JUIN 1989 - N° 69 - 20 F
ISSN 0182-0567
La valiée du Scort! remise en état par les bénévoles
| aujourd'hui sous ia menace des mines d'uranium
Pollution par les nitratres L’agriculture biologique
| Activités agricoles et qualité des eaux L'uranium dans la vallée du Scortf
Eau et Riviéres de Bretagne - APPSB - 1, impasse Camille Pelletan - 56100 Lorient - C.P.P.A.P. 52518“EAU et RIVIERES de BRETAGNE - A.PP.S.B.”
Créée en 1968, afin de protéger les Salmoni-
dés (saumons et truites) qui sont des poissons par-
ticuliérement sensibles a la dégradation des rivié-
res, Association “Eau et Rivires de Bretagne —
APPS.B” 2 peu a peu étendu son action et sa
réflexion & l'ensemble des problémes relatifs a la
gestion de l'eau, des sources aux estuaires.
Trés rapidement, I'Association a été amenée
a prendre conscience des atteintes graves, que nos
modéles actuels de production et de consomma-
tion faisaient subir a l'environnement.
ll est apparu, en effet, que la dégradation de
la qualité de "eau des sources, des riviéres, des
estuaires, du littoral... était la résultante des multi
ples agressions qui affectent le milieu naturel
Les pollutions :
* rejets plus ou moins épurés des agglomérations
et des industries ;
* rejets des effluents des élevages industriels
(lisiers) ;
* lessivage des sols “enrichis" d’engrais chimiques
et des produits de traitement des cultures ;
Lérosion des sols favorisée par l'arasement des
talus et certaines méthodes de culture qui entrat-
nent vers les cours d'eau d'importantes masses de
sédiments qui envasent les cours d'eau et colma-
tent les graviéres o¥ se reproduisent les salmo-
nidés.
La rectification des cours d'eau etfectuée lors
des travaux connexes au remembrement ou &
occasion des opérations de drainage, cette prati-
que enlaidit nos paysages, détruit la richesse des
cours d'eau et favorise les crues.
La destruction des zones humides dont le main-
tien serait pourtant nécessaire pour régulariser le
débit des cours d'eau, ralentir les crues et éviter
les étiages trop accusés en période de sécheresse.
Lenrésinement des vallées qui acicitfie l'eau et
banalise nos paysages.
La multiplication des plans d’eau qui contri-
buent au réchauttement des eaux (pollution ther-
mique) et aggravent les pertes par évaporation. Ces
retenues impliquent des barrages souvent dépour-
vus des passes nécessaires aux espéces migra-
trices (anguilles, lamproies, saumons, truites,
aloses...)
Le gaspillage de l'eau engendré par des menta-
lités et des techniques peu soucieuses d’écono-
miser les ressources naturelles.
Bien d'autres facteurs aggravent encore ces
atteintes a |'intégralité et 4 la richesse des milieux
aquatiques que l'association "Eau et Rivieres de
Bretagne" s'est donnée pour objectifs de défendre.
L’association considere que la protection des
ressources en eau est un impératit majeur.
Des secteurs entiers de 'économie régionale
exigent en effet une eau de qualité : 'élevage,
\'agro-alimentaire, la pisciculture, la conchyliculture,
'aquacutture, la péche cétiére, le tourisme... et tolé-
rer la pollution au nom d'un certain “réalisme éco-
nomique” c'est, en vérité, faire preuve d'une
étrange myopie intellectuelle. Tous ceux qui se ren-
dent ainsi complices de la pollution contribuent &
fragiliser, voire A détruire les fondements de l’éco-
nomie régionale dont les chances reposent sur la
diversité et l'autonomie.
Au-dela des questions économiques se
posent, bien entendu, de redoutables problémes
de santé sur lesquels il est urgent de lever le voile
(nitrates, pesticides, métaux lourds, substances
radio-actives...).
En apportant votre contribution aux efforts de
l'association “Eau et Riviéres de Bretagne’ vous
lui permettez de poursuivre son action en totale
liberté.
Délégation du
A qui s’adresser ?
