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Camus Definitivo
Camus Definitivo
il prononce « moi Tl ime a prendee tesponsabilités et toutes ses responsabilités. Et quand il enest chargé & tomber, il affieme qu’ es fils de boulanges, pe quoi il est soudainement lavé de tout et rendu i Pinnocence du Christ enfant. On saura tout enfin du fils de boulanger lorsque j'aura parlé de sa vertu fondamentale, qui est Ia fidélité. Mais chez lui, on Va déja compris, les vertus perdent les visages dérisoires qu’elles affettent chez le peuple. Et, par le miracle de son tempérament, la fidélité elle-méme se trouve transfigurée, Ces ainsi que le fils de bowlanger tient pour m. ilgables les fdéites périmées qu'on prétend lui réclamer: idélité & une classe, & ua parti, une opinion, un cur, ov § Iuieméme ~ car ce soat la vertus de medioets Te fis de bovlanger a voné sa vie i une fidélité plus haute et plus profonde 4 Ia fois — celle qu’il épovse comme son destin secret et qui Pattache justement 4 ea vocation impitoyable de fils de boulanger. Quand méme ce serait contse les boulangers et le nation elle-méme. Aupert Cantus. Alger ripubleain, 18 dbcerabte 1938. LA GUERRE tant de raisons de désespérer. Bien des espoirs et bien des croyances se sont efondrés en méme temps gue cette guerre. Ex pati toutes les contradiétions ot le monde s'agite, contraints 4 le lucidité, nous sommes alors conduits & tout nier, ye peut-ttre les militants de gauche n’ont connu ET «1B SOIR REPUBLICAIN» 1577 Nous comprenoas. Nous comprenons tout. Et nous comprenoss méme trés bien. Beaucoup d’entre nous wavaieat pas bien compris les hommes de 1914. Nous sommes plus prés deux maintenant, cat nous savons quion peut faire une guette sans y consentir. Nous savons qui une certaine extrémité du’ désespois, Pindiférence surgit et avec elle le sens et le goiit de fa fatalité. Les hommes de 1914 n’avaient méme pas autant de miisons que nous de céder a Ja fatalité. Is pouvaieat coire quills faisaient cette guerre pour qu'elle soit la fevaitre. Janus plus cet espoir ne’ sera le dre. Les hommes de 1914 pouvaient espérer dans une réadion des pevples. Tant efforts pour la paix, tant despoits mis sur homme, tant d’années de Iuttes ont abouti a cet efondrement et A ce nouveau carnage! Et dans cette heure mortelle, si nous nous retournons vers quelque chose, ce n’est pas vers l'avenir mais vers les images fragiles et précieuses d'un passé ot la vie gardai son sens : joie des corps dang les jeux du soled et de Veau, printemps tardif dans des éclatements de feurs, fraternité des hommes dans un espoit insensé, Cela seal était valable. Cela seul es encore valable mais nest plus possible. Et pourtant 1A était la vérité qui aurait di garder, ingtruire et préserver les dirigeants des peuples. Et c'est bien 1A peut-etre Pextrémité de la révolte que de perdre sa foi daos "humanité des hommes. Peut-étre aptes cette guerre les arbres refleuriront encore, puisque ie monde fate toujours par vaincre Phistoire. Mais ce jour-la, je ne sais pas combien @hommes seront li pour kes voir. Et de touie fagon ils auront la certitude qu'un tutte jour viendra ot ils devront met [ceaiuré] de la vie. Ausext Camus. Le Soir républicain, 17 septembre 1959.1378 DOSSIER «ALGER REPUBLICAIN > NOTRE POSITION LS imnombrables «lanes» que sous avons offers ik curiosité de nos leéteurs, depuis notre parution, nous fost craindre que, Pimegination aidaat, note sition ne soit faussemeat intexprésée. Et nous avons Pintention de préciser de fagon claire et breve, chaque fois qu'il nous sera possible, notre position en face événements aétuels. C'est 4 Ld définition générale de cette position que nous nous attacherons aujourd'hui. (Onne saurait trop réfuter ce sophisme que le maintiea du moral @une nation nécessite la dispatition de ses libertés, On ne saurait trop iasister sus Pexemple que nous donne A cet égard Y Angleterre. On ne saurait teop répéter, en patticalier, qu’a de récentes éleétions anglaises un candidat « pacfte» a pu se présenter