Variable Complexe

Variable Complexe
Licence de Mathematiques
Table des mati`

eres
Preambule
Chapitre 1. Fonctions holomorphes : definitions et exemples

1. Calcul differentiel dans le plan complexe
2. Fonctions holomorphes
3. Series entières ; fonctions analytiques
4. Fonctions usuelles
7
7
10
13
18
Chapitre 2. Integrale curviligne

1. Definition et proprietes elementaires
2. La formule de Green-Riemann
3. Applications aux fonctions holomorphes
25
25
31
37
Chapitre 3. Proprietes des fonctions holomorphes

1. Consequences immediates de la formule de Cauchy
2. Holomorphie et analyticite
3. Zeros des fonctions holomorphes
4. Le theorème de Liouville
5. Le principe du maximum
6. Series de Laurent
7. Singularites ; fonctions meromorphes
41
41
44
47
50
52
56
61
Chapitre 4. Primitives, homotopie

1. Formes differentielles exactes et localement exactes
2. Les theorèmes de Morera et Cauchy-Goursat
3. Cauchy-Goursat, Green-Riemann et Kurzweil-Henstock
4. Homotopie
5. Indice dun lacet par rapport à un point
67
67
71
74
82
85
Chapitre 5. Residus
1. Le theorème des residus
2. Exemples de calculs dintegrales
3. Denombrements de zeros et de poles
91
91
94
99
Chapitre 6. Suites, integrales et produits infinis

1. Suites et integrales
2. Produits infinis
3. Zeta, Gamma et le sinus
105
105
111
114
Pr
eambule
Dans tout ce qui suit, on identifiera constamment C avec R2 de la facon habituelle :
à un nombre complexe z x iy correspond le couple px, y q P R2 . Il est très important
de savoir jongler avec cette identification :
C R2
z x iy px, y q
CHAPITRE 1
Fonctions holomorphes : d
efinitions et exemples
1. Calcul diff
erentiel dans le plan complexe
1.1. Formes diff
erentielles.
Notations. On notera LpC, Cq ou LpR2 , Cq lensemble des applications R-lineaires de
C R2 dans C. Si L P LpC, Cq LpR2 , Cq et h P C R2 , on note Lphq ou simplement
Lh limage de h par L.
Remarque. Comme C R2 est un R-espace vectoriel de dimension 2, LpR2 , Cq est
un R-espace vectoriel de dimension 4. Cest aussi un C-espace vectoriel (car on peut
multiplier une application lineaire L : R2 C par un nombre complexe), de dimension
2.
finition 1.1. Soit un ouvert de C R2 . Une 1-forme diff
De
erentielle sur est
une application : LpR2 , Cq.
Remarque. La definition a en fait un sens meme si nest pas un ouvert, ce qui sera
parfois commode.
Exemple. Si f : C est une fonction differentiable en tout point, alors sa differentielle
df : LpC, Cq est une forme differentielle.
rations sur les formes diffe
rentielles.
Ope
(a) Addition, multiplication par un scalaire. La somme de deux 1-formes 1 et 2
est la forme differentielle definie par la formule
p 1
2 qpz q 1 pz q
2 pz q .
Le produit dune 1-forme par un scalaire P C est la 1 -forme definie par
pqpzq pzq .
(b) Multiplication par une fonction. Si est une 1-forme differentielle sur et
si f : C est une fonction sur , on definit une 1-forme f en posant
pf qpzq f pzqpzq .
(La multiplication par un scalaire est un cas particulier : cest la multiplication

par une fonction constante).
1.2. Les deux bases canoniques. Dans ce qui suit est un ouvert de C R2 .
Notation 1. On note x : R et y : R les fonctions coordonnees sur : si

u pxu , yu q P , alors xpuq xu et y puq yu . On considèrera en fait x et y comme
des fonctions `
a valeurs dans C.
7

1. FONCTIONS HOLOMORPHES : DEFINITIONS
ET EXEMPLES
Par definition, les fonctions x et y sont les restrictions à des applications lineaires
coordonnees 1 : R2 C et 2 : R2 C definies par i ph1 , h2 q hi . Elles sont donc
differentiables sur , avec
dxpuq 1 et dy puq 2
pour tout u P . Autrement dit, si h ph1 , h2 q P R2 alors
dxpuqh h1 et dy puqh h2 .
Proposition 1.2. Toute 1-forme differentielle sur secrit de manière unique sous
la forme
P dx Qdy ,
o`
u P et Q sont des fonctions sur .
monstration. Notons pe1 , e2 q la base canonique de R2 . Par definition des apDe
plications lineaires coordonnees, on a i pej q i,j pour i, j P t1, 2u. On en deduit
facilement que p1 , 2 q est une base de LpR2 , Cq : si L P LpR2 , Cq, alors L Lpe1 q1
Lpe2 q2 car ces deux applications lineaires prennent les memes valeurs sur la base
pe1, e2q, donc p1, 2q est generatrice ; et si 11 22 0 on obtient i 0 en
evaluant sur ei , donc p1 , 2 q est libre.
Si maintenant est une 1-forme differentielle sur alors, pour tout u P , il existe
un unique couple de scalaires pu , u q tel que
puq
u1 u2
udxpuq udypuq;
autrement dit, en posant P puq u et Qpuq u il existe
fonctions pP, Qq tel que P dx Qdy.
un unique couple de
Remarque. Avec les notations de la proposition, les fonctions P et Q sont donnees par
P puq puqe1 et Qpuq puqe2 , pour tout u P .
Exemple. Si f : C est une fonction differentiable sur , alors
BBfx dx BBfy dy .
monstration. On sait que si u P et h ph1 , h2 q P R2 , alors df puqh
De
B
f
h1 Bx puq h2 BBfy puq, autrement dit df puqh BBfx puqdxpuqh BBfy puqdy puqh.

(1.1)
df
Notation 2. On note z : C et z : C les fonctions z
z et z z.
Par definition, les fonctions z et z sont les restrictions à des applications R Donc z et z sont
lineaires I : C C et I : C C definies par I phq h et Iphq h.
differentiables sur , avec
dz puq I et d
z puq I
pour tout u P . Autrement dit, si h P C alors
.
dz puqh h et d
z puqh h
Par ailleurs, comme z
x iy et z x iy, on a par linearite de la differentiation :

dz dx idy et d
z dx idy .

1. CALCUL DIFFERENTIEL
DANS LE PLAN COMPLEXE
Proposition 1.3. Toute 1-forme differentielle sur secrit de manière unique sous
la forme
Adz Qd
z,
o`
u A et B sont des fonctions sur .
monstration. Comme I 1 i2 et I 1 i2 , on a 1 21 pI Iq et
De
1
2 2i
pI Iq. On en deduit que pI, Iq est une base de LpC, Cq, doù le resultat comme
dans la preuve de la proposition 1.2
Remarque 1.4. Si P dx Qdy est une 1-forme differentielle sur , alors :

LpR2 , Cq est continue ou de classe C 1 si et seulement si les fonctions P et Q le sont.
De meme, si Adz bd
z , alors est continue ou de classe C 1 si et seulement si A
et B le sont.
monstration. Si est continue ou de classe C 1 , alors P et Q le sont car
De
P puq puqe1 et Qpuq puqe2 pour tout u P . Inversement, si P et Q sont
continues ou de classe C 1 , alors est continue car puq P puq1 Qpuq2 .

Lemme 1.5. (formules de changements de base)
Si P dx Qdy Adz Bd
z est une 1-forme differentielle sur , alors on a
les formules suivantes :
"
"
P A B
Q ipA B q
A
B
1
2
1
2
pP iQq
pP iQq
monstration. Pour la première accolade, on ecrit

De
P dx
Qdy
Apdx
idy q
B pdx idy q
et on identifie les fonctions coefficients devant dx et dy grace à lunicite dans lecriture

P dx Qdy. La deuxième accolade se deduit de la première en inversant le système.
Ce lemme justifie la definition suivante.
finition 1.6. Si f :
De
fonctions BBfz et BBfz par
C est une fonction differentiable sur , on definit deux

$
f
'
'
&
B 1 Bf i Bf
Bz 2 Bx By
B
f
1 Bf
Bf
'
'

i
%
Bz 2 Bx By
Daprès (1.1) et les formules de changement de base, on a alors

Bf dz Bf dz .
(1.2)
df
Bz
Bz
Exemple. Comme dz 1 dz 0 d
z et d
z 0 dz 1 d
z , on a (par unicite dans lecriture
Adz Bd
z)
Bz 1 Bz et Bz 0 Bz
Bz
Bz
Bz
Bz
B
f
B
f
B
f
B
f
Exercice. Etablir
les formules
et
Bz
Bz
Bz
Bz
On aura de temps en temps besoin du lemme suivant. Rappelons que si f est une
fonction de classe C 2 sur , alors le laplacien de f est la fonction
f
2
2
BBxf2 BByf2
10

ET EXEMPLES
Lemme 1.7. Si f
2
2
P C 2pq, alors f 4 BBzBfz 4 BBzBfz
monstration. Il suffit de calculer calmement

De
exercice.
B2 f
B2 f
BzBz et BzBz : cest un excellent
2. Fonctions holomorphes
finition 2.1. Soit un ouvert de C, et soit f : C.
De
(1) On dit que f est C-d
erivable en un point p P si la limite
f 1 ppq : lim
f pp
hq f ppq
h
f pz q f pp q
zlim
p z p
existe dans C.
(2) On dit que f est holomorphe sur si elle est C-derivable en tout point et si
la fonction f 1 : C est continue.
Notation. On notera H pq lensemble des fonctions holomorphes sur .
Exemples. La fonction f pz q z est holomorphe sur C, avec f 1 pz q 1. A linverse, la

fonctions z z (qui est de classe C 1 sur C puisque R-lineaire) nest C-derivable en
aucun point.
monstration. Si p, h P C et h 0 alors p hhp hh , expression qui na pas de
De
limite quand h 0 car par exemple hh vaut 1 si h est reel et 1 si h est imaginaire
pur.
te
s formelles. Les proprietes formelles de la C-derivabilite sont les memes
Proprie
que celles de la derivabilite pour les fonctions dune variable reelle, et les preuves sont
identiques :
Si f et g sont C-derivables sur , alors f g et f g sont C-derivables, avec
pf gq1 f 1 g1 et pf gq1 f 1g f g1. Si de plus g ne sannule pas, alors fg est
C-derivable, avec

1
f 1g f g1
f

g
g2
Si f : 1 C et g : 2 C sont C-derivables et si f p1q 2, alors g f est
C-derivable sur 1 , avec
pg f q1 pg1 f q f 1 .
quences. Si P pz q nk0 ak z k est une fonction polynomiale, alors P est hoConse
lomorphe sur C avec P 1 pz q nk1 kak z k1 . De meme, toute fonction rationnelle
f pz q P pz q{Qpz q est holomorphe sur son domaine de definition.
finition 2.2. Pour tout P C, on note M : C C lapplication lineaire definie
De
par M phq h. On dit quune application lineaire L P LpC, Cq est une similitude
directe si L M pour un certain P C.
Remarque 1. Une application lineaire L P LpC, Cq est une similitude directe si et
seulement si elle est C-lineaire, et dans ce cas on a L MLp1q .
monstration. Il est clair que toute similitude est C-lineaire. Inversement, si

De
L : C C est C-lineaire, alors Lphq Lph 1q h Lp1q et donc L MLp1q .
2. FONCTIONS HOLOMORPHES
11
Remarque 2. Munissons C de la norme module et LpC, Cq de la norme subordonnee.

Si P C, alors }M } ||.
monstration. Cest evident car si h P C alors |M phq| |h| || |h|.
De
Proposition 2.3. Soit f : C, o`

u est un ouvert de C, et soit p P . Alors f
est C-derivable en p si et seulement si les deux proprietes suivantes sont verifiees : f
est differentiable en p et de plus df ppq est une similitude directe. Dans ce cas, on a
df ppq Mf 1 ppq .
monstration. Supposons que f soit C-derivable en p, et posons
De
Par definition, on peut alors ecrire
f pp hq f ppq
phq ,
h
o`
u phq tend vers 0 quand h 0. En multipliant par h, on en deduit
f pp
hq f ppq
hphq f ppq
M phq
f 1 pp q.
op|h|q ,
ce qui montre que f est differentiable en p avec df ppq M Mf 1 ppq .

Inversement, supposons que f soit differentiable en p et que df ppq soit une similitude
M . Alors
f pp
hq f ppq
quand h 0, et donc
M phq
op|h|q f ppq
f pp
hq f ppq
op|h|q

h
h
1
Par consequent, f est C-derivable en p et f ppq .
h
op|h|q
0
h
.
Corollaire 2.4. Si f : C est C-derivable en tout point, alors df f 1 dz.

monstration. Daprès la proposition, on a df puqh f 1 puq h, autrement dit
De
df puqh f 1 puqdz puqh pour tout u P et h P C.
Corollaire 2.5. Toute fonction holomorphe est de classe C 1 .

monstration. Si f P H pq alors df
De
continue daprès la remarque 1.4.
Corollaire 2.6. Pour une fonction f
f 1dz
et donc df :
LpC, Cq est
P C 1pq, les proprietes suivantes sont equivalentes :
(i) f est holomorphe ;
g dz pour une certaine fonction g continue sur ;

(iii) f verifie l
equation de Cauchy-Riemann BBfz 0.
Dans ce cas, on a necessairement g f 1 dans (ii).
(ii) df
monstration. On sait dejà que si f est holomorphe alors df f 1 dz. InverseDe

ment, si df gdz pour une certaine fonction g, alors df puq g puqdz puq g puqI
Mgpuq pour tout u P ; donc f est C-derivable en tout point avec f 1 g, et f est holomorphe si g est continue. Ainsi, (i) et (ii) sont equivalentes. Lequivalence de (ii) et
(iii) vient de lidentite df BBfz dz BBfz d
z et de lunicite dans lecriture Adz Bd
z.
Corollaire 2.7. Si f
P H pq, alors f 1 BBfz BBfx 1i BBfy

ET EXEMPLES
12
monstration. On a f 1 BBfz car dune part df f 1 dz et dautre part df

De
Bf dz daprès lequation de Cauchy-Riemann. Toujours daprès Cauchy-Riemann et par
Bz

Bf , on a Bf
Bx
Bz
Bf Bf
Bx
Bx
i BBfy
definition de
1
2
Bf
Bx
0, i.e. BBfx i BBfy 1i BBfy . Enfin, BBfz 12
Bf i Bf
Bx
By
Corollaire 2.8. (theorème fondamental de lanalyse)

Soit f P H pq. Si p P et si h P C est tel que rp, p hs , alors
f pp
hq f ppq
f 1 pp
thq h dt .
monstration. On applique le theorème fondamental de lanalyse usuel à la

De
fonction : r0, 1s C definie par ptq f p ptqq, o`
u ptq p th. Cette fonction
est bien definie et de classe C 1 puisque ptq P pour tout t P r0, 1s, et on a 1 ptq
1
df p ptqq 1 ptq f 1 pp thq h. Donc f pp hq f ppq p1q p0q 0 1 ptq dt
1 1
thq h dt .

0 f pp
Exercice. Soit U un ouvert de Rn et soit : U C de classe C 1 . Montrer que si f est
une fonction holomorphe sur un ouvert contenant pU q, alors
q pf 1 q d .
Proposition 2.9. Soit L P LpC, Cq. Alors L est une similitude directe si et seulement
si sa matrice dans la base canonique de C R2 est de la forme
a b
dpf
Dans ce cas, on a L M , o`
ua
ib.
monstration. Notons pe1 , e2 q la base canonique de C R2 . On a e1 p 10 q

De
1 i0 1 et e2 p 01 q 0 i1 i. Si L est une similitude, L M avec a ib,
on a Lpe1 q 1 a
ib p ab q et Lpe2 q i ia b p ab q, et par consequent

a b
L a pour matrice
dans la base pe1 , e2 q. Inversement, si la matrice de L est de
b a
ce type et si on pose a ib, alors L M puisque ces deux applications lineaires
ont la meme matrice.

Corollaire 2.10. (forme reelle de lequation de Cauchy-Riemann)
Soit f : C une fonction de classe C 1 , et ecrivons f u iv (o`
u u et v sont `
a
valeurs reelles). Alors f est holomorphe si et seulement si
Bu Bv et Bv Bu
Bx By
Bx
By
monstration. Comme f est de classe C 1 , elle est holomorphe si et seulement si
De
df pz q est une similitude directe pour tout z P (daprès la proposition 2.3) ; autrement
a b
dit : si et seulement si la matrice jacobienne de f en tout point est de la forme
.
b a
Do`
u le resultat par definition de la matrice jacobienne puisque f u iv p uv q.
Corollaire 2.11. Si f
un point z P , alors
P H pq et si on note Jf pzq le determinant jacobien de f

Jf pz q |f 1 pz q|2 .
en

`
3. SERIES
ENTIERES
; FONCTIONS ANALYTIQUES
13
monstration. Comme df pz q Mf 1 pz q , la matrice jacobienne de f au point z

De
a b
est Jacf pz q
, o`
u f 1 pz q a ib. Donc Jf pz q a2 b2 |f 1 pz q|2 .

b a
Exercice. Montrer que pour une fonction f de classe C 1 quelconque, on a
2
f

z
B
Jf
B
2
f

z
BB
3. S
eries enti`
eres ; fonctions analytiques
3.1. S
eries enti`
eres ; rayon de convergence.
finition 3.1. Une s
De
erie enti`
ere est une serie de fonctions de la variable z
la forme pz q
cn z n , o`
u les cn sont des nombres complexes.
P C de
n 0
Remarque 1. Il est important detre conscient quune serie entière est un objet formel.
La serie peut très bien ne converger pour aucun point (sauf z 0).
Remarque 2. Par convention, on pose z 0
particulier, on a 00 1.
1 pour tout nombre complexe z. En
Notation. Pour a P C et r 0, on notera Dpa, rq le disque ouvert de centre a et

de rayon r dans C :
Dpa, rq tz P C; |z a| ru .
Le disque ferm
e correspondant sera note Dpa, rq :
Dpa, rq tz
P C; |z a| ru .
La notation D nest pas choisie au hasard : le disque ferme est bien ladherence du
disque ouvert !
Lemme 3.2. (lemme dAbel)
Soit pcn qn0 une suite
nombres complexes, et soit 0. Si la suite pcn n q est
de
n
bornee, alors la serie cn z converge absolument pour tout z P C verifiant |z | , et
on a convergence normale sur tout disque ferme Dp0, rq de rayon r .
monstration. Choisissons un
De
constante M telle que |cn |n

n
n P N. Si z P C, on a cn z n cn n z , et donc
pour tout n P N. Donc la serie
|z| . Si 0 r , alors
|cnzn| M p|z|{qn
cn z n est absolument convergente si |z |{
@z P Dp0, rq : |cnzn| M pr{qn ,
majoration par
le terme general dune serie convergente independante de z
Donc la serie cn z n converge normalement sur Dp0, rq.
pour tout
1, i.e.
P Dp0, rq.
ore
`me 3.3. Soit
The
cn
une serie entière. Il existe un unique nombre
R P r0, 8s verifiant les deux proprietes suivantes :
(i) la serie
(ii) la serie
zn
cn z n converge pour |z | R ;
cn z n diverge pour |z | R.
14

ET EXEMPLES
De plus, la serie cn z n converge absolument si |z | R, et on a convergence normale

sur tout compact de Dp0, Rq. Le nombre R sappelle le rayon de convergence de
la serie entière .
monstration. Posons R supt 0; la suite p|cn |n q est borneeu. Cette
De
definition a bien un sens : R existe dans r0, 8s car lensemble dont on prend la borne
superieure est non vide (il contient r 0). Si z P C verifie
|z| R alors on peut trouver
|z | tel que la suite |cn |n est bornee, donc la serie cn z n converge absolument
daprès le lemme dAbel.
|z| R alors la suite p|cnzn|q nest pas bornee par definition
Si
de R, donc
la serie cn z n ne peut pas converger. Ainsi, R verifie (i) et (ii). De plus,
la serie cn z n converge normalement sur tout disque Dp0, rq de rayon r R daprès

le lemme dAbel, donc uniformement sur tout compact de Dp0, Rq.
Lunicite est evidente : si R1 P r0, 8s verifie (i) et (ii), on ne peut pas avoir
1
R
R sinon on obtiendrait une contradiction en choisissant r tel que R1 r R. (La
serie cn rn devrait `
a la fois converger car r R et diverger car r R1 ). De meme on
1
ne peut pas avoir R R, donc R1 R.

Notation. On notera Rpq le rayon de convergence dune serie entière .
Reformulation. Le rayon
dune serie entière
cn z n est lunique
de convergence
n
nombre R tel que la serie |cn |r converge pour 0 r R et diverge pour r R.
Remarque 1. La preuve du theorème a etabli quon a
Rpq sup tr
0; la suite p|cn|rnq est borneeu .