Siege social, délégation du Morbihan : 1, rue Camille Pelletan, 56100 LORIENT, tél. 9767.92.45,
Délégation des Cétes-du-Nord : Gilles Huet, Kerdudalou, 22200 SQUIFFIEC, tél. 96.43.2869
stare Sud : Gilbert Duigou, tél. 98.39.4796 ou Youen Landrein, tél. 98.55.6661
Délégation du Finistére Nord : Raymond Leost, tél. 98.40.75.22Eau et Rivieres de
Bretagne
“Bau et Riviéres de Bretagne - A.P.P.S.B!
est une association créée en 1969.
Son objectif est de défendre eau pure des
“sources a la mer’, de protéger les rivigres, leurs
vallées et leurs estuaires contre tout ce qui porte
atteinte @ leur beauté et 4 leur équilibre naturel.
Sila lutte coritre toutes les formes de pollution
est la principale préoccupation de l'association, celle-
ci stefforce aussi, en permanence, de faire ceuvre
éducative et de susciter le respect de la nature.
En démontrant qu'une eau pure et des rivigres
propres sont les conditions d'une économie saine
et respectueuse des hommes, l'association s'est atti-
rée de nombreuses sympathies.
Il nfen demeure pas moins quielle méne une
action difficile et qu'elle a besoin de votre concours
personnel pour la poursuivre et amplifier.
La Vallée du Scorff, jardin et fontaine du Pays de
Lorient. Depuis bientit 20 ans des centaines de béné-
voles en ont fait une vallée exemplaire, connue dans
toute la France et bien au-dela des frontiéres.
La Cogéma, aussi peu respectueuse des sites que des
hommes envisage d'y ouvrir mines et carriéres
d'uranium.
Aidez-nous a Ja défendre...
Phoio J-C. Pierre
N° 69 - SOMMAIRE
2 Editorial : mission accomplie ?
3 Le 3° Congrés de ‘Eau et Riviéres”’
4-5 Au consommateur de payer !
6-7 Activité agricole et qualité des eaux
dans les Cétes-du-Nord
8 Vaches normandes et pollution diffuse
9-10-11 Lagriculture biologique
12413 Mise en conformité des piscicultures
et actions juridiques
1415 Luuranium dans la Vallée du Scorff
16-17 Nouvelles bréves
18 La Rigole d'Hilvern
19 Gobages
20 A vos commandes
Ont participé a la réalisation de ce numéro, outre les auteurs
des articles :
Mise en page : Marie et Christian Jourdren, Evelyne Maho,
Jean-Claude Pierre, Jacques Dumur.
Photo de couverture : Jean-Claude Pierre.
Intérieur : C. Jourdren - Nature et Progrés - M. Pitois
Nos remerciements a Guy Robin de Rennes et & la photogra-
vvure ot il trevaille, pour les films de la photo de couverture.
ooneuesn ares omttromte Aas ne rn
Perea, Re ae panes eseemereoinnes
a seg ie gee cerenene
Dameron a putenion See Tame, Grenier tie, ri zak cm 6 an
ogee Gore Peer Melee sor Sosa aoe aera eee
Seco a: Meee Senin mor PSEERTA' ae eenmconinnee
toensom, Rear eas oor Reese — Stiknst
en aa a os Beem eet aesEditorial Un éditorial se doit de faire réfléchir. A la
limite il se doit méme de provoquer.
Ces quelques lignes n'ont pas dautre objec-
tif, Puissiez-vous étre nombreux & profiter des
vacances pour y réfléckir, et mieux, pour cow:
cher sur le papier les idées qu'il vous suggere.
Davance merci.
Mission accomplie ?
Notre troisiéme Congrés, celui de nos vingt-ans, aura donc lieu a Lorient les 25 et 26 novem-
‘bre prochain,
Does et déja, retene bien cette date
Retener surtout - car ce nest pas une clause de style - que ce Congrés marquera une étape déci
sive dans la vie de notre association et que vous vous devez de vous sentir concemé par sa pré
paration et sa réusite.
Audela du theme retenu dont importance ne vous échappera pas : L'BAU, LA SANTE ET.
LA VIE, cst en effet tout lavenir de notre association qui se joue & partir des questions que
nous nous devons maintenant de nows poser.
Une association régionale de protection dela nature axe, essentillement, sur les problémes eau
Savere-telle encore nécessaire ?
La question mérite réflexion.
