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(*)
« Heureux ceux qui sont appelés au festin des Noces de l’Agneau (…). Réjouissons-
nous, soyons dans l’allégresse et rendons-lui gloire, car voici les Noces de l’Agneau (…) ;
Son épouse s’est préparée, il lui a été donné de se vêtir d’un lin resplendissant et pur
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25/12/2017 “Éros, corps et eucharistie”, une réflexion d’Emmanuel Falque au nouvel Institut Jean-Paul II - La Croix
(…) ; Venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu » (Ap 19, 9 ; 5, 6 ; 19, 7-8 ; 19,
17). L’appel de saint Jean dans l’Apocalypse suffit à l’invitation au Banquet. Un
« agneau » se tient là, immolé, prêt à être vu, adoré, comme aussi mangé. Les frères
Eyck, en la cathédrale Saint Bavon à Gand, en ont tracé la figure, sur un retable des
Flandres aussi connu que contesté : le « retable de l’agneau mystique » (1432). Là où les
préréformateurs John Wicklif et Jean Huss soutenaient, peu avant la réalisation de
l’œuvre, que « le Christ n’est pas identiquement et réellement dans le sacrement de
l’autel en sa propre personne corporelle » (J. Wicklif), les frères Eyck font preuve de
réalisme, voire de substantialisme, affichant ostensiblement le Christ sur l’autel sous
l’effigie de l’Agneau, dont la réalité de la présence a de quoi surprendre comme aussi
d’être aussi revendiquée. Une « présence réelle » y attend l’homme, certes
nouvellement interrogée, mais non moins nécessaire et indubitable au cours des
époques qu’elle a traversé.
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corps]), l’éros (la modalité eucharistique [un corps donné]), et enfin la manence (la
finalité eucharistique [demeurer en moi et moi en vous]).
La philosophie à la limite
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[M. Henry], le don [J.-L. Marion], la liturgie [J.-Y., Lacoste], etc.), sans remettre en
cause, ou peu s’en faut, l’efficacité de ses instruments pour dire ce qu’il en est de la
théologie – de sorte que la théologie en devient elle-même, et parfois, intégralement
phénoménologique.
On s’interrogera cependant, moins sur la pertinence de tels outils, dont nous avons fait
et continuerons de faire usage, que sur leur possibilité à tout dire, ou plutôt à dire le
tout de l’expérience humaine comme aussi divine. La théologie elle-même fait voir à la
phénoménologie ses « limites », y compris dans la prétention hégémonique de cette
dernière rejetant à tort tout autre forme de pensée, en particulier ladite
« métaphysique ». Ainsi en va-t-il, et de façon exemplaire à nos yeux, de
l’interprétation authentique et anti-gnostique qu’il convient de faire de Tertullien,
disqualifiant toute tentative qui le rapporterait phénoménologiquement à la « chair »
ou au « vécu du corps » (Leib), plutôt qu’au « corps » ou à la « matérialité de la chose
étendue » (Körper). « Le Christ n’eut pas d’autre raison d’être pris simplement pour un
homme que de montrer la réalité humaine d’un corps (humana substantia corporis),
précise en ce sens le Carthaginois (…) : les muscles pareils aux mottes de glèbes, les os
semblables aux rochers et même autour des mamelons comme des gravillons, les
entrelacs de nerfs pareils aux surgeons des racines, les réseaux ramifiés des veines
comme des ruisseaux sinueux, les duvets semblables aux mousses, la chevelure
comme un gazon, et le trésor caché des moelles comme le minerai de la chair » (5).
Qu’on se le dise donc. Le corps du Fils incarné, loin de demeurer une simple “chair sans
corps” en particulier et surtout lorsqu’on se réfère à Tertullien ou Irénée (M. Henry), se
donne aussi comme “corps sans chair”, au sens cette fois d’une véritable humanité
incarnée, ou mieux « in-corporée », prise dans l’horizon du « monde » comme aussi de
la « matérialité ». L’humain n’est pas fait de « chair » d’abord (Leib), mais aussi de
« corps » (Körper). Mieux, et selon une étonnante inversion des termes en allemand, le
terme de « corps » en théologie sacramentaire cette fois – der Leib Christi. Amen (« Le
corps du Christ. Amen ») – dit moins le simple vécu d’une chair, qu’un Christ
réellement présent, donné à manger et à boire, nous y reviendrons, quand bien même
son organicité ne s’identifierait pas uniquement ici à sa simple historicité (distinction
du Jésus historique et du Christ ressuscité) (6).
