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SHINE
Une étude sur le coût de l’énergie solaire
photovoltaïque en Afrique
Bernard AYITEE
Frédéric NTJONO
2009
Sommaire
1. Hypothèses opérationnelles……………………………….………………………………………….. 7
2. Hypothèses de valorisation………………………………….…………………………………………. 7
3. Résultat……………………………………………………………………….…………………………………. 7
4. Conclusion du modèle……………………………………………………………………………………. 8
La fiabilité du réseau électrique est également décriée. Les coupures de courant restent nombreuses,
et les déperditions lors du transport de l’électricité sont encore trop importantes (42% contre
seulement 9% en Europe).
L’Afrique ne manque pourtant pas de ressources tant fossiles que renouvelables afin d’assurer son
indépendance énergétique comme en atteste le tableau ci-dessous.
Source: Nations Unies, Etude des Ressources Energétiques 2008, WEC, Atlas du Times
On constate donc un réel écart entre la production actuelle et le potentiel de production d’électricité
en Afrique.
La première source d'électricité est de loin le charbon, qui fournit 47% de la production électrique
d'Afrique subsaharienne, suivie du gaz (21%) et de l'hydroélectricité (19%), et loin derrière, du
pétrole et du nucléaire.
Nucléaire
Pétrole
2%
11%
Hydraulique Charbon
19% 47%
Gaz
21%
Les autres sources (éolien, biomasse, solaire) représentent moins d’1% de l'électricité produite.
Aujourd’hui, les énergies renouvelables sont très peu utilisées sur le continent. A peine 45 000 GWH
sont produits chaque année grâce aux énergies renouvelables. L’énergie solaire, à titre d’exemple
représente moins d’1% de l’électricité produite alors que le soleil est une ressource dont la majorité
des pays africains dispose à profusion.
Bien que plébiscitées, certaines énergies renouvelables peuvent présenter des inconvénients :
L’Afrique qui est à l’aube de son développement économique doit donc trouver une solution à la
question de l’indépendance énergétique, étape préalable à toute croissance solide et durable.
Cet enjeu est d’autant plus crucial que la croissance de l’Afrique intervient à un moment où la
croissance verte n’est plus un luxe mais une nécessité. Les pays africains se doivent donc de créer
des systèmes énergétiques efficaces, viables et en phase avec les exigences environnementales
du monde actuel.
Après avoir passé en revue les différentes possibilités, le solaire photovoltaïque semble être la
solution la mieux adaptée et ceci pour les raisons suivantes :
- Le soleil est une ressource dont les pays africains disposent en abondance tout au
long de l’année
- Le solaire est la source d’énergie dont la production est maximale au moment du pic
de demande (autour de midi). Il n’y a donc pas de besoin d’ajustement de capacité
du système contrairement aux autres sources d’énergie telles que le pétrole et le gaz
A ce jour, la plupart des pays africains n’ont, à quelques exceptions près, pas de politique
énergétique clairement définie. Les projets solaires sont en majorité des projets à petite échelle
bénéficiant d’aides internationales.
Le manque de soutien aux énergies renouvelables s’illustre également par les faibles dotations
budgétaires que l’on peut voir dans la plupart des pays. Les secteurs du pétrole et de l’électricité sont
privilégiés, alors qu’ils ne desservent qu’une petite partie de la population, tandis que les énergies
renouvelables pourraient contribuer à rendre l’électricité accessible à une plus grande partie de la
population.
Les études réalisées jusque là montrent que la réussite d’un projet tient moins à sa faisabilité
technique qu’à sa rentabilité économique / financière. Le défi à relever pour le financement des
projets liés aux énergies renouvelables est d’élaborer des modèles qui peuvent apporter ces
technologies aux consommateurs à des prix abordables sans pour autant mettre en péril la viabilité
du système énergétique. L’environnement politique défavorable, avec un soutien gouvernemental
minimal aux énergies renouvelables, fait supporter au secteur privé la totale responsabilité
économique des différents projets d’exploitation des énergies renouvelables.
Partant de ce constat, nous avons élaboré un modèle économique visant à réduire les coûts
prohibitifs actuellement constatés tout en offrant un service de qualité conforme aux standards
internationaux. Nous avons également exploré les différentes pistes pouvant favoriser la réussite
d’un tel projet.
Il en a résulté un modèle de coût pertinent, réaliste et répondant aux enjeux mentionnés tout le long
de cette étude.
Le but de cette simulation est d’évaluer dans quelle mesure un projet d’investissement solaire serait
rentable en Afrique. Le but à terme est de déterminer les leviers sur lesquels les pouvoirs publics
pourraient intervenir pour rendre ces projets attractifs en termes de retour sur investissement.
