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3’ HISTOIRE DE LAE CAVALERIE a LA CAVALERIE FRANGAISE A YORKTOWN, 1781 Hussard de la légion de Lauzun. LA CAVALERIE FRANCAISE A YORKTOWN, 1781 La LEGION DE LAUZUN @s forces armées frangaises se sont bien compor- L= lors de la guerre de l'indépendance améri- ‘caine, car, apres les revers répétés subis lors de la guerre de Sept Ans, elles ont su faire, en partie, les ré- formes nécessaires. A lorigine de celles-ci se trouve le duc de Choiseul, un homme aussi tenace qu’habile. Il oc- cupe le poste de secrétaire o'Etat aux Affaires étran- bres, jusqu’en 1761, date @ laquelle Louis XV le place & la t8te des ministéres de la Guerre et de la Marine, Choi- seul se met au travail avec détermination. A ta fin de 1762, une série d'édits, dictés par le bon sens et la né- cessité, sont signés par le roi, marquant le début d'un vaste féaménagement. Les régiments ont 8 présent la méme organisation, le méme entrainement et sont équ- és par la couronne. Larmement s'améliore et les unk foimes se standardisent. Les colonels sont comptables des deniers royaux et le pourcentage quills touchaient autrefois sur 'achat de vétements et de matériel est sup- primé. Le recrutement est centralisé, ce qui fait dispa- reitre plusieurs prérogatives importantes. Tout cela sus- cite de nombreux grognements au sein du corps des officiers, mais les nouvelles méthodes finissent par étre acceptées. Des éooles déquitetion sont a présent mises en’place pour la cavalerie et, @ dater de 1765, le systeme"dartile- rie concu par le général Gribeauval est adopté. Toutes ces réformes avisées valent & Choiseul de nombreux ennemis @ la cour. Il parvient & éviter les intrigues jusqu'en 1771 date a laquelle la maitresse officielle du souverain, la du- chesse du Barry, obtient sa disgrace auprés d'un Louis XV Vieillissant Mais I'gauvre de Choiseul subsiste et ses successeurs oursuivent ses réformes, malgré les accusations de « prussianisation » de 'armée. Le comte Claude-Louis de Saint-Germain, secrétaire d'Etat & la guerre & dater de 1775, provoque un véritable tolé en tentant d'introduite les pu tions corporelles, en licenciaht une partie des gardes royales, dont les mousquetaires et les grenadiers 8 cheval, considérées comme trop coditeuses, en ebolissant la véna- lite des charges et en mettant a la retraite une partie des 865 colonels Jusqu'en 1780, la téche de rénovation est poursuivie par le prince de Montbarrey, courtisan plus accommodant, puis, jusqu’en 1787, par le maréchal de Ségur. C'est toute- ‘ois durant le ministere de Ségur qu'est éaicté ordre in- fame du 22 mai 1781, qui stipule que seuis les nobles peu- vent prétendre au grade d'officier. Ségur y est personnellement opposé, mais il doit obéir aux ordres du tiés autocratique frére du roi (le futur Louis XVIII) et de son clan. Ironie du sort, 'armée francaise étant alors en train de combattre pour la iberté des Américains, l'ordre est vive- ment ressent par les sous-officers et les hammes du rang, ui roublieront pas cette injustice lorsque viendra leur heure, huit ans plus tard Etienne Frangois, duc de Choiseul est Pun des plus talentuenes ministres de Louis XV. réorgansa fotalement Parmée et fa marine. (Beagle) Flussard des voontares rangers de fa marine, de 1778 & 1783, Un deétachement de huscards de la 1° gion, corps colonial essentiellement composé d’Allemands est envoyé en Amérique et ‘aux Afflles, Leurs culotes janes les distinguent des hussards de Lazu, qui potent des clots rouges Les réformes assurent augmentation sensible des ef- fectifs : les fentessins passent de 90 000 8 prés de 170 000 hommes et les cevaliers de 25 000 & 46 000 au dé- but de la guerre en 1778, Pour soutenir armée réguliére, des bataillons de milices des provinces sont également or- gonisés Ainsi'armée frangaise que les Britanniques vont devoir affronter 4 partir de 1778 est-elle complétement différente de celle de la querre de Sept Ans. Elle parvient générale- ment & tenir les troupes britanniques en échec, quand elle ne les force & pas & se rendre, et la plupart des officiers gé- néraux, comme le comte de Rochambeau ou le marquis de Bouillé, sont aussi audacieux que résolus. Les troupes coloniales francaises forment une entité & part de 'armée métropoltaine et des troupes de la marine, Durant Ancien Régime, le ministre de la Marine est égale- mént responsable des colonies administrées par la cou- ronne, de I'inde et des Indes