On peut donc utiliser les faits suivants pour determiner Rpq : etant donne r P R
si la suite
p|cn|rnq est bornee, alors Rpq r ;
si la serie |cn|rn diverge, alors Rpq r.
Remarque 2. Comme le montrent les exemples

suivants, on ne peut rien dire de
n
complètement general sur la convergence de cn z pour |z | Rpq.
(1) Pour pz q z n , on a Rpq 1 (car la serie geometrique rn converge si

r 1 et divergesi r 1) et la serie diverge en tout point z tel que |z | 1.
n
n
n
(2) Pour pz q n1 zn2 , on a Rpq 1 (la suite nr 2 est bornee si r 1 et nr 2
diverge pour r 1 car en fait rn {n2 8) et la serie converge en tout point z
tel que |z | 1.
zn
n
(3) pour pz q n1 zn , on a Rpq 1 (meme raisons que pour
), la serie
n2
diverge pour z 1, mais converge pour z 1 (serie alternee), et en fait pour
tout point z 1 tel que |z | 1 (ce qui nest pas du tout evident).
La proposition qui va suivre donne une formule generale pour calculer le rayon de
convergence dune serie entière. On doit dabord rappeler la definition de la limite
sup
erieure dune suite de nombres reels pxn q : la limite superieure de pxn q est la plus
grande valeur dadherence de la suite pxn q dans r8, 8s ; autrement dit, cest la
plus grande limite possible (dans r8, 8s) pour une sous-suite de pxn q. On note ce
nombre lim n8 xn , ou simplement lim xn . Par exemple : si la suite pxn q converge
dans r8, 8s alors lim xn est la limite de pxn q ; on a lim p1qn 1 car les valeurs
dadherence de xn p1qn sont 1 et 1 ; et on a lim p1qn n2 8.
Exercice 1. Montrer que pour tout nombre reel L, les implications suivantes ont lieu :
lim xn L xn L à partir dun certain rang ;
lim xn L xn L pour une infinite dentiers n.

`
3. SERIES
ENTIERES
15
Exercice 2. Montrer que si pun q et pvn q sont deux suites de nombres reels et si pun q
admet une limite l 0, alors lim pun vn q l lim vn .
Proposition 3.4. (formule dHadamard)
Pour toute serie entière cn z n , le rayon de convergence de est donne par

la formule
1
R p q
lim |cn|1{n .
monstration. Notons R0 le nombre defini par R1 lim |cn |1{n . On va monDe

0
trer separement que Rpq R0 et Rpq R0 .
Si 0 r R0 , alors lim n8 p|cn |1{n rq 1, donc on a |cn |1{n r 1 à partir
dun certain rang, i.e. |cn |rn 1. La suite p|cn |rn q est donc bornee, et par consequent
Rpq r. Ceci etant vrai pour tout r R0 , on en deduit Rpq R0 .
Si r R0 , alors lim n8 p|cn |1{n rq 1, donc on peut trouver une infinite dentiers
n
n tels que
equent, cn rn ne tend pas vers 0 quand n 8, donc
|cn |rn 1. Par cons
la serie |cn |r diverge et donc r Rpq. Ceci etant vrai pour tout r R0 , on en
deduit R0 Rpq.
cnzn et 1 c1nzn deux series entières.

(a) Sil existe une constante M telle que |cn | M |c1n | `
a partir dun certain rang,
alors Rp0 q Rp1 q.
a partir dun certain rang et si |cn | |c1n |, alors Rp0 q Rp1 q.
(b) Si cn , c1n 0 `
Corollaire 3.5. Soient 0
monstration. La partie (a) est evidente daprès la formule dHadamard puisque

De
{
|cn| M 1{n|c1n|1{n à partir dun certain rang et M 1{n 1 ; et (b) decoule de (a)
applique 2 fois car on a 21 |c1n | |cn | 2|c1n | à partir dun certain rang.

1 n
Corollaire 3.6. Si la suite pcn q est born

ee, alors le rayon de convergence de
est au moins egal `
a 1.
cn z n
monstration. On applique le corollaire precedent avec c1n 1, en se souvenant

De
que le rayon de convergence de z n est egal à 1. Evidemment,

on peut aussi demontrer
le resultat directement, sans utiliser la formule dHadamard.

Corollaire 3.7. Si |cn |1{n admet une limite l P r0, 8s, alors Rpq 1{l.
Corollaire 3.8. Si cn 0 `
a partir dun certain rang et si
l P r0, 8s, alors Rpq 1{l.
|cn 1 | admet une limite

| cn |
monstration. Daprès le corollaire precedent, il suffit de montrer que |cn |1{n

De
tend vers l. On utilise pour cela le lemme suivant, qui est en fait un theorème très
celèbre et très important.
Lemme 3.9. (theorème de Cesàro)
Soit pun q une suite de nombres reels. Si pun q admet une limite L
1
alors Sn n1 nk
egalement vers L quand n 8.
0 uk tend
Preuve du lemme. Supposons dabord que L 0.
P r8, 8s,

ET EXEMPLES
16
Soit 0. Comme un 0, on peut trouver N0 1 tel que |uk | pour tout

N0. Si n N0, on a alors
|Sn|
1

0
1

uk

n k0
N
C0
n
C0
n
1
|uk |
n k N
n
n N0
n

N 0 1
k0 uk . Comme C0 n
o`
u on a pose C0
C0 {n pour tout n N , et on a alors
{ 0, on peut trouver N N0 tel que
@n N : |Sn| 2 .
Donc Sn tend bien vers 0 quand n 8.
Si L P R, on se ramène au cas L 0 grace à lastuce (très naturelle) suivante :
pour tout n 1, on a
n1
1
Sn L
puk Lq ,
n

k 0
donc on peut appliquer le cas precedent à la suite pun Lq pour obtenir que Sn L 0.
Supposons maintenant L 8. La demonstration est presque identique à celle
du cas L 0, donc on va aller un peu plus vite. Pour tout A 0 donne, on peut
trouver N0 tel que uk A pour tout k N0 , et on en deduit que si n N0 , alors
Sn
A
n N0
n
1

0
1
n N0
C0

uk
A

n k 0
n
n
N
Comme nnN0 A A et Cn0 0 quand n 8, on peut trouver N N0 tel que

nN0
C0
n A n A{2 pour n N , et on a alors Sn A{2 pour tout n N . Comme
A 0 est arbitraire, cela montre que Sn 8 L. Le cas o`
u L 8 sen deduit
en considerant un .
Revenons `
a la preuve du corollaire 3.8. En supposant cn 0 pour tout n, on
applique le lemme avec un log |c|ncn |1 | log |cn 1 | log |cn |, qui tend vers L log l P
r8, 8s. Avec les notations du lemme, on a

1
Sn
p
log |c1 | log |c0 |q plog |c2 | log |c1 |q plog |cn | log |cn1 |q
n
n1 plog |cn| log |c0|q ,
log |c0 |
et comme
tend vers 0 on en deduit que

n
log |cn |
exp
elog l l.
n
pn 1q
1. Pour zn! ,
on a Rpq 8 car p
0. Pour n!zn, on a Rpq 0 car pnn!1q! 8.
Exercice. Determiner les rayons de convergence des series entières n1 p1 n1 qn z n et
Exemples. Pour
| | tend vers log l. Donc |c |1{n

n
log cn
n
zn
n 1 n ,
n!
1
n
n 1 !
q
P R, on a Rpq 1 car
k 0z
2k .

`
3. SERIES
ENTIERES
17
3.2. R
egularit
e de la somme dune s
erie enti`
ere.
finition 3.10. Soit pz q cn z n une serie entière. La s

De
erie d
eriv
ee de est
la serie entière 1 pz q n1 ncn z n1 n0 pn 1qcn 1 z n .

Lemme 3.11. Une serie entière et sa serie derivee ont le meme rayon de convergence.
monstration. Si cn z n , alors 1 pz q n1 ncn z n1 a le meme rayon

De
n
1
r pz q
r
de convergence que
eries
n0 ncn z car pz q z pz q (et donc les deux s
rq
convergent pour les memes valeurs de z). Daprès la formule dHadamard, on a 1{Rp
1
{
n
1
{
n
1
{
n
r q Rpq car n
lim pn |cn | q et donc Rp
1 ; doù le resultat.

ore
`me 3.12. Soit cn z n une serie entière de rayon de convergence R 0, et
The
n
soit f : Dp0, Rq C la somme de cette serie, f pz q 8
0 cn z . Alors f est infiniment
C-derivable dans le disque Dp0, Rq, et ses derivees successives sobtiennent en derivant
terme `
a terme : on a
@k P N : f pkqpzq
npn 1q pn k
1q cn z nk .
n k
monstration. Pour N P N, posons fN pz q N

z n . Les fonctions fN sont
De
n0 cn
1 pz q N ncn z n1 . Daprès le
polynomiales, donc holomorphes
sur Dp0, Rq, avec fN
n1
n

1
lemme, la serie entière n1 ncn z
a un rayon de convergence egal à R, donc cette
1q
serie converge normalement sur tout compact de Dp0, Rq. En particulier, la suite pfN
converge uniformement sur tout compact de Dp0, Rq vers une fonction g : Dp0, Rq
1 le sont. Si on pose N f 1 dz et gdz, alors
C, qui est continue car les fN
N
}N puq puq} }MfN1 puqgpuq} |fN1 puq gpuq| pour tout u, donc N puq tend
vers puq uniformement sur tout compact de Dp0, Rq. On est donc dans la situation
1 dz gdz uniformement
suivante : fN pz q f pz q pour tout z P Dp0, Rq, et dfN fN
sur tout compact. Daprès un theorème connu sur les suites de fonctions de classe C 1 , on
en deduit que f
est de classe C 1 avec df gdz. Autrement dit, f est holomorphe avec
n1
1
ecurrence, on montre alors que f est infiniment
f pz q g pz q 8
n1 ncn z . Par r
p
k
q
n
p
n

1q pn k 1q cn z nk pour tout k P N.

C-derivable avec f pz q 8
nk
3.3. Fonctions analytiques.
finition 3.13. Soit un ouvert de C, et soit f : C.
De
(1) On dit que f est d
eveloppable en s
erie enti`
ere au voisinage dun point
a P sil existe r 0 et une suite de coefficients pcn qn0 (dependant de a)
tels que Dpa, rq et
@z P Dpa, rq
: f pz q
cn pz aqn ,
n 0
o`
u la serie converge en tout point de Dparq.
(2) On dit que f est C-analytique sur si elle est developpable en serie entière
au voisinage de chaque point de .
Du theorème 3.12, on deduit facilement le resultat suivant.

ET EXEMPLES
18
Proposition 3.14. Si f : C est C-analytique,

alors f est infiniment C-derivable
c
p
z

a
qn sur un certain disque Dpa, rq,
sur . De plus, si a P et si f pz q 8
0 n
alors les coefficients cn sont determines de manière unique par la fonction f : on a
pkq
@k P N : ck f k!paq
monstration. Soit a P quelconque, et soit r 0 tel que Dpa, rq et
De
aqn sur Dpa, rq, pour une certaine suite de coefficients pcnq. La serie
f pz q 8
0 cn pz
entière pwq cn wn a un rayon de convergence au moins egal à r, donc sa somme
g est infiniment C-derivable dans le disque Dp0, rq, daprès le theorème 3.12. Comme
f pz q g pz aq dans Dpa, rq, on en deduit que f est infiniment C-derivable dans
Dpa, rq, donc au voisinage de a. Ceci etant vrai pour tout point a P , cela signifie
que f est infiniment C-d
precedentes on a
erivable sur . Enfin, avec les notations
nk pour tout z P D pa, r q,
f pkq pz q g pkq pz aq 8
n
p
n

1
q

p
n

k
1
q
c
p
z

a
q
n
k
do`
u f pkq paq k!ck 00 0 k!ck pour tout k P N.

Corollaire 3.15. Toute fonction C-analytique est holomorphe.
4. Fonctions usuelles
4.1. Exponentielle.
finition 4.1. Pour z
De
x
iy
P C, on pose ez exeiy expcos y
i sin y q .
Cette definition suppose evidemment que lon connaisse dejà lexponentielle reelle
et les fonctions sinus et cosinus.
1
1
Proposition 4.2. On a ez 0 pour tout z P C et ez z ez ez pour tous z, z 1 .
monstration. Si z
De
et
0.
Si z x iy et z 1 x1
ez
x
iy alors |ez | ex |eiy | ex car |eiy | 1, donc |ez | 0
iy 1 , alors
1
1
1
1
1
ez z ex x ipy y q ex ex eipy y q .
1
1
1
1
Pour prouver que ez z ez ez , il suffit donc de verifier quon a eipy y q eiy eiy ; mais
ceci est la traduction des formules daddition pour le sinus et le cosinus :
1
eipy y q cospy y 1 q i sinpy y 1 q
pcos y cos y1 sin y sin y1q ipcos y sin y1 sin y cos y1q
pcos y i sin yqpcos y1 i sin y1q .

Corollaire 4.3. La fonction exponentielle est un homomorphisme surjectif de pC,
sur pC , q, de noyau 2iZ.
monstration. Notons E la fonction exponentielle. Que E soit un homorphisme

De
de pC, q dans pC , q est la traduction de la proposition. La surjectivite est claire
puisque tout nombre complexe w 0 peut secrire w rei avec r 0 et P R, et
donc w elog r i . Pour determiner kerpE q tz; ez 1u, on utilise le fait suivant :
un nombre complexe w est egal à 1 si et seulement si |w| 1 et Repwq 1. Comme
4. FONCTIONS USUELLES
|ez | ex si z x
19
iy, on a donc les equivalences suivantes (pour z
x
iy) :
P kerpE q ex 1 et Repez q 1
x 0 et Repeiy q 1
x 0 et cos y 1
x 0 et y P 2Z ,
ce qui prouve que kerpE q 2iZ.

Corollaire 4.4. Lapplication ei est un homomorphisme surjectif de pR, q sur
pT, q, de noyau 2Z.
z
Remarque. Il est tr`

es important de retenir le fait suivant, quon a utilise dans la
preuve du corollaire 4.3 : si z P C, alors
|ez | eRepzq .
Proposition 4.5. La fonction exponentielle est holomorphe sur C, avec pez q1
ez .
monstration. Notons E : R2 C la fonction exponentielle, consideree comme

De
fonction de deux variables reelles. On a E u iv avec
upx, y q ex cos y et v px, y q ex sin y .
Il est clair que E est de classe C 1 , et un calcul immediat montre quon a BBux u BByv
et BBxv v BBuy Ainsi, E verifie la forme reelle de lequation de Cauchy-Riemann et
est donc holomorphe sur C. Enfin, on a
BE Bu i Bv u iv E .
E1
Bx Bx Bx

Proposition 4.6. On a ez
8 zn
n 0
sur tout compact de C.
n!
pour tout z
P C, où la serie converge normalement
monstration. La serie entière zn! a un rayon de convergence infini, donc elle

De
converge normalement sur tout compact de C.
Soit z P C fixe, et soit : r0, 1s C la fonction definie par ptq etz . Daprès la
proposition precedente, la fonction exponentielle est infiniment C-derivable sur C, avec
peuqpkq eu pour tout k P N. Donc est de classe C 8 sur r0, 1s, avec pkqptq zk etz
pour tout k P N. Daprès la formule de Taylor, on a
p1q p0q
1 p0q p1 0q
pnq p0q
n!
pour tout n P N, autrement dit

(4.1)
De plus, on a
ez
1
n 11
z

1
n!
0
zn
n!

t e dt
p q
n tz
p 1 0 qn
zn 1
n!
1
0
1
0
p1 tqn pn 1qptq dt
n!
p1 tqnetz dt .
|
z |n 1 1
n! p1 tqn|etz | dt
0
|
z |n 1
eRepzq ,
n!

ET EXEMPLES
20
et donc z n! 0 p1 tqn etz dt tend vers 0 quand n 8. On peut donc passer à la limite
dans (4.1) pour obtenir la formule souhaitee.

n 1
Exercice. En utilisant la formule du binome et le developpement en serie entière de

lexponentielle, montrer que pour tout z P C, on a

z n
.
ez lim 1
n8
n
4.2. Fonctions trigonom
etriques. Les fonctions trigonometriques complexes se
definissent `
a partir de lexponentielle.
finition 4.7. Pour z
De
P C, on pose cos z 12 peiz
eiz q et sin z
2i1 peiz eiz q.
La verification des proprietes suivantes est laissee en exercice.

(1) Les fonctions sin et cos sont holomorphes sur C, avec sin1
cos et cos1 sin.
(2) Les fonctions sin et cos sont developpables en serie entière sur C, avec
cos z
2n
p1qn pz2nq!
et
sin z
n 0
1 q!
n 0
(3) Les formules trigonometriques usuelles pour sinpu

valables pour tous u, v P C.
Lemme 4.8. On a cos z
2n 1
p1qn p2nz
v q et cospu
0 si et seulement si z est de la forme

v q restent
k, o`
uk
P Z.
monstration. Par definition de la fonction cos, on a les equivalences suivantes :

De
cos z
0
eiz eiz
e2iz 1 ei
eip2z q 1
2z P 2Z .

Corollaire 4.9. La fonction tan z :
Czt 2 k; k P Zu
Exercice 1. Montrer quon a tan1 pz q 1
sin z
cos z
est bien definie et holomorphe sur
tan2 z
Exercice 2. Determiner le domaine de definitions de cotan z :
cos z
sin z
4.3. Logarithmes et arguments.

Notation. On notera log : s0, 8r R la fonction logarithme neperien usuelle, i.e.
la reciproque de lexponentielle reelle.
finition 4.10. Soit z
De
P C .
(a) On dit quun nombre complex w est un logarithme de z si on a ew

(b) On dit quun nombre reel est un argument de z si on a
ei
| |
z.
z
z
Remarques.
(1) Si z
rei avec r 0 et P R, alors w logprq
i est un logarithme de z.
21
(2) Tout nombre complexe z 0 possède une infinite de logarithmes et darguments. Si z secrit rei , alors les logarithmes de z sont tous les nombres de la
forme wk logprq ip 2k q o`
u k P Z, et les arguments de z sont tous les
nombres de la forme k 2k.
(3) Si w est un logarithme de z alors Repwq log |z |, et Impwq est un argument
de z.
monstration. La partie (1) est evidente puisque elogprq i elogprq ei z.

De
Comme e2ik 1 si k P Z, on en deduit immediatement que tous les wk sont des
logarithmes de z et que tous les k sont des arguments de z. Reciproquement, si w1
1
est un logarithme de z, alors eww zz 1 1 et donc w1 w P 2iZ, ce qui prouve
que w1 est un wk ; et de meme tout argument de z est un k . Enfin, la partie (3) est
evidente : si w x iy et si ew z, alors |z | ex (donc x log |z |) et z {|z | eiy
(donc y est un argument de z).

finition 4.11. La d
De
etermination principale de largument est la fonction
arg : C R definie comme suit : argpz q est lunique argument de z appartenant
`
a lintervalle s , s. La d
etermination principale du logarithme est la fonction
log : C C definie par logpz q log |z | i argpz q. Autrement dit, si z rei avec
r 0 et P s , s, alors logpz q logprq i.
Exemples.
(1) On a 1 ei , donc logp1q

logpiq i 2 et logpiq i 2 .
i. De meme, i e
? ? ? ?
?
2 et 1 i 2 22 i 22 2 ei
?
log 2 i 4 log2p2q i 4 .
(2) On a |1 i|
et
i e i
, donc
, donc logp1 iq
Remarque 1. La notation log est intentionnelle : la fonction log prolonge la fonction

logarithme reelle.
Remarque 2. En general, on na pas logpzz 1 q logpz q logpz 1 q : cette egalite est
vraie seulement modulo 2i. Par exemple, on a logp1 iq logpiq i 2 , mais
logp1q logpiq i i 2 i 3
2
Remarque 3. Les fonctions log et arg ne sont pas continues sur C . En fait, elles ne
sont continues en aucun point de la forme z r, o`
u r 0.
monstration. Pour P s0, s, posons z reipq et z reip q (faire

De
un dessin). Alors z r quand 0 , mais argpz q ip q i et argpz q
ip q i. Donc la fonction arg est discontinue au point r ; et comme argpz q
Implogpz qq, on en deduit que la fonction log est egalement discontinue au point r.
Proposition 4.12. La fonction arg est de classe C 1 sur CzR , et la fonction log est
holomorphe sur CzR avec log1 pz q z1
monstration. Si z x iy P CzR , alors : argpz q P s , r. Donc

De

P
s

,
r
et
tan
efinie. Daprès le theorème de langle au centre et de
2
2 2
2 est bien d
langle inscrit, on a

y
y
a
tan

2
x |z |
x
x2 y 2
22

ET EXEMPLES
De plus, comme {2 P s {2, {2r on a {2 arctanptan {2q. Donc

argpz q
2 arctan
x2
y2
et cette formule explicite prouve que la fonction arg est de classe C 1 sur Cza
R .
Comme logpz q log |z | i argpz q et que la fonction z log |z | logp x2 y 2 q
est de classe C 1 sur C , la fonction log est egalement de classe C 1 sur CzR . De
plus, en differentiant la relation elog z, on obtient elog dplogq dz, autrement dit
zdplogq dz, ou encore dplogq dz
equent, log est holomorphe sur CzR
z . Par cons
1
1

avec log pz q z

z n
Corollaire 4.13. Pour tout nombre complexe z, on a ez lim 1
.
n8
n
monstration. Fixons z P C. Si lentier n est assez grand, alors 1 nz 0 et
De
n

on peut ecrire 1 nz exp n log 1 nz . De plus, comme la fonction log est Cderivable en 1 avec log1 p1q 1 et comme
logp1q 0, on voit que logp1 uq u quand

n
u 0. Par consequent, n log 1 nz tend vers z quand n 8 et donc 1 nz tend
z
vers e .

