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OCTOBRE 1993 - N° 86 - 40 F ISSN 0182-0567 Aménagement de l'espace rural Assainissement collectif Avenir de la Laita - Eau et Riviéres de Bretagne - APPSB - I, impasse Camille Pelletan - 56100 Lorient - CPPAP 52518 “EAU et RIVIERES de BRETAGNE - APPSB” “Eau et Rivitres de Bretagne - APPSB” a étendu son action et see ei ee Aes J seo eau, des sources aux estuaires. Il est apparu, en effet, que la dégradation de la qualité de eau des sources, des riviéres, des estuaires, du littoral... était la résultante des multiples agressions qui aifectent le milieu naturel. Les potions : + rojets plus ot moins épurés des agglomérations et des indus- tries + efluents des élevages industriel ser) + lessivage des sols. “enrichis” d'engrais chimiques et de pro- duits de traitement des cultures. Liérosion des sols, favorisée par 'arasement des talus et certaines méthodes de culture, qu entraine vers les cours d'eau dlimpor- tantes masses de sédiments. La rectification des cours dieau, eifectuée lors des travaux onnexes au. remembrement ou: Voceasion des operations de drainage, qui enlaicit nos paysages, drut la richesse des cours d'eau et favorise les crues. La destruction des zones humides dont le maintien serait pour tant nécessaire pour régulariser fe débit des cours d'eau, ralentir les crues et éviter les étiages trop accusés en période de séche- ress. La multiplication des plans d'eau qui conisibuent au réchauife- ment des eaux (pollution thermiquel et aggravent les pertes par @vaporation. Ces retenues impliquent des harrages souvent dépourass des passes nécessaires aux poissons migrateurs. Le gaspillage de l'eau engendié par des mentalités et des tech- niques peu soucieuses d'économies d'eau. Des secteursentiers de 'économie régionale exigent pourtant tune eau de qualité : Mélevage, Vagro-alimentaire, la pisciculture, la conchyliculture, Faquacultue, la péche ctigre, le tourisme. Tolérer la pollution au nom d'un certain “réalsme économic est contribuer & fagiise, voire & détruire les fondements de FFéconomie régionale dont les chances reposent sur la diversité ‘Audeld des questions économiques se posent, bien entendu, de redoutables problomes de santé sur lesquels il est urgent de lever le voile (nitrates, pesticides, métaux lourds, substances radioactive...) En apportant votre contribution aux efforts de. association “Eau et Rivieres de Bretagne” vous lui permettez de poursuivre son action en totale liberté Pasi MUA petit zeae ee 56100 Lorient ane ee CCP 3519-12 X Nantes V2 page Vi pnge os Mio pine sau? 2500 F 150 1 00 500 250 50 Mar Qurkichonie Tage 5000 F 1B pe 3.000 F Cesgrin entender our une ition drs ne anos de ame parte Phatacamposiin mosae, ho ‘epee: Cte mre The Sine Thonsn “25800 (andere Te 98 40 1840 nie Clore ~ ZA de Si honan = 29400 Laem 14.9840 1840 Les options eniss dan la eve engigert que es auteurs. Les manus ne sent ps rer, I et peti, de fagon a pls lake, que Fabonemen et abso luni de eotsen Taute personne non ahente 8 Eau et Rovires~APPSB pl 3 roc a ewe, sie 8 ni ‘oitensabomant Test app qe note asi an et bu ten aa Foo decane Giles HUET 7 EDITORIAL Vous avez dit Député ! Longtemps, nous avions espéré que la pollution par les nitrates commencerait détre-vaincue des lors que sa gravité, ses conséquences, et ses origines seraient reconnues. Les évidences, aujourd'hui, sont I nombreuses, fortes, convergentes... incontour- nables ! En une génération, nous avons réussi 4 multiplier par 25 la teneur en nitrates de la plupart de nos ressources, car il est bon de rappeler - on oublie si vite les vérités - qu'une eau n’en contient naturellement que 2, 3 ou 4 mg/l ! Les conséquences, en particulier économiques et sociales, ne peuvent non plus étre ignorées. La Bretagne en consommant quelque 500 millions de bouteilles d’eau minérale se donne, chérement, Villusion d'une solution dont le coat qui ne cesse de croitre s‘ajoute a celui des unités de dénitritication, elles aussi illusoires... Quant a I'eutrophisation des cours d'eau et retenues et aux marées vertes, dans le développement desquelles l'importance du réle du nitrate ne peut plus étre nié, il suffit, pour illustrer leur ampleur, de rappeler que le tonnage d’algues vertes ramas- sé - pardon, “récolté” - par les communes, est passé de 800 t en 1976 4 80 000 t en 1992. 1 sagit la d’un phénomene majeur qui risque sérieusement de metre & mal une image de marque dont la Bretagne aura de plus en plus besoin tant pour “impor- ter” ses touristes que pour exporter ses produits agro-alimentaires... Si les rejets domestiques et les stations d’épuration, dont la plupart sont aujourd'hui dépassées, contribuent 2 cette pollution par les nitrates, le modéle agricole productiviste et en particulier I’élevage industriel porte en la matiére une responsabilité qui ne peut plus étre contestée. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre et I’on a vu, au cours des mois d’été, un jeune Député des Cétes d’Armor s’en prendre aux associations de protection de la nature, coupables a ses yeux de porter une responsabilité dans Vactuel marasme qui affecte les productions porcines... Nous savions le lobby porcin puissant et organisé, mais de la 4 penser qu'un Député pouvait a ce point s'y intéoder ! Nous pensions qu’une vieille démocratie comme la nétre était définitivement a abri des perversions qui affectent les “républiques bananiéres”, mais force est de constater que la crise économique exacerbe les comportements les plus corpora- tistes, et que certains ne craignent plus de prendre le risque de corrompre leur mandat d’élus de la nation en agissant comme de simples suppletifs : ceux des groupes de pression les plus excessifs. . PIERRE og FAU ET RIVIERES N° 86 renez une région bocagére. Supprimez les talus. Faites de la monoculture de mais. Arrosez la terre d’herbicides, d’insecticides, de fongicides. Survient un orage, ou méme seulement une grosse pluie. Etonnez-vous dés lors des inondations et des torrents de boues qui dévalent nos vallées, et de la grave contamination des cours d’eau par les pesticides... Les photos se passent de commentaires : elles ont été prises dans a région de Loudéac ainsi que sur les bas- sins versants de I'flom et de VArguenon, & la suite des rages et des pluies de juin der- rier. Comment peut-on oser par ler de “catastrophe naturelle” & propos d’événements qui ne sont que le résultat dune artifi- cialisation croissante du paysa- ge breton 2 Comment peut-on s’étonner devant Vampleur des dégats, alors que sous les yeux de chaque Breton, on continue chaque jour d’enlever des talus, de travailler les parcelles dans le sens de la pente, de cultiver mais sur mais, de couvrir de plastique des tares... 