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JUIN 1989 - N° 69 - 20 F ISSN 0182-0567 La valiée du Scort! remise en état par les bénévoles | aujourd'hui sous ia menace des mines d'uranium Pollution par les nitratres L’agriculture biologique | Activités agricoles et qualité des eaux L'uranium dans la vallée du Scortf Eau et Riviéres de Bretagne - APPSB - 1, impasse Camille Pelletan - 56100 Lorient - C.P.P.A.P. 52518 “EAU et RIVIERES de BRETAGNE - A.PP.S.B.” Créée en 1968, afin de protéger les Salmoni- dés (saumons et truites) qui sont des poissons par- ticuliérement sensibles a la dégradation des rivié- res, Association “Eau et Rivires de Bretagne — APPS.B” 2 peu a peu étendu son action et sa réflexion & l'ensemble des problémes relatifs a la gestion de l'eau, des sources aux estuaires. Trés rapidement, I'Association a été amenée a prendre conscience des atteintes graves, que nos modéles actuels de production et de consomma- tion faisaient subir a l'environnement. ll est apparu, en effet, que la dégradation de la qualité de "eau des sources, des riviéres, des estuaires, du littoral... était la résultante des multi ples agressions qui affectent le milieu naturel Les pollutions : * rejets plus ou moins épurés des agglomérations et des industries ; * rejets des effluents des élevages industriels (lisiers) ; * lessivage des sols “enrichis" d’engrais chimiques et des produits de traitement des cultures ; Lérosion des sols favorisée par l'arasement des talus et certaines méthodes de culture qui entrat- nent vers les cours d'eau d'importantes masses de sédiments qui envasent les cours d'eau et colma- tent les graviéres o¥ se reproduisent les salmo- nidés. La rectification des cours d'eau etfectuée lors des travaux connexes au remembrement ou & occasion des opérations de drainage, cette prati- que enlaidit nos paysages, détruit la richesse des cours d'eau et favorise les crues. La destruction des zones humides dont le main- tien serait pourtant nécessaire pour régulariser le débit des cours d'eau, ralentir les crues et éviter les étiages trop accusés en période de sécheresse. Lenrésinement des vallées qui acicitfie l'eau et banalise nos paysages. La multiplication des plans d’eau qui contri- buent au réchauttement des eaux (pollution ther- mique) et aggravent les pertes par évaporation. Ces retenues impliquent des barrages souvent dépour- vus des passes nécessaires aux espéces migra- trices (anguilles, lamproies, saumons, truites, aloses...) Le gaspillage de l'eau engendré par des menta- lités et des techniques peu soucieuses d’écono- miser les ressources naturelles. Bien d'autres facteurs aggravent encore ces atteintes a |'intégralité et 4 la richesse des milieux aquatiques que l'association "Eau et Rivieres de Bretagne" s'est donnée pour objectifs de défendre. L’association considere que la protection des ressources en eau est un impératit majeur. Des secteurs entiers de 'économie régionale exigent en effet une eau de qualité : 'élevage, \'agro-alimentaire, la pisciculture, la conchyliculture, 'aquacutture, la péche cétiére, le tourisme... et tolé- rer la pollution au nom d'un certain “réalisme éco- nomique” c'est, en vérité, faire preuve d'une étrange myopie intellectuelle. Tous ceux qui se ren- dent ainsi complices de la pollution contribuent & fragiliser, voire A détruire les fondements de l’éco- nomie régionale dont les chances reposent sur la diversité et l'autonomie. Au-dela des questions économiques se posent, bien entendu, de redoutables problémes de santé sur lesquels il est urgent de lever le voile (nitrates, pesticides, métaux lourds, substances radio-actives...). En apportant votre contribution aux efforts de l'association “Eau et Riviéres de Bretagne’ vous lui permettez de poursuivre son action en totale liberté. Délégation du A qui s’adresser ? Siege social, délégation du Morbihan : 1, rue Camille Pelletan, 56100 LORIENT, tél. 9767.92.45, Délégation des Cétes-du-Nord : Gilles Huet, Kerdudalou, 