
« Après les Gigames, du côté du cou
chant, sont les Asbystes , qui habitent (') Le texte d'He'rodote est en cet en
le pays au-dessus de Cyrene; ils ne droit équivoque à tel point, que les uns y
s'étendent pas jusqu'à la mer, attendu ont vu des hanuetons, d'autres des saule
que le littoral est occupé par les Cyré relles, el peutvèlre ceux-ci ont-ils raison;
néens. Ils sont fort habiles, ce sont cependant nous avons préféré interpréter
même les plus habiles des Libyens à ‘robe 6è àrteléôouç ë'iteàv e-npeùcrwot par une
conduire les quadriges; ils s’étudient cueillette de (dattes) à peine mûres, plutôt
à imiter la plupart des coutumes des que par une chasse aux sauterelles, nous
Cyrénéens. consolaut d'avance, si nous nous trompons,
« Au couchant des Asbystos confl de Je faire en compagnie du savant Hem-i
nent les Auskhises, qui occupent le pays Estienne, réviseur et éditeur de la version
au-dessus de Barké , et s'étendent jus latine de Laurent Valla.
AFBJQUE ANCIENNE. 11
buvant réciproquement dans la main sables, est une colline de sel gemme
l’un de l’autre; à défaut de liquide, ils pareille à celle d’Ammon, avec une
ramassent à terre de la poussière et la source autour de laquelle sont établis
lèchent. les habitants: ce canton porte le nom
« Aux Nasamons confluent les Psyl d’AugiIes; c’est là que les Nasamons
les, lesquels périrent de la manière viennent, en automne , faire leur ré
que voici : le vent du midi avait, de colte de dattes. A dix- journées plus
son souffle, desséché leurs citernes , loin habitent les Garamantes.
et toute leur contrée, située en dedans - Les maisons de tous ce peuples
de la Syrte, est dépourvue d‘eau : ayant sont bâties de quartiers de sel, car il
tenu conseil entre eux, ils résolurent, ne pleut jamais dans cette artie de la
d'un consentement unanime, d’aller Libye, sans quoi les murail es de leurs
faire la guerre au vent du midi : je ré habitations seraient bientôt fondues.
pète le récit des Libyens eux-memes. On tire de ces mines deux sortes de
Lorsqu’ils furent arrivés au milieu des sel : l’un blanc, l’autre rouge. Au-des
sables, I’autan déchaîné les v enseve sus de cette élévation sablonneuse
lit. Quand ils eurent péri, les Nasa vers le midi, dans l'intérieur de la Li
mons s’emparèrent de leurs terres. bye, le pays est désert, sans eau, sans
POPULATXONS DE L’INTÉnxnun. — animaux, sans pluie, sans bois, dé
«Voilà quels sont les Libyens nomades pourvu de toute espèce d’humidité.
les plus rapprochés de la mer. Au-des Mœuns n13 COUTUMES nns Lr-I
sus , en avançant dans l’intérieur
des terres , on rencontre la Libye thé BYENS.— « Ainsi, à partir de l’Égypte,
riode ou sauvage. au-dessus de laquelle les Libyens sont des nomades se nour
on dit qu’une élévation sablonneuse rissant de la chair et du lait de ‘leurs
s’étend depuis Thèbes d’Égypte jus brebis; s'abstenant, comme les Egyp
u’aux stèles Héracléennes, offrant de tiens, de manger du bœuf, et n éle
ix en dix journées, ou à peu près, des vant pas non plus de cochons. Les
collines de sel gemme; du milieu de femmes cyrénéennes, même, ne se
celles-ci jaillissent des sources d’eau croient pas permis de manger du
douce et fraîche , autour desquelles bœuf, à cause de l’égyptienne Isis,
habitent les peuples les plus reculés dont elles observent soi neusement
vers le désert au-dessus de la Libye les jeünes et les fêtes; et es femmes
thériode. Les premiers qu'on rencon des Barke’ens s’abstiennent non-seule
tre depuis Thèbes, à dix journées de ment du bœuf, mais aussi du porc:
route, sont les Ammoniens, qui ont telle est leur observance.
un temple consacré à Jupiter thébéen, « Chez la plupart des Libyens no
car on sait qu’à Thèbes la statue du mades (je ne saurais dire avec certi
dieu et une tête de bélier. Chez ces eu tude s’il en est de même pour tous) ,
ples se trouve une autre source ont quand les enfants ont atteint quatre
’eau est tiède au point du jour, fraî ans, on leur brûle, avec de la lame en
che à l’heure du marché, extrêmement suint, les veines du haut de la tête,
froide à midi, au moment où ils arro quelquefois celles des tempes, pour les
sent leurs jardins; puis à mesure que élivrer à toujours de l'écoulement des
le jour avance , elle devient moins humeurs de la tête, et leur procurer
froide jusqu'au coucher du soleil, une santé robuste. Il est de fait que
qu’elle est tiède; elle s’élève ensuite de tous les peuples que nous connais
e plus en plus jusqu’à minuit, qu'elle sons, les Libvens sont ceux dont le
bout à gros bouillons; passé minuit, corps est le plus sain; je ne puis dire
elleva en refroidissant jusqu’au lever que telle en soit la cause, mais il est
de l’aurore. On appelle cette fontaine certain qu’ils ont une santé parfaite.
la fontaine du Soleil. Si, peu ant qu’on les brûle, les en
et Après les Ammoniens, à dix autres fants sont pris de convulsions, on y a
journées de route sur cette zone de trouvé remède: il suflit de les asper
72
er d'urine de boue; je répète ce que troisième ne reconnaît aucun roi, n'a
isent les Libyens. aucune notion de la justice , et ne vit
« Voici comment ces nomades font que de brigandages, enlevant tout ce
leurs sacrifices: d'abord ils coupent, qui arrive du désert, et l'emportant
à titre de prémices , un'. oreille de la aussitôt dans son repaire. Tous ces Li
victime, et la jettent sur le toit de byens mènent une existence abrutie,
leurs maisons; cela fait, ils lui tordent couchant en plein air, et n'ayant qu'une
le cou : ils l'immolent au soleil et à la nourriture sauvage; sans maisons,
lune, seules divinités auxquelles sacri sans habits, se couvrant seulement le
tient tous les Libvens sans distinction. corps de peaux de chèvres. Leurs chefs
(Nous dirons ailleurs le culte particu n'ont pas de villes sous leur obéis
lier des habitants du lac Tritonide, et sance, mais seulement, au voisinage
les emprunts que leur a faits la Grèce.) des sources , des tours où ils renfer
C'est aussi des Libyens que les Grecs ment leurs richesses; tous les ans ils
ont appris à atteler quatre chevaux à somment les peuples tributaires de
leurs chars. L'enterrement des morts faire leur soumission , traitant en
se fait chez les nomades comme chez amis ceux qui obéissent, poursuivant
les Grecs; il faut excepter les Nasa comme rebelles ceux qui s'y refusent.
mons, qui enterrent leurs morts assis, Leurs armes sont analo ues à la na
ayant soin de tenir les agonisants dans ture de leur pays et a eur genre de
cette posture, de peur qu'ils n'expirent vie; car, légers de corps , et habitant
couchés. Leurs habitations sont des un pays de plaines, ll_S courent au
cabanes tressées d'asphodèles et de combat avec troisjavelots et des pierres
joncs, qu'ils transportent à volonté. dans un sac de cuir, sans aucune au
Voilà quels sont les usages de ces .tre arme offensive ou défensive, ayant
peuples. » pour but de gagner de vitesse l'ennemi '
État des populations libyennes de dans la poursuite comme dans la re
puis le premier siècle avant J.-C. traite, habiles qu'ils sont à courir et à
jusqu'au deuxième siècle de notre lancer des pierres, après s'être appli
ère. qués à développer par l'exercice et
lhabitude leurs dispositions natu
Exposé ne Dronone DE SIcrLe, relles. En général, à l'égard des étran
AU PREMIER SIÈCLE AVANT NOTRE ers, ils n'observent absolument ni
. ÈnB. —Tel est le tableau que nous offre oi , ni loi. »
Hérodote, au cinquième siècle avant Exrosé on STRABON ET DE PLINE,
notre ère; quatre cents ans plus tard, au PREMIER SIÈCLE DE No'rnn iras.
Diodore de _Sicile nous fait une nou -— Strabon, un peu plus récent, est plus
velle description, moins étendue, mais bref: « La région aride et stérile qui
qui offre quelques détails curieux, di s'étend au-dessus des Syrtes et de la
gnes de trouver place ici. Cyrénaique, est occupée par les Li
« Passons», dit-il , « aux Libyens voi byens, et en premier lieu par les Na
sins de l'Égypte, et aux contrées limi samons, qui ont près d'eux (vers l'oc
trophes. Près de Cyréne et des Syrtes, cident) les Psylles et quelques Gétules,
habitent, dans l'intérieur des terres, après lesquels viennent les Garaman
quatre races de Libyens: on appelle tes; à l'orient , les Marmarides, qui
Nasamons ceux qui s'étendent au midi; d'un côté touchent à la Cyrénaîque,
Auskhises ceux qui occupent l'occi et de l'autre se prolongent jusqu'à
dent; Marmarides ceux qui ont leurs l'oasis d'Ammon. On ignore ce qui est
demeures entre l'Égypte et Cyrène, au delà d'Ammon et des cases jus
tenant une partie du rivage; les autres qu'aux frontières de l'Éthiopie. »
habitent autour des Syrtes. Deux de Pline, postérieur à Strabon, se
ces peuples obéissent à des rois, et borne comme lui à quelques notions
mènent une vie moins grossière, moins extrêmement conclses ‘: « Les Marma
éloignée de toute civilisation; mais le rides habitent à peu près depuis les
AFRIQUE ANCIENNE. 73
environs de Paretonium jusqu'à la ciers ensemble; mais il faut se hâter
grande Syrte; puis viennent les Ara de reconnaître que beaucoup de ces
raucèles, et, sur les bords de la Syrte, noms de peu les ne désignent proba
les Nasamons, que les Grecs appe blement que es habitants de quelques
laient jadis Mesammons à cause de petits districts, quelquefois de sim les
leur situation au milieu des sables. villages; les Espagnols qui appelent
Après lesNasamons viventles Asbystes pucblos ou peuples leurs villages, les
et les Maires. Depuis le Catabathme Portugais qui appellent les leurs po
jusqu'à l'Egypte s'étend la Libye _ma voaçâo ou population , emploient
réotide, occupée par les Marmarides une métaphore toute semblable. On
et les Adyrmachides, après lesquels est fra pé, dès le premier coup
viennent les Maréotes. » . d'œil, es rapports que présentent
Exposé DE ProLéMEE,AU DEUXIÈ les noms des Zygrites, des Khatta
ME SIÈCLE DE NOTRE ÈRE. — Mais niens et des Zyges, dans la liste ci
Ptolémée, dans le siècle suivant, vient dessus, avec ceux des villes ou villages
nous fournir de nouveaux détails : de Zygris, de Khetléa, de Zygis, ins
« Au-dessus de la Pentapole v, nous crits dans les tables du géographe
dit-il, « le pays est occupé, à l'est alexandrin. Il est probable que plu
des jardins des Hespérides, par les sieurs des peuplades qu'il désigne
Barkites, à l'orient desquels sont les étaient des branches ou des rameaux
Araraucides. Derrière le jardin des de tribus plus considérables.
Hespérides sont les montagnes appe.
Iées les buttes d'Hercule, au levant Résultats comparatifs des notions
desquelles on trouve les Asbystes. Plus qui précèdent.
loin vers l'Afrique , au-dessus des MODIFICATIONS ORGANIQUES ET
monts Ouelpa , se présentent les Ma DÉPLACEMENTS, SUBIS PAR LES DI
katoutes, puis les repaires des Lesa VERSES TRIBUS LIBYENNEs.-—Il faut
nikes, à l'est desquels sont les Psylles, tenir compte. au surplus, dans l'exa
et ensuite, des lieux sauvages et la men comparatif des données succes
région silphiophore. Les parties sep sives que nous venons de passer en
tentrionales de la Marmarique appar revue, des modifications qu'ont pu
tiennent aux Libyarkes, aux Anèrittes produire, d'une part la fusion de phi
et aux Bassakhites, derrière lesquels sieurs tribus en une seule, d'autre
sont les Apotomites, et plus au sud part le morcellement d'une seule tribu
encore, les Augyles; après ceux-ci les en plusieurs. Hérodote nous dit lui
Nasamons et les Bacates , ensuite les même que les Psylles avaient été ab
Aukhises et les Tapanites, au delà des sorbés par les Nasamons; il est à croire
quels sont les Sentites et les Obèles, que les Cabales et les Gigamcs ou Gi
puis les Esariens. Le littoral du nome ligames, qu'il avait signa és. et qui ne
de Libye est possédé par les Zygrites, se retrouvent plus dans les siècles os
les Khattaniens et les Zyges; les par térieurs, furent pareillement absor és,
ties méridionales par les Bouzes et les premiers par les Auskhises ou par
les Ogdémiens; au delà sont les Adyr les Barkéens , les seconds par les Mar
makhites, ensuite le pays d'Ammon, marides. Quelquefois aussi l'imper
uis les Anagombriens, et après eux fection des connaissances recueillies
es lobakhes et les Rouadites. » Nous par certains écrivains , ou le désir de
n'avons as à nous occuper ici de la réduire leurs descriptions à quelques
Maréoti e, dépendance trop immédiate grands traits, leur ont fait réunir,
de l’Égypte pour que nous puissions tous une désignation commune, divers
consentir à l'en séparer. peuples d'ailleurs indépendants; ainsi
On voit que Ptolémée à lui seul énu Diodore de Sicile, ,en distribuant tout
mère, dans la contrée qui fait le sujet l'intérieur de la Libye propre entre les
de notre étude actuelle, un plus rand Nasamons au sud, les Auskhises à
nombre de peuples que tous ses evan l'ouest, et les Marmarides à l'est,
74
confond avec chacune de ces nations qui forme l’éta 8 suivant, occupée à
une ou plusieurs des nations voisines la fois , depuis e Catabathme jusqu’à
qui n’avaient point péri, puisqu'on les la Syrte, par les Gigames à l'est, les
voit ultérieurement reparaître: tels Asbystes au milieu, et les Auskhises
sont les Asbystes ou Asbytes, proba à l’ouest, avec les Cabales enclavés;
blement sous-entendus parmi les Aus lus tard seulement, les Marmarides,
lihises; tels sont, d’une manière lus es mêmes peut-être que les Gigames,
frappante encore , les Adyrmachi s , se trouvèrent maîtres exclusifs de
enveloppés dans les Marmarides. cette terrasse ; à l'étage au-dessous
Il faut, en outre‘ se rendre compte figuraient, vers l'ouest les Psylles ,
de uelques déplacements; les Asbystes vers le sud les Nasamons, et vers l'est
et es Auskhises paraissent avoir été les Adyrmachides. Voilà, ce nous sem.
poussés au sud par les Barcéens, ou ble, la disposition générale qui ressort
plutôt par les Marmarides, qui au de l’étude des faits ultérieurs. Il est
raient été repoussés à leur tour par utile de ne pas perdre de vue cette es
les Barcéens, pendant que les Ararau pèce de symétrie des opulations in
cèles ou Araraucides, qui se trouvaient digènes avec les grau s traits physi
jadis au delà des Marmarides, tout au ques du sol, parce qu'elle a toujours
rès des Nasamons, remontaient vers influé, à un certain degré, sur les déli
e nord pour devenir limitrophes des mitations que l'histoire ou la géogra
Barcéens. Ces déplacements n’ont rien phie ont ensuite adoptées.
qui nous doive surprendre , puisqu'ils Et maintenant que nous avons dé
s’opéraient entre des tribus nomades, crit le théâtre où se succédèrent, dans
dont le cantonnement territorial a le cours des siècles, les actes divers
toujours moins de fixité que les éta du drame politique où le premier rôle
blissements des peuples sédentaires. appartient à Cyrène. il est temps de
DISTRIBUTION nsu'rlvs DES P0 raconter l’originhbecroissement, la ,
PULATIONS son Le 'rsnni'roins. -— puissance et les vicissitudes de cette
Quoi qu'il en soit, en remontant par la ville tour à tour royale et populaire,
pensée aux temps primitifs de la Li autonome et asservie , païenne, juive
ye, avant que les Grecs y fussent et chrétienne; fameuse par sa turbu
venus fonder leurs colonies, et em lence, par ses richesses, ar ses mœurs
brassant dans une considération sy raffinées, par ses phi osophes , ses
noptique les populations autochtho poètes et ses savants, aujourd'hui dis
nes et le territoire qui leur était parue du monde, et n’ayant laissé à sa
dévolu, on peut se représenter le pla place que le nom de Qerenneh pla
teau supérieur en la possession exclu nant sur quelques ruines éparses aban
sive des Barcéens; la grande terrasse données à d’insouciants nomades.
5 11.
HISTOIRE.
f") L'an 413 avant l’ère vulgaire. ("W L'un ‘et avant l'èl‘e vulgaire.
92
la perte énorme des deux côtés , à tel ans après (*), la bataille de Leuctres
V point que les Messéniens auxiliaires ayant substitué la fortune de Thèbes à
périrent presque tous. Après cette ru e celle de Lacédémone, Epaminondas
épreuve , les deux partis en vinrentà des rappela avec instance dans leurs foyers
prétentions moins exclusives; ils mi les fugitifs de la Messénie, dont il
rent bas les armes, et un accommo voulait restaurer l'existence politi
dement fut ménagé, à Cyrène , entre que C"), afin d'établir ainsi l'ennemi
leurs envoyés respectifs : il fut unani aux portes mêmes de Sparte; et Comon,
mement convenu , sous serment , que quittant la Cyrénaîque , où des songes
la querelle serait oubliée, et que per prophétiques lui avaient déjà fait pres
sonne ne garderait rancune du passé. sentir la renaissance de lllessène, ra
Des MODIFICATIONS soNT APPOR mena alors à Naupacte ses compa
TÉES A LA CONSTITUTION POLITIQUE gnons d'exil: « On ne peut se figurerr,
DE CYRÈNE. —- Quelques modifica s'écrie Pausanias. « avec quel em
tions furent introduites alors dans « pressement ces fugitifs accoururent
l'organisation de la république; elles « a l'appel d'Épaminondas, tous éga
eurent sans doute le succès qu'on en « lemeut transportés d'amour pour
devait attendre, puisque Aris'tote , « leur patrie et de haine contre Lacé
en son traité de la Politique , les cite - démone. n
comme exemple de ce qu'il convient TRAITÉ m; LIMITES avec Cu
de faire en pareil cas : n Augmen THAGlL-DHDS le développement sans
ter le nombre des tribus et des sec bornes de sa richesse et de sa puissance
tions , effacer autant que possible commerciale, Cyrèue avait une active
l'ancienne distinction des nationalités et jalouse rivale : de l'autre côté des
diverses, faire rentrer dans le culte Syrtes, Carthage s'était élevée aussi
commun les observances religieuses à la plus haute prospérité , et la con
particulières; tout faire en un mot currence des deux cités pour l'appro
pour opérer une fusion générale , et visionnement du monde devait amener
étruire l'empire des vieilles coutu fatalement des collisions dès qu'elles
mes. » Ce changement fut-il immédiat , se rencontreraient sur un même théâ
ou fut-il le résultat d'une pénible éla tre. Séparées ar une immense lage
boration :c‘est ce que nous ne saurions aride et déser e, ce n’est point e ce
‘dire; nous pensons toutefois qu'il ne côté que la lutte dut commencer, et
fut résolu, ou du moins effectué, qu'a déjà sans doute leurs flottes s'étaient
près une infructueuse tentative faite, plus d'une fois trouvées aux prises
suivant une anecdote vulgaire , auprès avant que l'extension de leurs comp
du divin Platon, pour obtenir de sa toirs sur la côte rendit leurs posses
sagesse de nouvellesinstitutions poli sions territoriales contiguès;‘ mais
tiques. Platon connaissait bien Cyrène, quand à peu de distance du poste
où il était venu écouter les leçons du cyrénéen d’Automalax fut venue s'é
célèbre Théodore sur la géométrie : tablir l'escale punique de Charax, le
a Les Cyrénéens sont trop riches et conflit fut engagé aussitôt sur la li
« trop blasés », répondit le philosophe, mite où devaient mutuellement s'ar
« our que j'essaye de leur donner des réter les deux puissances devenues
« ois : il est trop difficile de gouver voisines : l'irritation était vive des
« ner une républi ue si opulente. nu deux parts . et il s’ensuivit une guerre
Quoi qu'il en ‘soit , es dispositions qui longue et sanglante , dans laquelle
furent alors adoptées, parvinrent à des armées et des flottes furent dé
ramener l'ordre et la paix dans la cité. faites et dispersées, au grand dom
RAPATBIEMENT mas MESSÉNIENS. mage de chacune des parties conten
— Quant aux Messéniens qui n'étaient dantes; si bien que reconnaissant enfin
pas intervenus dans la lutte, ils se
cantonnèrent chez les Evhespérites, et (“) L'an 37| avant l‘ère vulgaire.
y demeurèrent jusqu'à ce que, trente (") L'an 369 avant l'ère vulgaire.
AFRIQUE ANCIENNE. 93
qu'un tiers pourrait profiter de leur ment qu'elle eut lien vers l'an 350
affaiblissement et de leur fatigue pour avant notre ère.
venir sur leurs brisées, elles convinrent
de régler à l'amiable leur différend , et Période de soumission nominale à
voici les conditions qu'elles arrétèrent: Aleæandre le Grand.
à un jour désigné, des délégués de
vaient respectivement partir de chez ALBXANDRB LE GRAND sE MET
eux, et le point de leur rencontre se EN nouTE POUR ALLER CONSULTER
rait désormais la limite commune des L'onAcLE D'AMMON. — Bientôt le
deux peu les. Les envoyés de Carthage nom d'Alexandre de Macédoine, le
étaient eux frères du nom de Phi plus grand de tous les noms histo
lène; ils hâtèrent leur marche , tandis riques que l'admiration des euples
que les Cyrénéens se laissaient attar ait lé ués jamais à la postérit , vient
er, soit par négligence, soit par acci remp ir le monde et lui annoncer un
dent; en ces régions , en effet, les maître; des bords du Danube aux
tempêtes peuvent retenir les voyageurs plaines d'lssus, et d'lssus aux riva
aussi bien qu'en pleine mer; car lors ges de Tyr, la victoire l'accompagne
que le vent souffle sur ces plaines nues partout ; il arrive en Égypte, et
et arides, le sable, enlevé du sol et 'Égypte, aussitôt soumise, voit s'é
violemment agité, remplitla bouche lever une capitale nouvelle qui ef
et les yeux , et empêchant de rien aper facera Thèbes et Memphis , et perpé
cevoir, arrête forcément la marche. tuera dans les siècles à venir la gloire
Quoi qu’il en soit, les envoyés cy de son fondateur; Alexandrie, qui
rénéens se voyant en retard , et crai sera l'entrepôt du commerce de l'uni
gnant d'être punis au retour pour avoir vers entier, projette son merveilleux
mal fait leur devoir, se mirent à accu port en avant de la côte, sur la limite
ser les Carthaginois d'être partis de de l'Égypte et de la Libye: c'est dire
chez eux avant le temps convenu , éle assez que la Libye désormais doit
vèrent des contestations , déclarèrent obéir à Alexandrie.
enfin qu'ils tenteraient tout plutôt A cette époque où les croyances
que de s'en retourner vaincus: mais païennes exerçaient sur les esprits un
les Carthaginois leur ayant demandé empire illimité , il était d'une bonne
de poser une condition dont les chan politique de se concilier les oracles ,
ces fussent égales, les Grecs offrirent de donner à ses armes l'appui des
à leurs adversaires cette alternative , superstitions populaires, et Alexandre
ou de se laisser enterrer vivants à l'en ne négligea en aucune occasion ce soin
droit qu'ils réclamaient pour limite important : il avait promis de rebâtir
de leur pays, ou de souffrir qu'eux le temple de Diane à Éphèse; il avait,
mêmes, à pareille condition , pussent dans la capitale de la Phrygie, tranché
avancer jusqu'où ils voudraient. Les avec éclat le célèbre nœud gordien;
Philènes , souscrivant à cet accord , et aux portes de la Libye, il avait voulu
sacrifiant leur existence à leur patrie , visiter, au milieu des déserts, l'oracle
furent ensevelis vivants en cet endroit; fameux de Jupiter Ammon.Cet oracle,
et Carthage éleva à cette même place dit Arrien, passait pour infaillible:
des autels consacrés aux frères Phi Persée , Hercule même , l'avaient in
lènes , pour lesquels d'autres honneurs terrogé lorsqu'ils marchaient, l'un
furent aussi institués dans leur ville par ordre de Polydecte contre la Gor
natale. gone, l'autre contre le libyen Antée
Cette détermination, antérieure à la et contre l'égyptien Busiris; Alexan
rédaction du Périple de Scylax , où dre voulait rivaliser de gloire avec
l'on voit figurer l'es autels de Philène, ces héros dont il était descendu , fai
n'est point rapportée par les historiens sant d'ailleurs remonter sa propre ori
et les polygraphes à une date précise; gine jusqu'à Ammon lui-même,puis.que
mais on peut estimer approximative les traditions mythiques rapportaient
94
à ce dieu celle de Persée et d'Hercule. ni arbres, ni hauteurs pour se recon
Il avait dessein, au surplus, de s‘ins naître; rien n'indique la route que
truire de sa destinée, ou de passer du doit tenir le voyngeur,plus malheureux
moins pour être allé s'en instruire. Il que le nocher, dont les astres du moins
se mit donc en route, cheminant le dirigent la navigation. Alexandre et
long de la côte l'espace de seize cents les siens étaient dans cet embarras,
stades, à travers un pays désert où lorsque, au rapport de Ptolémée, deux
l'eau ne manque cependant pas tout à dragons sifflent et précèdent l'armée:
fait jusqu'à Parétonion, Alexandre accepte l'augure et ordonne
SOUMISSION DEs CYBÉNÉENS. — de suivre leur trace, qui dirige ainsi
Les Cyrénéens, avertis de la mar leur marche vers le temple, et ensuite
che d'Alexandre, s'étaient empressés leur retour. Mais Aristobule prétend,
de lui dépêcher des ambassadeurs; et son opinion paraît plus générale
c'est auprès du lac Maréotide au rap ment adoptée, que ce furent deux cor
port de Quinte-Curce, ou vers le mi beaux dont le vol guida l'armée. Je
lieu seulement du voyage suivant Dio crois bien, ajoute Arrien, u'Alexan
dore de Sicile, que les envoyés de dre n'arriva que par un pro ige; mais
Cyrène rencontrèrent le héros macé ici, vu la diversité des récits, tout n'est
donien; ils lui apportaient une cou qu'obscurité.
ronne d'or et des présents magnifiques « L’ondée imprévue qui survint au
parmi lesquels on remarquait trois milieu du désert avait permis à l'or
cents chevaux de guerre et cinq qua mée de recueillir dans un ravin une
driges de la plus grande beauté, en le nouvelle provision d'eau pour les qua
suppliant de leur accorder sa bienveil tre journées qu’il lui restait à faire
lance et de venir visiter leurs villes. dans cette contrée aride. On arriva
Alexandre les accueillit favorablement, enfin au lac amer, et après avoir mar
leur octroya amitié et alliance, mais ché encore l'espace de cent stades, on
ne se détourna point de sa destination. gagna les lieux habités; puis, en une
ALEXANDRE CONTINUE sa ROUTE journée de marche on atteignit le tem
A TRAVERS LE DE'sEnT JUSQU'AU ple d'Ammon.
TEMPLE D'AMMON. — Il quitta la DESCRIPTION DE L'oasis D'AM
côte à Parétonion pour s'avancer di MON. — Ce district, entouré de tou
rectement vers le temple d'Ammcn tes parts de déserts sans eau et sans
à travers le désert et les sables brû culture , est lui-même arrosé , sur un
lants de la Libye; il emportait dans espace de cinquante stades en tous
des outrés chargées sur des chameaux sens, d'eaux abondantes, douces et
la provision d'eau nécessaire pour saines , qui fertilisent un sol couvert
voyager dans ces vastes solitudes dé de bosquets,et surtout de vergers, où
pourvues de sources; mais le qua l’on jouit d'une agréable température
trième jour cette provision était déjà semblable à celle du printemps, for
épuisée, et son armée, haletante et mant un délicieux contraste avec la
abattue, eût éprouvé toutes les hor sécheresse et l'intolérable chaleur des
reurs de la soif, sans une pluie abon alentours.
doute qui survint à l'improviste, et qui « On dit (nous empruntons ces dé
fut regardée comme un prodige, aussi tails à Diodore de Sicile) quele temple
bien que le fait suivant raconté par fut bâti par l'égyptien Danaüs. La ré
Arrien d'après l'autorité de Ptolémée gion sacrée où il domine a pour voi
le Lagide et d'Aristobule, deux des sins, à l'ouest et au sud les Éthiopiens,
compagnons assidus d’Alexandre. au nord les Libyens nomades et les Na
« Quand le vent du midi souffle dans samons qui leur succèdent vers l'inté
ces contrées, il élève une si grande rieur; ce canton lui-même est exclusi
quantité de sables, qu'il en couvre les vement habité par les Ammoniens. Au
chemins disparus. Alors ces plaines centre est une acropole composée de
offrent l'aspect d'un océan immense : trois forteresses; la première est l'an
:
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mbœ ËZÆËS
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AFRIQUE ANCIENNE. 95
cienne résidence royale des princes du chemin selon Aristobule, en allant di
pays ; la seconde, beaucoup plus consi rectement à Memphis au dire de Pto
dérable, renferme la demeure des fem lémée, qui semble avoir, sur ce point,
mes, des enfants, et de tous les parents une plus grande autorité.
du roi, la citadelle, le sanctuaire, et la ALEXANDBE POURVOI’! A L’ADMI
fontaine sacrée où sont purifiées toutes NISTBATION DE L’ÉGYPIE ET DE LA
les offrandes destinées à la divinité LIBYE. — De retour à Memphis ,
du lieu. Dans la troisième habitent les il distribua le gouvernement et l’ad
satellites du roi, qui y ont des caser ministration. de l’Égypte et des con
nes fortifiées. trées voisines entre divers officiers :
«Non loin de l’acropole est un autre et la satrapie de Libye échut à Apol
temple d’Ammon , ombragé d’arbres lonius , fils de Charinus. La Cyré
grands et touffus, et près duquel se naïque était-elle comprise i’ Il sem
trouve la fameuse fontaine du soleil ble dif cile d’en douter: car Alexan
à la température périodiquement chan dre avait la prétention de commander
geante. L’image du dieu est couverte au monde; et l'on sait qu’il reçut plus
d’émeraudes et d’autres pierreries; et tard les députations des peu les afri
les oracles sont rendus avec des for cains plus reculés à l'ouest, es Libo
mes particulières : quatre-vingts prê Phéniciens, les Carthaginois,et autres,
tres portent sur leurs épaules une nef jusqu’aux colonnes d’Hercule. Mais on
d’or dans laquelle le dieu est conduit eut considérer, en même temps, que
à l’endroit dont il fait choix; il est e conquérant macédonien n’imposait
suivi d’une troupe nombreuse de filles qu'un joug très-léger aux nations sub
et de femmes psalmodiant en leur lan juguées, et qu'à l’egard des populations
gue,tout le long du chemin, des hym grecques en particulier sa domination
nes en son honneur. » etait plutôt un sim le protectorat. Il
ALnxANnnE CONSULTE L’onAcLn est donc plausible e croire que tout
ET RETOURNE A MEMPHIS.—-Al6xün annexée qu’elle était à l’empire d'A
dre ayant été introduit dans le tem lexandre , la Libye Cyrénaïque n’en
ple , en présence du dieu, le plus conservait pas moins toutes les liber
vieux des prêtres s’avança vers lui en tés politiques dont elle s'était habituée
le saluant du titre de fils, au nom de à user et abuser à son caprice.
la divinité dont il était le prophète; On en vit de nouvelles preuves au
Alexandre , oublieux de sa destinée moment où la mort d’Alexandre vint
mortelle, s’empressa d’agréer ce titre livrer les lambeaux de son empire à
en demandant que Jupiter lui accordât l’ambition de ses généraux: on sait
l’empire du monde :. ce à quoi il fut en effet que I’Égypte échut en partage
répondu aussitôt qu'il serait le maître à Ptolémée le Lagide, qui en prit pos
de toute la terre. Il voulut ensuite sa session sans conteste; mais la Cyré
voir si tous les meurtriers de son père naique suivait alors d'autres desti
avaient été punis; et le prêtre cour nées , que Diodore de Sicile nous a
tisan de répondre: que le dieu son racontées avec détail, et que nous rap
père était au-dessus de toute atteinte porterons d’après lui.
criminelle; mais que s’il voulait parler
de Philippe, les meurtriers de ce prince Histoire de la tyrannie de Thimbron.
avaient subi leur peine; et il prédit
enfin à Alexandre qu’il serait toujours THIMBBON APPELÉ A Cvm‘ms
invincible jusqu’à ce qu’il allât pren PAR UNE FACTION; ses PREMIERS
dre place auprès des dieux. , SUCCÈS. —— Il faut rappeler d’abord
merveilleusement satisfait de ces que pendant l’expédition d’Alexandre
oracles, le héros macédonien fit à Am ans les Indes, Harpale, qu’il avait
mon et à ses ministres de magnifi laissé gouverneur de Babylone, sup
ques offrandes, et se remit en marche posant que son maître n’en revien
pour l’Egypte, en passant par le même drait jamais, s’était abandonné à
96
toute espèce de luxe et de débau était le crétois Mnasiclès , homme de
che, de telle sorte qu’il la nouvelle grands talents militaires, pétulant et
du retour de son souverain , il n’osa audacieux, qui,mécontent du partane
attendre les effets de sa juste co du butin , fit défection , et passa u
1ère. et emportant cinq mille talents côté des Cyrénéens, auxquels il ,per
d’argent, il se fit suivre d'environ six suada, par ses accusations de cruauté
mille hommes de troupes mercenai et de perfidie contre Thimbron , de
res, avec lesquelles il se rendit d'abord rompre la capitulation et de repren
dans le Péloponèse. uis en Crète, où dre leur liberté. Comme il n’y avait
il périt par les emb ches du lacédé encore que soixante talents de payés,
monien Thimbron, l'un des siens, qui et qu’ils n’acquittaient pas le surplus,
s’empara de ses trésors, de ses sol Thimbron, les traitant de rebelles, fit
dats et de ses vaisseaux. arrêter ceux des Cyrénéens qui se
Tel était l’état des choses lorsque trouvaient dans le port, au nombre
Cyrène, toujours partagée entre deux d'environ huit cents , et menant aus
factions rivales, et dominée alors par sitôt ses troupes contre la ville, il en
l’une d'elles , expulsa de son sein les fit le siège, mais avec si peu de succès.
chefs de l'autre parti;'et ceux-ci, aux qu’il fut obligé de revenir à Apollo
quels se réunirent les ,Barcéens qui me.
partageaient la même fortune politi Les Barcéens et les Évhespérites
que, allèrent chercher asile en Crète, ayant fourni à Thimbron,‘contre Cy
où ils trouvèrent Thimbron disposé rene, les renforts stipulés pour une
en apparence à prendre fait et cause autre destination, les Cyrénéens, afin
pour eux. Les troupes et les réfugiés de se venger de cette conduite, allèrent
furent embar nés sur les vaisseaux, ravager les terres de leurs jaloux voi
et Thimbron t voile aussitôt pour la sins: ceux-ci recoururent à Thimbron,
Cyrénaîque , où les connaissances lo qui partit d’Apollonie pour marcher à
cales des exilés qu'il ramenait lui ser leur aide; et les Cyrénéens, profitant
virent merveilleusement à diriger ses habilement de l’occasion d’après les
opérations. Les Cyrénéens s’étant conseils du Crétois, vinrent aussitôt
avancés à sa rencontre . il leur livra sous ses ordres reprendre ossession
bataille , les vainquit , leur tua beau de leur port pendant l’a sence de
coup de monde,leur fit un grand nom Thimbron, recouvrer leurs marchan
bre de prisonniers , et s’étant rendu dises, et se mettre en défense.
maître du port, il les assiégea si vi La perte de cette place , et de ses
goureusement , qu’il les força à capi munitions, ôta d’abord tout espoir à
tuler moyennant une contribution de Thimbron; cependant, ayant repris
cinq cents talents d’argent et de la coura e et s’étant rendu maître par
moitié de leurs chars de guerre com voie e siège de la ville de Teuchira,
me contingent dans les expéditions il conçut quelque espérance de se re
qu’il voulait entreprendre. Il envoya lever; mais il éprouva bientôt de nou
aux autres villes des délégués pour veaux désastres; car ceux'qui étaient
conclure une alliance, comme s’il allait dans les vaisseaux, exclus du port et
soumettre les populations Iibyennesqui manquant de vivres, faisaient chaque
tenaient le plat-pays; et s’appropriant jour des descentes sur la côte pour se
les richesses que les marchands avaient DI‘OCLI‘CI‘ des provisions; mais les Li
abandonnées dans le port, il les livra byens se mirent en embuscade, en tue
au lpillage de ses soldats afin de sti rent un grand nombre, et firent beau.
mu e‘r leur ardeur pour la guerre. coup de prisonniers ; ceux qui échap
Rsvnns népérés DE THIMBBON. pèrent et purent regagner leurs vais
-— Mais la fortune ne tarda point à seaux, se dirigèrent vers les villes
changer la face des affaires et à met alliées; mais la tempête en fit sombrer
tre un terme aux prospérités de Thim plusieurs , et le reste fut emporté en
bron: parmi les chefs de son armée -Chypre et en Égypte.
AFRIQUE ANCŒNNE. 97
ON APPELLE nEs “nous ne rent des secours pour leur rétablisse
PAn'r E'r D'AUTRE. .— Sous le poids ment, et obtinrent l'envoi d’une armée
de tant de calamités, Thimbron ce tant de terre que de mer sous les or
pendant continuait la guerre; il y dres du général Ophellas.
avait dans le Péloponèse, auprès de Les ÉGYPTIENS, vENus AU 51:
Ténare, un corps de soldats étran couns DES CYRÉNÉENS, s'amusent
gers; car beaucoup de mercenaires, DU PAYS. -— A la nouvelle de son ap
restés sans emploi, erraient de divers proche, ceux qui s’étaient réfugiés au
côtés, cherchant qui les prit à sa solde; près de Thimbron, cherchèrent à s'é
et il se trouvait alors près de Ténare chapper dans la nuit pour aller joindre
une troupe de deux mille cinq cents leurs compagnons; mais ils furent dé
hommes environ, dans cette position. couverts et mis à mort. De leur côté.
Thimbron leur dé êcha quelques amis. les chefs plébèiens deCyrène, craignant
intelligents , qui es engagèrent pour les effets du retour des exilés, firent la
lui et les ramenèrent en Cyrénaique. paix avec Thimbron, et se réunirent
Mais dans l'intervalle, les Cyrénéens, pour résister ensembleà Ophellas; mais
euhardis par leurs précédents succès, celui-ci battit Thimbron et se rendit
avaient attaqué à leur tour , étaient maître du pays et des villes , à l'ex
restés vainqueurs, et avaient tué beau ception de Cyrène qui se défendit en
coup de monde à l'ennemi. Ainsi battu, core vigoureusement; Thimbron fugi
Thimbron désespérait presque de sa tif fut pris par quelques Libyens , et
cause , quand l'arrivée des renforts livré à l‘olinthien Épicydes qui com
partis de Ténare, en augmentant no mandait à Teuchira pour Ophellas ,
tablement ses forces, vint de nouveau puis conduit à Apollonie, où il avait
rétablir ses affaires et lui rendre cou commis tant de méfaits pour y être
rage. crucifié. Enfin , Ptolémée lui-même
Les Cyrénéens, deleur côté, voyant vint, dit-on , achever en personne la
la guerre se ranimer, demandèrent aide conquête de la Cyrénaïque (’), et laissa
aux Libyens du voisinage,et même aux garnison dans les places.
carthaginois; et ayant rassemblé ainsi, Quelle était la nature de le do
en y joignant les troupes de la ville, mination ainsi établie par Ptolémée?
jus u à trente mille soldats, ils se pré sans doute, dans sa pensée,. une
ar' rent a une bataille décisive. Thim souveraineté absolue; et de cette épo
ron , ayant réuni une armée consi que , à ce compte, devrait dater le
dérable , livra le combat, obtint la règne des Lagides à Cyrène. Mais il
victoire , fit un grand carnage, et se est douteux que les Cyrénéens fussent
regarda comme bientôt maître des vil disposés à considérer comme un mal
les voisines. Mais les Cyrénéens, dont tre véritable l'allié dont ils étaient
tous les chefs avaient été tués dans allés solliciter le secours; et le monar
l’action , en élurent d'autres à leur que égyptien avait trop affaire lui.
place, avec le crétois Mnasiclès à leur même, en ces premières années de son
tête, pendant que Thimbron, profitant avénement, avec les rivalités et les in
de sa victoire, assiégeait Apollonie et trigues auxquelles donnaitlieu le r
livrait à Cyrène des assauts journa tage de la succession d'AlexamiÏè ,
liers. La continuation de la uerre pour s'appliquer à tenir dans une
amena dans la place la disette es vi stricte obéissance une population qu’en
vres, et bientôt le renouvellement des faisait plier difticilement sous le joug.
séditions et des querelles entre la
plèbe et l’aristocratie; le parti popu Histoire de la tyrannie d’ophellas.
aire révalut, et expulsa les riches, INTERVENTION n’ornnuss DANS
qui, ésormais sans patrie, allèrent LES nIssENsmNs nEs CvnENEENs.
chercher asile, les uns auprès de Thim -— Il arriva cependant, peut-être, que
bron même , les autres en Egypte au
près de Ptolémée , dont ils sollicitè (") L'an 322 avant l’ère vulgaire.
7' Livraison. (Aramon ANCIENNE.) 7
98
la garnison égyptienne que les Cyré troupes nombreuses , il manifesta des
néens avaient reçue comme une con intentions d'agrandissement qui arri
cession , voulut un jour faire la loi; vèrentjusqu’aux oreilles d’Agathocles,
telle fut sans doute la cause d'une in roi de Syracuse , alors en Afrique , ou
surrection qui éclata par la suite C‘) , il menait rude uerre aux carthagi
et dans laquelle les Cyrénéens, reje nois. Ce prince épécba le s racusain
tant la garnison dans la citadelle, ' Orthon vers Ophellas, pour ni propo
tinrent bloquée : il vint d‘Alexandrie car une alliance offensive contre les
des envoyés chargés de les inviter à carthaginois leurs ennemis communs,
lever le siège ; mais les Cyrénéens dont la destruction laisserait à Aga
irrités tuèrent les envoyés, et res thocles la ossession paisible de la
sèrent plus vivement encoreles s0 dats Sicile , à 0p ellas l'empire de la Libye.
égyptiens. Ptolémée, irrité a son tour, Le Macédonien accepta avec ‘oie, et
envoya une armée sous les ordres envoya demander du renfort a Athè
d'AgIs , et une flotte sous le comman nes, où il était connu et fort estimé,
dement d'Épainète; Agis , ayant atta tant à cause de son mérite personnel
qué vigoureusement les insurgés, se u'à raison de son mariage avec Eu
rendit maître de la ville , se saisit des t ydice fille de Miltiades, de la
chefs des mutins pour les envoyer à race du vainqueur de Marathon : les
Alexandrie, désarma les autres, et Athéniens se rendirent avec empresse
ayant rétabli l'ordre dans la Cyrénaî ment à son invitation; et beaucoup de
que , s'en retourna en ypte. guerriers des autres cités de la Grèce
Il est probable que insurrection accoururent aussi se ranger sous ses
ainsi apaisée n'était que l'une des drapeaux, espérant que la fortune al
phases de la lutte toujours subsis lait leur livrer la plus belle portion de
tante des deux partis entre lesquels la Libye et les richesses de Carthage
se divisait la population de Cyrene, our se refaire de l'état misérable où
l'un ayant pour noyau l'aristocratie es dissensions intestines les avaient
des villes qui s'appuyait sur l'armée réduits.
d'occupation égyptienne commandée EXPÉDITION MALHEUREUSE D'O
par Ophellas, l'autre formé de la PHELLAS CONTRE LES CABTHAGI
plèbe impatiente de toute domina Nois. —— Ophellas ayant tout préparé
tion et de tout frein. L'expédition pour son expédition,se mit en marche
d’Agis et d’Épainète ayant rendu à avec une armée de dix mille fantassins,
Dphellas la supériorité de forces que six cents cavaliers, et cent chars mon
l'insurrection populaire avait quelque tés par plus de trois cents combattants;
temps neutralisée, le parti aristocra il y avait en outre, hors des cadres de
tique, recouvrant par ce moyen sa l'armée, près de dix mille hommes,
prépondérance politique , dut se mon avec femmes, enfants et baga es, en
trer reconnaissant envers le chef ma sorte qu'il semblait que ce lit une
cédonien qui avait fait cause commune colonie tout entière. Après dix-huit
avec lui; et de là résulta sans doute, journées de route , pendant les
pour celui-ci, l'occasion et le dessein quelles on avait parcouru plus de trois
de se former aussi un royaume indé mille stades , on campa auprès d'Auto
pendant , à l'exemple des autres corn malax. '
pagnons d'armes d'Alexandre. Au delà sont des montagnes aux
OPHELLAS SE DÉCLARE soi ne LI flancs abrupts, renfermant une vallée
BYE. —- uoi qu'il en soit, au lieu de profonde d'où surgit une roche es
se borner être le lieutenant de Ptolé carpée, au pied de laquelle des
mée, Ophellas prit en son propre nom lierres et des cyprès cachent l'entrée
le gouvernement de la Cyrénaîque d'une vaste caverne. C'est là, dit-on.
avec le titre de roi, et ayant réuni des ue vivait jadis la reine Lamia,
emme d'une beauté merveilleuse,
(‘) L'an 3x3 avant l'ère vulgaire. transformée en bête féroce à cause de
AFRIQUE ANCIENNE. 99
ne cruauté: a raconté que, voyant CORQUÊTI. ne m, Cru'nIQul
mourir tous ses enfants, le chagrin un Les ÉGYPTLEM. — Avec la
lai inspira une envie furieuse contre mort d’Ophellas 'évanouit le rêve
les hautes fécondes, et qu’elle leur d’un‘ empire de Libye. Mais ce n’est
fit arracher leurs enfants pour être p‘oint a dire que Cyrène tomhét im
aussitôt massacrés. a Aussi, jusqu'au médiatement sous la domination égyp
jour, écrit Diodore de Sicile, les enfants tienne: la veuve d’flphellas, Euthy
ont- ils srdé le souvenir de cette dice, ,retournés en Grèce, y devint
femme, ont le nom est pour eux un l’épouse deDémétrius fils d'AMigone,
épouvnntaii. I Elle chercha l’oubli de l'ennemi le plus redoutable de Ptolé
ses douleurs dans l’ivresse, laissant mée, et l'on peut croire qu’slh employa
ators chacun faire ce qu’il voulait, sans l'influencequ’elledevaitavoirœnservée
s'enquérir de ce qui se passait dans le en Lib e, à déjouer les projets de con
pays, en sorte qu’on la tint pour quête u maître d’Alexandsie. Nous sa
aveugle : et l'on en vint à dire ligu vous du moins, de Pausanias, qu’un
rativement qu'elle avait mis ses yeux moment où Ptolémée marchait contre
dans sa poche, exprimant son incurie Cyrène, Antigone, lui enlevant la S3‘
née de l’ivresse par la cécité supposée rie et la Phénicie , le forçait à revenir
lui aurait causée le vin. Qu'elle vers l’Orient; puis ce fut en Chypre, et
ait. dans tous les cas , vécu en Libye, bientôt en Égypte même, qu’Antigoue
c’est un point, ajoute Diodore, sur et Démétrius transportèrent le théâtre
lequel on peut invoquer le témoignage de la guerre , en sorte que c’est seule
formel d’Euripide, lorsqu’il dit (*‘) : ment après la mort d’Antigone et la
« Qui ne connaît la race, en horreur défaite de Démétrius, à la célèbre ba
aux mortels , de la libyenne Lamie? u taille d’lpsus (*) , que Ptolémée, ayant
Ophellas conduisit ses troupes à repris possession de la Syrie et de l’ile
travers ces déserts arides et infestés de Chypre, put songer de nouveau à
d'animaux dangereux, où le manque soumettre la Cyrénaïque.
d’eau et de vivres mit en péril le sort Il chargea de ce soin son beau-fils
de toute l'armée. Au voisinage des Magas, fils de cette Bérénice qui, de
Syrtes , le ays est rempli de bêtes ve suivante qu’elle était d’abord de la
nimeuses ont la morsure fit‘beaueoup reine Eurydice fille d’Antipater, s’éo
de ravages , sans que là médecine Dl tait élevée à son tour jusqu’a la couche
les soins de l’amitié en pussent con royale. Magas, fils de l’obscur macé
jurerles effets; en rencontrait des donien Philippe, dut à l’influence de
serpents dont la couleur’ terreuse se sa mère le commandement des trou
confondait tellement avec celle du pes chargées de réduire les Cyrénéens
soi , qu’on ne savait les éviter, et ceux a l'obéissance, et ensuite le gouverne
qui les foulaient par inadvertance, mentde la nouvelle province ajoutée par
p‘éeissait de leurs morsures. Enfin ses armes à l’empire'des Ptolémées.
après plus de deux mois de la marche C’est de ce moment que date l’éta
la plus pénible, on rejoignit Agatho blissement définitif de l'autorité des
cles . et l’on campa dans le riche pays Lagides sur la Cyrénaïque.
de Carthage : on sait comment le per
fide Syracusain fit périr Ophellas (“) IV. RÈGNE mas LAGIDBS.
pour s’approprier son armée. Rois particuliers de la Cyrénaïque.
(’) Ttç 'rm'noçwz r6 &«Miùmv flootoîç
MAGAS souvenirs n’snonn au
Ot‘nt 07.6s Aqsiaç flic liôua'rtxñç TÉVOç. NOM DE Pronsusn LAGIDB. .- De
Bourru. qui Dmlrol. , xx. (x. puis l’expédition de Mages, Ptolé
(") L'an 308 avant notre ère. ‘r71; (Bpaç ñ'mbpevoc rrsptsîrrev au’rrov, sa‘; 11: !
'Ayaôoxlñç ’Oçs'ktzvn . môépavoç eivau. 90,6 'rñv Osparretzv ai‘rroü p.6vnv Molette... 1.1‘. .
mtôa, ôprnpov dût‘? ‘tèv lôtov uiàv Enspiluev Pourri, Slralag‘cmfl. V. Aglth. 4.