Leau, aujourd'hui, tout le monde en parle, les nitrates sont & la « une » des médias, chaque jour
ou presque, malheureusement dailleurs. La pollution nest plus un suet tabou et ceux qui s'achar-
nent & nir la gravité de ses conséquences sur la santé et économie apparaissent & une majorité
croissante de citoyens, tout simplement comme des personnes dépourvues d'intelligence, d hon
néteté, ou de sens moral.
ailleurs, selon un récent sondage « Le Monde-FR3 », 48 9 des Francais placent les atteintes
4 environnement au premier rang des problémes les plus préoccupants de cette fin de siécle,
avant les menaces de guerre, de terrorisme ou de crise économique !
Lécologie devient méme un théme politique porteur et les « Vert » représentent une force qui
compe.
Les structures agricoles, longtemps réticentes, admettent la gravité des atteintes aux Gcosystémes
et, poussées par leur base, engagent un certain nombre dactions.
Les églises elles-mémes, ceucuméniquement réunies & Bale, liew hautement symbolique de la
pollution chimique, découvrent sept siécles seulement aprés Francois d/Assise, que la création
rérite respect et que certains concepts judéo-chrétiens de domination de la nature devront étre
revus !
Dans ce contexte, une association comme « Eau et Rivigres» atelle encore sa raison d’tre ?
Ne doitelle pas, agement, considérer que le moment est venu pour elle de se dissoudre purc-
‘ment et simplement ou tout eu moins de se fondre dans dautres structures, plus jeunes, plus
importantes, mieux adaptées au nouveau contexte ?
Derriére cette question, aucune amertume, aucune désespérance.
‘Toute association raisonnable se doit ainsi, de temps en temps de «faire le point», voire méme
envisager son avenir en terme de disparition sa mission accomplic
Les idées pour lesquelles nous nous sommes tous battus depuis 1969 sont effectivement mieux
prises en compte par ensemble de la population et puisquélles s‘institutionnalisent nestl pas
temps de « lever le pied », agement ?
Ces questions, il faut se les poser avec sérieux
est cette condition, et a cette condition seulement que nous serons capables, si vous le jugez
nécessaire, denvisager une nouvelle éiape et de nous fixer, pour la dévennie a venir des objec-
tifs, des priorités, des méthodes d'action
‘Cest a cette condition aussi que nous serons en mesure de coopérer avec d'autres associations
et structures poursuivant des buts similares et, de nous situer sans fanfaronnade ni fablesse,
par rapport aux autres acteurs socio-Economiques.
Cest cette condition, enfin, que nous serons capables, dans la clarté, de défendre leau, les rvigres
at, au-dela, bien sir, dautres valeurs
Jean-Claude PIERRE.
P.2/ eau et rivibres | N° 69L'Eau la Santé et la Vie
3° Congrés de ‘’Eau et Riviéres de Bretagne’’
Lorient : samedi 25, dimanche 26 novembre 1989
20.ans! un tel anniversaire mérite d’étre célébré de
facon éclatante
Nous le ferons aver sérieux.
Nous le ferons avec entrain, dans la joie.
Avec sérieux parce que le theme est grave et que la
situation de Veau est préoccupante.
‘Avec joie paive que ce sera occasion, nous l'espé-
rons, de retrouver tous ceux qui, & un'titre ow & un
autre, ceuvrent pour promouvoir d'autres relations
entre les hommes et la nature.
[Notre combat est difficile, épuisant parfois mais dans
‘ce monde soumis aux valeurs techniciennes, dans
Tequel le cute du veau d'or a tant d'adeptes incons-
cients, retrouver ceux qui partagent notre désinté-
ressement, ceux qui ceuvrent pour le "Bien Com-
‘mun et les générations futures est toujours source
de joie et d'encouragement mutuel.
En 1969 nous avons créé APPSB afin de sauver le
En 1979 lors de notrg 1* Congrés nous avons ill
tré 10 années d'€volution : “du saumon a homme".
En 1984 notre 2* Congrés se plagait concrétement,
sous le signe de l'économie : "des rivigres propres
pour une économie saine,
En retenant comme theme pour ce 3¢ Congrés, celui
cde nos 20 ans, "L’Bau, a Santé et la Vie" nous serons
‘au coeur des problémes économiques mais aussi éthi-
‘ques de notre societé.
3 rencontres permettant de présenter les contribu.
tions de notre association & la défense de la vie ont
&6 prévues :
* eau, V'uranium et la santé,
‘eau, la mer et la santé,
“eau, agriculture et la sant
La synthése nous permettra d'élever le débat et de
tracer des perspectives d'action pour le décennie &
venir : celle qui ouvrira le 3* millénaire.