et quien touts occasions, Pobjeétion de conscience, par exemple, et admise par la legislation anglaise. Ceci donne la mesure du climat de la fberté britannique. Et est Phonneur et a force dune démocratie que de pouvoir équilibrer des libertés si essentielles. Pourtant, PAngleterre eS en guerse. Pourtant, NM. amberlain a la snéme conscience de ses responsabilités que notre gouvernement. Nous ticons de ce fat Ia justi cation de notre premier principe : Fopinion et Pexpression libres, toutes les opinions libres et toutes les expressions Tibres (la censure sur les renseignements militaices étant admise). En fonéiion de quoi nous voulons exprimer et défendre notze point de vae sur la paix A venic. ‘Tous les hommes politiques de France et d’Angleterre ont rappelé que Is paix « durable et forte » état le premier but de cette guerre. Les peuples n’ont encore rien dit Mais leur besoin de paix est une des évidences de ls politique internationale. C'est done & cette paix Jointaine que nous nous attachons, de crainte que Pentrainement, Ja lassitude et Ja haine des combats ne la fassent oubliet. Sar cette ptix, nous svons notre opinion. Cef elle gue nous défendons tous les jours dans ce journal. Une fois pour toutes, précisoas. ‘Nous pensons qu’il y a des fautes & ne pas renouveler. Une, grande partic de Fopinion publique frangaise pendant des années, protesté contre les erreurs de Nf «LE SOIR REPUBLICAIN» 3379 Versailles. Nous étions de ceux-Ia. Il a’y a rien dans les éxénements aftuels qui puisse nous faizé changer davis. Nous disions : « Ces fiutes ameneront une. nouvelle uerre.» La nouvelle guerre est 18. Nous ne parlerons pas ‘e nos seatiments en face de la catastrophe. Nous voulons seulement exposer nos convictions. Et nous demandons sans fievre, en pleine conscience de nos tesponsabilités, au’an sein iéme dea guerre, la paix soit envsagés et plus précisément les moyens de conclure une paix durable. Et nous demandons que cette paix définic, plébiscitée parle peuple frangais, soit proposée sans tréve, au miliew méme des combats, tous les jours s'il le faut, L’obstina- tion dans Vinjustice ne peut étre vaincue que par Pobsi~ tation dans la jufice. Ht nous voulons que cette gnecre, puisqu’elle est 8, soft pensée et conduite lucidement. ‘Sut les bases immédiates de cette paix, nous reviendrons quand il le faudra. Disons seulement ceci. On 2 beaucoup critiqué In S.D.N. et, par contrecoup, le principe de Ventente internationale, Nous pensons que la S.D.N. s'avait rien 4 voir avec ce principe et que ce dernier garde toute sa force. Nous Pécrivions sécemment en publiant le patie de la S.D.N. : « Société des nations viGorieuses (Allemagne ea était exclue au début)... née de intéeét, lle a tout sacrifié & Vintérét. La S.D.N. e& & refaire. > Nous pensons, autre part, que des discussions sur Vhonaeut, telles qu’elles ‘s'instaureat aujourd'hui, ne peuvent tien fonder. L’honneur est une notion indi- viduelle et valable seulement pour Pindividu. Si Pon veut baset des négociations sur le degré de loyanté de Hitler, cesnégociations n’aurontjamaislieu. Undésatmementtotal nous assurera les vingt-cing ans de paix que la parole de Hitler ne peut nous garantir. Ceci doit nous faire réfiéchir. Nous pensoas encore : 1) qu’il y avait dans les reven- dications hitlériennes un mélange assez curieus de reven- dications légitimes et de prétentions injustifiées; 2) que a politique internationale de ces deraitres années a con- sigté, par un paradoxe non moins curieux, 4 refuser les premieres et 4 accorder les secondes, et pour le rete 4 donner sous la menace ce qwon n’avait pas su céder 4 temps; 3) que, dans tous les cas,on ne peut vivre éternelle- ment sur un traité ou sur un état de fait et que les notions de vainqueur et vaincu sont sujettes 4 de tragiques transformations.1380 DOSSIER «ALGER REPUBLICAIN» Et ici nous avons 4 intervenir. Nous Ie rappellerons sans modestie : nous a’avons pas attendu M. Béraud ox M. Flandia pour dénoncer ’hitlérisme. Nous avons été les premiers