'Hpœùdônv abpaîov 6ms"... .‘O Kuonva‘foç (") L'an 301 avant notre ère.
7.
100
mée régna encore quinze années , 'Apamé, fille d’Antiochus Soter roi de
pendant lesquelles Cyrène demeura Syrie, et petite-fille de Démétrius Po
tranquillement soumise à son sceptre, lyorcète. Il rofita des circonstances,
sous le ouvernement doux et ferme prit le titre e roi ("), et se prépara à
de son eau-fils; car la douceur de marcher contre l’Ég’ypte. Avant de
Magas n'est pas moins vantée que ses quitter Cyrène, il noublia point les
qualités militaires, et Plutarque cite précautions de prudence que comman
un exemple de son indulgence envers daient l'esprit remuant et l'humeur
le poète Pbilémon , qui l'avait publi changeante de ses inconstants sujets;
quement offensé par des railleries pi il eut soin d'y laisser une garnison
quantes dans ses comédies : une tem dévouée, de renfermer dans la cita
pête l'ayant poussé à Parétonion , delle toutes les armes, machines et
Magas , pour toute vengeance,'se con munitions de guerre, et de faire dé
tenta de l’effrayer par l'appareil du manteler les murailles de la ville , afin
supplice, et tournant ensuite la chose d'être toujours, en cas de sédition , le
en plaisanterie, il le renvoya chargé maître d'y rentrer par cette voie. S'é
de jouets et de bagatelles comme un tant mis en marche, il s’empara bien
enfant. tôt de Parétonion, et il envoya de là
L’historien Josèpbe nous apprend des éclaireurs qui , s'avançant sous
que c’est ce premier Ptolémée qui des dehors amis, conduisirent ainsi
établit, à Cyrène et dans les autres l’armée sans obstacle 'usqu’au village
villes de la Libye , de nombreuses co de Khi (**), voisin d'Alexandrie.
lonies de Juifs, tirés de l’Egypte, où INSUBBECTION Des Mxnusmnxs ;
il les avait d'abord transportés après RÉCONCILIATION DE MAGAS’ET DE
ses expéditions en Syrie, et où il en PHILADELPHB. — Ptolémée Phila
existait d'ailleurs déjà du temps d’A delphe , à la première nouvelle de
lexandre le Grand. l'approche de Magas, se bêta de for
Sentant sa fin approcher, Ptolémée tifier tous les passages, et se tint sur
voulut désigner et même installer son la défensive; mais dans ces conjonc.
successeur : il choisit l’aîné des enfants tures, Magas apprit ne les Marma
qu’il avait eus de Bérénice mère de rides errants de la Li ye secouaient
Magas, et le fit solennellement pro le joug et pouvaient rendre sa re
clamer roi à sa place (*); puis il s’é. traite périlleuse: il abandonna aus
teignit environ deux ans après , dans sitôt ses projets pour regagner Cy
un âge fort avancé. rène. Ptolémée eût bien voulu le pour
MAGAS sa mienne SOUVERAIN suivre, mais quatre _mille Gaulois
s1: MARCHE courus PHILADELPHE. mercenaires u il avait ris à sa solde
—— Le nouveau roi d’Egypte, frere ont se défen re contre es Cyrénéens,
utérin de Magas, avait nom Ptolémée ui inspirèrent une telle défiance, que
comme son père; il fut surnommé son premier soin fut d'aller les perdre
Philadelphe, par une amère ironie sur une île déserte du Nil , où il les
de sa conduite envers plusieurs de ses laissa mourir de faim et de détresse.
frères , dont la vie fut sacrifiée à son Magas avait, d'un autre côté, engagé
ambition. son beau-père Antjochus à venir por
Magas n’attendit point d'être à son ter la guerre en Egypte; mais Ptolé
tour une nouvelle victime de cette
amitié fraternelle; dix-sept années (*) Il est parvenu jusqu'à nous des mou
d'un gouvernement paisible avaient uaies et des pierres gravées de cette époque.
habitué les C rénéens à son autorité, (’*) Ce village, ainsi nommé dans le Sla
et rendaient acile toute tentative d’in diarme anonyme de la Grande mer, est
dépendance de sa part : il avait d’ail appelé de même par Polyen, comme le
leurs consolidé sa position en épousant marquait le ms. de Casaubon, bien que le
savant critique ait regardé cette leçon
(') L'an 285 avant notre ère. comme fautive.
AFRIQUE ANCIENNE. 101
mée y obvia en dépéchant dans les alliance avait été résolue, s'empressa
États de ce prince des émissaires af de la rompre pour faire passer entre
fidés, chargés d’inciter les pc ulations les mains d’un autre époux le sceptre
à la révolte , en sorte que e roi de de la Cyrénaique. Arsinoé jeta les yeux
Syrie fut retenu chez lui par le soin sur le beau Démétrius, fils du Po
de ses propres affaires. lyorcète, et frère d’Antigone Gonna
La concorde fut rétablie plus tard tas roi de Macédoine : ce prince nc
entre lesdeux frères , et la paix fut cepta avec joie l'offre qui lui fut faite
cimentée par les fiançailles de la jeune de la main de Bérénice et du trône de
.“Bérénice,.fille unique et héritière de Cyrène; il accourut, fut fiancé à la
Ma as, avec le jeune Ptolémée, fils de royale héritière, et prit possession de
Phi adelpbe. Ainsi se trouvaient con son royaume : mais il n'en jouit pas
ciliées toutes les prétentions; et Ma longtemps.
gas, passant les dernières années de sa Démétrius était d'une telle beauté,
vie dans le repos et la mollesse, acquit que le philosophe Arcésilas s'en était
une telle obésité qu'il mourut étouffé épris, et que la reine mère conçut pour
par l'excès d'embonpoint, après avoir lui un amour auquel il ne sut pas lui
commandé à Cyrène pendant cinquante même résister ; Bérénice, offensée
annees. de l'oubli qu'il faisait de ses engage
TROUBLES DE CvnÈNE APAISÉS ments envers elle , conjura sa perte;
un ECDÈME ET DÉMOPHANES. — et l'imprudent Démétrius fut surpris
A la mort de Magas , privés d'un et mis à mort par ses ordres , dans la
maître dont l'habileté avait su à la propre chambre d’Arsinoé, qui essaya
fois concilier et comprimer leurs riva vainement de le défendre (*).
lités et leur turbulence, les Cyrénéens Alors Bérénice, libre d'accomplir le
se laissèrent de nouveau entraîner à mariage auquel son père l'avait des
des dissensions civiles: il ya lieu de tjnée , apporta en dot à Ptolémée
croire que le parti populaire, ébloui Evergète, au moment même où il
de l'éclair de liberté qui sillonnait montait sur le trône d'Égypte ("), la
alors la ‘Grèce et préludait aux grandes couronne de Cyrène , _une beauté que
luttes de la ligue achéenne, renouvela les poètes ont célébrée, et une pureté
ses anciennes prétentions à une pré-' virginale qu'ils ont aussi proclamée
pondérance exclusive; deux philoso dans leurs vers ('**). Callimaque la re
phes mégalo olitains , Ecdème et Dé présentait comme la quatrième des
mophanes , isciples d'Arcésilas, les Grâces, et C rène préparait ses par
deux lilus grands publicistes de leur fums de rose es plus délicieux pour sa
siècle, qui avaient délivré leur patrie magnifique chevelure , immortalisée
de la tyrannie d’Aristodème , et puis par le sacrifice qu'elle en fit à Vénus
samment {aidé Aratus à délivrer Sicyo pour obtenir l'heureux retour de son
ne décolle de'Nicoclès, furent appelés époux lors de son expédition de Syrie,
à Cyrène pour y rétablir l'équilibre et par la ilatterie de l'astronome Co
entre les- actions rivales; et le dou non de samos qui lui donna place
ble témoignage de Polybe et de Plu<
tarque nous assure qu'ils remplirent (') Cùm in leclum socrùs concessisset
avec succès leur‘mission, et maintin percussores immittuntur.Sed Arsinoé andilà
rent la versatile cité dans le paisible voce filiæ ad fores slantis et præcipientis
exercice d'une sage liberté. ut malri parcerent, adnlterum paulisper
BÉBÉNICE ÉPOUSE SUCCESSIVE corpore suo protexit. (JUS'HIT, flirt. XXVI.)
MENT DÉMÉTBIUS ET PTOLÉMEE C’) L'an 247 avant l'ère vulgaire.
ÊVEBGÈTE. — Cependant, le mariage ('n) Què Rex tempestate, novil suclus byme.
(’) Probablement en l'énnée :32 de no (*) On sait que l’ère des martyrs date
du 29 août 284.
tre ère.
AFRIQUE ANCIENNE. 129
MoncELLEMEN'r DES HOMMES fournies par le livre De la mort des
sons DIOCLÉTIEN. —— On s'accorde persécuteurs : « Avare et timide à la
à ra porter au règne de Dioclétien, « fois, » s’écrie le fougueux écrivain,
sur a foi d'un reproche adressé à sa « Dioclétien a bouleversé toutela terre :
mémoire par l'auteur du livre De la a il s'est associé trois collègues . divi
mort des persécuteurs C‘), le morcel - sant le monde en quatre parties,
lement des provinces, dont on n’en « grossissant les armées au point que
trevoit que des traces éparses et fu a chacun des quatre empereurs a plus
gitivcs dans les auteurs contempo « de soldats qu’il n’en fallait autrefois
rains, et à l'égard duquel nous n'avons « au maître unique de tout l'empire...
de renseignements précis que posté - Les provinces aussi ont été coupées
rieurement à l'organisation générale en en morceaux; on a établi des gouver
faite par Constantm le Grand. On sait « neurs avec toute leur séquelle dans
du moins que Dioclétien, et son col « chaque contrée, pres ne dans chaque
lègue Maximien-Hercule, s’étantasso « cité: des intendants e finances mul
cie , le 1°‘ mars 292, Constance-Chlore «tipliés, des inspecteurs généraux
et Galère, il y eut alors, entre les deux en miliiaires, des vice-préfets,..... etc. »
augustes et les deux césars. une di Mena D’Araits LEQUEL L’EMPmE
vision quadripartite de l'empire, dans FUT DIVISÉ EN QUATRE PARTIES. —
laquelle Constance-Chlore eut l’Occi Il y a donc lieu de penser que le
dent au delà des Alpes, Maximien partage de l'empire se lit entre les
l’Italie et l'Afrique, Galère le reste quatre princes par voie d'attribution ,
de l’Europe, et Dioclétien l'orient : la à chacun d'eux , d'un certain nombre
Cyrénaique avec la Libye et l'Égy te de provinces, suivant certaines conve
étaient comprises dans ce dernier et. nances résultant des affinités mutuelles
Il est difficile de décider si la Crète de celles-ci; et que, plus tard seule-v
fut dès lors détachée de Cyrène pour ment, quand chacune de ces provinces
s’alter annexer à la Grèce, apanage de en eut formé plusieurs, la grande di
Galère: quelques auteurs ont admis vision quadripartite put être modifiée
cette séparation hâtive; il nous semble par le retrait ou l'accession de quel
plus sage de douter, et nous penchons qu’une de ces provinces nouvellement
même à croire qu’elle ne dut avoir lieu constituées. C’est ainsi que nous rap
que sous Constantin. Il est probable, portons au règne de Dioclétien l'or
en effet, que le morcellement des pro ganisation d'après laquelle trois pro
vinces ne précéda point le partage de vinces distinctes se trouvèrent formées
l'empire, et qu’il fut, au contraire, une du territoire de l'ancienne province
conséquence de ce partage, ‘parce qu'a Cyrénéenne établie par Au uste. ‘Nous
lors chacun desquatre princes ré nants avons déjà remarqué le éplaeement
voulut avoir sa cour, ses oflciers, de limites ui , sous Adrien avait
toute la hiérarchie administrative et transporté e cette province a celle
militaire d’un empire distinct ; et d'Egypte la Libye qui s'étend à l’est
pour multi lier les commandements, de Darnis; sous Dioclétien, cette der
il fallut mu tiplier les divisions terri nière dut être détachée de l’Egypte
toriales sur lesquelles ces commande pour faire une province nouvelle; et
ments étaient exercés. Telle est la celle qui du temps d’Adrien compre
marche naturelle des choses , telle nait sous un seul gouverneur la Pen
aussi la succession des indications tapole cyrénaique et l’île de Crète, fut
(") Ce livre est vnlgairemcnt cité sous lenaturellement subdivisée par Dioclé
nom de Lactance; mais le manuscrit unique tien en deux gouvernements distincts,
ni a servi de type a toutes les éditions ne l'un continental, l'autre purement in
gésigne l'auteur que sous le nom de Lucius sulaire; et c'est au temps de Constan
Cc'cilius, qui n'a qu'un rapport bien in tin seulement que ce dernier gou
complet avec celui de Lucius Cœlius Laclan vernement , ayant acquis ainsi une
tiw Finnianur. individualité propre , put étre distrait
9' Livraison. (AFBIQUE ANCIENNE.) 9
130
sans effort de l'un des quatre grands général à Nicée, en pré‘éence même
départements de l'empire, pour être u souverain, le 19juin 325, au nom
désormais rattaché à un département bre de trois cent dix-huit évêques.
voisin. pour y dresser le symbole de leur foi:
Il serait, en effet. erroné de croire es deux provinces de Libye (la Libye
que ces quatre grandes divisions, dans et la Pentapole) y furent représentées
chacune desquelles il y avait un préfet par sept évêques, groupés en deux
du prétoire avec plusieurs vice-préfets, camps, les uns autour de leur métro
répondissent précisément aux quatre politain le patriarche d‘Alexandrie , le
préfectures établies par Constantin, autres autour du théologien Arins, qui
et renfermassent les mêmes diocèses fut alors déclaré hérésiarque.
ou vice-préfectures: ainsi Dioclétien L'organisation générale de l’empire
n’avait point dans son département sous Constantin ne nous est pas con
le diocèse de Thrace, qui fut cepen nue dans ses détails avec une pré-t
dant compris ensuite dans la préfec cision telle qu’on la pourrait désirer,
ture d’Orient; et après l'abdication puisque la Notice des dignifés des
de Dioclétien (*), le lot qu'il avait en empires d’Orient et d’occident, ce
ne passa même à Maximin que dimi précieux inventaire de toutes lescharges
nue encore des provinces du Pont, civiles et militaires du monde romain,
u’il reprit seulement après la mort est postérieure d'environ un siècle à
e Galère C“); Licinius au contraire l'établissement administratif fondé ou
ajouta tout le département de Maxi complété par cet empereur. Toujours
min 0*") à une portion de celui de Ga est-il, nous le savons par le témoi
lère. Nous ne saurions, au surplus, gnage explicite de Zosime, que dans
déterminer le nombre et l'étendue des le partage qu'il fit, en quatre grandes
diocèses existants à cette époque préfectures prétoriales, du territoire
dans chaque département, et c’est uni de l’cmpire qu'il venait de pacifier (*),
quement par conjecture que nous pou la Pentapole et la Libye furent attri
vons considérer la Cyrénaîque et ses buées au préfet qui eut l’Egypte avec
démembrements comme englobés avec l’Orient; tandis que la Crète , déjà sé
I’Égypte dans un même diocèse, dont parée de Cyrène , fut dévolue à celui
la Palestine faisait peut-être alors éga qui avait lIllyrie avec la Grèce; l’A
lement partie: tout ce que nous sa frique, à l'ouest de la Pentapole, ap
vons avec assurance, c'est que ces partenait au préfet d'ItaIie; celui des
rovinces appartinrent successivement Gaules tenait l'ancien lot de Constance
a Dioclétien, à Maximin, et à Licinius, Chlore.
et que la persécution contre les chré Cette organisation devait recevoir,
tiens y fut à diverses fois renouvelée, de son auteur même, une modifica
jusqu‘à la réunion de tout l'empire tion importante, lorsqu'il voulut dis
dans les mains de Constantm. tribuer entre ses trois fils, Constantin,
ORGANISATION ET PARTAGE na Constance et Constant, et ses deux
L'Blmm: sous CoNs'rAN'rtN ET sas neveux Delmace et Annibalien (**),
ENFANTs.- Sous ce dernier empereur, les provinces de ce grand empire; il
le christianisme cessa d'être opprimé, est vrai que le département du jeune
il devint même la religion dominante et Constantin répondit exactement à la
favorisée; et les Pères de l‘Eglise ca préfecture des Gaules; mais celle d'0
tholique‘ purent se réunir en concile rient, donnée à Constance, perdit
C’) Le 1" mai 305. Maximin ne fut fait d’une part la petite Arménie, le Pont
-alors que césar, mais il se déclara lui-même et la Cappadoce, qui en furent démenn
auguste dès 308.
(") En avril 311. (’) Ce qui indique pour date l'année 326
(""") Maximin, vaincu par Licinius. mou de notre ère.
rut vers août 313; Licinius lui-même fut (") En l'année 335, deux ans avant sa
dépouillé par Constantin à la fin de 323. mort.
AFRIQUE ANCIENNE. 181
brés pour former un royaume à An ation mutuelle entre collè es. Aussi
nibalien, et d’autre part la Thrace, es aperçus géographiques e l'empire
qui fut jointe à la Grèce démembrée de romain qui nous sont fournis par Sex
l’Illyrie, pour constituer le départe tus Rufus sous Valens et Valentinien,
ment de Delmace; la préfecture d’lta par Ammien Marcellin et par la N0
lie s’nugmenta au contraire du reste tice des Provinces sous Théodose le
decelle d’Illyrie, pour devenir le lot de Grand et Valentinien le Jeune, le re
Constant. Mais à la mort de Constan présentent comme un seul tout, sub
tin le Grand, cet ordre fut encore divisé en provinces. La Notice y
bouleversé, et pendant que Constan compte cent treize provinces, renfer
tin le jeune et Constant se disputaient mées dans onze régions ou diocèses,‘
l'ltalie et l’Afrique, Constance repre la région d’Égypte y figure pour six
nait tout l'Orient et la Thrace; puis, provinces, parmi lesquelles sont énu
quand il alla combattre les tyrans qui mérées la Libye Aride (Libya Sicca),
s’étaient élevés en Occident à la place c’est-Îa-dire la Marmarique, et la Li
de ses frères, il laissa le gouvernement bye Pentapole, e’est-à-dire la Cyré
supérieur de' l’Orient à son jeune cou naique.
sin Gallus, avec le titre de César (*) SÉPARATION mas maux mrrrnxs A
et Lucilianus pour maître de la mi LA non'r DE Tmâonosn LE GRAND.
lice , indépendamment des préfets du -—-Après la mort de Théodose, au con
prétoire entre les mains desquels se traire, il y eut désormais deux empires
trouvait l’administrati’on réelle, et dont bien distincts, conservant, il est vrai,
il se réservait la nomination; mais une organisation similaire, mais non
trois ans après, Gallus ayant été mis plus commune. C’est le tableau de
à mort par ordre de Constance, tout cette organisation qui nous est donné,
l’empire se trouva réuni de nouveau pour chacun des deux empires, par la
sous un même sceptre. Au milieu de Notice des Dz‘ nités, où nous allons
ces changements, la Pentapole et la relever les in ications spéciales qui
Marmarique n’avaient cessé d’apparte concernent la Libye.
nir directement à Constance que pen L’empire d'orient était divisé en
dant le règne transitoire du césar deux préfectures du prétoire, celle d’O
Gallus. rient et celle d’Illyrie. La première
RÈGNE ne VALENS m on THÉO comprenait cinq diocèses, savoir , I’É
nosn LE GBAND.—-Quand l’empire fut gypte , l'orient, l'Asie, le Pont et la
donné à Valentinien (en 364),‘ on sait Thrace, dontles quatre derniers étaient
qu’il le partagea avec son frère Valens, gouvernés par des vice-préfets, tandis
à qui il céda tout l’Orient, dont les deux que le gouverneur du diocèse d’Égypte
provinces lib ennes formaient invaria avait le titre particulier de préfet au
lement une épendance; et si Théodose gustal: six provinces se trouvaient
le Grand, qui succéda à Valens (en 379), dans sa circonscription, savoir , la Li
parvint ,à réunir encore une fois en bye supérieure répondant à l’ancienne
ses mains tout l'empire, ce fut pour Cyrénaïque, la Libye inférieure ré
en consommer le partage irrévocable pondant à la Marmarique, l'E ypte
(en 395) entre ses deux fils, Arcadius propre, la Thébaîde, l’Arcadie,et ’Au
qui eut l’Orient, et Honorius qui eut gustamnique; sauf l’Égypte propre,
l Occident. J usqu’alors il n’y avait eu, directement régie avec le titre de pro
à proprement parler, qu’un seul et vince consulaire par le préfet augus
même empire, possédé à la fois ,par tal lui-même, toutes ces provinces
deux ou plusieurs empereurs, dont avaient chacune un commandant titré
chacun exerçait plus spécialement son de præses, ayant, pour l’expédition
autorité dans une circonscription dé des affaires administratives et judi
terminée, mais par une sorte de délé ciaires, des bureaux dirigés par un pre
mier commis.
(') Le :5 mars 351. Le commandement militaire, qui
9.
132
depuis Corlstantin le Grand demeurait que des autres documents que nous
tout à fait séparé du gouvernement possédons, laissent fort obscur pour
olitique, appartenait, en chef, sous nous; et grande est la divergence des
iès ordres immédiats de l'empereur, critiques qui ont voulu l'expliquer, les
à des grands-maîtres ou colonels-gé uns supposant le retraitj absolu des
néraux, deux pour la garde impériale, troupes régulières de toute la Libye,
toujours présents à la cour,.et trois ou au moins de la Cyréuaique, les au
pour le reste de l’armée, exerçant tres la coexistence d'un gouverneur
chacun son autorité dans une grande civil et d'un commandant militaire
division militaire, comme l'orient, la dans la Pentapole, d'autres encore la
Thrace‘ou l'lllyrie. Parallèlement à réunion des pouvoirs civils et mili
eux, un grand-maître des offices ou taires en une seule main("). Quoi qu'il
intendant-général avait dans ses at en soit à cet égard, des modifications
tribut/‘ions les services administratifs avaient eu lieu, qui excitaient le dé.
de l'armée et la juridiction militaire plaisir de Synésios, et lui avaient fait
supérieure. Cha ne grande division se réclamer, quoique en vain, le retour à
partageait en pusieurs subdivisions, l'organisation ancienne.
attribuées à des généraux de divers
rangs, les plus élevés en grade ayant Cinquième période , règnes d'zircœ
le titre de comte, les autres celui de dius et de Théo‘a'ose le Jeune :
duc; trois de ces généraux étaient af Epoque de Synésios.
fectés au diocèse d’Égypte, savoir , un
comte d'Egypte. un duo de Thébaîde, COMMENCEMENTS nE SYNÉSIOS.
et un duc de Libye. —Nous venons de prononcer un nom
CRÉATION D'UN DUC DE LIBYE. qui tient une place d'honneur dans
— Dans le rincipe, il n’ avait, pour l'histoire de la Cyréuaique à cette
la défense c tout le diocèse d’Égypte, époque: Synésios nous résente, au
qu'un seul duc, dont l'institution, sous milieu des calamités qui désolèrent sa
ce titre ou sous un autre, paraît re patrie, une de ces belles figures que
monter au règne même d‘Auguste; grandit encore la petitesse des person
uis on voit, au temps de Gallien, en nages qui occupent la scène autour de
‘année 265, figurer dans l'histoire du lui. Il nous faut consacrer ici à ce
t ran Celsus par Trébellins Pollio, un nom célèbre une page spéciale.
no de Libye, Fabius Pompeïanus, qui Issu de la race royale des Eurysthé
s'était prononcé pour cet empereur (') La première de ces opinions est ex
éphémère : mais quelque doute peut posée par Marcus, dans ses additions à
s élever sur l'exactitude de cette dési a Géographie de Mannert; elle n'est que
gnation; il est plus sûr de ne rappor spécieuse, et accompagnée de notables er
ter u'au règne de Valens la création reurs. La seconde est professée par le savant
des ducs de Thébaîde et de Libye, aux Tillemont, qui cependant n'a pas été suivi
dépens des attributions du duc d’É sur ce point par Lebeau, son paraphrasle
gypte, que l'on consola de ce démem ordinaire; mais Lebeau a certainement con
brement en l'élevant au rang de fondu des indications très-distinctes, et l'on
comte. peut s'étonner que. Saint-Martin , son der
Le duc de Libye, qui avait son quar nier éditeur critique, n'ait pas relevé cette
tier-général à Parétonion, paraît avoir confusion. Tillemont nous semble donc ici
été, dans l'origine, charge de la dé le meilleur guide à suivre, et c'est en nous
aidant de son jugement à la fois perspicace,
fense de toute la Libye, c'est-à-dire consciencieux et sur, que nous avons u
de la C rénaique et de la Marmarique cheminer dans le labyrinthe des données
ensemble; mais il y eut, à cet égard , historiques éparpillées dans le recueil désor
quelque changement notable, qu'une donné des écrits de Synésios. Notre con
lacune dans le seul exemplaire qui fiance n'a cependant point été aveugle, et
nous soit parvenu de la Notice des nous avons osé, sur quelques points, avoir
Dignités, et l'insuffisance ou l'équivo. une opinion différente de la sienne.
AFRIQUE ANCIENNE. 133
nides de Sparté, Synésios avait vu le sures qui lui paraissaient au contraire
jour à Cyrène vers le milieu du qua d’urgente nécessité. Ce fut d'abord à
trième siècle de notre ère, et se trou,” ïropos de l'abandon qui était fait de
vait l'alné de trois enfants: Evoptim a garde militaire et de l'administra
était le nom de son frère, Stratoniùe'Jtion de la cité à des mercenaires ,
celui de sa sœur. Il fut élevé dans sa’ abandon que Synésios combattait ,
ville natale, où il étudia les belles-let mais qu'il ne put empêcher. Puis ce
tres, mais surtout les mathématiques fut au sujet d'une mission que le noble
et la philosophie, et il alla perfection Cyrénéen alla remplir. au nom de son
ner son instruction à l'école d’Alexan pays, auprès de l'empereur Arcadius,
drie, où il suivit les leçons de la cé en l'année 397; mission que Julius
lèbre Hypatbie fille de Théon, aussi ambitionnait sans doute, et pour la
savante qu‘aimable, aussi chaste ue quelle il ne pardonna peut-être point à
belle, pour laquelle il conserva toîte son rival de lui avoir été préféré.
sa vie une vive et respectueuse affec MISSION DE SvNEsIos AUPRÈS
tion, soumettant à sa critique et à son n'Ancxmus- Synésios était chargé
goût exquis les œuvres sorties de sa d'offrirà l'empereur une couronne d'or,
plume, acceptant ses décisions comme et de demander une remise d'imposi
des oracles. Un riche patrimoine lui tions.Le discours d'apparat qu'il pro
permettait de suivre son inclination nonça à son audience d'introduction
pour la culture de la philosophie : il nous est parvenu; il y indi ue seulement
s’éloigna des affaires et embrassa une en quelques mots l'objet e sa venue au
vie douce et tranquille, conforme à ses nom de la grecque Cyrène, anti ne et
mœurs. L'étude fit ses délices, la vénérable cité que les oëtes cé ébré
chasse et l'agriculture son amuse rent jadis par es mil iers de vers,
ment.’ Fuyant la barbarie de son maintenant auvre et humiliée, ruines
temps , il se transportait dans les siè vastes et d sertes qui ont besoin de
cles les plus polis de la Grèce : c'était la munificence souveraine ur être
là qu’il vivait; il semblait en être un en mesure de soutenir la ignité de
reste précieux; il en prit le goût et le leur vieille origine. Puis il entreprend
langage; écrivain pur, élégant, ingé de faire entendre au jeune empereur
nieux. mais un peu trop chargé de quels sont les devoirs du monarque à
métaphores, il ne put. même dans les l'égard du ‘pays; il fronde cette pompe
fonctions austères du sacerdoce dont il extérieure dont la splendeur affecte de
fut revêtu dans la maturité de l'âge, se s'accroître à mesure que le mérite dé
défaire de ce tour de pensées et d'ex croît et s'anéantit. Quoiqu'il vit alors
pressions qui lui était devenu familier tant de barbares promus aux remières
pendant sa jeunesse, etdans le langage dignités de l’Etat, il s'élève ibrement
chrétien il conserva, pour ainsi parler, contre cette coutume de prodiguer les
l'accent du paganisme. honneurs aux ennemis naturels de
Sa position sociale, les charges mu l'empire; il conseille d'éloigner ces
nicipales auxquelles il ne chercha point étrangers, qui ne sont nés, dit-il, que
à se soustraire, lus tard l'épiscopat pour être esclaves des Romains. Il
dont il fut honor , lui assurèrent dans trace d'un pinceau ferme et hardi les
sa patrie une influence qu’il fit servir défauts du gouvernement, l'affaiblis
à rendre de nombreux services. mais s'ement des troupes romaines, l'ascen
ni lui suscitèrent aussi des rivaux et dant que prennent les barbares dans
es ennemis qui contrariaient ses des les armées, les maux que leur inso
seins ou se vengeaient de sa supério lence va infailliblement produire, la
rité par des invectives et des calom préférence que des hommes sans mé
nies. Parmi les hommes qui s’élevè rite et même vicieux obtiennent à la
rent contre lui dans les luttes du sé cour sur des officiers vertueux et dé
nat, il nous désigne un certain Julius, voués à la patrie. ll exhorte l'empereur
qu'il trouva toujours opposé aux me à se choisir des amis sincères et éclai
134
rés, à se faire aimer des troupes, à ne local, tout le monde s’accordant à dire
nommer pour gouverneurs et pour que l'unique moyen de rétablir les
magistrats que des hommes désinté« affaires était de faire rentrer les cités
ressés et qui aiment les peuples, parce sous l’ancienne administration prési
que ceux-là seuls aiment le prince, et diale, c’est-à-dire sous l’autorité du
à veiller par lui-même sur la conduite préfetd’Égypte (*); mais des motifs sor
de ceux qu’il emploie. Puisse-je, dit-il dides poussèrent encore Julius à s’y
en terminant, trouver un empereur opposer, peu soucieux qu’il était des
tel que je viens de le dépeindre, quand malheurs publics dont lui-même ne
je reviendrai l’entretenir des demandes serait pas atteint, et se félicitant d'un
que lui adressent les cités de ma succès présent, bien que la ruine fu
patrie. ture de la patrie y fût attachée.
Il suivit opiniâtrément pendant trois FANFABONNADB ET LACHETÉ DE
ans l’ob'et de sa mission, couchant JEAN, BIVAL m; SYNÉSIOS. —— Un
quelque ois sous le portique du alais, autre puissant du jour était un Phry
ans un grand tapis égyptien ont il gien nommé Jean, un de ces hom
paya plus tard les bons offices de l’un mes que l’on voit fanfarons pendant la
des tach graphes de la cour; il se con paix, lâches à la guerre, toujours mé
cilia les onnes grâces d’un autre er (*) Ilüw hpaipov {m‘ep mû Rada-eau 191v
sonuage en lui faisant cadeau ’un mp' ñpIv o'rpœrnyiav, änsp ä'rtawreç épopé
globe céleste d’argent; mais le pro vœ; et 1118: ävflpumot povov sivati quai. korri
tecteur qui lui fut le plus utile, c’est le ptov 163v ôewûxv, è-rravelfleîv sic àpxaiav ‘hya
sophiste Troîle, qui jouissait d’une povlow ‘tôt; 'rrôlctç, routéo'nv (m6 ‘tàv A’tyu
,grande considération et d'un crédit mtwv äpxov'ra ml. ‘ràç Atëûwv te‘râxfiat.
réel. Synésios atteignit le but de ses (SYIËSIOS, épître 94.)
efforts, et revint à C rène satisfait du Ce passage nous semble constater, contre
succès qu’avaient en n obtenu ses dé l’opinion de Tillemont, qu'il n’y avait pas à
marches. la fois dans la Pentapole, à cette époque,
ÉTAT on LA Cvmâmmus AU m; un gouverneur civil ou præses, Mswbv, et
roun DE SYNÉSIOS. — Mais il y un commandant militaire ou duc,duz, ôoùE,
mou-n76; Cependant le titre, un peu sus
trouva la guerre au dehors de la part pect il est vrai, de la Catastase de Syné
des barbares Mazikes et Ausuriens, sios porte que l’iu’vasion des barbares qui
habitants du désert sur la limite com en fait le sujet, a eu lieu ñyepovsûovroç
mune de la Libye et de I’Afri ue (*), I‘ewdôioo, xai ôouxàc ôv'roç 'Iwoxev‘rîou.
dont les incursions désolaient a Pen Cela supposerait dès lors le retour désiré
tapole et s’étendaient même jusqu’à par Synésios et; àpxaiav 'ñyepovîav; mais
l’Egypte; et au dedans l’opposition est-ce d'alors seulement? Tillemout regarde
de Julius, constant à repousser les Andronicus comme un gouverneur civil, et
mesures qu'il proposait comme re Anysios comme un duc militaire, et il ne
mède aux maux du pays; quand, pour peut y avoir de doute pour ce dernier;
redonner de la vigueur aux milices, quant à Androuicus, Synésios se sert géné
Synésios voulait en écarter les étran ralement à son égard des mots ñyepàw, ‘hys
gers, dont les habitudes mercantiles poviat, àpyfijç, qui appartiennent à la magis
ont l’inconvénient de réagir sur les trature civile; mais il semble le désigner
gens même les plus braves, J ulius s’y aussi, dans sa lettre 72, par la qualification
de :trale’ge.
opposa dans un intérêt purement per Il y a dans tout cela une question d’or
sonnel. S nésios réclama ensuite l’a ganisation provinciale assez difficile à dé
bolition u commandement militaire brouiller. Synésios parle de stratèges; le
(') Cette distinction entre la Libye et titre de sa Calastase accuse un duc et un
l’Afrique se trouve expressément observée præses; sous Léon et Zénon nous ne trou
ici par le grec Philostorge : Mätweç xa‘t vons que des ducs; Hiéroclès ne désigne
Aùäwpmvol tre-rail: 6è A1661“ ml. ‘Açpä‘w m'rrot que des præses, à la place desquels Justi
veitôvtat , xot'tà pèv 1o éwûwàv otù‘tüv xkipa nieu vient. constituer “un duc. Que de va
'rùv Atôi'mv èinpñjuooav (X1, 8). riations en moins d’un siècle et demil
AFRIQUE ANCIENNE. 135
prisables. Au forum, il soutenait sa l'art rendaient un asile inexpuguabie.
cause à coups de oîng, insultait de Tels étaient les hommes avec les
ses cou 5 de pie les gens les plus quels avait à lutter Synésios : il y re
tranquil es; le péril vint rabaisser son nonça de dégoût, et s’embarquant à
arrogance. Le ‘bruit courait depuis Phyconte, puis touchant à Erythron ,
quelques jours qu'une incursion des et débarquant le cinquième jour à l’ile
barbares se préparait; un détachement du Phare, il vint habiter Alexandrie,
de cavaliers désignés sous le nom de où il se maria C’) et vit naître son Pre
Balagrites , sans doute arce qu’ils mier enfant
avaient leur quartier à Ba acris, sorti GouvnnNnMsN-r on Cinémas. -—
rent avec leur chef our aller faire une Après deux ans d’absence, il rentra
reconnaissance, et es citoyens s’avan dans sa patrle, gouvernée alors par le
cèrent dans la campagne pour attendre stratège Céréalis, homme sans mérite,
l ennemi; mais ne voyant rien venir, ils peu soucieux de renommée ni même
rentrèrent chez eux, pour se présentei de considération in‘nabileà la guerreI
de nouveau le surlendemain. On ne put tracassier pendant la paix, a ni il
alors découvrir Jean nulle part; on avait suffi d’un court interval e de
faisait circuler le bruit qu il s’était tranquillité pour tout bouleverser dans
cassé la ‘iambe, ou qu’il lui était ar le pays. Afin de s’a oroprier l'argent
rivé que que autre grave accident, des soldats, il les is ensait du ser
mais on ne savait où il était; et ses vice, leur laissant la aculté de s’aller
amis de déplorer l’absence d’un homme établir la où ils croiraient pouvoir
si résolu, dont le bras serait d'un si trouver à subsister; telle était du moins
grand secours. Le danger passé, il sa conduite avec les troupes indigènes;
revient comme d’un long voyage, fait quant aux autres, dont il ne pouvait
le brave, s'érige en commandant des extorquer l’argent, il les employait à
milices, prétend les instruire et les ranconner les villes, en s'y portant
exercer, et s’avance avec elles pour comme pour tenir garnison, et accep
faire face à un ennem’ qu’il croyait tant l'or qu'elles s’empressaient d’of
fort éloigné; mais voilà u’il arrive au frir pour se racheter de cet onéreux sél
camp quelques pâtres ef rayés, suivis jour. De chez les Libyens à demi civiii
bientôt d’une troupe de pauvres cava sés du voisinage, la nouveile de cet état
liers que la faim plus que toute autre de cnoses se propagea chez les bar
cause semblait amener, et qui s’arré hares plus éloignés, et bientôt Cyrène
tèrent à lavue des Cyrénéens, descen se trouva assiégée par les Mazilses,
dirent de cheval et se tinrent en ob qui pillèrent et ravagèrent tout le plat
servation, paraissant disposés ‘à se dé pays;le lâche Céréalis, au lieu d'af
fendre plutôt qu’à attaquer; et il n’y fronter le danger qu’il avait provoqué
-eut;en effetaucun engagement, la re lui-même, se bêta de quitter la terre
traiteæ'étant opérée de part et d'autre pour se réfugier dans un bâtiment et
avec rudence. Mais dès l’apparition se tenir en mer à quelque distance du
de l’ennemi, Jean avait tourné bride, rivage, avec des navires chargés de
et pressant les flancs de son cheval, son or et de rovisions. Synésios à la
fouettant, criant, employant toutes ses tête de que ques soldats balagrites
ressources à accélérer sa course, il auxquels Céréalis avait ôté leurs ‘che
avait du moins, dans la fuite la plus vaux, mais qui n’en étaient pas moins
honteuse qu fut jamais, montré un d'excellents archers, faisait pendant la
admirable talent d'équitation fran nuit des rondes autour de la place,
chissant les montées les descentes, pour veiller à la tranquillité des habi
les haies, les fossés sans se laisser tants, et assurer l'approvisionnement
désarçonner, jusqu'à ce qu’il fût par d'eau dont laville ne pouvait se pas
venu tout d’une traite au site de Bom
béa, que l’aspérite des rochers, la pro (") A la fin de 403 ou au commencement
fondeur des vallées, et les travaux de de 404.
136
ser. On manquait d'armes et de ma lat; il alla jusqu'à faire emprisonner
chines: Synésios faisait fabriquer des un avocat qui ui refusait son minis
lances et des flèches, construire des tère pour cette injuste accusation;
balistes à lancer de grosses pierres du mais ses efforts furent inutiles, et la
haut des tours. réputation de Gennadius ne put être
, L'occupation du pays par les bar ternie.
bares se prolongea, avec des succès Andronicus , néanmoins , suivant
balancés, pendant plusieurs années, sans honte son penchant à la rapine,
sans que le zèle de Synésios se ralen enlevait les deniers publics et faisait
tît. Dans l'intervalle , sa femme lui mourir de faim dans les cachots les
donna deux autres enfants, que, dans officiers chargés de les .recueillir. Le
les moments de danger, il confiait aux pays avait déjà beaucoup souffert des
soins de son frère, tout en répétant tremblements de terre, des sauterelles,
pour lui-même ce mot des magistrats de la famine, et du ravage des barba
de Lacédémone à Léonidas : « Que res; Andronicus fut un cinquième
c'est en combattant comme si l'on de fléau. Il inventait des supplices inou‘is;
vait être tué, qu'on échappe‘ le plus il avait des instruments de torture
sûrement à la mort. » Les prêtres particuliers pour disloquer les doigts
d'Axilis, près de Darnis, pendant que des pieds, pour écraser le nez, pour
les soldats se cachaient dans les mon arracher les oreilles et les lèvres; et
tagnes, réunissant, à l'issue des saints il avait our conseillers, Zénas qui
offices, une troupe de paysans déter avait eu 'habileté de faire pa er l'im—
minés, marchèrent droit à l'ennemi, pôt annuel deux fois dans a même
qui s'était engagé sans précaution dans année, Julins qui lui imposait d'auto
la vallée profonde et boisée de Myrsi rité ses propres voloutes comme un
nis; le diacre Faustus, qui marchait maître à son esclave, mais surtout
en avant, frappe d'une pierre à la tempe Thoas qui de geôlier était devenu re
le premier de ces pillards qu'il ren ceveur de certaines redevances mili
contre, lui enlève ses armes, et donne taires. Ce Thoas fit un V0 age à Cons
l'exemple d'une attaque meurtrière, tantinople, et voulant per re deux hon
qui fut couronnée du succès le plus nêtes citoyens de Cyrène nommés
complet. Maximin et Clinias, il rapporta à son
GOUVERNEMENT n'ANnEoNIcUs retour, comme un secret fort impor
sUccessEUn DE GENNADIUS. —- Quel tant, que le patrice Anthémius, préfet
que temps après, nous voyons le gou du prétoire et premier ministre de
vernement de la Cyréuaique exercé l'empereur Théo ose le Jeune, étant
par le syrien Gennadius, homme juste malade, avait été averti en songe qu'il
et habile, qui, sans employer d'au ne guérirait pas qu'on ne fit mourir
tres ‘moyens que la persuasion, sut Clinias et Maximin: aussitôt Andro
faire venir au trésor public plus d'ar nicus, affectant un zèle ardent pour la
gent que les gouverneurs qui eut santé du tout-puissant ministre, fit
ployaient les rigueurs de la contrainte. arrêter ces deux citoyens; mais ce qui
Il fut remplacé par Andronicus, fils montra bien qu'il y avait en lui moins"a.
d'un pêcheur de Bérénice, qui obtint d'illusion que de méchanceté, c'est
sa nomination en achetant les bonnes qu'il ne les mit pas à mort sur-le
grâces des eunuques de la cour, et champ; ils furent cruellement maltrai
porta dans sa nouvelle dignité la bas tés à plusieurs reprises : c'était son
sesse d'esprit et la grossièreté qu’il passe-temps; il revenait à eux lors
devait à sa naissance. Comme la con qu'il n'avait personne à tourmenter.
duite de son prédécesseur devait for SYNÉSIOS, DEVENU ÉVÊQUE, Ex
mer un fâcheux contraste avec celle coMMUNIE ANDBONICUS. — Syné
u'il se proposait de tenir, il tâcha sios avait, dans l'intervalle, vu ajou
'abord de le noircir, et voulut le faire ter à l'autorité que lui donnaient sa
condamner comme coupable de pécu naissance et sa position sociale, celle
AFRIQUE ANCIENNE. 137
que confère le sacerdoce. Devenu chré c sienne, jamais nous ne mangerons à
tien. il avait été élu, en 410, évêque n la même table, bien loin de vouloir
de Ptolémaîs: il voulut résister, peu « communier dans les saints mystères
disposé qu'il était à uitter une femme « avec ceux qui auraient aucun rap
qu il chérissait et es idées philoso « port avec Andronicus et Thoas. »
phiques auxquelles il n'était pas moins Cet acte de vigueur étonna Andro
attaché; mais on insista, et il fut sa nicus et lui donna à réfléchir; il de
cré à Alexandrie des mains du pa manda la suspension de la sentence,
triarche Théophile , qui avait lui promettant de s'amender, et Synésios,
même, sept ans auparavant, béni son sur les instances du clergé de la pro
mariage. En prenant possession de son vince, consentit, uoiqu’il n'espérât
siège, il perdit un de ses enfants, et se rien de ce délai, à iffe'rer la publica
laissa aller à la plus grande douleur, tion de la sentence. Andronicus. ui
d'où il fut tiré par le besoin d'arrêter avait promis tout ce u'on avait vou n,
les persécutions d'Andronicus. Celui-ci montra bientôt que c étaient de vaines
connaissait le crédit de Synésios, il y promesses; il continua de piller, de
avait eu recours pendant le séjour du proscrire, de faire périr les citoyens.
prélat à Alexandrie, pour éviter d'y On déplora surtout la mort de Ma
être mandé lui-même. Mais il ne tint gnus, jeune homme de grande espé
aucun
s'aigrit compte
de sesderéprimandes,
ses remontrances,
voulutv rance, distingué par sa naissance et
ses services, dont le frère avait été
même ôter aux églises le droit d'asile, banni; on n'avait d'autre crime à lui
et s'emporta enfin en blasphèmes à ce reprocher que d'être le frère d'un
pro os. Synésios alors formula contre homme qu'Andronicus baissait : on
Amironicusil‘hoas, et leurs adhérents, lui demanda de l'argent, et on le battit
la terrible sentence d’excommunica jusqu'à ce qu’il payât; et quand il eut
tion. ' payé, on le battit encore jusqu'à ce
« L'Eglise de Ptolémais a toutes 'il expirât, parce qu’il avait trouvé
1 celles de la terre. Qu'aucun temple e quoi payer en vendant des terres
et de Dieu ne soit ouvert à Androni à d'autres qu'au stratège lui-même.
« cus ni aux siens, à Thoas ni aux Synésios alors lança l'excommunica
« siens; que tous les lieux sacrés et tion, et l'envoya à tous les évêques de
a leur enceinte leur soient fermés; la chrétienté, avec une lettre qui en
« car il n'est pour le démon aucune expliquait les motifs, et une seconde
« lace en paradis, et s'il s'y glisse ui faisait connaître les nouveaux mé
( furtivement on doit l’en chasser. aits d'Andronicus.
en J ‘ordonne, soit aux particuliers, soit ANnaoNIcus Esr REMPLACE; ARBI
« aux magistrats, de n'avoir avec eux VÉE n’ANvs1os.—Le vigoureux prélat
« ni le même toit ni la même table; je ne se borna point à user de ces armes
« le recommande surtout aux prêtres, spirituelles; il avait déjà écrità Constan
« qui ne leur parleront point de leur tinople pour dévoiler a quelques person
« vivant, et ne leur feront point de fu nages puissants la conduite du gouver
( nérailles après leur mort. Que si neur imposé à la Pentapole pour son
« quelqu'un, dédaignant une ville peu malheur; il s'adresse alors à Troïle,
« considérable. recevait ceux que son en le priant de mettre la vérité sous les
« Église a condamnés, comme s'il était yeux d’Antliémius; et enfin Andronicus
« permis de ne lui point obéir à cause fut révoqué. On avait déjà désigné, pour
a de son peu d'importance, qu'il sache le commandement militaire du pays (*),
« que c'est diviser l'Église que Jésus Anysios, jeune et brave, mais en même
« Christ a déclarée indivisible; et quel temps sage, vigilant, juste, pieux , in
« n'il soit, diacre, prêtre ou évêque, tègre, désintéressé, qui s'empressa de
« sera pour nous dans le même cas faire rentrer dans l'ordre tous les su
« qu’Andronicus lui-même , et ja
« mais notre main ne touchera la (') Avant Pâques de l'année 411.
138
balternes; d'arrêter leurs pillages et campagnes de la Cyrénaî a, ruinèront
leurs exactions. Andronicus fut pour le pays, ou le cours de a justice fut
suivi. et n'échappe aux rigueurs de la interrompu; S ne’sios lui - même se
justice que par 'mtercession de Syné trouva assiégé ans sa ville épiscopale,
sios , qui, pour le sauver , ne craignit avec le seul fils qui lui restai; alors, et
pas de froisser plusieurs de ses amis, qu'il devait bientôt voir mourir aussi
que le désir de se venger animait con tout jeune encore. L'éloquent év‘ ne
tre le gouverneur destitué. nous a laissé, dans un morceau quel on
Depuis sept ans, les courses sans a intitulé Catastase ou Constatation,
cesse renouvelées des barbares mena le tableau de l'état dé lorable où se
çaient la Pentapole d'une ruine com trouvait alors réduite a Pentapole:
plète; Anysios l on préserva une année - Elle était naguère en la possession
encore ar sa bravoure. Une horde un des Romains, s'écrie-t- il; mais
d'Ausunens s'étant avancée dans la a ils peuvent la rayer maintenant de
province, Anysios se mit à la tête des s la liste de leurs provinces; c'en est
troupes, composées de Marcomans et a fait d'elle , elle est perdue. — Il eût
de Thraces, avec quarante cavaliers « suffi, pour la conserver, d'opposer
hunnignrdes, qu'il attacha plus spécia « aux barbares quatre centuries et un
lement à sa personne, et ni suivaient « stratège; mais on a laissé les Ausu
tous ses mouvements; i attaqua en « riens s'enhardir par le succès; et
diverses rencontres les Ausuriens, et a leurs femmes même, l'épée au poing,
par la valeur de ses quarante Hunni et leur nourrisson à la mamelle, vieu
gardes, il les culbute et les battit si « nent partager,a_vec leurs maris,l’hon
rudement, que de mille cavaliers qu'ils c pour et le butin. --O honte! ces fiers
étaient , il en échappa à peine un cin « Romains, dont les trophées cou
quième. Synésios composa un éloge ' q vraient le monde, ne peuvent garder
spécial du stratége victorieux et de ses « les villes grecques de la Libye, ni
Hunnigardes, proclamant ceux-ci de a même peut-être Alexandrie d'Egypte!
véritables soldats romains quand ils et ,— Rien n'a arrêté les barbares, ni
étaient commandés par un tel chef, a les montagnes, ni les forts; ils en
et demandant hautement qu'il fût ac . lèvent les femmes et les enfants; les en
cordé à la province un corps de deux a fants qu'ils élèveront pour la guerre,
cents hommes de cette arme, persuadé a: et qu'i s ramèneront adultes dévaster
qu'avec eux Anysios ourrait non-seu « le sol ni les vit naître. -- Qui vou
lement chasser définitivement les Au - drait numérer les châteaux qu'ils
suriens du ays, mais encore aller les « ont démolis, les dépouilles qu'ils ont
battre sur eur propre territoire. ni emportées, les troupeaux qu'ils ont
É'rn parcouru: un LA Cumin“. - emmenés? ils ont chargé cin mille
QUE APRÈS La RAPPEL n’Am'sios. - chameaux de leur butin, et fait trois
—— Ce vœu ne devait pas être rempli, « fois plus de prisonniers qu'ils n'é
et Au sios, que l'on vit éleve peu - taieut eux-mêmes. La Pentapole est
d'eau es après à la dignité de comte - perdue sans retour ("). — Je n'ai plus
des largesses impériales’ , fut appelé à a de_ patrie; il ne me reste qu'à atten
une autre destination; sa place fut uedre un navire qui veuille me trans
donnée à un nouveau chef que l'âge et «1 rter pauvre et humble dans une
les infirmités rendaient impotent, et « le éloignée , à Cythère peut-être.
dont la bonne volonté ne pouvait sup - O Cyrènel quitterai-je donc ces ar
pléer les forces; une indication sus «chives publiques où ma généalogie
{sectû lui attribue le nom d'Innocent « est inscrite depuis Hercule , et ces
et la qualité de duc, en même temps - tombeaux doriens où le mien devait
qu'elle nomme Geunade comme gou
verneur civil. Les Ausuriens profitè (*) Téovnxev' dura'aôn r6: Kawa-61540:.
rent de sa faiblesse pour renouveler 19,04 ëxei' ôtaxexsipw'mi' ànôhokev“ 06%
leurs déprédations, ils envahirent les L1" éa-ti ‘transmit, oüô' ñuîv, od'rs Bamhî.
