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2. Différents acteurs que l’on peut trouver lors d’une émission des sukuks
3.Le fonctionnement des sukuks dans la finance islamique
4 . Risques liés aux Sukuk
5.Application
Conclusion
INTRODUCTION
Sukuk est le pluriel de Sak, ce mot a des origines qui remonte au premier
siècle de l’hégire durant le règne du calife Omar Ibn Khattab des formes
précoces de sukuk ont été attribué au porteur (un soldat) pour prendre une
quantité déterminée de nourriture d’un centre de distribution; ces certificats
étaient commercialisables et échangeables directement contre un actif spécifique
d’une valeur intrinsèque déterminée. D’autres historiens ont identifiés des liens
entre les mots Sak et le chèque.
De nos jours, les sukuks sont vulgarisés par des obligations islamiques, un
terme qui ne fait pas l’unanimité parmi les experts du domaine; car il existe sur
le marché financier malaisien des obligations islamiques qui ont des
caractéristiques plus proches des obligations conventionnelles avec comme
différence l’existence d’un contrat Inah ou Bay’ Bithaman Ajil deux contrats
dont la validité est rejetée en dehors de la Malaisie. Quant à l’administration
fiscale française, elle définit les Sukuk d’investissement comme des titres
hybrides négociables dont la rémunération, et le cas échéant le principal sont
indexés sur la performance d’un ou plusieurs actifs sous-jacents détenus
directement ou indirectement par l’émetteur.
Première partie : Présentations des Sukuks
Sukuk est un produit financier adossé à un actif tangible et à échéance fixe qui
confère un droit de créance à son propriétaire. Celui-ci reçoit une part du profit
attachée au rendement de l’actif sous jacent.
Pas de taux d'intérêt pour ce qui est des Sukûk.
L'actif tangible (le sous jacent ) doit être obligatoirement licite.
Selon l’AAOIFI, au moins 14 modalités de structuration des sukuks sont
possibles. Dans la pratique, les plus usitées sont:
1. Sukuk al ijara
2. Sukuk al wakala/mudaraba
3. Sukuk al musharaka
4. Sukuk al istisna
On distingue 2 types d’émission de sukuks :
*Souverain : Emis par un Etat.
*Corporate : Emis par une société, banque.
Les sukuks s’apparentent à ce que nous appelons aujourd’hui les obligations (titre de
créance délivrant une rémunération fixe ex = OAT, Obligations).
Les Sukuk étant par nature adossés à des actifs sont en mesure de financer le
développement des infrastructures, et de nombreux pays émergents envisagent de financer
leurs projets par l’émission des Sukuk…
2. Historique de la Sukuk :
L'utilisation du sukuk remonte au 1er siècle de l'ère chrétienne pendant le califat omeyyade,
sous le règne de Khalifah al-Marwan ibn al-Hakam, tel qu'il a été enregistré par Imam Malik
dans Al-Muwatta', livre 31, numéro 31.19.44.
َ فتبايعَ النَّاسَ تِ ْلك، ار َِ ن طع ِامَ ا ْلج َْ ان بْن ا ْلحك َِم ِم
َ ان م ْرو
َِ اس فِي زم َ ِ َّ أنََّ صكوكًا خرجتَْ لن، َما ِلك أنَّهَ بلغه، نَْ ع
علَى
َ س َّل ََم
َ ع َليْهَ َو ََّ ص َّلى
َ َللا َ َللا
ََّ َسول ُ صحَابَ َر ْ َن أَْ ثا ِبتَ ورجلَ م، َ فدخلَ زي َْد بْن، ست ْوفوهاْ ن ي َْ الصُّكوك بيْنه َْم قبْلَ أ
ََّ أَعُوذ ب: َالربَا يَا ؟ َم ْر َوانَُ " فقال
َو َما ذَاكََ ؟، اَلل ِّ َ " أَت ُحلَ بَ ْي َع:َال
َ َ فَق، ََم ْر َوانََ بْنَ ا ْل َحكَم
Le marché des Sukuks n’a pas été épargné des conséquences de la crise citée. En effet
la tendance de croissance a été renversée provoquant la déclinaison des émissions de
Sukuks durant les années 2008 et 2009, qui ont enregistré 18.8 milliards et 25.6
milliards de dollars respectivement. Le graphique ci-dessous trace la valeur totale des
émissions de Sukuks durant la période 2001-2012.