a répudier un régime ott la dignité humaine érit comptée pour rien et ott fa liberté devenait une dérision. Mais, en méme temps, nous ne cessions de dire que cet excés dans la bestialité trouvait sa source dans le déses- poir de tout un peuple. Les nations ici sont comme les individus. C’est dans leur plus grande misére qv’elles forgent leur volonté de puissance. Ne pas humilier, s'elforcer de comprendre, dter & Hitler Jep saison profondes de soa prestige, accorder tout ce qi eft juste en refusant ce qui est injuste, reviser Versailles en séclamant* la Tchécoslovaquic et a Pologne, voir cair, fefeser Pontrainement de la haine, fonder ln solidar humaine et européenne, rajuster la’ politique des nations 2 anc économie devenite internationale: ce sont 14 aos positions. Tout cele, nous le croyons possible et vrai. Nous czoyons en effet qu’ll n’y a qu’une fatalité dans histoire, celle que nous y metions. Nous croyons que ce confit pouvait étre Evité ot peut encore étre arrété a la satisfaction de tous. Nous croyons que s'il n'existaie 4 cela qu’vne seule chance, il serait encore défendu de désespérer avant de Pavoir tentée. On ne Pa pas tentée. On ne Pa jamais tentée, Et cela est possible & toutes les minutes et &inswat méme ou nous écrivons. . Ces pourquoi nous réclamons le droit douvrir les manuels d’histoite, de citer et de préciser. Nous réclamons le droit de défendre la verité humaine, celle qui recule devant la sonffrance et aspire & la joie, Tout se tient et se rejoint dans le monde fermé et machinal que nous avons construit. Les hommes de bonne volonté dont nous sommes veulent du moins ne pas désespérer et maintenic les valeurs qui cmpéchecont ua suicide collectc. Aner Camus. Le Soir républicain, 6 novembre 1939. * Dy a visiblement vine erreus typographique : je eersis porté i subitier « espefiant » a « séclamant>. (R.Q) ET «LE SOIR REPUBLICAIN» 1381 LETTRE A UN JEUNE ANGLAIS SUR LGTAT D’ESPRIT DE LA NATION FRANCAISE { Vein Setiver que tout va bien & Londres et que si vos compatriotes ne sont pas heureux d’avoir la guerre, iis sont du moins décidés & la gagnez. Je me réjouis avec vous de cette résolation. Elle montredu moins que vous avez un but, quoique je ne sache pas bien s'il faut vous ea plaindre oa vous envier. es nouvelles que vous me donnez sont fort intéres- santes, Mais je a’al pas appris sans surprise que le dicecteur de vos services informations a voulu démissioaner parce qu'il n’admettait pas les contraintes de toutes sortes qv’on Tui voulait imposes. Cette attitude serait ici fort stvérement jugée. Eh! quoi, cet homme, qui veut aussi gagner la guerre, je suppose, imagine done une autre gon de la'gugner que celle qui met ea ceuvee la conteninte et la méthode dautorité? Votre homme est un naif ou un sot, mon ami. Et je m’étonne qu’il ne soit pas encore en Prison, ce qui lui edt donné une preuve par neuf que es opinions étaient fausses. Au reste, je ine veux pas lus longtemps me désolidaciser de mes compatriotes en afefant de mintéresser & un geste que tout le monde ici ignore résolument. Et jai hate d'arrver & Vobjet de votre lettee, Vous voulez, me dites-vous, étre renseigné sur Pétat @esprit en France. Vous vous plaignez de ne pas en étre ingtruit par les journanx frangais et vous voulez avoir Tavis d’un individu que vous savez sans préjugés, A crla, je xépondrai d’abord que vous étes bien un Anglais Vidée que avis d'un individu peut avaie le pas sur celui une presse mise & Punisson parattrait futile ici et je ne sus pas encore si quelque réceat décret n'a pas envisagé lecas. Mais je veux cependant essayer de vous convertir & notre doétrine francaise. On dit qu’elle a sa grandeur. Je suis sir qu’elle aura son bonheur qui eét celui du royaumne des cieux ot sera accueillie la presque totalité de notre génération,1778 CAMUS ET LE CAMP SOVIETIQUE Nous ne serons pas, nous ae serons jamais complices! Nous ne serons pas aon plus ‘ies’ phatisiens triomphants. Cette viGoire de la vérité a été’ payee de Hop de moris et de trop de sang