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Épandu sur un lit à l’aune de tomber dans le sommeil, épandu sur la table d’opération à
peine anesthésié, voire épandu sur la croix au point d’agoniser, ce corps-là ne cesse pas
d’être humain en cela qu’il signifie toujours pour l’autre une altérité différenciée, voire
possède des traits qui font sa spécificité : bipédie, finesse de la peau, délicatesse du
toucher, sexualité en vis-à-vis, etc., qui en sont sinon la preuve, au moins le « signe »
(7). Mais il possède en même temps une “part d’animalité” que jamais il ne saurait
renier, ni même totalement s’en retirer : « rien ne nous est donné comme réel sauf
notre monde d’appétits et de passions (…), préconise radicalement Nietzsche dans Par
delà le Bien et le Mal, comme une sorte de vie instinctive où toutes les fonctions
organiques d’autorégulation, d’assimilation, de nutrition, d’élimination, d’échanges
sont encore synthétiquement liées ; comme une préforme de la vie ? » (8). Suivant le
« fil conducteur du corps », et comme pour retrouver « le texte primitif, le rude texte, de
l’homme naturel » (Nietzche), nous rejoindrons ainsi, et jusque dans l’eucharistie,
l’Abîme de notre propre humanité, son Chaos et son Tohu-Bohu jamais totalement
surmontés, donnant par là un véritable contenu (charnel, humain, voire cosmique et
animal) au « ceci est mon corps » du christianisme. Car pour Nietzsche, comme pour
nous et peut-être aussi en mode chrétien s’entend, c’est d’abord « le corps qui
philosophe » – der Leib philosophirt (9).
La pâques de l’animalité
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lève pour une dernière fois sous le titre de la « Bête écarlate couverte de titres
blasphématoires » au livre de l’Apocalypse (Ap 17, 3). Mais la bestialité, ou autrement
dit la chute du corps dans le péché, ne disqualifie en rien l’animalité, qu’il s’agisse du
monde animal (cosmologie) ou de notre propre animalité (anthropologie). S’incarnant
ni dans l’animalité, et encore moins dans la bestialité, Dieu lui-même n’a pas moins
pris en charge le tout de « notre » humanité. Puisque rien de ce qui est humain ne lui
est étranger (Térence), il vient tout assumer comme aussi tout sauver – notre animalité
pour la faire passer à l’humanité (salut par solidarité), et notre bestialité pour
intégralement la purifier (salut par rédemption). Voici l’« agneau de Dieu » [tout court]
souligne saint Jean, dans une seconde reprise, dans la bouche de Jean le Baptiste (Jn 1,
36) ; et voici l’« agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », avait-il déjà annoncé
dans une première relance (Jn 1, 29). L’animalité dans la figure de l’agneau, comme
aussi la bestialité par l’agneau immolé pour nos péchés, appartiennent intégralement à
l’histoire du salut, la première parce qu’elle assume tout de notre être incorporé
(passions, pulsions, chaos intérieur, etc.), et la seconde par là qu’elle rejoint et convertit
tout de notre être dévié (vices, péchés, luxure, etc.). L’être incorporé désigne donc, et
certes d’abord, l’homme incarné, mais non pas indépendamment d’un organique dont
il est aussi constitué, jusqu’à l’animalité, voire la bestialité, dont il ne saurait si
aisément se débarrasser.
Ceci est mon corps – hoc est corpus meum – est donc d’abord une formule capable de
tout porter, l’humain certes, mais aussi « sa » part d’animalité, comme aussi de
bestialité. Mieux, l’eucharistie n’a pas seulement pour but de nous diviniser, dans une
participation au mystère de la divinité certes essentielle, mais qui, à trop y insister,
nous ferait franchir à tort les limites de notre être créé. En même temps que de nous
faire passer de l’humanité à la divinité (divinisation), l’acte de communier nous
convoque d’abord à transiter de notre propre animalité à l’humanité (humanisation),
dans la filiation s’entend (Trinité). On ne trouvera aucun « humanisme » dans une telle
perspective, dont rien n’est plus à craindre que les professions de foi comme les dérives
politiques qui en sont le plus souvent tirées. Seule l’intégration dans le mystère de la
Trinité saura nous sauver (Col 1, 16). Fils dans le fils, et non pas en guise de quaternité
(IVe concile du Latran, 1215), l’homme demeure homme de bout en bout en son
humanité, de son incarnation dans un corps jusqu’à son accomplissement dans la
gloire. Diviniser l’homme sans jamais néanmoins le dépasser, tel est l’enjeu de
l’eucharistie comme don de l’organique à de l’organique, que les atermoiements de la
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Reste alors, la question essentielle – par quoi l’eucharistique rejoint notre viatique et
notre être-là in via [Noces de l’agneau]. Qu’en est-il de la matérialité – du corps du
Christ comme aussi du nôtre – dès lors que la résurrection consacre d’abord son
expressivité ? Dit autrement, à trop privilégier l’autoaffectif de la chair en philosophie
(Leib), ou l’expressivité du vécu en théologie (symbolisme), n’a-t-on pas omis une