orientales @ lAfrique et aux Indes occidentales. Choiseul commence par désigner un certain nombre de régiments devant servir dans les pos- sessions frangaises, puis, en 1766, il décide de lever une «Légion » par colonie, C'est une nouveauté considérable pour le corps colonial tout récent, dont la majorité des troupes est composée d'hommes libres provenant de chaque colonie, Aux Indes occidentales, tout particulere- ment, ceci représente un changement complet de poli tique. Chaque colonie dispose & présent d'une milice, dans laquelle tous les hommes blancs et les affranchis aptes doi- vent servi. Paimi les nowvelles unités du corps colonial, les volon- talres étrangers de la marine disposent de luniforme de loin le plus élaboré, prescrt en septembre 1778, Le duc de Lauzun, jeune officier et courtisan flamboyant, est nommé ala téte de ce corps et ainsi que huit legions de volontaires trengers, allemands pour la plupert, dont des unités d’in- ‘anterie, c'artillerie et de cavaleria, sont sur les tablettes du ministre de la Marine, afin de servir outremet. Au fina soules trois legions vont véritablement étre créées, cha- une avec deux compagnies de husserds. La premiére légion sert aux Indes occidentales jus- qu'en 179, avant d'étre dissoute (hussards exceptés) fin 1782. Un détachement des hussards de cette legion est présent au siage de Yorktown (1781). Ses hommes portent tun dolman et une palisse bleu ciel, cette deriére étant bor- dée de fourure jaune galonnée de blanc, une culatte jaune et un miriton en feutre noir galonné de jaune. Les hommes de la compagnie générale sont vétus des mémes dolman et pelisse, mais se distinguent par des culottes écarlates, comme la bordure de la pelisse La 2° légion des volontaires étrangers de la merine de- vient la légion de Lauzun titre précis : Volontaires étrangers de Lauzur). La moitié dentre eux, sans doute l'escadron personnel de Lauzun, qui comprenait un certain nombre de Polonais, regoit des lances, ce qui leur vaut le surnom de « lanciers de Lauzun ». Les hussards adoptent I'uniforme de la compagnie générale, un vétéran de Yorktown men- tionnera toutefois existence de « vétements bleus 8 ga- Ions jaunes ». Ils quittent a France en 1780 avec leurs pelisses, mais, cen 1783, Lauzun rapporte qu’elles ont disparu et n'ont pas 616 remplacées en raison de la chaleur qui régne en Virgie nie, Les Américains mentionnent, quant & eux, le port de la moustache chez les hussards francais, La3* legion ser dans Ile Maurice et en inde en 1782-1783. Impatient d'en découdre, Lauzun prend la téte des ‘troupes envoyées avec la flotte de l'amiral de Vaudreuil, qui De gauche & droite: hussard de la Keion de Lanzun, 1780-1783 (remanquez ta lance ef les culotes écarlates, cauctristques de cette ut), antillewr de Uarilerie royale et capoal dinfanere de la Megion de Lavewn, On oublie souvent due ka moité des 600 hommes de Lawzun sont des fatassns, conquiert le Sénégal aux dépens des Anglais en 1779. Puis, en juin 1780, Lauzun, avec deux escadrons de hussards de 150 hommes chacun (le sien et celui de la compagnie g6- nérale) et 300 fantassins, part pour Amérique avec l'armée de Rochambeau. LA GUERRE AVEC LA GRANDE-BRETAGNE, s le dépar, la querelle opposant les colons améri- Derm ax Britanniques attire la sympathia des Fran- gals. Dés 1778, date du déclenchement des hostités, on considére plus prudent d'envoyer cing bataillons de l'armée ol Cette gravure nous monte wn hssard de la 2 legion des volontainesétrangers de la marine, 1778-1780, vm de dos. Reimargucz da plume sur sa cif, e « 2 » sur la iberne et les caours sur les coudes, Remarguez également Pancre sur la sabretache de métrOpole pour renforcer les troupes coloniales pré- sentes aux Indes occidentales. Les Etats-Unis dAmérique proclament leur indépendance le 4 juilt 1776, mais il est alors impossible de déterminer issue du confit Les philosophes francais se délectent des mots em- ployés dans la déclaration d'indépendance, les commer- gants se frottent les mains a 'idée de ouverture d'un nouveau marché et I'opinion publique se met & réver d'une revanche contre la perfide Albion. A la cour, les mi nistres se montrent tr8s prudents, tout en faisant parvenir officieusement des dizaines de milliers d'armes aux in- surgents. C’est alors qu’arrive la nouvelle de la victoire to- tale de ces derniers 8 Saratoga, en octobre 1777, A partir de cette date, 'ambassadeur américain en France, un cer- tain Benjamin