2 A qui fera-t-on croire qu’un tel_ processus dintensification agricole accompagné d’un démembrement duu paysage, est sans effet sur la qualité des eaux et la vie de nos rivieres 7 Pas & nous en tout cas qui, depuis vingt ans, n’avons cessé de dénoncer ces pratiques et les encouragements qui y Gtaient apportés par les pou- voirs publics. Pas non plus aux services de r'Agence de I'Eau, qui viennent de publier les résultats. d’une étude sur les _micropolluants des cours d'eau du bassin Loire-Bretagne. Ce travail de prélevements et d’analyses, rs d’hec- effectué sur 13 rivieres du bas- sin de la Loire, 4 du bassin du Maine, et 5 de Bretagne est révélateur : les deux cours d'eau les plus contaminés sont le Gouessant et le Couesnon, un mauvais concours de cir- constances sans doute... Pas non plus aux respon- sables du Service Régional de la Protection des Végétaux (SRPV) dont le rapport sur les pesticides dans les eaux bre- tonnes en 1992 confirme I'exis- tence d'une pollution “impor- tante et chronique” a Vorigine d'une situation qualifiée de “tres préoccupante”. La présen- ce de 14 pesticides différents trouvés dans les eaux de 7 riviéres (Arguenon, Horn, Aber Benoit, Vilaine, Oust, Aven, Seiche) est a relier aux usages agricoles mais également a Vemploi de ces produits par les collectivités et organismes parapublics. Le _phénoméne prépondérant dans la circula- tion de ces pesticides, entre leur lieu d'application et eau, est le ruissellement superficiel, indique le SRPV. : I E ALERTE ly a danger pour la produc- tion d'eau potable, danger pour les activités économiques de notre région, péril grave pour la faune et la flore de nos cours d'eau. II n'y a pas dillusion & avoir, faute de mesures vigou- reuses (interdiction de modifi- cation des éléments du bocage, limitation de Vemploi de tous les pesticides en agriculture et par les collectivités, notamment en bordure de cours d'eau, pro- motion de méthodes de substi- tution - désherbage thermique et _mécanique- reconstruction diobstacles naturels au ruissel- lement) la pollution ne sera pas stoppée et notre région ajoutera PESTICIDES DANS LES EAUX BRETONNES LES REVELATIONS DU SUIVI 1992 sla présence d'un veritable t@ imposée par le décret “cocktail” de pesticides : 14 eau potable du 3 janvier matiéres actives différentes 1989! retrouvées.... Championne, la Vilaine, qui véhiculait le 7 juin 1992, 9 pesticides différents !!! = Des difficultés considérables prévisibles pour la produc- tion d’eau potable, puisque 75% des _prélévements dépassent la valeur régle- mentaire limite de 0,5 microgrammes/litre. La pollution est telle (15 micro- grammes/litre sur la Seiche) =La contamination des eaux ev Un impact certain de cette pollution sur les écosys- iémes aquatiques. C'est vrai sur les larves dinvertébrés (éphéméres, gammares) pour le lindane, sur les truitelles pour le dinoterbe, sur les algues pour les triazines et cer- faines urées _substituées, notamment le diuron. sh es a ire que méme le recours aux ‘par un pesticide ~ dont 4 aa Une maaaes traitements les plus sophisti- Femploi n'est pas autorise Vimpasse des pesticides. aes ee : qués (filtration aux charbons en France puisquil n'a pas Mais peut-€tre certains qua- actifs, oxydation) ne garan- fait objet d'une procedure lifieront-ils aussi cette situation tit pas le respect de la quali- d'homologation (le buturon) ! de “catastrophe naturelle” ! ll EAU ET RIVIERES N°86 ASSAINISSEMENT COLLECTIF L‘ILLE-ET-VILAINE FACE A SES EAUX USEES Ear et Riviéres a fait la preuve de son talent dans les actions contentieuses menées contre les industriels, les éleveurs ou les particuliers responsables de pollutions de cours d’eau. Les proces gagnés par l'association depuis plus de sept ans ont été & Vorigine d’une prise de conscience aigué, par les milieux de l'industrie et de Vagri- culture, du nécessaire respect de leur environnement. Mais la pollution des cours d’eau crée toute une série de problémes. Problémes d’assainissement, par exemple. Poussées par |’Europe et les directives de Bruxelles, les collectivités locales doivent maintenant prendre leurs responsabilités et organiser l’épuration de leurs eaux usées. Elles le font peu, elles le font mal, et nous avons donc choisi, la encore, de faire examiner par les tribunaux les dossiers les plus... délicats. Les enjeux ne sont pas exclusivement écolo- giques et piscicoles dans un département oi plus de 70 % de l'eau potable est prélevée dans les eaux superticielles, mais ils conditionnent direc- tement la santé, la salubrité et I’hygigne publiques. De tels enjeux sont désormais large- ment reconnus par les pouvoirs publics au niveau du département. Il convient tout de méme de remarquer qu’une telle politique de modernisation de l’assainisse- ment ne résulte pas le plus souvent d’une prise de conscience des élus sur les enjeux, mais des conséquences d/une- réglementation d’essence européenne. UNE DIFFICILE ADAPTATION ——— Vaccélération donnée & la politique frangaise d’assainissement public résulte bien de la directi- ve européenne du 21 mai 1991 relative aux eaux résiduaires urbaines, transposée en droit francais par la loi sur "eau du 3 janvier 1992 et par ses décrets dapplication (non parus ce jour). Cette nouvelle réglementation, qui devra étre respectée dés le 1" janvier 1998 pour les plus grandes villes, au plus tard le 1© janvier 2005 pour les plus petites, nécessite un immense effort d’adap- tation des infrastructures frangaises pour se mettre en conformité, voire pour se