Proposition 4.14. Dans le disque unite D Dp0, 1q, on a
8 zn
logp1 z q
n
n 1
o`
u la serie converge normalement sur tout compact de D.
monstration. La serie entière n1 zn a un rayon de convergence egal à 1,

De
donc elle converge normalement sur tout compact de Dp0, 1q D.
Si z P D, alors 1 z P Dp1, 1q CzR (faire un dessin). Donc f pz q logp1 z q
est bien definie et holomorphe sur D, avec f 1 pz q 11 z et f p0q logp1q 0. Daprès
le theorème fondamental de lanalyse (corollaire 2.8), on a donc
logp1 z q 0
zdt z
0 1 tz
pour tout point z P D. De plus, pour z P D fixe on a
1
1 tz
1
0
1 tz
ptzqk ,
k 0
o`
u la serie geometrique converge normalement sur r0, 1s car |tz |
t P r0, 1s. On en deduit
logp1 z q
z

1
8
k 1
k 0

8 zk
k
k 0
dt
k 0
ptzq
tk dt
0
|z| 1 pour tout
23
ce qui est la formule souhaitee. Linterversion de la somme infinie et de lintegrale est

justifiee par la convergence normale de la serie sur r0, 1s.
finition 4.15. Soit A C . On dit quune fonction L : A C est une d

De
etermination
L
p
z
q
du logarithme sur A si on a e
z pour tout z P A, et quune fonction A R
est une d
etermination de largument si pz q est un argument de z pour tout z P A.
Remarque 4.16. Il nexiste aucune determination continue de largument sur le cercle
T tz P C; |z | 1u et aucune determination continue du logarithme sur C .
monstration. Supposons quil existe une determination continue de larguDe
ment sur T, i.e. une fonction continue : T R telle que eipz q z pour tout z P T.
it
it
On a alors eipe q eit pour tout t P R, autrement dit eippe qtq 1. Donc la fonction
it
: R R definie par ptq pe q t est à valeurs dans 2Z. Comme est de plus
continue, elle est donc constante daprès le theorème des valeurs intermediaires (pRq
doit etre un intervalle contenu dans 2Z). Il existe donc un entier k tel que
@t P R
: peit q t
2k ,
ce qui est absurde car le membre de gauche est 2-periodique mais le membre de droite
ne lest pas.
Si L est une determination du logarithme sur C alors Lpz q log |z | ipz q, o`
u
est une determination de largument. Daprès ce qui precède, ne peut pas etre
continue sur C , donc L non plus puisque pz q ImpLpz qq.

Exercice. Montrer que si L est une determination C 1 du logarithme dans un ouvert
C , alors L est holomorphe et L1 pz q z1
Proposition 4.17. Soit I s, r un intervalle ouvert de longueur 2, et soit I

C la demi-droite R ei . Pour z P CzI , on note argI pz q lunique argument de z
appartenant `
a lintervalle I, et on pose logI pz q log |z | i argI pz q. Alors argI est une
determination C 1 de largument dans CzI , et logI est une determination holomorphe
du logarithme. On dit que logI et argI sont les determinations du logarithme et de
largument obtenues en choisissant largument dans I.
monstration. On a I s, 2 r puisque I est de longueur 2. En faisant
De
un dessin, on voit quun nombre complexe z appartient à CzI si et seulement si
zeip q P CzR (en tournant dun angle p q, on passe de I à R ). Dans ce
cas, on a argpzeip q q P s , r et donc argpzeip q q p q P s, 2 r I.
Comme argpzeip q q p q est un argument de z, on en deduit que argI pz q
argpzeip q q p q pour tout z P CzI . Daprès la proposition 4.12, cela montre
que argI est de classe C 1 , et on en deduit comme plus haut que logI est holomorphe
avec log1I pz q z1

Remarque. Avec les notations de la proposition, on a args,r
sur CzR .
arg et logs,r log
Corollaire 4.18. Pour toute demi-droite C dorigine 0, on peut trouver une

determination C 1 de largument et une determination holomorphe du logarithme sur
Cz.
monstration. Toute demi-droite dorigine 0 est une I .
De
Corollaire 4.19. Pour tout nombre complexe z0 0, il existe une determination

holomorphe du logarithme definie sur un voisinage V de z0 .
24

ET EXEMPLES
monstration. Il suffit de choisir une demi-droite dorigine 0 ne passant pas

De
par z0 (par exemple R z0 ), et de poser V Cz.

4.4. Fonctions puissances.
finition 4.20. Soit L une determination holomorphe du logarithme sur un ouvert
De
C . La d
etermination de z associ
ee `
a L est la fonction z eLpz q . Autrement
dit, si z reipz q , o`
u est la determination de largument associee `
a L, alors
z
reipzq .
Remarque. Il est important davoir compris que z depend de la determination du logarithme consideree, autrement dit du choix de largument. Par exemple, si on veut calculer p1q1{3 en choisissant largument dans s0, 2 r, alors on trouve p1q1{3 pei q1{3
ei{3 ; mais si on choisit largument dans s2, 4 r, on trouve p1q1{3 pei3 q1{3 ei
1.
On laisse en exercice la verification des (importantes) proprietes suivantes.
(1) Si n P N , alors z
zlooooomooooon
z zn, quelle que soit la determination
n fois
1.
(2) Si on choisit largument dans s , r et si P R, alors la fonction z (dont
le domaine de definition est CzR ) prolonge la fonction puissance x usuelle
(definie sur s0, 8r).
(3) Si P R alors |z | |z | , quelle que soit la determination de largument
de largument choisie ; et z 0
choisie.
(4) Si Cz pour une demi-droite r0, 8r et si on choisit largument dans

un intervalle I contenant 0, alors |x | xRepq pour tout x P s0, 8r.
CHAPITRE 2
Int
egrale curviligne
1. D
efinition et propri
et
es
el
ementaires
1.1. D
efinitions.
finition 1.1. Soit un ouvert de C. Un chemin dans est une application
De
continue : ra, bs , o`
u ra, bs est intervalle compact de R. On dit quun chemin
: ra, bs est ferm
e (ou encore que est un lacet) si on a pbq paq.
On dit quun chemin est de classe C 1 par morceaux si on peut subdiviser
son intervalle de parametrage ra, bs en intervalles ra0 , a1 s, ra1 , a2 s, . . . , raN 1 , aN s sur
lesquels est de classe C 1 .
finition 1.2. Si : ra, bs C est un chemin de classe C 1 par morceaux dimage
De
et si est une 1-forme differentielle continue sur un ouvert contenant , on definit
lint
egrale de sur par la formule
b
a
p ptqq 1 ptq dt .
Remarque 1. Cette definition a bien un sens car la fonction sous lintegrale (qui est
definie sauf en un nombre fini de points) est continue par morceaux sur ra, bs.
Remarque 2. Pour que lintegrale curviligne
definie et continue sur limage de .
ait un sens, il suffit en fait que soit
Pratique du calcul.
(1) Cas o`
u est de la forme P dx Qdy. En ecrivant ptq pxptq, y ptqq, on a
p ptqq P pxptq, y ptqq1 Qpxptq, y ptqq2 pour tout t P ra, bs, o`
u 1 et 2 sont les
deux applications lineaires coordonnees. Donc p ptqq 1 ptq P pxptq, y ptqqx1 ptq
Qpxptq, y ptqqy 1 ptq, et on obtient
P dx
Pour calculer
pose
Qdy
P dx
b
a
P pxptq, y ptqq x1 ptqdt
b
a
Qpxptq, y ptqq y 1 ptqdt .
Qy, on procède donc mecaniquement comme suit : on
x xptq , y
et on intègre entre a et b.
yptq
, dx x1 ptqdt , dy
y1ptqdt ,
Exemple. Soit f : R C une fonction continue, et notons P : R2 R la fonction

definie par P px, y q f pxq. Soit egalement ra, bs un itervalle de R et soit v P R. Si on
note : ra, bs C le chemin defini par ptq t iv pt, v q, alors
P dx
b
a
25
f pxq dx .

2. INTEGRALE
CURVILIGNE
26
Ainsi, lintegrale des fonctions dune variable est un cas particulier dintegrale curviligne.
(2) Cas o`
u est de la forme Adz Bd
z . Dans ce cas, on a p ptqq Ap ptqqI
Donc p ptqq 1 ptq Ap ptqq
B p ptqqI pour tout t P ra, bs, o`
u I phq h et Iphq h.
1
ptq B p ptqq 1 ptq et donc
Bd
z
Adz
Ainsi, pour calculer
Adz
Bd
z , on pose
ptq
, dz
Ap ptqq 1 ptqdt
1ptqdt ,
b
a
B p ptqq 1 ptqdt .
d
z 1 ptq ,
et on intègre entre a et b.
Exemple. Soit R 0, et soit R : r0, 2 s C le chemin (ferme) defini par ptq Reit .
Alors
dz
2i .
R z
Reit, dz iReitdt, ce qui donne

2pi
2
dz
iReit dt

i dt 2i .
z
Reit
monstration. On pose z
De
Exercice. Pour n P Z, calculer
dz
n z ,
o`
u n : r0, 2 s C est defini par n ptq eint .
1.2. Propri
et
es de lint
egrale curviligne. Dans ce qui suit, est un ouvert
de C, et tous les chemins : ra, bs sont de classe C 1 par morceaux.
Proposition 1.3. (additivite)
Soit : ra, bs un chemin dans , et soit c P ra, bs. Alors
|ra,cs
|rc,bs
pour toute 1-forme differentielle continue sur .

monstration. Cest evident par definition de lintegrale curviligne.
De
Remarque. Un des interets de ce resultat est quil permet de se ramener à des chemins
de classe C 1 .
Proposition 1.4. (theorème fondamental de lanalyse)
Soit F P C 1 pq. Pour tout chemin : ra, bs , on a
dF
En particulier,
F p pbqq F p paqq .
dF ne depend que des extremites du chemin .
monstration. Supposons dabord que soit de classe C 1 sur ra, bs. Alors la
De
fonction F est de classe C 1 , avec pF q1 ptq dF p ptqq 1 ptq. On a donc
dF
pF q1ptq dt rF sba ,
a

ES
EL
EMENTAIRES
1. DEFINITION
ET PROPRIET
27
ce qui est la formule souhaitee.

Dans le cas general, choisissons une subdivision a a0 a1 aN b de
lintervalle ra, bs telle que soit de classe C 1 sur rai , ai 1 s, pour tout i P t0, . . . , N 1u.
Daprès la proposition 1.3 et le cas C 1 , on a
dF
N1

i 0

|rai ,ai
dF
F p 1 q F p 0 q
F p2 q F p1 q
F p paN qq F p pa0 qq ,
F pN q F pN 1 q
do`
u le resultat.
Corollaire 1.5. Si : ra, bs
fonction F P C 1 pq.
est un chemin ferme, alors
dF
0 pour toute
monstration. Cest evident puisque pbq paq.

De
finition 1.6. (changement de paramètre)

De
(1) Un changement de param`

etre est une bijection continue s : ra, bs rc, ds
entre deux intervalles compacts de R.
(2) On dit que deux chemins 1 : ra, bs et 2 : rc, ds sont
-
equivalents sil existe un changement de paramètre croissant s : ra, bs
rc, ds tel que 1ptq 2psptqq pour tout t P ra, bs ;
- anti-
equivalents sil existe un changement de paramètre d
ecroissant
tel que 1 2 s.
Remarque. Intuitivement, deux chemins sont equivalents sils decrivent la meme courbe,
dans le meme sens (mais peut-etre pas à la meme vitesse) ; et deux chemins sont antiequivalents sils decrivent la meme courbe en sens contraire.
Exemples.
(i) Les chemins 1 : r0, 2 s C et 2 : r0, s
1 ptq eit et 2 psq e2is sont equivalents.
(ii) Les chemins 1 : r0, 2 s C et 2 : r0, 2 s
2 ptq eit sont anti-equivalents.
C definis par
C definis par 1ptq eit et
q : ra, bs C
(iii) Pour tout chemin : ra, bs C, on definit le chemin inverse
qptq pa b tq. Alors et
q sont anti-
par la formule
equivalents. Lorsque
ra, bs r0, 1s, on a qptq p1 tq.
Proposition 1.7. (invariance de lintegrale par changement de paramètre)

Soient 1 : ra, bs et 2 : rc, ds deux chemins dans .
(1) Si 1 et 2 sont equivalents, alors
continue sur .
(2) Si 1 et 2 sont anti-equivalents, alors
pour toute 1-forme differentielle

pour toute 1-forme .
monstration. Soit s : ra, bs rc, ds un changement de paramètre tel que

De
1 2 s, croisant dans le cas (1) et decroissant dans le cas (2). Soit egalement
une 1-forme continue sur .

2. INTEGRALE
CURVILIGNE
28
Supposons dabord que 1 , 2 et s soient de classe C 1 . On a alors 11 ptq 21 psptqqs1 ptq

pour tout t P ra, bs, et donc

b
a
b
a
p1 ptqqps1 ptq21 psptqqq dt

p2 psptqq21 ppsptqq s1 ptqdt
spbq
pq
s a
p2 psqq 1 psq ds ,
o`
u on a effectue le changement de variable s sptq. Dans le cas (1), s est croissant, donc
spaq c et spbq d, et donc 1 c p2 psqq 1 psq ds 2 . Dans le cas (2), on a
spaq d et spbq c, donc 1 d p2 psqq 1 psq ds c p2 psqq 1 psq ds 2 .

Si 1 ,2 et s sont de classe C 1 par morceaux, on se ramène au cas C 1 en subdivisant
convenablement les intervalles ra, bs et rc, ds : plus precisement, on subdivise ra, bs en
intervalles rai , ai 1 s sur lesquels 1 et s sont de classe C 1 et tels que 2 est C 1 sur
sprai , ai 1 sq, et on utilise la proposition 1.3.
Le cas o`
u le changement de paramètre s est seulement suppose continu est un peu
plus delicat, et on ladmettra.

Corollaire 1.8. Si est un chemin dans , alors
continue sur .

pour toute 1-forme
1.3. Int
egrale sur une courbe simple orient
ee.
finition 1.9. Une courbe simple dans le plan est un compact C qui est
De
limage dun chemin : ra, bs C injectif (on dit encore sans point double), avec
un intervalle ra, bs non reduit `
a point. On dit alors que est un param
etrage de la
courbe .
Remarque. Si : ra, bs C est une application continue et injective, alors est un
hom
eomorphisme de ra, bs sur pra, bsq, par compacite de ra, bs. Donc, toute courbe
simple C est homeomorphe à lintervalle r0, 1s. En particulier, possède deux
extr
emit
es p et q, qui correspondent aux extremites 0 et 1 de r0, 1s. On peut les
caracteriser de la facon suivante : ce sont les deux seuls points de tels que ztpu et
ztq u sont connexes.
finition 1.10. Soit C une courbe simple dextremites p et q. On dit quon a

De
orient
e si on a choisi un sens de parcours sur : de p vers q, ou de q vers p. Il
y a donc exactement 2 manières dorienter .
Remarque. Tout parametrage : ra, bs C de definit une orientation de (de paq
vers pbq).
Lemme 1.11. Soient 1 et 2 deux parametrages dune meme courbe simple C.
(1) Si 1 et 2 definisent la meme orientation de , alors 1 et 2 sont equivalents.

(2) Si 1 et 2 definisent des orientations inverses, alors ils sont anti-equivalents.
monstration. En notant ra, bs et rc, ds les intervalles de definition de 1 et
De
2 , on sait que 1 : ra, bs et 2 : rc, ds sont des homeomorphismes. Donc
lapplication s 21 1 : ra, bs rc, ds est un changement de paramètre tel que

ES
EL
EMENTAIRES
1. DEFINITION
ET PROPRIET
29
1 2 s. Si 1 et 2 definissent la meme orientation de , alors 1 paq 2 pcq et

1 pbq 2 pdq, donc spaq c et spbq d, et s est croissant. Si 1 et 2 definissent des
orientations inverses, alors 1 paq 2 pdq et 1 pbq 2 pcq, donc spaq d et spbq c,
et s est decroissant.

Ce lemme rend legitime la definition suivante.
finition 1.12. Soit C une courbe simple orient
De
ee. Si est une 1-forme
diff
e
rentielle
continue
au
voisinage
de
,
on
d
e
finit
lint
e
grale
de sur par
u : ra, bs C est nimporte quel parametrage de compatible avec lorienta , o`

tion.
Exemple. (segments orientes)
(1) Si p, q P C, on notera rp, q s C le segment dextremites p et q, et rpq s (sans
la virgule) le segment rp, q s oriente de p vers q. On a alors
rpqs

rqps
pour toute 1-forme differentielle continue au voisinage de rp, q s.
(2) On peut parametrer un segment oriente rpq s par le chemin : r0, 1s C defini
qptq tp p1 tqq
par ptq p tpq pq p1 tqp tq. Le chemin inverse
paramètre le segment oriente rqps.
(3) Si rp, q s est un segment horizontal de la forme ra, bstv u, il est plus naturel de
parametrer rpq s directement par lintervalle ra, bs, i.e. de poser pxq px, v q,
x P ra, bs. Si P dx Qdy est une forme differentielle continue au voisinage
de rp, q s, on a alors
rpqs
P dx
Qdy
b
a
P px, v q dx et
rqps
P dx
Qdy

b
a
P px, v q dx .
De meme, si rp, q s est un segment vertical tuu rc, ds alors rpq s se parametre
par py q pu, y q, y P ra, bs, et donc
rpqs
P dx
(4) Si
Qdy
d
c
Qpu, y qdy et
rqps
P dx
Qdy

d
c
Qpu, y qdy .
P C, alors le segment oriente r0s se paramètre par ptq t, t P r0, 1s.
1.4. Longueur dun chemin.

finition 1.13. Soit : ra, bs C un chemin de classe C 1 par morceaux. La lonDe
b
gueur de est le nombre lp q defini par lp q a | 1 ptq| dt.
Exemples.
(1) Soient p, q P C et soit : r0, 1s C le parametrage naturel du
segment rp, q s, i.e. ptq p1 tqp tq p tpq pq. On a 1 ptq q p
1
pour tout t P r0, 1s, donc lp q 0 |q p| dt |q p|, ce qui est bien la valeur
attendue pour la longueur de rp, q s.
(2) Soient a P C et R 0. Le chemin : r0, 2 s C defini par ptq a Reit

paramètre le cercle tz P C; |z a| Ru, donc on sattend à trouver lp q
2R. Et de fait, on a | 1 ptq| iReit pour tout t P r0, 1s, donc | 1 ptq| R et
2
lp q 0 R dt 2R.

2. INTEGRALE
CURVILIGNE
30
Proposition 1.14. Deux chemins equivalents ou anti-equivalents ont la meme longueur.
monstration. Soient 1 : ra, bs C et 2 : rc, ds C deux chemins equivalents

De
ou anti-equivalents, et soit s : ra, bs rc, ds un changement de paramètre tel que
1 ptq 2 psptqq.
Si s est de classe C 1 (ou C 1 par morceaux), on peut montrer que lp1 q lp2 q en
utilisant la formule de changement de variable, exactement comme dans la preuve de
la proposition 1.7 : cest un bon exercice.
Pour un changement de paramètre seulement continu, on doit proceder differemment.
Tout repose sur le fait suivant, que lon admettra :
Fait. Soit ru, v s un intervalle de R. Appelons subdivision de ru, v s toute suite finie
de la forme t pt0 , t1 , . . . , tN q, avec ou bien u t0 t1 tN v ou bien
v t0 t1 tN u. Soit egalement : ru, v s C un chemin de classe C 1 par
morceaux. Pour toute subdivision t pt0 , t1 , . . . , tN q de ru, v s, posons
lp, tq
N1
| pti 1q ptiq| .
i 0
Avec ces notations, on a lp q sup tlp, tq; t subdivision de ru, v su .

En admettant ce fait, la preuve de la proposition est immediate. En effet, quand
t pt0 , . . . , tN q decrit lensemble des subdivisions de ra, bs, alors st : pspt0 q, . . . , sptN qq
decrit lensemble des subdivisions de rc, ds car s est une bijection strictement monotone
de ra, bs sur rc, ds, et on a lp1 , tq lp2 , stq pour toute subdivision t; donc la formule
precedente donne directement lp1 q lp2 q.