Mais revenons sur tere... et profitons de cette oppor-
tunité pour rappeler& ceux qui souhaitent nous aider
4 poursuivre action entreprise que des places d'audi-
teurs et diadministrateur au C.A. sont & pourvoir &
Voceasion de ce congrés.
Solidarité-Eau
Vers des jumelages
Bretagne - Pologne
‘Ala suite des contacts éablis depuis plusieurs mois entre "Eau
et Rivitres" et le "GRET.”, notre association a regu mis-
sion de recevoir, fin juin, une délégation de responsables polo-
nais du Syndicat Solidarite plus particuliérement chargé des
problémes d'eau,
En Pologne en effet, la pollution a atteint des niveaux insup-
portables mais la mise en ceuvre de solutions s'avére part
culigrement complexe.
Les responsables de “Solidarité-Eau” qui bénéficient de V'appui
de I'épiscopat polonais savent que les solutions passent par
1a prise en charge des problémes par la population elle méme.
Iis seront done attentifs toutes les initiatives prises en Bre-
tagne pour promouvoir un développement rural qui respecte
eau et sols miewx que celui quia prévalu depuis les années
50 et dont on percoit mieux aujourd'hui les conséquences sur
la vie rurale et les 6quilibres naturels.
‘A terme nous espérons que ce premier contact se traduire par
des jumelages entre des associations et des collectvités
‘cuvrant, ici et lrbas, pour une eau pure !
Comité Economique
et Social
Nomination d'un représentant
des associations de protection
de la nature et de l'environnement
Un décret du 14 mai 1989, précisait que la nomination du
représentant des associations de protection de la nature ou
Comité Economique et Social de Bretagne devait seffectuer
“par accord entre I'Union Régionale Bretonne de Environ-
nement, a Société pour I'Btude et la Protection de la Nature
en Bretagne et l'association "Bau et Riviéres de Bretagne!
A Vinitiative du Délégué Régional a l'Architecture et & ’Envi-
ronnement (DRAB} une réunion de concertation s'est tenue
4 Rennes le 8 juin
LaSEPNB., "Bau et Rivigres” et 'URBE ont présenté une
candidature unique : celle de J-C. Pierre,
Cette candidature était par ailleurs soutenue par les Fédéra-
tions des associations de protection de la nature des Cotes-
duNord et du Morbihan : la FAPEN et 'UMIVEM.
J-C. Pierre pourra done poursuivre le travail entrepris avec
la publication du rapport “L’eau enjew économique majeur”
au moment of le instances régionales prenant enfin cons
cience de la gravité du probleme de l'eau et envisagent la mise
sur pieds d'un groupe de travail mixte “CE.S-Conseil
Régional
P. 8/ eau et rviéres / N° 69Pollution par les Nitrates
Au consommateur de payer ?..
Ilest intéressant de rapprocher les propos ci-contre tenus @ quelques jours
d‘intervalle par deux acteurs socio-économiques du Morbihan : M. J.C.
Cavaillé et M. Floch, P.DG. du nouvel abattoir de pores de Locmineé.
Alors que Vadministration du département, sous l'impulsion de nouveau
Préfet s‘efforce de préparer l'avenir et d’endiguer la pollution en mettant
en ceuvre différentes mesures sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement
{meilleure adaptation des plans d'épandage, amélioration du fonctionne-
‘ment du Conseil départemental d’hygione, vigilance accrue vis a vis des éta-
blissements classés, concertation...] n’est-il pas consternant de noter les décla-
rations de M. Floch ?
Nous attendons de voir combien d’élus auront le courage de
soutenir les fonctionnaires qui cherchent simplement a faire
respecter la loi et qui sont de ce fait confrontés a des pressions
corporatistes bien coordonnées...
Nous nous efforcerons, pour notre part, d’en démontrer le caractére perni-
cieux, non seulement aux associations de protection de la nature et de con-
sommateurs, mais aussi et surtout @ tous les responsables économiques du
département réellement soucieux de préparer l'avenir.
Les propos que nous rapportons sur la page ci-contre dénotent une vision
rétrograde et dépassée du développement, au moment ou les instances euro-
péennes préparent, pour 1992, de nouvelles mesures de protection des sols
et de Veau, en limitant, entre autres, Ia charge d’animaux par hectare.