dimension fondamentale de l’organicité du corps en philosophie (Körper), ou de son
épaisseur et de son “réalisme” en théologie ? Loin de nier le bien-fondé du vécu du
corps ou de la manifestation de la chair pour dire ce qu’il en est du corps ressuscité – «
autre est l’éclat du soleil, autre celui de la lune, autre celui des étoiles […], il en est ainsi
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Relayé par toute une tradition patristique et médiévale, on ne cessera donc pas,
aujourd’hui encore, de s’étonner de ce « corps » offert sur une table pour le banquet. Ce
qui hier faisait scandale dans une culture juive (Jn 6, 56), le demeure aussi dans le
cadre latin, et saint Augustin se fait fort de nous le rappeler : « il semblait que ce fût un
délire (furor) et une folie (insania) de donner aux hommes sa chair à manger et son
sang à boire, s’exclame à juste titre le Docteur d’Hippone dans ses Ennarrationes in
psalmos : […]. Est-ce qu’il ne semble pas qu’il y ait folie à dire : manger la chair et buvez
mon sang ? Et en disant : “Quiconque ne mangera pas ma chair et ne boira pas mon
sang, n’aura pas la vie en lui” (Jn, 6, 54), Jésus ne paraît-il pas délirer (quasi insanire
videtur) ? » (15). Une sorte de « querelle de la viande » innerve ainsi la philosophie
eucharistique, du peintre Francis Bacon voyant, non sans raison, « des crucifixions
dans les boucheries » (Logique de la sensation [Deleuze]), à la position du problème tel
qu’il fut posé par Charles le Chauve au IXe siècle pour être ensuite solutionné : « ce que
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la bouche des fidèles reçoit dans l’Église, s’interroge le monarque en son palais, est-ce
en mystère ou en vérité » ? « En mystère » (in mysterio), le corps du Christ sera
immédiatement symbolisé, et telle est ce qui fut la position de Ratramne comme aussi
de Béranger. Seule compte la disposition intérieure de celui qui vient au repas à
partager, mais non pas la consistance de cela qui est donné à manger. « En vérité » (in
veritate), il est cette fois intégralement et totalement réifié, à l’instar des décisions de
Radbert de Corbie, voire de Lanfranc. Simples « voiles » du corps et du sang du Christ,
les espèces du pain et du vin demeurent en cela seulement que leur absence pourrait
nous rebuter. C’est pour « ne pas nous effrayer » en transformant le pain en corps ou le
vin en sang, et « afin de ne pas avoir l’air stupide auprès des païens », précise dans cette
veine Thomas d’Aquin en guise de réponse à des objections dans la Somme théologique,
que demeurent les espèces du pain et du vin lorsqu’elles sont consacrées, et que ne
sont pas immédiatement donnés à contempler, ni à digérer, le corps (viande) et le sang
(hémoglobine) du Seigneur (16).
On évoquera certes d’autres raisons, plus fondamentales bien sûr, pour tenir la
permanence des espèces, et en particulier l’épaisseur et la médiation du créé. Reste
que seule la distinction progressive du « corps véritable » (corpus verus) et du «
véritablement corps » (corpus vere) résoudra ce que la querelle n’avait fait jusque-là
que soulever. Du « corps véritable » (corpus verus) comme corps historique du Jésus
crucifié on ne saurait bien sûr manger, au risque de sombrer dans un cannibalisme
aussi stupide qu’impossible à supporter. Mais au « véritablement corps » (corpus vere)
du Christ ressuscité on doit cette fois communier, pour ne pas perdre les marques
‘pathiques’ de ce que fut aussi son être incarné. Les trois corps d’Amalaire de Metz mis
à jour par Henri de Lubac dans Corpus mysticum – le « corps immaculé joint au sang »
(hostie dans le calice), le « corps pérégrin ressuscité et mangé » (pain des fidèles), et le «
corps réssuscité et conservé » (réserve eucharistique, adoration, tabernacle) – se
joignent en un seul corps pour former le « Christum totum », dans une solution de
continuité qui ne se satisfait pas non plus de la dévoration d’une chair dont
l’anthropophagie aurait certes de quoi nous rebuter (17).
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25/12/2017 “Éros, corps et eucharistie”, une réflexion d’Emmanuel Falque au nouvel Institut Jean-Paul II - La Croix
La force du corps
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25/12/2017 “Éros, corps et eucharistie”, une réflexion d’Emmanuel Falque au nouvel Institut Jean-Paul II - La Croix
le croit ordinairement à tort, mais aussi et surtout pour se diversifier, s’adapter, voire
même créer. Nous ne savons pas « ce que peut le corps » tant que nous n’avons pas
laissé au corps son « propre pouvoir » (Spinoza). La force de la vie fait le vivant, et non
pas l’inverse. L’herbivore le devient aussi à force de se nourrir d’herbe, et le carnivore à
force de se repaitre de sa proie. Loin de nier la nature ou le monde créé, une telle vision
fait voir au contraire combien notre corps participe aussi à la « force agissante » de
Celui qui nous a voulu, comme aussi désiré (20).