pour que nous puissions aceueillir autrement qu’avec une résolution douloureuse. Aujourd’hui encore, ces ouvsiers désarmés qu’on fusille dans Yombre, pour sauver ce qui reste de régimes mou- rants, ne nous font sentir que Photseur et la peine gui ont accompagné ce long mensonge. Mais ces morts déses- pésés nous impotent une fdélité qu'il faut juter une fois le plus. Fidélité au mot qu’ils ont crié devant la répres- sion, au mot gul a convert des soars jusque das fs je Varmiée, an mot gai a survécu Gppressions dont ‘on Pecrzca, a toutes ies myatisations dont oa Vhabillait, fidélité & la Liberté inlassable, A la liberté invincible et sacrée. Oui, nous ne pouvons que répondre de loin A ce eri déchirant des ouveiers de Pozaan Jui donaer soa écho 2 travers le monde. Mais nous levons le faite sans tréve, pour qué le eri plus Seger PAE i hr, poe et sama appris dans les longues années de Phistoire qui vient de passer, voila ce que nous apprenons daas cette nouvelle tragédie. Le choix alors ne sera pas difficile, Nous choisi- rons la liberté contre les barbaries anciennes et nouvelles et nous Ia choisirons une fois pour toutes, jusgu’s Ia fia, pour ne pas démériter un seul jour da sacrifice des militants ouvriers de la Pologne toujours opprimée. Aubert Juillet 1956. cones. REPONSE A UN APPEL A presse, et Hranc-Tirour, a publié hier le boulever- sant appel lancé avant-hier pat les é is a, nee pant es pu es eras Rong ment designe, ct bien que je a’aie jarnais miewx senti qu’en ces jours funébres notre tragique impuissance, je me sens obligé d’y répondre personacllement, 7 los firtres de Hongrie, isolés dans une forteresse de mort, ignorent certainement immense élan d'indignation ACTUBLLES It qui a fait Pananimité des écrivains frangais. Mais ils raison de penser que les paroles ne suffisent pas et eat déisoire d’élever seulement de vaines lamentat gutour de la Hongrie crucifiée. La vérité e8t que la so internatignale tout eatidre qui, aprts des années de re trouvé soudain la force Wintervenir dans le Mo Orient, laisse au contraire assassiner la Hongrie. Dé ¥ a vingt ans, nous avons laissé écraser la républ Espagnole par les troupes et les armes @unc ditt dtrangére. Ce beau courage a trouvé sa récompe la deusitme guerre mondiale. La faiblesse des Na Unies et leurs divisions nous améneat peu 4 peu troisitme, qui frappe déja 4 nos portes. Elle frap} elle entrera si, pactout dans le monde, la Loi internati ‘ne simpose pas pour la protestion des peuples ¢ individus. Cet pourquoi, plutdt que de laisse libre cour sentiments de révolte, d’aifreuse tristesse et de hon ‘nous étreignent devant les appels désespérés de nos | hongrois, je ctois préférable d'inviter tous ceus étaient nommés dans Vappel du 7 novembre 3 un marche positive auptts des Nations Unies. Voici le que je leur propose, qui défiaita en méme temps exigence et nos responsabilités : “eLes écrivains européens dont les noms suivent de deat que Assemblée générale examine sans déseso Je génocide dont es vidime la nation hongrois demandent que chaque nation prenae & cette ocasic responsabilités, qui seront caregitirées, pour voter fetrait immédiat des troupes soviétiques, leur remy meat pat la force de contréle internationale déso la disposition des Nations Unies, la libération des nus et des déportés et Porganisation consécutive consultation libre du peuple hongtois. Ces mesure fee cenles qui puissent assurer la paix juste don avides tous les peuples, y comptis le peuple russe. > Dans le cas ob les Nations Unies reculeraient ¢ teur devoir, les signataires s’cngagent non seul A boycotter Porganisation des Nations Unies et ses nismes culturcls, mais encore 2 dénoncer en decasions devant Popinion publique se carence démission. > Les signataires prient M, le Secrétaire général1780 CAMUS ET LE CAMP SOVIETIQUE faize lout interpréte auprés des Nations Unies our les assuret que leut appel n'est pas inspiré pax un quelconque et, ailleurs, assez vain esprit de chantage, mais pas la Conscience doulooreuse de