Frenklin, parvient & obtenir la reconnais- sance des Etats-Unis dAmérique par la France, concréti- s6e par un traité perpétuel d'amitié et de commerce, le 6 fevrier 178. Londres rappelle immédiatement son ambassadeur & Paris et, en avil'escadre de 'amiral d'Estaing est envoyée en renfort aux Indes occidentales. Des navires britenniques ayant attacué une ‘régate francaise, la Belle Poule en juin, le foi Louis XVI ordonne le 10 juillet & ses navires de « prendre en chasse » ceux de la Royal Navy. La guerre vient de commencer. Eile va se poursuivre sur la mer et aux colonies. ___Vers YORKTOWN _ 1 juin 1781, deux officers britanniques et leur escorte ide cavaliers en vestes vertes longent une étroite pé- rinsule en Virginie orientale, vers la baie de Chesapeake. Ils ont pour mission de reconneitre Yorktown, ancien port export du tabac sur la York. Pris pour cible depuis Glou- cester Point de l'autre cOté de la riviére, ils décident que Vendroit n'est pas adapte @ la construction de la base navale fortfige que leur général en chef prévoit d'édifier et s'en vont. Ils ignorent qu'un peu plus de cent jours plus tard, le destin les ramenera au méme endroit, pour un siége qui dé- terminera le futur d’une nation et d’un empire. Les Francais mettent le sige devant Savannah, & I'au- tomne 1779, mais sans suco’s. Leur commandement en- voie alors des renforts et 5 000 officiers et soldats — I'équi- valent de neuf beteillons dinfanterie — sous les ordres du général comte de Rochambeau qui artivent en juilet 1780 & Newport, dans état de Rhode Island. Uannée 1780 et I'hiver qui suit sont difficiles pour le général Washington et son armée, qui souffrent d'un manque flagrant de vivres et d'argent pour payer les soldes, ainsi que d'actes d’indiscipline croissants. Ils vont bénéficier grandement de lartivée des troupes de Ro- chambeau. Apprenant que les Britanniques du général Cornwallis marchent sur Yorktown, Washington et Ro- chambeau décident de s'y opposer de maniére conjointe, Les projets d’attaques contre New York sont rejetés en raison du manque de soutien naval des Frangais au nord, amiral de Grasse refusant de remonter au-deld de la baie de Chesapeake Les troupes franco-américaines marchent vers 18 sud fen masquant leurs intentions. Elles laissent plus de 4.000 soldats continentaux (les réguliers) et 2 000 milciens devant New York, pour maintenir la pression sur le général Henry Clinton, commandant la place, et pour cacher 8 Cornwallis quis avancent vers lui, Pendant ce temps, 5 000 continentaux partent pour le sud avec leur train artilleri. Les troupes francaises s'ajoutent aux troupes américaines et apportent leurs compétences. Ce sont des troupes réguliéres, entrainées et disciplinges qui vont faire face aux habits rouges, ce qu'ignarent les Bri- tanniques. Les troupes frangaises, placées sous les ordres de Wa- shington, impressionnent les Américains lors de la marche | vers le sud. Les hussards de Lauzun sont d'excellents éclai- | Deux: génénaux fanais ayant paricipé 4 la vévoluion américaine : 4 gauche, le marquis de La Fayete,& droite le duc de Lavzwn, et larmée se rapproche de Yorktown oi lord Corn- wallis se retrouve bientét isolé, puis assiégé. En sep- tembre, les rebelles sont rejoints par 3 000 fantassins fran- ais supplémentaires, convoyés depuis les Indes ccidentales par la flotte de 'amiral de Grasse, ce qui porte les effectits des assiégeants & environ 16 000 hommes, Une batalle navale entre Francais et Britanniques a lieu & Ventrée de le baie de Chesapeake, début septembre. Les pertes humeines sont peu importantes, mais les consé quences sont déterminantes, car les navires frangais cau- sent des dégats suifisamment importants & la flotte an- glaise pour la forcer @ regagner New York, laissant Cornwallis iso. Clinton, conscient de la situation dramatique du géné- ral, espére pourtant le voir tenirjusqu’a la fin du mois d'oc- tobre. Mais le 24 septembre, un conseil de guerre tenu New York recommande qu'une fois les navires de Graves réparés, § 000 hommes embarquent & leur bord pour venir en aide & Comwalis. La principale armée franco-améri- caine, forte de 8 000 hommes, se rassemble William sburg le 26 septembre, L'armée continentale marche a pré sent vers Yorktown en trois colonnes, deux ameéricaines et une francaise. Elles arrivent le 28 septembre et commen: cent immédiatement & investir la place. Les deux camps se lancent dens une suite de raids, tirant avec leur