AFRIQUE ANCIENNE. 139
« être, et cette infortunée Ptolémaîs toire , relativement à certaines condi
« dont j'aurai été le dernier pasteur! tions d'admission dans les bureaux
« Non , non , "irai au saint temple de des grands fonctionnaires de l'Etat;
« Dieu, c’est la ma place; je m'entou et dans la nomenclature de ceuxvci
« rerai des vases sacrés , j’embrasserai qui y est insérée, on voit figurer à la
a les balustres de la sainte table, et fois les ducs de la Libye et de la Pen
«je m’assoirai là vivant pour y at tapole; ce qui constate l'existence , en
« tendre le moment où j'y reposerai 474, de deux officiers de ce rang pour
« mort. » les deux provinces libyennes, au lieu
Telles étaient les circonstances au d'un seul marqué dans la Notice des
milieu desquelles le gouvernement de Dignités; mais ne faut-il point faire
la Pentapole fut confié à Marcellin; il remonter beaucoup plus haut la créa
trouvait les villes assiégées au dehors tion du titre de duc de la Pentapole?
par une multitude de barbares furieux, Il semble que les écrits de Synésios
en proie au dedans a la licence des nous désignent précisément cet officier
soldats et à la rapacité de leurs offi sous l'appellation de stratège, bien
ciers; il ap arut comme un Dieu sau qu'il ne lui attribue nulle part le com
veur, mit 'ennemi en déroute dans mandement exclusif de la Cyrénaïque.
une seule bataille, appliqua une sur Sous Anastase , la Pentapole fut en
veillance soutenue à retenir les mili core afflige’e par le double fléau des
taires dans le devoir, et délivrant barbares et des mauvais gouverneurs.
ainsi les citoyens des deux fléaux qui Les Mazikes renouvelèrent en 491
les opprimaient, il leur rendit la paix, leurs incursions et leurs ravages dans
et se montra intègre, désintéressé, cette province, abandonnée en quel
bienveillant, pieux, juste, humain, que sorte à la famille du premier mi
tel enfin qu’un philosophe chrétien, nistre pour s'y enrichir: ce premier
ainsi que se désigne lui-mémé Syné ministre était le syrien Marinus,
sios, pouvait se complaire à faire de homme grossier, brutal, outrageux en
lui, après qu’il eut quitté sa charge paroles, impitoyable à l’égard des mal
et sa province, un éloge complet quoi heureux , avide de richesses pour lui
que exempt de flatterie; et c'est en et pour les siens. Il préposa d'abord
ces termes que l'évêque de Ptolémaïs à la Libye son neveu Marinus, jeune
rendait témoignage de la bonne admi écervelé, à qui les confiscations in
nistration de ce gouverneur. Synésios justes, le sang même des innocents,
occupa encore plusieurs années son ne coûtaient rien pour arriver le plus
siège épiscopal, et continua sans doute tôt possible à son _but de faire for
de prendre aux affaires de sa patrie tune. Après lui, ce fut le tour de Bas
une part active et influente; mais sianus, pro re fils du ministre, dont
l'histoire ne nous en a rien conservé. les excès et es violences sur-passèrent
encore celles de son prédécesseur , au
Siæiême période, depuis Marcien jus point de le faire regretter. Les richesses
qu'à Héraclius : Epoque de déca amassées par ces deux gouverneurs
dence et de transition. furent un appât pour toute leur pa
renté et leurs amis, qui allaient, comme
ADMINISTRATION DE LA CYBÉNAI un essaim , s'abattre sur cette pro
QUE sous ZÉNON ET SOUS ANASTASE. vince pour avoir leur part du pillage.
— Plus de soixante années s'écoulent RESTAURATION DE LA LIBYE sous
sans que nous trouvions aucune trace JUs'rINIsN.—Sous J ustinien, la Libye,
des événements politiques de la Pen qu’il avait trouvée entièrement envahie
tapole; sous Zénon , et pendant le par les barbares, fut restaurée, et reçut
court espace de temps ou il régna une organisation nouvelle.L’ancienne
conjointement avec le jeune Léon son organisation, telle qu'elle existait pen
fils, une loi fut adressée, par eux en dant les premières années de son règne,
commun, à Érythrius , pré et du pré est constatée par le Synecdème de
140
Hiéroclès, ou l'on voit figurer la pro blic. Il entoura de fortifications deux
vince présidiale de la Libye supérieure, monastères situés aux confins de la
avec les villes de Sozousa, Cyrène, Pto' Pentapole, afin de repousser les bar
lémaîs, Teukhira, Adriane et Bérénice; bares, et d’empêcher que, par des in
et la province également présidiale de cursions inattendues, IIS ne fissent ir
la Libye inférieure, avec les villes de ruption à l‘improviste sur le territoire
Pare’tonion, Zogra, Zagoulis. Pidonia, romain. Dans la même contrée est la
Antiphrai, Darnis et Ammoniaca. Pro ville de Ptolémaïs, 'adis florissante et
bablement ces deux provinces étaient populeuse, délaiss e à la longue, à
soumises, au moins nominalement, au cause du manque d’eau, par la plupart
préfet d’Égypte. Par un édit spécial , de ses habitants, qui avaient émi ré
Justinien separa entièrement l’admi dès longtemps pour ce motif, et s é
nistration de la Libye de celle de l’É taient dispersés, au gré de chacun, sur
Ÿypte , laissant cette dernière sous différents points; Justinien ayant fait
‘autorité civile et militaire du préfet réparer les aqueducs et les canaux de
augustal, et constituant dans une la place, lui rendit ainsi son ancien
complète indépendance, sous l'auto air d’o ulence.
rité civile et militaired’un seul duc, une La ernière ville de la Penta ole
rande province de Libye, comprenant est Borion , où la réunion des cha nes
a la fois la Cyréuaique et la Marma de montagnes et la difficulté des che
rique, plus la Maréotide et la ville de mins ferment le passage aux ennemis;
Ménélas qui est contre l’Egypte; ces elle n’avait pas de murailles; l’empe
deux annexes étaient enlevées à la cir reur l’entoura de solides fortifications
conscription du préfet augustal, pour qui en tissent unlieu sûr. A quatre
être désormais comprises dans la Li jpurnées de route de Borion pour un
bye. Le duc était chargé de toutes les on marcheur, sont deux villes, toutes
branches de l’administration , et de la deux portant le nom d’Augila, an
levée des impôts de toute nature, sur ciennes vtontes deux, tournées au sud,
lesquels il devait prendre la solde de dont les habitants conservaient les
ses troupes. mœurs et les usages antiques, tous
L’empereur n’épargna rien, au sur étant encore nomades au temps de
plus. pour relever les villes de l’état Procope , et adonnés au culte de plu
d'abandon et de décadence où elles sieurs dieux; autrefois il y avait là
étaient tombées; et nous devons à des temples à Ammon et à Alexandra
Procope le recensement des travaux de Macédoine, où les indigènes avaient
qu’il y fit exécuter. Taposinis, qui est continué, jusqu'au règne de Justinien,
à une journée d’Alexandrie, fut dotée, à sacrifier des victimes. Ce prince, plus
entre autres édifices, d'un palais et de jaloux encore du salut de leurs âmes
bains publics; comme cette partie de que de leursûreté temporelle , pour
la Libye est fort déserte et a besoin vut avec beaucoup de soin à leur con
d’étre défendue contre les incurñons version à la vraie foi, en établissant
des Maures du voisina e, Justinien parmi eux plusieurs familles chré
‘eut la précaution d’y aire prudem tiennes: ils abandonnèrent les bon
ment établir deux citadelles où il mit teuses pratiques de leur patrie, et il
arnison: l’une à Parétonion; l'autre leur construisit un temple consacré au
a Antipyrgos, qui n’est pas loin de la vrai Dieu, Quant à la ville de Borion ,
Pentapole. Celle.ci est, pour un bon voisine des Maures barbares , elle de
marcheur, à dix journées de route meura exempte de tributs; et jamais
d’Alexandrie: l’empereur y fit entou depuis qu’elle existe , ajoute le narra
rer la ville de Teuchira d’une forte teur, il n’y est entré aucun officier de
muraille, et réparer l’enceinte de Bé finances ni percepteur d'impôts. Il y
rénice depuis les fondements, sans avait jadis , au voisinage , une colonie
parler des bains qu'il fit construire en de Juifs possesseurs d un ancien tem«
ce dernier endroit pour l’usage du pu ple fort vénéré parmi eux; Justinien
AFRIQUE ANCIENNE: 141
les ayant convertis au christianisme , néens se font remarquer dans l'histoire
transforma ce temple en église. Au des premiers temps de l'établissement
delà sont les Syrtes. du c ristianisme:qui ne connaît Simon
La LIBYE ENLEvEE A L'EMrinE le Cyrénéen, qui aida Jésus-Christ à’
sous HÉBACLIUS. — Ces précautions orter sa croix, et qui fut père d'A
assurèrent sans doute à l'empire la con exandre et de Rufus, comptés au
servation de la Libye; du moins voyons nombre des premiers fidèles i’ qui ne
nous, à l'époque où l'exarque d'Afrique sait que les Cyrénéens vinrent à An
Héraclius, et le patrice Grégoire son tioche au temps du baptême du cen
frère et son lieutenant, résolurent, à la turion Cornélius? qui n'a vu le nom
sollicitation de Crispus gendre de Pho de Lucius de C rène parmi les pré
cas, d'envoyer leurs fils Héraclius et dicateurs entre esquels Paul et Bar
Nicétas pour détrôner cet empereur nabé furent désignés pour l'aposto
débauche (*) , du moins voyons-nous , lat? Nos livres sacrés nous fournis
dis-je, Nicétas choisir, pour se rendre sent eux-mémes ces premières indica
de Carthage à Constantinople, la route tions; et l'on doit croire que si des
de terre à travers l'Afrique, la Libye, Cyrénéens allaient ainsi professer au
l'Égypte et l'Orient, pendant que son loin le christianisme, il s'en trouvait
cousin Héraclius allait, avec la flotte , sans doute aussi, dans leur patrie, qui
tenter de surprendre la ville impériale, avaient embrassé la foi du Christ; et
ainsi qu’il l'exécuta heureusement. ce fut probablement parmi les Juifs de
Héraclius fut le dernier empereur la Pentapole quela nouvelle loi trouva
qui posséda' la Libye; les Arabes lui de nombreux adhérents.
avaient enlevé dé'à la Syrie et ,la Mé On croit que l'évangéliste saint Marc
sopotamie; ils étaient entrés en E'gypte; lui —même , le disciple et le secrétaire
quand il mourut("*), Amrou ben el-'As de saint Pierre, était un de ces Juifs
assiégeait Alexandrie , ui fut prise cyrénéens; aussi, lorsque, après avoir
dans la même année; et ientôt après écrit à Rome son évangile sous la dio
son lieutenant Oqbah ben Nafé' enva tée du prince des apôtres, il fut en
hissait l'antique contrée des Ba rkéens , voyé en Orient pour propager la parole
lui imposait tribut, et poursuivait sa divine, il était naturel qu'il vlnt.dé
course victorieuse vers l Occident. C'é barquer à Cyrène, comme le témoi
tait pour la Libye le commencement gnent les historiens ecclésiastiques,‘
d'une vie politique nouvelle, et son dont quelques-uns le font arriver dans
nom même disparaissait à tout jamais la Pentapole dès l'année 40 de Jésus
sous celm de pays de Barqah; l'his Christ, et lui attribuent un séjour pro
toire‘de l'ancienne Libye se termine longé dans cette province avant qu'il
donc naturellement à cette époque; et vint commencer sa prédication à
il ne nous reste plus qu'à jeter un Alexandrie; quelle qu'ait été la durée
cou d'œil rétrospectif sur les annales effective de ce séjour, il est unanime
de l Église chrétienne que les apôtres ment reconnu qu'il en résulta de nom
y avaient établie, et qui fut alors en breuses conversions, tant parmi les
gloutie par le flot musulman. juifs que parmi les gentils. De Cyrène
il passa dans les autres parties de la
VII. FASTES DE L'EGLISE cuné Libye, telles que la Marmariqué et la
TIENNE EN LIBYE. région Ammonienne,champs vastes et
vierges, où la moisson fut abondante.
Établissement et progrès du christia Enfin , en la septième année du règne
nisme dans la province de Cyrène. de Néron, l'an 61 de l'ère chrétienne,
PREMIÈRE PBÉDICATION DE L'E il quitta la Cyrénaique our se rendre
VANGILE EN LIBYE.—DeS noms cyré à Alexandrie, où il fou a diverses pa
roisses , et exerça pendant deux ou
f') En l'année ôro. trois ans les fonctions du patriarcat;
(") Ire u mars 64:. puis, s'étant donné un successeur dans
142
le gouvernement de l’église d’Alexan duit a Tapoliris, où il fut, malgré
drie (la seconde alors de toute la chré lui, délivré de leurs mains par quel
tienté), il revint dans la Libye visiter ques fidèles qui l’obligèrent à fuir
les fidèles u’il y avait convertis, en ans le désert de Marmarique, jusqu'à
augmenter e nombre par ses prédica trois journées de Parétonion. La mort
tions, et établir parmi eux des mi de Décius rendit un moment la aix
nistres du nouveau culte. On prétend à l'Église; et le patriarche rentra ans
qu’il y institua même des évêques; et sa métropole. Mais la persécution re
les martyrologes désignent Lucius le commen avec une nouvelle force
Cyrénéen , le même qui avait concouru sous Valerien, en 257 ; et saint Denis,
à la consécration de saint Paul et de mandé par le préfet augustai , fut exilé
saint Barnabé, comme a ant été alors en Libye, dans un village obscur ap
le premier évêque de yrène. Saint pelé Képbron; quoique malade , le
Marc retourna ensuite à Alexandrie, pieux évêque eut à partir sur-le-champ
pour y trouver la mort dans une pour cette destination, dont le nom
émeute populaire le 25 avril 68. même lui était à peine connu; mais
Panneau; ORGANISATION DE L’E sa présence y attira de nombreux fidè
cLrsn cvnnnsenne. -— Depuis cette les, tant d’Alexandrie que du reste de
première institution d’évéques ( si l’Egypte; et les habitants du lieu. qui
elle est réelle) dans la province, alors étaient idolâtres et persécutaient d’a
unique, de Cyrène, celle-ci fut désor bord saint Denis et‘ ses disciples, ne
mais soumise à l’obédience d’Alexan tardèrent pas .à subir l’influence de sa
drie; et il est remarquable que la prédication. Le préfet alors le trans
hiérarchie était réglée de telle ma féra à Collouthion dans la Maréotide,
niere, que l'ordination des évêques plus près d’Alexandrie il est vrai, mais
n’y pouvait être faite que par le pa séparé de ses compagnons d’exil, à
marche, soit directement, soit par dé chacun desquels fut assignée une rési
légation de ses pouvoirs à un de ses dence distincte.
.sutfr ants. ainsi que nous en ver HÉBÊSIE on SABELLIUS. — C’est
rons p us loin des exemples. pendant cet exil que saint Denis écri
Cependant, suivantles annales arabes vit, tant au pape romain Sixte Il,
du patriarche Eutychius , qui ne sont n'a Ammonius’ évêque .de Bérénice
point contredites en cela par les mo ans la Pentapole,et à d’autres, au
numents historiques plus anciens, les sujet de l‘hérésie de Sabellius de Pto
évêques d’Alexandrie , depuis saint lémaîs , qui commençait alors à se
Marc jusqu’à son onzième successeur répandre; renouvelant l’erreur de
Démétrius (*), se bornèrent à admi Praxéas, que lui avait transmise Noë
nistrer les églises de leur obédience tus de Smyrne, dont il fut le disciple,
par de simples prêtres; et eux-mêmes Sabellius enseignait qu'il n’y a en
étalentzélus et ordonnés par leur pro Dieu qu’une seule personne, appelée
pre’chapitre. Il est certain que, sauf de trois noms différents suivant le
,a mention de Lucius de Cyrène avec point de vue sous lequel on la consi
le titre d’évéque, dans certains marty: dère. « Il s’est élevé a Ptolémais dans
rologes, on ne découvre aucune autre « La Pentapole, » mandait saint Denis
trace d’évêque, dans la Cyrénaîque, à Sixte II, a une doctrine véritable
avant le milieu du troisième siècle. - ment impie, contenant plusieurs blas_
SAINT DENIS n’ALsxANnnIE EXI « phèmes contre Dieu le Père, tendant
Lé 131v LIBYE. — (le fut alors (en « a ne point regarder son fils unique
250) qu’eut lieu la persécution de «comme la première de toutes les
Décius. et la retraite en Libye du pa - créatures, le Verbe incarné, et à ne
triarche saint Denis d’Alexandrie , «point reconnaître le saint Esprit.
pris d’abord par des soldats, et con e J’en ai reçu premièrement des écrits
c de part et d’autre; et ensuite des
(“) Élu en 1,89, Inox-ton a3r. a frères sont venus m’en parler; sur
AFRIQUE ANCIENNE. 143
a quoi i’ai écrit quelques lettres trai ger, d’autres mangeaient plus tôt,
a tant a question sous le rapport du et quelques-uns dès e s( du samedi.
« dogme , et je vous en envoie les co Le saint patriarche blâme l’intempé
« pies. n En effet, quel ues évêques rance de ceux qui se hatent trop, loue
avaient adopté les idées e Sabellrus , le coura e de ceux qui tiennent bon
et leur opinion avait tellement pré jusqu’à a uatrième veille, et ne
valu, que l’on ne précbait presque trouve d’aileurs rien à redire à ce
plus le mystère de l’incarnation de qu’on cède au besoin du sommeil,
Jésus-Christ; saint Denis, en pasteur tandis que les plus fervents passaient
diligent, les avait exhorte’s à quitter la nuit entière sans dormir. «Vous
leur erreur; mais ils n’en avaient rien « nous avez fait ces‘ questions, mon
fait, et s’étaient imprudemment enga « cher fils, n disait-il en terminant,
gés plus avant dans leur impiété; et « non par ignorance, mais pour nous
c’est pour ce motif que le saint pa 41 faire honneur et entretenir la con
triarche avait adressé a Ammonius de «corde; et moi, j'ai déclaré ma pen
Bérénice et à Euphranor une lettre « sée, non pour faire le docteur, mais
spéciale, où il rappelait les témoigna « pour user de la simplicité avec la
ges évangéliques en ce qui touche l'hu a quelle nous devons parler ensemble. n
manité de Jésus-Christ, afin de mon Cette lettre à Basilides a toujours été
trer que ce n’est pas le Père, mais le regardée, par les églises d’Orient,
Fils qui s’est fait homme pour nous, comme une épître eanoni ue faisant
et les amener ensuite à la connaissance règle en matière de discip ine. Deux
de la divinité du Fils. Mais, ainsi qu’il écrivains ecclésiastiques du douzième
arrive souvent dans les discussions, en siècle. Zonare et le canoniste Tbéodore
voulantïombattre l‘unité de personne Balzamon. ont recueilli quelques frag
préchée par Sabellius, saint Denis, ments de Basilides luivmême.
dans sa lettre à Euphranor et Ammo PREMIERS ÉVÊQUES DE LA CvnÉ
nius, avait un peu forcé l’expression NAIQUE. — Letitre d’évêque de la Pen
des arguments propres à établir la tapole, que portait Basilides, ne doit
distinction du Père et du Fils; si bien point nous induire à enser qu’il n’yeüt
que des fidèles scrupuleux crurent alors qu’un seul év que pour toute la
trouver dans cet écrit des assertions Pentapole, puisque nous avons déjà
contraires à la consubstantialité des rencontré aussi le nom d’Ammonius
deux personnes divines, et signa évêque de Bérénice; peut-être le pre
lèrent au pape l’erreur prétendue du mier s'intitulait-il ainsi, arce que le
patriarche; ce fut. pour celui-ci, l’oc siège de Ptolémais, qu’iî occupait.
casion d’adresser à saint Denis, évê ne était le principal de la Pentapole, et
de Rome et successeur de Sixte 1, lui donnait, en uelque sorte, la qua
une nouvelle lettre, accompagnée d'un lité de métropo itain. Il y a lieu de
traité apologétique où ‘il se justifiait croire que , même sans remonter plus
pleinement de la fausse interprétation haut que le patriarche Démétrius, plu
donnée à ses paroles. sieurs évêchés furent simultanément
Érl'rnn CANONIQUB A BASILIDES établis dans la Cyrénaïque, bien que
ne PTOLÉMAIS. —— Une autre lettre nous n’ayons trouvé jusqu'ici d’indices
de saint Denis d’Alexandrie nous formels que pour Bér nice et Pto
fait connaître le nom de Basilides , lémaîs.
évê ne de Ptolémaîs , ou comme on Les martyrologes nous désignent
disait alors, évêque de la Pentapole, ensuite , à la date du 4 juillet, Théo
qui l’avait consulté sur plusieurs dore, évêque de Cyrène, comme a ant
points de discipline, notamment sur péri dans les tortures au temps e la
l’heure à laquelle on pouvait rom persécution de Dioclétien , en l’année
pre le jeûne le jour de Pâques; les 302; et sous la date du 26 mars, un
uns attendaient le chant du coq après autre Théodore, évêque de Ptolémais,
avoir passé tout le samedi sans man qui fut martyrisé avec le diacre Irénée
144
et les lecteurs Sérapion et Ammonius, lui, en telle sorte qu’il y avait distinc
peut-être à la même époque, peut-être tion, non-seulement de personne, mais
seulement sous le règne de Licinius, aussi de substance. Cet enseignement,
vers 319, comme on pourrait le con bien que renfermé dans son é lise, fit
clure des annales d’Eutychius, où se des prosélytes et entraîna p usieurs
trouve indiqué, sous ce prince, le mar des prêtres les plus distingués d’A
tyre de Théodore chevalier, et du mé lexandrie; mais d’autres résistèrent,
tropolitain de Bar/6è, sans désigna la controverse naquit, et le patriarche
tion plus précise de celui-ci; il nous assembla dans sa métropole, en 320,
suffit de rappeler, quant à ce dernier, un synode, où fut anathématiséerl’hé
que Ptolémaîs était alors la métro ole résie nouvelle, et son auteur excom
e la province, et qu’elle portait ans munié avec neuf diacres qui parta
l’origlne le nom de Barkè. geaient son erreur. La lettre synodale
adressée au patriarche d’Antioche et
Le Libyen Arius et son hérésie. à quelques autres évêques, pour les
instruire de cette décision, portait que
NAISSANCE x'r rnocnîzs DE 12113’ nombre d’évéques de l’Egypte, de la
nés"; n’Anrus.-Bientôt éclata l’hé Thébaîde, de la Libye, de la Penta
résied’Arius.C’était, suivant le portrait pole et de diverses autres provinces y
que nous a laissé de lui saint Épiphanes, avaient adhéré par leurs lettres.
un Libyen déjà âgé, à la taille élevée, au Mais l’hérésie, loin d'en être abat
maintien austère, au costume simple, tue, se propageait au contraire au de
au visage mélancolique et grave, a la dans et au dehors. Secundus, évêque
voix ‘douce et persuasive. Fait diacre de la Pentapole , c’est-à-dire de Ptolé
sous le patriarcat de saint Pierre mais, et Théonas, évêque de Marma
successeur de saint Denis, il avait en rique, c’est-à-dire peut-être de Darnis,
discussion avec son évêque en prenant l‘adoptèrent avec éclat;'_et le patriar
le parti de Mélétius de Panopolis con che assembla en 321 un nouveau sy
tre les rigueurs qui avaient déterminé node des évêques d’Egypte et de Li
le schisme de celui-ci. Saint Achillas, bye , au nombre de près de cent
successeur de saint Pierre, n’en avait disent les historiens , pour anathéma
as moins élevé Arius à la prêtrise, tiser de nouveau Arius et ses adhé
ui donnant même la direction de l’é rents, et avec ceux-ci les évêques Se
glise de Boukolion, l’une des paroisses cundus et Théonas. Des rétres et des
d’Alexandrie. Arius, s’il en faut croire diacres d’Alexandrie et e la Maréo
ses ennemis, prétendait à l'épiscopat, tide demandèrent à être compris dans
et ne put pardonner à saint Alexandre la même sentence , et Arius, se reti
de lui être préféré pour succéder à rant en Palestine, se vit à la tête d’un
saint Achillas' (en 313); d’autres, au parti nombreux, où tenait le premier
contraire, assurent qu’Alexandre ne rang Eusèbe de Nicomédie.
fut nommé que par l’influence d’A Rascnn: m: CoNs'rsN'rIN POUR LA
rius. PACIFICATION DE L’EGLIsE. —— Les
Alexandre, en réchant à son clergé choses en vinrent à ce point, que l’em
et aux autres fideles le mystère de la pereur lui-même sentit le besoin d’in
Trinité, parut à l’esprit prévenu d’A tervenir : il écrivit à Alexandre et à
rius se laisser entraîner au sabellia Arius une lettre commune, dans la
nisme; et le prêtre ardent , comme quelle, au milieu de développements
autrefois saint Denis d‘Alexandrie, étendus, il leur disait en substance :
prêchant à son tour contre cette er o J’ai résolu , avec l’aide de la Pro
reur, tomba dans l’excès contraire , et « vidence divine, de me constituer .vo
enseigna que, loin de n’admettre en « tre arbitre et votre médiateur, et de
Dieu qu’une seule personne, il fallait « vous rappeler à des sentiments plus
bien reconnaître que le Père étant le « sages et plus modérés. Je dirai donc
créateur du Fils, avait dû exister avant « avant tout que toi, Alexandre, tu
AFRIQUE ANCIENNE. “5
« as été la cause première de tout le « mon empire,aussi tranquilles et aussi
a mal, par ton imprudence à pro oser si heureux qu'autrefois, et que je puisse
« à tes prêtres des questions su tiles « rendre à Dieu, pour la bonne har
« et vaines sur divers passages du texte « monie, la rospérité et la liberté de
a de notre loi; et que toi, Arius, tu a tous, le tri ut de grâces et de louan
et as indiscrètement manifesté une opi « ges qui lui est si légitimement dû. -
« nion que tu ne devais point avoir, Osius, évêque de Cordoue, en ni
en ou que du moins tu devais cacher l'empereur avait toute confiance, ut
a avec grand soin: c'est de ces fautes chargé de remettre ces lettres et d'en
e qu'est née entre vous deux la dis suivre l'effet; il se rendit à Alexan
« corde qui trouble votre Église. Mais drie et y convoqua (en 324 ), de con.
a tout pouvait être réparé; au lien de cert avec le patriarche, un synode, où
a cela, vous avez refusé de vous con se réunirent,
cents dit-on,
évêques, tant lus deque
de l'Épgypte deux
de
« certer, de vous entendre; vous avez
a rompu toute communion religieuse la Libye; et il tenta tous es efforts
n entre vous; et le peuple des‘ fidèles, imagïnables pour amener une récon
« à votre exemple, s est séparé en deux ciliatian; mais ses tentatives furent
a partis, et a détruit l'unité de l'Eglise vaines, et il vint rendre compte à
« par un schisme déplorable. — Mais, Constantin de l'inutilité de sa mis
«1 puisque le mal est fait, ardonnez sion. Alors, sur le conseil des évêques
« vous mutuellement, tant adeniande les plus influents, l'empereur résolut
c in'considérée dé l'un que la réponse de convoquer un concile écuménique,
a imprudente de l'autre. Il ne s'agit c'est-à-dire de réunir en une seule as
en pas entre vous ‘de quelque point semblée tous les prélats de l'écumène
« principal de la loi nouvelle, ou d'un ou de la terre habitée, remier exem
« dogme qu'on veuille inventer pour ple d'une réunion gén rale de toute
« l'ajouter à la somme des articles de ‘Église chrétienne.
a notre foi; vous professez tous deux CoNciLE GENEEAL DE NrcEE, QUI
on une seule et même opinion sur le CONDAMNE Autos-Des lettres im
n culte de la divinité; à tous deux donc périales furent en ‘conséquence en
a il doit être facile de vivre dans la voyées dans toutes lès provinces; Ni
c même communion religieuse.— L'u cée fut désignée pour le lieu du
a nit'ormité en tout est impossible; rendez-vous, et les relais de l'empire
a elle n'existe ni dans les volontés, ni furent mis à la disposition des évêques
a dans les caractères des hommes: il et des prêtres convoqués. S'il en fal
«doit suffire que vous soyez parfaite lait croire les Annales d’Eutychius,
- ment d'accord sur la foi que vous cette convocation aurait amené à Nicée
n avez en Dieu et dans lagProvidence deux mille quarante huit évêques, tous
a divine; et si désormais uelque non divisés d'opinions et de croyances; mais
a velle question venait à s élever entre probablement les simples prêtres et les
c vous sur des choses d'un moindre autres clercs sont compris dans ce chif
a intérêt, ensevelissez-la soigneuse fre, et l'on doit penser que le nombre
e ment au fond de votre cœur, et ne des évêques était seulement de trois
a: vous attachez qu'à conserver la cha cent dix-huit. suivant le compte admis
« rité mutuelleçla vérité de la croyan par la‘tradition la plus répandue.
« ce, et l'obseryation des préceptes de Après quelques conférences particu
« Dieu et de la loi. Cro ez-m'en: ai lières, le concile s'ouvrit le 19 juin 325,
« mez-vous de nouveau es uns les au sous la(présidence de l'empereur en r
c tres; faites que tout le peuple, sans sonne, ans une des salles de son pa ais.
a exception, puisse, comme de cou Arius et ses partisans furent ‘entendus,
: tume, donner et recevoir-le baiser et malgré leur opposition la consubstan
a de paix. —- Faites, ‘a vous en c'on tialité du Fils avec le Père fut recon
. jure, que je puisse ientôt vous re nue et proclamée, et l'on adopta com
s voir, ainsi que tous les peuples de me sacramentel le mot destiné à Îexpri
10' Livraison. (ArarQUE ANCIENNE.) 10
146
mer ce dogme. La majorité futénorme, Avant de se séparer, les Pères du
et les évêques ariens qui rejetèrent le concile écrivirent une épître sf'nodale,
,ymbole de foi rédigé par elle se rédui adressée principalement à l’ég ise d’A
saient à dix-sept, parmi lesquels étaient lexandrie et à tous les fidèles de l’É
Secundus de la Pentapole, Théonas de gypte, de la Libye et de la Pentapole,
la Marmarique, Secundus de Theuchi comme plus directement intéressés
ra, Dathès de Bérénice, Sentianus de dans la question, et en général a tou
Borion, Zé hyrios de Barkè. La dis tes les é lises de la terre, afin de leur
cussion et es considérations diverses notifier es décisions de l'assemblée,
réduisirent bientôt le nombre de dix l’excommunication et l’exil d’Arius, de
sept à cinq seulement, savoir: Secun Secundus et deThéonas. Saint Alexan
dus de la Pentapole , Théonas de la dre, patriarche d’Alexandrie , et le
Marmarique, Eusèbe de Nicomédie, grand saint Athanase qui était alors
Théognis de Nicée, et Maris de Cal son archidiacre, furent chargés de
cédoine; mais ces trois derniers ne ré promulguer cette épître dans leur dio
sistèrent pas à des menaces de déposi cèse. .
tion et d'exil, et en définitive Secun RÉHABILITATION En leur D'A
dus et Théonas restèrent seuls entre nrUs.-—Maiscetacte solemnel, qui sem
tous les évêques , fermes dans la cause blait devoir anéantir l’arianisme, fut
d’Arius. Titus de Parétonion et Sé loin de le déraciner : Eusèbe de Nicomé
rapion d’Antiphra s’étaient rangés, die et Théognis de Nicée retirèrent leur
dès le principe, de l’avis de la majorité. signature, et se laissèrent déposer‘ et
L'assemblée arrêta vingt canons re exiler pour la cause d’Arius; plus
latifs à la discipline , dont le sixième, tard , à la prière de Constantia sœur
concernant principalement l’ordina de l’empereur. les deux évê ues et
tion des évêques, rappelait les ancien Arius lui-même furent rappe és; et
nes coutumes établies dansxl’Égypte, bientôt la rigidité de saint Athanasc,
la Libye et la Pentapole, ou l'évêque devenu patriarche d’Alexandrie vpar
d’Alexandrie avait l’autorité exclusive, surprise, au dire-de Philostorge, aigrit
de telle sorte ue, nulévêque ne pou contre lui Constantin, au point que la
vaut. en généra , être institué dans une sentence portée au concile de Nicée ne
province qu'avec le consentementdu lui‘ parut pl'us incontestablement juste
métropolitain, il fallait en outre ici le et qu’un nouveau concile futcouvoqué
‘consentement de l’évêque supérieur, à Tyr en 335,dix ans précisément après
patriarche, ou pape, auquel étaient celui deNicée. Ony vit des évêques
subordonnées en commun les diverses d’Égypte, de Libye, de tout l'orient,
provinces que nous venons de dési de Macédoine etdePannonie; ils étaient
suer (*). nombreux, .et la plupart ariens; ils
n'avaient pas terminé eurs o érations
(') a Antique consuetudo'servetur ins quand une lettre impériale es invita
. Ægypto, Libyâ et Pentapoli,_ul Alexan à se transporter à Jérusalem pour y
- drinus episcopus horum omnium habeat assister à la dédicace de;l’église du
- polestatem. n Saint-Sépulcre, qui eut lieu le 13 sep
L'édition arabe des canons du même tembre. Arias et tous les siens furent
concile nous a conservé, sous le nombre 89, reçus à la communion de l’Église,
le renseignement suivant , curieux pour l’his saint Athanase condamné et déposé,
toire de l'ancienne hiérarchie des églises et bientôt après exilé à Trèves par
d’Orient: Constantin, et Pistus ordonné à sa
u‘considerel Patriarche quæ Archiepis place évêque d’Alexandrie, par Secun
.copi et Episcopi ejus in provinciis suis dus de Ptolémais. Une lettre synodale
.faciunt, et si 'quid reperiat secùs quàm
- oporteat, factum mutet, et disponat ut u curam habet fratrum suorum, et ci debent
-sibi videbitur, siquidem ipse est pater « ob'edientiam quià præest, est tamen Pa
romnium; et quamvis sit Archiepiscopus « triarcha loco patris, sub cujus dominatu
u in Episcopos tanqumn frater major qui a ne potestate sunt filii ejus, n
AFRIQUE ANCIENNE. 147
fut adressée à l’Église d’Alexandrie, prononcée, et le désaccord se prolon
aux évêques d’Égypte, de la Libye et géant de concile en concile, l'empereur
de la Pentapole , et généralement à Constans proposa à son frère d'assem
tous les évêques, prêtres et dlacres du bler un concile général des évêques
monde chrétien. Arius survécut peu à tant d’Orient que d’Occident. pour
sa réhabilitation , et Constantm le trancher enlin la difficulté d'un com
Grand mourut lui-même peu de temps mun consentement. La réunion eut
apres. lieu en 347 à Sardique en Illyrie. aux
confins des deux empires; mais les con
Résistance de saint Athanase contre ditions que chacune des parties voulait
l’arianisme. imposer à ses adversaires rendirent
tout accord impossible , les Orientaux
SUCCESSION DE coNcILEs CONTRA refusant de siéger avec Athanase et
DICTOIRES QUI coNsoMMEN'r LE d’autres évêques quÎils avaient excom
scHIsME.—Constantius, à qui fut dé muniés et emandant que la procé
volu l’Orient, penchait pour l’arianis dure faite à leur égard fût au moins
me; mais Constantin lejeune, qui avait recommencée, les Occidentaux préten
les Gaules, se crut en droit de renvoyer dant maintenir leur détermination sans
saint Athanase à son gatriarchat, soit nouvel examen. Les choses en étant à
qu’il obéîten celaà des ispositionsréel ce point, les Orientaux quittèrent Sar
lement favorables, comme on l’admet dique et se rendirent à Philippopolis,
généralement, soit peut-être qu’il ju laissant les Occidentaux excommunier
geàt prudent d’éloigner cet homme al à leur gré le patriarche Grégoire et
tier et turbulent. Les ariens réclame dix autres évêques d’Orient; mais ils
rent hautement contre cette violation déclarèrent à leur tour maintenir leur
de la sentence portée par le concile de propre sentence contre Athanase et
Tyr; mais saint Athanase répondit à Asantus, évêques si empressés d’aller
leurs plaintes en assemblant à Alexan à l’étranger et loin du théâtre de leurs
drie, en l’année 340, un,synode d’en méfaits, obtenir l’absolution des con.
viron cent évê nes de l’Eg pte, de la damnations prononcées contre eux en
Thébaîde, de a Libye et e la Penta connaissance de cause; et ils excom
pole, qui écrivirent en commun une munièrent de leur côté le pape Jules
épître synodale à tous les évêques ca et quatre autres évêques d’Occident.
tholiques du monde chrétien, pour ré Parmi les soixante-treize signatures
futer les accusations dont le patriar que porte l'épître synodale écrite à ce
che consubstantialiste était l’objet, et sujet, nous devons relever spéciale
repousser comme nulle l’ordination m_ent ici celle de Pison, évêque de Dar
du patriarche arien que Secundus de ms.
la Pentapole et Théonas de Libye lui LES EMPEEEUas PRENNENT PART
avaient substitué. Il s’ensuivitun nou A LA QUEIIELLE; NOUVEAU RÉTABLIS
vel examen de la question dans un con SEMENT E'r NOUVELLE ExPULsIoN
cile convoqué à Antioche en 341 : saint DE SAINT A'IHANASE. — Les églises
Athanase y fut reconnu dûment déposé d’Orient et d'Occident se trouvèrent
par le concile de Tyr, et on lui nomma ainsi divisées plus que jamais; et cha
pour successeur Grégoire, qui reçut la cun des empereurs épousa la cause de
confirmation de l'empereur. Là-des ses évêques. Constantius exila dans la
sus, réclamation de saint Athanase, Libye supérieure ou Pentapole Arius,
surtout auprès du pape Jules 1", qui évêque de Pétra en Palestine, et Asse
convoque 31 Rome, en 342, un nouveau rius,évêque de Pétra en Arabie, qui s’é
concile, où saint Athanase fut déclaré taient séparés de leurs collègues à Sar.
flêque légitime et‘ Grégoire sans qua dique pour se réunir aux Occidentaux.
I e. Constans de son côté écrivit à son frère
Les églises d’Orient et celles d’Oc pourlui demanderle rétablissementde
cident se trouvant ainsi en dissidence saint Atlianase, avec menaces d'y pour
148
voir lui-même s’il le fallait. Grégoire Tnrourus MOMENTANÉ m; L'A
étant mort sur ces entret‘aites, au com BIANISME. —— Le récit, sans doute
mencement de l'année 349. Constan très-partial , de saint Athanase lui
tius jugea opportun de céder aux exi même, accuse cet officier général d’une
gences de Constans; il rappela saint rigueur cruelle : u il écrivit aux com
Athanase, et adressa au préfet d’E mandants et aux chefs militaires des
gypte, ainsi u’aux gouverneurs des provinces, pour requérir leur con
provinces de ‘Augustammque, de la cours; on vo ait des évêques prison
Théba‘ide et de la Libye, un rescrit à niers, des pr tres et des moines char
ce sujet. Arrivé à Jérusalem, le pa gés de chaînes ‘après avoir été bat
triarche y fut accueilli par un synode tus jusqu'à la mort. Toutle pays était
deseize évêques, qui écrivirent a ceux en trouble; les peuples murmuraient
d'Egypte et de Libye , et aux prêtres, d'une ordonnance si injuste et de la
diacres et fidèles d’Alexandrie .pour dureté de l’exécution; car, quoique
les féliciter du retour de leur pasteur. l'ordre impérial portât seulement de
De là saint Athanase se rendit à les chasser de leurs siéges, on les en
Alexandrie, où il fut reçu, dit-il lui voyait à deux ou trois provinces de là,
méme, avec une joie incroyable non dans des solitudes affreuses, ceux de
seulement du peuple, mais des évêques Libye dans la grande oasis de Thèbes,
d'Égypte et des deux Libyes, qui accou ceux de Thébaïde dans la Libye ammo
raient de tous côtés, joyeux de se voir nienne.0n traitait de cette manière des
délivrés de la tyrannie des hérétiques. vieillards, des infirmes : quelques-uns
Cependant la roideur de saint Atha« moururent au lieu d'exil , d'autres en
nase envers les ariens , les menaces chemin. La persécution frappa ainsi
qu’il avait inspirées à Constans vis-à près de quatrewingt-dix évéques,c’est
vis de son frère , son accession vraie a-dire à peu près autant qu'il yen avait
ou'supposée au parti de Ma nence, et dans toute l‘Égy te et la Libye; seize
d'autres griefs secondaires, ui eurent furent bannis, p us de trente chassés,
bientôt fait perdre les bonnes grâces les uns et les‘ autres remplacés aussi
de Constantius. désormais seul empe tôt par de jeunes débauchés qui achec
reur. Un concile, assemblé à Arles en taieut à prix d'or leur épiscopat; que].
353, le condamna de nouveau , et un ques-uns dissimulèrent par contrainte,
concile tenu à Antioche en 354 lui et se soumirent a la réordination du pas
donna pour successeur George, que triarche George. — Il y avait a Barkè
les Alexandrins refusèrent de recevoir; un prêtre appelé Secundus ui refusait
un troisième concile convoqué à Mi de reconnaître l'autorité e l‘évê ue
lan en 355 ratifia encore la condam Secundus de Ptolémaïs, l’un des p us
nation d’Athanase, qui n’en persista fougueux ariens : celui-ci, aidé du prêtre
pas moins à rester dans sa ville épis Etienne, qui depuis fut son successeur.
copale, jusqu'à ce qu’on eût recours maltraita tellement à coups de pied le
contre lui à la force, en faisant venir prêtre réfractaire , que le malheureux
de Libye les troupes aux ordres du duc en mourut : ceci se passait au carême
Syrianus. Saint Athanase écrivit alors de l'an 356. » — Saint Athanase se
aux évêques d’Égypte et de Libye une déroba aux violences dont il était me
lettre de protestation où il cite entre nacé, en s’enfuyant au désert.
autres Secundus de la Pentapole com ‘Les évêques d'orient s’e'tant assem
me un des promoteurs de la persécu .blés en concile a Séleucie au mois de
tion. Celle-ci , au surplus , s’etendit septembre 359, on y vit assister Hé
hors d’Alexandrie, par toute l’Egypte liodore, évêque de Sozysa, Etienne,
et la Libye: il y eut un ordre de Cons successeur de Secundus au siège de
tantius pour chasser des glises les évé Ptolémai‘s, Pollux ou Polydeuces, évê
ques consubstantialistes, afin de les que de Marmarique, c‘est-à-dire sui
livrer aux ariens; et le duc Sebastia< veut nous de Darnis, et Siras, évêque
nus fut chargé de l'exécution. de Parétonion; pendant le même temps
‘ AFRIQUE ANCIENNE. 149
les évêques d'Occident, réunis à Iti vien, qui prononça le rappel de tous
mini, acceptaient une profession de les bannis et la restitution des églises
foi arienne envoyée par l’empereur; aux catholiques. Saint Athanase écri
puis les uns et les autres furent man vit au nouvel empereur au nom de
dés tous ensemble à Constantinople tous les évêques d'Egypte, de Thé
au commencement de l’année 360 , baide et de Libye, pour lui demander
pour y signer en commun la‘ formule de proclamer l’observation exclusive
de Rimini , qui fut d’ailleurs envoyée du symbole de Nicée; les ariens vou
par tout l’empire, afin (le recevoir l'a lurent réclamer de leur côté, mais ils
dhésion de tous les évêques sans ex ne furent pas écoutés.Valens n’accorda
ception; et il y eut en effet très-peu point la même protection aux consub
de réfractaires. stantialistes, et il voulut même, en
RÉACTION CATHOLIQUE. — Le pa 367, expulser de nouveau saint Atha
triarche George ayant été tué dans nase, qui se. tint caché pendant quatre
une émeute populaire en 362, saint mois; mais, à la demande de Valenti
Athanase, qui depuis sept ans était nien, il fit cesser la persécution et
resté caché au désert. pensa qu’il pour laissa le patriarche tranquille sur son
rait rentrer sans obstacle à Alexan siège.
drie; il y fut recu en triomphe par INDULGENCE ET RIGUEUR DE SAINT
les catholiques, et il y eut une réac ATHANASE; FIN DE LA LUTTE. ——
tion contre les ariens, auxquels ils Il y avait dans la Penta ole , aux
enlevèrent la possession des églises, confins de la Libye, deux bourgades
leur laissant la consolation de se réu contiguës, nommées Hydrax et Palé
nir dans des maisons particulières et bisca , comprises dans la circonscrip
d’élire Lucius pour succéder à George. tion de l’église d'Érythron, et trop
Divers évêques catholiques , revenant peu importantes pour avoir elles-mê
de leur exil, se réunirent à Alexan mes un évêque; cependant comme elles
drie sous la présidence de saint Atha étaient un peu éloignées du siège, et
nase, et formèrent un concile peu quel‘évêque Orion qui l’occupait alors
nombreux (vingt évêques en tout ), n’était pas assez ingambe pour les pro
qui se crut en droit de protester au téger tant au spirituel qu’au temporel,
nom de toute l’Eglise contre la for elles eurent le désir de se donner aussi
mule de Rimini et les conciles qui l’a un évêque, et elles jetèrent les yeux
vaient acceptée. Au nombre des assis sur Sidérios, jeune homme actif et
tants se trouvaient saint Eusèbe de vigoureux qui revenait de l’armée pour
Verceil revenant de la Thébaïde , As faire valoir des terres qui lui avaient
sérius de Pétra en Arabie revenant de été accordées. A leur prière, Philon
la Libye supérieure, puis encore Caïus. de Cyrène vint faire l'ordination du
évêque de Parétonion, Ménas, évêque nouvel évêque: ordination très-irré
d’Antiphra, et Marcus, évêque de Z - gulière sans doute, puisqu’elle eût dû
gris, tous les trois de la Libye in é être faite par le patriarche d’Alexan
rieure et qui probablement revenaient drie, ou de son consentement par trois
de la grande oasis. évêques au moins; cependant saint
L'empereur Julien ayant appris le Athanase ne crut pas le moment favo
retour de saint Athanase, s’écria ne rable pour se montrer rigoureux en
celui qui avait été chassé par les d ci vers des chrétiens fidèles; d’autant plus
sions de plusieurs empereurs aurait que Sidérios lui arut un homme de
dû au moins en attendre une nouvelle mérite et de réso ution , très-propre à
avant de revenir; et il envoya l’ordre lutter contre l’hérésie arienne, si bien
le lus formel au préfet d‘Égypte d’ex u’il le transféra même sur le siège
pu ser l’audacieux évêque : celui-ci e Ptolémaîs, où l’arianisme avait be
quitta la ville , mais pour y rentrer se soin d'être plus vigoureusement com
crètement presque aussitôt, et s’y te battu. Plus tard Sidérios devenu vieux
nir caché jusqu à l'avènement de Jo— revint terminer ses jours à Pale’bisca.
