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Plieux, lundi 17 août 2015, minuit dix.L’In-nocence et le NON ont publié ce matin,
conjointement, le communiqué suivant, n° :
« Sur le nouveau comportement des clandestins
« Le parti de l’In-nocence et le NON remarquent qu’en de nombreux points du
continent européen, et simultanément, les migrants, les clandestins, les prétendus
réfugiés ou de quelque façon qu’on les appelle, à mesure qu’ils deviennent plus
nombreux et donc plus forts, à mesure aussi qu’ils peuvent mieux se rendre compte
de la passivité des indigènes et de l’esprit de collaboration de leurs dirigeants,
deviennent plus violents, plus agressifs, plus sûrs d’eux et s’en prennent
physiquement aux forces de l’ordre. Ils révèlent ainsi leur vrai visage d’envahisseurs
et de conquérants mais le personnel politique, face à la pire invasion qu’ait eu à
subir l’Europe depuis des siècles, continue à parler absurdement, à l’instar du
président du Sénat M. Gérard Larcher, de “crise humanitaire”. À ce compte on ne
serait pas étonné si les manuels d’histoire, avec la servilité remplaciste qu’on leur
connaît, se mettaient bientôt à nommer les siècles des Grandes Invasions “le temps
des Crises Humanitaires”… »
Ce texte a aussitôt suscité cette réaction d’Alain Finkielkraut :
« Comment pouvez-vous dire, mon cher Renaud, que les gens qui fuient les
bombardements en Syrie et le service militaire illimité en Érythrée sont de pseudo-
réfugiés ?
« Faut-il être européen pour être un vrai réfugié ?
« Ne peut-on penser à la fois leur déréliction et la nôtre ?
« Il incombe à la politique d’affronter le tragique de la situation présente et non
de le fuir dans un passé balisé, que ce soit celui des années ou celui des Grandes
Invasions. Plus nous devons être fermes en matière d’immigration plus nous devons
aussi, me semble-t-il, éviter les raccourcis haineux. La maîtrise des flux migratoires
est indispensable. La dénonciation des hordes barbares qui déferlent sur la France
est indigne.
« En toute amitié.
« Alain »
J’ai sans délai répondu ceci :
« Cher Alain,
« le communiqué que vous évoquez ne vise pas spécialement “les gens qui fuient
les bombardements en Syrie et le service militaire illimité en Érythrée”, donc ni lui
ni moi ne disons ce que vous dites. Votre seconde question, “Faut-il être européen
pour être un vrai réfugié ?”, montre bien le caractère exagéré et, dirais-je,
polémique, de vos interrogations. Il n’est certes pas indispensable d’être européen
pour être un vrai réfugié, mais ce concept est totalement impuissant à rendre
https://www.renaud-camus.net/journal/2015/08/17 1/5
12/03/2018 Journal de Renaud Camus, lundi 17 août 2015
https://www.renaud-camus.net/journal/2015/08/17 2/5
12/03/2018 Journal de Renaud Camus, lundi 17 août 2015
« Alain »
À quoi j’ai rétorqué par retour :
« Cher Alain,
« vous m’invitez à faire des distinctions, et c’est un appel que je ne saurais ne pas
entendre. Cependant vous-même, aussitôt après, faites classiquement le
rapprochement, je n’ose dire l’amalgame, entre la situation d’aujourd’hui et celle
des années trente. Nous sommes là au cœur de ce qui nous perd. L’Europe meurt de
refaire fantasmatiquement la guerre précédente. C’est ce que je me suis permis
d’appeler, dans un recueil au titre à vous-même emprunté (Le Communisme du
XXIesiècle), “La seconde carrière d’Adolf Hitler”. Hitler est au bout de toutes nos
phrases et de toutes nos pensées, et cette référence obsessionnelle nous paralyse. Le
continent, je l’ai souvent écrit, est comme un patient tellement opéré et réopéré du
cancer hitlérien que, par précaution, et par crainte désormais imaginaire d’une
résurgence de ce mal-là, on l’a dépouillé de toutes ses fonctions vitales et on le
laisse sans défense contre d’autres horreurs. Il n’a plus de cœur, plus de cerveau,
plus de virilité, plus de volonté, plus d’yeux. Il ne voit même pas l’invasion dont il
fait l’objet et qu’il prend, comme M. le président du Sénat, pour une crise
humanitaire. Nous prenons des géants pour des moulins à vent.
« Il y a dans la masse des migrants de véritables réfugiés, dites-vous, et des
réfugiés de la pire horreur. Certes. Mais ces réfugiés sont si nombreux qu’ils sont
des peuples. Le parti de l’In-nocence et moi avons toujours affiché et proclamé la
nécessité et le devoir, pour la France et l’Europe, de soutenir les peuples contre
leurs tyrans. Contrairement à beaucoup de nos amis, nous ne sommes pas du tout
anti-interventionnistes. Au contraire, nous ne cessons d’appeler l’Europe à réarmer
et à redevenir une puissance, un acteur essentiel de l’histoire. On ne peut pas
reprocher à nos positions d’être incohérentes. Nous préconisons depuis longtemps
la création d’un État chrétien au Proche-Orient, une sorte de grand Liban : c’est-à-
dire la décolonisation d’une partie de l’empire colonial arabo-musulman, le seul
qui, précisément, n’ait jamais décolonisé mais, au contraire, est en train de
conquérir l’Europe et de progresser sur tous les fronts. L’Érythrée est un abject
État-prison, aidons son peuple contre ses tortionnaires. Ne lui offrons pas notre
pays.
« Très amicalement à vous,
« Renaud »
Mais les échanges n’étaient pas clos :
« Je suis d’accord avec vous : la référence aux années désarme aujourd’hui
l’Europe. Il n’empêche : nous ne pouvons pas faire comme si le XXesiècle n’avait
pas eu lieu. C’est parce qu’en Suisse notamment la barque était pleine qu’il existe
aujourd’hui un droit des réfugiés. On ne saurait le supprimer d’un trait de plume. À
https://www.renaud-camus.net/journal/2015/08/17 3/5
12/03/2018 Journal de Renaud Camus, lundi 17 août 2015
https://www.renaud-camus.net/journal/2015/08/17 5/5