22200 SQUIFFIEC, tél. 96.43.2869 stare Sud : Gilbert Duigou, tél. 98.39.4796 ou Youen Landrein, tél. 98.55.6661 Délégation du Finistére Nord : Raymond Leost, tél. 98.40.75.22 Eau et Rivieres de Bretagne “Bau et Riviéres de Bretagne - A.P.P.S.B! est une association créée en 1969. Son objectif est de défendre eau pure des “sources a la mer’, de protéger les rivigres, leurs vallées et leurs estuaires contre tout ce qui porte atteinte @ leur beauté et 4 leur équilibre naturel. Sila lutte coritre toutes les formes de pollution est la principale préoccupation de l'association, celle- ci stefforce aussi, en permanence, de faire ceuvre éducative et de susciter le respect de la nature. En démontrant qu'une eau pure et des rivigres propres sont les conditions d'une économie saine et respectueuse des hommes, l'association s'est atti- rée de nombreuses sympathies. Il nfen demeure pas moins quielle méne une action difficile et qu'elle a besoin de votre concours personnel pour la poursuivre et amplifier. La Vallée du Scorff, jardin et fontaine du Pays de Lorient. Depuis bientit 20 ans des centaines de béné- voles en ont fait une vallée exemplaire, connue dans toute la France et bien au-dela des frontiéres. La Cogéma, aussi peu respectueuse des sites que des hommes envisage d'y ouvrir mines et carriéres d'uranium. Aidez-nous a Ja défendre... Phoio J-C. Pierre N° 69 - SOMMAIRE 2 Editorial : mission accomplie ? 3 Le 3° Congrés de ‘Eau et Riviéres”’ 4-5 Au consommateur de payer ! 6-7 Activité agricole et qualité des eaux dans les Cétes-du-Nord 8 Vaches normandes et pollution diffuse 9-10-11 Lagriculture biologique 12413 Mise en conformité des piscicultures et actions juridiques 1415 Luuranium dans la Vallée du Scorff 16-17 Nouvelles bréves 18 La Rigole d'Hilvern 19 Gobages 20 A vos commandes Ont participé a la réalisation de ce numéro, outre les auteurs des articles : Mise en page : Marie et Christian Jourdren, Evelyne Maho, Jean-Claude Pierre, Jacques Dumur. Photo de couverture : Jean-Claude Pierre. Intérieur : C. Jourdren - Nature et Progrés - M. Pitois Nos remerciements a Guy Robin de Rennes et & la photogra- vvure ot il trevaille, pour les films de la photo de couverture. ooneuesn ares omttromte Aas ne rn Perea, Re ae panes eseemereoinnes a seg ie gee cerenene Dameron a putenion See Tame, Grenier tie, ri zak cm 6 an ogee Gore Peer Melee sor Sosa aoe aera eee Seco a: Meee Senin mor PSEERTA' ae eenmconinnee toensom, Rear eas oor Reese — Stiknst en aa a os Beem eet aes Editorial Un éditorial se doit de faire réfléchir. A la limite il se doit méme de provoquer. Ces quelques lignes n'ont pas dautre objec- tif, Puissiez-vous étre nombreux & profiter des vacances pour y réfléckir, et mieux, pour cow: cher sur le papier les idées qu'il vous suggere. Davance merci. Mission accomplie ? Notre troisiéme Congrés, celui de nos vingt-ans, aura donc lieu a Lorient les 25 et 26 novem- ‘bre prochain, Does et déja, retene bien cette date Retener surtout - car ce nest pas une clause de style - que ce Congrés marquera une étape déci sive dans la vie de notre association et que vous vous devez de vous sentir concemé par sa pré paration et sa réusite. Audela du theme retenu dont importance ne vous échappera pas : L'BAU, LA SANTE ET. LA VIE, cst en effet tout lavenir de notre association qui se joue & partir des questions que nous nous devons maintenant de nows poser. Une association régionale de protection dela nature axe, essentillement, sur les problémes eau Savere-telle encore nécessaire ? La question mérite réflexion. Leau, aujourd'hui, tout le monde en parle, les nitrates sont & la « une » des médias, chaque jour ou presque, malheureusement dailleurs. La pollution nest plus un suet tabou et ceux qui s'achar- nent & nir la gravité de ses conséquences sur la santé et économie apparaissent & une majorité croissante de citoyens, tout simplement comme des personnes dépourvues d'intelligence, d hon néteté, ou de sens moral. ailleurs, selon