150
L’altier patriarche ne se montra Épiscopat de Synésios.
point aussi indulgent envers le ouver
neur de la Libye, u’il traite d‘ omme La mutation]; Tm’zornrLs roun
brutal , cruel et debauché, mais dont vol'r A Divans SIÈGES EN LinYE.-—
on_ peut soupçonner que le principal Dans un concile assemblé en 394 à
crime à ses yeux était de favoriser la Constantinople, à l’occasion de la dédi.
cause des ariens; saint Athanase l’ex cace d'une é lise, et qui eut à opter en
communia, et dénonça l’anathème à tre deux év ques qui se disputaient le
saint Basile, qui avait dans son dio siège de Bostra en Arabie, on vit figu
cèse la famille de cet officier; l’évêque rer, avec le patriarche Théophile d’A
de Césarée répondit qu’il avait notliié lexandric, Probatius, évêque de Béré
cette condamnation à tous les servi nice.
teurs, tous les amis, tous les hôtes du C’était alors l’usage que les métro.
gouverneur excommunié, et que nul politains promulgassent chaque année,
n’aurait plus commerce avec lui, ni après l’Épiphanie, des lettres paschales,
de feu , m d‘eau, ni de couvert. où ils faisaient connaître le jour où
Saint Athanase étant mort en 373 , devait commencer le carême, et les
les ariens reprirent le dessus dans son fêtes mobiles dépendantes de la Pâque.
diocèse, sous la protection déclarée de Saint Jérôme nous a conservé trois
l’empereur Valens; mais à l’avéne des lettres paschales émanées du pa
ment de Théodose, les églises furent triarche Théophile, our les années
rendues aux consubstantialistes; et 401, 402 et 404; à la n de la seconde
l’arien Lucius fut expulsé d’Alexan se trouve l’indication de quelques nou
drie. Bientôt le concile général de veaux évêques de Libye, dont il'an
Constantinople , de 881, vint complé nonce l'avènement afin de les accrédi
ter le symbole de Nicée, et le rendre ter auprès de leurs frères, pour qu’on
tel qu’il est aujourd’hui chanté dans leur écrivit et qu’on reçut leurs lettres
nos églises. Ce concile fut successive suivant la coutume de l’Église. «Il
ment présidé par divers prélats , l’un « faut que vous sachiez u’en rempla
desquels fut Timothée, patriarche d’A «cement des saints év ques qui se
lexandrie; parmi les canons qui fu « sont endormis dans le Seigneur, on
rent décrétés , le cinquième attri naît a a ordonné, à Lemniade, Naséas à la
à l’évêque de Constantinople le second « lace de Héron; à Érythron, Paul à
rang, immédiatement après l'évêque « a place de Sabhatius. »
de Rome; mais cette décision, qui C’est ce même Théophile qui, en
préjudiciait aux droits de l’évêque l’année 410, ordonna Synésios évêque
d’Alexandrie, fut repoussée par des de Ptolémais, malgré la répugnance
conciles postérieurs (“). expresse .et motivée du nouveau pré
lat, que l’amour de la famille et des
(') Le 5e canon du concile de Constan études philosophiques retenait dans la
tinople est ainsi conçu dans les sommes la vie séculière, mais qui fut obligé de
lines : sacrifier ses goûts aux instances de
« Constantinopolitanæ civitatis episcopum ses amis, et qui, après s’être préparé
- habere oportet primatûs honorem post à ses fonctions sacerdotales par une
« Romanum episcopu'm, propter quôd sit retraite de sept mois, vint en 411
- nova Roma. 1
Mais le 2-, canon du concile de Rome, prendre ossession de son siège, et
en 496, porte: exercer es pouvoirs métropolitains
w Est ergo prima Pelri apostoli sedes Roc qui y étaient attachés à l'égard des
- mana ecclesla, non habens maculam ne autres siéges dela Pentapole, en même
«que rugam, nec aliquid hujusmodi. Se temps que la confiance de Théophile
a cunda auiem sedes apud Alexandriam l’investlssait des pouvoirs spéciaux ex
u beati Pelri nomine a Marco ejus discipulo clusivement réservés au patriarche
- et evangelisla consecrata; ipseque a Petro d’Alexandrie. Synésios, de son côté,
- apostolo in Ægy‘plum directus. n professait pour Théophile la défé
AFRIQUE ANCIENNE. 151
rence et la soumission la plus entière. du même nom qui occupait actueiiê4
‘romanes me‘ svmâs'iost —— En ment le même siégé. Mais la opu
arrivant à Ptolémaîs, il y trouva ré lation de ces bourgades, qui epuis
fumé et rentré dans la vie privée le la translation de Sldérios à Ptolé
nôble cyrénéen Alexandre, qui s’était mais, du temps de saint Athanase,
engagé très-jeune dans les observan était rentrée sous l'obédience de l’évê«
ces monastiques, avait ensuite été élevé ue d’Erythron , et s'était attachée à
au diaconat, puis à la prêtrise, et s’é aul , que Théophile lui-même avait
tant rendu à Constantinople, y avait en 401 nommé à ce dernier siégé, re
fait la connaissance de saint Jean fusa d'en recevoir un autre, et de
Chrvsostome, qui l'avait promu à manda avec instance à Synésios de
l’épiscopat en ui assi uant la ville suspendre l'exécution de sa commis
de Basilinopolis en Bit iynie; quand sion jusqu’à ce que le patriarche eût
avaient éclaté les querelles de Chry entendu la réclamation qu’on lui adres—
sostome et de Théophile , où la dissi sait; et il ne fut point donné de suc
dence religieuse des origéniens et des cesseur à Sidérios.
anthropomorphitescouvraitdes haines L’évêque de Ptolémais avait à ré
personnelles, Alexandre était resté at gler en même tem s un différend sur
taché au parti de son bienfaiteur; mais venu entre Paul ’Erythron et Dios
maintenant Chrysostome était mort core de Darnis, au sujet d’un tertre
depuis quatre ans , il y en avait trois situé dans la bourgade d’Hydrax , sur
que la réconciliation avait été conve la limite des deux évêchés, et dont
nue, et Théophile avait luicmême écrit les deux prélats se disputaient la os
au patriarche Atticus de Constantino session, Dioscore revendiquant le ieu
ple, en faveur des anciens partisans comme ayant été de tout temps dépen‘
de Chrysostome. Synésios . encore dant de son église, Paul prétendant l’a
nouveau dans le sacerdoce, était fort voir acquis par la consécration qu'il y
embarrassé sur la conduite à tenir en avait faite d'une chapelle sur les ruines
vers Alexandre; il prit un terme d'une plus ancienne. Une enquête dé
mo en, dont il rendait compte à Théo montra que cette consécration avait été
phi e en ces termes: « Voyant des subreptice : Paul avait violé la clôture
«vieillards qui, dans la crainte de d'une etite maison dontDioscoreavait
« blesser quelque règle canonique, le les cle s, et y avait fait porter une table
a traitaient durement, et sans pouvoir qu’il avait bénie; Synésios, présidant le
- articuler rien de précis contre lui, synode des évêques du voisinage qui
« refusaient de le recevoir sous leur sétaient réunis à cette occasion, é
en toit, je n'ai voulu ni les reprendre, clara indigne le procédé d’employer
et ni les imiter. Savez-vous, mon véné les cérémonies de la religion pour
« rable père, ce que j'ai fait? Je ne l’ai usurper la propriété d'autrui; Paul
et point reîu à l'église, ni à la commu reconnut ses torts, et Dioscore con
« nion de a sainte table; mais je l'ai sentit à lui céder. à des conditions fa
« accueilli chez moi comme un homme vorables, l'immeuble objet du litige.
a sans reproche, lui faisant honneur Synésios présida à l'élection d'un
« suivant mon habitude à l'égard de nouveau pasteur pour l‘évêclié d’Ol
a mes concitoyens, sans crainte de dé biaI devenu vacant par la mort d’Atlia
« roger en cela à la dignité de mon mas, qui l'avait rem li jusqu'à un âge
a sIége. » très—avance'. Les suf rages se portèrent
SvNEsIos BBMPLIT nIvEasEs ms sur Antoine , compagnon d’etudes de
sIoNs runraacnuss. —- Sur l'or deux évêques présents à l’assemblée,
dre de Théophile, Synésios se rendit et qui avait même re u de l’un d'eux
à Hydrax et Palébisca, pour y insti l'ordre de prêtrise; l'évêque de Ptolé
tuer un évêque en remplacement de maïs se joignit à eux pour le nommer,
Sidérios, jadis établi en ce lieu par et sollicita en sa faveur l’homologation
Philon de Cyrène , oncle de l'évêque patriarchale.
152
Dirénmvcr ma Svm‘rsros mvvmrs PHILOSOPHE Évannn PAR Svmâsros.
LE ra'rnuncne pour; LES AFFAIRES —Un livre de la vie des Pères, qui pa
DE SON nous DIOCÈSE. ——- Syné rait avoir été composé à Rome ans le
sios avait soin en outre de rendre septième siècle, et qui porte le titre de
compte a Théophile des affaires de Pré spirituel, contient une légende re
son propre diocese. Le prêtre Jason lative à la conversion opérée par Sy
ayant attaqué de paroles le prêtre nésios,d'unyphilosophe païen nommé
Lamponianus, celui-ci s'échappa en Évagre, son ancien compagnon d'étu
voies de fait, et sur la plainte de des, qui résista longtemps opiniâtré
Jason fut exclu des assemblées ec ment a ses instructions et à ses ins
clésiastiques: il témoigna un grand tances, mais qui se rendit enfin et se
repentir, et sa grâce fut demandée laissa baptiser: il remit à Synésios
par le peuple des fidèles; mais l'évêque une somme d'or pour être distribuée
déclara que le pouvoir d'absondre le aux pauvres, en échange d'une pro
coupable était réservé au patriarche. messe écrite de l'évêque, que ‘Dieu lui
—Des ecclésiastiques s'intentaient mu tiendrait compte de cette charité dans
tuellement des procès scandaleux de l'autre vie. A sa mort, Evagre recom«
vant les gouverneurs militaires, à qui manda à ses enfants de l'enterrer avec
ils procuraient ainsi un lucre illégi cet écrit dans les mains, ce qui fut.
time; Synésios demandait à Théophile exécuté. Trois jours après, il apparut
d'ordonner qu'on ne suivît plus cette en songe à Synésios, l'invitant à ve
marche à l'avenir, mais qu'on s'adres nir reprendre dans son tombeau ce
sât, en pareil cas, à lajuridiction épis même écrit revêtu de sa quittance, at
copale. —— Des prêtres, quittant volon tendu que la promesse qu'il contenait
tairement leur église, venaient jouir, se trouvait remplie; on alla rechercher
sans charges ni soucis, des honneurs dans le sépulcre l'écrit de Synésios;
du sacerdoce là où la vie leur semblait et l'on y trouva, fraîchement tracée
lus agréable; Synésios proposa de ne de la main d'Évagre, la quittance an
es admettre quà la communion des noncée. L'auteur de ce récit en avait
la'i ues, et de les laisser confondus dans recueilli les éléments à Alexandrie, de
la oule des fidèles, afin que la priva la bouche de Léonce d'Apamée. qui
tion des honneurs ecclésiastiques les avait fait un long séjour à Cyrène,
portât à retourner chez eux, et à gar dont il fut depuis évêque, et où il avait
der la résidence que leur ordination vu de ses yeux la pièce même dont
leur avait imposée. nous venons de parler, soi neusement
Le pieux évêque craignit une nou conservée dans le trésor c la cathé
velle invasion de l'arianisme dans la drale.
Pentapole, au moyen des prédications Nous avons déjà rapporté ailleurs
et des assemblées secrètes de ces sec les démêlés de Synésios avec le gou
taires, favorisés par un officier appelé verneur Andronic, et l’excommunica
Quintianus, et protégés par l'autorité tion dont il le frappa. Le noble évêque
militaire; il écrivit à ce sujet aux prê occupait encore, en 417 , le siège de
tres de son diocèse, pour les inviter à Ptolémais; mais , à partir de cette
se tenir sur leurs gardes, à épier et à date, l'histoire ne nous fournit plus
démasquer ces suppôts du démon, et à son égard aucune trace.
à les chasser honteusement, recom
mandant surtout d'agir en vue des Lutte de l'Église d'zfleæandrie con
récompenses célestes, et non d'une tre le nestorianisme.
avidité sordide des richesses, anathé
matisant d'avance ceux qui se laisse Hém’ssrn bn Nns'ronrus. — L’a
raient entraîner, à prix d'argent, à nimosité qui avait autrefois divisé
fermer les yeux sur ces réunions cri Théophile et saint Jean Chrysostome
minelles. se reproduisit entre leurs succes
LÉGENDE DE LA coNvEnsioN DU seurs, saint Cyrille, patriarche d'A
AFRIQUE ANCIENNE. 158
lexandrie, et Nestorius, patriarche de de saint Célestin. a Il nous dit, -
Constantinople. En expliquant le dog ajouta Daniel, « de revenir le lende
me de l’incarnation divine, Nestorius main le trouver en particulier; mais
avait poussé trop loin la distinction quand nous y allâmes, il nous ferma
des deux natures de Jésus-Christ, à les portes et ne daigna as nous répon
ce point qu’il refusait à la Vierge le dre. n La destitution e Nestorius fut
titre sacramentel de mère de Dieu; ses prononcée séance tenante, le 22 juin
écrits s’étaient répandus jusque dans 431. Mais le comte Candidianus fit
les couvents d’Égypte , et saint Cyrille publier dès le lendemain un édit de
écrivit à son tour pour les réfuter, en rotestation contre tout ce qui s’était
en référant en même temps à Rome, ait, avec ordre d’attendre, pour ou
au pape saint Célestin, qui écrivit‘de vrir le concile, l'arrivée des évêques
son côté , et envoya ses lettres à saint du patriarchat, d’Antioche. Ceux-ci
Cyrille pour les faire parvenir à Nes étant entrés à Ephèse cînqjours après,
torius, a qui elles furent portées par se réunirent de leur côté avec Nesto
quatre évêques du diocèse d’Egypte, rius et les autres évêques qui avaient
entre autres Daniel de Darnis. Les déféré aux avertissements du comte
partisans de Nestorius, André de Sa Candidianus, et ils prononcèrent a leur
mosate et Théodoret de Cyros. répon tour la déposition de Cyrille d’Alexan
dirent aux mémoires de saint Cyrille; drie et de Memnon d‘Ephèse. Chaque
ce fut Evoptios. frère et successeur de parti prétendit être le véritable con
Synésios à l’évêché de Ptolémaïs, qui cile, et écrivit en conséquence à la
envoya plus tard de (Jonstantinople à cour de Constantinople; saint Cyrille
son métropolitain la critique incisive y envoya même Daniel de Darnis avec
de Théodoret. L'empereur Théodose deux autres évêques pour y soutenir
le jeune, sollicité de convoquer un sa cause. L'empereur, admettant les
concile général pour mettre [in a ces dépositions prononcées de part et d’au
discussions , désigna Ephèsc pour lieu tre comme valables, envoya le comte
de réunion, et chargea Candidianus, Jean arrêter Nestorius , Cyrille et
comte des domestiques, c’est-àvdire Memnon, et tenter la réconciliation
capitaine de ses gardes, de pourvoir de leurs adhérents; et Jean n'ayant pu
à la sûreté du copcile. y réussir, Théodose ordonna que cha
CONCILE n’Emizse QUI coN que parti lui envoyât ses députés pour
DAMNE NEs'ronrUs. —— Nestorius et exposer les prétentions respectives sur
C rille se rendirent chacun de leur lesquelles il avait à statuer: Evoptios
coté à Éphèse , où le patriarche d’A de Ptolémaïs fut l’un des huit ora
lexandrie amenait cinquante de ses teurs désignés en conséquence de cet
suffragants, parmi lesquels nous de ordre par le parti de saint Cvrille.
vons signaler Evoptios de Ptolémaïs, Théodoret de Cyros, l‘un des huit en
Zénon de Teuchira , Zénobios de voyés du parti contraire, manda bien
Barliè, Publius d'Olbia, Samuel de tôt aux siens que leurs adversaires
Dysthis, et Daniel de Darnis. Avant avaient gagné à prix d’argent l’eutou
d'attendre l’arrivée du patriarche rage de l’empereur, et qu’il ne fallait
d’Antioche avec son clergé, et mal point espérer Gain de cause. lin effet,
gré les protestations tant de Nestorius le concile fut issous , Cyrille renvoyé
que du comte Candidianus, le véhément à, Alexandrie, Memnon maintenu à
Cyrille voulut commencer les opéra Ephèse, et ‘Nestorius exilé et rem
tions, et ayant fait sommer inutile placé.
ment Nestorius de comparaître, on PACIFICATION DE L’ÉGLISE EN
procéda à une enquête: Daniel de 0nIr.NT.—-Le schisme fut loin de ces
Darnis déclara qu’il avait, avec ses ser; Jean d'Antioclie, dans un synode
collègues, remis publiquement à Nes tenu a Tarse au mois de novembre 431,
- torius, un dimanche, dans sa cathé refusa de reconnaître le successeur de
drale, les lettres de saint Cyrille et Nestorius et auathématisa de nouveal.
154
saint CyrilIe avec les évêques députés de Sozysa, Rufus de Cyrène et Tbéo‘:
par lui vers l'empereur, et parmi les dore de Barkè, pour la Pentapole; Lu
quels était Evo tios de Ptolémais; et cius de Zygris et Philocalos de Zagylis
retourne à Ant oche , Jean y tint en our la Libye inférieure : Eutyches y
core un synode où furent confirmées ut absous, et ses accusateurs condam
ces résolutions; de leur côté, ceux nés. Les procès-verbaux du concile
ni se proclamaient exclusivement ca témoignent d'une grande régularité de
! cliques. profitant de la faveur im procédure, mais les historiens ecclé
périale, désignaient de nouveaux évê siastiques rapportent, surtout de la
ques à la place des Nestoriens qu'ils art e Dioscore. des scènes de vioa
chassaient de leurs siéges. Théodose ence et des voies de fait à peine croya
sentit le besoin d'arrêter ces désordres; bles, qui ont valu aux actes de cette
ll s'entremit de la paix entre les deux assemblée d'être llétris, par les ca
patriarches d’Alexandrie et d’Antio tlliloliques, du nom de brigandage d'É
che, et leur réconciliation fut enfin p ese.
obtenue après un an entier de négo Un nouveau concile général fut de
ciations. Nestorius fut relégué en 436 mandé; l'empereur Marcien, succes
dans la grande oasis. ‘ seur de Théodose lejeune, le réunit en
il semble ne des Ordinations irré octobre 451 à Calcédoine; il s'y trouva
gulières s'étaient faites dans les pro trois cent soixante évêques, parmi les
vinces libyennes, puisque nous avons quels nous remarquons , à la suite
une lettre de saint Cyrille provoquée u patriarcheDioscore d'Alexandrie,
pgr les plaintes des a bés de la Thé Théophile d'Erythron. La sentence
ide à ce sujet, et adressée aux évê prononcée à Éphèse fut annulée, et
ques de la Libye et de la Pentapole, pour Dioscore anathématisé avec Eutychès;
leur en'oindre de s'informer exacte on voulut ensuite faire violence aux
ment e la vie des ordinands, s'ils treize suffragants de Dioscore pré
étaient mariés on non et depuis quand, sents au concile,pour souscrire la nou
s'ils avaient été chassés par quelque velle profession de foi; mais sur leur
évêque, ou de quelque monastère, afin déclaration opiniâtre qu'ils ne. pou
de-n’ordonner que des personnes li vaient canoniquement rien faire de
bres et sans reproche. leur chef et sans autorisation de leur
patriarche, on les ajourna jusqu'à ce
Établissement de l’hérésie d'Eu qu'un successeur eût été nommé à
tgchés. Dioscore. Cependant le concile de Cal
cédoine ne fut pas reçu paisiblement
L'miaiisrp n'Eu'rvcuÈs , TRIOM en Orient, et il fallut lusieurs édits
nnmre a Ernizsn, en communs]; impériaux pour en or onner l'exécu
rus LB CONCILI ne CALCÉDOINE. — tion; il y eut schisme dans le patriar
D'une opposition outrée au nestoria chat d'Alexandrie, les uns persistant à
nisme était née l'erreur de l'archi tenir pour Dioscore, les autres lui
mandrite Eutychès, qui ne faisait point ayant donné pour successeur l'archi
une distinction suffisante des deux na prêtre Protérius.
turcs de Jésus-Christ; elle fut inci ScnrsMn sxncnm'r DANS LE PA
demment déférée en 448 à un concile ruuncnu‘ D’ALEXANDBIL- Dios
assemblé à Constantinople, et ana core mourut en 454 à Gangres en
tbématisée; Eutychès en appela à un Paphlagonie, où il avait été relév
nouveau concile, qui fut en consé gué; mais les eutychiens. maintenus
uence convoqué à Éphèse au mois dans le devoir tant que vécut l'empe
‘août 449 , et présidé par Dioscore, reur Marcien, profitèrent de son décès
successeur de saint Cyrille au.patriar pourse relever en Ég pte, et promu
chat d'Alexandrie; il avait près de lui rent au patriarchat e moine Timo
plusieursde ses suffragants, entre les thée Êlure (Aüoupot, chat), qui fut
quels nous devons nommer ici Zosime violemment intronisé le 29 mars 457,
AFRIQUE ANCIENNE. 155
par le meurtre de Protérius , dont le adressé aux évêques et aux fidèles d’A
cadavre fut traîné dans ‘les rues d'A lexandrie, de l’Egypte, de la Libye et
lexandrie. Quatorze évêques de .son de la Pentapole, et portant en sur‘)!
diocese, entre lesquels on voit figurer stance que pour obtenir l'unité de
Maxime de ZagylIs , fuyant les perse’. l’Eglise, si vivement désirée par les
cutions du patriarche intrus, se sau gens de bien , il convenait de se rallier
vèrent à Constantinople, où ils remi exclusivement au symbole de Nicée,
rent a l’em ereur une supplique afin com Iété à Constantino le, et suivi
d'obtenir izexpulsion de Timothée et es Pères du concile ’Éphèse, avec
Élure et la liberté d'élire régulière es douze articles publiés par saint
ment un successeur à Protérius. Un Cyrille contre Nestorius; anathématic
synode assemblé aussitôt dans la‘ ville sant toute profession contraire qui ait
impériale déclara nulle la nomination pu ou qui pourrait se produire,jadis
de Timothée, et un grand nombre de ou aujourd hui, à Calcédoine ou ail
synodes provinciaux tenus sur l'ordre leurs. Pierre reçut I’Hénotique. le fit
de l’empereur firent la‘ même déclara recevoir par les catholiques, et écrivit
tion. Pendant que cette affaire se pour. à ce suje des épîtres synodales tant
suivait, le patriarche Gennadios de au pape Simplicms qu'au patriarche
Constantinople ayant tenu un concile de Constantinople; mais l'év/éque Jean
contre la simonie , les évêques égyp de Zagylis et les archimandrites des
tiens présents sur les lieux y .assistè monastères de la basse Égypte s'insur
rent, et nous devons nommer parmi gèrent ouvertement, et envahissant
eux Pierre de D sthis dans la Penta séditieusement sa cathédrale, le forcè
pole, Apollon 'Antiphra et Maxime rentà anathématiser le concile de Cal
de Zagylis en Marmarique. cédoine et les lettres du pape Léon
Timothée Salofaciole fut élu patriar contre Eutychès. Le corps de Timo
che d'Alexandrie par les catholiques, thée Salofaciole fut déterré et jeté à
et Timothée Élure relégué dans la la voirie. Depuis lors le siège d’A
Chersonèse; mais il revint à Alexan lexandrie fut occupé par une suite de
drie en 475, à la faveur de l'usurpa patriarches eutychiens, qui énérale
tion du tyran Basilisque, et força son ment recevaient l'flénotique e Zénon
compétiteur à se retirer à Canope. et rejetaient en même temps le concile
Quand Zénon eut recouvré l'empire, de Calcédoine; et l'on ne peut guère
en 477, il voulut expulser de nouveau douter que les évêques de leur obé
le patriarche intrus ; mais celui-ci dience ne suivissent aussi les mêmes
s'empoisonna. Ses adhérents lui don doctrines.
nèrent alors pour successeur l'archi CONCILE GENEML DE CONSTANT!
diacre Pierre Monge (M0176; , bègue), NOPLB.— L'empereur Justinien eut à
qui fut sacré endant la nuit par un son tour la prétention d'opérer la réu
seul évêque; Zenon ordonna l'expulsion nion des diverses églises de la chrétienté
de Pierre et le rétablissement de Sa au moyen d'uneconfession de foi qui sa
lofaciole; mais le premier se cacha tisfit a toutes les exigences légitimes,
dans Alexandrie. et le second étant et il rendit à ce sujet en 546 un édit,
mort en 482, on lui donna pour suc où est formulée l'acceptation des qua
cesseur Jean Talaîa, que sa liaison tre conciles généraux de Nicée, de
avec le rebelle Illus, maître des offices, Constantinople, d'Éphèse et de Calcé
fit repousser par l'empereur. doine, tout en rejetant certains écrits
HENOTIQUE DE ZENoN. — Zénon de Théodore de Mopsueste. de Théo
donna alors son approbation à l'in doret de Cyros, et d'Ibas d'Édesse, dé
tronisation de Pierre Monge, et en signés en commun sous le titre vul
voya au préfet et au duc d‘Egypte des gaire des trois chapitres , et que le
ordres à ce sujet. en même temps concile de Calcédoine avait admis; es
qu'un édit d'union, bien connu sous pérantainsi lever le plus grand obsta
le nom d'Hénotique (évmmèv , unitif), cle à la réception du dernier concile
156
par les Eutychiens. Mais il éprouva des geait aussi à Cyrène l'évêque Léon
résistances auxquelles il ne s'était pas tius, qui avait naguère raconté à Jean
attendu, et après les plus déplorables Moschus, l'auteur du Pré spirituel, la
scandales, la décision de la question légende de la conversion du philoso
fut enfin déférée a un nouveau concile phe Évagre par Synésios dePtolemais.
écuménique : cent cinquante et un évê Au moment de l'invasion de l’E
ques rassemblés à Constantinople par gypte par les Musulmans, les Jacobi
ordre de l'empereur, au mois de mai tes obtinrent la protection du vain
553, condamnèrent les trois chapitres. queur, et furent même mis en posses
Avec le patriarche Apollinaire d'A sion des églises des melkites, suspects
lexandrie souscrivirent George de Pto aux conquérants comme liés de croyan
lémaïs dans la Pentapole, Émilien, évê ce avec 'empereur, leur ennemi oli
que d’Antipyrgos dans la Libye infé tique; aussi le patriarche me kite
rieure , et jusqu'à Théodore, évêque Pierre, ne trouvant plus la place te
d'Augila dans le désert. nable, se retira à Constantinople , et
Mais le schisme de. l'église d’Alexan Alexandrie n'eut pendant longtemps
drie était consommé; les Eutychiens que des patriarches jacobites. Quant à
ou monophysites, qu'on appela désor la Libye et à la Pentapole, il ne reste
mais Jacobites à cause de Jacques aucune trace de la dernière agonie du
d’Édesse leur chef le plus actif, ou culte chrétien dans les églises qu'il y
cophtes à raison de leur nationalité avait fondées: il ne s'est trouvé au
spécialement égyptienne, restèrent sé cune voix pour déplorer assez haut,
parés des catholiques,dont la masse se au milieu du naufrage, la disparition
composait des habitants grecs de l'É des évêques, des prêtres, des fidèles
gypte et des deux Libyes, et qui re u que le débordement musulman en
rcnt plus tard, soit des Juifs, soit es gloutissait.
Arabes, la dénomination de melkites u Etiàm periêre ruinæ. r
ou royaux, parce qu'ils suivaient la
religion de la cour de Constantinople. Tableau des e'céclze’s des deuæ Li
DEaNmns ÉVÉQUES mBvsNs ; byes.
CONQUÊTE MUSULMANE. — Le pa A cette esquisse imparfaite des vi
triarchat de saint Euloge d’Alexan cissitudes du christianisme dans l'an
drie, intronisé par les catholiques sur cienne Cyréuaique , il nous reste à
ce siégé en 580 , et qui y mourut joindre. comme un complément néces
en 607, a un droit particulier à notre saire, le tableau succinct des évéchés
attention, en ce que ce prélat, dis qui y étaient compris, et la liste des
tingué par ses écrits contre les di prélats dont l'histoire a enregistré les
vers, hérétiques de son diocèse, et par noms.
l'amitié du pape saint Grégoire le
Grand, avait pour syncelle ou coad 1° LIBYE supémeqnn, DENTA
jutenr Théodore, évêque de Darnis en POLE, ou cxnnmuoun.
Marmarique, dont le surnom de Skri
boon n'est peutcêtre qu'une trans 1. ‘Promiuus , métropole.
cription grecque du titre de scribe ou
secrétaire, et dénoterait de sa part un Basilides», évêque des paroisses de
concours actif aux écrits polémiques la Pentapole, à qui le patriarche saint
de son métropolitain. Lui-même mon Denis d'Alexandrie adressa, vers 260,
ta, après Euloge, sur le siége patriar une de ses lettres canoniques.
chal et l'occupa deux ans, jusqu'à ce Théodore, métropolitain de la Pen
qu'il périt en 609, de la main de ses tapole, martyr dans la persécution de
ennemis, à l'époque où l’Afri ce et Licinius vers 319.
l’Orient s'insurgeaient contre Piocas Secundus, évêque de la Pentapole,
our donner la couronne impériale à fauteur d'Arius, excommunié en 321
éraclius. Dans le même temps sié par le synode d’Alexandrie, et en 325
AFRIQUE ANCIENNE. 151
par le concile de Nicée; réhabilité en 7. Sozouss.
335 par le concile de Tyr, condamné Héliodore, présent au concile de Sé
de nouveau en 340, et rétabli en 356. leucie en 359.
Étienne, évêque de Ptoléma‘is de Li Zosime (ou Sosias), présent au bri
bye, arien, présent au concile de Sé gandage d’Éphèse en 449.
leucie en 359.
Sidérios , ordonné d’abord évê ue 8. EBYTHBON
d’flydrax et Palébisca, puis trans été Orion, vieux à l’époque de l’ordina
à Ptolémaîs vers 370. tion de Sidérios, avant 370.
Synésios, évêque de Ptolémaïs en Sabbatios,cité comme mort, dans la
410, siégeait encore en 417. . lettre paschale du patriarche Théo
Évoptios, frère de Synésios, présent phile pour 402.
au concile d‘E hèse en 431. Paul, nommé en 401, en différend
Georges, present an concile de Cons avec l'évêque de Darnis en 411.
tantinople en 553. Théophile, présent au concile de
Calcédoine en 451.
2. BÉBÉNICE.
Ammonius, à qui le patriarche saint 9. Hvnnax et PAL'ÊBISCA.
Denis d’Alexandrie adressa une lettre _Sidérios, transféré à Ptolémaîs, par
contre le sabellianisme, vers 260. saint Athanase, vers 370.
Dathès, arien, présent. au concile de
10. LEMNIADE.
Nicée en 325.
Probatius , présent au concile de , Héron, cité comme mort récem
Constantinople en 394. ment, dans la lettre pascliale du pa
3. CYBÈNE.
triarche Théophile pour 402.
Naséas, cité comme nouvellement
Théodore, martyr dans la persécu promu, dans la même lettre.
tion de Dioclétien en 302.
Philon l’Ancien, qui ordonna Sidé 11. OLBIA.
rios évêque d’Hydrax et Palébisca Athamas, mort à un âge très-avan
avant 370. cé, vers 410.
Philon le Neveu, qui siégeait en
Antoine, élu en présence de Syné
410. , sios vers 411. ,
Rufus, présent au brigandage d’E Publius, présent au concile d’E
phèse en 449. phèse en 431.
Léonce, contemporain de Jean Mos
chus, auteur du Pré spirituel, vers 12. Dvs'rms.
600.
4. Bannir. Samuel, présent au concile d’É
phèse en 431.
Zéphyrios (ou Zopiros), arien, pré-. Pierre, présent au concile de Cons
sent au concile de Nicée en 325. tantiuople en 459.
Zénobios, présent au concile d’É
phèse en 431. 2° LIBYE INFÉIRIEURE, SECONDE
Théodore, présent au brigandage LIBYE, 0U MARMARIQIJE.
d’Éphèse en 449.
5. TBUCHIBA. 1. DABNIS , métropole.
Secundns, arien, présent au concile Théonas, évêque de Marmariquc,
de Nicée en 325. fauteur d’Arius, condamné au synode
Zénon, présent au concile d’Éphèse d’Alexandrie en 321 et au concile de
en 431. Nicée en 325. ,
6. BonIoN. Pison, évêque de Darnis, présent/au
Sentianus, arien, présent au concile concile de Sardique en 347.
de Nicée en 325. Pollux ou Polydeuces, évêque de la
158
seconde Libye, présent au concile de Apollon, présent au concile décons
Séleucie en 359. tantinople en 459.
Dioscore, évêque de Darnis, en dif 4. ZYGnlS.
férend avec Paul d’Erythron en 411.
Daniel, présent au concile d'Ephèse Marc, présent au concile d’Alexan
drie en 362.
en 431. Lucius, présent au brigandage d’É
Théodore Scribon,syncelle ou coad
juteur du patriarche saint Euloge, et phèse en 449.
son successeur en 607. 5. ZAGYLIS.
Philocalos, présent au brigandage
2. Pané'romoiv. d'Éphèse en 449.
Titus, présent au concile de Nicée Maxime, présent au concile de Cons
en 325. tantinople en 459.
Siras, arien, présent au concile de Jean, qui força en 482 le patriarche
Séleucie en 359.
Pierre Mon erà anathématiser le con
Caius, présent au concile d'Alexan cile de Calc doine.
drie en 362. 6. ANTlPYBGOS.
3. ANTIPBBA. Emilianus, présent au concile de
Çonstautinople en 553.
Sérapion, présent au concile de Ni
.oée en 325. 7. AUGILA.
Ménas, présent au concile d'Alexan Théodore, présent au second con
" drie en 362. cile général de Constantinople en 553.
SECONDE PARTIE.
5 1er.
nnscnrr'non GÉNÉRALE.
Q .
l. efioennms pnysmns. cette sec tion intermédiaire, où il
Étendue et limites. ne s'agit ni de toute l’Afl-ique connue
des anciens, ni de la seule Afri ue
Bomvss esnsnsus. — Ainsi que propre distincte de la Numidie et ce
nous l’avons dit au début de ce livre , Mauritanies, mais bien de la vaste
le nom d'Afrique fut d'abord restreint région à laquelle ce même nom d’A
à la colonie phénicienne concentrée frique était donné par opposition à
sur l’emplacement de Carthage; puis il celui de Libye, c’est-à-dlre de l'en
s'étendit avec elle dans les environs, et semble des contrées se succédant d'est
gagnant de proche en proche, il désigna en ouest depuis les Autels des Philènes
successivement une petite province , jusqu’à l'extrême occident, et sur les
puis une province plus grande. uis quelles l'évêque de Carthage étendait
toutes les possessions puniques ans son bâton pastoral à titre de primat.
leur plus rand développement, puis Lnutss A L'ss'r s'r AU Noun. —
enfin tout e continent ou elles étaient Cette region avait pour limite orientale
assises. la Libye ropre, et le désert ultérieur
De cette diversité d'étendue terri jusqu‘àl’ thio ieau-dessusdel’Egypte.
toriale que représente tour à tour la Au nord, e le étendait surla Medi.
dénomination d’Afrique, il résulte un terranée de longs rivages onduleux,
certain embarras dans l'emploi que où le cap des Trières (tpmptîw) et celui
nous en voulons faire ici. Dans son qu’on appelait les Têtes (mutant) suc
acception la plus large au point de vue cédaient ensemble à l’enfoncement de
de lanti uité classique, elle désigne la grande Syrte, tandis qu'un peu plus
le sujet 0 tout ce volume; dans son loin celui de Zitha et celui qui tirait
acception étroite , au contraire , elle son nom des bas-fonds adjacents (’),
reste attachée au domaine politique de
Carthage, auquel est consacrée une (") Bpaxcbônç äxpa chez les Grecs, Capa:
section importante dans la suite de ce 'vada chez les Romains.
travail. Pour le présent, il nous faut 1. . . . . ques nonino porta
160
enfermaient la petite Syrte; le cap la pointe de Phébus, s‘éclielonnaient
d’Hermès ou de Mercure projetait ensuite jusqu'au détroit des Colonnes,
ensuite sa longue saillie au nord, pour à la sortie du uel se projetait le cap
enceindre d'un côté le golfe de Car Côtés, où la igne des rivages, jus
tirage, que bornaient à la fois, de l'au que-là dirigée d'est en ouest, tournait
tre côté, le Beau promontoire (*).et brusquement au sud pour tracer, dans
celui d‘Apollon, jumeaux mais dlS cette direction nouvelle, les limites
tincts l'un de l'autre. Puis les golfes occidentales de la région d‘Afrique.
des deux Hippones , se’ arés entre eux Lmr'res A L’oUes'r ET AU sur).
par le cap Blanc (ou idum amon —Le cap Côtes ou Cota, que les Grecs
to'rium), étaient suivis de a Pointe nommaient Ampelousia, était placé
du Cheval (î-mrov image); plus loin le ca justement à égale'distance des Syrtes
Trèton ('rpmôv , percé.) divisait le gel e et du terme des connaissances ancien
Olcachites du golfe Numidique, lequel nes sur le littoral africain baigné par
se prolongeait vers l’ouest jusqu'au l’océan Atlantique. En suivant du nord
promontoire Audon; puis les dente au sud l’ondulation des rivages, on
lures de la côte s’amoindrissant, les trouvait d'abord le golfe des Comptoirs
géographes grecs et latins eurent peu puniques ( èimopmôç xôlmz) portant
de souci de constater la nomenclature également le nom de Côtès et celui de
de ces rentrées et de ces saillies si Saguti, puis la saillie du petit Atlas
petites et si nombreuses, jusqu‘à_ un ('Afluc êka'mwv) appelée aussi cap d‘fler
autre promontoire d’Apollon , voisin mès (*), et successivement celles de la
de Cartenna. Ils nous ont pourtant montagne du Soleil, du cap d'Hercule,
conservé à leur insu , en transcrivant du cap Oussadion, du Grand Atlas
quelques noms puniques significatifs, (‘Amie pelzwv); la pointe Gannaria, la
l indication de plusieurs de ces petits pointe Soloentia , le cap Arsinarion ou
caps intermédiaires, tels que Rouss Surrentium (**),extrémité la plus occi
zous , Rousoubbeser, Bousouccoron , dentale de l'Afrique alors connue; le
Rousibbicar, Rousgonion , où la syl cap Ryssadion , le cap Catharon , et
labe initiale rous n’est autre que la enlin la Corne du cOuchallt'CE'flts'pov
forme punique du mot que les Arabes xe’pac), après laquelle s’enfonçait dans
prononcent Ma, et qui nous est main les terres le golfe Hespéri ue , terminé
tenant si familier. Plus loin dans lui-même plus loin par a Corne du
l‘ouest s‘arrondissait le golfe Laturus. sud (Nô‘rou répare)‘.
LeGrand promontoire (ibéraàxpwrñpwv), La limite méridionale de cette vaste
et ceux qui portaient les noms de Mé région demeurait indéterminée; les
tagonite , Sestiarii et Oléastron , enfin connaissances positives s’arrêtaient à
la chaîne de lAtlas, dont on savait
u Allernl pro parle Ccpul dixOn vadanun déjà que le nom indi ène était D -
u Anliqui mulæ. »
Connu-x, Johannîde, I... 368. rin 0"); au delà, sau l'itinéraire e
Les modernes en ont fait Capoudia, et
même la Capoule. (') ‘Eppafa dxpa; c’est là que les R0‘
V(') Koûàv àxpwrñpmv de Polybe, Pul mains eurent plus tard leur poste le plus
chri promonlorium de Tite-Live; les criti avancé, sous le nom dlEzploratio ad Mer
610105.
ques qui le confondent avec le cap d’Her
mès, comme Heyne et Heeren, ou avec le (") Ce promontoire, ainsi appelé par
cap d'Apollon, comme Manuert, ne tien Polybe, était terminé par le mont Barce,
nent pas assez de cemple, dans le premier nommé Brace et Praze par l'anonyme Ra
cas, de la siluation relative à l'égard de vennate.
Carthage, et dans le second cas , de la dis (‘") Nous avons à cet égard l'affirmation
tinction entre le ras Sydy 'Aly-el-Mekky expresse de Slrabon, de Pline, de Solin,
(Kaldv àupmn'iptov) à l'esl de Porto-Farine, de Marlianus Capelle, qui écrivent tour à
et le râs Zebyb (‘Anôkäwvoc äxpov) au nord tour Aüptv, Djrm , Diriu, Jddirin; c'est
ouest de la même ville. le même nom que les Arabes écrivent w)
AFRIQUE ANCIENNE. 161
quelques rares expéditions militaires, sés à reconnaître les grands fleuves
on n’avait que de vagues indications de la Nigritie, là où il ne s'agit que de
recueillies sur des oui-dire sans ga quelques torrents de l’Atlas.
rantie. INDICATIONS DE P’IOLÉMÉE QUI
Montagnes. SERVENT A conmoan LES DÉFAUTS
ni: sa cuirs-Le géographe alexan
INSUFFISANCE ET DÉFECTUOSITÉS drinnousadonnélui-mêmelaclefd’une
DE LA NOMENCLATURE ne PTOLÉMÉE. partie de ses délinéaticns, quand il a
-— Cette chaîne de l’Atlas. qu’Hero rattaché au cours du Cyni s ou Cyni
dote regardait comme un faîte sablon phos, qui de'bouchait près e la Grande
neux courant de uis Thèbes d’É Leptis, les montagnes de Zouchabari
gy te jusqu’aux Co onnes d’Hercule et où il coulait, et de Girgiris où il prenait
m me au delà, mais dont Strabon sa source; au cours du Triton, qui
connaissait bien à la fois la nature occupait le fond de la petite Syrte , le
montagneuse et la continuité depuis mont Ousalcton au pied duquel il s’é
les Syrtes jusqu’a l’Océan, Ptolémée tendait en triple marécage; au cours
n’en donne une description mor du Bagradas , qui déboucliait au nord
celée, ou putôt une nomenclature de Carthage, les montagnes Mampsa
multiple sans enchaînement certain. ron où il coulait, et Oursar ala où il
Cependant, l’ordre successif et les avait son origine; aux lacs ’Hippone
rapports de position de toutes ces Diarrhyte le mont Cirna; au cours du
montagnes diverses, peuvent permet Rubricatus qui se jetait à la mer près
tre d’en deviner la liaison mutuelle, d’Hippone-Royale , le mont Thammès
en s’aidant des indications orogra d’où il venait; et au cours de l’Amp
phiques (souvent bien aventureuses il sagas , qui avait son embouchure entre
est vrai) de nos cartes modernes. Ce Igilgilis et Collops , les montagnes
n’est ici le lieu ni l'occasion d’exposer Bouzara au milieu desquelles il pre
les lois et de justifier les procédés de nait naissance; indiquant en outre les
redressement de la carte de Ptolémée, monts Tizibi et Giglion entre le Cyni
dans le but de retrouver la place réellephos et le Triton , le mont de Jupiter
des éléments topographiques qu’il y entre le Triton et le Bagradas, et le
a si sin ulièrement eparpillés: qu’il mont Audon entre le Rubricatus et
nous su lise de faire remarquer d’une I’Ampsagas.
manière générale que la corrélation Pareillement sur la côte occiden
nécessaire des riva es et des cours tale Ptolémée luioméme nous met sur
d’eau avec les relie s des terrains qui la voie des rectifications à lui appli
déterminent les versants, nous four
nit un heureux secours pour le dé vières de l'intérieur de l'Afrique, sur les
brouillement de ce chaos : on peut bien notions-tirées des anciens et des modernes n,
appeler chaos , en effet , le tracé fan lu en 1755 à l’Académie royale desinscrip
tastique où des-savants recommanda tions et belles-lettres par d’Anville; l'ou
bles, tels que d’Anville, Rennell et vrage intitulé: « Le Système gépgraphique
Leake (*), ont pu se croire autori d'Hérodote examiné et expliqué par une
comparaison avec ceux des autresauteurs
Deren, et avec l’article El-Deren (qui se anciens et avec la géographie moderne a,
prononce Eddercn) : le mot berber Idra‘ren publié à Londres en r8oo par Rennell; et
signifie montagnes. Une observation à faire le mémoire sur cette question: a Le Kouâra,
à cette occasion, c'est que le nom de Kys dont le cours a été récemment reconnu jus
sadiron, 'Rusadir ou Rusmder, et ses ana qu’à son embouchure dans la mer, est-il le
logues plus ou moins corrects Ryuadion, même fleuve que le Nigir des anciens? u
et Ouuadion ou liisardir, paraissent ré communiqué en 1832 à la société royale
pondre simplement à la locution punique géographique de Londres par M. W. Mar
flo's-he'Deren, ou, suivant la forme arabe, lin Leake. qui fait même coïncider la ville
Ra's-el-Dercn , c'est-à-dire Cap de I'Atlas. de Thamondocana de Ptolémée avec la fa
(") Voir le - Mémoire concernant les ri meuse Ten-Boktoue des modernes l...
11’ Livraison. (Aramon ANCIENNE.) 11
162
quer, en mar ant ressément que diquée; celle des monts Phocra est
le Soubos , ont l'eln uchure était assurée par leur double liaison au
voisine, au sud, du promontoire du etit Atlas et au promontoire Byssa
grand Atlas, prenait naissance aux ion; et il ne reste plus à retrouver
monts Sagapola; que le Darados. qui que les monts Garapha derrière le
débouchait au sud de la pointe Soloen mont Zalacon, puis les monts Cinnaba
tia, avait sa source au mont Caphas; et Madetlioubadon derrière les monts
que le fleuve Stachir, dont l'entrée Phrouréson et Garapha; lus à l'ouest
s'ouvrait au sud du promontoire Rys le mont Dourdon sur a limite des
sadion, et le fleuve Nia, qui avait la deux Mauritanies, à la hauteur du pro
sienne un peu plus loin vers le midi, montoire Oussadion; enfin le mont
provenaient l'un et l'autre des mon Diour tirant vers la pointe nord-ouest
tagnesappelées aussi Ryssadion comme de la Tingitane.
le promontoire; enfin que le Masitho SYNoNxmE MODERNE DE LA No
los, dont l'embouchure était sous la uENcLA'rUnE DES MONTAGNES coN
Corne du couchant, avait sa source NUEs DE P'roLEMEE.—_Toute cette no
dans le Théôn-Ochéma. A quoi il faut menclature inconnexe peut donc être
ajouter encore l'indication du mont rattachée avec assez de confiance, au
Mandron entre le fleuve Darados et moins d'une manière générale et sauf
les montagnes Sagapola. quel ue hésitation dans les détails,aux
De même à l'intérieur le géographe grau s traits connus de la chaîne Atlan
d'Alexandrie nous fournit un moyen tique et de ses contre-forts : le mont
d'appréciation de ses propres erreurs, Girgiris se trouvera représenté par le
en montrant d'un côté le fleuve Nigir Gharyân des modernes; les monts
liant entre elles , par son cours multi Ousargala s’identifieront avec I’Auràs
ple, les montagnes Sagapola, Mandron, le mont Phrouréson répondra aux
Caphas, Ousargala, Thala, et formant montagnes de Tithéry, le mont Zala
dans l’intervalle, à l'ouest le lac Nigri con à celles de Mélyânah, les monts
tes , à l'est le lac Libya; et en mon Garapha au Ouânscherys , le mont
trant d’un autre côté le fleuve Gir Dourdon aux montagnes de Dédès, les
liant aussi , de ses longs bras, les monts Sagapola aux montagnes d’Agh
monts Ousargala à ceux du défilé Ga mât; et sur ces bases principales il
ramantique , et formant dans l’inter est aisé de compléter une restitution
valle les paluds Chélonides , puis , plausible, aux localités actuelles , des
après s'être caché quelque temps sous noms anciens recueillis par Ptolémée.
terre , reparaissant pour former le lac Mais ce n’est pas tout; car d'autres
Nouba. . noms encore sont fournis par les his
Les indications directes ne man toriens: Tite-Live parle du mont Bal
quent donc que pour les montagnes bum non loin du territoire de Carthage;
répandues sur la contrée à l'ouest de Ammien Marcellin nous fait connaître
l'Ampsagas et au nord du Soubos; et les monts Ferratus , Transcellensis ,
encore avons-nous ici quelques moyens Ancorarius et Cqprariensis , répandus
de repère, tels que le cours du fleuve dans l'intérieur e la contrée qui s'é
Savos , dont l'embouchure se trouvait tendait depuis le méridien d‘lgilgilis
entre Icosion et Rusgonia, et dont jusqu'à celui de Césarée; Procope
un affluent supérieur, le Phémios, mentionne à son tour les monts Bour
avait sa source dans l'intervalle des gaon, Aurasion et Pappoua, le pre
monts Garas et Phrouréson , le Savos mier dans la Byzacène, les deux au
luiqnême, dans son cours inférieur, tres dans la Numidie, ccluiclà aisé
ayant à sa droite le mont Byryn et à ment reconnaissable à son nom , et le
sa gauche le mont Zalacon. D'un dernier voisin d'Hippone-Royale. Enfin
autre côté, la position du mont Valua Victor de Vite désigne sous le nom de
entre les monts Bouzara et Phrouré Ziquensis le mont Zaghouân des Ara
son se trouve par là suffisamment in bes, jadis appelé montagne de Jupi
AFRIQUE ANCIENNE. 168
ter, et .dont il parait que les chrétiens FLEUVES DÉBOUCHANT nANs LE
avaient fait la montagne du Seigneur. BAssIN OCCIDENTAL DE LA MÉDITER
BANÉE, A 12551‘ n'lcosloN. —— Pas
Fleuves. sons le détroit de Sicile , et nous ren
contrerons, auprès de Carthage, le
De cette chaîne descendaient aux fleuve Catada, sans doute le Wêd
deux mers, ou vers des bassins inté Melyânah de nos jours ; puis , au
rieurs, des fleuves nombreux, dont dessous du Beau promontoire, débou
nous avons déjà nommé les plus con chait le Bagradas, appelé aussi Macar
sidérables; ils se trouvent naturelle dans les récits de Polybe, et dont le
ment répartis entre le versant septen nom s'est perpétué sous la forme Mé
trional incliné vers la Méditerranée , gerdah , le plus important des fleuves
le versant occidental incliné vers l'O africains , surtout au point de vue de
céau, et le versant austral dont les l'histoire. La Table Peutinaérieune
pentes ne conduisent à aucuns ri nous apprend que l'un de ses ai'fluents,
vages. sur la route d‘Hippone-Royale à Car
FLEUVES nÉnoUcnAN'r DANS LE thage par BulIa-Regia, portait le nom
BAssrN osrsN'rAL DE LA MÉDITERRA d’Armascla ; et Orose appelle Ardalion
NÉE-Quant au versant septentrional, cet autre affluent rès duquel fut battu
il a deux plaâes bien distinctes , sépa Gildon, entre Th veste et Ammédéra.
rées par le étroit de Sicile: l’une à Il faut peut-être chercher encore parmi
l'est , basse et sablonneuse , à peine les affluents du même fleuve ce l'a
siilonnée de quelques rares torrents; meux Muthul sur les bords duquel
l’autre à l’ouest, montueuse, et cou Métellus eut à soutenir une si vigou
pée de fleuves plus fréquents. Sur la reuse attaque de la part de Jugurtha.
première , la Table Peutingérienne Le fleuve Tusca avait son embou
seule montre d'abord un torrent sans chure près de Tabraca; un peu plus
nom, puis un fleuve Be, après les loin vers l’ouest était le fleuve Armua
quels venait le Cynips connu dès le ou Armoniacum ; et l'approche d'Hip
temps d’Hérodote et_ que les Arabes pone-Royale nous avertit ensuite que
appellent aujourd'hui Wêdy ahan; les noms d’Ubus et de Rubricatus
pus loin, ébouchant pres e Ga doivent trouver ici leur place, soit
phara, était le fleuve Enoladon, men gu’on les applique ensemble au même
tionné uni uement par le Stadiasme euve, le Wêd Seybous des Arabes ,
de la Gran e-Mer, et ne l'on retrouve comme le veulent la plupart des géo
dans le Wêdy Lâdos es Arabes; puis graphes modernes , soit que l’on aime
on trouvait le fleuve Ausere, indiqué mieux, conformément aux conditions
seulement par la Table Peutingérienne, itinéraires, identifier à la petite ri
qui le fait aboutir derrière l'île de vière qui se décharge à cinq milles à
Girha. Le célèbre fleuve Triton , et le l’est de Bons, le fleuve Ubus de la Ta
triple marécage qu'il traversait pour ble Peutingérienne, et réserver le Scy
venir déboucher auprès de Tacape, bous pour représenter exclusivement
sont représentés par quelqu’un des le Rubricatus de Ptolémée. Le Wéd el
cours d'eau qui se déchargent au fond Safsaf près de Philippeville, répond
du golfe de Qâbes, et par la chaîne de exactement au fleuve Tapsus de Vi
petits lacs que le voyageur Grenville bius Sequester, qui débouchait près de
Temple a signalés au voisinage de cette Rousiccade. Doublant alors le pro
ville. C’est sans doute auprès de la montoire 'l‘rèton pour entrer dans le
colonie de Thènes qu'allait aboutir le golfe Numidique , on arrivait au
fleuve Tana, où Salluste raconte que grand fleuve Ampsagas, le Wéd Kébyr
Marius, parti des frontières de la des Arabes, important dans l’histoire
province romaine ,rvint faire provision des démarcations territoriales du pays.
d'eau le sixième jour de sa marche sur En continuant d’avancer à l’ouest ,
Capsa , où il arriva trois jours après. on rencontrait encore, dans le golfe
11.