DES PROPOS LENIFIANTS
Pendant des années, M. Cavaillé, Président
du syndicat départemental de Teau, sest
ingénié & minimiser a pollution par les nitra-
tes des ressources en eau du Morbihan. Il
sesten outre, constamment, fait remarquer
par ses critiques acerbes a l'égard de "Eau
ct Rivigres" & ses yeux coupables d'exagérer
et de noircir le tableau. Comment,
aujourd hui, ne pas contester les méthodes
qu'il entend promouvoir ?
Aujourdhui, en effet, Mr Cavaillé ne peut
plus dissimuler la vérité derriére les fameu-
ses “moyennes" dont il s ait fait le spécia-
liste et dont nous avons, sans relache, dénon-
cer le caractére fallacieux.
Le déretinterministériel du 3 janvier 89 qui
fixe les paramétres & ne pas dépasser ignore
la notion de "moyenne" et, il ny a pas plus
de dérogation possible & la limite des 50
mg/l!
La loi est let i va done falloir la respecter,
bon gré, mal gr.
Le réveil sannonce douloureux pour tous
ceux qui ont refusé de voir laréalitéen face.
Pour tous ceux aussi qui ont préféré les pro-
pos énifiants de M. Cavaillé & nos mises en
garde répétées et qui n'ont pas su de ce
fait, mettre a profit les dix dernidres
années pour engager les politiques de
prevention qui s'avéraient nécessaires.
UNE REALITE BIEN GENANTE
Car a réalité est la, incontournable. Depuis
de nombreuses années les consommateurs
de plusieurs communes du département ont
regu, un moment ou a un autre, une
eau contenant plus de 50 mg/l de nitrate, 9
communes en 86, 14 en 87, 28 en 88! On
a done menti.
e ne sont pas des cas isolés, les tendances
Saggravent puisque dans 49 autres commu-
nes on consiate que les teneurs étaient com-
prises entre 40 et 50 mgil !
On le voit, la situation est done bien loin
d'etre aussi brillante quion le prétendait, et
le Président du. Syndicat départemental
de Yau serait donc bien inspiré & Yevenir
de se montrer plus prudent et surtout
plus objectif sil tient & garder quelque
cexéaibilité
Le département va connaftre un rével dow
Joureux et, nous niavons pas fini dentendre
parler:
- d'abandon de captage.. ily ena tant ct
tant qui ne disposent pas encore des périm®-
tres de protection prévus par la loi de 1964.
-de dilution par le raccordement de
réseaux trésnitratés & dautres qui le sont
moins, (pour combien de temps encore 7)
- d'usines de denitrification que le con-
sommateur paiera et qui rejetteront sans
doute leurs éluats..& la riviere.
P. 6 / eau et riviéres /N® 69
‘TOUJOURS PLUS LOIN
Mais Monsieur Cavaillé propose daller
encore plus loin dans cette "fute en avant”
qui continue de prévaloi : construire dans
la région de Pontivy une usine de traitement
du lisier dont le financement serait en par-
tie assur... par les consommateurs deau du.
département |
Un sérieux accroc de plus au principe du
"'pollueur payeur” qui est le fondement de
la loi de 1964 sur Feau.
Une solution cofiteuse, aléatoire et trés par-
tielle qui ne résoudra pas le probleme
sur le fond. Une solution qui risque de fare
ilusion en mobilsant des créits et des com:
pétences qui pourraient étre utilisées juci
cieusement ailleurs.
De nombreux organismes ont d'ores et déia
réagi et les réactions les plus intéressantes
sont venues... du monde agricole lui-méme !
[Nous avons lu avec attention les déclarations
de YAPAP. et celles de Michel Guernevé,
Président du CNJA du Morbihan dont nous
nous devons de souligner le caractére nova-
teur et courageux.
est heureux en effet de constater que loin
de toute démagogie et tout corporatisme des
responsables agricoles refusent de sengager
dans les voies sans issue, mais lourdes de
cconséquences, que leur proposent les tenants
d'un productivisme dépassé dévastateur de
Heau et des sols.Cohérence
les propos de M. Cavaillé... et ceux de M. Le Floch !
“Le pollueur doit étre le payaur c'est
un beau principe,
Encore fautil bien voir les incidences
Sconomiques. Non seulement sur los
producteurs de porcs ou de volailles
‘mais sur toute la chaine.