lets propressespoassils -angoissde ick 8 levant le martyre d’un peuple Je souhaite que ce texte soit signé par tous les desting taires de Pappel des éerivains Thongrois. Mais chaque wwain d'Europe peut aujourd'hui, partout of il se trouve, grouper les signatures dautant d'intelleducls wu'll se pourra et télégraphier ce texte au sectétariat des Nations Unies. C'est fi, je le dis 4 notre honte, tout ce que nous pouvons faite pour répondre 2 nos fetes muassacrés, pour que cesse enfin cette bouchetie, et pour manifester 4 Ja face du monde qu’a c6té de nos gouverne- ‘ments faibles ou cruels, par-dessus le rideau des di@uatures, malgré la faillite dramatique des mouvements et des idéane teadiionnels de In gauche, la vériable Europe exit unie dans la justice et la liberté, face & toutes les tyrannies. Les combattants hongrois meurent en masse aujourdhui pour cette Europe. Pour que leur sactifice ne soit pas vain, ‘pons, doat Tes voix pour wu temps encore sont libres, ons lui manifester, jour aprés jour, notre fidélité et notte foi et relayer, adssi loin que nous le pourro: Pappel de Budapest. Poussons Aunerr Camus. Fran-Tirewr, 10 novembre 1956. Reproduit par Témeins, ausomne 1956. MESSAGE EN FAVEUR DE LA HONGRIE AUN MEETING DES BLUDIANTS FRANCAIS Patis, Je 25 novembre 1956, A seule chose que je puisse aujourd'hui L jourd’hui affirmer publiquement, aprés avoir pasticipé dirett indietement 1 vingt années de notte fanglante hisoin, ACTUELLES 11 178 e8 que Ia valeur supxéme, le bien dernier pour lequel il vaut la peine de vivre ct de combattre, reste toujours la Liberté. Les hommes de ma génération oat eu vingt ans 4 Pépoque 00 Hitler prenait le pouvoir et o& s’organisaient les premiers procts de Moscon. Il nous a falla, pendant dix ans, lutter Pabord contre la tyrannie hielérienne et contre les hommes de droite qui Ia soutenaient. Et pen- Gant dix autres aanées, combatire la tyrannie, salinienne et les sophismes de ses défenseurs de gauche. Aujourd’hui malgré les trahisons successives et les calomaies dont les intelleduels de tous les bords Font couverte, la liberté; et elle Pabord, reste notre raison de vivre. J’avoue avoit été tenté ces derniézes années de déses; du sort de la Liberté. Trahie par ceux dont c’était la vocation de la défendre, piétinée par nos clercs devant les peuples silen- eux, Pai craint sa mort definitive et c'est pourquoi i nia semblé parfois que le déshonneur de aotte temps recouvrait toutes choses. Mais la jeunesse hongroise, celle d’Espagne et de France, celle de tous les pays nous prouvent aujourd hui qu'il n’en est rien et que rien a’abat, tabattra jamais, cette force violente et pure qui pousse Tes hommes et les peuples 2 revendiquer I’honneur de ‘yivre debout. Vous tous qui entrez maintenant dans notre hisoise, noubliez pas cela, Ne Poubliez en aucun lieu, ‘nien aucun temps! Ee si vous pouvez accepter loyalement de tant discuter, a’acceptez jantais que la liberté de espeit, de la personne, de la nation soit jamais mise en cause, méme provisoirement, fit-ce une seule seconde. Vous devez savoir maintenant que lorsque esprit est enchataé, le travail es asservi, que l'écrivain est muselé quand Pou: eles e& opprimé et que lorsque la nation a’est pas libre, Ie socialisme ne libére personne et asservit tout le monde. ‘Que le sacrifice hongrois, devant lequel nous avons remiché notre honte et aotre impuissance, serve 2u moins Yrnous rappeler cela. Nous serons moins tentés d’acca- bler notre propre nation, et elle seule, sous ses péchés hiftoriques. Nous serons plus soucienx, sans cesses @exiger delle toure la justice dont elle est capable, de s: survie et de sa liberté. Vous n’aurez pas alors 4 nous imiter, nous qui, dans cette longue lutte, aous sommes wate Soabakte pout settler les mots et déaoncer Les mySifications, dans @interminables et sériles lutte tiviles, Vous chercherez ce qui vous réanit plutét que c3782 CAMUS ET LE CAMP SOVIETIQUE gai vous sépare. Une cettaine solitude, dure & vivre, risquera ainsi de vous étze