164
Numidique , d’abord le fleuve Goulos frappant des autorités anciennes aux
débouchant un peu en deçà d'lgilgilis, quelles il nous est possible (le recou
et qu’il semble naturel de reconnaître rir: il y aurait matière à d'intermi
dans celui qui prend aujourd’hui son nables dissertations s’il nous fallait
nom de la ville de Gygel; puis le traiter ici de telles questions, et dis
fleuve Audon , qui se déchargeait sous cuter les indications contradictoires
le promontoire appelé pareillement de Pline et Ptolémée d'une part, et du
Audon , limite occidentale du olfe. routier vulgairement appelé l’Itiné
Quelle est la dénomination actue le de raire d’Antonin, d'autre part; bor
ce fleuve? Après de grandes difficultés nons-nous à supposer admise sans
dans la fixation des synonymies géo contradiction l'identité respective d'0
graphiques applicables aux divers ran et de Mersày-el-Kébyr avec la
points de la côte à l'ouest de GygelJus colonie de Kouiza et le Portus-Magnus
que vers Scherschel et même au dela, des anciens ; et alors la rivière Chyli
les critiques semblent s'accorder main math de Ptolémée, la ‘même que le
tenant a adopter les déterminations Mulucha de Pline et de Salluste , indi
jadis proposées par le docteur Shaw, quée entre Kouiza et le Grand-Port ,
et dont la plus importante dans la n'aura de correspondance possible
question en litige , est celle qui fait qu'avec la petite rivière d’Oran. Le
répondre l'ancienne Saldes à la mo Flumen Salsum de l’ltine’rairc , le
derne Bougie: le promontoire Audon fleuve Asarath de Ptolémée, le Sarda
se place alors forcément sur le cap bal de Pline et de Méla , soit qu’on les
Cavallo de nos cartes, et le fleuve considère comme autant de fleuves
Audon est représenté par la rivière distincts, soit qu’on n'y voie que des
anonyme qui coule un peu à l’est'de noms différents d'un même cours
ce cap. Le fleuve Sisar, queIPIme d'eau , se placent nécessairement entre
appelle Usar, doit être cherche dans Mersày-el-Kébyr. et la Tafnày, près
l'un des cours d'eau qui avoisinent de laquelle se voient encore les ruines
Manssouryah, et le fleuve Nasabath de Siga , et qui répond précisément à
s’identifie à la rivière même de Bou l’ancien fleuve de ce nom.
gie: le fleuve Serbétès, au delà de Après Siga, jusqu'au promontoire
Rousouccora , paraît répondre au Wéd Métagonite où etait la ville de Ryssa
Isser; et le fleuve Savos, appelé Aves dir, débouchaient plusieurs fleuves, à
par Méla et Pline, débouchant entre l’e'gard desquels se reproduisent des
Rousgonia et Icosion, ne peut être incertitudes de synonymie que les cri
autre que le Hharratch. tiques modernes ont , en général, tran
FLEUVES DEBOUCHANT DANS LE chées plutôt que résolues: Strabon
BASSIN OCCIDENTAL DE LA MÉDI n'indique en cet endroit que le fleuve
TERBANÉE, A L’oUEs'r n’lcoslon. Molochath, et Pline désigne seule
—- Le Chinalaph, qui débouchait à ment le fleuve navigable Maluana;
l'ouest et tout auprès de Césarée , dont mais Ptolémée énumère à la fois le
l’emplacement est occupé par la mo Maloua et le Molocliath, ce dernier
derne Scherschel, ne saurait être con lus occidental que l'autre; tandis que
fondu avec le Schélif, à moins de sa ‘Itinéraire mar e un fleuve Pople
crifier à une douteuse homonymie les tum à l'est du leuve Malua. Il n'est
conditions de distance et de position point douteux, d'après les conditions
relative :c’est dans quelque petit fleuve odométriques, que le Malua de l‘ltiné
côtier que doit être retrouvé le Chi raire ne soit le Malouyah des moder
nalaph, tandis que le Schélif, qui ne nes, le seul qui puisse représenter aussi
vient qu'après Ténès, répondra tout le Maluana navigable de Pline, et que
au plus au fleuve Cartenna de Ptole l’homophonie semble identifier encore
mée. A partir de ce point, les diffi au Maloua de Ptolémée; il resterait
cultés géographiques sont considéra alors à chercher un peu plus loin le
blement accrues par le désaccord Molocliath de Ptolémée et de Strabon.
AFRIQUE ANCIENNE. 165
‘Entre Ryssadir et les colonnes retrouver dans trois des petites riviè
d'Hercule , Pline mentionne deux res qui précèdent Dâr-Baydhâ; puis,
fleuves navigables, le Land et le Ta entre la montagne du Soleil et le pro
muda; Ptolémée ne connaît que ce montoire Oussadiou, était le fleuve
dernier, qu’il nomme Thalouda; puis, Phthouth ou Fout, re résenté aujour
dans le détroit même, entre la mon d‘hui par l’Omm-Ba e’. Ensuite se
tagne des Sept frères ou de Sebthah , présentaient , entre e romontoire
et Tingis ou Thangeh, il inscrit le Oussadion et, le grand At as, les fleu
fleuve Oualon. ves Ouna, Agna et Sala: nous igno
FLnuvas néaoucnm'r DANS L'O rons le nom des cours d’eau qui leur
CÉAN ou sa PERDANT DANS L’iN'rÉ peuvent correspondre sur cette côte
BIEUB. — Sur l’Océan se succédaient, mal explorée; mais nous savons du
entre le romontoire Côtès et celui du moins que les voyageurs Badia etWash
petit At as ou d’Hermès, les fleuves ington ont l’un et l’autre rencontré
Zilias, Lix ou Lixos, Soubour, Sala; et sur leur route, à quelque distance du
Dyos, le même sans doute que Scylax littoral, des courants dirigés vers la
appelle Anidieus(*)etPolybeAnatis:on mer et qui remplissent ici les condi
y reconnaît sans difficulté les rivières tions du roblème.
d’Azylah, Séboue, de Salé. et Yetkem. Audela du grand Atlas jusqu’à la
Entre le petit Atlas et la montagne pointe Gannaria, c’est-à-dire entre le
du Soleil, Ptolémée nomme les fleuves cap Cantin et le cap Agulon, il nous
Cousa, Asama et Diour (ces deux der— est facile de retrouver le fleuve Soubos
niers appelés Asana ,et Vior par les dans le Tensyft, le Salathos et le
indigènes, suivant Pline), qu il faut Cliousaris dans les rivières qui débou
chent‘à Aghadyr et à Mésah. Puis,
(") Il y a de grandes difficultés à faire entre les pointes Gannaria et Soloen
concorder d'une manière satisfaisante les tia où Ptolémée indique les fleuves
descriptions que Hannoo, Scylax et Polybe Ophiodcs et Nouîos, les relèvements
nous ont laissées de cette côte; mais quel nautiques nous offrent les’ rivières As
ques-unes de ces difficultés disparaissent saka et Albuéda. Ensuite venaient,
quand‘ on étudie les textes mêmes , au lieu entre la pointe soloentia et le cap Ara
des billevesées des traducteurs : ainsi, le sinarion, les fleuves Massas ou Masa
fleuve Anidieus, que les versions latines‘ et tat, et Darados ou Darat, dont le der
françaises de Scylax mettent au delà du
promontoire jd‘Hermès, est bien placé en
nier, qu’on faisait venir de fort loin
deçà dans le‘ texte grec, où il est déjà ex dans l’intérieur, parait répondre au
pliqué clairement que l'on va jeter un coup Wêd Dara’h de nos jours, qui débou
d'œil rétrospectif sur la côte à'lrô 'rñç Atät'mç che sous le cap Noun , et dont les in
êari rñv ’Eupofnmv, quand l'auteur ajoute: digènes disent pareillement ne la
à'rrà 6è ‘:ñ; 'Eppaiaç dupa; notapéç éc'rw ’Avt source est très-éloignée. Enfin les
ôteôç; et c'est dans la même direction que fleuves Stachir et Nias, les mêmes
doivent probablement être rangées les in sans doute que Polybe appelait Salsum
dications qui suivent: p.516: ô‘s ’Aviôtewà et Bambotum, se retrouvent 'dans les
sur. p.510‘: 6è ‘Atiov x.'r.)...... jusqu'à ce coupures ou les estuaires voisins du
que le retour à l'ordre inverse soit formel cap des Sables t"), et le Masitholos
lement signalé par cette autre indication ex dans le fameux Rio de l’Or.
presse: o'wrô Gvtùarepiac slç 50x65cm o'ntpotv Pour ce qui est des deux grands
x. t. 1. Polybe agit de même lorsqu'il énonce fleuves intérieurs, le Gir et le Nigir, il
d’abord que l’Atlas (le Grand-Atlas de Plo semble que le premier ne puisse rai
lémée, ainsi que le constate le voisinage de
l'île de Cerné) est à 485 milles du fleuve
Anatis, lequel est à 205 milles du Lixus, (') Appelé sur les cartes italiennes du
situé lui-même à un milles du détroit de moyen âge, Capa dalle Sablæie, d’où les
Gadès; après quoi les indications reprennent cartographes anglais ont tiré le nom déli
leur point de départ au Lixus pour se con guré de Capa Jubj, qui a passé sur toutes
tinuer dans la directiondu sud. les cartes modernes.
166
sonnablement avoir d’autre représen Armunx. — Mais les bêtes ve
tant sur nos cartes, que le Wéd el nimeuses étaient si abondantes, qu’en
Gédy des Arabes , et que l’autre doive certains cantons, les habitants renon
étre cherché dans une réunion confuse aient à la culture du sol, et que
du Z z et du Ghyr de nos jours. ans d'autres ils ne pouvaient faire
Tei’est le tableau général sinon com leurs récoltes qu’en prenant des pré
plet des fleuves de la région d’Afrique i cautions particulières : c‘étaient de
Artémidore , qui disait ces rivières grands scorpions avec ou sans ailes ,
nombreuses et considérables , avait es araignées énormes, des lézards
raison du moins quant au nombre; et longs de deux coudées, de res ser
Possidonius , qui les trouvait rares et pents. Le pays nourrissait ’ailleurs
petites, avait peut-être raison de son abondance de gazelles, de bubales ,
côté quant à leur peu d'importance. et autres animaux de la même famil
le, outre des éléphants, des lions,
Productions naturelles. des léopards, des chats sauvages, enfin
une rodigieuse quantité de singes,
Nunnn ou son; MINÉnAUx. — dont es manières et la tournure amu
Considérée dans son ensemble, toute sèrent beaucoup Possidonius d’Apa
cette région offrait, depuis le fond mée, quand il en vit, sur la côte, une
de la grande S rte jusqu'au cap Cô troupe nombreuse, dans laquelle se
tès, une plage di'abord large, sableu trouvaient des nourrices aux grosses
se, basse et aride . puis graduelle mamelles età tête chauve donnant à
.‘nenr rétrécie, arrosée et fertile, la téter à leurs petits de manière a onÿrir
chaîne de montagnes qui traversait le la caricature de vénérables matroness
pays dans l’intérieur s élevant succes Les rivières étaient infestées de croco
sivement et s’étendant plus près du diles et de lamproies (les traducteurs
rivage à mesure qu'elle se continuait de Strabon en ont fait des sangsues!)
vers l’occident. On y trouvait des longues de sept coudées, a ant sur cha
mines de cuivre, des pierres précieuses que flanc une rangée ’ouvertures
telles que l’escarboucle et le grenat; brancbiales.
on y exploitait des marbres renom Plus avant dans les terres, au dire
més; on yconnaissait aussi une source d’lphicrate, se rencontraient,avec l'élé
d’asphalte. phant, des girafes, des rhinocéros, et
VÉGÉTAUX. -— La végétation y était des serpents d’une taille si extraordi
admirable : les arbres y acquéraient une naire qu‘il leur croi ait de l’herbe
grosseur prodigieuse. et fournissaient sur le dos. Là s roseaux étaient
aux Romains ces larges tables d'une assez gros pour contenir huit chénices
seule ièce dont les veines présentaient de froment dans l’intervalle d’un nœud
à l’œiF les accidents les plus variés; des à l’autre, et les asperges avaient une
ceps de vigne aoquéraient un tel dia dimension non moins surprenante.
metre que deux hommes pouvaient à
peine en; embrasser le tronc, et les ‘Il. DISTRIBUTION DES POPULATIONS.
grappes qui pendaient à leurs rameaux
taient longues de res d’une coudée. Indications primitives recueillies par
Les plantes herbacées et potagères y Salluste.
devenaient aussi monstrueuses : des Si l'on se rappelle l’exposéuque Sal
tiges d’estragon, de panais, de fenouil, luste nous a laissé des premiers temps
d’artichaut, avaient Jusqu’à douze cou de l’Afrique, en tête de son admirable
dées de haut et quatre empans de tour. livre de la guerre de Jugurtha (*) , on
Les blés, récoltés deux fois l’an et ne peut manquer de conserver une
rapportant chaque fois plus de deux
cents pour un , s’élevaient 'usqu’à cinq C’) Voir cet exposé transcrit en entier
coudées, et la paille en tait grosse dans notre Introduction à l'Afrique ancien
comme le petit doigt. ne, pages 64 et 65 du présent volume.
AFRIQUE ANCIENNE. 181
idée aussi nette e précise d'une dou des du littoral et des Gétules de l'inté
ble phase sous aquelle se présente à ‘rieur, Hérodote laisse en dehors de ses
nous la distribution des populations descriptions les Gétules et les Numi
antiques qui se partagèrent le sol afri des , et à plus forte raison les Maures
eam. relégués au delà des Numides. Pour
D'abord apparaissent seules, inéga lui l'Afri ue n'a que deux peuples in
lement réparties sur une triple zone, digènes : es Libyens sur la côte, et
trois races distinctes entre elles, sa. derrière eux, au loin, les Éthiopiens.
voir : d'un bout à l'autre de la plage Quant aux Libyens, ils sont noma
qui borde la Méditerranée, les Libyens; des depuis I'Égypte jusqu'au fleuve
derrière eux à l'intérieur, mais sur la Triton, ui s'écoule dans la petite Syrte;
moitié occidentale seulement, les Gé au delà u Triton ils sont agriculteurs.
tules; et plus loin encore, à une ro Notre examen doit se borner ici aux
fondeur inconnue, les Éthiopiens ril contrées qui s'étendent à l'ouest de la
lés par le soleil. grande Syrte , où s'arrêtaient les Na
Plus tard, après l'arrivée et l'éta samons: c'est de là ne nous allons
blissement définitif des débris de reprendre le récit de l’ istorien grec.
l'armée d'Hercule, la triple zone de NomAnss DU u'r'ronAL. — « Sur
peuples existe toujours il est vrai, mais les bords de la mer, à l'ouest des
la composition en est changée: les Nasamons, habitent les Makes, qui
Êthiopiens sont restés à l'horizon ex se rasent les cheveux autour de la
tréme ou nous les avions aperçus; les tête et ne laissent croître qu'une
Gétules sont demeurés également les touffe sur le vertex; pour la guerre
maîtres de l'intérieur en avant des ils se cuirassent de peaux d’autruches.
Ethiopiens, sauf peut-être à recon C’est dans leur pays que débouche à
naître parmi eux , sous le nom de la mer le Cinyps, venant des coteaux
Pharousiens et de Pérorses, quelques qui portent le nom. des Grâces, situés
Persans qui s'étaient conservés sans à deux cents stades de la côte, et cou
mélange; mais sur le littoralçles Mau verts de bocages épais, tandis que le
' res, postérité des Mèdes et des Armé reste de l'Afrique, à l'orient, est en
niens suivant Salluste, ou des Indiens tièrement déboisé.
au dire de Strabon , mêlée aux Libyens «Près des Maires sont les Gindanes,
occidentaux, occupent la région la plus dont les femmes portent chacune, au
rapprochée de l'Hispanie; à côté d'eux, tour de la cheville du pied, autant de
les Numides, nés du mélange des Per lanières de cuir qu'elle a eu d'amants;
ses et des Gétules, ont subjugué les et celle qui en compte davantage est
cantons qui s'étendent sur la mer Sar la plus considérée , comme ayant mé
do-Tyrrhénienne; et la plage orientale rité les suffrages du plus grand nom
seule est restée aux Libyens primitifs. bre d'hommes.
Il serait fort délicat d'assigner une « Le rivage de la mer, en avant du
date absolue à ces changements : nous pays des Gindanes, est habité par les
ne l'essayerons point. Salluste les sup Lotophages , qui ne vivent que de
pose antérieurs à l'arrivée des colo fruits de lotos, lesquels ressemblent
nies phéniciennes: c'est les faire re par la grosseur à ceux du lentis ne,
monter à seize siècles au moins avant par le goût à ceux du palmier, et ont
notre ère. ils font aussi du vin.
« Aux Lotophages continent , le
État des populations indigènes au long de la mer, les Machlyes, qui eux
temps d’Hérodote. mémes font pareillement. usage de
lotos , mais beaucoup moins que les
Le père de l'histoire, dont les con premiers; ils s'étendent jusqu'au grand
naissances de détail sur l'Afrique pa euve appelé Triton, qui se jette dans
raissent atteindre tout au plus la limite le rand lac Tritonide où est l'fle nom
où commençait le domaine des Numi m e Phla.
168 .
a Immédiatement après les Mach leurs pères en l'honneur de la déesse
lyes viennent les Anses , qui habitent, indigène que les Grecs ont nommée
ainsi qu'eux, autour du lac Tritonide, Athené, et elles appellent fausses
mais qui en sont séparés par le fleuve vierges celles qui meurent de leurs
Triton. Les Machlyes laissent croître blessures. Mais avant que de cesser le
leurs cheveux sur le derrière de la tête, combat. elles revêtent d'un casque
et les Anses sur le devant. Ils ont corinthien et d’une armure grecque
leurs femmes en commun , n'habitent celle qui est reconnue avoir le mieux
point avec elles, mais vivant ensem combattu , et la faisant monter sur un
ble comme des brutes. Les enfants char, elles la promènent autour du lac.
sont élevés par leur mère : quand ils Quelle parure avaient ces jeunes filles
sont assez grands , ils vont à l'assem avant l'établissement des Grecs dans
blée trimestrielle des hommes, et cha leur voisinage, je ne saurais le dire ;
cun devient le fils de celui auprès du mais je présume que c'étaient des ar
quel il lui convient de vivre. » mures égyptiennes, car je crois que le
Oessnvurous sur LE FLEUVE bouclier et le casque sont venus aux
Tm'roN se LE LAC TRITONIDE. - Grecs des Egyptiens. Ces gens pré
Arrétons-nous un instant ici pour re tendent ue Minerve est fille de Nep
marquer que si le fleuve Triton est, tune et u lac Tritonide, et qu'ayant
comme nous l'avons dit plus haut, re eu quelque sujet de plainte contre son
présenté par l'une des rivières qui père , elle se donna à Jupiter, qui l’a
débouchent au voisinage de Qâbes, dopta pour sa fille. a
l'épithète de grand, que lui donne Hé Nomanas DE L'INTÉRIEUR. —
rodote, est une de ces libéralités méta Nous venons de passer en revue les
phoriques dont l'histoire est si rodic peuples du,littoral qui mènent une vie
gue, et qui du Tibre ont fait c roi nomade. Enumérons maintenant les
des fleuves. Il est évident en même nomades de l'intérieur qui ont été
temps que le lac Tritonide d’Hérodote connus d’Hérodote, et reprenons pour
est le golfe même de la petite Syrte, cela les paroles mêmes du vieil histo
et que son île Phla n'est autre que rien.
Gerbeh: explication si certaine ‘a la a A dix journées de chemin à l'ouest
fois et si naturelle, ne nous pouvons d'Augiles on trouve aussi une colline
nous étonner à bon roit de la donner de sel gemme, avec une source et de
ici pour la première fois. Le vieil his nombreux dattiers , comme à Ammon
torien répète en cet endroit de sa des et à Augiles même. Les habitants sont
cription , en les appliquant à ce lac appelés Garamantes, et forment une
Tritonide, les traditions argonauti nation grande et puissante. Ils ré an
ques que nous avons déjà racontées ‘dent de la terre sur le sol pour aire
‘après les chants de Pindare et d’Apol leurs semailles. Ils sont ‘peu éloignés
lonius de Rhodes, qui les ra portent des Lolophages, dechez lesquels il y
au marais de Triton voisin e Béré a trente journées de route jusqu'au
nice ; traditions relatives à la prédic pays où l'on voit des bœufs qui pais
tion faite aux Ar onautes, de l'éta sent en marchant à reculons, parce que
blissement futur (1 une colonie grecque leurs cornes tournées-en avant s'en
sur ces bords. fonceraient dans la terre s'ils mar
Hérodote insère en outre ici quel. chaient devant eux; particularité au
ques détails curieux sur des coutumes surplus, qui seule, avec leur cuir plus
locales qui ont quelque liaison avec épais et p us souple, les distingue des
les cro ances grecques: « A la fête autres bœufs. Ces Garamantes font la
annuel e de Minerve , leurs jeunes chasse aux Troglodytes éthiopiens au
filles se partagent en deux troupes, moyen de quadriges, car ces Troglor
combattent les unes contre les autres dytes sont bien les coureurs les plus
à coups de pierres et de bâton, suivant, lestes et les plus rapides dont nous
a ce qu'elles disent, les rits établis par ayons jamais entendu parler: ils se
‘2
AFRIQUE ANCIENNE. 169
nourrissent de serpents, de lézards, tage par leur industrie. Ils se peignent
et autres reptiles analogues; ils ont tous le corps de vermillo‘n, et se nour
un langage qui ne ressemble à aucun rissent de singes.
autre et qu’on prendrait plutôt pourle -« Les carthaginois disent que dans
cri des chauves-souris. le voisinage de cette contrée se trouve
« A dix autres journées de route l'île allongée de Kyrkynis (*). »
des Garamantes se rencontre encore Ainsi, dans la partie de l’Afrique
une colline de sel gemme, avec de dont Hérodote connaît ‘les habitants ,
l’eau et des habitants à l’entour appe le littoral entre les Syrtes était le do
lés Atarantes, les seuls de tous les hom maine des Makes, des Gindanes, des
mes que je connaisse, qui n’aiept pas Lotophages, des Machlyes et des Au
de noms; car ils sont a la vérité dé ses , derrière lesquels s’étendaient à
signés en commun par la dénomina l'intérieur les Garamantes, les Ata
tion d’Atarantes, mais aucun d'eux en rantes et les Atlantes; puis , au delà
particulier n’a de nom propre. Ils mau du Triton s’échelonnaient les Maxyes,
dissent le soleil quand il arrive à son les Zaouèkes et les Zygantes.
point culminant, lui reprochant de
venir brûler et les hommes et le sol. Énumération des peuplades africai
- Après dix journées de chemin en ues au temps des Romains
core, on retrouve une nouvelle colline
de sel, avec de_l’eau et des habitants. PEUPLADES LI'ITORALES ne L’ss'r
Auprès de là est la montagne appelée ENTRE L’AMPSAGAS ET LES AUTELS
Atlas, étroite, escarpée de tous côtés, DES PHILÈNES. —— Strabon et Pline
et si élevée, ditvon, qu’on n'en peut considèrent de même, au point de
voir'le sommet à cause des nuages vue géographique, la région des Syr
dont il est toujours enveloppé, en été tes comme formant une division sé
comme en hiver; les indigènes en font parée; mais ils ne tranchent pas,
une colonne du ciel, et les hommes dans leurs indications ethnographi
même d’alentour en tirent leur nom, ques, la séparation marquée par Hé
car ils sont"‘ appelés Atlantes; on dit rodote au fleuve Triton. Sans doute
qu’ils ne mangent de rien qui ait en la domination de Carthage avait,
vie, et qu’ils n'ont jamais de songes. en se propageant sur la côte, im
« Jusqu’à ces Atlantes », ajoute Hé primé aux indigènes un cachet exté
rote, « j’ai pu désigner par leur nom rieur de civilisation uniforme: aussi
les peuples cantonnés, de dix en dix Strabon attribue-t-il sans distinction
journées, sur le faite qui s’étend jus< le littoral aux Libo-Phéniciens , der
qu’aux stèles Héracléennes et par delà; rière lesquels 'il étend , sur une zone
mais je ne puis faire de même pour parallèle, les Garamantes , jusqu’aux
ceux qui viennent après les Atlantes. » montagnes des Gétules dans l’ouest.
POPULATIONS AGRICOLES. — a A Pline se borne d’abord à nous désigner
l'ouest du fleuve Triton et des Au quatre nations principales dans la ré
ses, habitent des Libyens agricul gion syrtique , savoir : au fond de la
teurs ayant des demeures fixes , appe grande Syrte confinant aux Autels des
lés Maxyes, qui laissent croître leurs Philènes, les Lotophages, quel uefois
cheveux sur le côté droit de la tête et appelés Alachroes; a l’entree, u côté
rasent le côté gauche; ils se peignent de la grande Leptis, les Cisipades ; et
le cor 5 avec du vermillon et se disent au dela de vastes déserts qui les sépa
is‘sus es Troyens. Aux Libyens Maxyes raient de la petite Syrte, les Gara
continent les Zaouèkes , dont les fem mantes , au-dessus desquels étaient les
mes conduisent les chars de guerre; Psylles. Mais ensuite il ne compte pas
après eux viennent les Zygantes, chez
lesquels les abeilles produisent natu (') Voir, au sujet de cette île, le volume
rellement une grande quantité de miel, de la présente collection spécialement con
mais qui en recueillent encore davan sacré aux îles de l'Afrique, page 80.
‘I >
170
moins de cinq cent seize peuplades Audon, les Mlsoulans, derrière eux
sujettes ‘de Rome, entre les Autels des les Nattaboutes, puis les Nisibes;
Philènes et l’Ampsagas; il ne donne [au sud] des Midènes les Miédiens,
toutefois qu’une très-petite liste de derrière lesquels les Mousounes; en
noms, savoir: les Natabudes, les suite derrière le mont Tbammès les
Capsitans. les Misulans, les Sabar Sabourboures, derrière eux les Ha
bares, les Massyles, les Nisives, les liardes, et la campagne Sittafienne. Au
Vamacures. les Éthins, les Mussins, sud des Liby-Phéniciens est la contrée
les Marchubiens, et tous les Gétules Byzacitide, derrière laquelle sont les
jusqu’au fleuve Nigir qui sépare l’Afri Ozoutes; puis les Kérophées, et les
que de l’Éthiopie. Mampsares sur la montagne du même
Ptolémée nous offre une nomen nom, et derrière la montagne les Mo
clature beaucoup plus riche . sans toutouriens. Derrière les Makh nes
distinguer non p us les peuplades syr sont les Makhryes, puis les Gèp es ,
tiques de celles qui avoisinent Car après lesquels les Mimakes; et der
thage; il en fait lénumération en al mère le mont Ousaleton les Ouzales
lant de I’Ampsagas auxAutels des Phi et le commencement de la Libye (55%
lènes. Quelque sèche et décharnée que serte.
soit une liste étendue de noms aux « De même derrière les Kinithiens
quels se rattachent peu de souvenirs, sont les Sigi losiens, puis les Aché
i nous semble nécessaire de rapporter mènes, puis es Moutourgoures, der
ici celle que nous a transmise le géo rière lesquels les Moukhthousiens;
graphe alexandrin , de peur que l’omis derrière les Nigitimes les Astacoures;
sion n’en fut considérée, avec uelque derrière les Lotophages les Eropées ,
raison, comme une regrettable acune. ‘puis les Dolopes , derrière lesquels ‘les
Voici- donc la version fidèle de ses Érébides; derrière les samamlykiens
indications ethnolo iques: les Edamensiens , puis les Nyg iènes;
a Les habitants es parties occiden enfin derrière les Nycpiens et les
tales de l’Afrique propre jusqu’à la Eléons, les Makes syrtites, et la Libye
mer sont les Cirtésiens et les Naba déserte. la
thres; a rès eux vers l’est, les Iontiens, On voit que Ptolémée a disposé les
contre a Numidie ou Nouvelle pro quarante noms qui composent sa liste,
vince, jusqu'à Thabraca; puis les Mi sur trois zones paralleles, représen
dènes, et contre la Carthaginoise, les tant par leur réunion la zone littorale
Liby-Phéniciens; ensuite, jusqu’à la d’Hérodote; uant a la zone intérieure
petite Syrte les Makhynes, et der sur laquelle es Garamantes d’Héro
rière (*) celle-ci les Kinithiens, et plus dote et les Gétules de Salluste vien
à l’est jusqu’au fleuve Cinyphos les nent. au dire de Strabon, se rejoindre
Nigitimes, et autour de ce même bout à bout, elle fait, dans son ensem
fleuve les Lotophages. Puis vers la ble, pour le géographe alexandrin, le
îzrande Syrte les Samamykiens, et à sujet d'un chapitre spécial sous le titre
eur suite les Nycpiens, derrière les de Libye intérieure. Nous y revien
quels sont placés les Eléons. drons après un coup d’œil sur le reste
« En revenant au sud des Cirtésiens des populations de a côte, dont nous
et de la Numidie, derrière le mont n’avons encore ‘nommé que celles qui
(’) Bien que la particule 6nd pût être occupent la fraction orientale.
littéralement traduite sans inconvénient par ' .Pnuenanns n'rronanss DE
sous, au-dessuus de, j'ai préféré la rendre L’OUEST : ENTRE L’AMPsAcAs ET
uniformément, pour plus de clarté, par LES COLONNES n’HsacULn. — A
derrière, qui laisse moins d'incertitude à l’ouest de Carthage, où Salluste se
l'esprit le plus inattenlif. J'ai soigneuse borne à signaler, en deux grandes di
ment traduit elm par puis ou ensuite. Ces visions, les Numides et les Maures,
mots ont ici uneimportance spéciale pour ca Strabon n’est guère ‘plus explicite,
ractériser la situauon relative des peuples. puisqu'il .se contente o nommer les
AFRIQUE ANCIENNE. 171
Numides Massyliéens qu il englobe Herpéditans, sur ce qu'on appelle les
dans le domaine punique, uis les mines de cuivre (XaÀxwpÛxIa); derrière
Numides Massésyliens qu’il tend du eux les Taladousiens. PUIS les Sôres ,
cap Trèton au cap Métagonion, et enfin au midi desquels les Masésyles, der
les Maurusiens à l'extrême occident. rière lesquels les Dr ites. Ensuite, au
Pline n'entre pas dans beaucoup plus delà du mont Dour on, les Élouliens,
de détails : il mentionne sous la sim et les Tolôtes et les Nacmousiens 'us
ple dénomination de Numides les Mas qu'aux montagnes Garapha. A l'est
syliéens de Strabon, puis les Massé es Taladousiens Iilusqu'aux bouches
syliens, parmi lesquels il place les peu du fleuve Cbinalap sont les Machou
plades des Macurebes et des Nabades, siens , derrière lesquels le mont Za
e fin les Maures ou Maurusiens, que lacon, et au delà de celui-ci les Ma
l nvasion des Gétules Baniures, Auto zikes. Puis les Bantourariens, et der
loles et Vésunes , avait réduits, de son rière les montagnes Garapha les
temps, à un petit nombre de familles. Akouensiens et les Mykènes et les
Ptolémée a recueilli une bien plus Maccoures, et sur la monta ne Kin
grande quantité de dénominations par naba les Enabases. A l’est u mont
ticulières des peuplades qui se ratta Zalacon, vers la mer, les Makkhourè
chent à l'une ou à l'autre de ces sou bes, derrière lesquels les Toulensiens;
ches, dont la distinction ethnologique uis les Banioures, derrière lesquels
n'avait pas cessé, bien que le territoire es Makhoures; ensuite les Salassiens
res ectivement occupé par chacune et les Malkhoubiens. Encore à l'est
d'e les portât, au moins depuis le rè des Toulensiens les Moukounes et les
gne de Claude, l'ap ellation uniforme Khitoues jusqu'au fleuve Ampsagas;
de Mauritanie, sau addition de l'épi derrière ceux-ci les Kédamousiens ;
thète de Césarienne pour l'ancienne uis les Todoukes vers les sources du
Numidie, et de Tingitane pour la euve Ampsagas. »
Mauritanie véritable. Ptolémée, dont Quelque nombreux que soient ces
les descriptions procèdent d'occident noms, ou est loin d'y retrouver pour
en orient, œmmence par la Tingitane, tant tous ceux qui figurent dans les
et la fait suivre de la Césarienne; voici, récits d’Ammien Marcellin ou dans les
dans l'ordre qu'il a suivi, l'énuméra cosmographies d’Ethicus et de Julius
tion qu'il donne des populations de Honorius: nous ferons ici grâce au
ces deux contrées. lecteur de ces nomenclatures‘ arides
« Les habitants de la province (Tin qui passent sous les yeux sans intén
gitane) sont, vers le détroit (des Co resser l'esprit; l'histoire nous dira
lonnes), les Métagonites , vers la mer ces noms avec plus de rofit, en les
Ibérienne les Socossiens , et derrière enchâssant au milieu des site auxquels
ceux-ci les Ouerouès, et derrière la ils se lient.
contrée Métagonite les Masikes; en PEUPLADES DE L'INTÉRIEUR. —
suite les Ouerbikes, derrière lesquels Passons à la grande zone intérieure
les Salinses et les Kaunes; puis les partagée d'une manière générale, ainsi
Bnkouates, derrière lesquels les Ma que nous l'avons déjà remarqué, entre
canites. Derrière les Ouerouès les les Garamantes à l'est et: les Gétules à
Ouoloubilians; puis les Iangaucanes , l'ouest; il nous reste à voir comment
derrière lesquels les Nectibères; ensuite Ptolémée distribue sur ce vaste terri
la campagne Rousse (lluëëèv neôiov), toire les tribus comprises dans chacune
derrière eux les Zégrensiens; puis les de ces deux divisions principales. Nous
Banoïoubes et les Ouakouates. La li nous bornerons encore à traduire lit
sière orientale est habitée en entier téralement ce que le laborieux géogra
par les Maurensicns et une partie des phe d'Alexandrie nous expose lui-même
Herpéditans. a cet égard.
« Les habitants de la province (Cé « Derrière les Maurilanies est si
sarienne), vers l'occident, sont les tuée la Gétulie; derrière l'Afrique et
172
la Cyréuaique, la Lib e déserte. Et les Taroualtes et les Maltites et les
les plus considérables es nations qui Afrikérons, nation considérable. Et
se partagent la Libye sont: celle des encore, au sud des Éthiopiens Odrag
Garamantes-qui s'étendent depuis les gides les Achèmes, des Mimakes les
sources du Bagradas jusqu'au lac Goggales, au delà desquels les Nanos
Nouba; et celle des Mélanogétules ui bes; ensuite les Nabathres jusqu'au
habitent l'intervalle entre les monts a mont Aroualton; et entre le lac Libya
gapola et Onsargala; et la race des et le mont Thala, les Alitambes et les
Ethiopiens Rouges, qui sont au midi Maurales ; entre ceux-ci et les Noubes,
du fleuve Gir; et celle des Éthio iens les Armies et les Thales et les Dolo
Nigrites qui sont au nord du euve pes et les Astacoures jusqu'au Défilé
Nigir; et celle des Darades ui habi des montagnes; et au nord du mont
tent vers la mer sur les bords _u fleuve Araggas les Arokkes, à l'orient les
du même nom ; et celle des Pérorses Asarakes. Entre les Derbikkes et le
qui sont plus à l'orient et plus éloignés mont Aroualtes les Dermones; et der
e la mer que la montagne appelée rière les Afriliérons, à peu près au Sl: d
Theôn-Ochéma; - et celle des Ethio sud-est, les Ethiopicns Agaggines; au
piens Odraggides habitant l'intervalle levant de ceux-ci derrière le mont
entre les monts Kapba et Thala; et Aroualton jus u’au mont Aragva, les
celle des Mimakes qui sont derrière ce Étliiopiens Xy ilikes; enfin au delà de
même mont Tliala; et celle des Nou Ëes derniers les Éthiopiens Oukhalik
bes habitant à l'ouest du Défilé des es. »
montagnes; et celle des Derbikkes qui On voit reparaître sur cette liste les
sont à l'occident du mont Aragga. noms de diverses euplades qui déjà
a Il y a des peuplades moins consi ont figuré parmi celles du littoral, tel
dérables; vers la mer au delà des Gé les que les Samamykiens, les Sou
tules, habitent les Autolales et les Si bourpores, les Makkourèbes, les Achè
ragges et les Mausoles, jusqu'au mont mes, les Mimakes, les Nabathres, les
Mandron; puis, contre celui-ci, les Dolopes, les Astacoures; ce serait une
Babiens et les Malkoes et les Mandors nouvelle reuve , s'il en était besoin ,
jusqu'aux Darades, au delà desquels du peu e ‘profondeur de» cette zone
les Sophoukéens, et derrière le mont intérieure que d'aventureuses hypo
Ryssadion lesLeukéthiopiens entreles thèses ont beaucoup trop reculée vers
quels et les Pérorses s’étend la cam le sud.
pagne Rousse. Ensuite, au nord du
mont Sagapola les Pharousiens, au III. VILLES ET ROUTES.
nord du mont Ousargala les Natembes,
du mont Girgiris les Lygxamates et Considérations préliminaires.
les Samamykiens; et entre le mont IMPORTANCE mas ITINÉRAIRES.
Mandron et le mont Sagapola les Sal — Au surplus, les révolutions politi
tlies et les Daphnites et les Zamaziens ques font varier l'emplacement des
et les Arokkes et les Ketianes jus peuples, surtout lorsqu'ils persistent
qu'aux Êthiopiens Nigrites.‘ Derrière dans les habitudes nomades et errantes
le mont Ousargala les Soubourpores, où l'histoire et la géographie les ont.
derrière le mont Girgiris, comme vers trouvés; c'est ainsi que les Maures,
les Garamantes , les Makkoens et les les Gétules, les Mazikes, et bien d'au
Dauchites et les Kalètes jusqu'au lac tres, se sont avancés graduellement
Nouba. Puis à l'est des Darades les de l'occident extrême l'extrême
Makkhourèbes , des Sophoukéens les orient de la région d’Afri ue. Les vil
Soloentiens; à l'est de ceux-ci les An les qu'ils ont bâties ou laiss bâtir au mi.
ticoles ou Phraurousiens, et les Khou lieu d'eux otfrentau contraire, ainsi que
rites et les Sta'chires jusqu'au mont les traits caractéristiques du sol, tels
Ca ha, entre lequel et le mont Theôn que la découpure des côtes, l'assiette
0c éma, les Orphes, derrière lesquels des montagnes et le cours des fleuves,
AFRIQUE ANCIENNE. 118
des points de repère invariables, pour et offraient respectivement en réalité
déterminer le véritable théâtre des le point de départ d’un nombre plus
événements, et l’emplacement alors ou moins considérable de voies rayon
occupé par les peuples qui en ont été nant à travers le territoire soumis à
les acteurs. chacune d'elles; enfin le croisement
Nous ne pouvons, à ce titre, nous de plusieurs de ces voies en quelques
dispenser de jeter ici un coup d’œil points faisait encore de ceux-ci comme
rapide sur la distribution des villes à de nouveaux centres de rayonnement.
la surface du territoire que nous étu Le territoire occupé offrant, au sur
dions. Les sources d'information les plus , sous le méridien de Carthage,
plus importantes que nous a ons à cet une bien plus grande largeur qu’en
égard sont bien moins les g ographes, toute autre partie, les routes s’avan
comme Strabon et Pomponius Méla çaient à l’intérieur, de ce côté, jus
qui se bornent à un petit nombre d’in qu’à des profondeurs beaucoup plus
ications principales, ou même comme considérables.
Pline et Ptolémée dont les listes sont A examiner sous un point de vue
assez considérables, que certains au d’ensemble la disposition générale de
tres documents mo’ins usuels, mais ces routes, on pourrait les systémati
beaucoup plus utiles par leur spécia ser ainsi : 1° une route non interrom
lité. savoir, les deux routiers romains pue le long des côtes , plus certaines
vulgairement connus sous les dénomi portions de route plus directes entre
nations de Table Peutingérienne et d’! quelques-unes des principales villes
tinéraire d’Antonin, dont le premier maritimes; 2° diverses routes, à l’in- '
date de l’année ‘même de la mort de térieur, dirigées parallèlement à la
Constantin le Grand, et dont le se première; 3° enfin les communica
cond a été rédigé une quarantaine tions transversales des unes aux autres.
d’années plus tard par Ethicus. La réunion de toutes ces lignes cons
Il est donc naturel que nous ayons titue un réseau aux mailles du uel se
recours surtout à ces guides que rien trouvent invariablement attach 3 tous
ne pourrait rem lacer pour nous, afin les points compris dans l’un et l’autre
de donner une i ée assez précise, tout routier, de manière à fournir un
à la fois , des villes répandues sur le moyen assuré de fixer complètement
sol africain et des routes qu'elles ja la correspondance des voies anciennes
lonnaient. avec le sol tel que les explorations
DISPOSITION GÉNÉRALE mas modernes nous le font connaître au
GRANDES ROUTES m: L’AFnIQus. jourd’hui; cependant il n’en est pas
— Une observation préalable est d’a tout à fait ainsi, attendu que l'un ni
bord nécessaire à cet égard : c’est que l’autre de ces routiers ne nous est
la civilisation, avec les villes qu’elle parvenu dans son intégrité oflicielle ,
enfante et les routes qu'elle trace, a et que nous en possédons seulement
fixé son point de départ à Carthage, des copies, doublement altérées par les
soit dès le temps des fondateurs plié mutilations du temps et la révision des
niciens de cette cité puissante, soit éditeurs.
après leur chute sous les coups de INcEa'rI'rUnE mas sYNoNYMrEs
Rome, qui commença par là la con GÉOGRAPHIQUES APPLICABLES AUX
quête du pays. C’est donc de là que STATIONS rrmr’mxrmss. — Quelque
devaientrayonner et que rayonnaient incertitude peut donc subsister en
en effet les routes principales condui core , maigre ce précieux élément de
sant successivement, à travers des gî vérification, dans la détermination
tes d’étape plus ou moins nombreux, des synonymies géographiques, et il
vers les centres d'administration des faut s'aider en outre d’autre’s indi
provinces successivement ajoutées à ces, tels que la tradition, la ressem
ce premier noyau; et ces centres se blance des noms, les monuments lapi
condaires devaient offrir à leur tour, daires trouvés sur place, sans se dissi
174
muler qu'aucune de ces preuves prise tels des Philènes et au delà, côtoyait
isolément n’est irréfragable. La tra la mer en suivant à peu près toutes
dition altère quelquefois 'le fait le les sinuosités du rivage. Elle se parta
mieux constaté: n’est-ce point la tra geait en deux moitiés inégales, dont
dition qui , en forgeant le nom de Carthage marquait la séparation, et
bataille de Zama pour la fameuse ren qui étaient en outre, l'une et l’autre,
contre où Scipion Émilien vainquit coupées par des points d’arrét inter
Annibal, a fait chercher sur ce champ médiaires, la première en sept portions
de bataille la ville royale de Zama qui successives , la seconde en trois : en
en est éloignée de plusieurs journées? voici la série entière :
La ressemblance des noms est trom 1. Du poste de Mercurios jusqu’à
euse aussi quelquefois. et si elle ne Tingis;
aisse aucun oute pour certains points 2. De Tingis à Rusadder;
incontestables, n’a-t-elle pas offert de _ 3. _De Rusadder à Césarée de Mau
fausses lueurs à ceux, par exemple, rltame;
qui dans Gézâyr (Alger) cro 'aient re 4. De Césarée à Saldes;
trouver Césarée, ou bien ’ancienne 5. De Saldes à Rusiccade;
Gemellæ dans la moderne Gemmileh 6. De Rusiccade a Hippone Royale;
que les inscriptions désignent comme 7. D’Hippone Royale à Carthage;
répondant en réalité à Cuiculum ? Les 8. De Carthage à Thènes;
inscriptions néanmoins ne procurent 9. De Thènes à la Grande Leptis;
pas plus de certitude: non-seulement 10. De la Grande Leptis aux Autels
elles sont quelquefois matériellement des Philènes.
déplacées, mais on en trouve aussi qui Boum: DEPUIS Mancumos JUSQU’A
ont eté consacrées en un lieu éloigné RUSADDEIL- La première de ces rou
de celui au nom duquel elles sont fai tes partielles avait son point de départ
tes; ainsi Rusgunia est nommée dans au poste de Mercurios, c'est-à-dire 51 L1
une inscription à Hamzah, et Rusic pointe d’Hermès ou du petit Atlas, et
cade dans une inscription de Constan son point d'arrivée à’l‘ingis, décorée par
tine. C’est par une intelligente combi l’empereur Claude du titre de colonie
naison de tous ces divers éléments de et du surnom de .Julia Traducta, a la
conviction que l’on arrive plus sûre place de laquelle. s’élève la moderne
ment à la vérité. Thangeh; la route passait d'abord à
C’est sous l’influence de ces préoc Sala, dont le nom est resté à la ville
cupations que doivent être examinées de Salé; plus loin à Bauasa , colonie
et comparées les voies décrites par les d’Auguste, surnommée Valentia, dont
routiers anciens, et les cartes dressées les cartes de Ptolémée nous montrent
par les géographes modernes. Les dis ne la position n'était point tout il
cussions scientifiques auxquelles cet ait littorale; puis à Lix ou Lixos, cé
examen comparatif peut donner lieu, lèbre par les fabuleuses relations de
ne sauraient trouver place ici : nous l'antiquité qui - y plaçaient le palais
nous contenterons de présenter en d’Antée et le jardin des Hcspérides,
raccourci le tableau des routes ancien érigée encolonieparl’empereurClaude,
nes, avec l’indication des positions . et représentée aujourd'hui par El
modernes qui offrent, à l'égard des ‘Arâysch, à l'embouchure du fleuve
rincipales villes, les correspondances Aoulkos 0); ensuite à Zilis ou Zilia,
es moins contestables ou les plus (*) Nous préférons écrire Thangeh, El
plausibles. ’Arâysch, Aoulkos, Sehthah, plutôt que
Tanger, Larache, Luccos , Ceuta, parce que
Grande route du littoral. l’exactitude nous parait devoir l'emporter
‘sur la corruption d'orthographe. Il est des
Prenons d'abord la grande voie lit gens dont la prononciation transforme ,
torale qui de l'extrémité occidentale comme on sait, Shakspeare , .slmt (lie (leur,
de la province Tmgitanc jusqu’aux Au en chat qui expire, chat qui dort; est-ce un
AFRIQUE ANCIENNE. V
175
autre colonie d’Anguste, nommée plus D’un autre côté, les Trois-lies, et
tard Julia Constantia, et dont la mo le fleuve Malna, qui marquent les deux
derne Azylah retient la place et le premières étapes a partir de Rusadder,
nom. sont bien reconnus pour les trois îles
La seconde fraction de route se des Gja‘faryn et le fleuve Malouyah :
poll'suivait depuis Tingis jusqu’à Rus ainsi les deux extrémités de cette route
adder, colonie d’origine assez récente, sont bien déterminées; mais toutes
dont l’emplacement aralt répondre les stations intermédiaires le sont fort
à celui de Mélylah; ans l’intervalle, peu, à raison de là discordance de PI
nous ne trouvons d’autre point digne tinéraire avec les cartes de Ptolémée,
d'être si nalé ici, que les Sept frères en outre d’une’ andelacune que laisse
('Em’ roi de Ptolémée), où l’on re en cette partie aTable Pentingérienne,
connaît par son nom la ville de Seb et de l’insut‘fisance actuelle des notions
thah , que les Espagnols appellent acquises sur cette région. Ce n’est pas
Céuta. que les principaux lieux compris dans
ROUTE ms RUSADDER A CÉsAnÉn; cet intervalle‘ ne figurent à la fois dans
DÉSACCORD ENTRE L’l'rmiânuns ET le routier romain et dans la série des
LES TABLES DE P'rouâuén. — Depuis positions don nées par le géographe grec;
‘Rusadder jusqu'à Siga. — La troi mais leur situation relative est souvent
sième partie de la route que nous par inverse. Du moins ne peutnil y avoir
courons se continuait «depuis Rusad doute sur certains points: Siga , par
der,
sous ou
le Mélylah, 'usqu'à
nom de Ilol Césarée,
résidence des jadis
rois exemple, qui avait été la‘ capitale du
gags au temps de Syphax, c’est-à-dire
indigènes, dotée du titre de colonie époque des guerres pumques, Siga
romaine par l’empereur Claude, et ca devenue ensuite une colonie romaine
pitale de la province à la uelle elle ainsi que le constate Ptolémée au se
imposa son nom. On ne oute lus cond siècle, érigée pins tard en muni
aujourd’huique Césarée,qu"ou a c er ci pe comme nous le montre l’ltinéraire
chée tour a tour sur l’emplacement 250 ans après; cette ville est indiquée
d’Alger et sur celui de Ténes, ne fût par ces deux autorités dans une osi
précisément à la place occupée par la tion qui doit en faire reconnaître ’em
moderne Scherschel, où l’on a recueilli, placement
oùv l’on en sur les encore
trouve bords de
deslarestes,
Tâfnày.à
dans ces dernières années, des ins
criptions qui paraissent décisives : l'endroit même où s’était élevée, après.
L. momie 1.. FIL. ovni la conquête musulmane. la ville man.
secv'unmo. nscvmom resque d’Areschqoul , non loin de la
SAESAmENSlYI. EQVO rvsuco quelle les Français avaient naguère
EXORNA'I‘O SACRIBQYE tabli leur poste de la Tâfnày, appelé
LVPERCALIBVS FVNC’I‘O également par les Arabes Areschqoul,
« A Lucius Licinius Secundiuus, fils de tandis que nous n’avons conservé ce
« Lucius, de la tribu Quirina, décurion des nom, défiguré en Risgouu ou Harsch
« Oésaréens, ratifié d’un cheval d’honneur,
« et ayant é chargé de la célébration des goun, qu’a la petite île voisine.
« Lupercales. n — Depuis Sz’ga jusqu’à Césarée.