Figure 2.Emission globale des Sukuks
Comme le montre le graphique ci-dessus, L’émission des Sukuks en 2010 est revenue
quasiment à son niveau d’avant la crise, avec un montant global des émissions de 46.3
milliards de dollars, dû essentiellement aux émissions de Sukuks domestiques en Malaisie.
Un des problèmes majeurs des Sukuks, est que les lois locales des pays émetteurs ne sont
pas toujours en adéquation avec la Shari’ah, ce qui requiert un aménagement réglementaire et
fiscal afin d’assurer la bonne application des concepts de la finance islamique. Rappelons que
selon l’AAOIFI, les Sukuks sont des titres de valeurs identiques qui représentent des parts
indivisées de propriété de biens, d’usufruit ou de services, mais aussi des parts d’actifs
tangibles d’un projet bien déterminé ou d’une activité d’investissement privé. En 2009,
l’IFSB (Islamic Financial Services Board) a distingué deux grandes catégories de Sukuks :
Asset-Based et Asset-Backed.
Les Sukuks Asset-Based se rapprochent des obligations conventionnelles, qui sont des
titres de créances n’offrant aucun droit de propriété explicite sur les actifs. Par contre, les
Sukuks Asset-Backed, sur les marchés offrent un recours explicite de propriété sur les actifs.
Le Sharia Advisor : société de conseil en finance islamique qui accompagne l’émetteur et fait
le lien avec le Sharia Board qui valide et certifie l’opération d’un point de vue de conformité à
la sharia ;
- Le Sharia-Board : comité qui certifie que le projet d’émission et que le titre sont conformes à
la sharia.
3.Le fonctionnement des sukuks dans la finance islamique
L’apparition des Sukuk a été l’un des développements les plus importants sur les marchés
islamiques de capitaux au cours des dernières années. Plus simplement, les instruments Sukuk
agissent comme un pont. Ils relient leurs émetteurs, principalement les fonds souverains et les
grandes sociétés au Moyen-Orient et dans le Sud-Est asiatique, avec un grand nombre
d’investisseurs, dont beaucoup cherchent à diversifier leurs avoirs au-delà des classes
traditionnelles d’actifs. De cette façon, les fonds levés par le biais des Sukuk peuvent être
attribués d’une manière efficace et transparente aux initiatives concernant des infrastructures
et d’autres projets méritoires dans les 56 pays membres de la BID, ainsi que dans des
communautés de plus de 100 pays non membres.
Les investisseurs locaux et étrangers achètent des Sukuk ayant des structures variées
approuvées par les conseils d’administration des spécialistes de la jurisprudence musulmane
de la Charia.
Les porteurs de sukuk ne prêtent pas d'argent à l'emprunteur mais financent une entreprise.
Les structures des sukuk reposent sur des pools d'actifs. Les porteurs de sukuk ont un droit de
jouissance (beneficial interests) sur les actifs de référence et reçoivent donc une rémunération
sous forme de flux de bénéfices /de paiements réguliers qui seront générés par les actifs .
Il n'existe donc pas à véritablement parler de prêt et de remboursement du principal, mais ces
deux composantes sont remplacées par :
la cession d'actifs aux porteurs de sukuk à l'émission (les porteurs de sukuk
versent aux emprunteurs le montant nominal du sukuk) ;
le rachat de l'actif par l'emprunteur aux porteurs de sukuk à l'échéance
(l'emprunteur effectue un versement en faveur des porteurs de sukuk)
L'obligation de rachat est créée par un acte d'Engagement d'achat et le prix
de rachat est fixé pour correspondre au montant nominal du sukuk à
l'émission.
Les Sukuks ont été mis sous les projecteurs à la suite de défauts très médiatisés qui ont
incité l’industrie à se poser de nouvelles questions sur la structuration de ce type
d’instruments financiers. Depuis fin 2007, le marché des Sukuks a été affecté par deux
événements majeurs qui ont accru le nombre de défauts : d'abord, la fatwa de l’AAOIFI
concernant les nouvelles conditions de validation des Sukuks. Ensuite l'impact de la crise
financière de 2008 qui s’est manifesté par la chute des volumes d’émissions des Sukuks
souverains. Jusqu’à fin avril 2010, on ne dénombre pas moins de trente défauts de Sukuks au
niveau mondial. 24 de ces défauts ont été enregistrés en Malaisie sur la période 1997-2009
selon la Rating Agency Malaysia.