un récent sondage « Le Monde-FR3 », 48 9 des Francais placent les atteintes 4 environnement au premier rang des problémes les plus préoccupants de cette fin de siécle, avant les menaces de guerre, de terrorisme ou de crise économique ! Lécologie devient méme un théme politique porteur et les « Vert » représentent une force qui compe. Les structures agricoles, longtemps réticentes, admettent la gravité des atteintes aux Gcosystémes et, poussées par leur base, engagent un certain nombre dactions. Les églises elles-mémes, ceucuméniquement réunies & Bale, liew hautement symbolique de la pollution chimique, découvrent sept siécles seulement aprés Francois d/Assise, que la création rérite respect et que certains concepts judéo-chrétiens de domination de la nature devront étre revus ! Dans ce contexte, une association comme « Eau et Rivigres» atelle encore sa raison d’tre ? Ne doitelle pas, agement, considérer que le moment est venu pour elle de se dissoudre purc- ‘ment et simplement ou tout eu moins de se fondre dans dautres structures, plus jeunes, plus importantes, mieux adaptées au nouveau contexte ? Derriére cette question, aucune amertume, aucune désespérance. ‘Toute association raisonnable se doit ainsi, de temps en temps de «faire le point», voire méme envisager son avenir en terme de disparition sa mission accomplic Les idées pour lesquelles nous nous sommes tous battus depuis 1969 sont effectivement mieux prises en compte par ensemble de la population et puisquélles s‘institutionnalisent nestl pas temps de « lever le pied », agement ? Ces questions, il faut se les poser avec sérieux est cette condition, et a cette condition seulement que nous serons capables, si vous le jugez nécessaire, denvisager une nouvelle éiape et de nous fixer, pour la dévennie a venir des objec- tifs, des priorités, des méthodes d'action ‘Cest a cette condition aussi que nous serons en mesure de coopérer avec d'autres associations et structures poursuivant des buts similares et, de nous situer sans fanfaronnade ni fablesse, par rapport aux autres acteurs socio-Economiques. Cest cette condition, enfin, que nous serons capables, dans la clarté, de défendre leau, les rvigres at, au-dela, bien sir, dautres valeurs Jean-Claude PIERRE. P.2/ eau et rivibres | N° 69 L'Eau la Santé et la Vie 3° Congrés de ‘’Eau et Riviéres de Bretagne’’ Lorient : samedi 25, dimanche 26 novembre 1989 20.ans! un tel anniversaire mérite d’étre célébré de facon éclatante Nous le ferons aver sérieux. Nous le ferons avec entrain, dans la joie. Avec sérieux parce que le theme est grave et que la situation de Veau est préoccupante. ‘Avec joie paive que ce sera occasion, nous l'espé- rons, de retrouver tous ceux qui, & un'titre ow & un autre, ceuvrent pour promouvoir d'autres relations entre les hommes et la nature. [Notre combat est difficile, épuisant parfois mais dans ‘ce monde soumis aux valeurs techniciennes, dans Tequel le cute du veau d'or a tant d'adeptes incons- cients, retrouver ceux qui partagent notre désinté- ressement, ceux qui ceuvrent pour le "Bien Com- ‘mun et les générations futures est toujours source de joie et d'encouragement mutuel. En 1969 nous avons créé APPSB afin de sauver le En 1979 lors de notrg 1* Congrés nous avons ill tré 10 années d'€volution : “du saumon a homme". En 1984 notre 2* Congrés se plagait concrétement, sous le signe de l'économie : "des rivigres propres pour une économie saine, En retenant comme theme pour ce 3¢ Congrés, celui cde nos 20 ans, "L’Bau, a Santé et la Vie" nous serons ‘au coeur des problémes économiques mais aussi éthi- ‘ques de notre societé. 