Exercice. Essayer de donner une preuve de la proposition 1.7 en sinspirant de la
demonstration precedente.
Corollaire 1.15. On peut definir la longueur dune courbe (simple)
la longueur de nimporte quel parametrage de .
Exercice. Calculer la longueur de larc de la parabole dequation y
points p0, 0q et p1, 1q.
C : cest
x2 joignant les
Notation. Soit : ra, bs C un chemin de classe C 1 par morceaux, dimage . Pour

toute fonction continue definie sur , on posera
En particulier, on a lp q
pz q| |dz |
1 |dz |
b
a
p ptqq | 1ptq| dt .
|dz|.
La notation est utile lorsquon veut majorer le module dune integrale curviligne :
cest le contenu du lemme suivant.
Lemme 1.16. Soit : ra, bs C un chemin de classe C 1 par morceaux dimage . Si
f est une fonction continue sur un ouvert contenant , alors

f z dz

pq
|f pzq| |dz| lp q sup |f pzq| .
monstration. Il suffit decrire f pz qdz

De
module de lintegrale par lintegrale du module.
af
p ptqq 1ptqdt et de majorer le

2. LA FORMULE DE GREEN-RIEMANN
31
2. La formule de Green-Riemann
Le but de cette section est detablir une formule magique sur laquelle sera basee
toute la theorie des fonctions holomorphes.
2.1. Domaines
el
ementaires.
finition 2.1. On dit quun compact C est une courbe de Jordan ferm
De
ee si
est limage dun chemin : ra, bs C ferme et sans points doubles, i.e. tel que
|ra,br est injectif.
Par exemple : un cercle, le bord dun triangle, le bord dun rectangle sont des
courbes de Jordan fermees.
Exercice. Montrer quun compact est une courbe de Jordan fermee si et seulement
si est homeomorphe au cercle T tz P C; |z | 1u.
finition 2.2. On dit quun compact K
De
conditions suivantes sont satisfaites.
C est un domaine elementaire si les
(1) K est ladherence de son interieur, et sa frontière B K est reunion dun nombre
fini de courbes de Jordan fermes deux-`
a-deux disjointes 1 , . . . , N .
(2) Chaque courbe j admet un parametrage j possedant les proprietes suivantes :
(a) j est de classe C 2 par morceaux, et j1 ptq 0 en tout point de derivabilite ;
(b) lorsquon parcourt j en suivant le parametrage j , on a constamment

linterieur du domaine K `
a sa gauche.
Remarque 1. La signification precise de (2) est la suivante. Soit raj , bj s lintervalle de
definition de j . En tout point t P saj , bj r o`
u j est derivable, notons nj ptq le vecteur
unitaire orthogonal `
a j1 ptq tel que pj1 ptq, nj ptqq soit oriente dans le sens direct. Alors
nj ptq pointe vers linterieur de K : on peut trouver 0 tel que sj ptq, j ptq
et rj ptq nj ptq, j ptqr XK H.
nj ptqs K
Remarque 2. Si j verifie (2), on dira que j est un param
etrage admissible de
j ; et si 1 , . . . , N verifient tous (2), on dira que p1 , . . . , N q est un parametrage
admissible de B K.
Exemple 1. Un disque ferme, un rectangle ferme, un triangle ferme sont des domaines
elementaires. Dans chaque cas, un parametrage admissible de B K fait parcourir B K
dans le sens trigonometrique.
Exemple 2. Si a P C et si r et R verifient 0 r R, alors la couronne ferm
ee
K Dpa, RqzDpa, rq tz P C; r |z a| Ru est un domaine elementaire, avec
BK BDpa, RqYBDpa, rq. Un parametrage admissible de BK fait parcourir le grand
cercle B Dpa, Rq dans le sens trigonometrique, et le petit cercle B Dpa, rq dans le sens
anti-trigonometrique.
Exemple 3. Plus generalement, si D, D1 , . . . , Dn sont des disques ouverts tels que Dj
D pour tout j et les Dj sont deux à deux disjoints, alors le disque à trous K
DzpD1 Y Y Dn q est un domaine elementaire, avec B K B D Y n1 B Dj . Le grand

cercle B D doit etre oriente dans le sens trigonometrique, et les petits cercles B Dj dans
le sens anti-trigonometrique.

2. INTEGRALE
CURVILIGNE
32
Lemme 2.3. Soit K C un domaine elementaire de frontière B K 1 Y Y N ,

et soit une 1-forme diff
erentielle continue sur un ouvert contenant K. Pour tout
j P t1, . . . , N u, lintegrale j est independante du parametrage admissible j de j .
ge
e. Fixons j P t1, . . . , N u. Il sagit de montrer que si 1 : ra1, b1 s
Preuve abre
2
2
2
C et : ra , b s C sont deux parametrages admissibles de j , alors 1 2 .
Pour ne pas perdre de temps, on admettra quon peut se ramener au cas o`
u 1 et
2
1
1
1
2
2
sont de classe C et ont le meme point de depart (i.e. pa q pa q), et que dans
ce cas il existe un changement de paramètre s : ra1 , b1 s ra2 , b2 s tel que 1 2 s. Il
reste `
a voir que ce changement de paramètre est croissant, car on pourra alors conclure
que 1 et 2 sont equivalents et appliquer la proposition 1.7.
Le point cle est que le changement de paramètre s ( apriori seulement continu) est
derivable en tout point t P sa1 , b1 r. Pour le voir, il suffit decrire
1 pt
hq 1 1ptq
h

2 ps pt
hqq 2 psptqq
h
2
pspt hqq 2 psptqq
spt hq sptq
spt
hq s pt q

h
psptqq
tend
Quand h tend vers 0, le membre de gauche tend vers p 1 q1 ptq, et psspptt hhqq
qsptq
2
1
2
1
vers p q psptqq car spt hq tend vers sptq par continuite de s. Comme p q psptqq 0
(par definition dun parametrage admissible), on en deduit que spt hhqsptq tend vers
p 1 q1 ptq
p 2 q1 psptqq , et donc que s est derivable au point t.
2
Maintenant quon sait que s est derivable, on peut ecrire
p 1q1ptq s1ptq p 2q1psptqq.

Cette identite montre que pour tout point t P sa1 , b1 r, les vecteurs p 1 q1 ptq et p 2 q1 psptqq
sont colineaires, et donc que les vecteurs normaux n ptq et n psptqq le sont egalement.
Comme ces deux vecteurs (attaches au meme point 1 ptq 2 psptqq de j pointent
(2.1)
tous les deux vers linterieur de K par definition dun parametrage admissible, ils sont
necessairement de meme sens. Par consequent, p 1 q1 ptq et p 2 q1 psptqq sont eux aussi de
meme sens, et en revenant `
a (2.1) on en conclut que s1 ptq 0, pour tout t P sa1 , b1 r.
Ainsi, le changement de paramètre s est croissant, ce qui achève la demonstration.
finition 2.4. Soit K C un domaine elementaire. Si est une 1-forme differetielle

De
continue sur un ouvert contenant K, on definit lint
egrale de sur B K par la formule
BK
j 1 j
o`
u p1 , . . . , N q est nimporte quel parametrage admissible de B K.
q, donc on peut
Remarque.
Comme K est ladherence de son interieur, on a B K BpK
ecrire BpK
ematiquement lorsque K est un disque ferme
q au lieu de B K . On le fera syst
D ; autrement dit, on ecrira toujours
BD au lieu de BD .
Exemple 1. Si D
33
Dpa, rq est un disque ouvert et si est de la forme f dz, alors
BD
f pz q dz
2
0
f pa
reit q ireit dt .
Exemple 2. Soit R un rectangle ra, bs rc, ds. Notons A, B, C, D les sommets de R,

en commencant par le sommet inferieur gauche A pa, cq et en tournant dans le
sens trigonometrique. On obtient un parametrage admissible de B R en mettant bout
à bout des parametrages des segments orientes rAB s, rBC s, rCDs, rDAs. Si
P dx Qdy, on obtient donc (daprès la propriete dadditivite)
BR
P dx
Qdy
rBC s
rABs
P px, cq dx
rDAs
rCDs
d
c
Qpb, y q dy
Exemple 3. Si K est undisque à trous, K

conventions dorientation)
BK
BD
b
a
P px, dq dx
Dz n1 Dj ,
n
B Dj
d
c
Qpa, y q dy .
alors (compte tenu des
j 1
2.2. La formule. On peut maintenant enoncer la formule de Green-Riemann.

ore
`me 2.5. (formule de Green-Riemann)
The
Soit K C un domaine elementaire. Si P dx Qdy est une 1-forme differentielle
de classe C 1 sur un ouvert contenant K, alors
Remarque. Si
Adz
BK
BK
P dx
Qdy
BQ BP
dxdy .
Bx By
Bd
z , alors la formule de Green-Riemann secrit
Adz
Bd
z 2i
BB BA
dxdy .
Bz Bz
monstration. Daprès les formules de changement de base, on a Adz

De
Bd
z P dx Qdy, o`
u P A B et Q ipA B q. Il sagit donc de verifier quon a
BpipA B qq BpA B q 2i BB BA

,
Bx
By
Bz Bz
ce qui nest pas difiicile.

Corollaire 2.6. Si f est une fonction de classe C 1 au voisinage dun domaine
elementaire K, alors
BA dxdy .
A dz 2i
BK
K Bz
La preuve de la formule de Green-Riemann va se faire en considerant plusieurs cas,
de plus en plus generaux. Pour plus de lisibilite, on sabstiendra de demontrer en
detail certains points techniques.
Cas 1. Le domaine K est un rectangle ra, bs rc, ds.

2. INTEGRALE
CURVILIGNE
34
Dans ce cas, cest un calcul assez facile, mais cependant non-trivial et en fait très
instructif :
BK
P dx
Qdy

P px, cq dx
a
d
c
d
c
Qpb, y q dy
Qpb, y q Qpa, y q dy
d b
BQ px, yq dx dy
a Bx

BQ BP
dxdy ,
Bx By
b
a
b
a
P px, dq dx
d
c
Qpa, y q dy
P px, dq P px, dq dx
b d
a
BP px, yq dy
dx
By
o`
u on a utilise le theorème fondamental de lanalyse et le theorème de Fubini.
Cas 2. Le domaine K est un rectangle deforme.
De facon precise, supposons que K soit de la forme K pRq, o`
u R ra, bsrc, ds
est un rectangle et est un diffeomorphisme de classe C 2 dun ouvert U C contenant
R sur un ouvert U 1 C. On va se ramener au cas 1 au prix de quelques calculs et `
a
laide de la formule de changement de variables.
Comme le rectangle R est connexe, on peut supposer que U est connexe, quitte
a` remplacer U par la composante connexe de U contenant R. Comme est un
diffeomorphisme, le determinant jacobien J ne sannule pas, et garde donc un signe
constant sur U par connexite (et par continuite de J ). Quitte à remplacer R par
R rc, ds ra, bs et par le diffeomorphisme defini par pu, v q pv, uq
(qui verifie J pu, v q J pv, uq, on peut supposer quon a J pu, v q 0 pour tout
pu, vq P U .
La condition J pu, v q 0 signifie que le diffeomorphime preserve lorientation
en tout point. Cela rend plausible fait suivant, que lon admettra car sa preuve nest
pas particulièrement eclairante.
Fait. Si est un parametrage admissible de
admissible de B K.
BR,
alors
est un parametrage
On va se contenter detablir la formule de Green-Riemann dans le cas dune forme

differentielle du type P dx, o`
u P est une fonction de classe C 1 . (Le cas Qdy
se traite de la meme facon, et le cas general sobtient en faisant la somme de ces deux
cas particuliers). Il sagit donc de verifier quon a
BK
P dx
BP dxdy .
K By
Dans la suite, on ecrira

pu, v q pX pu, v q, Y pu, v qq .
Avec ces notations, le determinant jacobien J est donne par la formule
J
ce qui servira plus bas.
BBXu BBYv BBXv BBYu ,
35
Soit : ra, bs C un parametrage admissible de B R. Daprès le fait, on a
BK
P dx
a
b

Autrement dit :
P dx
P p ptqq pX
q1ptq dt
pP qp ptqq dX p ptqq 1ptq dt
pP q dX .
pP q dX

pP q BBXu du pP q BBXv dv .
BR
Daprès le cas 1 et comme la forme differentielle pP q BBX
pP q BBXv dv est
u du
BK
P dx
B R
de classe C 1 (car P est C 1 et X est C 2 ), on a donc

"
*
B
B
X
B
B
X
(2.2)
P dx
pP q Bv Bv pP q Bu dudv .
BK
R Bu
Il sagit maintenant de montrer que le membre de droite est egal à BK BBPy dxdy,
ce qui nest pas immediatement apparent !
Daprès les formules pour les derivees partielles dune fonction composee, on a
B pP q BX
B P pX, Y q BX
Bu
Bv
Bu
Bv
2
BBu pP pX, Y qq BBXv P pX, Y q BBuX
B
v

B
P
B
X
B
P
B
Y BX
Bx pX, Y q Bu By pX, Y q Bu Bv
P pX, Y q
B2X ;
BuBv
et de meme :
B pP q BX
BP pX, Y q BX BP pX, Y q BY
BX P pX, Y q B2X
Bv
Bu
Bx
Bv By
Bv Bu
BvBu
Comme BBuBXv BBvBXu daprès le theorème de Schwarz, on obtient donc, après sim2
plification :
B pP q BX
B pP q BX
BP pX, Y q BY BX BY BX
Bu
Bv
Bv
Bu
By
Bu Bv Bv Bu
BBPy J .
Comme de plus J |J | puisquon suppose depuis le debut que J 0, on peut

alors conclure en revenant `
a (2.2) et en utilisant la formule de changement de variable :

2. INTEGRALE
CURVILIGNE
36
BK
BP ppu, vqq |J pu, vq| dudv
R By
BP px, yq dxdy

pRq B y
BBPy dxdy .
K

P dx
Ceci termine la preuve de la formule de Green-Riemann dans le cas dun rectangle

deforme.
Cas 3. Le domaine K peut se quadriller par des rectangles deformes.
De facon precise, on suppose quon peut decomposer K sous la forme
K
K1 Y Y KN ,
o`
u les Kj sont des rectangles deformes et, pour tous j, j 1 P t1, . . . , N u, ou bien Kj X
Kj 1 H, ou bien Kj et Kj 1 se rencontrent selon un cote commun. Un dessin est
indispensable ici !
Dans ce cas, on il nest pas très difficile de montrer que toutes les intersections
Kj X Kj 1 sont de mesure de Lebesgue nulle, car ce sont des reunions finies de courbes
de classe C 1 . On a donc
f px, y q dxdy
j 1 Kj
f px, y q dxdy
pour toute fonction f continue sur K.

Dautre part, si deux rectangles deformes Kj et Kj 1 se rencontrent selon un cote
commun j,j 1 , on voit que j,j 1 est parcouru en sens inverse selon quon parcourt B Kj
ou B Kj 1 . Par consequent, si est une forme differentielle continue au voisinage
de K,
alors les deux integrales sur j,j 1 se detruisent lorsquon calcule Kj

K 1 . Ceci
etant vrai pour tous j, j 1 , il est alors facile de se convaincre quon a

N
BKj
j 1
BK
pour toute forme differentielle continue au voisinage de K.

Daprès le cas 2, on en deduit immediatement le resultat souhaite : si
Qdy, alors
BK
BKj
j 1
B
Q BP

Bx By dxdy
j 1 K

BQ BP
dxdy .

Bx By
K
Cas 4. Le domaine K est quelconque.
P dx
3. APPLICATIONS AUX FONCTIONS HOLOMORPHES
37
On peut montrer, et on ladmettra, que tout domaine elementaire K C admet

un quadrillage par rectangles deformes. Donc le cas general est en fait le cas 3, et la
demonstration est terminee.
3. Applications aux fonctions holomorphes

3.1. Pr
eambule : convergence domin
ee. On aura très souvent loccasion de
passer `
a la limite sous des integrales I f ptq dt dependant dun paramètre . Pour
cela, on utilisera systematiquement la version suivante du theorème de convergence
dominee.
ore
`me de convergence domine
e. Soit I un intervalle de R, soit f : I C une
The
fonction integrable et soit pf qP une famille de fonctions integrables (f : I C) avec
un ensemble dindices R. Enfin, soit 0 P R Y t8u un point daccumulation
de . On fait les hypothèses suivantes.
(i) f ptq f ptq quand 0 , pour tout t P I sauf peut-etre un nombre fini.
(ii) Hypothèse de domination. il existe une fonction mesurable g : I R

ind
ependante de P telle que @ P : |f ptq| g ptq et I g ptq dt 8.
Alors on peut conclure que
f ptq dt lim0 f ptq dt.
Remarque 1. Lorsque lintervalle I est born

e, lhypothèse de domination (ii) est satisfaite sil existe une constante M independante de telle que |f ptq| M pour tout
et pour tout t P I.
Remarque 2. On en deduit que si I est un intervalle compact ra, bs, si les f sont
continues et si f ptq f ptq uniform
ement sur ra,
bs quand 0 , alors on peut
passer `
a la limite sous lintegrale. En particulier, si uk est une seriede fonctions qui
converge normalement sur ra, bs, alors les sommes partielles fn n0 uk convergent
uiniformement sur ra, bs, et on obtient donc
b
8
a
k 0
uk ptq dt
8 b
k 0 a
uk ptq dt .
Exercice. Demontrer directement ce qui est dit dans la remarque 2, sans utiliser le
theorème de convergence dominee.
On appliquera très souvent le theorème de convergence dominee à des integrales
curvilignes, sous la forme suivante.
Corollaire 3.1. Soit : ra, bs C un chemin de classe C 1 par morceaux dimage
, soit : C une fonction continue, et soit p qP une famille de fonctions
continues sur . On suppose que pz q pz q pour tout z P (quand 0 ) et
quil existe une constante M telle que | pz q| M
pour tout z P et pour tout P .
Alors on peut conclure que pz q dz tend vers pz q dz.
monstration. Cest immediat en ecrivant la definition des integrales curviDe
lignes : comme on intègre sur lintervalle borne ra, bs, on peut utiliser la remarque
1.

2. INTEGRALE
CURVILIGNE
38
3.2. Le th
eor`
eme de Cauchy. Le resultat suivant est une consequence immediate
de la formule de Green-Riemann.
ore
`me 3.2. (theorème de Cauchy)
The
Si f est une fonction holomorphe sur un ouvert C, alors BK f pz q dz

tout domaine elementaire K .
0 pour
monstration. Daprès la formule de Green-Riemann, on a

De
do`
u le resultat puisque BBfz
Corollaire 3.3. Si K
BK
f pz qdz
2i
0.
Bf dxdy ,
K Bz
C est un domaine elementaire, alors
dz
@a P CzK :
0.
za
BK
monstration. On applique le theorème de Cauchy à f pz q

De
lomorphes sur Cztau, ouvert de C contenant K.
z1 a , qui est ho-
Remarque. Dans le theorème de Cauchy, il est essentiel que le domaine elementaire K

soit enti`
erement contenu dans louvert sur lequel f est holomorphe : il ne suffit
pas davoir B K . Par exemple, f pz q z1 est holomorphe sur C et K D verifie
BK BD C, mais on a vu plus haut que BD dzz 2i 0.

Application. Pour
eorème de Cauchy, on va montrer que lintegrale
8 illustrer le th
generalisee I 0 sint t dt existe et calculer cette integrale.
Soit f : C C la fonction (holomorphe) definie par
eiz

z
Pour et R verifiant 0 R, notons K,R le domaine elementaire defini par
f pz q
tz P C; |z| R et Impzq 0u .
Comme K,R C , on a BK f pz q dz 0, daprès le theorème de Cauchy. En

parametrant les 4 morceaux de B K,R , cela secrit
K,R
,R

eit
dt
t
eit
t
Autrement dit :
(3.1)
dt
i
0
2i
it
eiRe
iReit dt
Reit
eiRe dt
it
R

e it
t
eit
dt
t
dt i
it
eie
ieit dt
eit
it
eie dt .
0
sin t
it
it
dt i
eiRe dt i
eie dt .
t
0
0
looooomooooon
loooomoooon
IR
Examinons maintenant le comportement de I quand 0 et de IR quand R 8.

it
Pour t P r0, s fixe, eie tend vers 1 quand 0. De plus, on a

ieit
e

ei cos t sin t e sin t 1
3. APPLICATIONS AUX FONCTIONS HOLOMORPHES
39
pour tout 0 et pour tout t P r0, s, car sin t 0 sur r0, s. Daprès le theorème de
convergence dominee, on en deduit
lim I
Dautre part, on a |IR |
iReit
dt
0 e
dt .
eR sin t dt, et limR8 eR sin t

0 sur 0, . Comme eR sin t
0 pour
tout t P s0, r car sin t

s r
1 pour tout R et pour tout
t P r0, s, on en deduit (`
a nouveau par convergence dominee)
lim IR
0.
Au total, on voit que le membre de droite de (3.1) tend vers i 0 i i quand

0 et R 8. Donc le membre de gauche tend egalement vers i : autrement dit,
8
u finalement
I 0 sint t dt existe en tant quintegrale generalisee et on a 2i I i. Do`
8
0
sin t
dt
t
2
Exercice 1. Montrer que I tend vers quand

convergence dominee.
0 sans utiliser le theorème de
Exercice 2. En utilisant la concavite de la fonction sinus sur r0, {2s, montrer quon a
sin t 2 t pour tout t P r0, 2 s, et en deduire linegalite
eR sin t dt

R
P N, on a
N ?
1q
| sin t| dt
2
2 pn
t
2
Exercice 3. Montrer que pour tout N

pN
0
n 0
1q
et en deduire que lintegrale I nest pas absolument convergente.