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force qui lui est appropriée, et celle de la femme à l’homme la « féminise » dans la
résistance qu’elle sait lui opposer. L’union des chairs ne se fait pas sans la différence
des corps. Mieux, elle la corrobore. Ce qui est vrai de l’altérité dans l’éros charnel l’est
plus encore de la différenciation dans l’agapé eucharistique : Ego do corpus meum –
Accipio : « je te donne mon corps – Je l’accepte », disait-on de façon remarquable en
guise de rituel du mariage en Avignon au XVe siècle, comme pour anticiper dans
l’union érotique des corps ce qu’il en est du hoc est corpus meum – ou du « ceci est mon
corps » – du sacrement eucharistique (22).
L’éros eucharistié
On ne marquera jamais assez ce qui, en droit, devrait nous étonner ; mais qui, en fait,
n’est jamais, ou presque, signalé. Le Christ met paradoxalement le sixième jour au
premier jour, transposant la « création de l’homme et de la femme » en christianisme
en lieu et place de la « création du ciel et de la terre » en judaïsme. À la question des
pharisiens à Jésus pour le « mettre à l’épreuve » : « est-il permis à un homme de
répudier sa femme » selon « n’importe quel motif » (Mt 19, 3) ou « selon ce qu’a prescrit
la loi de Moïse » (Mt 10, 3-4) ?, le Christ répond : « n’avez-vous pas lu que le Créateur, au
commencement (ap’ archês), les fit homme et femme » (Mt 19, 4), ou encore qu’« au
commencement du monde (apô de arkês ktiseôs), Dieu les fit homme et femme » (Mc
10, 6) ? Sauf grave faute herméneutique, ce qui ne saurait être le cas sinon de façon non
intentionnelle, un véritable renversement s’opère donc du second au premier
Testament. Là où la Genèse dit qu’« au commencement (beureshit) Dieu créa le ciel et
la terre » (Gn 1, 1), et qu’au sixième jour seulement il « créa l’homme à son image, à
l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1, 27), les synoptiques
mettent « au commencement » (en archê) la différence sexuelle, comme si le sixième
jour venait en christianisme constituer le premier jour, de sorte que « le masculin et le
féminin se révèlent comme faisant ontologiquement partie de la création, et donc
destinés à subsister par-delà le temps présent, sous une forme évidemment
transfigurée » (23).
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l’éros, comme aussi de l’agapé. (A) Requérir le « sens de la limite » comme dimension
principale de notre être créé, (B) faire voir la « signification humaine de la tension du
désir », (C) et laisser à la parole le soin de se dire dans les « failles de la chair », justifient
précisément ce qu’il en est d’une telle altérité sexuée – dans un sens de l’érotique qui
ne sera pas, une fois encore, sans conséquence pour l’agapé eucharistique.
A. Dans la fusion des chairs, nous l’avons dit, se renforce la différence des corps. Tout
vient, et dépend en réalité, de la « limite » que Dieu donne à Adam pour le circonscrire,
voire aussi pour lui apprendre à s’aimer lui-même dans la différence – d’où la création
d’Eve, et la différence sexuelle comme telle : « c’est dans le cadre de ces limites
qu’Adam avait la vie, souligne remarquablement Dietrich Bonhoeffer, mais il ne lui
était pas encore possible d’aimer cette vie dans son caractère limité […]. C’est ce qui
amène Dieu à procurer à l’être humain l’aide qui devait être à la fois la matérialisation
de la limite d’Adam et l’objet de son amour […]. L’autre constitue la limite que Dieu a
établie pour moi, limite que j’aime et que je ne franchirai pas, à cause de mon amour
» (24). Loin de confondre la « limite » et l’« illimité », ce qui à proprement parler
constitue le péché [« vous serez comme des dieux » (Gn 3, 5)], la limite constitue mon
être créé et se doit donc d’être voulue comme aussi désirée, au risque à l’inverse de ne
pas voir ni comprendre que rien n’est plus à craindre que de franchir les bornes que
Dieu lui-même a fixées. L’homme aimera ainsi sa femme comme sa limite la plus
propre et la plus proche [celle-ci est l’os de mes os et la chair de ma chair » (Gn 2, 23)], et
la femme aussi son homme comme son engendré, et non seulement l’origine par où
elle a été tirée : « si la femme a été tirée de l’homme, l’homme naît de la femme, et tout
vient de Dieu » (1 Co 11, 12).