3 rencontres permettant de présenter les contribu. tions de notre association & la défense de la vie ont &6 prévues : * eau, V'uranium et la santé, ‘eau, la mer et la santé, “eau, agriculture et la sant La synthése nous permettra d'élever le débat et de tracer des perspectives d'action pour le décennie & venir : celle qui ouvrira le 3* millénaire. Mais revenons sur tere... et profitons de cette oppor- tunité pour rappeler& ceux qui souhaitent nous aider 4 poursuivre action entreprise que des places d'audi- teurs et diadministrateur au C.A. sont & pourvoir & Voceasion de ce congrés. Solidarité-Eau Vers des jumelages Bretagne - Pologne ‘Ala suite des contacts éablis depuis plusieurs mois entre "Eau et Rivitres" et le "GRET.”, notre association a regu mis- sion de recevoir, fin juin, une délégation de responsables polo- nais du Syndicat Solidarite plus particuliérement chargé des problémes d'eau, En Pologne en effet, la pollution a atteint des niveaux insup- portables mais la mise en ceuvre de solutions s'avére part culigrement complexe. Les responsables de “Solidarité-Eau” qui bénéficient de V'appui de I'épiscopat polonais savent que les solutions passent par 1a prise en charge des problémes par la population elle méme. Iis seront done attentifs toutes les initiatives prises en Bre- tagne pour promouvoir un développement rural qui respecte eau et sols miewx que celui quia prévalu depuis les années 50 et dont on percoit mieux aujourd'hui les conséquences sur la vie rurale et les 6quilibres naturels. ‘A terme nous espérons que ce premier contact se traduire par des jumelages entre des associations et des collectvités ‘cuvrant, ici et lrbas, pour une eau pure ! Comité Economique et Social Nomination d'un représentant des associations de protection de la nature et de l'environnement Un décret du 14 mai 1989, précisait que la nomination du représentant des associations de protection de la nature ou Comité Economique et Social de Bretagne devait seffectuer “par accord entre I'Union Régionale Bretonne de Environ- nement, a Société pour I'Btude et la Protection de la Nature en Bretagne et l'association "Bau et Riviéres de Bretagne! A Vinitiative du Délégué Régional a l'Architecture et & ’Envi- ronnement (DRAB} une réunion de concertation s'est tenue 4 Rennes le 8 juin LaSEPNB., "Bau et Rivigres” et 'URBE ont présenté une candidature unique : celle de J-C. Pierre, Cette candidature était par ailleurs soutenue par les Fédéra- tions des associations de protection de la nature des Cotes- duNord et du Morbihan : la FAPEN et 'UMIVEM. J-C. Pierre pourra done poursuivre le travail entrepris avec la publication du rapport “L’eau enjew économique majeur” au moment of le instances régionales prenant enfin cons cience de la gravité du probleme de l'eau et envisagent la mise sur pieds d'un groupe de travail mixte “CE.S-Conseil Régional P. 8/ eau et rviéres / N° 69 Pollution par les Nitrates Au consommateur de payer ?.. Ilest intéressant de rapprocher les propos ci-contre tenus @ quelques jours d‘intervalle par deux acteurs socio-économiques du Morbihan : M. J.C. Cavaillé et M. Floch, P.DG. du nouvel abattoir de pores de Locmineé. Alors que Vadministration du département, sous l'impulsion de nouveau Préfet s‘efforce de préparer l'avenir et d’endiguer la pollution en mettant en ceuvre différentes mesures sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement {meilleure adaptation des plans d'épandage, amélioration du fonctionne- ‘ment du Conseil départemental d’hygione, vigilance accrue vis a vis des éta- blissements classés, concertation...] n’est-il pas consternant de noter les décla- rations de M. Floch ? Nous attendons de voir combien d’élus auront le courage de soutenir les fonctionnaires qui cherchent simplement a faire respecter la loi et qui sont de ce fait confrontés a des pressions corporatistes bien coordonnées... Nous nous efforcerons, pour notre part, d’en démontrer le caractére perni- cieux, non seulement aux associations de protection de la nature et de con- sommateurs, mais aussi et surtout @ tous les responsables économiques du département réellement soucieux de préparer l'avenir. Les propos que nous rapportons sur la page ci-contre dénotent une vision rétrograde et dépassée du développement, au moment ou les instances euro- péennes préparent, pour 1992, de nouvelles