' nmo o. r. FATAL! — Le géographe alexandrin nous dé
necvmoNr SPLBNDIDISSHIAE signe bientôt après le Portos Magnos
COLONIAE CABSARIENSIS neuoioso en Grand Port, puis la colonie de
ANTIS'ITI‘I smcri uvniuis MATRIB Kouiza qui dans le principe était un
nsvn nmnornouo nicmssiuo établissement étranger , ensuite le
« A. . . . énius,_Fatalis, fils de Gains, dé Timon-limer: ou Port des Dieux , en
« curion de la magnifique colonie de Césa fin la colonie d’zlrsenaria, naguère
« rée, religieux pontife de la sainte divinité
« de la Mère des Dieux, digne dendrophore.» ville latine, à trois milles du rivage :
lieux importants qui seraient repré
motif pour que l'orthographe se plie à ces sentés aujourd’hui respectivement par
ridicules balivemes i’... Mersày- el-Kébyr ou le Grand Port1
176
par Oran, par le port et par la ville Dans l'est, I'Itinéraire indi e un
d'Arzéou; mais l'itinéraire ne peut château appelé Lar, qui peut, tre fut
cadrer à ces correspondances; son bâti à [far-home ou village de Kar
Portas Ma nus va tomber vers Mos mentionné 250 ans auparavant par
laghdnem, ien que son Portas Divi Ptolémée. C'est un peu plus loin que
nus coïncide avec celui d'Arzêon; ce géographe place des Castra Ger
tandis que son Quiza, de colonie de manon qui semblent répondre par leur
venu municipe, et son Arsenaria, dé dénomination aux Castra puerorum
pouille de toute qualification, devraient de l'itinéraire, tandis que ce dernier
être cherchés sur la côte mal connue les désigne bien auparavant , dans
à la droite du Schélif. Il semble que l'ouest, auprès d'une colonie de Gilua
l'ltinéraire ait subi quelque transpo inconnue a Ptolémée sur la côte (‘),
sition dont il faudrait accuser l'inad et qui répondrait à Oran dans le tracé
vertance des copistes. de cette route. Non loin de Césarée,
La colonie de Cartenna, fondée sons Gunngi on Kanoukkis, ancien poste
Auguste par la seconde légion, paraît, carthaginois où fut établie une colonie
dans tous les cas, représentée par la sous Auguste par une cohorte préto
moderne Ténès, où des fouilles récentes rienne, se montre dans Ptolémée au
ont fait découvrir cette inscription : second siècle, et dans l'itinéraire au
c. FVLCINIO. I. r. QVIR. quatrième, sans aucune mention de
OPI‘AN. I-‘LAII. AVG. ll Vll‘l. cet ancien titre colonial. On voit de
QQ. PONTIF. Il VIR. AVGVR. combien d'incertitudes sont envelop
LED. QVESTOIU. QVI. pées les notions qui‘nous sont parve
INHVP’I‘IONE. BAQVA nues touchant les stations que les Ro
'l'lVI. COLONIAI. TVI
mains avaient établies sur cette portion
TV8. EST. TESTIIIONIO.
DÉCRET]. ORDlNlS- ET.
de côte Ç").
POPVLI CARTENNITANI. Rourn DEPUIS Césaaée JUSQU'A
ET. INCOLA. PRIMO. 1981. Rusrccans, pan Saunas. —- Position
une. aura. VLLl. deSaldes.-La quatrième et la cinquiè
Amie. CONLATO. me portionde la route Iittoralequi nous
« A cains Fnlcinius Optatns, fils de Mar occupe, sont comprises, dans leur en
« eus, de la tribu Quirina, flamine augustal , semble, entre Césarée que nous savons
c duumvir qäinquennal , pontife, duumvir
être Scherschel , et Rusiccade dont les
- augural, ile, questeur; qui a préservé
a la colonie de l'irruption des Baqiiates (t'); ruines se voient encore au Ras Soliay
,u ‘en foi d'un décret du corps municipal et kadah près de Storah; et comme elles
ai des citoyens de Cartenna, ainsi que des sont d'égale longueur, c'est précisé
n habitants; à lui le premier, et ‘a personne ment au milieu de cet intervalle que
« auparavant; par souscription. x doit se trouver la colonie de Saldes
") Le nom des Baqualu, connu d'ail fondée par Auguste , dont la position
leurs par les indications de Ptolémée, de a longtemps été un problème pour les
l'itinéraire et de Julius Honorins, figure modernes, attendu que nulle ville im
sur cet autre monument épigraphiqne, déjà
publié par Maripi, par Fabretli, et par (") Si l'on se résolvait à la chercher,
Orelli, qui offre un intérêt particulier: avec Reichard, dans l'intérieur des terra ,
‘ m'as. on pourrait alors plausiblement l'identifier
saurons à la I‘ifloi'm de Ptolémée.
IKLI ("') L'intérêt spécial et actuel que notre
AVltlLI possession de l'Algérie imprime ici à notre
CAIARTBAI sujet, nous a entraîné à nous départir quel
raiivcxris ourrrvn _ que peu du système de description et de
IAQVÀTIVM narration rapides auquel est astreint l'en«
QVI vixrr semble de notre travail. Nous n'avons pour
nuruxvi. tant indiqué que les sommités de la ques
et Au! mènes de Mémor. fils d’Auréliur Cmarllia. tion de géographie comparée que donne à
n prince des Baquatca. mortà seize ans. » résoudre l'étude de cette côte.
AFRIQUE ANCIENNE. 177
S 11.
APERÇU GÉNÉRAL DES BËVOLUTIONS
POLITIQUES m‘ TERRITORIALES .
I. NAISSANCE ET PROGRÈS DE LA qui les séparait des Éthiopiens; mais
PUISSANCE PUNIQUE. nous pouvons présumer que la zone
mitoyenne occupée par ces deux na
Établissement des colonies phéni tions se partageait entre elles vis-à-vis
ciennes en Afrique. du fond de la petite Syrte.
RÉPAnTITIoN DU TERRITOIRE EN ‘Voilà, autant que nous pouvons le
‘IRE LES POPULATIONS INDIGÈNES présumer, quelle était, au temps d’Hé
AVANT L’ABIIIVÉI; DES PBÉNICIENS. rodote, la répartition probable du sol
—L’histoire des divisions territoriales entre les grandes populations indigè
du sol africain ne peut remonter jus nes ou réputées telles. Le vieil histo
qu'à une antiquité bien reculée, car il rien connaît de plus, en Afrique, deux
n’eut longtemps que des habitants no peuples étrangers: — en premier lieu
mades, entre lesquels il n’existe guère les Grecs établis dans la Cyrénaique
de délimitations fixes; les récits de et dont nous n’avons plus à nous oc
Salluste et les descriptions d’Hérodote cuper actuellement; peubêtre aussi
nous montrent seulement une ancienne quelques autres réfugiés grecs, rares
distribution générale, par grandes mas et épars sur divers points des côtes
ses, des populations auxquelles la pos ultérieures, tels que les colons lacédé
session en était dévolue : sur le pre moniens conduits sur les bords du
mier plan les Libyens, les Numides et Cinyps par Doriéus , les Locriens
les Maures; sur le second plan, les Ozoles de Kyrkinis et d’Uzala, les
Garamantes et les Gétules; au dernier Hellènes égarés au retour de Troie
lau les Éthiopiens. Quelles étaient les qui abordèrent à M eslIhela, et d’autres
imites respectives de ces peuples, on encore , tous disparus sans laisser
ne saurait prétendre le déterminer d’autres souvenirs; —- en second lieu
avec précision; il faut se contenter de les Phéniciens.
quelques indications vagues et flottan CoLoNIas PHÉNICI‘ENNES EN Arm
tes , sorte de moyenne conjecturale QUE; PBEEMINENCE DE CAR’I‘HAGE.
entre des contours variables et igno —Ceux-ci avaient fondé, sur les plages
rés: on peut ainsi tracer à la crête de libyennes, de nombreuses villes, les
l‘Atlas la ligne qui séparait, des Ga unes succursales et ornement de leurs
ramantes et des Gétules de l'intérieur, métropoles , qui y avaient écoulé le
les trois nations littorales, à l'égard trop plein de leur population; les au
desquelles le lleuve Tusca pourrait of tres, souverainetes nouvelles créées
frir assez plausiblement la borne mu par des factions expatriées, et qui prê
tuelle des Libyens et des Numides, tèrent à leurs frères d'orient un se.
comme le fleuve Malua celle des Nu courable appui; toutes, à l’exemple de
mides et des Maures. Nous n’oserions la mère-patrie, trouvant dans le com
nous hasarder à décrire au sud des merce une source inépuisable d’opu
Garamantes et des Gétules la ligne lence et de prospérité.
190
Favorisée par son heureuse position rer leur navigation jusqu'au détroit
maritime, Carthage devait naturelle des Colonnes, au delà duquel Hannon
ment primer au milieu de toutes ces alla même fonder de nouvelles colo
colonies d'un même peuple; et la force nies sur la plage occidentale. Cette
des choses en dut faire un centre po route leur était familière, ainsi que
litique en même temps qu'un centre nous l'assurent les informations re
de commerce, pour tous ces comptoirs, cueillies par Hérodote, et dont il ré
indépendants sans doute les uns des sulte qu'ils allaient porter leurs mar
autres, mais réunis en confédération chandiseschez des peuplesavec lesquels
nécessaire sous l’em ire d'un intérêt ils traitaient d'une façon singulière,
commun de monopo e et de défense. déposant leur cargaison sur le rivage
Comme la plupart de nos comptoirs et retournant à leurs vaisseaux pour
modernes , ces villes phéniciennes attendre que les indigènes fussent ve
étaient des postes isolés sur une plage nus déposer auprès de chaque objet la
étrangère, n'ayant dans leur dépen uantité d'or jugée équivalente. et se
dance qu'un petit territoire à l'entour ussent retirés à leur tour pour atten
de leurs murailles; et nous savons drie que les vendeurs eussent examiné
avec certitude, au moins pour Cartha si le prix offert était suffisant; renou
ge, qu'il avait fallu acheter des indi velant de part et d'autre ce manège
gènesl'emplacementsurlequelon s'était jusqu'à ce que le marché fdt accepté
établi, tout comme nous achetons, des ou rompu.
peuples nègres chez lesquels nous por Du côté de l'est, les villes phéni
tons notre commerce, l’emplacement ciennes étaient nombreuses jusqu'à la
où nous voulons élever nos magasins; petite Syrte, et quelques-unes s'avan
et le prix de cette cession était une re çaient beaucoup plus loin, telle que la
devance annuelle , tout comme celles grande Leptis fille de Sidon; au sur
que nous payons sous le nom de cou plus, la limite orientale, vivement dis
tumes. putée par les Cyrénéens, ainsi que
Carthage paya longtemps les coutu nous l'avons raconte en son lieu, fut
mes convenues. Puis elle se crut assez définitivement portée au fond de la
forte pour répudier ce témoignage rande Syrte par le dévouement des
constant d'une ossession précaire: rères Philènes.
elle voulut être c iez elle maîtresse in
commutable; et elle lutta à diverses Étendue et conditions de la puis
reprises contre les indigènes qui se sance territoriale de Carthage en
prétendaient les véritables propriétai Afrique.
res du sol. J ustin nous la montre en
guerre avec les Lib _ens dès une épo RÉPARTITION DU SOL ENTRE m
' ue qu’Orose nous lt contemporaine vnns onnnns DE POPULATIONS.
de Cyrus; puis encore au temps de Jusque-là Carthage ne se montre à
Darius, et forcée alors de payer les ar nous que commecolonie prépondérante
rérages stipulés; mais renouvelant au milieu de la confédération des ces
bientôt ses tentatives, qui enfin eurent lonies phéniciennes. ayant peut-être
une meilleure issue et obligèrent les elle-même quelques établissements se
indigènes à consentir l'abolition de la condaires immédiatement soumis à
redevance contestée. son autorité, exerçant peut-être aussi,
EXTENSION mas ESCALES n pas à l'égard de certaines villes de la con
coMPTotns ruNrQuns. -— Les Car fédération, un protectorat plus direct,
thaginois , au dire de Justin , por bien voisin d'une suzeraineté absolue ,
tèrent dès lors aussi leurs armes chez ainsi qu'il arrive toujours en pareil
les Numides et même chez les Mau cas entre le fort et les faibles.
res. Peut-être cette expédition eut Mais là ne se bornait point le do
elle pour but l'établissement de quel maine des carthaginois. L'argent des
ques escales sur le littoral pour assu mines ibériennes , accaparé par leur
AFRIQUE ANCIENNE. 191
commerce avant qu’il devint le fruit que nous le montre le premier traité
de leurs propres exploitations, leur conclu avec Rome immédiatement
servait à acheter des soldats merce après l'expulsion des Tarquins (‘).
naires, ces condottieri des vieux temps. Les Lmo-PuÉNicrENs , SECOND
avec lesquels ils tirent, en Afrique et ÉLÉMENT DE LA POPULATION PUNI
au dehors, des conquêtes territoriales. QUE-Au premier rang parmi ces con«
Sans chercher à déterminer quant fédérés étaient les Libo-Phéniciens, les
à présent l'époque précise où Carthage Phéniciens Libyques comme les ap
parvint à ce point de puissance terri pelle Ptolémée; c'étaient les posses
toriale en Afrique, et sans discuter seurs de la plupart des villes mariti
avec Heeren si Jnstin s’est mépris en mes, unis par d’étroites affinités avec
faisant descendre jusqu'au temps de les Carthaginois, et souvent confondus
Darius la date .où elle s’affranchit de avec eux sous un même nom, ainsi ne
la redevance annuelle stipulée lors de l’assure Diodore et que nous en 0 fré
sa fondation; nous remarquerous du d’ailleurs un exemple le stadiasme ano
moins que dès le moment où cet ordre n me de la Méditerranée, où toute la
de choses fut établi, dès lors aussi se c te depuis la petite Syrte jusqu’au
trouva constituée la distribution géné delà d’Utique est désignée par le nom
rale du sol africain, telle que l’a ex de Phénicie. Mais, ainsi que Carthage,
pressement signalée Diodore pour un et plus ancienne qu’elle, Utique sur
temps ultérieur. entre les Carthaginois, gissait aussi au milieu des villes puni
les Libo-Phéniciens alliés, les Libyens ques, de manière à se constituer une
tenus à grand’peine sous le joug, et les individualité distincte, et elle prit place
Numides indépendants. nominativement, à ce titre, dans les
LA erré m; CABTBAGR. NOYAU actes fédéraux, ainsi qu’on le voit dans
DE LA POPULATION PUNIQUE. — le second traité avec Rome ("') et dans
Quant aux premiers , c'étaient les le traité d’Annibal avec Philippe de
Phéniciens de Carthage comme les Macédoine. *
appelle Diodore, c’est-à-dire ceux qui, Quant aux autres villes de la confé
au milieu de la nationalité tyrienne, dération, elles sont purement et sim
s’étaient créé une nationalité spéciale; plement ainsi appelées dans le dernier
et le grand Annibal lui-même nous ex de ces deux actes; mais dans le pré
pli ne ce qu’il faut comprendre en cédent elles ont une désignation plus
cel e-ci. lorsque,traitant avec Philippe précise, puisqu'on y voit nommés, à
de Macédoine (*), il stipule pour les côté des Cœrthaginois ou citoyens de
seigneurs carthaginois, pour lui-même Carthage, et des Itykéens ou citoyens
leur stratège, pour les citoyens com d’Utique, les Tyn'ens, qui ne peuvent
battant sous ses ordres , pour les hy être les citoyens de la vieille Tyr d’o
par ues ou gouyerneurs provinciaux rient, ni d’une Tyr africaine inconnue,
cart aginois, pour tous ceux en un mais uniquement des villes tyriennes
mot qui avaient en commun les mé réunies dans cette Phénicie d’occident
mes lois. C’étaitla cité carthaginoise dont nous venons de constater l’exis
parallèle à la cité romaine, comprenant tence. Aucune de celles-ci n'avait une
comme elle, outre la métropole, toutes répondérance assez marquée pour
les villes, tous les établissements colo tre mentionnée individuellement par
niaux peuplés de citoyens tirés de son mi les membres influents de la confé«
sein. ‘En dehors de ce cercle. tout ce dération; ou bien elles ne constituaient
qui obéissait à Carthage était confondu
sous la dénomination générale de Sym f‘) L’an 509 avant notre ère. Voyez ce
maques, ou alliés, confédérés, ainsi traité transcrit en entier dans la suite de ce
volume (Carthage , pp. 4 et
(') L'an 215 avant notre ère. Ce traité ("‘) Le deuxième traité avec Rome est de
est rapporté en entier dans la suite de ce l'an 352 avant notre ère; nous le rappor
volume (cart/rage, pp. 86 et 87). terons un peu plus loin dans une note.
192
en commun qu'un seul état particu régions distinctes, sur la délimination
lier, comme semble l'insinuer plus et le nom desquelles nous ne trouvons
tard Tite-Live. cependant quelques données précises
Ces villes étaient nombreuses, et qu'à une date plus récente.
rapprochées comme les anneaux suc L'une était celle que Strabon ap
cessifs d'une seule chaîne, sur la côte elle Karlrhédonz‘e ou Carthaginoise,
qui s'étendait jusqu'au fond de la pe a dénommant ainsi d'après la capi
tite Syrte, et le trafic y était si actif, tale , par imitation peut-être de ce
qu'elles en avaient reçu d'une manière qu'avaient fait les carthaginois eux
absolue la dénomination d'Emporia mémes en étendant à toute cette con
ou les Comptoirs. Entre les Syrtes , trée la désignation appellative d’Afri
l’aridité des côtes n’était aucunement que d'abord restreinte à leur ville
propice à l'accumulation des établisse seule ainsi que nous le dit Suidas, et
ments de ce genre, et le nom de Tri dont la signification paraît être ana
poli, resté à la capitale actuelle du logue à celle de colonie; mais c'est
pays, suffit pour nous rappeler que Pline seulement qui nous instruit des
trois grandes villes seulement avaient limites dans lesquelles était renfermée
pu trouver place sur ce rivage inhos autrefois la province d'Afrz’que pro
pitalier. Dans l'ouest elles étaient plus prement dite, assez exactement re
fréquentes sans doute; après Utique , présentée aujourd'hui par cette portion
Hippone-Diarrh te, Tabraca, venaient de la régence de Tunis qui est plus
les villes métagonites parmi lesquelles spécialement appelée Afry yah par les
peut-être il faut compter l'autre Hip indigènes. Pline nous révè e en même
pone qui plus tard fut distinguée par temps la dénomination, sans doute
‘épithète de Ptoyaletet tant d'autres plus ancienne, de Zeugitane, qui rap
villes que leur nom phénicien nous si pelle d'une manière frappante le nom
gnale a défaut de témoignages histori des peuples Zaouelies d'HérodoteI ai
ques plus précis; enfin, au delà des sément reconnaissable encore dans ce
colonnes d'Hercule, les comptoirs de lui des berbers de Zouâghah, leurs
la côte occidentale. successeurs sur le même territoire.
Les LIBYENS SUJETS DE CARTHA La seconde région est celle que bor
on : ZEUGITANE. BYZACÈNE. — Pas daient à l'orient les Emporia ou‘comp
sons aux Libyens, désignés par Dio toirs libo-phe’niciens. Habitée pardes
dore comme les habitants les plus peuples appelés Byzaciens ou Byzan
nombreux et les plus anciens du pays, tes, elle en avait reçu la dénomination
sujets de Carthage, mais rongeant le de Byssatide, Byzacium, Byzacène ou
frein qu'elle leur avait imposé. Stra B zacitide, qui apparaît déjà dans Po
bon déclare ne la domination des ' Ïylue et qui subsista jusqu'aux der
carthaginois ans la Lib e s'étendit niers instants de la domination ro
sur toute la contrée qui il était point maine.
dévolue aux Nomades, c'est-à-dire sur RAPPORTS DE CAB’IEAGE avec LES
la presqu'île comprise entre Tabraca Numrnns ou NOMADES mmirsiv
et la petite Syrte. Nous avons déjà DANTS.-—V0llà quelle était l'extension
recense , avec llérodote, les peuples territoriale de l'autorité de Carthage en
agricoles qui y avaient fixé leurs de Afrique. Au delà de ces limites il n’y
meures. Cartilage prenait soin de dis avait plus que des Nomades indépen
séminer au milieu d'eux, en colonies dants, quelquefois liés à elle par des
intérieures, le trop plein de sa popula traités e‘ paix et d'amitié, et chez les
tion, constituant par ce moyen, sur le quels son or allait recruter des soldats
sol conquis, un réseau de villes puni mercenaires : mais ceux-là n'étaient
ques destinées à maintenir l'asservis point com tés dans la grande circon
sement des indigènes. scription es symmaques. Annibal ne
Le pays paraît avoir été partagé, les oublie cependant point lorsqu'il
dès une époque fort ancienne, en deux traite avec Philippe, et après tous les
AFRIQUE ANCIENNE. 193
membres de la confédération énumé que nous venons de transcrire ne sont
rés, il comprend encore dans la ligue qu’unevapplication réciproque de ce
contre les Romains, les Stratiotes qui que les Romains stipulaieht de leur
ne faisaient partie qu'a ce seul titre de côté à l’égard des peuplades indépen
l’armée fédérale. dantes du Latium.
Quant à leur pays, dès que Carthage AGaANDIssEMEN'r DE LA PUIS
s'était trouvée assez puissante, èlle en sANcE PUNIQUE ENTRE LE PREMIER
avait interdit l'accès à toute colonisa ET LE sEcoND' TRAITÉ DE CARTIIAGE
tion, à tout commerce étrangers : c’est AVEC Reins-Danslepremiertraitéde
un double monopole qu’elle se réser Carthage avec la république romaine, il
vait. Elle autorisait seulement les ex n'est fait aucune condition à l’égard de
péditions de pillage et de piraterie cette région littorale où les Carthagi
contre les villes indépendantes, à con nois se réservent exclusivement ici le
dition que les habitants et le butin droit de commercer et de coloniser,
appartiendraient seuls aux capteurs, tout en reconnaissant n’être pas les
mais qu’on ne garderait point la place; maîtres du sol. A cette autre époque,
et s'il s’a issait d’une ville amie, il antérieure de plus d'un siècle et demi,
était stipu é, en outre, que les habi ils se bornent à interdire l’accès des
tants ainsi enlevés ne seraient point contrées situées au delà du Kalon
conduits dans un port carthaginois Alcrotérion , qui est au nord de Car
sans courir la chance d’être réclamés, thage, de la Byssatide et des Emporia;
et par suite rendus à la liberté. Tel dans le second traité ils sont bien plus
était le droit public d’alors: nous le explicites à l’égard de ces parages, et
trouvons ainsi expliqué dès le second ils prohibent positivement tout trafic,
traité avec Rome (*), et les conditions tout établissement et toute piraterie
au delà du Kalon Altrotérion, aussi
(") Il est essentiel de rapporter ici ce bien qu'au delà de Mastia et de Tar
traité de l’an 35: avant notre ère, qui ne séion (après lesquelles étaient les co.
se trouve pas, comme le premier, dans la lonies de l'océan).
suite de ce volume. Une grande différence se révèle ainsi
« Il y aura amitié entre les Romains et entre ces deux époques de la puissance
«les alliés des Romains, et le peuple des carthaginoise: ce qu'elle stipulait jadis
« carthaginois , des Tyricns et des ltykéens, pour l’Afrique propre n’est guère que
u et les alliés de ceux-ci. ce qu’elle stipule ensuite pour la ré
- Au delà du Beau promontoire, de Mas
l- na , de 'l‘arse'ion, les Romains ne pourront ion indépendante où elle a échelonné
- faire ni pillage, ni commerce, ni établis es postes et des comptoirs : une
- sement. grande révolution s'est donc opérée
-Si les carthaginois prennent quelque dans l’intervalle; et le dire de Trogue
c ville du Latium non soumise aux Romains, Pompée, quelque mutilé qu’il soit dans‘
a ils garderont le butin et les prisonniers, le sommaire décharné de son abré
- mais rendront la ville. Si des carthaginois
«font prisonniers des gens qui aient des - dans le cas d’infraction, on ne se fera point
« traités de paix avec les Romains, sans être «justice soi-même; s'il y a tort causé par
« néanmoins leurs sujets, qu'on n'en intro c quelqu'un , ses nationaux seront respon
« duise point dans les ports des Romains; . sables du dommage.
en s’il en est introduit quelqu'un, et qu’nn n En Sardaigne et en Afrique, nul Ro
c Romain le saisissc, il sera rendu à la li . main ne pourra commercer ni former
- ber-té. La même condition sera observée en d’élablissemcnt, à moins que pour pren
a par les Romains. * dre des provisions ou radonber son vais
u Si dans un pays soumis aux Cartha ' a seau; si la tempête l'y porle, il en repar
snois un Romain prend de l'eau ou es «tira dans les cinq jours. Dans la Sicile
«provisions. il ne pourra, avec ces pro et soumise aux carthaginois, et à Carlhage,
uvisions, rien faire contre ceux qui ont - il fera et agira comme il a partient à tout
« paix et amitié avec les carthaginois; et le - citoyen. Le carthaginois e son côté fera
« carthaginois observera la même condition: ' de même à Berne. -
18‘ Livraison. (AraIQUR ANGIENNE.) 13
194
viateur, n'en a pas moins toute l’au laient Carthage, les Libyens se hasar
torité d’un fait historique confirmé dèrent encore à secouer le joug; il
par les documents contemporains, sa fallut les combattre et‘les vaincre pour
voir: que Cartilage ne devint maî les faire rentrer dans la sujétion : et
tresse du pays que par les efforts de les efforts des carthaginois our y
la famille de Magon, au temps de Da parvenir durent être bien gran 5, puis
rius fils d’Hystaspes, et même plus que dix ans après Denys de Syracuse
tard ('). profitait de l’épuisement qui en était
HAINE mas LIBYENS POUR LE lrésulté pour recommencer les hosti
JOUG DE CABTHAGE. —- Au surplus , ités.
en ces Libyens conquis, Carthage ne Quand Agathocles, pressé en Sicile
trouva point des sujets toujours do par les armes carthaginoises, résolut
ciles; et le joug sous lequel elle fai de porter la guerre en Afrique, il
sait plier leur tête, trop lourd pour comptait sur la défection , en sa fa
être porté sans impatience , n’était veur, des Libyens alliés de Carthage ,
point assez fortement assujetti pour qu’il savait être las de la domination
résister aux accès de colère d’un peu puni ue; et l’lévénement sur ce point
ple qu’elle ne sut qu’opprimer. justi a ses prévisions.
Quand Himilcon eut vu la peste en
vahir son armée devant Syracuse P"), Invasion de l’Afrique par Agaflwcles.
et que réduit à fuir avec la seule co
horte ‘sacrée des citoyens carthagi AGATHOCLES ENLÈVE AUX Can
nois, il abandonna à la merci du vain THAGINOIS TOUTES LEUns POSSES'
queur ses auxiliaires libyens sans re SIONS n'r sa DÉCLARB nor n‘ArnIQUe.
fuge sur cette terre étrangère où ils -— Cette expédition d’Agathocles (‘) ,
furent bientôt dispersés et détruits , qui sillonna de ses marches le sol de
alors une violente indignation souleva l’Afrique et mit Cartilage à deux doigts
l’Afrique, dès longtemps fatiguée du de sa ruine, fournit quelques indica
joug de ses maîtres; elle reprit son tions topographiques qu’il est intéres
indépendance. Deux cent mille soldats sant de recueillir dans le récit de Dio
s’emparant de Tunis et pressant Car dore.
thage, lui demandèrent compte de ce Furtivement parti de Syracuse, ‘Aga
lâche abandon. Mais ils étaient sans thocles vientdébarquer aux Latomies
chefs habiles, de tribus diverses, trop ou carrières ue l’on voit encore près
nombreux pour se procurer aisément d’El-[lawarye ;il emporte et pille Mé
des vivres ; les carthaginois surent galopolis, qui paraît répondre à Sydy
trouver quelques traîtres à acheter, et Daoud, et entre dans le blanc Tunis ,
bientôt cette multitude débandée, re qui se rend à la première sommation. Il
gagnant ses demeures, délivra la cité bat les premières troupes qui lui sont
suzeraine des frayeurs qu'elle lui cau opposées, dévaste les environs de Car
sait. Et l’adroite Cartilage eut bientôt thage , reçoit les soumissions d’un
repris son ascendant politique en Afri grand nombre de places; puis il mar
que, où quatre ans apres nous la V0 ons che contre les villes maritimes, s’em
aire de puissantes levées de so dats pare de Néapolis aujourd’hui Nabel,
pqur créer une nouvelle armée de Si et va assiéger Arirumête, la moderne
c! e. Sousah, de concert avec Elymas roi
Mais quinze ans plus tard (“*), pen des Libyens devenu son allié. Il prend
dant que la peste et les émeutes déso ensuite Thapsus, dont les ruines se
voient au ce Dimas, et plusieurs au
(') C’est-à-dire à la génération suivante, tres villes u même canton. Ayant
sous les fils d’Amilcar le contemporain de ainsi, de gré ou de force, réduit à son
Darius.
(") L’an 395 avant l’ère vulgaire. (') De l'an 310 à l'an 306 avant Père vul
('“) L’an 379 avant l’ère vulgaire. gain-e.
AFRIQUE ANCIENNE. 195
obéissance plus de deux cents villes, vient auprès (l’Arcba athe. Une se
il s'enfonce dans l'intérieur. Les Car conde expédition est a ors résolue, et
thaginois tentent une diversion; mais Eumaque , dépassant les villes déjà
Agathocles revient les suqprendre, les soumises, attaque à l’improviste M11
taille en pièces, et repren son ascen tine, que des forces supérieures le
dant sur les Libyens après avoir forcent d'abandonner: traversant alors
vaincu et tué Elymas qui était retour une montagne infestée de chats sau
né au arti ennemi. Ce endant les vages, il entre dans un pays rempli de
Carthaginois envoient es troupes singes, et atteint trois villes dont le
pour re agner les Numides déficients, nom, traduit à la manière des Grecs,
et Agat ocles ne peut les em écber est ex rimé dans Diodore par celui de
d'atteindre les terres des Zoup ans , Pithé eusses‘ elles étaient sans doute
de faire déclarer pour Cartha e un placées vers e olfe d'El-Qoll, où les
grand nombre d’habitauts, et e ra pithèques abon ent, et où Scylax in
mener à leur ‘ancienne alliance beau dique d’ailleurs une île Pithékouss‘e
coup de ceux qui s’en étaient sépar qui suivant toute apparence est l’île
res. aux singes existant encore sous ce nom
, Après avoir appelé à son aide Uphel près de Storah. Eumaque emporte et
las et ‘l'avoir fait assassiner,- vAgatho détruit une de ces villes, reçoit les
cles grossit sa ropre armée des trou soumissions des deux autres; mais ef
pes venues de yrène; et comme Anti frayé du nombre des ennemis qui ac
gone, Démétrius, Ptolémée, Cassandre, couraient de toutes parts, il s'empresse
Lysima ne se créaient des royaumes de regagner les bords de la mer. ,
des lam eaux de l'empire d‘Alexandre, CABTHAGE necoovns TOUTES sas
lui-même aussi prend la couronne et POSSESSIONS n’AriuQUn. —— Cepen
le titre de roi. Il vient assiéger Utique, dant les revers d’Archagatho rappel
qu'il enlève d'assaut, puis Hîp ou» lent .Agathocleœn Afri né, et ans
44km) c’est-à-dire la ‘citadelle e la le dénombrement qu'il ait à son ar
première Hippone représentée‘aujour rivée, ce prince compte encore six
d’hui par Bizerte, qu’il emporte éga mille Grecs, autant de mercenaires
lement; et il se fait ainsi reconnaître d’Europe,dix mille auxiliaires libyens,
de la plupart des Libyens du littoral uinze cents chevaux et six mille chars
et de ’intérieur; quant aux Numides u pays ; mais un premier échec
quelques-uns acceptent son alliance, amène la défection des Libyens , et
les autres, attendent l'issue définitive Agathocles vo ant sa cause perdue en
de la lutte. Afrique, s’en nit secrètement en Si
EXPÉDITIONS D’EUMAQUE CHEZ cile. Ses soldats, indignés de ce lâche
LES NuM1nEs.——Rappelé en Sicile par abandon, massacrent ses deux fils, et
l’état de ses affaires, Agathocles laisse traitent directement avec Carthage ,
à son fils Archagathe le soin de conti qui leur accorde trois cents talents en
nuer la guerre d’Afrique. Celui-ci en echange des villes u’ils tenaient en
voie dans l'intérieur des terres un corps core, réduit par la orce les garnisons
de ‘troupes sous les ordres d’Eumaque, qui voulaient résister , prend à son
lequel prend d’abord Tokai et soumet service ceux qu'elle y trouve disposés,
les Numides d’alentour, puis s'empare et transporte le reste en Sicile. Ainsi
de Phelliné, et réduit les Asphodélodes fut terminée cette guerre qui avait dé
du voisinage, semblables pour la cou pouillé un moment Carthage de tou
leur aux Éthiopiens, se rend maître tes ses possessions territoriales ‘d’A
ensuite de la grande ville de Mes/the frique, mais après‘ laquelle les choses
la, de là va conquérir la citadelle de se trouvaient,en définitive, remises au
la seconde Hippone, homonyme de même état qu’avant les hostilités.
celle qu’avait naguère subjuguée Aga Pour apprécier l'étendue de ces pos
tbocles , et enfin emporte et rase la sessions, au moins sur certains rayons,
ville libre d'A/cris, après quoi il re il nous suffirait de connaître l’empla.
18.
196
cement des Numides Zouphons, qui' fin la derniere guerre avec Rome, où
étaient une nation amie et non sujette, le fils de Paul-Émile, le fils adoptif de
située par conséquent'en dehors des Scipion, n'eut qu'à porter le coup de
limites puniques; et celui des villes de grâce à la ‘malheureuse Carthage qui
l'ouest conquises par Eumaque ‘et se débattait en vain. dans une affreuse
dont la première, 01ml, est déjà m agonie, sous le fer impitoyable de ses
diquée comme une place numide: c'est‘ bourreaux.
probablement la même ne Ptolémée Voila ce qu'il nous faut parcourir
Indique sous le nom de (ru/cha entre d'un coup d'œil rapide; mais aux seu
Thabraka et le fleuve Bagradas; mpis les choses (l'Afrique doit se borner ici
la position en demeure pour nous tu notre examen, restreint même, dans
certaine: et quant aux Zouphons, il ne son point de vue, à de sim les ques
s'est encore produit à leur égard que tions de topographie et de limites ter
des hypothèses sans consistance. rltoriales.
(") L’an 205 avant l'ère vulgaire. (*) L’an 203 avant l'été vulgaire.
AFRIQUE ANCIENNE. 208
bataille s'engage, et Scipion remporte tion de Svphax : le sénat confirma tou
une victoire complète qgi force SyplIax tes les dispositions de Scipion à cet
à regagner ses états et Asdruba à re égard , et combla de présents les am
tourner à Carthage. Scipion alors en bassadeurs que Massinissa avait en
voie Lélius et Massinissa à la lpoursuite voyés à Rome.
de Syphax, et lui-même su jugue le VICTOIRE nEcIsIvE DE SCIPION
pays, prenant les places les unes d'as sUn ANNIBAL; FIN DE LA GUERRE.
saut, le plus grand nombre par capi -_- Les Carthaginois ayant intimé se
tulation, fatiguées qu'elles étaient des crètement à Annibal l'ordre de venir
exactions dont les accablait Carthage; défendre l'Afrique , il débarque à
enfin il se rapproche de cette capitale Leptis, alla camper auprès dAdru
et s'empare de Tunis qui n’en est éloi mète, où il fit des approvisionnements
gné que de cent vingt stades ou quinze de vivres et de chevaux; il attira à son
milles. Les Carthaginois tentèrent avec parti T chée chef des nomades Aréa
leur flotte une diversion sur l'escadre cides, lézétule qui disposait de 1 000
romaine stationnée devant Utique, cavaliers, et encore Vermina fils et
mais lentement, s'arrêtant en route successeur de Syphax; il s'empara,
au port de Ruscinona, et laissant ainsi tant par capitulation que par la force
aux Romains le temps de faire avorter des armes, de plusieurs villes du do
cette attaque. Scipion de son côté fit maine de Massinissa, et il employa
une tentative contre Utique, puis con même la trahison our se rendre maî
tre Hippone-Diarrhyte, sans réussir tre de celle de Nar 6; puis il se porta
d'une part plus que de l'autre; alors il vers Zama , distante de cinq journées
brûla ses machines et retourna à Tu de route à l'égard de Carthage: il
ms. eut là un engagement de cavalerie ou
EXPÉDITION DE LELIUs ET DE les Romains obtinrent l'avantage.
MASSINISSA EN NUMIDIE. — Cepen Scipion de son côté courant la cam
dant Lélius et Massinissa , arrivés en pagne, saccageait les villes , ne rece
Numidie , trouvèrent les Massyliens vant pas même à composition celles
empressés de reconnaître leur roi lé qui voulaient se rendre. Après avoir
gitime et d'expulser les gouverneurs emporté la grande ville de Parthos et‘
et officiers de Syphax, en sorte que reçu des renforts de Massinissa, il alla
celui-ci se trouva restreint à ses an s'établir près de Naraggara , où il at
ciennes limites; mais, stimulé \par tendit Annibal, qui lui avait fait de
Sophonisbe et par Asdrubal, il leva mander une entrevue; le général car
de nouvelles troupes, marcha contre tha inois vint alors camper à quatre
l'ennemi, fut battu et fait prisonnier: mil es de Scipion , tout près de Killa.
la plus grande partie de son armée Les deux chefs n'ayant pu s'accorder,
s'enfuit à Cirta dont il avait fait sa on en vint aux mains; la victoire resta
capitale. Massinissa s'y rendit aussi à Scipion, et Annibal, après avoir
tôt, emmenant avec lui ce prince en vaillamment combattu, se réfugia avec
chaîné, et la ville ouvrit immédiate une poignée des siens dans la ville de
ment ses portes. Nous n'avons point Thon, d'où il passa à Adrumète, fai
à rappeler ici l'épisode touchant de sant à cheval en deux jours et deux
Sophonisbe, si jeune et si belle, qui ne nuits une route de près de trois mille
put échapper que par_le poison à_l'op stades. Ayant rallié 6 000 fantassins
probre d'orner un triomphe. Scipion et 500 cavaliers, il se porta sur la ville
décerna solennellement a Massinissa de Marthama; mais il fut rappelé à
le titre de roi. en lui donnant la cou Carthage par suite des négociations
mono et la coupe d'or, le trône et le pour la paIx.
sceptre d'ivoire, la robe et la tuni ne Après avoir marché à la rencontre
de pourpre à palmes d’or dont on é de Vermina qui venait au secours des
corait les triomphateurs, et lui fit es Carthaginois, et lui avoir taillé en piè
pérer toute la Numidie après l'exécu ces 15000 hommes, Scipion rentra à
204
Tunis pour y recevoir les soumissions ces fossés ne sont mentionnés que par
des vaincus; les conditions de la paix lui, et par un fragment de la Périége‘se
furent ainsi réglées : que les carthagi perdue d’Eumaque, conservé par Phlé
nois demeureraient libres , conservant gon de Tralles, sans indication de
leurs lois et la possession des villes leur situation. Pline aussi nous parle
de leur territoire en dedans des limites d'un fossé que le jeune Scipion établit
existantes avant la guerre, évacuant pour limite entre les possessions ro
toutes les villes en dehors de ces limi maines et celles des rois numides, et
tes, et leur rendant leurs otages; qu’ils il est probable qu’il s'agit , au moins
livreraient tous les prisonniers et en partie , de la même ligne de dé
transfuges, tous leurs élé hauts, tou marcation; mais nous ne sommes
tes leurs galères, sauf ix trirèmes guère mieux instruits de la situation
seulement; qu’ils ne feraient aucune précise de celle-ci. Quoi qu'il en soit,
guerre, soit en Afrique, soitau dehors, nous pouvons admettre, sans crainte
sans l’autorisation de Rome; qu’ils d’erreur grave, que les carthaginois
rendraient a Massinissa tout ce qu’ils prétendaient posséder tout le terri
lui avaient enlevé, et s’allieraient à lui; toire compris entre Thabraca et Thè
u'ils fourniraient les vivres et la solde nes; que Massinissa avait sans con
e l’armée jusqu’au retour des ambas testation la contrée qui s'étendait au
sadeurs à députer au sénat; qu’ils delà de ces limites jusqu'à la Cyrénai
payeraient 10 000 talents euboiques , que d'une part, et d’autre part au
donneraient cent otages, et restitue moins jusques et y compris la royale
raient toutes leurs prises. Cirta; sauf les prétentions puniques
Rome ayant décerné de pleins pou sur quelques villes du littoral, et les
voirs a Scipion (*), la paix fut ainsi rétentions de Massinissa sur une
définitivement conclue. Le proconsul onne partie du territoire occupé par
ajouta aux états que Massmissa te les carthaginois et dont la restitution
nait en héritage de ses pères, la ville était stipulée. Le domaine de Ver
de Cirta et toutes les autres places et mina, assez vaste encore , se poursui
territoires qui avaient été enlevés à vait à l'ouest du royaume de Massi
Syphax ar les armes romaines, le nissajusqu’à la Mauritanie,c’est-à-dire,
surplus emeurant au pouvoir de Ver suivant toute apparence, jusqu'au fleu
mina. Puis il quitta l’Afrique et vint ve Molochath au couchant du Malua,
recevoir à Rome les honneurs du 0;‘: commençait le royaume de Boc
triomphe. c ar.
Raser/rus DE CETTE GUERRE
QUANT aux DÉLIHI’I‘ATIONS TERRITO Envahissements de Massinissa.
nlALEs. — Quelles furent alors les li
mites où se trouvèrent renfermés les GOUVERNEMENT D'ANNIBAL A CAR;
carthaginois, quelles furent celles de nues : RÉVOLUTION PARLEMEN
Massinissa et celles du fils de Syphax? nme connu; LUL-Le traité qui ve
La question est plus facile à poser qu’à nait d'être conclu entre Rome et Car
résoudre. Toutefois il est quelques thage contenait, dans ses dispositions
données générales qui ressortent des en faveur de Massinissa, le germe de
faits que nous venons de résumer, des longues contestations; car il était évi
indications subséquentes des géogra dent qu'un intérêt de conservation de
phes, et des lumières que l’on peut vait porter Carthage à résister aux ten
demander aux événements ultérieurs. tativesd’agrandissementque l'ambition
Les carthaginois devaient se renfer et la confiance en l’appui des Romains
mer, dit Appien, dans le territoire inspireraient au monarque numide: et
ceint par les fossés puniquefl"); mais l'on avait ôté à Carthage la faculté de
vider à cet égard sa propre querelle, en
(’) L'an 201 avant notre ère. lui interdisant toute guerre qui n’au
C") ’Ev'ràç 16W (liowtxiôwv to'tçpow. rait pas l'assentiment de Rome.
AFRIQUE ANCIENNE. 205
Cependant la présence d’Annibal lendemain matin à la tour qui portait.
dans sa patrie suifisait pour contenir son nom, entre Acholla et Tha sus.
les prétentions de Massinissa dans les Il se rendit le même jour à l'ie de
bornes d'une simple réclamation di Cercina, et remit en mer la nuit sui
Iomatique : l'illustre stratège, resté vante pour aller chercher un asile au
a la tête de l’armée carthaginoise, près d’Antiochus de Syrie qui prépa
partageait avec son frère Magon le rait la guerre aux Romains.
soin de maintenir l'Afrique dans le MASSINISSA se MET EN Posses
devoir. Mais bientôt Rome en témoi sroN nes EMPORIA. - Au milieu
äna de l'ombrage. Le parti populaire des préoccupations nouvelles excitées
tait alors assez puissant encore pour par cet événement inattendu, la ques
lutter contre le servilisme qui envahis tion de limites qui avait servi de pré
sait le sénat punique; et ce ne fut texte à la venue des commissaires,
qu'après trois ans d'efforts que les fut probablement oubliée; tandis que
eux factions que l'on appelait ro Massinissa, enhardi par les mauvai
maine et royale arvinrent à faire pro ses dis ositions des Romains contre
noncer le rap e d’Annibal et de Ma les Cart aginois, et favorisé en même
gon: ce ne ut même qu'un succès temps par les dissensions intestines
momentané, car le parti patriote re de ceux-ci , prit le parti d'envahir
gagna presque aussitôt l'avantage en le territoire qu'il convoitait, soumit à
portant Annibal à la suprême magis son autorité quelques-unes des villes
trature ('). Le grand homme s'y mon tributaires de Carthage, et dévasta
tra plus redoutable encore, et d'im tout le pays: il s'agissait, nous dit
menses réformes faisant relluer au Tite-Live, de la contrée maritime ap
trésor, pour l'acquittement des char pelée Emporia, bordée à la fois, d'un
ges pub iques, les richesses dont l’a côté, par la petite Syrte, de l'autre par
ristocratie avait seule jusqu'alors abu une campagne fertile, et constituant,
sivement profité‘, on vit Carthage se sous le nom de Leptis, une cité uni
refaire de ses pertes avec une merveil que (') qui payait à sa métropole l'é
leuse rapidité, se créer des ressources norme tribut d'un talent par jour.
nouvelles, et redevenir pour Rome Carthage envoya à Bome des am
une rivale d'autant plus formidable bassadeurs (") our se plaindre de
qu'elle semblait se ménager des allian cette violation es limites fixées par
ces étrangères. Scipion: limites, disaient-ils, que Mas
Aussi des ambassadeurs romains sinissa avait bien reconnues et respec
arrivèrent-ils à Carthage sous le pré tées, alors que, poursuivant le nu
texte de terminer par voie de concilia mide Aphir ou Aphtérate dans sa fuite
tion les discussions soulevées par les vers Cyrène, il s'était cru obligé de
réclamations de Massinissa, mais en demander et s'était vu, refuser par les
réalité pour favoriser une révolution carthaginois le passage qu'il avait re
parlementaire contre Aunibal, et 0b. vendiqué depuis. Mais des envoyés nu
tenir l'extradition de leur implacable mides étaient aussi venus pour répon
ennemi. Il leur échappa toutefois en dre à ces griefs : ils accusèrent les
s'exilant volontairement de son in
grate patrie: averti de leurs menées, (’) C'est ainsi, suivent nous , qu’il faut
entendre ce passage de rrite-Live: « Empo
il fit secrètement disposer des relais
- ria vocant eem regionem;.. . . una civiles
pendant qu'il affectait de se montrer c- ejus,Leplis. n Les lraducleurs,qui oublient
toute la journée exclusivement occupé trop souvent la valeur du mot civitat (corps
des affaires publiques; et le soir il politique), font dire au Padouan qu’il
partit furtivement; il fit une telle n'y avait en ce pays que la seule ville de
diligence, qu'après avoir traversé une Leptisl tandis que Polybe assure au con
partie du territoire Vocan, il arriva le traire qu’il y avait un grand nombre de
villes.
(') L'an 197 avant l'ère vulgaire. (") L'an 1933 avant l'ère vulgaire.
206
carthaginois de mensonge en ce qui tres nations ibériennes , chargèrent
concernait les limites fixées par Sci leur boëtharque (") Carthalon de pro
ion: que si l'on voulait remonter à fiter de sa tournée dans les provinces
’origine des droits respectifs, Car puniques pour reprendre aux Numides
thage, disaient-ils, n'aurait d'autre a contrée envahie: les hostilités, sou
domaine que l'espace mesuré par les tenues de part et d'autre avec ardeur,
lanières de la fameuse peau de bœuf; durèrent jusqu'à ce que de nouveaux
tout ce qu'elle possédait au delà,elle commissaires romains vinrent ymet
l'avait usurpé; mais si l’on voulait se tre un terme en adju‘geant à Massi
borner à la uestlon actuelle, il était nissa le territoire dont il s'était em
certain que a possession du territoire paré , remettant en compensation aux
en litige, loin d'avoir constamment carthaginois les cent otages que
appartenu aux carthaginois, avait au Rome avait jusqu’alors retenus.
contraire flotté sans cesse entre eux et MASSINISSA s'amuse DES GRAN
les rois numides, au gré de la fortune mas Pumas. — Après un autre laps
des armes; et il convenait de ne rien de dix années (**),Rome eut encore à in
changer à cet ordre de choses. tervenir dans une troisième contesta
Rome délégua trois nouveaux com tion de territoire. suscitée par les em
missaires, parmi lesquels était Scipion piétements continuels de Massinissa:
lui-même , pour aller régler cette af c'était maintenant les Grandes Plaines,
faire sur les lieux; mais après exa c'est-à-dire le district de Tusca, qu'il
men, les envoyés romains, aimèrent avait envahi, et où il s'était, depuis
mieux laisser ‘la question indécise que deux ans, rendu maître de plus de
de prononcer un jugement qui eût soixante-dix villes et châteaux. Les
mécontenté l'une des parties conten Cartha inois renouvelèrent avec force
dantes : et Massinissa demeura ainsi leurs p intes devant le sénat romain,
provisoirement maître de fait du pays etdemandèrent avec instance ou qu'on
dont il s'était emparé. leur fit justice ou qu'on, leur laissât
MASSINISSA REPREND UN çAN'ron vider par les armes leur propre ‘que
JADIS CONQUIS PAR SON PEBB. — relle; ou du moins, si l'injustice devait
Dix ans après C‘), de nouvelles que prévaloir contre eux , que Rome elle:
relles de territoire furent provoquées mêmefixât une fois pour toutes la part
par d'autres envahissements de Mas qu'il fallait faire à leur insatiable voi
sinissa. Cette fois, il s'agissait d'un sin. Gulussa, fils du monarque nu
canton jadis enlevé aux carthaginois mide, arrivé en même temps que l'am
par son père Gala, puis conquis sur bassade punique, essaya de conjurer
Gala par Syphax, et restitué par celui l'orage , mais n'y réussit qu'à demi :
ci aux carthaginois en considération il fut ordonné que les parties conten
de son beau-père Asdrubal ; Massinissa dantes enverraient des délégués spé
le reprit à main armée, et opposa aux ciaux pour discuter'cette affaire, non
plaintes des carthaginois le double dans la vue d'établir de nouvelles li
titre de son droithéréditaire et de sa mites, mais bien de s'en tenir aux an
possession effective. Des commissaires ciennes, sans faire perdre aux Cartha
romains furent encore envoyés, et ginois pendant la paix ce que la guerre
maintinrent le statu que si favorable ne leur avait pas enlevé.