3.3. La formule de Cauchy. Le theorème suivant est le resultat le plus important de toute la theorie des fonctions holomorphes.
ore
`me 3.4. (formule de Cauchy)
The
Soit un ouvert de C, et soit f P H pq. Si K est un domaine elementaire,
alors
@a P K : f paq 2i zf pzqa dz .
BK
monstration. Fixons un domaine elementaire K et un point a P K.

De
Fixons egalement 0 0 tel que Dpa, 0 q K.

Pour verifiant 0 0 , posons K K zDpa, q. En faisant un dessin, on
voit que K est un domaine elementaire, avec B K B K Y B Dpa, q. De plus, si on
veut calculer une integrale curviligne sur B K , il faut orienter B Dpa, q dans le sens
anti -trigonometrique.
Pour z P ztau, posons
f pz q
g pz q

za

2. INTEGRALE
CURVILIGNE
40
La fonction g est holomorphe sur louvert ztau, qui contient le domaine

elementaire
K , pour tout P s0, 0 s. Daprès le theorème de Cauchy, on a donc BK g pz q dz 0,

ce qui secrit (compte tenu de lorientation)
(3.2)
BK
f pz q
dz
za
BDpa,q
f pz q
dz
za
En parametrant le cercle B Dpa, q par ptq a
BDpa,q
f pz q
dz
za

2
0
i
0
eit , on obtient
f pa
0.
eit q
eit
f pa
ieit dt
eit q dt .
Comme f pa eit q tend vers f paq quand 0 et quon a de plus |f pa eit q|

M : sup t|f pz q|; z P Dpa, 0 qu pour tout P s0, 0 s, on en deduit (par convergence
dominee)
2
f pz q
dz i
dt 2i f paq ;
lim
0 B Dpa,q z a
0
do`
u la formule de Cauchy en faisant tendre vers 0 dans (3.2).

Corollaire 3.5. Si K
C est un domaine
elementaire, alors
dz
@a P K :
2i .
za
BK
monstration. On applique la formule de Cauchy avec f pz q 1.

De
CHAPITRE 3
Propri
et
es des fonctions holomorphes
1. Cons
equences imm
ediates de la formule de Cauchy
1.1. Les fonctions holomorphes sont C 8 .
Proposition 1.1. Soit un ouvert de C.
(1) Toute fonction holomorphe sur est infiniment C-derivable sur .
(2) Si f P H pq et si K est un domaine elementaire, on peut deriver sous
lintegrale dans la formule de Cauchy : si n P N, alors
@z P K
: f pnq pz q
n!
2i
BK
f p q
p z q n
d .
Ce resultat va decouler très facilement de la formule de Cauchy et du lemme suivant.

Lemme 1.2. Soit : ra, bs C un chemin de classe C 1 par morceaux dimage , et
soit : C une fonction continue. On definit f : Cz C par la formule
f pz q
p q
d .
z
Cz, et
p q
d .
n 1
p z q
Alors f est infiniment C-derivable sur louvert V

lintegrale :
@n P N
: f pnq pz q n!
on peut deriver sous
Remarque. Par convention, la derivee 0-ième de f est f elle meme, et on a 0! 1. La

formule precedente est donc bien valable pour n 0.
monstration. On pourrait utiliser le theorème de derivation des integrales `
De
a
paramètres, mais il est egalement instructif de donner une preuve plus directe.
Lensemble V Cz est bien un ouvert de C car est compact (et donc ferme).
Pour p P N , on posera
p q
fp pz q
d .
p
p z q
Il suffit de demontrer que pour tout p P N , la fonction fp est C-derivable sur V avec
fp1 pfp 1 : on obtient alors le lemme par une recurrence immediate.
Fixons p P N et un point z0 P V . Soit egalement r 0 tel que Dpz0 , rq V , i.e.
Dpz0 , rq X H.
Si z P Dpz0 , rq V , alors
fp pz q fp pz0 q
p z qp
p
p
ppz0zqqpp p z qzpq pq d .
0
p q
41
1
p z0qp d
ES
DES FONCTIONS HOLOMORPHES
3. PROPRIET
42
De plus, lidentite bp ap
pb aqpap
ap2 b
p z0qp p zqp pz z0q

et donc (pour z
p1
abp2
bp1 q permet decrire
p z0qp1k p zqk
k 0
z0 )
fp pz q fp pz0 q
z z0
p1
p z0qp1k p zqk
k0 p zqpp z qp pq d
0
Ap, zq pq d .
Quand z tend vers z0 , on voit que Ap, z q tend vers
pz0 qp1
pz0 q2p
pz0 qp
De
plus, la fonctions A est continue sur Dpz0 , rq qui est compact, donc A est bornee
sur Dpz0 , rq. Daprès le theorème de convergence dominee, on en deduit
fp pz q fp pz0 q
z z0
p q
p z 0 qp
pfp 1pz0q .
Ainsi, fp est C-derivable en tout point z0 P V avec fp1 pfp 1 , ce qui termine la
lim
z0
p
demonstration.
Preuve de la proposition 1.1. Fixons une fonction f P H pq.

(1) Soit z0 P quelconque, et choisissons r 0 tel que Dpz0 , rq . Daprès la
formule de Cauchy, on a
1
f p q
@z P Dpz0, rq : f pzq 2i
d .
BDpz0 ,rq z
Daprès le lemme, on en deduit que f est infiniment C-derivable sur Dpz0 , rq, donc au
voisinage de z0 . Ceci etant vrai pour tout z0 P , cela prouve (1).
(2) Soit K un domaine elementaire, et soit p1 , . . . , N q un parametrage admissible de B K. Daprès la formule de Cauchy, on a
1
@z P K : f pzq 2i
BK
f p q
d
z
N
f p q
1
d .
2i j 1 j z
Daprès le lemme, on peut deriver sous chaque integrale

et n P N, alors
zPK
1
f pnq pz q
2i
j 1
n!
j
f p q
p z qn
n!
2i
j ,
et on en deduit que si
f p q
p

z qn
BK
d .
1.2. Formules de la moyenne. Le resultat suivant est un cas très particulier de

la formule de Cauchy, mais il est suffisamment important pour etre enonce separement.
Proposition 1.3. (formule de la moyenne pour les cercles)
Si f est une fonction holomorphe au voisinage dun disque ferme Dpa, Rq, alors
f pa q
1
2
2
0
f pa
Rei q d .
1. CONSEQUENCES
IMMEDIATES
DE LA FORMULE DE CAUCHY
43
monstration. Il suffit dappliquer la formule de Cauchy pour le disque Dpa, Rq,

De
en parametrant le cercle B Dpa, Rq par z a Rei :
f pa q

1
2i
1
2i
1
2
BDpa,Rq
2
0
f pz q
dz
za
f pa Rei q
i
pa Rei q a iRe d
f pa
Rei q
Rei d .
Rei

Corollaire 1.4. (formule de la moyenne pour les disques)
Si f est une fonction holomorphe au voisinage dun disque Dpa, Rq, alors
1
f px, y q dxdy .
f pa q
R2 Dpa,Rq
monstration. En integrant en coordonnees polaires et en utilisant la formule
De
de la moyenne pour les cercles, on obtient
D a,R
f px, y q dxdy
2 R
f pa
0
0
R 2
0
R

rei q rdrd
f pa
re
q d
rdr
2f paq rdr
R2 f paq .
1.3. Une remarque utile. La formule de Cauchy
f p q
1
@z P Dpa, Rq : f pzq 2i
d
BDpa,Rq z
et la formule de la moyenne
f paq
1
2
2
0
f pa
Rei q d
ont ete etablies pour une fonction f holomorphe au voisinage du disque ferme Dpa, Rq.
En fait, un resultat un peu plus general est vrai :
Remarque 1.5. La formule de Cauchy et la formule de la moyenne sont valables pour
toute fonction f : Dpa, Rq C continue sur Dpa, Rq et holomorphe dans le disque
ouvert Dpa, Rq.
monstration. Il suffit de prouver la formule de Cauchy car la formule de la
De
moyenne correspond au cas particulier z a (cf la preuve de la proposition 1.3).
Si z P Dpa, Rq et si r verifie |z a| r R, alors f est holomorphe au voisinage
du disque ferme Dpa, rq et z P Dpa, rq, donc
f pz q
1
2i
BDpa,rq
f p q
d .
z
ES
3. PROPRIET
44
En utilisant la continuite de f sur Dpa, Rq, il nest alors pas difficile de montrer quon
peut faire tendre r vers R dans cette formule pour obtenir le resultat souhaite. Les
details sont laisses en exercice.

2. Holomorphie et analyticit
e
On a vu au chapitre 1 que la somme dune serie entière est une fonction holomorphe
dans le disque ouvert o`
u elle est naturellement definie. Le theorème suivant montre que
la reciproque est vraie : toute fonction holomorphe dans un disque est la somme dune
serie entière. Il sagit evidemment dun resultat très important.
ore
`me 2.1. Si f est une fonction holomorphe dans un disque ouvert D de centre
The
a,alors f est developpable en serie entière dans D : on a
f pz q
8 f pnq a
p q pz a qn
n!
n 0
P D, où la serie converge normalement sur tout compact de D.

monstration. Notons R le rayon de D, fixons un point z P D Dpa, Rq, et
De
choisissons r tel que |z a| r R. Daprès la formule de Cauchy, on a
f p q
1
d .
f pz q
2i
z
pour tout z
De plus, si
BDpa,rq
P BDpa, rq alors
p aq 1 pz aq
1 a 1 1za ,
1
z

a
et on a z
a
|zr a| 1. On peut donc ecrire

a
z
n 0
za
a
pz aqn
p aqn
n0
o`
u la serie converge normalement sur B Dpa, rq.

En revenant `
a la formule de Cauchy, on en deduit
f pz q

BDpa,rq
n 0
1
2i
8
1 pz a qn
f p q d
2i n0 p aqn
BDpa,rq
f p q
p aqn
pz aqn ,
o`
u linterversion de la somme infinie et de lintegrale est justifiee par la convergence
f p q
f pnq paq
1
normale de la serie sur B Dpa, rq. Comme 2i
BDpa,rq paqn 1 d n! pour tout

2. HOLOMORPHIE ET ANALYTICITE
45
n P N (daprès la formule de Cauchy derivee n fois), on obtient donc bien le resultat

souhaite :
8 f pnq paq
f pz q
pz aqn .
n!
n0
Enfin, La convergence normale de la serie sur tout compact de Dpa, Rq est claire,
car il sagit dune serie entière en pz aq qui converge en tout point de Dpa, Rq, donc
de rayon de convergence au moins egal à R.
P H pq, alors f
Corollaire 2.2. Soit un ouvert de C. Si f

serie entière dans tout disque ouvert D .
est developpable en
On peut donc boucler une boucle debutee au chapitre 2 :

Corollaire 2.3. Toute fonction holomorphe est C-analytique, et par consequent
C-analytique .
1
Exercice. Soit f la fonction definie par f pz q z 2z
2
(a) Determiner le plus grand disque Dp0, Rq sur lequel f est holomorphe.
(b) Decomposer f pz q en elements simples, puis determiner le developpement en
serie entière de f dans le disque Dp0, Rq.
holomorphe
La proposition suivante donne plusieurs formules pour les coefficients dun developpement
en serie entière.
Proposition 2.4. (calcul des coefficients dun DSE)
Soitf une fonction holomorphe dans un disque ouvert D
n
f pz q 8
0 cn pz aq .
p
nq
(1) On a cn f n!paq pour tout n P N.
(2) On a aussi
f p q
1
cn
d ,
2i BDpa,rq p aqn 1
Dpa, Rq, et ecrivons
pour nimporte quel r tel que 0 r R.

(3) Pour 0 r R, notons fr : r0, 2 s C la fonction continue 2-periodique
definie par fr ptq f pa reit q, et notons fpr pnq ses coefficients de Fourier :
@n P Z
: fpr pnq
1
2
2
0
fr ptqeint dt
1
2
2
0
f pa
reit qeint dt .
Avec ces notations, on a
p q
fpr n
"
0
si n 0
cn rn si n 0
(4) Si f est de plus continue sur Dpa, Rq, alors les formules de (2) et (3) sont
encore valables pour r R.
monstration. La partie (1) est comprise dans lenonce du theorème 2.1, et (2)
De
a ete vu dans le cours de la preuve de ce theorème.
ES
3. PROPRIET
46
Pour demontrer (3), on peut partir de la formule de (2), qui a un sens pour tout
entier n P Z, et parametrer le cercle B Dpa, rq : on obtient
1
2i
BDpa,rq
f p q
p aqn
1
2i

1
2
2
0
f pa reit q
ppa reitq aqn
f pa
rn fpr pnq ,
rit q
ireit dt
eint dt
rn
pour tout n P Z. Daprès (2), on a donc fpr pnq cn rn si n 0 ; et pour n 0, on
voit que fpr pnq 0 car BDpa,rq pfapqnq 1 d BDpa,rq f p qp aqn1 d 0 daprès le
theorème de Cauchy (la fonction f p qp aqn1 est holomorphe au voisinage de
Dpa, rq car n 1 est un entier positif).
On peut aussi obtenir
(3) de la facon suivante, peut-etre plus naturelle. Par definition
8
de gr et comme f pz q 0 ck pz aqk , on a
fr ptq
cn ppa
reit q aqn
n 0
ck rk eikt ,
k 0
o`
u la serie converge normalement sur R. On en deduit que pour tout n P Z, on a
fpr pnq

1
2
2
8
k 0
ck r e eint dt
k ikt
ck rk
k 0
1
2
eipknqt dt .
(Linterversion de lintegrale et de la somme infinie est justifiee par la convergence

normale de la serie sur r0, 2 s). De plus, un calcul immediat montre que pour m P Z,
2
lintegrale 0 eimt dt vaut 0 si m 0 et 2 si m 0. Par consequent, dans la somme
precedente tous les termes sont nuls sauf eventuellement celui correspondant à k n
(ce qui suppose n 0), qui est egal à cn rn . Do`
u (3).
La preuve de (4) est laissee en exercice : il suffit dobserver que si f est continue
sur Dpa, Rq, alors BDpa,rq pfapqnq 1 d et fpr pnq dependent contin
ument de r P r0, Rs, et
de faire tendre r vers R dans (2) et (3).

Corollaire 2.5. Si f est holomorphe sur Dpa, Rq, f pz q
@r R
|cn|
2 2n
n 0
et cette formule est encore valable pour r
1
2
2
0
|f pa
8
0
cn pz aqn , alors
rei tq|2 dt ,
R si f est de plus continue sur Dpa, Rq.

3. ZEROS
47
monstration. Cela decoule de (3) (et (4)) et de la formule de Parseval

De
appliquee `
a la fonction fr : on a
1
2
2
0
|fr peitq|2dt
8
|fpr pnq|2 ,
ce qui est exactement lidentite voulue.
3. Z
eros des fonctions holomorphes
Notation 3.1. Si f est une fonction holomorphe sur un ouvert C, on pose
Z pf q ta P ; f paq 0u .
On dit que Z pf q est lensemble des z

eros de la fonction f .
3.1. Factorisation. On sait que si P est un polynome à coefficients complexes et
si a est une racine de P , alors on peut factoriser P pz q sous la forme P pz q pz aqp Qpz q,
o`
u p 1 et Q est un polyn
ome tel que Qpaq 0. Le theorème suivant generalise cette
propriete algebrique `
a toutes les fonctions holomorphes.
ore
`me 3.2. (theorème de factorisation)
The
Soit un ouvert connexe de C et soit f P H pq non identiquement nulle.
Pour tout point a P Z pf q, il existe un entier p 1 et une fonction g : C tels que
(i)
@z P
: f pz q pz aqp g pz q ;
(ii) g est holomorphe et g paq 0.
Lentier p et la fonction g sont determines de manière unique par (i) et (ii). On dit
que p est la multiplicit
e de a comme zero de f .
Pour la preuve du theorème, on aura besoin du lemme suivant.
Lemme 3.3. Soit f P H pq et soit A ta P ;
la fois ouvert et ferme dans .
@n P N
: f pnq paq 0u. Alors A est `

a
monstration. Comme toutes les fonctions f pnq sont continues, il est clair que
De
A n Z pf pnq q est un ferme de .
Soit a P A quelconque. Comme a P , on peut choisir r 0 tel que Dpa, rq ;
et comme f est holomorphe, on a alors
@z P Dpa, rq
: f pz q
8 f pnq a
p q pz a qn .
n!
n0
p
n
q
Comme f paq 0 pour tout n (puisque a P A), on voit ainsi que f est identiquement
nulle sur le disque ouvert Dpa, rq, et donc f pnq 0 sur Dpa, rq pour tout n P N.
Autrement dit, Dpa, rq est contenu dans A. Comme a est un point quelconque de A,
cela prouve que A est un ouvert de .

Corollaire 3.4. Si est connexe et si f P H pq nest pas identiquement nulle alors,
pour tout point a P , il existe un entier n tel que f pnq paq 0.
monstration. Par connexite, lensemble A est soit vide soit egal à . Comme
De
f nest pas identiquement nulle, on a A ; donc A H, ce qui est la conclusion
souhaitee.
ES
3. PROPRIET
48
ore
`me de factorisation. Fixons a P Z pf q.
Preuve du the
Montrons dabord lexistence de lentier p et de la fonction g. Par le lemme (et son
corollaire), on peut poser
p mintn P N; f pnq paq 0u .
Alors p 1 car f p0q paq f paq 0 ; et par definition de p, on a f ppq paq
f paq f pp1q paq 0.
Choisissons r 0 tel que Dpa, rq . Si z P Dpa, rq, alors
f pz q
0 et
8 f pnq a
p q pz a qn
n!
n!
n 0
8 f pnq a
p q pz aqn
n p
p z aq
8 f pnq a
n p
p z a qp
8 f pp
k 0
pp k q
La serie entière k0 f pp kqp!aq pz

point z P Dpa, rq, donc la fonction
grpz q
aqk
8 f pp
k 0
p q pz aqnp
n!
pp
q paq
k q!
pz a qk .
(serie entière en z
k
pp
q pa q
k q!
a) converge en tout
pz a qk
est bien definie et holomorphe sur Dpa, rq. Par definition, on a grpaq
f ppq a
p!
pq
0, et
f pz q pz aqp grpz q
pour tout z P Dpa, rq.

Definissons alors une fonction g : C par
g pz q
grpaq
si z
a
pq
p qp si z a
f z
z a
La fonction g est visiblement holomorphe sur ztau, et elle lest egalement au

voisinage de a car g gr sur z P Dpa, rq. Donc g est holomorphe sur . De plus, on a
g paq grpaq 0 et f pz q pz aqp g pz q pour tout z P par definition de g.
Pour demontrer lunicite, supposons que pp1 , g1 q et pp2 , g2 q verifient (i) et (ii). Alors
pz aqp g1pzq f pzq pz aqp g2pzq

pour tout z P . Si p1 p2 , on a par exemple p1 p2 et donc g1 pz q pz aqp p g2 pz q.
En particulier, on obtient g1 paq 0, ce qui est exclu. Donc p1 p2 . On en deduit
g1 pz q g2 pz q pour z a en divisant par pz aqp pz aqp dans (3.1), donc
egalement g1 paq g2 paq par continuite, et ainsi g1 g2 .
(3.1)

3. ZEROS
49
3.2. Le principe des z

eros isol
es. Le resultat suivant est une consequence
immediate du theorème de factorisation.
ore
`me 3.5. (principe des zeros isoles)
The
Soit un ouvert connexe de C. Si f P H pq nest pas identiquement nulle, alors
tous les zeros de f sant isol
es : pour tout a P Z pf q, on peut trouver un voisinage
ouvert V de a tel que f na pas dautre zero que a dans V .
monstration. Soit a P Z pf q, et ecrivons f pz q pz aqp g pz q comme dans le
De
theorème de factorisation. Comme g paq 0 et comme g est continue au point a, on
peut trouver un voisinage ouvert V de a tel que g pz q 0 pour tout z P V . Alors
f pz q 0 pour tout z P V different de a, donc le voisinage V convient.