fixer des objectifs plus ambitieux, conformes & la carte départementale d’objectif de qualité et aux options du 6" programme d’intervention de VAgence de I'Eau : le strict respect des normes réglementaires ne permet pas dobtenir de bons niveaux de qualité d’eau, notamment sur le bas- sin de la Vilaine. Le service communal d’assainissement est un service public industriel et commercial. I doit donc faire l'objet d'un budget annexe propre a ce service (depuis la loi sur l'eau du 3 janvier 1992), exclusivement alimenté par les recettes prove- nant des redevances. Celles-ci sont payées par les usagers de ce service proportionnellement a leur consommation d’eau, et doivent étre analysées juridiquement comme le prix d'un service (et non comme une taxe ou un impor). Paradoxalement, la Bretagne se situe dans le peloton de téte au plan national, avec un taux de dépollution proche de 50 % (moyenne nationa- le : 40 %), que l’on peut expliquier par la relative rareté de Veau dans cette région. Quelle est la situation de I'llle-et-Vilaine ? Ce département dis- pose d’un parc de stations quantitativement assez bon, mais qualitativement trés médiocre (notam- ment en zone littorale et dans le bassin rennais) ! Ce parc a généralement été construit dans les années 1960-1970, financé par I'emprunt et, depuis vingt ans, le budget de |'assainissement est principalement affecté 2 payer les annuités d’emprunt, les investissements restant relative- ment rares. nee EAU ET RIVIERES: N° 86 LES REGLES D’UNE BONNE GESTION Il appartient aux maires en pra- lisee par les maires ratiiées, puisque les com: fique = - de faire procéder d'office aux Rune ane co ead > de dBterminet on, pésimatre frais des intéressés a la réalisa- pour attirer sur leur terttoire dassainissement collecif(k tion des travaux rendus néces- Se a janvier 1992) ; saires par des raccordements - de réaliser un programme plu- ~ de déterminer a contrario un défectueux en cas de réti- riannuel de contréle du réseau périmétre ——d’assainissement cences. Dans la pratique, ce pour tous les quartiers, accom- non collectif oi 3 janvier pouvoir de police n'est pas mis. pagné d'un programme de 1992), dy organiser un en ceuvre ; remise & niveau correspon- controle des équipements ind- _ de prévoir un mode de traite- dant : les techniques d'assainis- viduels et, si besoin est, leur rene ccur les eaux phaiales sement ont_considérablement entretien via lassujettissement isan present diaterent évolué en 20 ans, les branche- des résidents & la redevance de Pe cerden: eunlietie a ments défectueux sont _nom- droit commun en cas de négli- ee bance cone breux et méme les réseaux Bee sound fongigphearent bien remplir ce role moindre dassainissement de _lotisse- oe rl r 4 deficient. Dans la pratique, Feces ixsical ex rere: ments récents peuvent étre mal cette disposition _concerne prenmuetinneoscre eee concus. Dans la pratique, cette principalement les _ maires 50m’ /ha imperméabilse) mission de controle et de poli eee epee ees Dans la pratique, ce probleme ce nest pas mise en ceuvre ; J e nouveau est ignoré et sous- de faire évoluer en permanen- % Eeeone pes . évalué ; ce la station d'épuration a tra- toes ae - de prévoir des terrains en vers un controle régulier du ea eet apace cae ibe reserve autour des. stations fonctionnement des _installa- ay oes akice existantes pour tous travaux tions, conformément aux - caine Er na dagrandissement et d’'amélio- conseils délivrés _périodique- comme ceux qui ne sont pa ration ulteieurs, notamment tment par le SATESE. Les eae che denne dans les communes dotées de normes de rejet d'une station sae ce aie BeseDaie a prabeusieed d’épuration communale dor Fecal ieserdtopitane deste, réllexe n’existe pas ; vent s'analyser_ comme une ‘eau hors du ee le = BROS der datoriserca obligation de résultats et non EY arpa ie Gtablissement industriel situé cc en pare ee A dans le périmétre d'assainisse- ee ee San" coubiinis ie ment collectif rejetant ses eaux four est tnt ould celica eaie eae aeineet ite erat collet ret ss Fai oer iene ante Soa Seneca milieu naturel avec des normes on un col ocala ae Fe eee ie patel er dae norms areola ee ee assiette de la redevance das. _—de efets moins contalgnan ribsement dovent se reluser & ‘sainissement. Cette mission est z Ss Ee i prendre en considération les Ignorée, alos que contredt commune. Dans Ia pratiaie, Capaciésaulo-epurtomes des ee ico levant i cours d'eau, celles-ci étant jarges publiques ; = de conclure des conventions Geieralorerieelte ete ~ de faire raccorder d'autorité les détaillées avec tout établisse- antes et devant constituer une uusagers proches d'un systéme ment industriel implanté sur le marge de sécurité en cas de collecte deffluents existant tertitoire communal et raccor dlaceidents ou de dysfonction- non encore raccordés (loi dé au réseau public d’assainis- nemienise soudsneneaaee 16 décembre 1964). Le mare sement. Ces conventions dot shies epurcietiest compétence lige en ce vent préciser les charges domaine, Toute personne qui polluantes acceptées dans le 50 refuse a exécuter les travaux réseau communal (via des Il est certain que toutes ces Prescrits peut étre astreint 4 normes de rejet), le calcul de la mesures engendrent des cofits paver deux fois le montant de redevance — dlassainissement _financiers, mais ceux-ci ne pésent redevance normale (art nécessairement corrigée en _pas sur le budget général des col- L 355 CSP) a titre de penal fonction des critéres précé- _lectivités. La redevance d’assainis- té. Dans la pratique, cetie mis- dents... Dans la pratique, ces _semnent sera done amenée aug- sion de police est trés mal réa- conventions ont du mal a étre _ menter ces prochaines années. EAU ET RIVIERES N° 86 ASSAINISSEMENT COLLECTIF (ote dea age Un bilan est réalisé chaque année par le servi- ce santé-environnement de la DDASS sur le fonc- tionnement des. stations du département. II est réalisé par des agents qui avertissent au préalable de leur visite les responsables communaux, de sorte que leurs controles, nécessairement limités & un ou deux dans l'année, sont généralement révélateurs d'un bon