Ainsi en va-t-il aussi, et nous l’avons pour l’heure seulement suggéré, du sacrement
eucharistique venu non pas fusionner, mais surtout « unir en différenciant » – c’est-à-
dire aimer. Un paradoxal “amour de la limite” nous invite en effet à communier. Et la
parole du diacre selon laquelle « cette eau se mêle au vin pour le sacrement de
l’Alliance, afin que nous puissions être unis à la divinité de celui qui a pris notre
humanité » (liturgie eucharistique, préparation des dons), ne vient ni dépasser ni
oublier la commune condition de l’homme, bien au contraire. Elle la renforce plutôt, et
même l’assume, jusque dans le chaotique du monde et de notre humanité, voire aussi
de notre animalité. La « finitude phénoménologique » rejoint ici ce qu’il en est de la «
limite théologique », chez l’Aquinate par exemple. Constatée d’un côté (la finitude chez
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25/12/2017 “Éros, corps et eucharistie”, une réflexion d’Emmanuel Falque au nouvel Institut Jean-Paul II - La Croix
Heidegger), la limite est désirée de l’autre (la création de l’homme comme être
proportionné à son état chez Thomas d’Aquin) : « tout ce qui est participé en quelque
chose est en cette chose sur le mode de ce qui participe (est in eo per modum
participantis), faut-il rappeler selon l’adage de la proportion limitée chez Thomas
d’Aquin, parce que rien ne peut se recevoir au-delà de sa mesure (quia nihil poteste
recipere ultra mensuram suam) » (25).
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le fait qu’il porte non pas sur un objet réel, positif, donné, mais sur un autre Désir.
Ainsi, dans le rapport de l’homme et de la femme, par exemple, le Désir n’est humain
que si l’un désire non pas le corps mais le Désir de l’autre, s’il veut “posséder” ou
“assimiler” le Désir pris en tant que Désir […] : l’histoire humaine est l’histoire des
Désirs désirés » (26).
Ce qui est vrai de la différenciation “homme – femme” (désir du désir de l’autre plutôt
que besoin de le consommer comme aussi de le détruire), l’est donc aussi, et plus
encore, de l’écart et de la différence “homme – Dieu”. Le « Désir d’un grand désir »
(redoublement du désir) de manger la Pâques avec ses disciples au soir du jeudi saint
fait voir, dans le Christ et son agapé eucharistique, un désir en quelque sorte «
théogène » de se livrer à l’homme, comme se dit aussi dans l’éros un « désir
anthropogène » de se donner l’un à l’autre. Par le Désir bien compris, tout un chacun
devient soi-même : l’homme en tant qu’« homme » vis-à-vis de sa « femme » (et vice-
versa), et Dieu en tant que « Dieu » vis-à-vis de la création en général (et vice-versa). De
l’éros à l’agapé, la structure n’est pas de parallélisme seulement, ni même d’analogie,
mais d’« incorporation » cette fois de l’amour humain dans l’amour divin. Le surcroît
du Désir dans la communion eucharistique ne transpose pas l’érotique dans le
liturgique, selon des transferts extatiques toujours pour le moins sulfureux. Il
l’entraîne au contraire, et l’intègre en lui, en leurs différences respectives, de sorte que
les amants unis se tiennent, chrétiennement s’entend, dans « la main de Dieu », à
l’instar de la sculpture du même nom d’Auguste Rodin, où les « époux s’embrassent
comme contenus en Celui qui les enlace » (27).
C. La parole ne sera alors pas exempte, et enfin, de l’acte érotique comme aussi de l’acte
eucharistique. Certes une « promesse » fixe l’union des époux pour leur donner de
s’unir conjugalement. Reste que le contrat fixé (voire figé) dans le « serment » ne suffira
pas selon nous à nourrir la fidélité, s’il n’est en même temps rapporté à une « fidélité de
la chair » seule à même de le perpétuer. Au « mariage conclu » (matrimonium ratum)
correspond toujours le « mariage consommé » (matrimonium consummatum) pour,
dans l’Église à tout le moins, être validé. Ce qui est vrai au jour de l’union des époux
doit donc l’être aussi de l’ensemble des jours, au risque à l’inverse de s’en tenir à un «
oui » rapporté à sa seule contractualité, mais non pas à son accomplissement dans la
corporéité : « la réalisation du mariage se distingue de sa consommation au point que,
en l’absence de cette consommation, souligne Jean-Paul II commentant le Canon, le
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mariage n’a pas encore constitué sa pleine réalité. La constatation qu’un mariage a été
juridiquement contracté mais non consommé (ratum – non consommatum) équivaut à
la constatation qu’il n’a pas été constitué pleinement comme mariage » (28).