Le risque de crédit : Il existe des risques de crédit qui sont propres aux produits
financiers islamiques en particulier les sukuk. A titre d’exemple, les émissions de
sukuk se réalisent le plus souvent dans des places financières émergentes où les méthodes de
gestion de risques ne sont pas assez sophistiquées. De plus vu la prohibition de l’intérêt, le
rééchelonnement de la dette à des taux plus importants n’est pas possible. Ceci implique un
risque de défaut plus important que dans les produits de financements conventionnels. De
plus, il existe des risques particuliers associés à certains sukuk. Par exemple, le sukuk Salam
est exposé au risque que les matières premières ne soient pas livrées à terme. Les sukuk
Istitna’a impliquent un risque de performance du côté du vendeur (l’émetteur). En général, les
sukuk sont exposés au risque de chute de la valeur de marché de l’actif sous-jacent ce qui
risque de réduire le montant du remboursement à échéance.
Le risque de liquidité : lorsqu’il n’y a pas d'acheteur sur le marché secondaire pour
les sukuk, ils se vendront avec une prime d’illiquidité qui compensera le fait que les
détenteurs de Sukuk soient obligés de les détenir jusqu’à la maturité.
Le risque Sharia : on parle de risque Sharia lorsque l’émetteur ne tient pas ses
engagements contractuels, et rend ainsi le contrat nul aux yeux de la Sharia. On
retrouve dans le contrat de sukuk les événements qui annulent ce contrat. Il ne faut pas
tomber dans l’excès d’innovation qui pourrait conduire à de nouvelles fatwas sur les
Sukuk non conformes à la Sharia ce qui pourrait nuire à la réputation de l'arrangeur /
émetteur.
5.Application
Les Sukuk Salam peuvent être utilisés pour le financement de la production du cacao dans
un pays producteur du cacao, Figure :schéma de Salam et Salam parallèle
Ce montage comporte :
Un contrat Salam : entre une société de promotion de cacao en tant qu’acheteur de récolte du
cacao qui va payer le prix entier au moment de la conclusion du contrat et une coopérative de
petits producteurs de cacao qui va s’engager à livrer à un lieu et à une date fixée une récolte
ayant des caractéristiques détaillées dans un cahier de charge : la quantité, la qualité, le genre.
Un contrat de Salam parallèle : entre une société de promotion de cacao, dans ce deuxième
contrat, en tant que vendeur et une entreprise mondiale de fabrication du chocolat qui va être
l’acheteur final de récolte de cacao.
Faiblesse du montage : Les deux contrats doivent être séparés pour éviter de tomber dans le
cas illicite de deux ventes dans une seule, par conséquence, si la récolte du premier contrat
Salam est non conforme au cahier de charge ou la récolte insuffisante, la société de promotion
de cacao devra honorer son engagement dans le cadre du contrat Salam parallèle ; il s’agit
d’un contrat de gré à gré qui inclut un risque de contrepartie.
Conclusion
Les Sukuk sont des certificats d’investissement propre au marché financier islamique, les
structureurs des Sukuk se trouvent devant un dilemme puisqu’ils devront choisir entre des Asset-
based Sukuk, les plus dominant sur le marché des Sukuk, , il s’agit du modèle désiré à la fois par les
émetteurs du Sukuk qui veulent lever des fonds sans se priver de leur propriété de l’actif sous-jacent
et les investisseurs qui eux désirent des profits garantis non pas par l’actif sous-jacent mais plutôt par
la qualité d’émetteur des Sukuk. un investisseur « traditionnel » doit-il investir dans un sukuk ?
Investir dans un sukuk n'est pas aussi dangereux qu'on le pense ; il faut les considérer comme de «
simples » obligations islamiques. La rémunération et les caractéristiques juridiques d'un sukuk sont
similaires à celles d'une obligation traditionnelle. Puisqu'il s'agit de titres non garantis, l'aspect le plus
important est la qualité de crédit de l'émetteur et leur niveau de valorisation par rapport à leurs
homologues islamiques/ classiques . Le fait de bien comprendre les structures traditionnelles des
sukuk et les contrats afférents peut, dans une certaine mesure, rassurer l'investisseur. La croissance
du marché des sukuk globaux, très soutenue ces deux dernières années, s'est accompagnée d'une
évolution marquée des clauses et des conditions des contrats visant à supprimer certains obstacles
et à lever les doutes existants à l'égard des sukuk afin de séduire davantage d'investisseurs et
d'émetteurs. Les efforts conjugués des originateurs et des investisseurs devraient entraîner une
internationalisation accrue du marché des sukuk, qui pourrait exister parallèlement au marché
obligataire mondial.