fonctionnement qui est loin de garantir une efficacité permanente des instal- lations. SITUATION DESASTREUSE EN ILLE-ET-VILAINE Or, ce bilan révéle, année apres année, un bon tiers de stations défaillantes. exemple du bassin versant de la Cantache, en amont du bar- rage de Villaumur, est révélateur : sur les trois communes. concernées, toutes doivent réviser complétement leur politique d’assainissement, et notamment leur station d’épuration. Cette situa- tion, inacceptable dans une zone affectée a la production d’eau potable, caractérise ensemble des bassins versants. I! n’est pas rare qu'une com- mune reste dix quinze ans avec une station d’épuration obsolete défectueuse Si Vimprévision est déja condamnable et Savere révélatrice d'une mauvaise gestion, le fonctionnement persistant de stations d’épuration devenues obsolétes doit étre considéré comme inexcusable. II tsmoigne de l'absence de volonté politique des autorités municipales en la matiere et d'une carence grave dans la gestion publique. II nest, ds lors, pas étonnant que des proces- verbaux de pollution soient dressés a l'encontre de responsables communaux et intercommunaux (voir revue ERB n° 76, p. 3). LE DROIT? INCONTOURNABLE ! A cété des pollutions d’origines agricole et industrielle (nées principalement des activités ago-alimentaires ou pétrochimiques), désormais bien connues du grand public, les pollutions des milieux aquatiques par les collectivités publiques sont longtemps resiées inconnues et sous- estimées. La stratégie judiciaire d’Fau et Rivitres de Bretagne repose essentiellement sur l’insécurisa- tion des pollueurs, lesquels doivent prendre conscience qu’ils risquent gros en ne respectant pas la réglementation et en ne procédant pas aux investissements nécessaires. Doit-on, pour autant, traiter une commune comme un pollueur de droit commun ? L’égalité devant la loi reste un princi- pe fondateur de la République, qui rencontre un fort écho dans opinion publique, et qui a justifié récemment des réformes législatives et constitu- tionnelles tendant & soumettre I’élu au droit com- mun. Il apparait donc anachronique de se félici- ter publiquement de elles évolutions (la construction d’un Etat de droit) et de s’étonner concurremment que ces textes puissent étre appliqués. Nous tentons parfois de négocier avec les élus une demande amiable de réparations. Mais en absence d'une jurisprudence en la matiére, et face au caractére novateur de la démarche, force est de constater qu’elle se solde la plupart du temps par un échec et que nous ne sommes pas pris au sérieux. L’action contentieuse reste donc I'ultime moyen de faire entendre les préoccupa- tions des défenseurs des cours deau, et de faire évoluer les comportements, Le 26 mai 1993, deux maires ont été cités 2 comparaitre a l'initiative du ministére public pour pollution de cours d'eau résultant de défaillances de stations d’épuration communales (Gael & Marcillé-Raoul), témoignant d’une — évolution importante de la politique pénale du parquet de Rennes. Ces deux maires ont été condamnés a 50 000 francs d/amende avec sursi D’autres procédures sont actuellement en cours, traduisant la sous-estimation chronique des charges polluantes, l’absence ou le report des travaux, jusqu’au recalibrage du cours d’eau sous la station obsoléte pour mieux se débarrasser des nuisances produites. Malgré les diverses déclarations de prise de conscience et de bonne volonté, la. pollution court plus vite que les moyens de dépollution Ces moyens doivent impérativement étre associés aux sources de pollution (il faut donc privilégier les stations d’épuration par rapport aux stations de traitement de l'eau potable). I Pierre BOYER EAU ET RIVIERES NP B6: A VOTRE SANTE (1* partie) En Bretagne, la qualité de la vie commence 4 se ressentir de la mauvaise qualité de l’eau. Sur le littoral ot les algues vertes, chaque année, envahissent les plages et gachent le plaisir des enfants 4 jouer avec les vagues, 2 respirer les embruns. Au fil des ruisseaux et des riviéres de Bretagne intérieure, contaminés. Mais aussi chez chacun d’entre nous, depuis que nous avons de bonnes raisons de suspecter I’eau du robinet, que nourrissons et femmes enceintes doivent payer tres cher de I’eau minérale “vivement recommandée” par les autorités. Périodiquement, nous faisons le point sur les risques que prennent les intrépides buveurs d’eau, en Bretagne... Risques subis également, ne l’oublions pas, par tous les consommateurs de légumes riches en nitrates, en pesticides, par tous les utilisa- teurs d’eau a des fins alimentaires. Par tout le monde, en fait. Car les risques existent, méme s‘ils sont encore mal connus. On parle beaucoup de maladie bleue du nourrisson, de cancers et autres maladies digestives. Pour vous, nous avons fait le tri entre les articles sérieux et les articles fantaisistes, les comptes rendus judicieux et les scoops alarmistes. Deus une directive du 15 juillet 1980, les Etats membres de la Communauté Européenne savaient que [a teneur en nitrates des eaux destinées a la consommation humaine devaient impérativement se situer en dessous d’une valeur maximale fixée & 50 mejlitre, et se rapprocher d'une valeur-guide établie a 25 mg/l... QU’APPELLE-T-ON EAUX ALIMENTAIRES ? Ce sont “les eaux livrées 4 la consommation ainsi que celles utilisées dans une entreprise ali- meniaire a des fins de traitement, de conservation ou de mise sur le marché de produits ou subs- tances destinées a étre consommeées par homme, et affectant la denrée alimentaire finale”. II s‘agit donc des eaux de consommation livrées par un réseau public, ainsi que celles utilisées dans les industries agro-alimentaires. Ce n'est que le 3 janvier 1989, que le gouver- nement francais intégrait les dispositions de cette directive européenne et de celles du 16 juin 1975 relatives a la qualité des eaux superficielles desti- nées a la production d’eau alimentaire. Ce décret, signé du Premier ministre dialors, M. Rocard, ne respectait pas deux dispositions importantes des directives CEE : ~ il autorisait les collectivités a fabriquer de l'eau potable, sans dérogation, a partir