mesures de protection des sols et de Veau, en limitant, entre autres, Ia charge d’animaux par hectare. DES PROPOS LENIFIANTS Pendant des années, M. Cavaillé, Président du syndicat départemental de Teau, sest ingénié & minimiser a pollution par les nitra- tes des ressources en eau du Morbihan. Il sesten outre, constamment, fait remarquer par ses critiques acerbes a l'égard de "Eau ct Rivigres" & ses yeux coupables d'exagérer et de noircir le tableau. Comment, aujourd hui, ne pas contester les méthodes qu'il entend promouvoir ? Aujourdhui, en effet, Mr Cavaillé ne peut plus dissimuler la vérité derriére les fameu- ses “moyennes" dont il s ait fait le spécia- liste et dont nous avons, sans relache, dénon- cer le caractére fallacieux. Le déretinterministériel du 3 janvier 89 qui fixe les paramétres & ne pas dépasser ignore la notion de "moyenne" et, il ny a pas plus de dérogation possible & la limite des 50 mg/l! La loi est let i va done falloir la respecter, bon gré, mal gr. Le réveil sannonce douloureux pour tous ceux qui ont refusé de voir laréalitéen face. Pour tous ceux aussi qui ont préféré les pro- pos énifiants de M. Cavaillé & nos mises en garde répétées et qui n'ont pas su de ce fait, mettre a profit les dix dernidres années pour engager les politiques de prevention qui s'avéraient nécessaires. UNE REALITE BIEN GENANTE Car a réalité est la, incontournable. Depuis de nombreuses années les consommateurs de plusieurs communes du département ont regu, un moment ou a un autre, une eau contenant plus de 50 mg/l de nitrate, 9 communes en 86, 14 en 87, 28 en 88! On a done menti. e ne sont pas des cas isolés, les tendances Saggravent puisque dans 49 autres commu- nes on consiate que les teneurs étaient com- prises entre 40 et 50 mgil ! On le voit, la situation est done bien loin d'etre aussi brillante quion le prétendait, et le Président du. Syndicat départemental de Yau serait donc bien inspiré & Yevenir de se montrer plus prudent et surtout plus objectif sil tient & garder quelque cexéaibilité Le département va connaftre un rével dow Joureux et, nous niavons pas fini dentendre parler: - d'abandon de captage.. ily ena tant ct tant qui ne disposent pas encore des périm®- tres de protection prévus par la loi de 1964. -de dilution par le raccordement de réseaux trésnitratés & dautres qui le sont moins, (pour combien de temps encore 7) - d'usines de denitrification que le con- sommateur paiera et qui rejetteront sans doute leurs éluats..& la riviere. P. 6 / eau et riviéres /N® 69 ‘TOUJOURS PLUS LOIN Mais Monsieur Cavaillé propose daller encore plus loin dans cette "fute en avant” qui continue de prévaloi : construire dans la région de Pontivy une usine de traitement du lisier dont le financement serait en par- tie assur... par les consommateurs deau du. département | Un sérieux accroc de plus au principe du "'pollueur payeur” qui est le fondement de la loi de 1964 sur Feau. Une solution cofiteuse, aléatoire et trés par- tielle qui ne résoudra pas le probleme sur le fond. Une solution qui risque de fare ilusion en mobilsant des créits et des com: pétences qui pourraient étre utilisées juci cieusement ailleurs. De nombreux organismes ont d'ores et déia réagi et les réactions les plus intéressantes sont venues... du monde agricole lui-méme ! [Nous avons lu avec attention les déclarations de YAPAP. et celles de Michel Guernevé, Président du CNJA du Morbihan dont nous nous devons de souligner le caractére nova- teur et courageux. est heureux en effet de constater que loin de toute démagogie et tout corporatisme des responsables agricoles refusent de sengager dans les voies sans issue, mais lourdes de cconséquences, que leur proposent les tenants d'un productivisme dépassé dévastateur de Heau et des sols. Cohérence les propos de M. Cavaillé... et ceux de M. Le Floch ! “Le pollueur doit étre le payaur c'est un beau principe, Encore fautil bien voir les incidences Sconomiques. Non seulement sur los producteurs de