artillerie sur les redoutes et les tranchées, mais les attaques améri cainas se concentrent bient6t sur la prise de deux redoutes britanniques, clés des défenses. De autre cété du fleuve, a Gloucester Point, le milice de Virginie du général Weedon est renforcée par les hus sards de Lauzun et par 800 marins commandés par Choisy Weedon, jugé trop passif, est peu diplomatiquement écarté par le boullant Francais, qui marche sur la ville Le 3 octobre, le général Tarleton mene une expéd- tion de fourrage avec la cavalerie légere de sa légion loyaliste, I'infanterie des Queen's rangers et le compa gnie lagere du 17° Foot. En regagnant Gloucester par la route de Severn, il apergoit les troupes de Choisy moins de deux kilome' taquer pour permettre a gagner leur base. de la ville et décide de les at ses chariots de fourrage de re Lauzun, entendant les avant-postes tirer au pistolet, dé- cide de dépioyer ses hussards en formation de combat. Plagant son infanterie dans un bois, & $2 droite, Tarleton charge @ deux reprises les hussards de Lauzun, mais les Francais tiennent bon et contrechergent. Tarleton est désar- gonné, mais alors que Lauzun tente de le capturer en per: sonne, linfanterie loyaliste se précipite au seoours de son chef qui parvient s'échapper. Lauzun le poursuit, mais doit se replor face & I'infanterio britannique. Tarleton relance Voffensive avant d'etre stoppé par linfanterie francaise. I engage alors ses fantassins et une fusillade longue por- ‘tée commence, jusau'a l'arivée sur le flanc droit des An glais d'une compagnie de hussards et d'un bataillon de vé- térans miliciens sous les ordres du lieutenent-colonel Mer- cet, qui les force a se replier Dans ses mémaires, Lauzun repporte : «Tarleton me vit et march vers moi, pistolet en main. Nous nous apprétions Le sii de Yorktown : combats & Gloucester Point, le 3 octobre 1781, Lors dela plus grande bataille de cavalerie dela guerre de "Indépendance amériaine, un escadron de cavalier britannique, sous les onives du général Tarleton, charge la cavalerie du duc de Lavzin, mais doit se repler sous la pression des renfrs rangais cet anbrcains. ki, Tnleton (au premier plan) viewt die dlésargonné et est sur le point dere capture par des hussards franais en uniforms bleus @ livrer un duel entre nos troupes lorsque son cheval tomba (..1 Je me précipitai vers lui pour le capturer, mais un part de dragons anglais s‘interposa et couvrit sa retraite ; je conservai son cheval. » Lorsque la flotte anglaise arrive devant Yorktown, il est, trop tard. Le 19 octobre, Cornwallis a capitulé avec sa garni- son, ensemble des 7 000 Britanniques et Hessois sortant musique en téte, au son d'une chanson enfantine : The World Turned Upside Down. Les opérations militares vont alors presque entiérement cesser. Les Britanniques éve- ‘cuent Savannah en jullet et Charleston en décembre 1782, ‘ancls que le corps expécitionnsire francais (8 exception de la légion de Lauzun) quitte Boston pour les Indes occiden- tales. Seule New York demeure aux mains des Britenniques. Lauzun a rhonneur de rentrer en Frence pour informer le roi de sa grande victoire, En recompense, Louis XVI li Washington et Rochambeaw (@gawche) envoient des ondres leurs subordonnés respect. (ASKB, Providence, E.-U, ctroie gracieusement le privlége de conserver ses hus- sards, sous la forme d’un régiment. La legion de Lauzun de- rmeure aux Etats-Unis jusqu’en mars 1783, avant de rentrer en France. Linfanterie est dissoute, mais les hussards ren- trent 4 Lauterbourg, ol ils sont réunis en régiment le 14 septemore 1784. II deviendta le célebre 5* régiment de hussards, qui sera incorporé aux hussards du Bas-Rhin (fu- tur 6 hussards, aprés la chute de 'Empereur en 1816. La carriére de Lauzun se poursuit aprés la Révolution américaine, A la mort de son onele, le maréchal Biron, i hérite de son duché et reprend le titre de duc de Biron. En 1789, il se rallie& la Revolution et devient, en 1792, général de 'armée du Rhin. En 1798, il commande les ar- mées de l'Ouest et combat les Vendéens. Sous la Ter- reur, il fait partie des victimes de la politique antinobi- liaite de la Convention et est suspecté de trahison. Par Un cruel retour de fortune, le vaillant duc, qui avait si bra- vement combattu pour la révolution américaine, est privé de son commandement, arété et guilloting a la fin de année 1793. AREOREEAE CAVALERTE re OspPREY PUBLISHING.

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