d’eaux superfi- cielles compiant jusqu’a 100 mg/l de nitrates ; ~ il n’obligeait pas ces collectivités qui pompent dans une ressource superficielle dégradée, & mettre en ceuvre un plan de reconquéte de la qualité des eaux. Clest. pourquoi notre association, aidée de “Rividres et sources du Limousin” attaquait ce texte devant le Conseil d’Etat. Plut6t que de se voir désavoué, le Gouvernement, pat deux. décrets modificatifs du 10 avril 1990 et du 7 mars 1991, corrigeait la version initiale sur ces deux points, se conformant donc a I'esprit et a la lettre des direc- tives européennes. Ouf ! EAU ET RIVIERES N° 86 TRAITE DE ROME fondant la CFE v Directive du 16 juin 1975 relative a la qualité des eaux superficielles destinées & la fabrication d’eaux alimentaires Directive du 15 juillet 1980 | relative a la qualité des eaux destinées a la consommation humaine I Décret 89-3 du 3 janvier 1989 relatif aux eaux destinées & la consommation humaine |_allfexclusion des eaux minérales naturelles LA SITUATION EN BRETAGNE ———— Quelle est Ia situation des eaux brutes et distri buées de chacun de nos départements bretons ? Les données présentées ci-dessous ont été pour la plupart extraites des rapports établis par les Directions des Affaires Sanitaires et Sociales sur la situation 1992. COTES D'ARMOR Un peu plus de 40 % de la population du dépar- tement était, en 1992, alimentée par une eau dont la teneur en nitrates a dépassé les 50 mg/l. Ceci, malgré Trexistence de deux unités de dénitratation (Arguenon et Ic) et la mise en place de I'interconnexion entre les barrages du Gouet, de I’Arguenon et du Blavet. Ces investissements, supportés par le contribuable et le consommateur, nécessités par la contamination en nitrates des eaux brutes, se chifirent & plus de 60 mil- lions de francs. Vabsence de résultats dans la lutte contre les nitrates est évidente, puisque s'agissant des rivigres Nombre de prises d’eau superficielles a plus de 50 mg/l en Cotes d’Armor Décret 90-330 du 10 avril 1990 >| Décret 91-257 du 7 mars 1991 co 20. al 18 16 J 14 12 10 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 utilisées pour produire de l'eau de consommation ; en 1986, elles n’étaient que 7 & connaitre des teneurs en nitrates supérieures 2.50 mg. Elles sont & présent 19. FINISTERE Comme son voisin des Cotes d’Armor, le Finistére est l'un des départements les plus touchés au niveau national 18,2 % de la population finistérienne étaient encore, en 1992, alimentées par de eau surnitratée. La non plus, la mise en place de plusieurs unités de dénitratation et le recours a la dilution ne parvien- nent pas a masquer la dégradation générale de la res- source en eau. Les indicateurs nitrates suivis par la DDASS du Finistére ne cessent de progresser = de 70 101 mg/l pour la zone légumitre, et de 35 a 58 mg/l pour la zone de polyculture-élevage déve- loppée entre 1980 et 1990... La DDASS observe dailleurs que “il n’y a toujours aucun exemple de commune ott 'amélioration au robinet du consom- mateur résulte d'une reconquéte de la ressource en eau’. Teneur moyenne en nitrates des captages d’AEP du Finistere 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1906 1987 1988 1989 1990 “EAU ET RIVIERES, oi N° 86 ILLE-ET-VILAINE Les dépassements de la valeur maximale de 50 mg/l dans l'eau distribuée ont été peu nombreux. lls concernent des secteurs alimentés par les prises au fil de l'eau (Vilaine, Airon, Couesnon) et un pourcenta- ge assez faible de la population (4,4 %). Répartition des prélévements d’eaux brutes en fonction des teneurs maxi. en nitrates en 1992 en Ille-et-Vilaine 13%. 19% 68% i Teneur maxi. > 2.50 me/l Bh 25 cette “contradiction centre fa volonté de déve- loppement de la production porcine et le drame de la bais- se des revenus des producteurs _existants”. Nous comparons la situation des petits éleveurs (dont on se solidarise) & celle des petits commer- ants balayés par la mise en place des grandes surfaces. “Pour quelques emplois créés dans les hypermarchés, combien de petits commercants ont été ruinés, combien de petits commerces ont disparu 2?” Mais la s'arréte la com- paraison, car le développement de la production porcine dépend du milieu naturel récepteur des céchets, lequel a 05 limites. augmentation de la pollu- tion et les besoins en eau de l'agro- alimeniaire justifient entre autres, dans notre département, la politique de construction des barrages = soutien d’étiage pour diluer les rejets, etc. Le 26 aodt, la FDSEA de la Sarthe dénonce “les leaders bretons qui, 3 Paris, parlent dle maitre, _ mais sfemploient dans leurs régions, 2 tout ‘mettre en ceuvre pour sauver leur pro- duction, quitte 2 pousser les prix vers le bas, persuadés que la demiére région a faire du pore en France sera la Bretagne”. “Ce comportement est ires- pponsable”, souligne le président M. Cl. Cochonneau (!) . Méme jour : 20 tonnes de jambon danois détruit au péage de la Gravelle par 70 militants de la FOSEA Mayenne. Enfin, le 27 aott, la Confédlération pay- sanne, 2 Loudéac, accuse & son tour. Elle dénonce dabord le développe- ment irresponsable des élevages indus- triels, ainsi que la politique des grou- pements de producteurs, et des banques “qui ont continué a inciter a produire”..."soutenant les mieux placés et dégageant sans précaution ni méme discussion, les plus faibles’. Y auraitil de la zizanie dans la famille des producteurs 2.. I i ILLE-ET-VILAINE 4 BREED ice staton, Mots ex EMOTION A BROCELIANDE — Un barrage sur Aff, cest d’abord noyer la vallée ob, d’aprés la legende, Lancelot du Lac et Gueni@vre se sont ppromenés, et tous les arguments tech- Hiques ne serviront & rien si 'on na pas 2 cepur, d'abord, de refuser ce massacre de lame de la Bretagne. Nous avons pratiquerent perdu notre langue, nos coutumes, notre culture. Que nous restera-til quand on aura effa- 6 tous les loux de notre mémoire ? PACE Si initiative en faveur d'un néo-bocage a Pacé est ts intéressante et encoura- geante (cf. dernier numéro d’ERB), les aménagements en cours sur la commu- ‘ne ne sont pas tous de la méme qualité calibrage de la Vaunoise sur 300 m (sans autorsation) ; construction