Exemple. Si f pz q cos z, alors Z pf q t 2
f sont isoles !
k; k
P Zu : on voit bien que les zeros de
Rappel. Soit A C, et soit w P A. On dit que w est un point daccumulation de

A si tout voisinage de w contient une infinite de points de A.
Exercice 1. Montrer que w est un point daccumulation de A si et seulement si il existe
une suite pan q de points de A telle que an w et an w pour tout n P N
Exercice 2. Montrer que tout point daccumulation de A appartient à A, et que tout
point w P AzA est un point daccumulation de A.
Exemples.
(1) Lensemble A t n1 ; n P N u possède 1 point daccumulation, à savoir w 0.
(2) Si W est un ouvert de C, alors tout point de W est un point daccumulation
de W .
(3) Si I est un segment nontrivial de C, alors tout point de I est un point daccumulation de I.
Corollaire 3.6. Si f est une fonction holomorphe non identiquement nulle sur un
ouvert connexe C, alors Z pf q ne possède pas de points daccumulation dans .
monstration. Cest evident par le principe des zeros isoles.
De
Remarque. En revanche, Z pf q peut possèder des points daccumulation en dehors de

1
. Par exemple, f pz q sinp1{z q est holomorphe sur C et Z pf q t n
; n P Z u admet
0 comme point daccumulation.
Corollaire 3.7. (principe didentite)
Soient f et g deux fonctions holomorphes sur un ouvert commexe C.
(1) Sil existe un ensemble A possèdant un point daccumulation dans tel
que f p q g p q pour tout P A, alors f g.
(2) En particulier :
(i) sil existe un ouvert non-vide W tel que f g sur W , alors f g ;
(ii) sil existe un segment nontrivial I tel que f g sur I alors f g.
Exemple. Considerons la formule daddition
cospu
v q cospuq cospv q sinpuq sinpv q .
On sait que cette formule est vraie pour u, v P R. Pour u P R fixe, les deux fonctions
f pv q cospu v q et g pv q cospuq cospv q sinpuq sinpv q sont holomorphes sur C et
50
ES
3. PROPRIET
f g sur R ; donc f g par le principe didentite, autrement dit la formule daddition

est vraie pour u P R et v P C quelconque. En fixant maintenant v P C et en appliquant
le meme raisonnement aux fonctions u sinpu v q et u cospuq cospv q sinpuq sinpv q,
on conclut que la formule daddidtion est vraie pour u, v P C quelconques.
Corollaire 3.8. Si f est une fonction holomorphe non identiquement nulle sur un
ouvert connexe C, alors
(i) Z pf q X K est fini pour tout compact K
(ii) Z pf q est d
enombrable.
monstration. (i) Soit K un compact de . Si Z pf qX K etait infini, on pourrait

De
trouver une suite de points deux à deux distincts dans Z pf q X K. Par compacite, on
pourrait en extraire une sous-suite convergente, et on obtiendrait ainsi une suite pan q
Z pf q X K convergeant vers un point a P K, les an etant deux à deux distincts. Alors a
est un point daccumulation de lensemble tan ; n P Nu, donc un point daccumulation
de Z pf q, ce qui est impossible puisque a P .
La partie (ii) decoule de (i) et du fait suivant, dont la preuve est laissee en exercice.
Fait. Louvert est reunion denombrable de compacts. Plus precisement, si on pose
n
K
n8 tz P C; |z | n et dist pz, Czq 2 u, alors les Kn sont compacts et
0 Kn .
eunion
En effet, en ecrivant Z pf q 8
0 Z pf q X Kn , on voit que Z pf q est une r
denombrable densembles finis, donc un ensemble denombrable.

Exercice. Soit un ouvert connexe de C. Montrer que si f et g sont deux fonctions
holomorphes sur telles que f g 0, alors f 0 ou g 0. En termes algebriques, cela
signifie que H pq est un anneau int`
egre.
4. Le th
eor`
eme de Liouville
4.1. Cauchy. Le resultat suivant est souvent très utile.
Lemme 4.1. (inegalites de Cauchy)
n
Soit f une fonction holomorphe dans un disque Dp0, Rq, f pz q 8
0 cn z . Pour
0 r R, posons M prq supt|f p q|; | | ru. Avec ces notations, on a
@n P N : |cn|rn M prq .
monstration. Cest evident en ecrivant la formule de la moyenne
De
cn r
1
2
2
0
f preit qeint dt
et en majorant le module de lintegrale :

|cn | rn
21
2
0
M prq dt M prq .

`
4. LE THEOR
EME
DE LIOUVILLE
51
4.2. Liouville.
finition 4.2. Une fonction enti`
De
ere est une fonction holomorphe sur C tout entier.
ore
`me 4.3. Soit f : C C une fonction entière. On suppose quil existe des
The
constantes A, B et k telles que
@z P C : |f pzq| A
B |z |k .
Alors f est une fonction polynomiale de degre inferieur ou egal `

a k.
a
monstration. Ecrivons
De
f pz q 8
es les inegalites de Cauchy, on
0 cn z . Dapr`
|cn| rn sup t|f pq|; || ru

A B rk
pour tout r 0 et pour tout n P N, et donc
|cn| rAn rnBk
En
faisant tendre r vers linfini, on en deduit cn 0
f pz q nk cn z n , et f est polynomiale de degre au plus k.
pour tout n
k ; donc
Corollaire 4.4. Si f est une fonction entière et si f pz q tend vers 0 quand |z | 8,

alors f 0.
monstration. Comme f est continue, lhypothèse entraine que f est bornee

De
sur C, et donc constante par le theorème de Liouville ; et comme f pz q 0 quand
|z| 8, la constante vaut 0.

Le theorème de Liouville proprement dit est le corollaire suivant :
Corollaire 4.5. Toute fonction entière bornee est constante.
monstration. On applique le theorème avec k 0, A 0 et une constante

De
B telle que |f pz q| B 0 B |z |0 pour tout z P C. La conclusion est que f est une
fonction polynomiale de degre 0, cest-à-dire une fonction constante.

4.3. DAlembert-Gauss. Comme illustration du theorème de Liouville, on va
demontrer le theorème fondamental de lalgèbre, quon appelle egalement theorème
de dAlembert-Gauss.
ore
`me 4.6. Si P est un polyn
The
ome non constant `
a coefficients complexes, alors P
possède au moins une racine dans C.
Corollaire 4.7. Tout polyn

ome P `
a coefficients complexes de degre n 1 peut se
decomposer sous la forme P pz q C pz 1 q pz n q, o`
u C, 1 , . . . , n P C.
monstration. On sait que si est une racine de P , alors on peut ecrire P pz q

De
pz qQpzq, où Q est un polynome de degre n 1. Le resultat se deduit donc du
theorème en raisonnant par recurrence sur n degpP q.

ore
`me. Supposons que P ne possède aucune racine dans C. Alors
Preuve du the
1
f pz q
P pz q
ES
3. PROPRIET
52
est bien defini pour tout z P C, et f est une fonction entière. De plus, comme le
polyn
ome P est non constant, on verifie facilement que |P pz q| tend vers linfini quand
|z| 8. Donc f pzq tend vers 0 quand |z| 8, et par consequent f 0, ce qui est
absurde puisque f ne sannule pas.

5. Le principe du maximum
5.1. Le r
esultat de base. Il existe de nombreuses versions du principe du maximum, valables pour diverses categories de fonctions. Pour les fonctions holomorphes,
le rsultat de base senonce comme suit.
ore
`me 5.1. Soit un ouvert born
The
e de C, et soit f : C une fonction continue sur et holomorphe dans .
P , on a |f pzq| sup |f pq|.
(1) Pour tout point z
PB
(2) Si est connexe et si f est non constante, alors linegalite precedente est
stricte : |f pz q| sup |f p q| pour tout z P .
PB
monstration. On demontre dabord (2). Supposons donc que est connexe

De
et que f nest pas constante. Posons M supP |f p q|. Il suffit de montrer quon a
@z P : |f pzq| M.
(5.1)
En effet, comme est compact (car est borne) et f continue, on peut trouver 0 P
tel que |f p0 q| M . Si (5.1) est vraie alors necessairement 0 P B , donc M supB |f |
et donc |f pz q| supB |f | pour tout z P (à nouveau grace à (5.1)). La preuve de
(5.1) repose sur le fait suivant :
Fait. Lensemble A tz
P ; |f pzq| M u est ouvert et ferme dans .

Preuve du Fait. Lensemble A est ferme dans car la fonction |f | est continue.
Pour montrer que A est ouvert, fixons z0 P A. Il sagit de trouver r0 0 tel que
Dpz0 , r0 q A. On va en fait montrer que nimporte quel r0 tel que Dpz0 , r0 q
convient. Fixons un tel r0 .
Daprès la formule de la moyenne, on a pour tout r
M
|f pz0q|
En ecrivant M
21
2
0
1 2

f z0
2
0
2
1
2
P r0, r0r :

rei q d
|f pz0
rei q| d .
M d on en deduit
2
M
0
| f pz 0
rei q| d
0.
La fonction de apparaissant sous lintegrale etant continue et positive par definition

de M , elle est donc identiquement nulle sur r0, 2 s. Ainsi, on a |f pz0 rei q| M pour
tout r P r0, r0 r et pour tout P r0, 2 s, autrement dit |f pz q| M sur Dpz0 , r0 q, ou
encore Dpz0 , r0 q A.
5. LE PRINCIPE DU MAXIMUM
53
Par connexite de , lensemble A est soit vide, soit egal à tout entier. Si A ,
alors la fonction |f | est constante sur . On a donc |f |2 0 sur Dpz0 , rq, et comme
|f |2 4|f 1 |2 (exercice), cela montre que f est constante sur puisque est suppose
connexe. Par continuite, f est constante sur , ce qui est exclu par hypothèse. On ne
peut donc pas avoir A . Ainsi A H, ce qui demontre (5.1) et donc (2).
Pour demontrer (1), fixons z P , et notons z la composante connexe de
contenant z. Comme est ouvert, on sait que z est un ouvert (borne) de C, et on a
Bz B. Si la fonction f est constante sur z , alors |f pzq| supBz |f | supB |f |.
Si f nest pas constante sur z , alors |f pz q| supBz |f | daprès (2) applique à f|z ,
et donc |f pz q| supB |f |.

Remarque. On peut aussi enoncer une version du principe du maximum en remplacant
|f | par Repf q. La demonstration est identique, le seul point à verifier etant que si
u Repf q
est constante
et si est connexe, alors f est constante. Mais ceci est clair

B
f
1 1
1 Bf
B
u
1
car Bz 2 Bz
Bz 2 f , et donc f 0 si u est constante.
Corollaire 5.2. (principe du maximum local)
Soit un ouvert connexe de C. Si f P H pq et si |f | possède un maximum local en
un point de , alors f est constante. En particulier, si |f | possède un maximum sur
, alors f est constante.
monstration. Supposons que |f | possède un maximum local en un point z0 P
De
. On peut alors trouver un disque ouvert D centre en z0 tel que D et |f pz0 q|
|f pq| pour tout P D, donc en particulier pour tout P BD. Daprès le principe du
maximum, la fonction f est constante sur D, donc constante sur daprès le principe
didentite.

Corollaire 5.3. (principe du minimum local)
Soit un ouvert connexe de C. Si f : C est holomorphe non constante et si
|f | possède un minimum local en un point z0 P , alors f pz0q 0.
monstration. Supposons que f pz0 q 0. Par continuite, on peut alors trouver

De
un disque ouvert D centre en z0 tel que f ne sannule pas sur D. La fonction g 1{f
est bien definie et holomorphe sur D, et |g | 1{|f | possède un maximum local en z0 .
Comme D est connexe, le principe du maximum local assure que g est constante sur
D. Ainsi, f est constante sur D, donc sur daprès le principe didentite, ce qui est
exclu par hypothèse.
Exercice. Demontrer le theorème fondamental de lalgèbre en utilisant le principe du

minimum local.
5.2. Un r
esultat plus g
en
eral. Le principe du maximum nest pas reserve aux
seules fonctions holomorphes :
ore
`me 5.4. Soit un ouvert borne de Rn , et soit u : R une fonction continue
The
sur et de classe C 2 dans . On suppose que le Laplacien u est partout 0 dans .
(a) Pour tout point z
P , on a upzq sup upq.
PB
(b) Si est connexe et si u nest pas constante, alors linegalite precedente est
stricte.
ES
3. PROPRIET
54
Les remarques suivantes montrent que ce resultat est plus general que le theorème
5.1.
Remarque 5.5. Si n 2 et si f : C est continue sur et holomorphe dans , on
peut appliquer le theorème 5.4 à la fonction u |f |2 car u 4|f 1 |2 0, et on deduit
immediatement de (a) la partie (1) du theorème 5.1. De plus, si est connexe alors
u est constante si et seulement si f lest (toujours à cause de lidentite u 4|f 1 |2 ),
donc on retrouve la partie (2) du theorème 5.1 en appliquant (b).
On peut aussi appliquer le theorème 5.4 à la fonction u Repf q, car u
2
B
2 Bz Bz pf f q 0. Si est connexe, alors u est constante si et seulement si f lest
car BBuz 12 BpfBz f q
remplace par Repf q.
1
2
f 1 . On obtient ainsi une version du theorème 5.1 ou |f | est
On ne demontrera le theorème 5.4 que pour n 2. La preuve repose sur le lemme

suivant.
Lemme 5.6. Soit un ouvert de C R2 , et soit u une fonction de classe C 2 sur
verifiant u 0. Alors u possède la propri
et
e de sous-moyenne : pour tout disque
ferme Dpz0 , rq , on a
upz0 q
1
2
2
0
upz0
rei q d.
monstration. Fixons un disque Dpz0 , r0 q , et pour r

De
I pr q
2
0
upz0
P r0, r0s, posons
rei q d.
Comme la fonction F pr, q upz0 rei q possède une derivee partielle BBFr continue
sur r0, r0 s r0, 2 s, la fonction I est de classe C 1 sur r0, r0 s daprès le theorème le plus
elementaire sur les integrales à paramètres, et on peut deriver sous lintegrale. Le point
cle est le fait suivant :
1
Fait. Pour r 0 on a I 1 prq
upx, y q dxdy.
r Dpz0 ,rq
Preuve du Fait. Ecrivons

z0
r I 1 pr q
px0, y0q. En derivant sous lintegrale, on trouve
B upx r cos , y r sin q d

0
Br 0
0

2
B
u
B
u

r cos
Bx pxr pq, yr pqq r sin By pxr pq, yr pqq d ,
0
o`
u on a pose pxr pq, xr pqq px0 r cos , y0 r sin q. Comme r pq pxr pq, yr pqq
paramètre le cercle B Dpz0 , rq, avec dx r sin d et dy r cos d, on en deduit
1
r I pr q
BBuy dx BBux dy .
BDpz0 ,rq
Daprès la formule de Green-Riemann, cela secrit encore
r I 1 pr q
ce qui est le resultat annonce.
D z0 ,r
B2u B2u
dxdy,
B x2 B y 2
5. LE PRINCIPE DU MAXIMUM
55
Par hypothèse sur u, on a donc rI 1 prq 0 pour tout r 0. Ainsi, la fonction I est
croissante sut s0, r0 s, donc sur r0, r0 s par continuite. En particulier, on a I p0q I pr0 q,
2
autrement dit 2 f pz0 q 0 f pz0 r0 ei q d.

Remarque 5.7. On dit quune fonction u : R est harmonique si elle verifie
u 0. En appliquant le lemme precedent à u et à u, on voit que si u : R est
harmonique, alors u possède la propri
et
e de la moyenne, i.e.
upz0 q
1
2
2
0
upz0
rei q d
pour tout disque Dpa, rq . En fait, on peut montrer que la propriete de la moyenne
caracterise les fonctions harmoniques : une fonction continue u est harmonique si et
seulement si elle verifie la propriete de la moyenne.
ore
`me 5.4. Compte tenu du lemme 5.6, la preuve consiste à puPreuve du the
rement et simplement recopier celle du theorème 5.1 en remplacant partout la fonction
|f | par la fonction u. Bien entendu, il faut aussi remplacer (1) par (a) et (2) par (b).
5.3. Deux applications. On va maintenant utiliser le principe du maximum
pour demontrer deux autres resultats importants.
ore
`me 5.8. (theorème de lapplication ouverte)
The
Soit un ouvert connexe de C. Si f : C est holomorphe et non constante,
alors f est une application ouverte : limage par f de tout ouvert V est un ouvert
de C.
monstration. Soit V ouvert. Fixons a P V et posons b f paq. On veut
De
montrer que f pV q est un voisinage de b ; autrement dit, on cherche r 0 tel que
Dpb, rq V , ce qui signifie que pour tout w P Dpb, rq, on peut trouver z P V tel que
f pz q b.
Par hypothèse, f nest pas constante. Daprès le principe des zeros isoles applique
à g pz q f pz q b, on peut donc trouver un disque ouvert D centre en a tel que
D V et f pz q b pour tout z P Dztau, en particulier pour tout z P B D. Alors
: inf t|f pz q|; z P B Du est strictement positif par compacite de B D. On va montrer
que r {2 convient ; et plus precisement, que pour tout w0 P Dpb, {2q, on peut
trouver un point z0 dans D tel que f pz0 q w0 .
Fixons w0 P Dpb, {2q et posons g pz q f pz q w0 . Comme D est compact, |g |
possède un minimum sur D, atteint en un point z0 . On a en particulier |g pz0 q|
|gpaq| |f paq w0| |b w0| {2. Dautre part, si P BD alors
|gpq| |f pq w0|
|f pq b| |b w0|
{2 {2 .
On en deduit que z0 R B D, i.e. z0 P D. Comme D est ouvert et |g pz0 q| |g pz q| pour
tout z P D, cela montre que g possède un minimum local en z0 . Daprès le corollaire
5.3, on a donc g pz0 q 0, autrement dit f pz0 q w0 .
56
ES
3. PROPRIET
ore
`me 5.9. (lemme de Schwarz)
The
Soit f une fonction holomorphe sur le disque unite D
quon a f p0q 0 et |f pz q| 1 pour tout z P D.
tz P C; |z| 1u. On suppose
P D, et |f 1p0q| 1.
(2) Sil existe un point a 0 tel que |f paq| |a|, ou si |f 1 p0q| 0, alors f est
une rotation : f pz q z, pour un certain P C de module 1.
monstration. Comme f p0q 0, on peut ecrire f pz q zg pz q, pour une cerDe
taine fonction g holomorphe sur D. On a de plus g p0q limz 0 f pzz q f 1 p0q. Fixons
z P D. Si r verifie |z | r 1 et si P B Dp0, rq, alors |g p q| |1| |f p q| 1r puisque
|f pq| 1. Daprès le principe du maximum, on a donc |gpzq| 1r pour tout r tel que
|z| r 1, doù |gpzq| 1 en faisant tendre r vers 1. Ainsi, |f pzq| |zgpzq| |z|
pour tout z P D, et |f 1 p0q| |g p0q| 1.
Si |f paq| |a| pour un certain a 0, alors |g paq| 1 ; et si |f 1 p0q| 1 alors
|gp0q| 1. Dans les deux cas |g| admet un maximum (global) dans le disque D, donc g
est constante daprès le principe du maximum. On a ainsi |g pz q| , o`
u la constante
est de module 1 puisque |g | atteint la valeur 1. Donc f pz q z et f est une rotation.
(1) On a |f pz q| |z | pour tout z
6. S
eries de Laurent
On a vu que toute fonction holomorphe dans un disque Dpa, Rq se developpe en
serie entière dans ce disque, cest à dire en serie de puissances positives de pz aq.
On va maintenant demontrer un resultat analogue pour une fonction holomorphe dans
une couronne centree en a, cest à dire un ensemble du type
C pa, r, Rq tz
P C; r |z a| Ru ,
o`
u 0 r R 8. Remarquons que les valeurs r 0 et R 8 sont autorisees.
Si r 0, alors C pa, 0, Rq est le disque epointe Dpa, Rqztau ; et si R 8, alors
C pa, r, 8q tz P C; |z a| ru. En particulier, C pa, 0, 8q Cztau.
ore
`me 6.1. Si f est une fonction holomorphe dans une couronne C pa, r, Rq, il
The
existe une unique suite de coefficients pcn qnPZ telle que :
(a) la serie S pz q n0 cn pz aqn converge pour tout z verifiant |z a| R et
la serie S pz q n0 cn pz aqn converge pour tout z verifiant |z a| r ;

(b) pour tout z P C pa, r, Rq,
f pz q
8
cn pz aqn .
De plus, la serie S pz q converge normalement sur tout disque t|z a| u, R et

la serie S pz q converge normalement sur tout ensemble du type t|z a| u, r.
On dit que les
cn sont les coefficients de Laurent de f pour la couronne C pa, r, Rq,
et que la serie cn pz aqn est la s
erie de Laurent de f pour la couronne C pa, r, Rq.
Remarque. Si f se trouve etre en fait holomorphe dans le disque Dp0, Rq, alors (par
unicite des coefficients) son developpement de Laurent dans la couronne Dpa, Rqztau
concide avec son developpement en serie entière dans Dpa, Rq. Autrement dit, on a
p nq
cn 0 pour n 0 et cn f n!paq si n 0.