Et jusqu'au consommateur, sil ne
mange pas de pores peutétre est:
transporteur
"Si on a d'autres colutions & me pro-
poser, je suis preneur”.
“En revanche, il refusera toute
remise en cause du développement
économique basé sur le modéle
productiviste. Les nouveaux abattoirs
éants de Locmine et bientot de Jos-
selin ont sa bénédiction, Son combat
pour le traitement des lsiers s‘inscrt
dans cette perspective, pas question
pour lui d'y renoncer’
Extrait de Ouest France
26 mai 89 - 6d. 56
Volontiers condescendant a
égard de ses concurrents pro-
ches, trés ortique envers Etat
“qui pompe nos résultats finan-
ciers, Jean Floch peut étre aussi
féroce vis & vis de Administration.
Ainsi quand il est question de régle-
mentation plus sévére pour proté-
ger l'environnement des atteintes
Ge I'élevage intensif: “cela me
fait mal aux tripes cit’ quand i
est poli qu’on remette en cause
et qu’on freine ce qui est la base
de l'économie et de l'emploi
dans la région. Je ne demande
qu'une ‘chose aux pouvoirs
publics : pas de doping, mais
qu'on nous laisse pédaler !”
Extrait de Quest-France
24 mai 89 - page agricole
Un sérieux désaveu
‘Au moment méme ou M. Cavaillé
exprimait son refus de voir remet-
tre en cause le modéle producti-
viste, le ciel et la terre se char-
geaient de le ramener & un peu de
modestie en rappelant les limites
d'un développement congu au
mépris des lois les plus élémentai-
res de la nature.
Le 25 mai en effet, un orage
comme il s'en produit tous les ans
ou presque, s’abattait sur le sec-
teur de Cléguérec-Pontivy. Une
région oii le remembrement, ses
travaux connexes et des méthodes
de culture inadaptées a des ter-
rains en pente ont depuis long-
temps fragilisé les sols et engen-
dré. ‘importants phénoménes
d’érosion.
Erosion, Destruction des Sols
...Au consommateur aussi de payer ?
Spectacle de désolation dans la région de Clé-
uérec aprés le passage de Vorage
‘Terres et cultures emportées, chemins défon-
és, arbres arrachés, torrents de boue.
A aval, le Blavet source d’alimentation en.
‘eau potable pour toute la région, transformé
cen oved charriant teres et mons, charriant
aussi engrais et pesticides en tous genres.
Les agriculteurs, soucieux d' tre indemnisés
rapidement au titre des "catastrophes natu-
relles" sien sont pris au SousPréfet de
Pontivy !
Ne seraient ils pas mieux inspirés de sinter
roger sur les causes mémes de ces sinistres
a repetition : 86, 87, 89.
Pour notre part, nous ne nous faisons pas
dillusion, Sous tne forme ou sous tune autre
le contribuable paiera
Il ne paiera pas seulement les indemnités
demandées, les travaux de dégagement et de
réfection des chaussées, le curage des cours
d'eau, les coats supplémentaires de traite-
ment de Veau... I paiera aussi, au niveau de
sa santé, tous les “codt exteres" d'un
rmodele aveugle générateur 'érosion, de pol-
lution, d’exode rural
Etonnant tout de méme de consiater que
dans la région de Pontivy, pourtant privée
d'eau plusieurs heures durant et oti le phé:
nnoméne s'est déja produit plusieurs fois les
années passées, scules les voix de "Blavet
0 agricuteurs snistrés
Ainsi dos champs situés
1e bilan est lourd mais ston que le instr a revétu différents aspects ?
contrebas des pontes ont eu leurs cultures détruites par la phyto
toxicité des produits utilises sur dautres cultures @ Yamont ! Le ruissllement les a pollues
Quant aux analyses de ces micro-polluants (lindane, et autres.) dans l'eau du Blavet, qui les
2 effectuses ?
Vivant et de 'A.A.P.. de Pontvy se soient
faites entendre
Ces deux associations ont en effet dénoncé
les outrances de méthodes d’aménagement
du territoire qui portent aujourd'hui leurs
P.5/ eau et rvigres / N° 69
fruits “terre, engrais et pesticides ou robi-
net... et maintenant il faut payer les dégats,
ceux dela pollution et ceux des snistresagri-
coles. Bravo l'agriculture productivste".