d'une média- théque la place d'un manoir du XVI siscle ; construction, contre. Vavis des Batiments de France, d'un foyer loge- ment dans le parc de la Touche-Millon (zone nion constructible); constructions fen zone inondable... Le plus contradic- toire avec un “néo-bocage” restant la destruction des deux tiers du Bois-des- Planches pour la consiruction d'un hypermarche. Le développement de la population, aux alentours de 10 000 habitants prévus, fera que la station d'Spuration assurera £80 % du débit de la Flume au niveau de PACE. DERNIERES NOUVELLES DU REMEMBREMENT ———— Le 19 aod, le CNJA 35, & Chevaigné, défend Vaménagement. foncier. Les intervenants (Conseil Général, DDA, Chambre. d’Agriculture) _poursuivent leur politique de communication et de promotion du remembrement (ERB n'a pas été invité : l'association aurait pu rappeler les dégats récents’ dans le département : ex. 95 % des boise- ments prévus d garder dans le site clas- sé du Mont StMichel ont 66 détruits & Roz-sur-Couesnon). Les. chifires de 20 % d’économies réalisées grice 2 Vaménagement réalisé et Vimpact sur Finstallation supplémentaire de jeunes agriculteurs reposent exclusivement sur une poursuite aveugle du systéme intensif. EAU ET RIVIERES N° 86 LOIRE-ATLANTIQUE _. GESVRES : DES OPPORTU- NITES INTERESSANTES —— Entamé depuis un an et demi, te dossier du Gesvres arrive & un tour- nant stratégique. On se souvient qu’a ‘initiative conjointe de la Gaule Nantaise et de la délégation d’Eau et Riviéres, tune mobilisation associative impor- fanie avait permis, sur la commune de Treilléres, de stopper un projet de recalibrage hydraulique de ce cours d’eau qui, a 10 km de Nantes, est le seul de Loire- Allantique abritant une souche de truites fario. Un front associatif Tegroupant quatorze_ organisations ait ensuite intervenu en coordina- tion avec la DDAF pour “reforma- ter’ le projet e conseiller la mairie de Vigneux-de- Bretagne qui, en amont, nourrissait un projet similaire. Tres tot, Eau et Rivigres avait défini quelle devait @tre a son sens la_méthodologie dapproche de ce bassin versant situé dans l'un des demiers contre- forts du Massif Atmoricain, placé en bordure d’agglomération, enjeu dun conilit d'usages aigu. UN IMPORTANT TRAVAIL RELATIONNEL Apres plus d'une dizaine de réunions, des visites sur le terrain avec les services de VEtat, des contacts avec les communes concerées ainsi quiavec le Conseil Général, la réunion du 6 septembre 1993 a la DDAF a marqué un tournant historique dans ce dossier. Pour la premi¢re fois en effet, tous les acteurs se sont retrouvés autour d’une méme table afin d’envisager un avenir plus brillant pour ce bassin versant. UNE INITIATIVE DECISIVE : VIGNEUX HESITE U’Agence de Eau Loire-Bretagne, & cette occasion, a soumis aux parti- cipants un projet_accueilli avec enthousiasme par Eau et Rivires, car il est sur le fond comme sur la forme similaire au projet proposé au collectif d'associa- tions un_an plus tat par notre association. II Slagit, en effet, de mener sur le Gesvres une opération pilote de restauration de cours d'eau. Cette opération aurait comme premitre Gtape une étude de faisabilité d'un montant de 100 2 200 KF. Elle serait. financée A 50 % par VAgence ; le département lui, continuant’ sur la lancée d'un contrat vert initié avec le groupe nature de La Chapelle-surErdre, a souhaité manifester son soutien en apportant 30 % du financement, charge aux communes de prendre en charge le solde. Si pour Nantes, La Chapelle-surErdre et Treilléres, Vaccord de principe a, d’ores et deja, été donné, la commune de Vigneux-de-Bretagne hésite encore. Une attitude d’autant plus surpre- nante, tient a souligner le collecti, que la station d’épuration de cette commune est directement respon- sable d'une pollution organique sur le cours supérieur du Geswres. Crest un élément qui, on le voit, n’a pas échappé aux associations. Par ailleurs, le Syndicat e’Assainis- sement du ‘district de Nantes s'est proposé pour assurer la maltrise d'ceuvre étant entendu qu’un comi- té de pilotage regroupant toutes les parties sera chargé du suivi. UNE METHODOLOGIE ADAPTEE Uétude proposée par Agence de Eau se décompose en trois phases : a) une phase diagnostic destinge & efiectuer un état 7610 des lieux, fondée a la fois sur une analyse bibliographique, sur des enquétes de terrain, ainsi que sur une analy- se scientifique des milieux (biolo- gie, pédologie, fonctionnement du bassin versant) ; b) une definition des objectifs de restauration, le cours d’eau étant découpé en segments homogenes ; ©) les aménagements. techniques, dont i est dit quills seront réalisés par des méthodes de restauration douces, Bien plus qu/une simple ‘opération tech: nique, le cadre propose par l’Agence de I'Eau pour- rait recenser les éléments transver- near saux au dossier : occupation du territoite, prospective en matiére d/analyses qualitatives et quantita- tives de lespace, contlits dusage, bilans CORPEN et CORPEP du bas- sin versant... Autant d’éléments fondamentaux 2 nos yeux qu’implique la dualité du bassin versant cultures de mais a Yamont, situation en agglomération aVembouchure ACCOMPAGNER L'OPERATION, Vassociation ne peut donc que se réjouir de initiative prise par ensemble des _ partenaires Agence de |’Eau, département, ser- vices de Etat, district de Nantes, communes (nous espérons une pro- chaine décision positive de Vigneux). On notera qu'Eau et Rividres a souhailé anticiper la démarche proposée puisque deux mémoires de fin d'études concer- nant le Gesvres ont été effectués cette année I'initiative de notre association. Le premier concerne Vopportunité d’un contrat partena- sur ce cours d’eau : ila été réa- lisé par V. Latour sous la direction de P-Y. Le Rhun (MST aménage- ment du territoite ). Il est terminé et est a la disposition de nos parte- naires. L’autre concerne les aspects juridiques et réglementaires d'un tel projet. Il a été engagé par une éuudiante de DESS Droit de VUrbanisme et permettra & Eau et Rivieres d/approvisionner le collec- tif de défense de la vallée du Gesvres en solutions originales et argumentées. Hl EAU ET