porcs ou de volailles ‘mais sur toute la chaine. Et jusqu'au consommateur, sil ne mange pas de pores peutétre est: transporteur "Si on a d'autres colutions & me pro- poser, je suis preneur”. “En revanche, il refusera toute remise en cause du développement économique basé sur le modéle productiviste. Les nouveaux abattoirs éants de Locmine et bientot de Jos- selin ont sa bénédiction, Son combat pour le traitement des lsiers s‘inscrt dans cette perspective, pas question pour lui d'y renoncer’ Extrait de Ouest France 26 mai 89 - 6d. 56 Volontiers condescendant a égard de ses concurrents pro- ches, trés ortique envers Etat “qui pompe nos résultats finan- ciers, Jean Floch peut étre aussi féroce vis & vis de Administration. Ainsi quand il est question de régle- mentation plus sévére pour proté- ger l'environnement des atteintes Ge I'élevage intensif: “cela me fait mal aux tripes cit’ quand i est poli qu’on remette en cause et qu’on freine ce qui est la base de l'économie et de l'emploi dans la région. Je ne demande qu'une ‘chose aux pouvoirs publics : pas de doping, mais qu'on nous laisse pédaler !” Extrait de Quest-France 24 mai 89 - page agricole Un sérieux désaveu ‘Au moment méme ou M. Cavaillé exprimait son refus de voir remet- tre en cause le modéle producti- viste, le ciel et la terre se char- geaient de le ramener & un peu de modestie en rappelant les limites d'un développement congu au mépris des lois les plus élémentai- res de la nature. Le 25 mai en effet, un orage comme il s'en produit tous les ans ou presque, s’abattait sur le sec- teur de Cléguérec-Pontivy. Une région oii le remembrement, ses travaux connexes et des méthodes de culture inadaptées a des ter- rains en pente ont depuis long- temps fragilisé les sols et engen- dré. ‘importants phénoménes d’érosion. Erosion, Destruction des Sols ...Au consommateur aussi de payer ? Spectacle de désolation dans la région de Clé- uérec aprés le passage de Vorage ‘Terres et cultures emportées, chemins défon- és, arbres arrachés, torrents de boue. A aval, le Blavet source d’alimentation en. ‘eau potable pour toute la région, transformé cen oved charriant teres et mons, charriant aussi engrais et pesticides en tous genres. Les agriculteurs, soucieux d' tre indemnisés rapidement au titre des "catastrophes natu- relles" sien sont pris au SousPréfet de Pontivy ! Ne seraient ils pas mieux inspirés de sinter roger sur les causes mémes de ces sinistres a repetition : 86, 87, 89. Pour notre part, nous ne nous faisons pas dillusion, Sous tne forme ou sous tune autre le contribuable paiera Il ne paiera pas seulement les indemnités demandées, les travaux de dégagement et de réfection des chaussées, le curage des cours d'eau, les coats supplémentaires de traite- ment de Veau... I paiera aussi, au niveau de sa santé, tous les “codt exteres" d'un rmodele aveugle générateur 'érosion, de pol- lution, d’exode rural Etonnant tout de méme de consiater que dans la région de Pontivy, pourtant privée d'eau plusieurs heures durant et oti le phé: nnoméne s'est déja produit plusieurs fois les années passées, scules les voix de "Blavet 0 agricuteurs snistrés Ainsi dos champs situés 1e bilan est lourd mais ston que le instr a revétu différents aspects ? contrebas des pontes ont eu leurs cultures détruites par la phyto toxicité des produits utilises sur dautres cultures @ Yamont ! Le ruissllement les a pollues Quant aux analyses de ces micro-polluants (lindane, et autres.) dans l'eau du Blavet, qui les 2 effectuses ? Vivant et de 'A.A.P.. de Pontvy se soient faites entendre Ces deux associations ont en effet dénoncé les outrances de méthodes d’aménagement du territoire qui portent aujourd'hui leurs P.5/ eau et rvigres / N° 69 fruits “terre, engrais et pesticides ou robi- net... et maintenant il faut payer les dégats, ceux dela pollution et ceux des snistresagri- coles. Bravo l'agriculture productivste". Frangois Le Page Activités agricoles et qualité des eaux : Dans les Cétes-du-Nord