Frangois Le PageActivités agricoles
et qualité des eaux :
Dans les Cétes-du-Nord
une démarche commune de onze organisations
Saisissant Vopportunité de l'inauguration du zoopole de Ploufragan, le 21
avril dernier, onze associations de consommateurs, de producteurs [mytili-
culteurs, cedape, agriculteurs biologiques) et de protection de Venvironne-
‘ment, ont adressé au Premier Ministre, au Prés
ident du Conseil Général
ainsi qu’au Préfet des Cotes-du-Nord un dossier relatif 4 l'impact des acti-
vités d’élevages hors-sol sur la qualité des eaux (dossier disponible au siege).
UNE DEMARCHE JUSTIFIER
aggravation de la pollution de la ressource
‘en eau des Cétesclu-Nord : 13 cours d'eau
‘sur les 20 alimentant les populations en eau
potable ont dépassé les 50 mgll de nitrates
en 1988 !
- Le souci déviter toute dificulté dans lappl-
cation des Directives Buropéennes (eaux
conchylicoles, eaux alimentaires, quotas de
lisier..), en faisant progresser la réglementa-
tion applicable dans le département dans le
sens d'une meilleure protection de la res-
source en eat,
Les onze organisations ont dans ce dossier,
sis en évidence, quatre Lacunes essentiel
Jes au sein de la procédure dautorisation et
du contrdle des activités d'élevage
insuffisance manifeste des études
pact qui ne comportent, ni bilan de fer
sation, ni étude daptitude des sols @
Tepandage...ladministration acceptant la fer-
tilisation apportée par I'élevage jusqu’au
niveau de 200 unités dazote sur terre labou-
rable et 400 unités sur surfaces en herbe
‘Ceci sans quil sot tenu compte de l'impos
sibiltédutliser du lisier pour certaines cul
tures (DIE d'hiver, prairies en été.|, des
apporis diengrais minéraux, des apports de
fumier ou de liste d’slevages non soumis &
la réglementation des installations classées
[ainsi les furniers des élevages de moins
de 50 bovins ne sont pas pris en
considération..!).
2_- Le disfonctionnement du Conseil
d'Hygiéne qui se traduit par Hoctroi davis
favorables & des extensions d'élevages dans
des secteurs complétement saturés de liser
ainsi sur le bassin versant du Gouessant of
en 1985 la DAF indiquat quill existait au
‘minimum 200,000 mde lisier en trop, des
dizaines d'extensions ont été autorisées par
le Préfet aprés avis favorable du Conseil
d'Hygiéne,
3 -Labsence de suivi des épandages notam.
‘ment au niveau de l'évolution de la qualité
des sols (taux de matiéres organiques, con-
centration en acide phosphorique].
4 Linexistence des contréles compte-tent
des moyens ridicules de IInspection des Ins-
tallations Classées : !équivalent de tris pos-
tes dlinspecteurs pour environ 12.000
Alevages |
Ces lacunes sont, pour lessentie,& Yorigine
de Févolution désastreuse de la qualité des
eaux douces et littorales des Cates-du-Nord,
‘Quels que soient les efforts développés par
P. 6 /eau et riviéres /N® 69
Je Département (mise en place des périm@.
tres de protection, études diverses, informa:
tion), aucune amélioration ne pourra étre
envisagée siladministration d'Btat ne revoit
pas d'urgence les conditions d‘autorisation et
de controle des ateliers d’élevages hors sol.
Les onze organisations ont donc demandé
‘que soient mises en ceuvre les cing mesu-
res prioritaires suivantes :
4} Amélioration des études d'impact (com-
prenant bilan de fertilisation et etude d'apt-
tude des sols a !6pandage),
'bj Mise en place d'un suivi obligatoire des
épandages (tenue d'un caret d’épandage et
contre régulier de la qualité des sols par
analyses de terre}
) Amélioration du fonctionnement du Con-
seil Départemental 'Hypiéne : établissement
de rapports de présentation des affaires inté-
grant le descriptif des secteurs d'implanta-
tion (densité animale existante, présence ou
pas dexcédents de liser
) Développement des actions de formation
et diinformation par laffectation dans cha-
que GRDA. (Groupement Régional de
Développement Agricole| d'un poste de com
seiller agricole exclusivement détaché @ des
actions d'information, de consel, de suivi,
étude, des problémes de l'eau.