RIVIERES. N° 86 “LE BON SENS EST LA CHOSE AU MONDE LA MIEUX PARTAGEE.”” En matidre de gestion piscicole, n’en déplaise au philosophe, l'indolence est souvent la régle, excep- tion faite de quelques associations (Trémeven, Elorn) qui assurent un suivi sérieux de la ressource piscicole. Cependant, individuellement, nous pou- Vons agir efficacement a la protection et au_main- tien de la population salmonicole par l'utilisation d'hamegons dépourvus d’ardillon, “Il (le pécheur) a compris que essence méme de la péche & la mouiche est la mystification de la truite et qu’en tuant ses prises, il tue aussi son sport.”' La plupart des truites que je capture sont remises” aleau, Jeune pécheur a la mouche, j’adhére tout 2 fait & cette assertion, mais il m/arrive de conserver quelques poissons pour une consommation immé- diate. Cependant, la plupart des truites que je cap- ture sont remises, avec soin, a eau ; ceci d’autant plus facilement que j/utlise depuis trois ans mainte- DESCARTES. Discours de la méthode, 163: nant uniquement des hamegons sans ardillon qui nest qu'un gadget destiné a procurer au pécheur un fallacieux sentiment de sécurité. S‘il est vrai que Iutilisation de la mouche facilite a priori la remise du poisson a I’eau (piqGre superfi- cielle), il n’en demeure pas moins quen conservant Vardillon, les risques de blesser le poisson sont réels et non négligeables. En effet, d'une part extraction de I'hamecon peut entrainer la déchiru- re des tissus, déchirure susceptible de s'infecter dans nos eaux plus ou moins polluées (plutét plus que moins) ; d’autre part pour enlever un hamecon avec ardillon il faut exercer une préhension relati- vement forte risquant ainsi de provoquer des Iésions internes qui seront fatales au poisson. Le pécheur qui voudrait utiliser des hamegons sans ardillon a deux possibilités : soit en acheter tels quels, on en trouve chez Patridge, Tiemco, Mustad ; soit écraser l'ardillon de ses hamecons, opération jacilitée par l'emploi de produits de bonne qualité comme ceux de la marque Kamasan, personnellement c’est cette solution que Jai choisie Nous allons aborder maintenant le domaine de la péche proprement dite. Dans les lignes qui suf vent, je parlerai uniquement de mouche seche, mon expérience en noyée étant insuffisante pour en tirer des observations. Lorsqu’il commence a utiliser des hamecons sans ardillon, le.moucheur peut étre surpris par les décrochages occasionnés notamment lors des sauts que la truite effectue parfois. Pour autant, il n'a pas 2 en incriminer absence d’ardillon qui, pense-til, pourrait étre préjudiciable au ferrage. Deux raisons cela : premiérement la pénétration du fer au ferra- ge est bien meilleure ; deuxiémement, la perte du poisson nest imputable qu’au seul pécheur qui rfaura pas su parfaitement maftriser la bagarre en veillant & toujours. garder la soie tendue en particu- ier quand la truite fonce vers lui. Au moment de 'échouage, il faut se méfier de l'ultime réaction du poisson qui 2 la vue du pécheur peut retrouver des forces insoupconnées. Je V'ai appris a mes dépens. Soyez donc préts a réagir en conséquence en don- nant de la ligne lorsque cela est nécessaire. La suppression de Vardillon constitue donc un moyen efficace pour sauvegarder les truitelles, les- quelles engament sans _discernement ; avec Yardillon c’est un véritable gachis en toute légalité En outre, cet acte sensé permet au moucheur d'améliorer sa technique de péche, ce qui n’est pas la moindre des satisfactions. U/ARDILLON TU Pour conclure, je citerai M. Romain de Weck, président de la Fédération des Sociétés de péche de la région de Fribourg (Suisse) qui déclarait en 1987 : “'ardillon tue ; tous les pécheurs 4 la ligne doivent savoir que lardillon est responsable en riviere de la mort d'une proportion considérable des truites et des ombres capturés avant qu'ils raient atteint la mesure minimale. Le jeune pois- son que le pécheur détruit par ignorance, manque de soins, ou égoisme, est perdu pour la péche et rend illusoire une partie de nos efforts en matiére dexploitation et de gestion piscicole'”””. Cet avertissement doit nous amener a réfléchir sur Vavenir de notre sport qui, si rien n’est entre- pris, risque de disparaitre faute de combattants. Essayez donc de pécher sans ardillon, vous serez vite convaincus. I Nicolas BOURRE )D. Swisher et Richard Selective Tou in P. Pelipat fcoogie et Péche” Re Weck Bulletin d'information de la Félaton Fribourgeoise des Soci de piche in P. Pelipot “Ecoogie et Poche” BULLETIN DES PECHEURS D’EAU ET RIVIERES : OU EN SOMMES-NOUS ? Vous avez éé nombreux a répondre a notre appel. Pour beaucoup d’entre vous, le ‘bulletin de liaison que nous vous avons pro- posé répond a un véritable besoin. Des réponses nous sont parvenues de toute la Bretagne et de la région parisienne (R. Etesse de Paris et P. Mariault de StNom- le-Bretéche. Vous signalez souvent votre “souhait impatient que ce projet aboutisse” (L. Loater et G. Tilly de Plerin), c'est pour vous une “excellente initiative” (J. Illiou de St-Renan) et c'est done avec “grand plaisir® (C. Hélou de Brest qui a déja réglé son abon- nemerit faisant preuve d'un optimisme sain) que vous avez appris cette éventualité de nouveau lien entre les adhérents. Vous avez également proposé de collabo- ter au bulletin ; c'est le cas de Nicolas Bourre de Nantes qui n'a pas attendu et signe dans ce numéro de la revue son premier article ; est Ie cas également de correspondants dans les Cétes d’Armor, le Finistére et le Morbihan. Bref, il semble que le réseau soit petit & petit sur le point de se. structurer. Nous entendons néanmoins persévérer dans notre effort de constitution de fichier car nous souhaitons pouvoir planifier de la maniére aussi exacte que possible notre lec- torat. Nous faisons clone un second appel pour les personnes intéressées par le bulletin et qui auront exprimer leur avis sur le numéro 0 préfigurant un lancement plus off ciel. De notre c6té, nous sommes en phase de choix du logiciel nous permettant une charge de travail réduite de mise en pages. ‘Vous pouvez toujours nous écrire EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE 2, place du Bouffay 44000 NANTES EAU ET RIVIERES N° 86 Ne) Ne) yI ETUDE D’IMPACT D’ELEVAGE : DES PRECISIONS DE L’APR Suite & un article relatif aux projets de porche- rie en Ille-et-Vilaine, nous avons regu de I’Atelier pédologique rennais les précisions suivantes : “Monsieur Pilorge avait confié a la chambre dagriculture d'tile-et-Vilaine et non 4 APR la réa- lisation d'une étude dimpact préalable a l’exten- sion de sa porcherie. A issue de Wenquéte publique, le commissaire enquéteur a donné un avis défavorable. Dans ces conditions, I’insuffisan- ce d’étude dimpact retenue par le tribunal admi- nistratif de Rennes suifisait a faire annuler larrété préfectoral. Monsieur Pilorge a alors cherché un bureau d’étude privé et compétent pour réaliser une étude d'impact approtondie, qu'il a contiée 2 ‘Atelier pédologique rennais. Compte tenu des mesures compensatoires proposées, l'ensemble «des ser- vices techniques de l'Etat, la Commission d’enqué- te, le Conseil Départemental d'Hygiéne ont tous émis des avis favorables. Cependant, le préfet dillle-et-Vilaine a. cette fois refusé d’autoriser Vagrandlissement de cette porcherie. M. Pilorge a saisi la justice, l'affaire est en cours.” Dont acte. Mais cela ne serait hélas pas la pre- mire fois qu'un commissaire enquéteur, les ser- vices de |’Etat, et le Conseil d’Hygiéne approuvent un projet_ mauvais pour l'environnement. Diailleurs, si cela était si rare, comment expliquer alors I'évolution de la pollution par les nitrates dans la région ? BARRAGE DE VILLAUMUR LAVIS DE P. MEHAIGNERIE “Vai lu avec beaucoup d’attention Varticle paru dans le dernier numéro d’Eau et Riviéres consacré au Conseil Supérieur d’Hygiéne Publique dans Jequel la construction du barrage de Villaumur est évoquée, Je partage nombre d’analyses de cet article et je souhaiterais en effet que des mesures de préven- tion soient prises en amont. Encore faut-il prendre en compte la situation des agriculteurs, leurs dif cultés sont déja importantes, la volonté d’intensi- fier est grande lorsqu‘un jeune s’installe. Pour ma part, je serais prét 4 ce que Fau et Rivieres participe, tant en ce qui conceme le bar- rage de Villaumur que ceux de La Chapelle-Erbrée et de la Valiére, @ un Observatoire Permanent de Ja qualité des eaux. Concermant la Cantache, je vous informe que le SYMEVAL, qui aura en charge la gestion du barra- ge de Villaumur, a lancé W’étude générale de reconquéte de la qualité des eaux sur le bassin versant.” La volonté des élus d'llle-et-Vilaine d’engager une politique de prévention des pollutions notam- ment a I'amont des barrages utilisés pour la pro- duction d’eau potable est a saluer. Notre associa- tion accepte bien volontiers la proposition qui lui est faite de participer au suivi de évolution de la qualité de I’eau... Eau, miroir de nos actes... DROIT DE PASSAGE SUR LES COURS D’EAU. Les propos de Monsieur Van der Esche, rappe- lant les droits des propriétaires riverains et leurs efforts pour restaurer les cours d’eau ont suscité de nombreuses réactions. L'opinion de M. Van der Esche nest pas partagée par tous nos lecteurs, loin sen faut. L'un d’entre eux, M. Leduc, responsable d'un club de canoé-kayak, apporte des précisions sut les relations canoestes-proprietaires de mou- ins : “La majeure partie des pratiquants de notre sport se félicite des excellentes relations entrete- nues avec les propriétaires de moulins qui, pour la plupart, acceptent bien volontiers qu’un peu de vie et d'activité anime les vallées. Les sports nau- tiques en Bretagne représentent aujourd'hui une activité qui participe a 'essor touristique en milieu rural, et méme s'il faut certainement organiser et cadrer leur développement, il serait regrettable que quelques propriétaires s‘opposent & toute cir- culation sur les cours d'eau. Diailleurs, la Cour d’appel de Riom, dans un arrét du 4 juin 1992 a estimé “que si le lit des cours d’eau non doma- niaux appartient aux propriétaires riverains, ceux- ci n’ont aucun droit a Vusage exclusif de Veau courante”. £1 qu’en conséquence, le simple fait de Circuler librement en embarcations sur la riviere West pas attentatoire au droit de propriété des rive- rains. La cour précise méme que par circulation normale, on entend, le simple passage au fil de eau, mais aussi, le fait de toucher accidentelle- ment et ponctuellement de maniére instantanée les rachers des berges ou ceux dépassant du lit, et, en cas de nécessité, le fait de pouvoir prendre pied ponctuellement et de maniere instantanée sur le lit ou les berges. Seuls constituent donc une prise de position attentatoire aux droits des propriétaires riverains, le piétinement continu du lit, 'embar- quement ou le débarquement sur les berges.” I EAU ET RIVIERES N° 86 Les SECRETS DES LIvRES Pris de montage des movches Hettage dun pcheur 3 mouche es Trchopes- Charles Gaidy . Tessin u dete rows sane He 105 Fira fais macs Gu Tine Damion sia ‘yee sof de modration otc Nata non CEA ee a BRASSERIE DES DEUX RIVIERES Slant comaen te 1, place de la Madeleine = =, 29600 MORLAIX - Tél. 98 63 41 92 Découvrez combat nature La revue des associations écologiques et de défense de l'environnement + Les actions des associations. + Des articles de fond sur I écoiogie. * Vactualité ‘nature et environnement” fen France et dans le monde ‘+ Revue trimesttielle, fondée en 1971 Demandez un specimen gratuit. Abonnement annuel & partir de 120 F. BP 3046 - 24008 Périgueux Cedex - Tél. 53 08 29 01 Mueslis, Granola, potages, plats cuisinés (riz Basmati 2 I'Indienne, aux cépes, eréole, et couscous). Souflettes de céréales (Bio-Pop et Bio Chic-Choe) et préparations pour galettes végétales. Pour tous renseignements Tél. 97 26 $4.93 Fax 97 26 56 55 A, Peltier Couédel 56220 Pluherlin | | André POCHON | | Un livre écrit par un paysan breton respectueux de la nature, soucieux de protéger la qualité de l'eau et qui sait quelle différence fondamentale il y a entre cultiver la terre et l'exploiter avec la férocité rationnelle des méthodes productivistes... Préface de Jean-Claude Pierre.

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