La parole ne se donne donc pas seulement avant l’acte érotique, comme aussi l’agapé
eucharistique. Certes, il est un performatif dont le « oui parlé » des consentements
scelle l’union des époux, comme le « ceci est mon corps » de la consécration la
conversion eucharistique (théologie sacramentaire fondée sur la performativité du
langagier). Mais l’acte langagier joue aussi son plein rôle après, voir en même temps,
que l’acte de la corporéité, en cela que le parler permet aussi de « dire » ce que l’éros
sexué, ou l’agapé eucharistique, ne sait pas exprimer. S’il est phénoménologiquement
un « bienheureux échec de la chair » dans la mesure où je ne pourrai jamais « sentir ce
que l’autre sent, ou ce qu’il ressent » (énigme du touchant-touché chez Husserl ou
Merleau-Ponty), dans cette « faille » précisément s’insère le sens du « parler » – soit la
nécessité de dire et d’exprimer à l’autre ce que mon corps, et le corps de l’autre, ne
sauraient à eux seuls signifier. Avoir en soi « les sentiments qui sont ceux du Christ
Jésus » (Ph 2, 5), ou « épouser les états du Christ au sacrement de l’autel dans
l’eucharistie », revient précisément entrer dans cette nouvelle dimension d’un langage
directement uni à la corporéité, qui fait que le parler n’est jamais déconnecté de notre
être incarné, et de son pathos qui lui est nécessairement lié (29).
***
La manence
Nous l’avons dit. Une triple hypertrophie marque donc, et à nos propres yeux, les
tentatives de l’actuelle phénoménologie, de sorte que s’y prêter pour dire l’eucharistie
ne pouvait suffire à descendre au fonds de notre « abime » cherchant ici à s’exprimer :
le surcroît du « sens sur le non sens » (en raison du primat toujours présent de
l’intentionnalité), la majoration de « la chair sur le corps » (pour dire le vécu certes,
mais sans mesurer le poids de l’organicité [l’« inconscient du corps » nietzschéen]), et
l’éloge de « la faiblesse dans l’oubli de la force » (dérives de l’accueil de l’autre tant
systématisé qu’il en devient instrumentalisé). Rejoindre dans l’union des corps,
comme aussi dans la communion eucharistique, notre chaos intérieur fait de passions
et de pulsions (héritage eucharistique [animalité]), la puissance du corps à même de
tout transformer (contenu eucharistique [corporéité]), et la concorde des cœurs dans la
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mesure où ils peuvent se donner (modalité eucharistique [éros]) – tels sont les trois
traits du viatique qu’il convenait de développer. Reste maintenant sa finalité, et
probablement ce qui lui donne sens en dernière instance : « qui mange ma chair, et boit
mon sang, demeure (meinein) en moi et moi en vous » (Jn 6, 56).
M’apprendre à « habiter », le monde comme aussi moi-même par autrui, telle est donc
l’ambition de l’eucharistique, comme aussi de l’érotique. Loin de fuir au-delà de mon
humanité (angélisme) ou de choir en deçà de sa limite imposée (bestialité), un «
enthousiasme eucharistique » innerve étymologiquement l’acte de communier, au
sens où je suis intégralement incorporé en Dieu (en theos) en qui prend sens, et se
convertit à la fois, mon animalité, ma corporéité, et comme aussi mon acte de désirer.
La « demeure » du corps l’homme est, chrétiennement s’entend, celle du « corps de
Dieu », au sens où, à l’ascension et selon Romano Guardini, « le christianisme a osé
placer le corps (humain) dans les profondeurs les plus cachées de Dieu » (31). Ce qui est
vrai de l’eschatologique, l’est aussi en forme de d’anticipation de l’eucharistique,
préfiguré dans l’union érotique des époux et pleinement accompli dans le viatique
eucharistique : « frères, demandons à Dieu de bénir ces nouveaux époux qui vont
recevoir ensemble le corps et le sang du Seigneur, souligne magnifiquement la
“bénédiction nuptiale” au jour du mariage…, et pour qu’en se donnant l’un à l’autre ils
deviennent une seule chair et un seul esprit : donne leur le corps de ton Fils par qui se
réalisera leur unité » (32).
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(1) Nous reprenons, en les synthétisant ici, les grandes lignes de notre ouvrage : Les noces de l’Agneau, Essai
philosophique sur le corps et l’eucharistie, Paris, Cerf, coll. « La nuit surveillée », 2011, 386 p. Cet essai,
nécessairement succinct, ne peut qu’y renvoyer pour justifier pleinement les thèses ici exposées et indiquer les
références qui y sont annoncées (à partir de l’index de l’ouvrage).