à leur allié, réservant au sénat le droit Gulussa revint avec les pouvoirs de
de rendre une décision définitive. Les Massinissa, et son premier soin fut
carthaginois, de leur côté. jugeant de suggérer des craintes sur l'usage
opportun un moment où les Romains que ourraient faire ultérieurement
avaient sur les bras la guerre contre les arthaginois, des forces navales
les Celtibériens , pendant que Massi qu'ils étaient censés préparer pour ser
nissa lui-même était harcelé par d'au
(') Commandant dm auxiliaires;
l’) L'an 182 avant l’ère vulgaire. (") L'an 1721 avant l’ère vulgaire.
AFRIQUE ANCIENNE. 20’7
vir les Romains dans leur guerre de moyennant l'abandon que ferait Mas
Macédoine ' en sorte que la question simssa du territoire contesté; mais
des limites a débattre entre lui et les Giscon fils d’Amilcar, qui était alors
envoyés de Carthage ne se présenta revêtu de la suprême magistrature,
plus avec la même faveur. Comme voyant le sénat disposé à souscrire à
dans les précédentes contestations, ces conditions, souleva si bien par ‘son
rien ne fut décidé, sinon que le statu éloquence l'indignation du parti pa
quo serait maintenu jusqu'à ce que triote contre les factions romaine et
de nouveaux commissaires fussent al ro ale, que les envoyés de Rome eux
lés régler le différend sur les lieux; et m mes eussent couru quelque danger
l'on prit soin de traîner l'affaire en s'il n'eût assuré leur fuite; quant aux
longueur pour donner à Massinissa le royalistes, il y en eut quarante d'ex
temps de consolider sa possession. pulsés, avec serment de nejamais sauf
Enfin, après de longues années d'at f'rir qu’il fût fait aucune motion pgur
tente, les commissaires furent dési leur retour; ils allèrent chercher asile
gnés (*), et l'un d'eux fut le farouche auprès de Massinissa, avec la résolu
Marcus Caton, l'ennemi acharné de tion de le pousser à la guerre.
Carthage: arrivés sur leslieux, ils de Gulussa vint à Rome pour dénon
mandèrent que la décision du litige cer que l’on faisait à Carthage des le
fût entièrement abandonnée à leucdis» vées de troupes , u'on y ,armait une
crétion : Massinissa, sûr d'être favo flotte, et qu'il nétait pas douteux
risé, s’y prêtait volontiers; mais les qu'on n'y méditat la guerre : Caton,
Carthaginois , instruits à leurs pro suivant sa coutume, fit valoir ces ar
pres dépens de la partialité de Rome, guments; mais Scipion Nasica insista
insistèrent pour l'exécution pure et pour qu'on ne fit rien légèrement, et
simple du traité fait sous l'autorité de une nouvelle commission de dix mem
Scipion : aussi ies commissaires s'en bres fut désignée pour aller vérifier
retournèrent-ils sans avoir rien fait, l’état des choses. Massinissa voulut
mais frappés de la richesse du pays, que ses fils Gulussa et Micipsa accom
de l'opulence et de l'agrandissement pagnassent les envoyés romains , afin
de la ville, et depuis lors Caton‘ ne de demander le rappel des quarante
cessa de prêcher hautement la guerre exilés; mais le boétharque qui cam
contre Carthage. ait aux portes de la ville en interdit
PRÉPAKATIFS DE GUERRE DE Can l'entrée aux princes numides ; une
THAGE. — Une grosse armée numide embuscade leur fut même dressée à
commandée par Archobarzanes petit leur retour, et Gulussa n'y échappa
lils de S phax se trouvant rassemblée qu'en perdant plusieurs personnes de
sur les routières puniques, Caton s'é sa suite.
cria queces forces, réunies en apparence Les commissaires, de retouràRome,
contre Massinissa , l'étaient en réalité où Gulussa se rendit avec eux, attesté
contre les Romains, et que c'était rent qu'en effet il existait à Carthage
pour ‘ceux-ci un juste motif de com une armée et une flotte; Caton et d'au
mencer les hostilités; mais Scipion tres sénateurs opinèrent pour qu'on
Nasica s'y étant opposé, on résolut transportât aussitôt une armée ro
d'envoyer des commissaires chargés maine en Afrique; mais sur l'avis de
de s'assurer des faits , et Scipion fut Scipion, qu'il [Æ avait oint encore
du nombre (“): après avoir reproché là une cause su saute c guerre, il
au sénat cartha inois d'avoir levé une fut décidé qu'on y renoncerait si Car
armée et équip une flotte contraire thage consentait à licencier son armée
ment aux traités, ils voulurent ame et à brûler sa flotte, sans quoi les pro
ner la paix entre les deux parties chains consuls auraient à s'occuper de
la guerre.
(') L'an 157 avant l'ère vulgaire. MASSINISSA pnENn Onoscom ET
(") L'an x52 avant l'ère vulgaire. TAILLE EN PIÈCES LEs CABTHAGI
208
Nors.—Sur ces entrefaites, Massinissa exact des nouvelles limites qui sépa
vint assiéger la place d’Oroscopa. qu’il raient à cet instant le domaine puni
désirai [réunir encore à ses usurpations, que des États de Massinissa, on se
sans s’inquiéter davantage des traités. rappellera les envahissements succes
Le boëtharque Asdrubal marcha aussi sits du monar ue numide au sud et à
tôt contre lui avec 25 000 hommes de l’ouest de Cart iage , et l’on 'reconnaî
pied et 4000 cavaliers urbains, et il tra ,' dès l'abord , qu’il s'était mis en
fut bientôt renforcé de 6000 cava possession de toute la Byzacène, et de
liers numides par la défection d’Osa tout le pays des Grandes Plaines ou
sis et de Suba , deux des généraux de de Tusca, probablement jusqu’auprès
Massinissa; il eut d’abord l'avantage d'Hippone-Diarrhyte, sans parler de
dans quelques escarmouches; mais quelques autres points douteux ou
Massinissa , se retirant à dessein de moins connus. Quant à ceux-ci, on
vant lui, le conduisit ainsi jus n'a une peut, du moins en ce qui concerne les
grande plaine aride. entourée e colli cantons jadis enlevés a Carthage par
nes abruptes; c’est là qu’à la vue de Gala , à Gala par Syphax , à Syphax
Scipion Émilien qui venait alors lui par Massinissa. puis repris par Syphax
demander au nom de Lucullus un ren et rendus à Carthage , et repris enfin
fort d'éléphants pour l’armée de Celti de nouveau par Massinissa , penser
bérie (*), le vieux monarque numide, avec quelque raison que c'était la cam
agile encore malgré ses quatre-vinvts pagne au nord de la Byzacène, puisque
ans, livra aux carthaginois une a nous avons vu précédemment Massi
taille meurtrière et prolongée, où il nissa, vaincu par Syphax dans la lutte
eut le principal avantage. Instruits de relative à la possession de ce terri
la présence de Scipion, les carthagi toire, se retirer sur le mont Balbum
nois réclamèrent sa médiation pour et dans le voisinage de Clypéa, c’est
terminer enfin par un traité de paix à-dire jusque dans la grande presqu’île
une si longue querelle; ils consen du cap d'Hermès.
taient à abandonner sans retour, à Les états de Massinissa avaient dû
leur compétiteur, le district appelé s’agrandir considérablement aussi du
Emporia , à lui payer mille talents côté opposé, car, en admettant que
d'argent; le roi numide exigea qu'on Vermina, fils de Syphax, eût gardé jus
lui livràt en outre les transfuges, et qu’à sa mort sans contestation nou.
cette condition fit rompre aussitôt velle le sceptre des Massésyliens, il
les négociations; mais un peu plus est certain qu‘Archobarzanes, petit
tard Asdrubal, bloqué, affamé, réduit lils de Syphax, s'étant montré dans
à l’extrémité par la disette,'la chaleur ces derniers temps l’allié de Carthage
et les. maladies , consentit à tout, la contre Massinissa, dut subir les vicis
reddition des transfuges, la rentrée situdes de la cause qu'il avait embras
des quarante exilés, le pa ement d’une séc, et se voir dépouillé de son royaume
rançon de cinq mille ta ents en cin par l’heureux rival de sa famille : aussi
quante années, l’abandon de ses ar Appien énonce-t-il que les états de
mes; puis le vindicatifGulussa tomba Massinissa touchaient d'une part à la
sur cette troupe désarmée, et Cartilage Mauritanie voisine de l’Oce’an , et de
revit à peine quelques soldats, des l'autre à la Cyréuaique. Mais quant à
58 000 hommes qu'avait eus Asdrubal. la limite précise entre la Numidie et la
Alors éclata la troisième guerre pu Mauritanie , on peut se demander si
nique. elle était restée au Molochath comme
NOUVELLES DÉLIMITATIONS Ten au temps où Syphax régnait à Siga , ou
RITOBlALES RÉSULTANT DES ENVA si elle avait été transportée au Mulu
HISSEMENTS DE MASSINISSA.— En cha, où nous la trouverons prochaine
cherchant à se rendre un compte ment indiquée; la postérité de Syphax
ayant dû être dépouillée dans les der
(’) L'an r50 avant l‘ère vulgaire. niers temps du règne de Massinissa,
AFRIQUE ANCIENNE. 209
on peut supposer que le roi de Man bal, occupant tout le reste de l'Afrique,
ritanie Bocchus y aura concouru pour dirigeait sur Carthage de nombreux
sa part et à son profit, en s'emparant convois. Les consuls furent repoussés
du canton de Siga et s'avançant jus au premier assaut qu’ils voulurent
qu'au Mulucha, u'il déclarera plus tenter, et ils éprouvèrent encore di
tard avoir été la hmite commune en vers écbccs partiels; harcelée journel
tre lui et Micipsa. lement par la cavalerie d’Asdrubal, qui
On peut se former ainsi une idée avait établi son camp à Néphéris. à
assez juste des conditions territoria 180 stades de Carthage, l’armée ro
les au milieu des uelles allait surve maine se trouva plus d'une fois dans
nir la reprise des ostilités. une position diflicile , dont elle fut ti
rée chaque fois par la bravoure et l'ha
Troisteme guerre punique. bileté de Scipion Émilien, alors tribun.
Ce jeune seigneur s'acquit ainsi une
Pnnmùnns OPÉRATIONS ne LA grande ré utation tant armi les siens
mienne-En prenant les armes sans que chez 'enncmi; et e vieux Massi
la permission de Rome pour repousser nissa , qui voyait en lui le fils adoptif
les agressions de Massinissa, Cartha e de son premier protecteur. l'investit
avait contrevenir aux conditions u en mourant du droit de régler le par
traité que lui avait imposé sa rivale; tage de sa succession entre ses enfants.
et elle redoutait maintenant d'autant Scipion adjugea à Micipsa le gouverne
plus le courroux des Romains, qu'elle ment politique, avec la possessioudela
venait d'é rouver des revers, et qu‘Uti royale Cirta; il attribua à Mastanabal
que aban onnait sa cause pour se don le pouvoir judiciaire; et il réserva le
ner à ses implacables ennemis. Elle commandement des troupes à Gulussa,
essaya de conjurer l'orage en offrant qu’il ramena avec lui et un corps de
satisfaction au sénat de Rome; les con cavalerie numide au camp des Romains
suls Lucius Marcius Censorinus et devant Carthage.
Marcus Manilius Nepos (") furent en PEU DE snccÈs DES CONSULS MA
voyés en forces à Utique pour en dic NILlUS e'r CALPUnNrUs. —- Pour
ter les conditions, pendant que trois laver la honte d'un premier échec
cents otages étaient exigés comme gage reçu devant Néphéris qu'il avait im
préalable d'obéissance. Après ces ota. prudemment attaquée, Manilius vou
es, les consuls se tirent livrer toutes lut alors faire contre cette place une
es armes , puis ils exigèrent l'abandon nouvelle tentative; il emporta pour
de Carthage elle-même ; ce fut le signal quinze jours de vivres, et alla établir
d'une tentative de défense désespérée. son camp dans le voisinage; mais il
Le boëtharque Asdrubal avait réuni n'eut pas plus de succès, et fut obligé
20 000 hommes sur le territoire exté par le manque de vivres à effectuer
rieur; tous les citoyens en état de por sa retraite le dix-septième ‘our. ayant
ter les armes dans la ville se levèrent à faire en outre trois pénib esjournées
en masse et furent placés sous Ies.or de marche pour regagner son camp de
dres d'un autre Asdrulial, petit-fils de vant Carthage; et il fallut que l'habi
Massinissa par sa mère; on travailla leté de Scipion le tirât encore d'em
jour et‘ nuit à fabriquer de nouvelles barras.
armes, et l'on se trouva en état de De nouveaux consuls ayant été
soutenir vigoureusement un siège, nommés (t), Lucius Calpurnius Piso
d'autanLplus que les Romains ne se Césonius vint prendre le commande
procuraient qu'à grand’peine des vi ment de l'armée d'Afrique; mais il ne
vres qu'il leur fallait tirer exclusive fut point heureux dans ses opérations.
ment d'Adrumète, Saxos, Leptis , Quittant le siège de Carthage , il alla
Achollè et Utique , tandis qu’Asdru tenter contre Aspis ou Clypéa une
4m
Q
i.
,2,
[angine «11ml!
AFRIQUE ANCIENNE. 215
lé Hiemsal, ouluiavait-il seulement ment de la province d’Afrique, et
enlevé la portion de la Numidie située trouva dans le roi Juba un voisin et
à l’ouest de la province romaine d’A un allié tout disposé pour sa cause.
frique? On peut rester indécis entre César ayant envoyé eontreVarus son
ces deux hypothèses. Mais il est une lieutenant Curion, celui-ci vint débar
autre question à résoudre : Hiemsal quer à Aquilaria, lieu bien abrité en
devait-il seul reprendre tout ce dont tre deux caps, à vingt-deux milles de
on dépouillait l-Iiarbas, et n'y avait-il Clypéa, et qui paraît être la moderne
aucun autre prétendant à satisfaire? EI-Hawaryah, le même point où plus
Aurélius Victor a laissé échapper le de deux siècles et demi auparavant
nom de Massinissa .' est-ce une mé Agathocles avait aussi abordé. Le jeune
prise de copiste, ou bien y avait-il en Lucius César, n’osant attendre à Cly«
effet un prince du nom de Massissina péa une attaque de la flotte de Curion,
àqui il fallût rendre quelque portion alla se réfugier à Adrumète, où Caïus
de la Numidie? On peut à bon droit Confidius Longus était cantonné avec
s’arrêter à cette dernière pensée lors une légion. Curion envoya ses vais
qu'on rélléchitque César, comme nous seaux a Utique, vers laquelle il sa
le dirons tout à l’heure, dépouilla plus chemina lui-même par terre :trois
tard de ses domaines le numide Mas journées l’ayant conduit près du Ba
sinissa,dont le fils Arabion est appelé gradas, il alla avec sa cavalerie re—
roi par Appien. N'est-ce pas, dirai-je connaître les Castra Coruélia, et éta
encore, contre ce même prétendant , blit ensuite son camp devant Utique.
dont le nom est écrit cette fois Ma Juba avait à se plaindre personnel
sz‘ntha par Suétone, que le' roi Hiem lement de Curion, qui l’année précé
sal eut à envoyer à Rome (‘), pour dente, pendant son tribunat, avait
soutenir ses intérêts, son propre fils proposé une loi pour la confiscation
Juba, aussi riche de pièces d’or que de la Numidie et sa réduction en pro
de cheveux, dit plaisamment Cicéron vince romaine: aussi le vindicatif mo
dans son deuxième discours contre la narque s’était-il empressé d’envoyer
loi agraire? Masintha s’était mis sous des secours à Varus, et il vint bientôt
le patronage 'de César, qui dans une le joindre lui-même avec de nouveaux
discussion animée au sujet de cette af renforts, tailla en pièces Curion et son
faire s’emporta jusqu’à saisir Juba par armée, passa au fil de l’épée ses pri
sa barbe: affront que celui-ci ne lui sonniers, et rentra triomphant dans
pardonna jamais; aussi, devenu roi, se ses états.
fit-il un des fauteurs les plus ardents L’Afrique devint alors le point de
du parti de Pompée. refuge de tôus les restes, considé
RÈGNE DE JUBA L’ANcIEN. — rables encore, du parti pompéien dis
Lorsqu’il avait été chargé pour trois persés par les victoires de César, et
ans de l’immense commandement ma l’on résolut de s’y défendre vigou
ritime et territorial motivé par la reusement; Caton s’enferma dans Uti
guerre des pirates, Pompée avait assi que, qui devait être son tombeau,
gué l’Afrique avec la Sardaigne et la et Métellus Scipion prit le comman
Corse à ses lieutenants Cnéus Comé dement de l’armée. Mais si la Numidie
lius Lentulus Marcellinus et Publius de J uba était hautement déclarée pour
Attîlius; depuis son second consulat, eux, il n’en était pas de même des
ayant eu l’Afrique avec l’Espagne dans états de Bogud et de Bocchus, qui
son lot, il les gouvernait de même avaient succédé à leur père Bocchus
par ses lieutenants. Quand‘ éclata la l’ancien, allié de Marius, et qui s’étaient
guerre civile (**), le pompéien Attius . ‘partagé son héritage, Bogud conser
Varus, chassé d’Italie 1 s’emP ara aisé vant l’ancienne Mauritanie avec Tingis
our capitale, Bocchus ayant pour son
(') Dan 63 avant l’ère vulgaire. et la Numidie des Massésyliens, avec
("') L’an 49 avant l’ère vulgaire. lol pour capitale ainsi que nous l’inu
216
dique Solin ; l’un et l'autre avaient de se fortifier, de provoquer dans le
embrassé avec empressement le parti camp de Scipion la désertion des Nu
de César, qui les avait proclamés tous mides et des Gétules qui avaient tenu
deux rois, et amis du peuple romain. our Marius, de faire déclarer our
Caton encouragea le jeune Cnéus Pom ui diverses places, telles u’Acil a et
pée à tenter contre eux une expédition: Tisdrus, de recevoir des c nvois con
Il prit trente galères, et partant d’U sidérables de vivres que Salluste lui
tique, il gagna la Mauritanie, royaume expédia de Cercina après en avoir
de Bogud, où il essaya un coup de chassé le questorien Caius Décius , et
main sur la place d’Ascurum, défendue de voir arriver enfin une partie des
par une garnison royale; mais il fut renforts u’il attendait. de Sicile. tandis
repoussé dans ses vaisseaux, quitta ces ue Sitti s enlevait à Juba un château
rivages, et se dirigea vers les Baléares. un où le roi numide avait fait, en
vue de cette guerre, de grands approvi
Guerre de Jales-César en Afrique. sionnements de vivres et de munitions.
Vrcrornn us CÉSAR, QUI nssrx
Anmvés DE CÉSAR EN AFBIQUE; nAITBE DE LA NUMIDIE. — César
SES DISPOSITIONS. — Cependant Cé alors s’avança par les hauteurs, vers
sar avait résolu de venir porter le le camp ennemi, et après une escar
coup de grâce aux Pompéiens dans mouche où il eut l'avantage , il s’a -
leur dernière retraite: sans se lais upée
rochapar
jusqu'à
Scipion;
un mille
d’un d’Uzita,
autre côté ,
ser effrayer par le mauvais temps,
il s’était embarqué pour l’Afrique , et Confidius qui était allé tenter de sur
passant en vue de Clypéa et de Néa rendre Acilla et n’avait pas réussi,
polis , il avait abordé sans obstacle eva le siège, et prenant son chemin
mais avec peu de‘ monde, près d’Adru ar le territoire de Juba , ‘rentra
mète, d‘où il s’était rendu à Ruspina, a Adruinète, et remit à Scipion une
uis à Leptis, qui se déclarèrent pour partie de ses troupes. Enfin Juba ,
ni : de là il envoya des bâtiments en pressé par Scipion de venir le rejoin
croisière pour rallier sa flotte éparse, dre, arriva au camp, après avoir laissé
dépêcha le préteur Salluste à ,Cercina à son lieutenant Sabura le soin de faire
pour y faire des approvisionnements tête à Sittius. César, ayant assuré par
de vivres, expédia des courriers dans de bonnes garnisons la défense de Lep
les provinces pour demander des ren tis, Ruspina et Acilla, et donné ordre
forts d’hommes ‘et de munitions, et à sa flotte de bloquer Tapsus et Adru
laissant une garnison à Leptis, il vint mète, brûla son camp devant Usita et
établi, son camp à Ruspina, où il fut vint se retrancher près d’Agar, dont
rejoin par une partie‘de son monde les habitants s’étaient vigoureusement
et eut aussitôt à soutenir une vigou défendus contre diverses attaques des
reuse’attaque qu’il repoussa, mais qui Gétules : Scipion alors le suit et porte
menaça bientôt de se renouveler plus ses quartiers à" six milles d’A ar; il
formidable, Scipion étant parti d’Uti envoie des troupes pour faire es vi
que avec le reste de son armée pour vres à Zetta, dont il n’était éloigné
venir à Adrumète, où il devait être que de dix milles; mais César, quoi
rejoint par Juba. Heureusement que le qu'ayant dix-huit milles à parcourir
chef de partisans Sittius, avec une ar pour y arriver, l'y devance, s’en em
mée que mit. à sa disposition le roi pare, y met oarnison, et revient à son
maure Bocchus, fit diversion sur la camp; J uba (le son côté saccagcVacca,
Numidie et la Gétulie de Juba, par la peu éloignée de Zetta, et qui avait fait
prisede l’opulente Cirta et la ruine de inviter César à lui envoyer des trou
deux villes gétules qui avaient refusé es. César à son tour enlève à Scipion
decapituler;en sortequeJubafutobligé a place de Sarsura, et met garnison
de courir à la défense de son propre ‘dans Thabéna , située à l’cxtrémité
royaume. Cela donna à César le temps littorale du royaume de Juba; puis.
AFPJQUE ANCIENNE. 211
de son camp d'Agar, où il est rejoint luste, qu’il décora du titre de procon
par de nouveaux renforts, il s’avance snl : cette province fut appelée Nouvelle
de huit milles, jusqu’à quatre milles par 0 ‘position à l'Afrique propre, qui
du camp de Scipion, auprès de la ville etait 4nctenne. ‘Il semble que, dans
de Tégéa, où il engage un combat de letat ou la constituacesar, elle con
cavalerie, mais sans pouvoir en venir serva Zama pourcapitale, et s’étendit
à une action générale. au sud‘ de l’ancienne province, par
Alors il prend le parti de- quitter Adrumete, Ruspina, Leptis, Acilla ou
Agar, et faisant seize milles avant le Achol’la, et Tysdrus ,Jusqu’a cette
jour, il vient assiéger Thapsus; Sci ’l‘habena extrême, dermere possession
pion le suit pour secourir la place; la littorale de Juba; et dans l’ouest jus
ataille s’engage enfin, et César rem qsu aux concessionBs fatiltes au partisan
orte une victore complète (*); les ittius et au roi occ us.
uyards prennent le chemin d'Utique, Ces concessions elles-mêmes n’é
-et comme la ville de Parada leur ferme taient autre chose que l'ancien terri
ses portes, ils la prennent de force et terre du prince Massinissa, qui avait,
l’incendient. César laisse à un de ses comme a lie, suivi la fortune du mal
lieutenants le soin d'emporter Thap heureux Juba, et qui petit-être avait
sus, en envoie un autre s’emparer de peu avec lui ; Arabica, bis de Massi
Tysdrus, dépêche sa cavalerie vers Uti mssa, se refugi'a en Espagne aupres
que, va lui-méme prendre Usceta, puis du Jeune Pompee, et lorsque celui-ci,
Adruméte, et arrive à son tour à Uti aprcs la mort de Cesar, eut recouvre
que, où Caton s’était donné la mort la fortune et les honnfeurs de soln pere,
de désespoir, et où. Messala avait fait Arabion revint en A rique ra lia les
aussitôt son entrée. Juba, échappe’ de indigènes auxiliaires, et avec leur aide
la mêlée, se cachant le jour et mar il chassa_ Bocchus, se défit de Sittius
chant la nuit. atteignit ainsi Zama sa par trahison , et rentra en possession
capitale; mais elle lui ferma ses por île îon patrimoine. Quelles en étaiänt
tes , et fit porter ses soumissions à es imites? Sans avoir à cet é ard es
César. qui vint en prendre possession; témoignages directs, nous aëons du
le malheureux roi se tua de désespoir. moins cette indication essentielle que
D’un autre côté, Sittius avait taillé en lzîlëillleh deCirtat2 Si elle n'y étaitt ptolâlt
pièces les troupes que ce prince avait e - eme ren ermee en e ai u
laissées pour le combattre, il arrêta moins immédiatement voisine; d’où
dans leur fuite à travers la Maurita il suit que ‘Âselon toute apparence, le
nie les restes du parti vaincu qui vou fleuve Amp agas qui passait a Cirta,
laient passer en Espagne, et coula les et qui fut plus tard la limite occiden
galères sur lesquelles se sauvait Sci v'ltalg de la provtmlcedde Numidieävîtait
pion et que la tempête avait poussées a orne orien a e u royaume ra
dans le port de la royale Hippone. bion, qui s'étendait sans doute à l'op
Pannes DE LA NUMIDIE : CRÉA posite jusqu’à Saldes.
TION DE LA NOUVELLE PROVINCE
D’AFnrQUE.-—LaNumidiedeJubaétait 1V. DOMINATION nss BOMAINS EN
tout entière au pouvoir du dictateur; il AFBIQUE DEPUIS LA CONQUÊTE in;
donna à Sittius, en récompense de ses LA NUMIDIE JUSQU'AU RÈGNE ne
services, la ville de Cirta dont il ‘s’était CLAUDE.
emparé si à propos, avec un territoire
considérable au voisinage; il gratifia Première période : l'Afrique an
le,roi Bocchus de quelques autres can cienne et l'Afrique nouvelle for
tous à sa convenance; el: de tout le mant deux provinces distinctes.
reste il lit une province romaine con
fiée au gouvernement du prêteur Sal Les DEUX AFBIQU’ES, PABTAGÉES
ENTRE AN'I‘OINE ET Çnsan Ocnvmv,
(‘) L'an 46 avant l'ère vulgaire. ABANDONNEES A Larme. —- Autant
918
qu’onen peut juger sur les récits Cirtésiens, contre lesquels il prit ‘des
contradictoires de Dieu (kissius et mesures rigoureuses, et Arabion ayant
d’Appien, Titus Sextius et Quintus refusé de reconnaître son autorité, il
Cornificius, l'un artisan d’Antoine, Ie,chassa de son territoire et demanda
l’autre de César etavien, se dispu ensuite son extradition à Sextius au
taient alors la possession des deux pro près duquel il s’était réfu ié; ne l'ayant
vinces d’Afrique, et cherchaient à at point obtenue, il vint aire le dégât
tirer chacun dans son parti le roi dans l’Afrique propre, fut repoussé et
Arabion; Cornificius, maître de la pro poursuivi; mais Sextius ayant, sur
vince Ancienne, ayant voulu envahir quelque soupçon, fait tuer perfidement
la Nouvelle, qui appartenait à Sextius, Arabion, la cavalerie numide indi
celui-ci se porta rapidement de Tucca gnée l’abandonna pour se joindre à
sur Adrumète, qu’il occupa, ainsi ne Fango. Après un moment de paix, ce
les places du voisinage; toutefois i se lui-ci fit une nouvelle irruption en
laissa surprendrepar PubliusVentidius, Afrique; les deux partis en vinrent aux
l’un des lieutenants de son antago mains, et un second combat ayant eu
niste, fut battu, poursuivi, et s rré de lieu, Fango battu se sauva dans les mon
près dans la Numidie, pend nt que tagnes où il se tua. Sextius alors s’em
Décimus Lélius, autre lieutenant de para sans difficulté de la Numidie, prit
Corniticius, vint assiéger Cirta; mais par famine Zama qui résistait, et se
les Sittiens et Arabion faisant alors trouva ainsi pour la seconde fois réunir
cause commune avec Sextius, celui-ci sous son autorité les deux Afriques;
reprit le dessus, tailla en pièces Ven mais Lépide étant venu pour en pren
tidius, re'poussa Lélius jusqu’auprès dre possession (") avec six légions déta
d’Utique, le bloque dans son camp, chées de l’armée d’Antoine, Sextius se
délit et tua Cornilicius qui venait en résigna de bonne grâce à livrer au
personne au secours de son questeur; , triumvir les provinces qui lui étaient
celui-ci eut le même sort, et Sextius, abandonnées par ses deux collègues :
maître des deux Afriques, en conserva Lépide les conserva quatre ans, jus
le gouvernement jusqu'à ce que César qu’à ce que dépouillé du triumvirat
Octavien, réconcilié avec Antoine pour par César Octavien à la suite de leurs
la formation d’un nouveau triumvirat querelles en Sicile, il vit le proconsul
avec Lépide(*), eut pour son lot, dans Titus Statilius Taurus les aller sou
la distribution des provinces, les deux mettre au vainqueur C").
Afriques avec la Sardaigne et la Sicile. La MAURITANIE TOMBE au POU
Sextius alors remit sans difficulté le VOIR DES ROMAINS. — Quant à la
commandement à Ca‘ius Futicius Fan Mauritanie et à la Numidie des Mas
go, désigné à cet effet par César. sésyliens, ue l’on avait pris l’habi
Mais après la bataille de Philippes , tude d’appe er le royaume de Bogud
une nouvelle division des provinces et le royaume de Bocchus, il s’y pas
ayant été faite entre les triumvirs, la sait des événements d’une nature
Numidie seule demeura à César, et analogue: Bogud s’étant laissé en
l’Afrique ropre fut cédée à Antoine , traîner à combattre en Espagne pour
sauf dévo ution éventuelle à Lépide : la cause d’Antoine contre les lieute
Sextius. qui était resté sur les lieux, nants de César, se trouva évincé de ses
fut invité par Fulvie, femme d’Antoine, propres états au moyen d’une insur
à prendre possession de la rovince rection adroitement ménagée dans sa
cédée ;. Fango résista; mais l ne s’é capitale Tingis, et de l’occupation de
tait point fait aimer dans le pays, et son royaume par Bocchus, a qui César
il fut obligé de se retirer dans la seule en confirma la possession; Bogud fu
province qui lui était conservée : là
aussi il eut maille à partir avec les (") L'an 40 avant l’èrc vulgaire.
("") Cette expédition valut à Slatilius Tau
(’) L'an 43 avant l'été vulgaire, rus un triomphe.
AFRIQUE ANCIENNE. 219
gitif alla rejoindre Antoine, et périt ment, puis s’insurgèrent contre leur
plus tard à Méthone. Bocchus, souve nouveau maître. dévastèrent ses fron
rain de tout le pays qui s’étendait de tières, taillèrent en pièces de nom
puis Saldes jusqu'à l’Océan, conserva breuses expéditions romaines succes
encore cinq années le gouvernement sivement dirigées contre eux. entraî
de ce vaste royaume (*),dans lequel, à nèrent dans leur parti les Mus‘ulans.
sa mort, il n’eut point de successeur ni les avoisinaient àl'est, et ce parti
immédiat, César l’ayant alors compris tait devenu assez formidable quand
dans le nombre des provinces directe après de longues années d’hostilités
ment soumises à son autorité. Cnéus Cornélius Cossus fut envoyé par '
LA Nomme nsNnue A JUBA LB Auguste afin d’en avoir raison (') ,
JsUNx, PUIS REPRISE EN ÉCHANGE pour que les succès qu’il obtint fus
DE LA MAUBlTANlE.— Lorsque après sent jugés dignes des honneurs triom
la bataille d’Actium , le vainqueur phaux et du glorieux surnom de Gétu
d'Antoine fut reste’ seul maître de ique, qu'il transmit à son fils.
l’empire, il donna Cléopâtre Sélène
pour épouse à Juba le ‘com, son Seconde période : toute l’A rique ro
compagnon d’armes, et ni rendit, maine réunie en une seu e province
à cette occasion (“), le royaume de sous l'autorité eæcluxive d’un pro
Numidie, dont quinze ans auparavant consul.
Jules César l'avait déshérité. Malgré
cette restitution cependant, lorsque RÉUNION n13 LA Nomme no
César Octavien, au moment d’étre pro HAINE A L'AFRIQUE Pnornn. — La
clamé Auguste, partagea avec le sénat Numidie, rentrée sous l'autorité d'i
et le peuple l’administration des pro recte de Rome , ne redevint point
vinces du monde romain, la Numidie, une province séparée, attribuée au sé
si l'on s’en rapportait du moins à la nat ou à l'empereur, et régie par un
liste que donne l’historien Dion Cas proconsul au nom du premier, ou par
sius, se serait trouvée, aussi bien que un lieutenant du second; elle fut pu
l’Afrique propre, dans le nombre de rement et simplement annexée à la
celles qui échurent au sénat; mais province sénatoriale d‘Afrique , et
cette indication ne peut convenir à la confondue avec elle, pendant soixante
date du partage général des provin cinq ans, sous le gouvernement d’un
ces Cm), puisque lavNumidie était alors même proconsul, ainsi que nous som
encore aux mains de Juba, à qui Au mes autorisés à le conclure des faits
guste ne l’enleva que deux ans après , ultérieurs. Cette province unique, dé
en échange de la Mauritanie, qu’il lui fendue par deux légions, s’étendait
octroya ("***)'telle que naguère l’avait depuis Saldes jusqu’aux confins de la
' possédée le dernier Bocchus,avec quel Cyrénaique : dans une aussi vaste
ques portions de la Gétulie qui recon étendue de territoire, il était difficile
naissaient la domination de Rome: que la paix ne fût point quelquefois
les Gétules, mécontents de cette dis troublée par l’insurrection de quel
position, résistèrent d’abord sourde. qu’une des tribus indigènes; mais les
(') De l'an 38 à l'an 33 avant l’ère vul
historiens ne nous ont point transmis
gaire.
le récit des expéditions u’il fallut di
("") L'an 30 avant l'ère vulgaire. Les mé riger contre elles, et les ‘astes capito
dailles royales de ce prince commencent lins nous révèlent seuls divers succès
dès cette époque. obtenus par les armes romaines, en
("‘") Au surplus, Dion lui-même fait, con nous disant les noms des proconsuls
tre l'exactitude rigoureuse de sa liste, cette
observation , qu’il ne faut pas perdre de (‘) Cossus termina cette guerre en Pan 6
vue : Toiü'ta ô‘e 061w xœrélsëot , 511 vüv xwpîç de nolre ère; elle durait depuis trenle ans,
bww'rov ou’arüw i) Y e‘P. oveüe-rat.
u r
si on la fait remonter à l'avènement de
(‘m’) L'an a5 avant l’ere vulgaire. Juba au trône de Mauritanie.
220
d'Afrique aux uels ces succès valurent ordre: la ville de Tabidium, la en
les honneurs u triomphe: tels furent plade de Nitéris, la ville de Nég igé
Lucius Autronius Pétus ('), Lucius méla, la ville ou peuplade de Bubéium,
Sempronius Atratinus (“), et Lucius la peuplade des Enipes, la ville de
Cornélius Balbus (*"'). ' Thuben , les monta nes appelées Noi
Mais s'il ne nous est parvenu d’Au res, les villes de Niti mm et de Bapsa,
tronius et de Sempronius Atratinus la peuplade de Discéra, la ville de Dé
que leur nom et la simple mention de bris, le fleuve Nathabur, la ville de
leur triomphe, quelques détails de Thapsagum, la peuplade des Nanna
plus sont arrivés jusqu'à nous des ges es, la ville de Boïn , la ville de Pège,
tes de Balbus dans la province dont le e fleuve Dasipari; puis la série con
sénat lui avait confié le gouvernement, tinue des villes de Baracum, Buluba,
et nous devons à Pline des indications Alasi , Balsa , Galla , Maxala , Zizama;
précises qu'il convient de transcrire enfin les montagnes de Gyri , avec une
Ici en entier. inscription portant qu'on y trouvait
EXPÉDITION un BALBUS EN PHA des pierres précieuses.— Néanmoins
zANIs.-—« Vers ces solitudes africaines la route qui va chez les Garamantes
appelées Désert au-dessus de la petite est restée jusqu'ici impraticable, arce
Syrte , s'étend la Phazanie, dont nous que les gens du pays couvrent c sa
avons subjugué les habitants avec ble l'ouverture de leurs puits , qu'on
leurs villes d'Alèle et de Cillaba, ainsi retrouverait pourtant sans creuser
que Cydamus dans la région voisine beaucoup, si l’on connaissait bien les
e Sabrata. Ensuite se prolongent du localités. »
levant au couchant, sur un vaste es Les points principaux de cette
pace, des montagnes que les nôtres grande expédition, c'est, d'une part,
ont appelées Noires, à cause de leur Cydamus, dont la moderne Ghadâ
aspect brûlé , ou noirci par la réver mes a gardé à la fois la place et le
bération du soleil. Au dela se trouvent nom , et d'autre part, Garama, dont
des déserts, Matelges ville des Ga le nom et l’emplacement sont pareille
ramantes, ainsi que Débris arrosée ment restés à la moderne Germah;
ar une source dont l'eau est bouil le surplus‘ de cette fastueuse énumé
ante de midi à minuit et glaciale de ration de villes , de tribus , de fleuves,
minuit à midi; puis la fameuse ville de montagnes, ne saurait être cher
de Garama capitale des Garamantes : ché que sur les routes qui, de la côte,
tout cela a été subjugué par les ar menaient à ces deux points; et comme
mes romaines, et a valu le triomphe toute cette nomenclature n'a point de
à Cornélius Balbus, le seul étran synonymie certaine chez les écrivains
ger à qui l'on ait octroyé le char qui auraient pu nous en conserver la
triomphal et les privilèges de citoyen; tradition, il ne saurait plus aujour
car on lui donna , quoique né à Gades, d'hui se produire que des explications
le droit de cité romaine, en même purement conjecturales et arbitraires,
temps n'a Balbus l’Ancîen, son on dont il vaut beaucoup mieux s'abste
cle. Eti y a cela de remarquable, que nir que de se laisser entraîner aux
nos auteurs ont constaté qu'il avait fantastiques exagérations dont quel
pris les villes nommées ci-dessus, et ues esprits peu sensés nous ont of
que lui-même lors de son triomphe ert plus d'une fois de regrettables
avait dans son cortège , en outre de exemples.
Cydamus et de Garama , les noms et Gusaas m: Tscrsmms. — Une
les images de toutes les autres villes autre guerre célèbre devait donner
ou peuplades, qui défilèrent dans cet lieu à ‘plusieurs triomphes; je veux
parler e celle de Tacfarinas , ce Nu
(“) L’an a9 avant l'ère vulgaire. mide d’abord mercenaire dans les
(“') L’an a1 avant l'ère vulgaire. troupes auxiliaires des Romains, puis
("") L'an 19 avant l'été vulgaire. déserteur, chef de bande, bientôt à la
AFRIQUE ANCIENNE. 22!
tête d’une armée disciplinée, reconnu les honneurs trlomphaux (*), et de
et proclamé par la puissante tribu des rappeler en Italie une des légions em
Misulames ou Misoulans, qui habi plqyées à ces expéditions.
taient vers le mont Aurâs, non loin ' e fut pour Tacfarinas un motif de
du désert d'Afrique, et n’avaient point recommencer de plus belle ses courses
encore de villes; il attira dans son sur le territoire romain, aidé qu’il
parti, d’un côté les Maures du voisi était, d'un côté par la défection des
nage auxquels commandait Mazippa, Maures, que Ptolémée fils de J uba ,
et d'un autre côté les Cinithiens , nouvellement assis sur le trône de son
peuplade considérable‘ dont on con père, avait mécontentés , et d’un
naît l'emplacement vers le fond de la autre côté par l’alliance des Gara
petite Syrte : l’insurrection avait sans mantes; enfin par l’accession de tous
doute pour but de briser le joug de les gens sans aveu de la province; si
Rame; mais le proconsul d’Afrique bien qu’il s’enhardit jus u’à venir as
Marcus Furius Camillus marcha con siéger la ville de Thu uscum , la
tre eux, remporta des avantagnes si même, suivant l’opinion commune,
gnalés, et obtint du sénat les orne que celle de Tubusuptus vers Saldes,
ments triomphaux (*). CependantTac bien qu’on puisse trouver une res
farinas ne tarda point à orter de semblance phonétique plus grande en
nouveau la guerre dans l’A rique ro core dans le nom de Thubursicum.
maine; il s’empara même d’un château Le nouveau proconsul Pnblius Corné
peu éloigné du fleuve Pagida; mais il lius Dolabella n’cut qu’à se présenter
fut battu ensuite par le proconsul pour faire lever le siégé. Se liguant
Lucius Apronius successeur de Ca alors avec le roi Ptolémée, Dolabella
millus. devant le fort de Thala u’il forma quatre détachements pour les
attaquait, et forcé plus tard de aire lancer plus aisément à la poursuite de
retraite jusqu’au désert; et A pro cet ennemi insaisissable‘; et comme
nius obtint, comme son prédécesseur, on eut bientôt la nouvelle que Tacfa
les ornements triomphaux. Bientôt rinas et ses Numides avaient établi un
après (“'), nouvelles incursions de camp fixe auprès du château à demi
Tacfarinas, contre lequel fut envoyé ruiné d’Anzéa, qu’eux-mémes avaient
ar le sénat, selon le vœu de Tibère, 'adis incendié, et dont on voit encore
e proconsul Ca'ius Junius Blésus. es restes au fort moderne de Ham
Celui-ci se mit en campagne avec trois zah , il vint les y surprendre, et leur
corps d’armée , l’un confié à Cornélius livra une attaque meurtrière dans la
Scipion son lieutenant , pour aller quelle Tacfarinas se fit tuer en com
vers l’est arantir la ville de Leptis battant (*"). Alors seulement la guerre
des dépré ations de l’ennemi, et lui fut réellement terminée, et des am
couper toute retraite vers le pays des bassadeurs vinrent‘méme de la part
Garamantes; le second aux ordres du roi des Garamantes faire leur son
du fils de Blésus , pour aller à l’ouest mission. Tibère, ingrat envers Dola
couvrir les cantons des Cirtésiens; bella , témoigna du moins hautement
lui-même, commandant le troisième sa satisfaction au roi Ptolémée en lui
corps, s'avançait entre les deux pre. envoyant, suivant l’ancien usage, un
miers , en ayant soin d‘établir des sceptre d’ivoire et une robe d'hon
ostes et des garnisons dans les lieux neur.
es plus convenables; enfin, dans une
expédition avancée, il parvint à s’em (‘) L'an an de l'ère vulgaire.
parer d’un frère du rebelle; et Tibère, ("") L'an 24 de l'ère vulgaire.
regardant la guerre comme terminée,
s’empressa daccorder au proconsul
‘) Un 17 de l‘ère vulgaire.
("') L'an no de l'ère vulgaire.
222
Troisième période .' toute l'Afrique l'empereur, pour diminuer la puis.
romaine réunie en une seule pro‘ sance de Lucius Pison, homme de
vince sous deuæ magistrats dia cœur, qui avait à sa disposition de
tincts, l'un civil, l'autre militaire. nombreuses troupes, soit nationales ,
soit étrangères, partagea en deux hl
Séraaarron Du GOUVERNBMBN‘! nation (r6 Etlvoç) pour attribuer à une
CIVIL ET Du COMMANDEMENT mu autre personne l'armée et les nomades
TAIEE DE L'AFRIQUE. — il n’est pas qui en dépendaient (robe mp1 aû'rô) , ce
sans intérêt de remarquer ici que qui semble ne pouvoir s'entendre que
dans cette guerre, où des succès pas 'un partage, non du territoire, mais
sagers valurent jusqu'à trois fois les de ses habitants?
ornements triomphaux au général DIGaEsstoN son LA DATE PRÉ
qui commandait l'armée romaine , ctsE DE LA GÉoGnApmE DE MÉLA.
ce général était toujours le procon —La circonscription donnée à la Nu
sul d'Afrique, sans qu'on voie inter midie par Pomponius Méla vient dé
venir ancun gouverneur de la Nu montrer aussi que le territoire qui
midie, bien que cette contrée fût le forma ultérieurement la province de
principal théâtre de l'insurrection, et ce nom, était encore de son temps
de la lutte qui s’ensuivit. C’est ne compris dans l’Afrique propre; car
la réunion, à cette époque, de l'A i ce qu'il appelle Numidie n'est autre
que et de la Numidie en une seule et chose que ce qui fut nommé depuis
même province, n’est point douteuse ; Mauritanie Césarienne; mais l'âge'dc
on en trouve une nouvelle preuve Méla n'est point déterminé avec une
dans le témoignage contemporain de certitude et une précision suffisantes
Strabon, qui décrit comme formant pour qu’on puisse tirer de son témoi
une même circonscription territoriale gnage un argument péremptoire con
le ays desMassyliéens et de Carthage. tre 'hypothèse de la division de l’A
n fait non moins certain à con frique en deux provinces par Caligula.
clure de ce récit, c'est en outre l'at On croit généralement en effet que
tribution du commandement militaire Méla écrivit postérieurement aux pre
au proconsul. Mais l’ombrageuse sus miers succès de l'expédition envoyée
ceptibilité de Caligula changea cet par Claude dans la Bretagne, et vers
ordre de choses, en ôtant au procon l'année 44, où cet empereur triompha
sul le commandement des troupes, des Bretons; mais alors était définiti
qui appartint désormais à un lieute vement consommé le partage des états
nant du prince, ainsi que le rap or du roi Ptolémée en deux provinces
tent Tacite et Dion, l'un à l'égar du portant l'une et l'autre la dénomina
proconsul Marcus Silanus , l'autre de tion de Mauritanie, avec les épithètes
Lucius Pison, son successeur :di distinctives de Tingitane et de Césa
vision de pouvoirs qui suscita au rienne, que Méla n’a point connues,
magistrat sénatorial de perpétuelles non plus que la limite nouvellement
tracasseries, en faisant na tre une tracée entre elles :\on peut trouver la
envieuse rivalité, dont un autre Pison un indice d'où il résulterait que notre
fut, sous Vespasien, la sanglante géographe aurait écrit antérieurement
victime. l'adoption de cette nomenclature
Il semblerait naturel de penser que, ot'ficielle, c'est-à-dire avant l'année 41,
pour affaiblir d'autant plus l'autorité tandis (que nous avons d'autre part la
du proconsul d’Afrique, Caligula dut certitu e que sa description se rap
retrancher de son gouvernement la porte àune époque postérieure à a
province de Numidie pour la donner, mort de Juba le jeune, qui est de
avec le commandement des troupes, à l'an 21 ; et il s'agit de retrouver entre
un lieutenant impérial; mais le texte ces deux termes une expédition con
de Dion Cassius se prête-t-il bien à tre la Bretagne, dont notre auteur ait
cette hypothèse}, quand il énonce que pu dire que bientôt elle procurerait
AFRIQUE ANCIENNE. 223
sur ce pays des lumières nouvelles, étant dans l’ouest, le second dans
et donnerait lieu à un triomphe pro l’est de la royale Siga. celui-là limite
chain. Il n'est pas déraisonnable de purement ethnologi ne, celui-ci limite
penser, d’après ces indices , que Méla politique. A l’autre out au contraire,
a dû écrire précisément en l'an 40, à malgré la différence des noms . le cap
l’époqne même où Caligula, après Métagonion de Méla est identique au
avoir envoyé en exil Ptolémée, qui cap Treton de Strabon , et nous savons
paraît avoir été assassiné en route, que c'est la limite ethnologique. Il y
allait faire contre la Bretagne la ridi a donc accord entre les deux géogra
cule expédition d’où il ramena des phes , et nous pouvons en induire ue
charges de coquilles et des captifs nulle délimitation n’avait changé e
vrais ou supposés pour orner le triom guis la mort de Juba , époque de Stra
plie qu’il avait ordonné de lui pré on, jusqu'à la mort de Ptolémée,
parer. époque de Pomponius Méla.
OBSERVATIONS son LA DÉLIMITA
TION DES CONTBÉBS AFRICAINES A V. ADMINISTRATION ROMAINE DE
CETTE ÉPOQUB. — Quoi qu’il en PUIS L'OBGANISATION PROVIN
soit, les descriptions géogra hiques CIALE DE CLAUDE JUSQU'À CELLE
de Pomponius Méla , rapprociées de DE MAXIMIEN-HEBCULE.
celles de Strabon, rendent nécessai
res ici quelques observations sur la Nouvelle organisation provinciale de
délimitation des contrées africaines. l’Afrique.