1. Hypothèses opérationnelles
2. Hypothèses de valorisation
3. Résultat
- Sur la base de ces hypothèses et d’un tarif de vente de l’électricité de 106 FCFA/KWh (tarif
moyen de vente de l’électricité en zone CEDEAO), on obtient un taux de rentabilité
interne du projet (TRI) de 7,97%, soit une valeur actuelle nette (VAN) négative de - 884
MFCFA.
- Ce TRI est largement inférieur au CMPC (17%) qui représente le taux de rentabilité
minimum qu’un investisseur attendrait de ce type de projet.
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(500 000)
(1 000 000)
(1 500 000)
(2 000 000)
(2 500 000)
En d’autres termes, ce projet ne rapporte pas assez pour rémunérer les différents pourvoyeurs de
capitaux (créanciers et actionnaires). Un tarif de 106 FCFA ne permet donc pas de dégager une
rentabilité suffisante par rapport au niveau de rentabilité qu’on attendrait d’un projet de ce type.
4. Conclusion du modèle
Sur la base des tarifs de vente et des contraintes de coût, un projet solaire ne saurait être rentable
dans les conditions actuelles. Cette conclusion n’est pas surprenante dans la mesure où, comme
évoqué plus haut, la production d’électricité solaire reste relativement onéreuse. La plupart des pays
dans lesquels ce type d’électricité s’est développé ont su mettre en place des mécanismes
d’incitations plus ou moins efficaces.
L’on aurait pu s’attendre à ce que le niveau d’ensoleillement plus élevé en Afrique puisse contribuer
à améliorer la rentabilité, mais nous constatons que ce surplus d’efficience est complètement
absorbé par le niveau du CMPC (17%). A titre illustratif, un projet similaire aurait un CMPC de 10% à
13% en France. En France, le surplus d’efficience (500 heures sur une base annuelle) permettrait
donc d’obtenir un meilleur TRI. Cette différence de CMPC provient essentiellement de l’intégration
d’une prime de risque pays pour la zone Afrique. La perception des investisseurs internationaux du
risque des investissements en Afrique reste à ce jour encore très élevée, à tort ou à raison...
La production solaire étant plus coûteuse que les productions dites conventionnelles, une politique
volontariste de soutien des gouvernements serait une solution. Il existe plusieurs mécanismes à la
disposition des pouvoirs publics pour subventionner le solaire.
Ils consistent à garantir aux producteurs d’énergie renouvelable un tarif d’achat pour une période
déterminée. Ils sont utilisés en Espagne, en Italie et en France.
- Subventions d'investissement:
- Incitations fiscales :
Elles correspondent à des déductions fiscales octroyées aux producteurs d’énergie renouvelables.
A ce jour, la mise en place de tarifs garantis reste la méthode la plus efficace et la plus incitative pour
encourager des projets d’investissement dans l’énergie solaire. Ils présentent l’avantage d’être
faciles à mettre en œuvre et d’offrir une meilleure visibilité aux acteurs désireux d’investir.
Notons que les soutiens des gouvernements ne sont pas voués à demeurer éternellement. Sur le long
terme, les coûts de l’industrie devraient baisser et les économies d’échelle se substitueraient
graduellement aux subventions. D’ailleurs selon l’Agence Internationale pour l’Energie les coûts du
solaire photovoltaïque seront divisés par 4 d’ici 10 ans.
Dans la partie qui suit nous allons calculer le niveau de tarif qui rendrait notre projet solaire rentable.
Le projet de champs de panneaux solaires que nous avons étudié plus haut n’est pas rentable
compte tenu des tarifs de vente et des contraintes de coûts. Etudions ce même projet en y
incorporant un tarif garanti (feed-in tariff). Par ce mécanisme, le gouvernement garantit aux
producteurs d’énergie solaire un tarif d’achat au dessus du tarif de vente habituel. L’Etat supporte ce
surcoût de façon à ce que cela soit totalement neutre pour le consommateur final. En pratique,
l’énergie produite serait acheté par l’opérateur électrique national (EDF en France, CIE en Côte
d’Ivoire…).
En supposant un niveau de feed-in tariff similaire à celui de la France (€350/MWh soit 230
FCFA/KWH), on obtiendrait un TRI de 19%, soit une VAN de 405 MFCFA.
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(1 500 000)
(2 000 000)
(2 500 000)
Si l’on valorise le projet avec un feed-in tariff de 313 FCFA /KWH, on obtient un TRI de 25% soit 1,3
MFCFA.