(2) Discours d’ouverture au concile Vatican II (Jean XXIII), Avec l’ajout de la première version en italien, citée,
traduite et commentée dans B. Sesboüé et Ch. Theobald, La parole du salut, Histoire des dogmes, t. 4, Paris, Desclée,
1996, p. 479.
(3) Ch. Péguy, Note conjointe sur M. Descartes, Paris, Pléiade, 1992, p. 1307.
(4) Nous renvoyons ici à l’ensemble de notre triptyque : Le passeur de Gethsémani, Angoisse, souffrance et mort,
Lecture existentielle et phénoménologique, Paris, Cerf, coll. « La nuit surveillée », 1999 ; Métamorphose de la
finitude, Essai philosophique sur la naissance et la résurrection, ibidem, 2004 ; Les noces de l’agneau, Essai
philosophique sur le corps et l’eucharistie, ibidem, 2011.
(5) Tertullien, La chair du Christ (De carne Christi), Paris, Cerf, 1975, SC n° 216, 1975, IX, 4, p. 253 [la réalité
humaine d’un corps], et IX, 3, p. 253 [muscles, os, nerfs, etc.]. Voir sur ce point notre analyse et commentaire du De
Carne Christi dans Dieu, la chair, et l’autre, Paris, PUF, coll. « Epiméthée », ch. V, p. 251-288 : « La consistance de la
chair » (Tertullien) ; en particulier p. 269-286 : « ma sœur la chair » (§ 35) et « l’hypothèse d’une chair pour la mort
» (§ 36).
(6) cf. L’hypothèse de lecture de M. Henry, Incarnation, Paris, Seuil, 2000, § 24, p. 180-189 (« Les problématiques
fondamentales d’Irénée et Tertullien »), et nos remarques critiques : « Y a-t-il une chair sans corps ? », in Ph.
Capelle (éd.), Phénoménologie et christianisme chez Michel Henry, Paris, Cerf, 2004, p. 95-133. Traduction italienne
: « Si dà carne senza corpo ? Discussione con Michel Henry », in Filosofia e Teologia, Edizione Scientifiche Italiane,
3 / 2010, p. 527-558.
(7) Cf. P. Ide, « L’homme et l’animal. Une altérité corporelle significative », in L’humain et la personne (collectif),
Paris, Cerf, 2009, p. 281-299 (traits cités p. 287).
(8) F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1971, t. VII, § 36, p. 54-55.
(9) F. Nietzsche, Fragments posthumes, [in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1976, t. IX], respectivement 1884, 26
(374) [« le fil conducteur du corps], Par delà le Bien et le Mal, op. cit. § 230 p. 150 [« le texte primitif de l’homme
naturel »], et 1882, 5 (32) [« le corps qui philosophe »].
(10) Concile in Trullo, dit concile Quinixeste, tenu à Constantinople en 692, « sous la coupole ». D’où le concile du
palais dit de troulos, ou in trullo. Canon 82, in Acta conciliorum, Paris, Typographie Royale, 1714, t. III, can. 82, col.
1690-1691 : « nous décidons […] que soit érigé à la place de l’agneau mystique, sur les icônes et selon son aspect
humain (kata anthropinon kharaktèra), celui qui a enlevé le péché du monde, le Christ notre Dieu » [Christi Dei
nostri humana forma characterem etiam in imaginus deinceps pro veteri agno erigi ac depingi jubemus (col. 1691)].
(11) Respectivement M. Heidegger, Nietzsche I, Paris, Gallimard, 1971, « Le concept de Chaos », p. 438 ; et E. Kant,
Critique de la raison pure, Paris, PUF, 1980, « Déduction transcendantale, Principe de la possibilité de l’expérience
(recognition du concept) », p. 124 [A. 111]. Traduction par « mêlée des sensations » (Heidegger [Klossowski],
Nietzsche I, « Le Chaos », p. 138), préférée ici à « foule de phénomènes » (PUF) ou « masse de phénomènes » (G-F),
reconduisant nécessairement à l’opération de la « synthèse ».
(12) Benoît XVI, Encyclique Deus caritas est (Dieu est amour), Paris, Ed. du Cerf, 2006, § 5, p. 22 ; DC 2006, n. 2352,
p. 166-187.
(13) Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils (Contra Gentiles), Paris, Garnier-Flammarion, t. IV [La révélation],
ch. 88 (« Le sexe et l’âge des ressuscités »), p. 401.
(14) M. Blanchot, « Le secret du Golem », dans Le livre à venir, Paris, Gallimard, 1959, p. 130-131 : « L’expérience
symbolique ».
(15) Saint Augustin, Enarrationes in Psalmos, I, 33, § 8, in Œuvres complètes de Saint Augustin, Paris, Vivès, 1871, t.
XVI.