Strabon, qui terminait son livre vers
l’an 22 de notre ère, dit que le M0 CRÉATION DE DEUX PROVINCES
Iochath et le cap Métagomon qui en n12 MAUBITANIE B’l‘ n’uNe NOU
est voisin, séparent le pays des Mau VELLE PROVINCE DE Numnm. —
rusiens de celui des Masse’s liens, Une nouvelle distribution de tous
et que le cap Treton (voisin e l’em ces territoires semble devoir être rap
bouchure de l’Ampsagas) sépare le portée à une organisation générale
pays des Massésyliens de celui des qui aurait été opérée au commence
Massyliéens et de Carthage; mais il ment du règne de Claude. En appre;
fait remarquer en même temps que la nant l’assassinat du roi Ptolémée,
limite du royaume de Juba et du ter Eudémon, l’un de ses affranchis,
ritoire romain est fixée à Saldes, après avait soulevé les indigènes de la Mau
diverses variations causées par l'al ritanie pour venger le meurtre de ce
liance ou l'hostilité des habitants de prince; les premiers troubles suscités
ces contrées : ainsi le géographe grec a cette occasion dès avant la mort de
nous fait connaître deux sortes de li Caligula avaient été réprimés immé
mites, les unes politiques, entre les diatement, et Claude, arrivantà l’em
états; les autres ethnologiques, entre pire , se laissa persuader par ses
les nations. Méla , plus jeune que courtisans qu’il devait accepter les
Strabon de dix-huit années , dit à son honneurs d'un triomphe pour des
tour que le fleuve Mulucha sépare la succès que non-seulement il n'avait
Mauritanie de la Numidie comme il point obtenus en personne , mais qui
séparait jadis les royaumes de Boc avaient même précédé son avénement.
chus et de Jugurtha; et que le fleuve Les Maures sétant de nouveau sou
Ampsagas avec le cap Métagonion sé levés l’année suivante, le prétorien
parent la Numidie de l’Afrique pro. Caïus Suétonius Pauliuus fut envoyé
prement dite, qui s'étend de là jus pour les réduire , et c'est alors qu’en
qu’aux Autels des Philènes. Malgré la dix étapes il se porta jusqu'à une dis
ressemblance des noms du Molochath tance de quelques milles par delà les
de Strabon et du Mulucha de Pompo cimes neigeuses de l’Atlas, et qu'il
nius Méla, on sait déjà qu’il n'est pas atteignit même le fleuve Ger, qui
question du même fleuve, le premier coule au milieu d’un désert poudreux
224
coupé de quelques roches brûlées, non tuelle des Massésyliens et des Massy
loin des forêts remplies d'éléphants, liens, devint la ligne de partage entre
de fauves et de reptiles , où les Cana la Césarienne et la Numidie. Celle-ci
riens faisaient leur demeure. Dans ne fut point rétablie dans son ancienne
une nouvelle expédition (") , Cnéus étendue vers l’est, alors qu’elle en
Sidius Géta marcha droit contre Sa tourait de toutes arts la province
labos chef des insurgés, le poursui d’Afrique concentrée autour d’Utique
vit dans le désert (où une pluie inat entre Thabraca et Adrumète; la nou
tendue vint suppléer à l’é uisement velle Numidie resta tout entière a
de sa provision d’eau), et orça l’en-v l’ouest de l'Afrique propre, qui con
nemi à se soumettre. Claude constitua serva tous les territoires annexes du
alors les deux provinces Mauritanien sud et de l’est jusqu’à‘ la Cyrénaîque.
nes‘, qui eurent pour chefs-lieux Tingis C’est dans cet état que Pline l’Ancien,
et Césarée, et où il envoya des gou qui termina son grand ouvrage sous
verneurs pris dans l’ordre des Cheva le règne de Vespasien, trouva les
liers. — « Dans le même temps,» ajoute provinces africaines et en composa
Dion, «quelques parties de la Numidie a description. Une trace s’y laisse
ayant été attaquées par les barbares apercevoir encore de cette annexion à
du voisinage, ceux-ci furent battus et l’Afrique propre
adhérente d’une , portion
a la Numidie quand ilI'adis
fait
soumis , et la paix rétablie. »
Ce récit nous semble constater à la remar uer la distinction, en usage
fois la création des deux provinces de alors, e la Zeugitane jusqu’à Néapolis,
Mauritanie, et la renaissance de la et du Byzacium depuis Adrumète;
Numidie comme province séparée et peut-être faut-il imputer à la même
avec Cirta pour capitale. Ce n'est plus cause la dénomination de Numidie
de la Numidie de Pomponius Méla nouvelle qui se retrouve longtemps
qu’il peut être uestion , puisque encore après dans Ptolémée, par op
celle-ci est désormais officiellement position sans doute‘a la Numidie an
constituée sous le nom de Mauritanie cienne , dont l’étendue était bien plus
Césarienne; c’est donc bien de la Nu considérable.
midie des Massyliéens, naguère con Gnsnes mas GOUVEBNEURS ne ces
.‘ondue avec l’Afrique. Pnov1NcEs.-—Le commandement des
Déumnnous nes pnovmces deux Mauritanies, nous avons à cet
oucsmsées PAR CLAUDE. —— Ainsi égard un témoignage formel, était at
Claude aurait, en l’an 42, pourvu à une tribué à de simples chevaliers, avec le
nouvellerépartition générale de toute la titre de procurateurs; la Numidie, tout
région d’Afrique en quatre rovinces: sembleyporter à le croire, n’eut qu’un
l’Afrique propre, la Numi ie, la Cé magistrat du même grade. L’Afrique
sarienne et la Tingitane; et l’on doit proconsulaire elle-même, sousle règne
raisonnablement faire remonter à éphémère de Galba son ancien pro
cette répartition une modification dans consul, se trouva accidentellement en
les circonscriptions jusqu’alors varia— tre les mains d’un oflicier d’un rang
bles de ces pays , de manière il ce que inférieur: le commandant militaire
les limites des provinces coîncidassent Caius Clodius Macer, poussé par les
désormais avec les délimitations eth intrigues d’une femme perdue, aux
nologiques dont nous avons signalé derniers jours de Néron, se révolta
les traces. Le fleuve Malua , presque dans cette province, y leva de nou
contigu au Molochath de Strabon , velles troupes, intitula de son nom
borne commune des Maures et des une légion ainsi formée , et se souilla
Numides Massésyliens, marqua la sé d’exactious et de cruautés tyranni
paration entre la Tingitane et la Cé ues; ce fut le procurateur Trébonius
sarienne; et l’Ampsagas, borne mu garucianus qui fut chargé par Galba
de la mission de le délivrer d'un tel
(') L'an 4e de notre ère. rival , et qui s’en acquitta par les
AFRIQUE ANCIENNE. 226
mains du centurion Papirius (*) : cette reconnaître et signaler Pison, l'infâme
exécution fut vue de mauvais œil; Bébius Massa, un des procurateurs
mais l'Afrique et ses légions ne firent d'Afrique(*). Après avoir reçu à Adru
ce endant point difficnlté de recon mète la nouvelle de l'accomplissement
na tre Galba, après avoir obéi à un de ses ordres (“), Festus courut à ses
maître de plus bas étage. A la fortune troupes , où il distribua arbitraire
de Galba succéda celle d'Othon: le ment les punitions et les récompenses,
procurateur Lucéius Albinus, à qui comme s’il venait d'étouffer une in
Néron avait confié le gouvernement surrection. Puis il s'achemine vers
de la Mauritanie Césarienne , et qui Eéa et la grande Leptis pour mettre
avait de plus reçu de Galba celui de la fin à leurs discordes.
Tingitane, se déclara pour le, nouvel EXPÉDITIONS nouxmas caaz LES
empereur; autant en lit Carthage à GxnamANras a1: LES É'rnIoPIaNs.-——
l'instigation de Crescens affranchi de Nées d’abord de quelques vols de ré
Néron, et son exemple entraîna toute coltes et de troupeaux entre paysans,
l'Afrique, qui n'attendit pas_,l’arrivée ces discordes étaient devenues sérieu
du proconsul Vipsanius Apronianus ses par l'ap el que ceux d'Eéa, se sen
qui lui était envoyé; mais les destins tant plus aibles, avaient fait à l'al
sont changeants. et Albinus, qui vou liance des Garamantes, gens indom -
lait, dit-on , s'approprier les deux tés et pillards, qui avaient porté la
Mauritanies et cave ir l’Hispanie pour dévastation et la terreur chez,les ha
lui-même, se vit dépouiller et tuer par bitants de Leptis. Festus, avec ses
Cluvius Rufus au nom de Vitellius. cohortes et ses escadrons, alla atta
quer et mettre en déroute les Gara
Événements divers en Afrique de mantes, auxquels il enleva tout le bu
puis Vitellius jusqu'à septime Sé tin qu'ils avaient fait, sauf ce qui déjà
vêre. avait été transporté par des sentiers
inaccessibles pour être vendu au loin.
Mauaraa DU PBOCONSUL PISON. C’est alors qu’on découvrit, ainsi que
-— L'étoile de Vitellius palit bientôt à nous l’apprenons de Pline, la route
son tour devant celle de Vespasien. appelée præter caput Saæi, qui con
L'un et l’autre avaient été proconsuls duisait chez les Garamantes par un
d’Afrique; mais le premier n'y avait chemin plus court de quatre journées.
laissé que de bons souvenirs; le second Quelques expéditions eurent lieu
au contraire s’y était fait des enne encore de ce côté, sur lesquelles nous
mis par sa sévérité : le proconsul actuel n'avons que des indications insuffisan
Lucius Pison se montrait neutre en tes et incorrectes : il est permis de se
tre les partis, mais fidèle à son de demander, par exemple, comment le
voirmtandis ne le lieutenant impé nom des Nasamons eut se trouver
rial Valérius ‘estus, d'abord partisan rapproché dans un in me récit de ce
déclaré de Vitellius , ne tarda point à' lui de la Numidie, dont le commandant
travailler activement pour Vespasien; Flaccus aurait é rouvé un échec de la
et comme Pison avait fait exécuter le part de ce peup e, et en aurait pris
centurion Papirius, le meurtrier de
Clodius Macer, envoyé pour l'assassi (') le récit de Tacite démontre‘ qu'il
pouvait y avoir ‘a la fois dans une même
ner lui-rîme‘, Valérius Festus y sup province un proconsul et des officiers
pléa en c argeant de la même com ayant respectivement le titre de légals et de
mission quelques cavaliers auxiliaires; procurateurs: il ne faudrait donc pas, de
on sait le dévouement de cet esclave la mention isolée du légat ou du procura
qui, devinant leurs sinistres desseins, teur d'une province sénatoriale, conclure
se fit passer pour son maître: dévoue que cette province eût cessé d'être procon
ment inutile, car il y avait là, pour sula'l'e.
(") Au commencement de l'an 70 de
(') L'an 68 de notre ère. notre ère.
15° Livraison. (ArarQUa ANCIENNE.) 15
326
immédiatement sa revanche: c’est le Insunnecnons nes MAURES. —
compilateurzonare qui nous rapporte Sous Adrien nous voyons , dans les
cet événement comme l’effet d'une maigres histoires qui nous sont par
réhellion des Nasamons (*) contre les venues de ce temps, les Maures se
exactions des collecteurs romains : ne soulever (*) , leur gouverneur Lusius
semble-t-il pas que sous ce nom de Quiétus, dont l’empereur se défiait,
Nasamons il faille chercher celui de rappelé à Borne, et Martius Turbo
quelque peuple lus voisin de la Nu envoyé en Mauritanie pour le rempla
midie, et plus s rement inscrit parmi cer et y réprimer l’insurrection. Mais,
les sujets de Berne? Quoi qu’il en soit qu’elle fût mal étouffée, soit que
soit, il est à croire que ce Flaccus dé de nouvelles circonstances excitassent
signé ar Zonare comme chef de la de nouveaux troubles , les Maures
Numi ie, est le même que Septimius étaient encore soulevés quand Adrien,
Flaccus mentionné par Marin de Tyr au milieu de la grande tournée qu’il
comme étant venu en armes d’Afrique faisait dans les provinces de l’empire,
en Éthiopie jusqu'à trois mois de vint en personne les faire rentrer dans
route au sud des Garamantes. Marin le devoir (**), ce qui‘ lui valut les féli
citait en même temps une expédition citations solennelles du sénat. Plus
de Julius Maternus qui, venu de Lep tard (***) il vint aussi faire un voyage
tis à Garama, avait ensuite marché dans. l’A rique propre, et suivant l'ex
quatre mois au sud, en compagnie du pression de son biographe S artien,
roi des Garamantes , jusqu’au pays il octroya aux provinces a ricaines
d’Agisymba , patrie des rhinocéros. nombre de bienfaits : nous savons par
Nous n’avons sur ces faits aucun au une inscription qu’il fit paver la route
tre renseignement. de Carthage à Théveste. Peut-être
LA cause DE LA PROVINCE D’A était-il accompagné,dans ce voya e,de
FBIQUB PLAIDEE un TACITE m la princesse Matidie nièce de rajan
PLINE LE JEUNE. — L’Afrique, pres et sa propre belle-mère, pour laquelle
surée par ses gouverneurs, éleva quel il professait la plus haute considéra
quefois la voix contre leurs exactions; tion; toujours est-il que le nom de
le proconsul Marins Priscus et son lieu cette princesse resta attaché à diverses
tenant Hostilius Firminus, qui avaient localités, telles que Rusubbicari et
pillé la province et vendu la Justice, fu Pacciana dans la Numidie.
rent, sous Trajan, dénoncés au sénat, OBSERVATIONS SUR LA CIBCON
poursuivis et condamnés; cette cause lit SCBIPTÏON mas pnovmcns AFRICAI
du bruit et nous est si nalée par cette mas AU TEMPS D’Annmn. — Il n'ap
circonstance remarqua le , qu’elle fut paraît d‘aucune modification appor
poursuivie par Tacite et Pline le Jeune tée par Adrien à la division de ces
en présence de Trajan lui-même, pen provinces; mais il semble que la na
dant trois longues séances, et que ture des choses dût amener insensi
Pline y occu a la tribune pendant cinq blement une subdivision de la vaste
heures d’hor oge sans désemparer. Le étendue de l’Afrique proconsulaire, et
proconsul, coupable de concussion et l'on en découvre l’indice précurseur
de forfaiture, fut exilé, mais sans être dansl’énumération qu’Appien,au proè
dépouillé de ses honteuses richesses, me de ses Histoires, nous fait des pos
et Juvénal put à bon droit flageller sessions de Rome, où il compte tour à
dans ses vers cette vaine justice (“'). tour distinctement les Mates , les
Numides, les Africains de Carthage.,
(') Un 87 de notre ère, d'après la chro et les Africains du littoral des Syrtes.
nique d'Eusèbe. Ptolémée , son contemporain , est
") - . . . . . . . . . . . . At hic dnmnatus inani
or Judicîo (quid enim ulvis infamil nummisi‘)
u Exul ab oetavh Marins bibi! , et fruitur diis (") L’an 117 de notre ère.
e Irntil: a! tu , rictrix pruvincia , ploras. : (‘"7 L'an na.
Juvi'uun, Salyres, I, 47. ('“) L’an r25.
AFRIQUE ANCIENNE. 227
us explicite encore à distinguer les d'inquiéter l’empire: Antonin refoula
jlles de la dépendance de Carthage, les insurgés dans I’Atlas et les força à
les villes de la dépendance d'Adru demander la paix (’); mais ils reparurent
mète, et les villes entre les deux Syrtes: sous Marc Aurèle, et poussèrent leurs
il n'est point déraisonnable de penser incursions. hardies jusqu'en Hispa
que chacune de ces fractions de la nie (“’), d’où les lieutenants impériaux
province roconsulaire était spéciale eurent à les chasser; ils étaient encore
ment con ée dès lors à un lieutenant en rébellion dans la Tingitane sous le
du proconsul. , _ règne d‘Alexandre Sévère (***), ni les
Peut-être y aurait-il lieu de croire fit heureusement rentrer dans e de
ne la Numidie elle-même‘, au lieu voir par les dispositions de Furius
e former une province compléte Celsus, qui sans doute était alors coma
ment constituée à part de l'Afrique, mandant de cette province. Les au
s'y trouvait réunie par intervalles, tres provinces de l'Afrique n'étaient
comme une ‘subdivision analogue aux pas non plus exemptes de troubles:
récédentes, avec un lieutenant pour Commode avait fait semblant de vou
a commander: ainsi s’expliqueraient loir s'y rendre en personne en l'année
quelques faits ultérieurs, dans lesquels 188; Pertinax, qui y fut, envoyé deux
on estétonné de voir mutuellement aux ans après comme proconsul, eut beau
prises les gouverneurs de l'Afrique et coup à souffrir des séditions.
des Mauritanies, sans aucune mention
de la Numidie qui devait pourtant sé Empereurs africains.
parer leurs territoires respectifs; ainsi
s'expliquerait aussi l’ex édition du SEPTIME Savane, Mscnm, Ém
commandant de la Numi ie (Noupiôiœ; GABAL. —- Septime Sévère , africain
&pxwv) Flacons contre des peuples de la lui-même et natif de la grande Leptis,
syrtique : il n'aurait fait ainsi que qui avait exercé la charge de légat du
passer d'un bout à l'autre de la même proconsul d'Afrique, eut soin , àson
province, au lieu de sortir de sa pro avénement à l'empire (*“*) , d'envoyer
vince pour aller guerroyer dans une dans cette province des légions pour
province voisine où il n'aurait eu au empêcher son concurrent Pescennius
cun droit de commandement. Quoi Niger de s’en emparer. Macrin, qui par
qu'il en soit, Ptolémée comprend en vint à son tour à la pourpre par le meur
effet la Numidie dans les limites de tre de Caracalla ("‘***), était un Maure
l’Afri ue propre, ce ui vient à l'appui de la Césarienne qui s'associa aussi
de l'a servation pr cédente; mais il tôt son jeune fils Diaduménus, dont le
lui donna spécialement le titre de pro règne éphémère semble avoir laissé
vince (’E-napxia), qu’il refuse aux autres une trace en Nuniidie dans le nom de
subdivisions de son Afrique, ce qui Diadumène accolé à celui de la station
constate en même temps une sépara militaire Ad Basilicam près de Lam
tion administrative plus tranchée. Quoi bèse. Élagabal qui leur succéda était
qu’il en soit, nous avons une preuve le fils'de Sextus Varius Marcellus, an
expresse et directe de la séparation cien gouverneur de la Numidie et
complète sous le règne d'Antonin, commandant de la légion Troisième
dont une constitution recueillie ar le Auguste, sous Septime Sévère : il sem
jurisconsulte Tryphoninus et cit e d'a hlait que I'Afri ue eût alors le privi
près lui dans le Digeste de Justinien, lége de donner a pourpre, sinon à ses
est adressée à Tuscius Fuscianus le’
gat de Numidie, c’est-à-dire lieute (') L'an :38 de notre ère.
nant impérial ayant le commandement (") L'an r70.
de la province militaire ainsi dénom ç”) L'an 234.
mée. ( "' L’an 173; c'est en l'année 172 qu’il
NOUVELLES lnsunn c'rlons mas avait été légat d’Afrique.‘
MAUBES.—- Les Maure .continuaient (""3 L'an 2x7.
15!
228
propres enfants, du moins à ceux dont ce choix (‘); mais le gouverneur de
elle devenait la patrie d’adoption. La Mauritanie Capellianus, ennemi per
proclamation des Gordiens en offrit sonnel de Gordien , et qui venait d'é
un nouvel exemple. tre destitué par lui, se mit en marche
Les mois GonnIsNs.-—Marcus An avec les nombreuses troupes qu’il avait
tonius Gordianus Africanus, qui avait sous ses ordres pour contenir la tur
été, en l’année 229, le collègue de l’em bulence des Maures, et se dirigea vers
pereur Alexandre Sévère dans son troi l’Afrique afin de soutenir la cause de
sième consulat, fut envoyé l’année sui Maximin; Gordieu lejeune alla au-de
vante, comme proconsul en Afrique, vant de lui , mais il fut défait ct tué;
par le sénat, qui plus'tard lui désigna et son père, à cette nouvelle, mit lui
son propre fils pour lieutenant. Sept même fin à ses jours, six semaines
années s’écoulèrent en paix sous le après sa proclamation. Mais un troi
gouvernement de Gordien, toujours sième Gordien, son petit-fils, fut aus
rorogé dans son proconsulat; mais sitôt amené à Rome par ordre du sé
e meurtre d’AIexandre Sévère avait nat, et déclaré césar, puis auguste.
frayé à Maximin le chemin du trône Onsnnvnxou son LA Nourri
impérial, et les partisans de ce prince nu nôLs PROVINCIAL DE LA Nuan
dur et grossier changèrent la face du ms DANS LES TROUBLES DE L'Arnt
pays (‘) : un procurateur rigoureux et QUE A CETTE ÉPOQUB. — Sabinianus,
avlde, tancé par le proconsul et le lé proconsul d’Afrique, ayant voulu ,
gat, s’emporta contre eux en menaces, quelque temps après ("*), tenter une
et les Africains, ne le pouvant souf insurrection dans sa province, à son
frir, le tuèrent et proclamèrent empe ro'pre bénéfice, le commandant de
reur, à Tysdrus, le vieux Gordien lui a Mauritanie, contre lequel il avait
méme, malgré sa résistance, ainsi que d’abord en l'avantage , le repoussa vi
son fils, et le sénat de Rome confirma goureusement, réduisit les rebelles à
livrer le coupable, et de cette manière
(') Cependant le nom de Maximin se mit lin à la révolte.
rattache, en Afrique, à des travaux uliles, Ainsi entre le premier Gordien et
ainsi que le prouve l’inscriplion suivante , Capellianus, entre Sabinianus et le
qui se rapporte à l’an s36 : commandant de la Mauritanie, on voit
1H1‘. (‘.AESAR (l. XVLIVS naître des collisions directes, comme
VERVS MAXIMINVS PIVS s’il n’existait point entre leurs gou
FELIX AVG. GERM. MAX. SAR vernements respectifs une province de
IAT. MAX. DACICVS MAX. POX. Numidie à traverser ; ce endant nous
MAX. TRIB. POTEST. I". IMP. V. avons en même temps , t ans un autre
C. IVLIVS VERVS MAXIMINI F. 80
ordre de faits, des témoignages cer
BILISSXMYS CARS. I‘RINCEPS tains de l'individualité provinciale de
IVVENTVTIS GERM. MAX. SAR
la Numidie: le christianisme, dès
MAT. MAX. DACICVS MAX.
longtemps introduit et propagé en
VIAM A KARTHAGINE VS
QVI AD [IRIS FVMI‘DIA!
Afrique, avait fondé de nombreuses
PROVINCIAI LONGA INCVRIA
églises , ont les pasteurs , décorés du
CORBrVI‘TAM ADQVE BILA!’
titre d’évêque , se réunirent fréquem
RAI RISTITYERVNT. ment en conciles 2 une assemblée de
soixante-dix évêques se tint à Car
- L'empereur et césar Caius Julius Vérus Mexi
nminns Pins Félix, auguste, le Germanique. le thage dans l’une des dernières années
u Sarmatique, le Dncique, grand pontife, revêtu de du deuxième siècle, et saint Cyprien
a la puissance tribunitienne pour la troisième fois, énonce que ces prélats appartenaient
se empereur triomphant pour la cinquième fois; et
u Caius Julius Verus , fils de Masimin Auguste. à la province d'Afrique et a la Numi
I très-noble César, prince de la jeunesse , le Ger die; lui-même réunit en 254 un con
«mnniq'nàl, le Sarmuiqne, le Dacique; ont r.’
« tabli la route de uis C ‘go jusqu'auk fron
u fières de la Numi __i|- mune longul négligence ‘) L'an n37.
u nuit laisse‘ dégrader p dépérir. un ") L’an n40.
AFRIQUE ÀNCIENNE. 220
cile de soixante-onze évêques tant de alors que Florianus, proclamé par le
la province 'd’Afriaue que de la Nu sénat, était reconnu dans l’Europe,
midie, et il prési a en 255 un autre l'Afrique et l’Asie Mineure, tandis que
concile de quatre-vingt-cinq évêques, le premier avait pour lui le reste de
dont les actes nous sont parvenus, et l’Asie avec l’Égypte; l'empire se trou
constatent qu’ils étaient de la pro va.un moment partagé, ainsi qu’il l’a
vince d’Afrique, de la Numidie, et de vait été aux temps des Triumvirs , et
la Mauritanie. que Caracalla avait eu dessein de le
LB TYnAN CELSUS. -- Alors que partager avec Géta , en deux grandes
de toutes parts s'élevaient dans l’em divisions. qui allaient bientôt se re ro
pire ces prétendants éphémères que duire d’une manière plus dura le,
l’histoire a dédaigneusement appelés jusqu’à se perpétuer enfin sous les
les trente tyrans. l’Afrique eut aussi noms d‘Empire d’Occident et d’Empire
le sien , plus misérable encore que d’Orient: et dès ce moment la région
les autres: le'proconsul Vibius‘Pas d’Afrique demeura comprise dans la
siénus et le duc de la frontière libxy division occidentale. Carus, en partant
que Fabius Pomponianus s‘ingére en 283 pour l’Orient avec ,Numérien,
rent, en 265, de proclamer auguste laissa à Carinus l’Italie, l’lllyrie, l’A
un ancien tribun rentré dans la vie frique et le reste de l’Occident, pour
privée et cultivant ses terres , nom les gouverner avec la plénitude de
mé Celsus; on le revêtit, pour l’i« l’autorité impériale. Quand Dioclétien,
naugurer, du manteau de pourpre de en 286. se fut donné pour collègue
la Déesse Céleste de Carthage; mais la llIaximien-Hercule, il lui lit un apa
semaine était écoulée à peine, que son nage dans lequel se trouvaient l’Ilalie,
cadavre était livré aux chiens par les l’Afrique et l’flispanie; puis , en 292,
habitants de Sicca, endant qu'on le les deux augustes s‘associant deux cé
crucifiait en effigie. 1\ous voyons, dans sars, Maximien-Hercule partagea son
ce récit de Trébellius Pollion , figurer lot avec Constance-Chlore son en
pour la première fois un duc de fron dre, àqui il abandonna tout l’Occi ent
tière; la frontière libyque qui/lui est au delà des Alpes, et peut-être même
attribuée > doit probablement s'enten la Tingitane comme annexe de I’His«
(Ire de celle de l’Afrique proconsulaire, panic, se réservant l’Italie et l'Afrique
du côté de la Libye propre ou de la avec les îles intermédiaires.
Libye intérieure; c’est de la même MAXIMlEN-HEBCULE MAITRE DE
charge sans doute qu’était revêtu sous L’AFBIQUE, Y MULTIPLIE LE NOM
Aurélien un Firmus cité par l‘histo nnE mas ‘PROVINCES. —— L’attention
rien Vo iscus comme duc de la fron de Maximien, excitée d’abord par les
tière a ricaine, en même temps que querelles intestines des Maures ("),
proconsul. Probus. qui depuis fut em eut à se préoccuper bientôt plus sé
pereur, avait été chargé par le même rieusement de leur insurrection; c’é
prince d’apaiser des troubles ‘à Car taient de sauvages montagnards can
thage, et depuis son élévation a l’em tonnes entre Saldes et Rusuccurum ,
pire lui-même chargea Sextus Julius formant une association de cinq peu
Saturninus, qui fut plus tard son com plades désignées en commun par le
pétiteur, de délivrer l’Afrique des nom de Quinquégentiens, et qui se
Maures qui l’avaient envahie. croyaient à l’abrl du joug dans .ces
retraites inaccessibles , défendues par
VI. ADMINISTRATION ROMAINE DE la nature elle-même ; leur‘ révolte
PUIS L’oneANrsA'rIoN Pnovm semble se lier à celle d’un préten
CIALE DE MAXlMlEN-HEBCULE Jus dant nommé Julien, d’ailleurs incon
QU'A. CELLE n’noNonms.
(') « Furit in viscera sua gens effrena
Divers partages de l'empire. Maurorum. » (Museau-m , Pane‘gyrique ,
A l’avénement de Probus, en 276, .III, 17.) Ceci se rapporte à l’an 291.
230
un (f): Maximien, comme naguère toire au uel resta le nom d’Afrique se
dans les mêmes lieux le gouverneur trouva ainsi composé de six provinces
français de l’Algérie, pénétra dans se succédant d'ouest en est en cet or
leurs repaires, les battit et les reçut à dre : la Mauritanie Césarienne depuis
merci; mais pour prévenir de nou le Malua jusqu’à Saldes, la Mauritanie
veaux soulèvements, il les transplanta Sitifienne depuis Saldes jus ’à l’Amp
ailleurs. D’autres tribus, voisines des sagas, la Numidie de uis lAmpsagas
Syrtes, furent plus o iniatres ou plus jusqu’à Thabraca, l’A rique propre de
heureuses, et échapp rent ‘a son auto uis Thabraca jusqu'à Horréa-Célia
rité C“). a Valérie ou B zacène depuis Horréa
On suppose que ce fut alors que Célia 'usqu’au euve Triton, et enfin
Maximien-Hercule effectua la subdivi la Sugventane (subsidiaire) ou Tripo
sion de l’A frique proconsulaire en trois litaine depuis le Triton jusqu’a la Cy
provinces distinctes,‘ ayant respective rénaïque : ces six provinces formaient
ment pour capitales Carthage. Adru ensemble un diocese gouverné par un
mete et la grande Leptis; et qu’il vicaire du préfet du rétoire; quel ti.
subdivise en même temps la M auritanie tre était alors affecté) au commandan
Césarienne en deux provinces dont les de chacune de ces provinces , des
chefs-lieux furent Césarée et Sitifis; chose malaisée à définir: on sait seu
la Numidie conservant son territoire lement que l’Afrique propre demeurait
intégral et sa en itale Cirta. Quant à affectée à un proconsul; uant aux
la Tingitane , el e était probablement autres, on trouve bien dans e code de
déjà annexée à l’Hispanie. Le terri Justinien, une constitution impériale
adressée en 295 à un Concordius pro
(") c Africain Julianus ac natlones Quin consul de Numidie; mais ce n’est peut
quegentauæ graviter quatlebant. - (Aun être que l’erreur d’un copiste peu ha
uvs Vie-ton, des Césars, xxxrx, 3.) — Il bile à distinguer l'abréviation du titre
ne peut être question là de Sabinus Julia de procurateur de celle de proconsul;
nus soulevé ans la Vénétie et tué par quelques années après nous trouvons
Carinus, ni de Julien proconsul d’Afriqne la mention d’un consulaire de Numi
luquel est adressée une loi du 3x mars 296
contre les Manichéens, ni probablement de die, et un peu plus tard les monuments
Julien soulevé en Italie. Les médailles du épigra'phiques donnent à la Numidie
temps nous montrent un Quintus Trebonius un légat propréteur, et à la Valérie
Julianns et un Marcus Aurélius Julianus, Byzacène un præses.
dont l'un était sans doute le tyran africain. Tvnxnmns n’ALsxANnns et on
l'autre celui d’ltalie; mais nous n'avons Mnxsnce. -— Quand les césars Cons
aucun indice pour reconnaître celui qui tance-Chlore et Galère furent procla
nous intéresse. mes augustes à la place de Maximien
(") Nous voulons parler des HilaËuns ou Hercule et de Dioclétien ui abdi
Ilasguas, qui jouent un grand rôle ans les quaient, et qu'ils eurent 21 eur tour
vers de Corippe, où on les voit répéter pour associés comme césars Sévère
Ions cesse 3 et Maximin , Constance-Chlore mit
c Non quantùm flillglnh sous l'autorité directe de Sévère les
t Notns mnrtc tibî, qlem unln fnma pennnis
u Prise: cnnit? cujus jàm Mnxi-ianus in armis diocèses qui avaient été le lot de
« Antiques persensit avos, Romani per urbain Maximien-Hercule. Mais Maxence ,
et Sceptre tenons, Lntii princeps ! fils de ce dernier, ayant battu et me
Johannide, I, 478. Sévère pour se substituer à lui, pré
I lmpcrium vicérc patm : non vincere nostrol
a Maximianus nvos, Romani fortin regni tendit se faire reconnaître en Afri
u Scepîu tenens, potuit. que: elle leva alors l’étendard contre
16:21., IV, 831. Maxence et proclama auguste le pan
c les: Mu'lnianus apmu nonien Alexandre (') qui avait été
I Bis potnit conter" menus, cùm neptn tendre!
« Bomnni princeps populi. victorque per omnes
ni Pœnomm sentes hell‘u transmet acerbis. a (') L'an 308; c'est en 304, et peut-être
1bid., v1, 530. auparavant, qu’il était comte d’Afnque,
AFBIQUE ANCIEN NE. 231
quelques années auparavant comte nius, l'une par les décurions de Tabu
militaire de l'Afrique et avait ensuite dis, l'autre par la colonie Bisica Lu
été promu au grade de vicaire ou lien cana.
tenant général du préfet du prétoire Quand tout l'empire fut réuni sous
dans tout le diocèse: il conserva ainsi le sceptre de Constantin', et qu'en l'an
son gouvernement dans une complète née 326 ce monarque en régla l'orga
indépendance pendant trois années ,' nisation en uatre réfectures préto
au bout desquelles Maxence, devenu riales , l’A riqn’e ut comprise avec
plus fort,«envoya contre lui Rufus l‘Italie et les îles intermédiaires dans
Volusianus son préfet du prétoire, et l'une de ces grandes divisions territo
Zénas général expérimente, qui le bat riales; nous avons à cet égard un té
tirent, le poursuivirent et l'assiégèrent moignage exprès deZosime, qui men
dans Cirta où il s'était réfugié, em tionne en outre la séparation ui fut
portèrent la place qui fut saccagée, faite alors de l'autorité civile aissée
et s'étant emparés'd Alexandre , le fi aux préfets du prétoire, et de l'autorité
rent étrangler: les lus considérables militaire réservée aux maîtres de la mi
des rebelles furent épouillés de leurs lice", mais nous ne connaissons rien
biens et sacrifiés; Carthage elle-même de précis quant à la hiérarchie qui fut
fut pillée et incendiée , et toute l'A en même temps établie dans chaque
frique ruinée. Constantm le Grand, branche des services publics, quoique
qui l'année suivante ôta à Maxence nous sachions d'ailleurs, par quelques
l empire et la vie, envoya en Afrique, indices épars, qu'il y avait, dans le
comme une sorte de satisfaction, la diocèse d'Afrique, un vicaire, un ro<
tête du tyran qui l'avait dévastée; il consul, des consulaires, un consei gé
fit réédifier Cirta qui prit désormais néral des provinces, et des conseils pro
le nom de Constantine, et il fit distri vinciaux distincts, un comte , des
buer dans les provinces des indemni ducs, etc. Dans la. distribution que
tés et des aumônes par les mains de Constantin fit de ses états en 335 à
l'évêque de Carthage.’ ses trois fils et ses deux neveux, l'A
SONT DE L’ArmQUE DANs LES 1)! frique fut attribuée à Constant avec
vans PARTAGES DE LA FAMILLE DE l'Italie et l’Illyrie; mais lorsqu’après
CoNsrANnN. — Bien que, dans le le meurtre de Delmace etd’Annibalien,
partage qu'il fit en 314 avec Lici les trois empereurs procédèrent en 338
nius, Constantm se fût réservé la à un remaniement général de leur par
possession de‘ l'occident , néanmoins tage, l'Afrique devint un sujet de dis
comme ce partage n'était à propre corde entre Constant qui la possédait
ment parler, ainsi que nous en avons déjà, et Constantm le Jeune qui pré
précédemment fait l'observation gé tendait l'avoir: il y eut même, suivant
nérale. qu'une distribution des par quelques critiques, soit un ‘,morcelle
ties d'un même empire entre des col mentvpar lequel Constanti’n obtint la
lègues (possédant en commun un pou proconsulaire pendant que Constant
voirin ivis et solidaire, il ne faut point gardait la Numidie, soit une alterna
être surpris de ‘trouver en Afrique des tive de possession, pendant laquelle
monuments Iapidaires en l'honneur du Constantm, en 339, agissait en maître
prince dans le lot duquel elle n'était à l'égard des provinces africaines, que
pas comprise, mais qui n'en avait pas Constanttenait encore en 338 et'avait
moins, pour elle comme pour tout le déjà reprises en 340 avant que, la que
monde romain, le titre et l'autorité relle des deux frères étant vidée par
impériale : on a ainsi relevé, dans les les armes, Constant vainqueur s'empa
environs de Tunis, deux inscriptions rât de tout l'héritage de Constantin.
des années 313 et 318 dédiées à Lici Magnence ayant en 350 usurpé le trône
deConstant, qu'il fit assassiner, l'A
c‘est-à-dire légat ayant le commandement fri ne le reconnut pour_ maître jus
des troupes. l
qu'a ce que Constance vint en 352 le
282
punir de son usurpation, et demeurer le». corrompt et le gagne; une troisième
ientôt seul possesseur de tout l’em incursion des Austuriens porte dans
pire. Constance à son tour vit Julien la Tripolitaine le carnage et’la désola
saisir le sceptre dans les Gaules; il tion, et Leptis dépêche à l'empereur
voulut défendre contre lui l'Afrique , de nouveaux députés pour lui exposer
et y cave a pour cet objet Gaudence, les doléances de la province; mais Va
sur la fid lite duquel il pouvait comp lentinien, prévenu par de faux rap
ter; mais la fortune de Julien l'em ports, défère la connaissance de toute
porta enfin. et l’Afrique, conservée à cette affaire à Crescens vicaire d’A
Constance tant qu’il vécut, fut remise frique (*), et de honteuses manœuvres
après sa mort à son successeur. amenent des rétractations par suite
INCUBSIONS nes MAURES AUSTU desquelles Ruricius gouverneur de la
RIENS; PBÉVARICATION ou cours Tripolitaine est condamné comme
ROMANUS. — Valentiuien, parvenu ayant fait un rapport entaché de men
à l’empire en 364 , céda I’Orient à songe et d’exagération, et est exécuté
son frère Valens, et se réserva pour à Sitifis ; d’autres innocents sont aussi
lui-même l'occident: l’Afrique était mis à mort à Utique. Et la Tripoli
alors en proie aux courses des Aus taine, saccagée. ensanglantée, fut ré
turiens et autres nations maures duite à une silencieuse résignation.
ques, dont l’insolence était augmen Mais le jour de la justice devait arri
tée par la lâcheté et l'avarice du ver plus tard : la conduite de Roma
comte Romanus, plus habile encore nus fut dévoilée à Théodose pendant
que les barbares àruiner les provinces son ex édition contre Firmns, et le
qu’il était chargé de défendre, mais qui coupabe renvoyé devant l’empereur
se fiait pour l'impunité de ses rapines, pour recevoir son châtiment.
à sa parenté avec le'maitre des offices,
son chef immédiat et ministre de l’em Guerre contre Firmus.
pereur. Cet état de choses avait pré
cédé l'avènement de Valentinien: la INsunnscnoN m: Fmmus; L);
fureur des Austuriens avait été pro cours 'l‘néonosn E81 nNvoYÉ CON
voquée par le supplice d’un des leurs arns LUI. — Nubel, un des chefs les
qui s'était rendu coupable de méfaits plus puissants des tribus mauresques,
dans la Tripolitaine; sous prétexte de étant venu à décéder, son fils Zamma
le venger ils étaient venus piller et in qui avait lié amitié avec le comte Ro
cendief les faubourgs mêmes de Leptis. manus, fut tué par son frère Firmus,
Le comte, appelé par les Leptitains , contre qui le comte envoya des rap
vint avec ses troupes, mais refusa de rts passionnés , aussitôt remis à
marcher à l’ennemi si on ne lui four ’empereur par le maître des offices,
nissait d’immenses provisions et qua qui supprimait au contraire, on re
tre mille chameaux ; c’était au delà de tardait la communication des mémoi
leurs facultés, et le comte s’en retour- , res justificatifs de Firmus; celui-ci,
na; les malheureux eurent recours à inquiet pour sa propre sûreté, se ré
l'empereur, mais le maître des offices volta et commit des dévastations pour
rendit leurs plaintes vaines, et dans la.répression des uelles Valentinien
l'intervalle les barbares, envahissant envoya le comte T éodose, maître de
la Tripolitaine, vinrent porter de nou la cavalerie, avec quelques troupes de
veau le ravage et la mort sur le terri sa garde.
toire de Leptis et d‘Ééa: et le gouver Ce général, débarqué sur la côte
neur de la province, Ruricius, n’yput
mettre aucun obstacle, parce que ses (') L’an 369. Morcelli rapporte à cette
pouvoirs militaires venaient d’étre affaire une loi du code 'l‘héodosien quilaisse
transférés au comte: cependant l'em les frais du retour dans leur province aux
pereur envoie son secrétaire Palladius députés dont la mission n'a point été jus
pour vérifier les faits, mais Romanus tifiée par des motifs suffisants.
'-" - ,ÇL‘JÜ'Î? ‘ '3'... ‘Ü’ -' x' ‘:‘n W --u' ‘.4!
belle église à la Vierge. Comme c’est « Sous le règne de nos seigneurs très
là que commencent ses États, il a fait « chrétiens et invincibles empereurs J ustin
c et Sophie , augustes, cette fortification a
en sorte que cette forteresse soit inex
« été bâtie par le très-excellent préfet Tho
pugnable. » « mas. n
Dernière période de la domination Acette époque aussi les Garamantes
byzantine. demandèrent d’être reçus dans l'al
liance de l’empire et dans la foi chré
PROLONGATION DE LA PAIX. — tienne,ce qui leur fut aussitôt accordé.
Après quinze années de profonde NOUVELLES INSUBRECTIONS nes
paix, une faute analogue à celle qui MAURES. — Les guerres que la sa
avait causé la révolte d’Antalas vint de esse du préfet Ihomas avait étouf
nouveau troubler l’Afrique. Le préfet ées sans recourir aux armes devaient
du prétoire Jean Rogathinus voulut éclater plus cruelles sous ses suc
supprimer les coutumes annuelles qui cesseurs moins conciliants et moins
étaient payées au maure Coutzinas habiles que lui. A la tête des Mau
comme prix de sa fidélité, et il fit as res se trouvait un homme d’une
sassiner ce chef dans Carthage quand grande énergie que malheureusement
il y vint pour les réclamer (*); ses fils nous ne connaissons que par les an
s’insurgèrent aussitôt, ne respirant que notations si brèves et si sèches des
la vengeance, et se mirent à dévaster chroniques de ce temps. Jean de Val
le pays : Justinien fut obligé d’en clara seul nous parle du farouche Gas
voyer, avec des troupes, pour rétablir mul; quatre fois ‘il nous entretient
la tran uillité, son neveu Marcien maî de ses sanglantes prouesses contre les
tre de a milice, auquel ils se soumi Romains, et tout ce qu’il en dit se
rent; et la aix fut ainsi de nouveau trouve contenu dans ces froides an
assurée pen ant quelques années. nales de quelques lignes: « En 568
C’est peu de temps après sans doute « Théodore préfet d’Afrique est tué
ne fut nommé préfet du prétoire « par les Maures; —— en 569 Théoctiste
’Afrique, Thomas, célébré dans quel u maître de la milice des provinces
ques vers de Corippe comme le res africaines est défait et tué par les
Iâflflââflfl
‘1092-100
5'20
B-r-T
uçqmmmummn\mww\\nuu\nuw“unuuuu“ge nus‘ au uauumuu“mv“.“..m“
Pages.
Im-nonmrrxon.................................................... os coe eq a m vun u
Pnnxtènnssc'rron:DusoldeI‘Afrîqne................................
SI.Vuegénéraledel'lfl'ique.....................................
DénominationsdeI‘Afrique....................................
SILAspects!constitutionphjsiguenn...........................
Sitnation,figure,étendue.....................................
Dépendances................................................
Mersambiantes,courants.....................................
Ventsréguliers..............................................
Golfesetcaps...............................................
Versantsetreliel‘sgénéraux,flenves.............................
Lacs . . . . . .................................................
Montagnes.................................-................
Plainesetterrasses...........................................
SIII.Histoirenaturelle.......................................... I
Règneminéral.............................................. l0
Constitutiongéognostiqne.................................. 1o
Oryctognosie............................................ 1o
Climst.............................................. ..... rr
Végétation................................................. n
Zoologie.................................................. la
Invertébrés. ............................................ :3
Poissons................................................ x3
Reptiles................................:............... r3
0iseanx................................................ r4
Mammifères............................................. x4
Ssconps sec-non:Despenplesal‘rîcaim............................... :6
S I. Etlmologi'eafl'icaine........................................ x6
Mnltiplicitédesrnceshumaines................................. I6
Grandes divisions du genre humain..‘. . . . x7
Classificationdesrncesafricaines................................ 18
S Il. Linguistique africaine...................................... 20
Considérations générales sur les indications linguistiques. . . . . . . . . . . . . ao
Classification artificielle des langues africaines...................... 20
Langues africaines considérées sous un point de vue cobésif. . . . . . . . . . . 2!
Langues africaines considérées'sons un point de vue dincritîque. . r. . . . . au
Écrituresafricainesnn..................................'..... 23
5 III. Émtsocialdesperqzlesafricains............................. :3
Religions del'Afrlque...............;........................ a3
Échelle de la civilisation africaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . "14
Orgnnisationpolitiqne............................
262
51V. Histoiredel'dfriqueun............. .......... a5
Traditions fabuleuses , hypothèses conjecturales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . a5
Indices historiques, sur l'origine, les migrations et les révolutions politi
Origine etvhistoire
ques des ancienne. des
peuplesnègres. . . Égyptiens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . a6
37
Origine et histoire ancienne des populations atlantiques.. . . . . . . . . . 28
Domination musulmane en Afrique. . . . . . . ’9
Tnorsxùns “monzDél’étudedbl‘Al’rique..:..........................
S I. Explorations et découuertesnn....-.........................
Anciennes circnmnavigations . . . . . . . . . . . . ..... .
Connaissances des anciens sur l’inte‘rienr de l’Afrique. . . . . . . . . . . .1. . . .
Connaissances‘géographiques des Arabes sur le continent africain. . . . . . .
Navigations des peuples modernes autour de l'Afrique. . . . . . . . . . . . . . . .
Derniers voyages d'exploration et de découvertes dans l'intérieur de l'A
friqne.'........; "
....'o...o..6i.-.......
Exploration des îles africaines. . . . . . . . . . . . .
S Il. Distributiongéographique du sol afi'ic‘ainnunn................
Systèmes antérieurs . . . . ......................................
Régions ausud del'équateur.......................;...........
Kégionsannord del’équatenr..................................
Iles africainesn"... .. .....-..-.---........-..-.......so.4..
5 III. Plange'ne’raldel’ouvrage...................................
Afrique ancîenne..............
États barbaresqnes.......... ...... ........................ ...
Égypteancienne..'...........................................
Égyplemoderne;Éthiopien”.................................
Nigritic................... ....
Ilesdel'Afrique.............................................
AFRIQUB ANCIENNE
INTRODUCTION.
PREMIÈRE PARTIE.
LA LIBYE PROPRE, COMPRENANT LA CYRËNAÏQUF. ET LA MARMARIQUE.
sI.Dsscmr'rrosr........'............... . . . . . 67
r.LesoI....... . . . . . . . . . . . . . . . ....... 67
Limites générales, politiques et physiques; dénominations.... ........ 67
Limites politiques de l'ancienne Libye . . . . . . . . ........ ......... 67
Limitesnaturclles oupbysiques.............................. 67
Dénominationsdiverses du pays............................. 68
Description de la Libye supérieure ou Pentapole cyrénaique.. . . . . . . . . . 68
Territoire etvilles de laPcntapole . . . . . 68
Villes , bourgades et autres lieux dépendants de la Pentapole. . . . . . . 68
Productions naturelles du plateau cyrénéem. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Description de la Libye inférieure ou Marmariquen . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Première terrasse , au-dessns du Grand Catabatbme. . . . . . . . . . . . . . . 69
Seconde terrasse , air-dessous du Grand Catabatblne. . . . . . . . . . . . . . 69
s.Le:Imbirant: 69
Description des populations indigènes au ve siècle avant l'ère vulgaire. . . 70
Adyrmachides , Giligammes , Asbystes , Auskbises. . . . . . . . . . . . . . . . 70
Nasamons, Psylles........................................ 7o
Populationsdel‘intérieur.................. . . . . ............. 71:
MoeursetcoutnmesdesLibyens...... . . . . . . 7:
État des populations libyennes , depuis le premier siècle avant Jésus-Christ
jusqu'au deuxième siècle de notre ère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7a
Exposé de Diodore de Sicile au premier siècle avant notre ère. . . . . . . 7a
Exposé de Strabon au premier siècle de notre ère. . . . . . . . . . . . . . . . 7a
Exposé de Ptolémée au deuxième siècle de notre ère. . . . . . . . . . . . . . 73
Résultats comparatifs des notions qui précèdent. . . . . . . . . .l . . . . . . . . . . 73
Modifications organiques, et déplacements subis par les diverses tribus
libyennes............ . . . . ......... . . . . . ............... 73
Distribution relative des populations sur le territoire. . . . . . . . .' . . . . . 74
s Il. H1srom1't.................................................... 74
r.'11i.ttoirede1afbndation de Cyrène............................... 74
Origine des Théréens, fondateurs de Cyrène. . . .. .... .. . .. . . . . .. 74
LesAcbécns de la Laconie, premierélément de la population de Théra. 7‘
Second élément, les Cadméens réfugiés de Thèbes . . . . . . . . . . . . . . . 75
Troisième élément , les Mynicns réfugiés de Lemnos. . . . . . . . . . . . . . 75
FondationdclacoloniedeTbera. . . . .... 76
Causes de l'émigration vers Tbéra et de là vers Cyrène. . . . . . . . . . . . 7’;
Expéditions des Théréens pour la fondation d'une colonie en Libye. . . . 76
Traditions conservées à 'l‘béra; première reconnaissance de l‘ile de
. . . . 77
Séjour de Corobios; arrivée des colons a Plalée. . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Récit des Cyrénéens; origine crétoîse de Battos par sa mère. . . . . . . . 77
Battos conduit‘unecolonieà Platée........................... 78
Les colons quittent Platée pour Aziris, et arrivent enfin à leur desti
nation....................... . . . . . . 78
Traditions diverses relatives à la fondation de Cyrène... . . . . . . . . . . . . . . 79
Mythe poétique de la nymphede Cyrène.. . . . . . . .. . . . . .. .. . . . . . 7g
Récits recueillis par un ancien scboliaste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Version adoptée par l'historien Trogue Pompée" . . . . . . . . . . . . . . .4. 80
264 TABLE
Attribution prophétique de la possession du territoire de Cyrène, lors
Date
du probable
passage des
de laArgonantes...........
fondation de Cyrène.. . . -. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
mou............... . . . . .....
Description de l’oasis d'Ammom. . . . . . . . . . . . . . . . .
Alexandre consulte l'oracle et retourne à Memphis.. . . . . . . . . . . . . . .
Alexandre pourvoit à l'administration de l'Égypte et de la Libye. . . .
Histoire
Thimbron
de la tyrannie
appelé à Cyrène
deTbimbron......
par une faction;
. . . .ses
. premiers succès. . . . .
SECONDE PARTIE.
~L___.~_—__V_E IL ‘E v, , ._,._.__._k_ V k V_ .4
IMMIWWÆWËÆÎIMÆMMW
NORTHWESTERN
UNIVERSITY LIBRARY
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DINGO
Ce volume est le premier de la série consacrée à l'histoire et à la descrip
tion complète de toute l’Afrique. C’est pourquoi il s’ouvre par une Esquisse
générale, où l’on considère l’Afrique sous ses divers rapports d’aspect et de
constitution physiques, d’histoire naturelle, d’ethnologie, de linguistique,
d’état social, d'histoire politique, 'd’explorations et de géographie.
Si l’on excepte cette ‘esquisse générale, qui se compose d’environ cin
quante pages, tout le volume est consacré a la description et à l’histoire de
l’Afrique ancienne, depuis les temps les plusâreculés iusqu’à l’invasion arabe.
Après une introduction destinée à fixer la place, l’étendue et les grandes divi-4
sions de l’Afrique dans le monde connu des anciens, une première partie traite
de la Libye propre, comprenant-la Cyrénaîque et la Marmarique, tour à tour
royaume des Battiades, république turbulente, conquête des Ptolémées, pro
vince dans l’empire de Rome et de Constantinople, et dans l’Eglise d’Alexan
drie.
La seconde partie, consacrée à la région d’Afrique, comprenant l’Afrique
propre, où était Carthage, la Numidie et les Mauritanies, est précédée d'une
nouvelle introduction ayant pour objet la description de cette région au point de
vue de l'antiquité classique, la distribution générale des populations qui y
étaient répandues, et la question, très-difficile, des délimitations successives de
ses diverses parties.