épargnée. Alors peut-étre vous referez 2 yous tous ce pays que j'aime aujourd’hui comme la liberté clle-méme et qui, malgré ses malheurs, ses faiblesses, ses fautes, continue de mériter en ce monde aowe fiddité. Mais de toute maniére, partout et toujours, garden Ja mémoite de ce que nous venons de vivre afin de rester fidéles 4 la liberté, a ses droits comme A ses devoirs, et afin de ne jamais accepter, jamais, jue quelqu’ua, homme, si grand soi i, st wrt_qu’ll soit, pense pour Yous et vous conduite. Oubliez vos maftres, ceux qui vous ont tant menti, vous le savez maintenant, et les autres aussi, puis gus seat pas su vous persinder. Oubier tous lee ie maitres, oubliez les idéologies périmées, les concepts mourents, les slogans yétastes dont on veut encore contiauer de vous nourrir. Ne vous laissez, intimider par ancan des chantages, de droite ou de gauche. Et pour finit, n’acceptez plus de legons que des jeunes combattants de Budapest mourant pour la iberté. Ceax-1é ne vous ont bas menti en vous criant que Vesprit libre et le teavail ibre, dans unc nation libte, au sein d'une Europe libre, sont les seuls biens de cette terre et de notre histoire qui vaillent qu'on lutte et qu’on meure pour eux. Auserr Camus. DISCOURS DE LA SALLE WAGRAM (exrrarr) Ce gee Bt Espasa, nose i y a vingt ans, Ie Hongric le sera aujourd’hui, Les nuances. subtiles, les attifices de langage et les considérations savantes dont on essaie encore de maquiller la vérité ne nous intéressent pas. La concurreace dont on nous entretient entre Rakosi et Kadar est sans importance. Les deux sont de la méme race. Ils diffrent seulement pat leur tableau de chasse t, si celui de Rakosi est le pius sanglant, ce o’eSt pas pour longtemps. ACTUBLLES IL 1783, ‘Dans tous les cas, que ce soit le tueur chauve ou le peredenté ‘petsécuteur qui dirige la Hongrie, ae fait pas fe différeace quant a la liberté de ce pays. Je regrette 2 cetiggard de devoir encore jouer les Cassandre, et de Gécevoir les nouveaux espoits de certains confréres fntatigables, mais il n’y a pas d’évolution possible dans une société totalitaire. La terteur n’évolue pas, sinon Jers le pire, Péchafaud ne se libéralise pas, la potence West pas tolérante. Nulle part au monde on a’a pa voir ua parti ou un homme disposant du pouvoir absolu ne pas en user absolument. qui définie le société totalitaize, de droite ou de gauche, cest d'abord le parti unique et le parti unique f’a aucune raison de se détruire lui-méme, C'est pourquoi Ia seule société capable d’évolution et de libéralisation, la scule qui doive garder notre sympathie & la fois critique et agissante, est celle ov [a pluralité des partis est @institu- fiom Elle seule permet de dénoncer Pinjustice et le crime, donc de les corriger. Elle seule aujourd’hui permet de Génoncer la torture, Pignoble torture, aussi mépzisable a Alger qu’a Budapest. ‘Les tases de POceident sont inaombrables, ses crises cet ses fantes téels. Mais, fnalement, aoublions pus que nous sommes les sculs 2 détenit ce youre de pes -étion- hement et d’émancipation qui réside dans le libre génie. Nroublions pas que lorsque la socicté totalitaire, par ses rincipes ‘mémes, oblige ami & livrer Yami, la société MOceldent, malgté tous ses égarements, produit toujours cette ace d’hommes qui maintiennent Phonnext de Givre, je veux dice la race de ceux qui tendent Ja main & Pennemi lui-méme pour le sauver du malheur ou de la most. TLorsque le ministre Chepilov, cevenant de Paris, ose écrire que P« art occidental est desting & écarteler I’ame fhumaine et & former des massacteurs de route expece », illest temps deli répondreque aos écrivainset nosartistes, cus du moins, n’ont jamais massacré personne et qu’lls ont cependant assez de générosité pour ne pas accuser Ie théorie du réalisme socialiste des massacres couverts ov otdonnés par Chepilo et ceux qui Jui ressemblent. Ta vérité es cu’il y a place pour tout parmi nous, méme pour le mal, et méme pour les écrivains de Chepilor, mais aussi pour "honaeus, pour la vie ibre dv