une démarche commune de onze organisations Saisissant Vopportunité de l'inauguration du zoopole de Ploufragan, le 21 avril dernier, onze associations de consommateurs, de producteurs [mytili- culteurs, cedape, agriculteurs biologiques) et de protection de Venvironne- ‘ment, ont adressé au Premier Ministre, au Prés ident du Conseil Général ainsi qu’au Préfet des Cotes-du-Nord un dossier relatif 4 l'impact des acti- vités d’élevages hors-sol sur la qualité des eaux (dossier disponible au siege). UNE DEMARCHE JUSTIFIER aggravation de la pollution de la ressource ‘en eau des Cétesclu-Nord : 13 cours d'eau ‘sur les 20 alimentant les populations en eau potable ont dépassé les 50 mgll de nitrates en 1988 ! - Le souci déviter toute dificulté dans lappl- cation des Directives Buropéennes (eaux conchylicoles, eaux alimentaires, quotas de lisier..), en faisant progresser la réglementa- tion applicable dans le département dans le sens d'une meilleure protection de la res- source en eat, Les onze organisations ont dans ce dossier, sis en évidence, quatre Lacunes essentiel Jes au sein de la procédure dautorisation et du contrdle des activités d'élevage insuffisance manifeste des études pact qui ne comportent, ni bilan de fer sation, ni étude daptitude des sols @ Tepandage...ladministration acceptant la fer- tilisation apportée par I'élevage jusqu’au niveau de 200 unités dazote sur terre labou- rable et 400 unités sur surfaces en herbe ‘Ceci sans quil sot tenu compte de l'impos sibiltédutliser du lisier pour certaines cul tures (DIE d'hiver, prairies en été.|, des apporis diengrais minéraux, des apports de fumier ou de liste d’slevages non soumis & la réglementation des installations classées [ainsi les furniers des élevages de moins de 50 bovins ne sont pas pris en considération..!). 2_- Le disfonctionnement du Conseil d'Hygiéne qui se traduit par Hoctroi davis favorables & des extensions d'élevages dans des secteurs complétement saturés de liser ainsi sur le bassin versant du Gouessant of en 1985 la DAF indiquat quill existait au ‘minimum 200,000 mde lisier en trop, des dizaines d'extensions ont été autorisées par le Préfet aprés avis favorable du Conseil d'Hygiéne, 3 -Labsence de suivi des épandages notam. ‘ment au niveau de l'évolution de la qualité des sols (taux de matiéres organiques, con- centration en acide phosphorique]. 4 Linexistence des contréles compte-tent des moyens ridicules de IInspection des Ins- tallations Classées : !équivalent de tris pos- tes dlinspecteurs pour environ 12.000 Alevages | Ces lacunes sont, pour lessentie,& Yorigine de Févolution désastreuse de la qualité des eaux douces et littorales des Cates-du-Nord, ‘Quels que soient les efforts développés par P. 6 /eau et riviéres /N® 69 Je Département (mise en place des périm@. tres de protection, études diverses, informa: tion), aucune amélioration ne pourra étre envisagée siladministration d'Btat ne revoit pas d'urgence les conditions d‘autorisation et de controle des ateliers d’élevages hors sol. Les onze organisations ont donc demandé ‘que soient mises en ceuvre les cing mesu- res prioritaires suivantes : 4} Amélioration des études d'impact (com- prenant bilan de fertilisation et etude d'apt- tude des sols a !6pandage), 'bj Mise en place d'un suivi obligatoire des épandages (tenue d'un caret d’épandage et contre régulier de la qualité des sols par analyses de terre} ) Amélioration du fonctionnement du Con- seil Départemental 'Hypiéne : établissement de rapports de présentation des affaires inté- grant le descriptif des secteurs d'implanta- tion (densité animale existante, présence ou pas dexcédents de liser ) Développement des actions de formation et diinformation par laffectation dans cha- que GRDA. (Groupement Régional de Développement Agricole| d'un poste de com seiller agricole exclusivement détaché @ des actions d'information, de consel, de suivi, étude, des problémes de l'eau.

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