(17) Cf. H. de Lubac, Corpus mysticum, L’eucharistie dans l’Église au Moyen Age, Paris, Aubier, 1941, p. 305ss : « Le
corps triforme d’Amalaire et ses destinées ».
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(16) Thomas d’Aquin, Somme théologique, Paris, Ed. du Cerf, 1986, IIIa q. 75, a. 5, resp. (« Les accidents du pain et
du vin subsistent-ils dans ce sacrement ? »), p. 577.
(19) Respectivement, Thomas d’Aquin, Somme théologique, Ia, q. 3, a. 4, ad. 2 (être comme « acte d’être » et comme
« copule ») ; et G.W Leibniz, Principes de la nature et de la grâce fondés en raison (1714), Paris, Garnier-
Flammarion, 1996, § 1 (La substance comme « Être capable d’action »).
(18) Concile de Latran IV (1215), repris par le concile de Trente (1551), « Décret sur le sacrement de l’eucharistie »,
in G. Dumeige, La foi catholique, n° 739 (Dz 1642), ch. IV, p. 407 : « La transsubstantiation ».
(21) F. Hegel, Leçons sur la philosophie de la religion, Paris, Vrin, III, 1 (« La religion absolue »), p. 77.
(20) Cf. B. Spinoza, Éthique, Paris, Vrin, 1983, Livre III, prop. VI, p. 261 [« L’effort pour persévérer dans son être »
(in suo esse persevare conatur)] ; ainsi que L. III, prop. II, scolie, p. 251 [« Personne, il est vrai, n’a jusqu’à présent
déterminé ce peut le Corps »].
(23) J. Ratzinger, Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans
l’Église (31 Mai 2004), § 12 ; DC 2004, n. 2320, p. 776-777.
(22) Cité et commenté X. Lacroix, « Connaître au sens biblique », Christus, Janvier 2007, p. 13.
(25) Thomas d’Aquin, I Sent., d. 8, q. 1, a. 2, contra 2. Cf. notre article : « Limite théologique et finitude
phénoménologique chez Thomas d’Aquin », in Revue des sciences philosophiques et théologiques, Revue du
Centenaire, Juil-Sept. 2008, p. 527-536 (en particulier p. 549-551 : « L’adage de la proportion limitée ».
(24) D. Bonhoeffer, Création et chute (cours de Berlin de 1932), Paris, Petite bibliothèque protestante (reprise
Bayard), 1999, p. 78.
(26) A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel (1947), Paris, Tel Gallimard, 1993, p. 13. Commentaire de G. W. F.
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, Paris, Aubier, t. I, (B) « conscience de soi », début de la « dialectique du maître et
de l’esclave », [« Indépendance et dépendance de la conscience de soi : domination et servitude »], p. 155-157 : « la
conscience de soi est en soi et pour soi quand et parce qu’elle est en soi et pour soi pour une autre conscience de soi ;
c’est-à-dire qu’elle n’est qu’en tant qu’être reconnu […]. Chaque extrême est à l’autre le moyen terme à l’aide
duquel il entre en rapport avec soi-même […]. Ils se reconnaissent comme se reconnaissant réciproquement ».
(29) Cf. J.-J. Olier (reprenant Saint Jean Eudes), « Mémoires » (1642-1652), Traité des Saints Ordres, 1984, t. IV,
p. 123 : « notre Seigneur n’est pas seulement hostie au saint Sacrement, mais il est aussi communion, en tant qu’il
vient nous communiquer ses sentiments religieux et respectueux qu’il porte à son Père […]. Comme notre Seigneur a
formé son Église par le saint Esprit et par l’esprit vivifiant, notre Seigneur maintenant veut réformer son Église en
prenant les qualités et les dispositions de l’esprit qui est son état au très saint Sacrement de l’autel ».
(28) Cf. Jean-Paul II, Homme et femme il les créa, Une spiritualité du corps, Paris, Cerf, 2004, p. 568 [allocution du
5 Janvier 1983 ; DC 1983, n. 1845, p. 153-154]. Cf. Code de droit canon, can. 1142 : « le mariage non consommé entre
baptisés, ou entre une partie baptisée et une partie non baptisée, peut être dissous par le Pontife pour une juste
cause, à la demande des deux parties ou d’une seule, même contre le gré de l’autre ».
(30) J.-L. Marion, « Le présent et le don », in Dieu sans l’être (1982), PUF, Quadrige, 1991, p. 251-252.
(32) « Rituel du mariage » (édition française), IVe bénédiction nuptiale, Manuel des Paroisses, Ed. Tardy, 1992,
p. 140.
(a) Doyen honoraire de la Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, ainsi que membre de son Conseil
scientifique de la recherche, le professeur Falque à plusieurs thèmes de recherche : la philosophie de la religion, la
philosophie patristique et médiévale, la phénoménologie et l’articulation philosophie et théologie.
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