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(500 000)
(1 000 000)
(1 500 000)
(2 000 000)
(2 500 000)
Un TRI de 25% représente une marge de 8% sur le taux de rentabilité attendu des investisseurs. Les
tableaux de sensibilités ci-dessous récapitulent les différents TRI et VAN pour différents niveaux de
taux d’efficience, d’investissement initial et de tarif de vente.
Nous allons montrer dans les tableaux ci-dessous la sensibilité de ces résultats aux différents
paramètres que sont le niveau d’investissement initial, le load factor et le tarif de vente.
VAN 1 313 500 1 641 000 1 968 500 2 296 000 2 623 500 TRI 1 313 500 1 641 000 1 968 500 2 296 000 2 623 500
1 900 -512 236 -814 962 -1 117 688 -1 420 414 -1 723 140 1 900 9.1% 7.0% 5.5% 4.4% 3.5%
T a u x d ’e ff.
T a u x d ’e f f .
(h e u re s )
(h e u re s )
2 000 -278 268 -580 994 -883 720 -1 186 446 -1 489 172 2 000 12.2% 9.7% 8.0% 6.6% 5.5%
2 100 -44 300 -347 026 -649 752 -952 478 -1 255 204 2 100 15.0% 12.2% 10.2% 8.6% 7.4%
2 200 189 668 -113 058 -415 784 -718 510 -1 021 236 2 200 17.7% 14.5% 12.2% 10.5% 9.1%
Tarif Tarif
VAN 80 155 230 305 380 TRI 80 155 230 305 380
In v . (K F C F A )
In v . ( K F C F A )
1 641 000 -857 999 -75 210 707 579 1 490 368 2 273 157 1 641 000 6.5% 14.8% 21.9% 28.7% 35.3%
1 968 500 -1 160 725 -377 936 404 853 1 187 642 1 970 431 1 968 500 5.1% 12.5% 18.7% 24.4% 30.0%
2 296 000 -1 463 451 -680 662 102 127 884 916 1 667 704 2 296 000 3.9% 10.7% 16.2% 21.3% 26.1%
2 623 500 -1 766 177 -983 388 -200 599 582 189 1 364 978 2 623 500 3.0% 9.4% 14.4% 18.9% 23.2%
Tarif Tarif
VAN 163 238 313 388 463 TRI 163 238 313 388 463
In v . (K F C F A )
In v . (K F C F A )
1 641 000 7 397 790 186 1 572 975 2 355 764 3 138 553 1 641 000 15.6% 22.7% 29.4% 36.0% 42.6%
1 968 500 -295 329 487 460 1 270 249 2 053 038 2 835 827 1 968 500 13.2% 19.3% 25.0% 30.6% 36.1%
2 296 000 -598 055 184 734 967 523 1 750 312 2 533 101 2 296 000 11.4% 16.8% 21.8% 26.6% 31.4%
2 623 500 -900 781 -117 992 664 797 1 447 586 2 230 374 2 623 500 9.9% 14.9% 19.4% 23.7% 27.9%
Le feed-in tariff est une solution simple et efficace à mettre en œuvre. Toutefois, la mise en place de
feed-in tariff ne se fera pas sans volonté politique forte. Une telle volonté politique fait défaut en ce
moment, faute de réelle politique énergétique.
Les projets sont financés à 60%-80% par dette. La question du rôle des banques se pose donc
indéniablement. Le risque lié à l’exploitation de panneaux solaires est faible et se limite à un risque
opérationnel (vol, vandalisme etc.) tant que le feed-in tariff est mis en place. Afin que les banques
s’engagent à financer des projets solaires de grande ampleur, il faudrait non seulement que des
feed-in tariff raisonnables soient instaurés, mais qu’en plus ils le soient d’une manière telle qu’aucun
doute ne subsiste quant au fait que les engagements étatiques seront respectés.
En marge du rôle des banques et des gouvernements, les marchés financiers peuvent également
mettre en place des mécanismes d’ajustement qui rendraient l’industrie africaine du solaire
photovoltaïque pérenne. Même si le marché est encore embryonnaire, les certificats verts peuvent
réellement améliorer la rentabilité d’un projet.
A titre de rappel, le terme certificat vert désigne une attestation de production correspondant à une
quantité d’exactement 1 MWH injectée sur le réseau électrique durant une certaine période et issue
d’une centrale exploitant une énergie renouvelable.
Les certificats verts ont une valeur monétaire, ils sont négociables et peuvent donc être vendus sur
un marché à deux types de client :
Cette piste est prometteuse et le développement d’un marché liquide de certificats verts serait
indéniablement un atout pour l’expansion de projets de champs de panneaux solaires
photovoltaïques qui peuvent venir remplacer ou compléter des installations électriques d’un autre
type.