6. SERIES
DE LAURENT
57
La preuve du theorème 6 utilise le lemme suivant.

Lemme 6.2. Soit f une fonction holomorphe dans la couronne C pa, r, Rq. Pour n P Z
et r R, posons
cn pq
1
2i
Alors cn pq ne depend pas de .
BDpa,q
f p q
p aqn
d .
1 2 R, alors la fonction pfapqq est holomorphe au voisinage de la couronne fermee K C pa, 1 , 2 q. Daprès le theorème de
Cauchy, on a donc BK pfapqq d 0, autrement dit
f p q
f p q
d
d 0 ,
n
1
BDpa, q p aq
BDpa, q p aqn 1
et donc cn p2 q cn p1 q.
monstration. Si r
De
n 1
n 1
ore
`me 6.1. (i) Soit pcn qnPZ la suite de coefficients definie par le
Preuve du the
lemme precedent, cn cn pq pour nimporte quel P sr, Rr. On va montrer que la suite
pcnq verifie (a) et (b), ce qui prouvera la partie existence du theorème.
Fixons z P C pa, r, Rq et choisissons 1 et 2 tels que r 1 |z a| 2 R.
Daprès la formule de Cauchy appliquee au point z et à la couronne fermee K
C pa, 1 , 2 q, on a
f pz q

1
f p q
d
2i BK p aq
1
f p q
f p q
1
d
d
2i BDpa,2 q p aq
2i BDpa,1 q p aq
pz q F pz q .
La suite de la preuve consiste à developper F pz q en serie de puissances positives

de z a et F pz q en serie de puissances negatives de z a, exactement comme dans
la demonstration du theorème 2.1.
Si P B Dpa, 1 q, i.e. | a| 1 , on ecrit
f p q
z

a
Comme z
a
|za|
p aqfpqpz aq z 1 a
f p q
1

a
z a
1, on en deduit
f p q
z
8
f p q a k
z a
za
k 0

f p q
k1
k pz aq
p

a
q
k 0
1
f p q
p a qn
n8
pz aqn ,
ES
3. PROPRIET
58
P BDpa, 1q. Par consequent :
1
1
1
f p q

F pz q
d
n
2i BDpa, q n8 pz aq p aqn 1
o`
u la serie converge normalement par rapport à

1
1
2i
BDpa,1 q
f p q
p aqn
pz a qn ,
o`
u linterversion des signes
et est justifiee par la convergence normale de la serie.
Par definition des coefficients cn , cela secrit encore
1
F pz q
(6.1)
8
cn pz aqn .
Remarquons
que la seule propriete de z utilisee pour etablir la convergence de la
serie n0 cn pz aqn est quil existe 1 r tel que |z1a| 1 ; autrement dit que
|z a| r. Par consequent, cette serie converge pour tout z verifiant |z a| r.
Pour P B Dpa, 2 q on ecrit cette fois
p aqfpqpz aq
1 a fpzqa
1 a
f p q
z
et on developpe

z a
a
1
en s
erie :
z a
a
1
zaa
pzaqn , ce qui est possible puisque

paqn
n0
|za| 1. Le meme calcul que plus haut donne alors

2
(6.2)
pz q
cn pz aqn ,
n 0
o`
u la serie converge en fait pour tout z verifiant |z a| R.
En combinant (6.2) et (6.1), on obtient donc finalement
f pz q
8
cn pz aqn .
(ii) La convergence normale des deux series S pz q et S pz q est claire, car ce sont
des series entières en u z a et v z 1 a respectivement, qui convergent en tout
point des disques t|u| Ru et t|v | 1{ru.
(iii) Montrons maintenant lunicite. Supposons quon puisse ecrire
f pz q
k
8
dk pz aqk ,
o`
u la serie k0 dk pz aqk converge pour |z a| R et la serie k0 dk pz aqk
converge pour |z a| r. Si r R alors les deux series convergent normalement

6. SERIES
DE LAURENT
59
sur le cercle t|z a| u car ce sont des series entières en u z a et v

convergent pour |u| R et |v | 1{r. On peut donc ecrire, pour tout n P Z :
cn
1
2i
BDpa,q

k
8
De plus, si p P Z et p 1 alors
dk
f pz q
pz a qn
1
2i
BDpa,q
1
z a
qui
dz
pz aqkn1 dz .
1
p
p 1
BDpa,q pz aq dz p 1 BDpa,q dppz aq q 0 car
BDpa, q est une courbe fermee ; et si p 1 alors BDpa,qpz aq1dz BDp0,q duu
2i. Dans la somme precedente, tous les termes sont donc nuls sauf celui correspondant
1
2i dn. On a donc dn cn pour
à k n 1 1 (i.e. k n) qui vaut dn 2i
tout n P Z, ce qui termine la demonstration.

Corollaire 6.3. (decomposition de Laurent)
Si f est une fonction holomorphe dans une couronne C C pa, r, Rq, alors il existe une
fonction f holomorphe dans Dpa, Rq et une fonction f holomorphe dans CzDpa, rq
verifiant lim|z |8 f pz q 0, telles que f f f dans C. De plus, une telle
decomposition est unique.
n
monstration. Pour lexistence, il suffit de poser f pz q 8
De
0 cn pz aq et

1
u les cn sont les coefficients de Laurent de f dans la
f pz q 8 cn pz aqn , o`
couronne C. Comme la serie n0 cn pz aqn est une serie entière en v z 1 a sans

terme constant, on a bien lim|z |8 f pz q limv0 f p1{v q 0.
Pour lunicite, supposons quon ait deux couples pf1 , f1 q et pf2 , f2 q verifiant les
proprietes requises. Alors f1 f2 est holomorphe dans CzDpa, rq et concide
dans C pa, r, Rq avec f1 f2 , qui est holomorphe dans Dpa, Rq. On peut donc
definir sans ambiguite une fonction entière en posant pz q pz q si |z a| r
et pz q pz q si |z a| R. De plus, f1 et f2 tendent vers 0 à linfini, donc
egalement. Daprès le theorème de Liouville, est identiquement nulle, donc f1 f2
et f1 f2 .
Proposition 6.4. (Calcul des coefficients de Laurent)

Soit f une fonction holomorphe dans une couronne C
coefficients de Laurent pour la couronne C.
C pa, r, Rq, et notons cn ses
(1) Les coefficients cn sont donnes par la formule
f p q
d
p

aqn 1
BDpa,q
pour nimporte quel tel que r R.
(2) Pour P sr, Rr, notons f : R C la fonction (continue) 2-periodique definie
par f pq f pa ei q. Pour tout n P Z, on a
cn
cn
1
2i
p q
fp n
1
2i
2
0
f pa
ei q ein d .
monstration. (1) a ete vu dans la demonstration du theorème 6.1.

De
8
Pour (2), une preuve consiste à ecrire f pq 8
ck k eik et à calculer fp pnq
en integrant terme `
a terme. (Details laisses en exercie). On peut aussi calculer cn en
ES
3. PROPRIET
60
parametrant le cercle B Dpa, q par z

cn
1
2i
a
0
n 2

2
ei : cela donne
f pa ei q
ppa ei q aqn
iei d
ei q ein d .
f pa

Remarque. Pour determiner un developpement en serie de Laurent dans une couronne
centree en a, une strategie souvent efficace est la suivante : on exprime tout en fonction
de u z a et on essaye de se ramener à des expressions du type 11cu avec |cu| 1
ou 1p1c{uq avec |c{u| 1.
Cherchons par exemple les developpements en serie de Laurent de f pz q z 214
dans les couronnes C2 t0 |z 2| 4u et C2 t0 |z 2| 4u.
Pour z P C2 , on ecrit
1
1
1
f pz q

pz 2qpz 2q
z 2 4 pz 2q
4pz 1 2q 1 1z2
4
z2
4
4pz 2q p1q
k 0
8
n
p1q 1

pz 2 qn .
1
n
1 4
Pour z
P C2, le raisonnement est analogue et les details laisses en exercice.
Application. Singularites eliminables.

Comme illustration de lexistence du developpement de Laurent, on va demontrer
limportant resultat suivant. (On parlera plus en details des singularites isolees dune
fonction holomorphe dans la prochaine section).
Proposition 6.5. Soit un ouvert de C, soit a P P C, et soit f une fonction
holomorphe sur ztau. On suppose que f est born
ee au voisinage de a. Alors f se
prolonge en une fonction holomorphe sur . On dit que le point a est une singularit
e
eliminable pour f .
monstration. Choisissons r 0 et une constante M tels que Dpa, rq et
De
|f pzq| M pour tout z P Dpa, rqztau. Daprès le theorème 6.1, on peut developper la
fonction f en serie de Laurent dans la couronne Dpa, rqztau t0 |z a| ru :
f pz q
8
On sait que pour tout P s0, rr, on a cn n
|f pa
ei q|
cn pz aqn .
1 2
2 0
2
M sur 0, 2 , on a donc 0 f a
|cn| M n
f pa
ei q ein d . Comme de plus
ei q ein d 2M , et par suite

; FONCTIONS MEROMORPHES
7. SINGULARITES
61
pour tout n P Z. Si n 0, on en deduit |cn | 0 en faisant tendre vers 0. Ainsi, on a

cn 0 pour tout n 0. Par consequent :
f pz q
n 0
cn pz aqn
pour tout z P Dpa, rqztau. La serie entière n0 cn pz aqn converge en tout point de
Dpa, rqztau, et aussi bien s
ur pour z a ; elle definit donc une fonction holomorphe
g : Dpa, rq C qui concide avec f sur Dpa, rqztau par definition. Si maintenant on
pose frpaq g paq et frpz q f pz q pour z a, alors fr est holomorphe sur ztau et
aussi au voisinage de a car fr g sur Dpa, rq. Donc fr P H pq, et fr prolonge f par
definition.
Corollaire 6.6. Soit un ouvert de C, et soit a P . Si f : C est une fonction

continue sur et holomorphe sur ztau, alors f est holomorphe sur .
monstration. Par continuite, f est bornee au voisinage de a, donc a est une

De
singularite eliminable pour f|ztau . Il existe ainsi une fonction fr holomorphe sur qui
concide avec f sur ztau. Par continuite, on a aussi frpaq f paq, donc f fr et par
suite f est holomorphe sur .

7. Singularit
es ; fonctions m
eromorphes
7.1. Classification des singularit
es. Dans ce qui suit, on appellera voisinage
epoint
e dun point a P C un ensemble du type W ztau, o`
u W est un voisinage ouvert
de a. Par exemple, un disque epointe Dpa, Rqztau t0 |z a| Ru est un voisinage
epointe de a.
finition 7.1. Soit a
De
epointe de a.
C, et soit f une fonction holomorphe dans un voisinage
(1) On dit que le point a est une singularit

e
eliminable pour f sil existe un
voisinage ouvert V de a et une fonction fr holomorphe sur V tels que frpz q
f pz q pour tout z P V ztau.
(2) Soit p un entier 1. On dit que a est un p
ole de multiplicit
e p pour f si on
u u est holomorphe au voisinage de a avec upaq 0,
peut ecrire f pz q uvppzzqq , o`
et v est holomorphe au voisinage de a avec un zero de multiplicite p en a.
(3) On dit que a est une singularit

e essentielle pour f si a nest ni une singularite eliminable, ni un p
ole pour f .
Remarques.
(i) Si a est une singularite eliminable pour f , alors la fonction f est bornee au
voisinage de a.
(ii) Le point a est un pole de multiplicite p pour f si et seulement si on peut
ecrire f pz q pzgpzaqqp au voisinage de a, o`
u g est holomorphe au voisinage de a
et g paq 0.
(iii) Si a est un p
ole de multiplicite p, alors il existe une constante c 0 telle
que f pz q pz caqp au voisinage de a. En particulier, a ne peut pas etre un
p
ole de multiplicite p1 p (de sorte quon peut parler de p comme etant la
multiplicite de a comme pole de f ), et |f pz q| tend vers linfini quand z a.
62
ES
3. PROPRIET
(iv) La definition dune singularite eliminable est locale, mais elle peut se globaliser : si f est holomorphe sur W ztau, o`
u W est un voisinage ouvert de a,
et si a est une singularite eliminable pour f , alors f se prolonge de manière
unique en une fonction holomorphe sur W tout entier.
monstration. La partie (i) est evidente.
De
La partie (ii) est egalement evidente par definition de la multiplicite dun zero :
si f pz q uvppzzqq comme dans la definition, on ecrit v pz q pz aqp v1 pz q o`
u v1 est
holomorphe au voisinage de a avec v1 paq 0, et on pose g v {v1 (fonction bien
definie au voisinage de a puisque v1 paq 0 et v1 est continue en a) ; et inversement, si
f secrit f pz q pzgpzaqqp comme dans (2), il suffir de poser u g et v pz q pz aqp .
La partie (iii) decoule de (ii) en posant c g paq.
Pour demontrer (iv), supposons que a soit une singularite eliminable pour f . Soient
V un voisinage ouvert de a contenu dans W et fra une fonction holomorphe sur V telle
que fra pz q f pz q pour tout z P V ztau. On definit une fonction fr : W C en posant
frpz q f pz q pour z a et frpaq fra paq. Par definition, la fonction fr prolonge f . Elle
est holomorphe sur W ztau, et egalement holomorphe au voisinage de a puisque fr fra
sur V . Donc fr est holomorphe sur W . Pour lunicite, il suffit dobserver que si deux
fonctions continues sur W concident sur W ztau, alors elles prennent la meme valeur
en a par continuite, et sont donc egales sur tout W .
Exercice. Soit un ouvert de C, et soit f une fonction holomorphe sur zS, o`

u S est
un ferme de sans point daccumulation dans . On suppose que chaque point de S
est une singularite eliminable pour f . Montrer que f se prolonge de manière unique en
une fonction holomorphe sur .
Exemples.
(1) Si f pz q sinz z , alors f est holomorphe sur C et a
eliminable pour f .
0 est une singularite
P pz q
(2) Si f est une fonction rationnelle, f pz q Q
pzq avec pgcdpP, Qq 1, alors f
est holomorphe sur CzZ pQq et tout point a P Z pQq est un pole pour f , de
multiplicite egale `
a la multiplicite de a comme zero de Q.
(3) Si f pz q e1{z , alors f est holomorphe sur C et a 0 est une singularite
essentielle pour f .
z
8n0p1qn p2n
1q! pour tout z P C, et donc
erie entière n0 p1qn p2nz 1q! converge

1q! pour tout z 0. La s
monstration. (1) On a sin z

De
2n 1
8n0p1qn p2nz
en tout point z P C, et definit donc une fonction fr holomorphe sur C qui prolonge f .
sin z
z
2n
2n
(2) Cest clair par definition dun pole.

(3) On a limx0 |f pxq| 8, donc f nest pas bornee au voisinage de a et a nest
pas une singularite eliminable. Mais on a aussi limx0 f pxq 0, donc |f pz q| ne tend
pas vers linfini quand z a et a nest pas un pole.
Proposition 7.2. Soit a P C, et soit f une fonction holomorphe dans un voisinage

epointe de a.
(1) a est une singularite eliminable pour f si et seulement si f est bornee au
voisinage de a.
7. SINGULARITES
(2) a est un p
ole si et seulement si |f pz q| 8 quand z
63
a.
monstration. On a dejà remarque les implications triviales seulement si.

De
De plus, limplication non triviale dans (1) a dejà ete demontree : cest la proposition
6.5. Il reste `
a demontrer limplication non triviale dans (2). Dans ce qui suit, on fixe
un voisinage ouvert W de a tel que f est holomorphe sur W ztau.
Supposons quon ait limz a |f pz q| 8. On peut alors choisir r 0 tel que
Dpa, rq W et f pz q 0 pour tout z P Dpa, rqztau, de sorte que g pz q 1{f pz q
est bien definie et holomorphe sur Dpa, rqztau. On a limz a g pz q 0, donc g est en
particulier bornee au voisinage de a. Daprès (1), a est une singularite eliminable pour
g. On peut donc trouver une fonction gr holomorphe sur Dpa, rq telle que grpz q 1{f pz q
pour tout z P Dpa, rqztau. Alors a P Z pgrq puisque grpaq limz a g pz q 0, et gr nest
pas identiquement nulle sur Dpa, rq. La multiplicite p de a comme zero de gr est donc
bien definie ; et comme f pz q grp1z q sur Dpa, rqztau, le point a est un pole de multiplicite
p pour f .
Corollaire 7.3. Supposons que f soit holomorphe sur W ztau, o`

u W est un voisinage
ouvert de a. Si a est un p
ole de multiplicite p pour f , alors on peut trouver une
fonction g holomorphe sur W tout entier telle que g paq 0 et f pz q pzgpzaqqp pour tout
z P W ztau.
monstration. On sait que pz aqp f pz q admet une limite c 0 quand z a.

De
En particulier, le point a est une singularite eliminable pour pz aqp f pz q dapès la
proposition precedente. On peut donc trouver une fonction g holomorphe sur W telle
que g pz q pz aqp f pz q pour tout z P W ztau ; et on a g paq limz a pz aqp f pz q
c 0.

Proposition 7.4. (theorème de Casorati-Weierstrass)
Soit a P C, et soit f une fonction holomorphe sur un voisinage epointe de a. Si a est
une singularite essentielle pour f , alors f pV ztauq est dense dans C pour tout voisinage
V de a.
monstration. On raisonne par contraposee. Supposons donc que f pV ztauq ne

De
soit pas dense dans C, pour un certain voisinage V de a : il sagit de montrer que a est
un p
ole ou une singularite eliminable pour f .
Fixons un point w P Czf pV ztauq. Par definition de ladherence, on peut trouver
0 tel que
@z P V ztau : |f pzq w| .
1
Alors g pz q f pz qw est bien definie, holomorphe et bornee sur V ztau, donc a est
une singularite eliminable pour g. On peut ainsi trouver une fonction gr holomorphe
sur V et ne sannulant pas sur V ztau telle que
@z P V ztau : f pzq w grp1zq
Si grpaq 0, alors f pz q admet une limite quand z a (à savoir w grp1aq ) donc a
est une singularite eliminable ; et si grpaq 0, alors |f pz q| 8 quand z a, donc a
est un p
ole.
Remarque. En fait, un resultat beaucoup plus fort est vrai : si a est une singularite
essentielle pour f , alors pour tout voisinage V de a, le complementaire de f pV ztauq
64
ES
3. PROPRIET
dans C contient au plus un point. Cest le th

eor`
eme de Picard, quil nest pas
question de demontrer ici.
Voici pour finir un resultat montrant que la nature dune singularite peut se lire
sur le developpement de Laurent.
Proposition 7.5. (singularites et developpement de Laurent)
Soit f une fonction holomorphe dans un disque epointe C Dpa, Rqztau, et notons
f pz q
8
cn pz aqn
son developpement de Laurent dans C.

(1) a est une singularite eliminable pour f si et seulement si cn
n 0.
(2) a est un p
ole si et seulement si il existe un entier p
cn 0 pour tout n p.
0 pour tout
1 tel que cp 0 et
(3) a est une singularite essentielle si et seulement si cn

dentiers n 0.
0 pour une infinite
monstration. (1) Le point a est une singularite eliminable si et seulement si

De
il existe une fonction fr holomorphe sur Dpa, rq telle que frpz q f pz q pour z a. Il
revient au meme de dire quil existe une suite de coefficients pdn qn0 telle que la serie
dn pz aqn converge dans Dpa, rq et
@z P C
8
cn pz aqn
dn pz aqn .
n 0
Par unicite des coefficients de Laurent, cela signifie quon a cn 0 pour tout n 0.
(2) Daprès le corollaire 7.3, a est un pole si et seulement si il existe un entier
p 1 et une fonction g holomorphe sur Dpa, rq telle que g paq 0 et f pz q pzgpzaqqp
pour z a. Il revient au meme de dire quil existe
un entier p 1 et une suite de
coefficients pdn qn0 avec d0 0 telle que la serie cn pz aqn converge dans Dpa, rq et
@z P C
8
cn pz aqn
pz aqp

n
p
dn pz aqn
n 0
dn
pz aqn .
Toujours par unicite des coefficients de Laurent, cela signifie quil existe p 1 tel que
cp 0 et cn 0 pour tout n p.
La partie (3) decoule immediatement de (1) et (2).

7.2. Fonctions m
eromorphes. La definition suivante doit etre connue, mais
on nen fera rien dinteressant.
finition 7.6. Soit un ouvert de C. Une fonction m
De
eromorphe sur est une
fonction f definie sur un ouvert de la forme zS o`
u S est un ferme de sans point
daccumulation dans , holomorphe sur zS, et telle que chaque point a P S est soit
un p
ole, soit une singularite eliminable pour f .
7. SINGULARITES
65
Remarque. Lensemble S d
epend de la fonction f . En particulier, S est autorise,
de sorte que toute fonction holomorphe sur est meromorphe sur .
Exemple 7.7. Supposons connexe. Si u et v sont deux fonctions holomorphes sur
avec v 0, alors f uv est une fonction meromorphe sur .
monstration. La fonction f est definie et holomorphe sur zS, o`

De
u S Z pv q
est un ferme de sans point daccumulation dans daprès le principe des zeros isoles.
Si a P Z pv q, alors f est un p
ole pour f si a nest pas un zero de u ou si sa multiplicite
comme zero de v est strictement plus grande que sa multiplicite comme zero de u, et
a est une singularite eliminable si u 0 ou si a est un zero de u avec une multiplicite
superieure ou egale `
a sa multiplicite comme zero de v. Les verifications sont laissees
en exercice.

Remarque. On peut montrer quinversement, toute fonction meromorphe sur un ouvert
connexe est le quotient de deux fonctions holomorphes. Ce resultat est très loin detre
evident.
Exercice. Montrer que si louvert est connexe, alors les fonctions meromorphes
sur forment un corps. Autrement dit, la somme et le produit de deux fonctions
meromorphes f et g sont des fonctions meromorphes bien definies, et le quotient f {g
est une fonction meromorphe bien definie si g 0. (La remarque precedente montre
que le corps des fonctions meromorphes sidentifie au corps des fraction de lanneau
intègre H pq).
CHAPITRE 4
Primitives, homotopie
Dans ce chapitre, on adopte la convention suivante pour eviter decrire trop souvent
C 1 par morceaux : sauf mention contraire,
tous les chemins sont de classe C 1 par morceaux.
1. Formes diff
erentielles exactes et localement exactes
finition 1.1. Soit un ouvert de C, et soit une 1-forme differentielle continue
De
sur . On dit quune fonction F P C 1 pq est une primitive de sur si on a
dF ; et on dit que est exacte sur si elle y admet une primitive.
Remarques.
(i) Si est exacte sur , alors 0 pour tout chemin ferme dans , daprès
le theorème fondamental de lanalyse (voir le chapitre 2, proposition 1.4).
(ii) Supposons que secrive P dx Qdy. Dire que est exacte signifie quil
existe une fonction F de classe C 1 telle que P BBFx et Q BBFy . Si de plus
est de classe C 1 , alors F est de classe C 2 et on doit donc avoir
(1.1)
(1.1)
BQ BP
Bx By
daprès le theorème de Schwarz. Si Adz
BB BA
Bz Bz
Bdz, cette condition secrit
On dira que est d-ferm

ee si elle est de classe C 1 et verifie (1.1).
Exemple 1.2. Soit f : C une fonction continue.
(a) La forme f pz qdz est exacte sur si et seulement si f possède une primitive
holomorphe, i.e. il existe une fonction F P H pq telle que F 1 f . Dans ce
cas, la fonction f est holomorphe.
(b) La fonction f est holomorphe si et seulement si

(c) Si est un disque Dpa, Rq, alors
si f est holomorphe.
f pzqdz est d-fermee.
f pzqdz est exacte sur si et seulement
monstration. Les parties (a) et (b) sont evidentes. Pour demontrer (c), supDe
posons que f soit holomorphe dans le disque Dpa, Rq. On peut alors developper f en
serie entière dans Dpa, Rq,
f pz q
cn pz aqn .
n 0
67
68
4. PRIMITIVES, HOMOTOPIE
La serie entière n0 ncn1 wn

fonction F definie par
a un rayon de convergence au moins egal à R, et la
F pz q
n
n0
cn
1
pz a qn
est une primitive holomorphe de f sur Dpa, Rq.

Exemple 1.3. Soit
dzz , definie sur C.
(a) est d-fermee, mais nest pas exacte sur C .
Cz, où est une demi-droite
(b) est exacte sur tout ouvert du type W

dorigine 0.
monstration. (a) est d-fermee puisque f pz q z1 est holomorphe. Dautre

De
part, en notant D le disque unite t|z | 1u on a BD dz

z 2i 0, donc nest pas
exacte puisque B D est une courbe fermee.
(b) On sait quil existe une determination holomorphe du logarithme sur W . En

notant L une telle determination, on a L1 pz q z1 et donc dL .
finition 1.4. Soit une 1-forme differentielle continue sur un ouvert C. On
De
dit que est localement exacte si pour tout point a P , on peut trouver un voisinage
ouvert Va de a tel que est exacte sur Va .
Remarque. Evidemment,
toute forme exacte est localement exacte puisquon peut
prendre Va pour tout a P .
Exemple 1.5. Une 1-forme du type
si la fonction f est holomorphe.
f pzqdz est localement exacte si et seulement
monstration. Si f pz qdz est localement exacte, alors f est localement

De
holomorphe et donc holomorphe. Inversement, on a vu que si f est holomorphe, alors
f possède des primitives holomorphes dans tout disque Dpa, rq , donc f pz qdz
est localement exacte.

Le resultat suivant donne des caracterisations de lexactitude et de lexactitude
locale en termes dintegrales curvilignes.
ore
`me 1.6. Soit une 1-forme continue sur un ouvert C.
The
(1) est exacte sur si et seulement si on a
dans .
0 pour tout chemin ferme
(2) est localement exacte si et seulement si on a BR 0 pour tout rectangle

R`
a c
otes parallèles aux axes de coordonnees. Dans ce cas, est exacte
sur tout disque Dpa, rq .
La demonstration utilise trois lemmes. On rappelle que si p, q
rpqs le segment rp, qs oriente de p vers q.
P C, on designe par
Lemme 1.7. Soit une 1-forme continue sur un ouvert W C, et soit p P W . On

suppose quil existe une famille pz qz PW de chemins dans W verifiant les proprietes
suivantes.
(a) Pour tout z
P W , le chemin z a pour origine p et pour extremite z.

1. FORMES DIFFERENTIELLES
EXACTES ET LOCALEMENT EXACTES
69
(b) Pour tout segment horizontal ou vertical ru, v s W , on a
ruvs
Alors est exacte sur W . Plus precisement, la fonction F definie par F pz q

est une primitive de sur W .
monstration. Ecrivons
De
P dx Qdy. Comme les fonctions P et Q sont
continues, il suffit de montrer que BBFx et BBFy existent en tout point de W , avec BBFx P
et BBFy Q.
Fixons z0 px0 , y0 q P W et choisissons r 0 tel que Dpz0 , rq W . Si z P W
verifie |z z0 | r, alors rz0 , z s Dpz0 , rq W ; et si le segment rz0 , z s est vertical
ou horizontal, alors F pz q F pz0 q
rz0 ,zs par hypothèse. Par consequent, si x P R
verifie |x x0 | r, alors
F px, y0 q
F px0 , y0 q
rpx0 ,y0 qpx,y0 qs
P dx
Qdy
F px0, y0q
P pt, y0 q dt ;
x
et de meme, si y P R et |y y0 | r, alors
y
F px0 , y q F px0 , y0 q
Qpx0 , uq du .
0
y0
Comme P et Q sont continues, on en deduit (daprès le theorème fondamental de

lanalyse) que BBFx px0 , y0 q et BBFy px0 , y0 q existent et valent respectivement P px0 , y0 q et
Qpx0 , y0 q.

Lemme 1.8. (lemme de Lebesgue)
Soit
K un compact de C, et soit pVi qiPI une famille douverts de C telle que K
erifiant la propriete suivante : tout ensemble
iPI Vi . Alors on peut trouver 0 v
A K de diamètre inferieur `
a est contenu dans un Vi . On dit que est un nombre
de Lebesgue pour K associe au recouvrement ouvert pVi qiPI .
monstration. (Ce lemme doit figurer dans tout cours raisonnable de topoloDe
gie...) Supposons que la conclusion soit fausse. On peut alors trouver une suite An de
parties de K telle que diampAn q 0 et An nest contenu dans aucun Vi , pour tout
n P N. Choisissons pour chaque n un point xn P An . Comme K est compact, on peut
supposer, quitte `
a extraire
une sous-suite, que la suite pxn q converge vers un point
a P K. Comme K i Vi , on peut trouver un indice i tel que a P Vi , puis r 0

tel que Dpa, rq Vi . Soit alors n P N tel que diampAn q r{2 et |xn a| r{2.
comme xn P An , on voit immediatement en faisant un dessin et en utilisant linegalite
triangulaire quon a An Dpa, rq. Donc An Vi , ce qui contredit le choix de An .
Lemme 1.9. (lemme de quadrillage)
Soit R C un rectangle ferme, et soit pR1 , . . . , RN q un quadrillage de R en rectangles fermes. Si est une 1-forme continue sur un ouvert contenant R, alors
BR
B Rk
k 1
70
monstration. Si deux rectangles Ri et Rj ont un cote commun Lij , alors Lij

De
est parcouru en sens inverse selon quon
suit B Ri ou B Rj , donc les deux integrales de
sur Lij se detruisent si on ajoute BRi et BRj . On en deduit immediatement (par

recurrence) quon a
n
B Rk
k 1
BpR1 YYRn q
pour tout n N , do`

u le resultat puisque R1 Y Y RN
R.
Remarque. On a enonce le lemme pour un quadrillage de R, mais en fait la conclusion vaut encore pour une subdivision quelconque
de R, cest-à-dire une suite finie
de rectangles pR1 , . . . , Rn q telle que R k Rk et les Rk sont dinterieurs deux-`

adeux disjoints. Un quadrillage est une subdivision dun type particulier obtenue ... en
quadrillant le rectangle R, i.e. en tracant des droites verticales et horizontales.
ore
`me 1.6. (1) On a dejà vu que si est exacte, alors 0
Preuve du the
pour tout chemin ferme dans . Inversement, supposons cette propriete verifiee.
Pour montrer que est exacte, on se ramène au cas o`
u est connexe en considerant
separement chaque composante connexe de . On sait qualors est connexe par
arcs polygonaux. Si on fixe un point p P , on peut donc choisir pour tout point
z P un chemin z joignant p à z dans . Si ru, v s est un segment quelconque contenu
dans , alors le chemin
inverse
u suivi de ruv s suivi du chemin
qv est un chemin
ferme dans . On a donc u

0,
i.e.

ruvs
v
v
u
ruvs . Daprès
le lemme 1.7, on en deduit que est exacte sur .
(2) Supposons que soit localement exacte, et fixons un rectangle R . Tout
point z P R possède un voisinage ouvert Vz tel que est exacte sur Vz . Soit 0 un
nombre de Lebesgue pour R associe au recouvrement ouvert pVz qz PR , et soit pRk qN
k 1
un quadrillage de R en rectangles Rk de diamètre inferieur à . Alors est exacte au
voisinage de chaque rectangle Rk par definition de , et donc BRk 0. Daprès le
lemme 1.9, on a donc
BR
k 1 B R k
0.
Inversement, supposons quon ait BR 0 pour tout rectangle R , et montrons
que est exacte sur tout disque Dpa, rq . Ecrivons

a pxa , ya q. Pour z px, y q P
Dpa, rq, notons Rz le rectangle à cotes parallèles aux axes de coordonnees ayant ra, z s
pour diagonale, pz le sommet px, ya q de ce rectangle, et z le chemin rapz s suivi
de rpz z s. Il sagit bien dun chemin dans Dpa, rq car le rectangle Rz est contenu
dans le disque
D pa, rq (faire un dessin). Si ru, v s D pa, rq est un segment vertical,
alors v u ruvs par definition de u et v . Si ru, v s est un segment horizontal,
alors
rupu s
rpu pv s
rpv vs
Mais lintegrale de sur le bord du rectangle R upu pv v est nulle car ce rectangle
est contenu dans Dpa, rq, donc dans . On a donc rupu s
ruvs ,
r
p
p
s
r
p
v
s
u
v
v
do`
u`
a nouveau v u
ruvs . Daprès le lemme 1.7, on en deduit que est
exacte sur Dpa, rq.

`
2. LES THEOR
EMES
DE MORERA ET CAUCHY-GOURSAT
71
Corollaire 1.10. Une 1-forme de classe C 1 est localement exacte si et seulement si

elle est d-fermee.
monstration. On a dejà vu que toute 1-forme C 1 et localement
De
exacte est
d-fermee. Inversement, si P dx Qdy est d-fermee sur , alors BR 0 pour tout

rectangle R daprès la formule de Green-Riemann, donc est localement exacte
par le theorème.

Corollaire 1.11. (lemme de Poincare)
Une 1-forme d-fermee est exacte sur tout disque ouvert contenu dans son domaine de
definition.
Exercice. Montrer quune 1-forme est localement exacte si et seulement si on a
B 0 pour tout triangle contenu dans son domaine de definition.

2. Les th
eor`
emes de Morera et Cauchy-Goursat
2.1. Morera. Le resultat suivant est une consequence immediate du theorème

1.6 ; mais vu son importance historique et son utilite, il est bon de lenoncer separement.
ore
`me 2.1. (theorème de Morera)
The
Soit f une fonction continue sur un ouvert C. On suppose quon a BR f pz q dz 0

pour tout rectangle R `
a c
otes parallèles aux axes de coordonnees. Alors f est
holomorphe.
monstration. Daprès le theorème 1.6, la 1-forme
De
exacte.
f pzqdz est localement

Remarque. La subtilite de lenonce vient du fait que la fonction f nest pas supposee
de classe C 1 , mais seulement continue.
Lapplication la plus spectaculaire du theorème de Morera est le theorème de
Cauchy-Goursat, quon demontrera dans la prochaine sous-section. Voici une autre
illustration.
Proposition 2.2. Soit un ouvert de C, et soit f : C. On suppose que f
est continue sur et holomorphe sur zL, o`
u L est une droite de C. Alors f est
holomorphe sur .
monstration. (i) On peut supposer que la droite L est laxe reel. En effet, on
De
peut trouver une similitude affine spz q az b telle que spLq R. Comme s1 est
aussi une similitude et est donc holomorphe, la fonction frpz q : f ps1 pz qq est alors
r spq et holomorphe sur
r zR. Si on sait montrer que fr est holomorphe
continue sur
r alors on aura montr
sur ,
e que f fr s est holomorphe sur .
(ii) On suppose donc que L R.
Pour montrer que f est holomorphe, il suffit
(daprès Morera) de verifier quon a BR f pz qdz 0 pour tout rectange R à cotes
parallèles aux axes de coordonnees. On distingue trois cas.
Cas 1. R ne rencontre pas laxe reel, i.e. R zR.
Dans ce cas, on a
sur zR.
BR f pz qdz 0 par le theorème de Cauchy puisque f est holomorphe
Cas 2. R a un c
ote sur laxe reel.
72
Supposons par exemple que le cote horizontal inferieur de R soit soit sur laxe reel.
Pour 0, notons R le rectangle R i. Alors R ne rencontre pas laxe reel,
donc BR f pz qdz 0 daprès le cas 1. De plus, comme f est continue, on verifie que
vers BR f pz qdz quand tend vers 0 (details laisses en exercice). On

BR f pz qdz tend
a donc bien BR f pz qdz 0.

Cas 3. R traverse laxe reel.
Dans ce cas, on a R R1 YR2 , o`
u R1 et R2 ont un cote commun
e el. Daprès le
sur laxe r
lemme de quadrillage 1.9 et le cas 2, on a donc BR f pz qdz BR1 f pz qdz BR2 f pz qdz
0.

Comme consequence, on retrouve un resultat dejà demontre au chapitre 3 (corollaire 6.6) :
Corollaire 2.3. Soit un ouvert de C, et soit a P . Si f est une fonction continue
sur et holomorphe sur Cztau, alors f est holomorphe sur .
monstration. Prendre nimporte quelle droite L passant par a.
De
Une autre consequence est un cas particulier de ce quon appelle le principe de

r
eflection.
Corollaire 2.4. Soit un ouvert de C symetrique par rapport `
a laxe reel, et posons
tz P ; Impz q 0u. Si f Y pR X q C est une fonction continue sur
Y pR X q, holomorphe sur et telle que f pxq P R pour tout x P R X , alors f
peut se prolonger en une fonction holomorphe sur .
monstration. Posons
De
fonction definie par
tz P ;
Impz q
0u, et notons fr : C la
"
p q ff ppzzqq sisi zz PP YY ppRR XX qq

Comme f pz q P R pour tout z P R X , cette definition est non-ambig
ue ; et comme f est
fr z
continue sur , on voit que fr est continue sur . De plus, fr est holomorphe sur ,
et on verifie sans difficulte quelle est egalement holomorphe sur (par exemple en
calculant BBfz ) ; autrement dit, f est holomorphe sur zR. Daprès le corollaire precedent,
la fonction fr est donc holomorphe sur , et fr prolonge f par definition.

r
2.2. Cauchy-Goursat. Le resultat suivant montre que dans la definition de lholomorphie, il est en fait inutile de supposer que la fonction est de classe C 1 .
ore
`me 2.5. (theorème de Cauchy-Goursat)
The
Soit un ouvert de C. Si f : C est une fonction C-derivable en tout point, alors
f est holomorphe (et donc infiniment C-derivable).
monstration.
De
Comme f est continue, il suffit (daprès Morera) de montrer
quon a BR f pz q dz 0 pour tout rectangle R . Fixons un tel rectangle R, et

posons BR f pz q dz . Il sagit de montrer que 0.
Posons R0 R, et quadrillons le rectangle R0 en 4 rectangles R1 , R2 , R3 , R4 deux
fois plus petits en tracant les medianes des cotes de R0 . Daprès le lemme de quadrillage

`
2. LES THEOR
EMES
DE MORERA ET CAUCHY-GOURSAT
1.9, on a
B R0
et donc
f pz q dz
B Rk
f pz q dz ,
k 1

f z dz .
k
k 1 B R

1, . . . , 4 tel que BRk0 f z dz
On peut donc trouver k0 P

R1 Rk0 . Ainsi, on a
$
73
4

pq
pq
1
4 .
On pose alors
R
p q 21diampRq
lpB R1 q 21 lpB Rq
'
'

'
1
%
BR f pz q dz 4
R1 R0
'
'
'
& diam R1
1
Si on repète ce raisonnement en remplacant R0 par R1 , on obtient un rectangle

R2 R1 , auquel on peut `
a nouveau applique le meme raisonnement et ainsi de suite.
De cette facon, on construit par recurrence une suite de rectangles fermes pRn qn0
verifiant les proprietes suivantes :
$
Rn 1 Rn
'
'
'
& diam Rn
2n diam R
p q
p q

n lpB Rq
l
pB
R
q

2
n

'
'

'
%
f
p
z
q
dz
4n
BR
n
Daprès le theorème des fermes emboites, lintersection de tous les rectangles Rn

est non vide, reduite `
a un point tau. Ce point a appartient à R0 R, donc à ; donc
f est C-derivable en a. Posons f 1 paq, et ecrivons
f pz q f pa q
pz aq
v pz q .
pz aqq dz
0,
Comme la fonction z f paq pz aq est holomorphe sur C (et en fait admet de

manière evidente une primitive holomorphe), on a
donc
B Rn
pf paq
BRn f pz q dz BRn vpz q dz et donc

(2.1)
B Rn

v z dz
pq
4n
pour tout n P N.
Soit maintenant 0. Par definition de la C-derivabilite, on peut trouver 0
tel que |v pz q| |z a| pour tout z P Dpa, q ; et comme a P Rn et diampRn q 0, on
peut trouver un entier n tel que Rn Dpa, q. On a alors

B Rn

v z dz
pq
B Rn
|vpzq| |dz| diampRnq lpBRnq ,
puisque |v pz q| |z a| et |z a| diampRn q pour tout z

(2.2)

B Rn

v z dz
pq
P BRn. Autrement dit :
4ndiampRq lpBRq .
74
En posant C
finalement
diampRq lpB Rq et en comparant (2.1) et (2.2), on obtient donc

C
pour tout 0, do`

u 0.
Remarque. Le theorème de Cauchy-Goursat est philosophiquement très satisfaisant

et la demonstration est très belle. Mais le resultat ne presente pas un grand interet
pratique : la plupart du temps, si on sait montrer quune fonction est C-derivable, on
sait en general aussi montrer quelle est de classe C 1 ( !)
3. Cauchy-Goursat, Green-Riemann et Kurzweil-Henstock
Comme on la vu, lidee de la preuve du theorème
de Cauchy-Goursat est de montrer
que si f est une fonction C-derivable sur , alors BR f pz q dz 0 pour tout rectangle
R . Toute la subtilite vient du fait que la fonction f nest pas supposee de classe
C 1 : sinon le resultat serait evident car on pourrait appliquer directement la formule
de Green-Riemann.
Le but de cette section est de montrer quen fait, il est possible dappliquer la
formule de Green-Riemann. De facon precise, on va etablir le resultat suivant.
ore
`me 3.1. Il existe une theorie de lintegration raisonnable, pour des fonctions
The
definies sur des rectangles, telle que la propriete suivante ait lieu : si est un ouvert
de C, alors la formule de Green-Riemann
BR
P dx
Qdy

R
BQ BP
Bx By
est valable pour toutes fonctions P et Q differentiables sur et pour tout rectangle
R .
Lintegrale quon va utiliser est une integrale de type Riemann (donc avec des
subdivisions et des sommes de Riemann), mais beaucoup plus generale. Toute la
construction repose sur une sorte de raffinement du lemme de Lebesgue connue sous
le nom de lemme de Cousin. On va donc commencer par demontrer ce lemme, et on
verra immediatement après comment il permet de re-ecrire la preuve du theorème de
Cauchy-Goursat donnee plus haut. On definira ensuite lintegrale, et on pourra alors
etablir une version très generale de la formule de Green-Riemann sur un rectangle.
3.1. Le lemme de Cousin. Il sagit du resultat suivant. On lenonce ici pour des
rectangles dans C R2 , mais il est valable pour des paves dans RN avec N quelconque
(et en particulier pour des segments de R !).
Lemme 3.2. (lemme de Cousin)
Soit R un rectangle (ferme) de C, et supposons donne pour tout a P R un voisinage
ouvert Va de a dans C. Alors on peut subdiviser R en rectangles R1 , . . . , RN de sorte
que la propriete suivante ait lieu : chaque rectangle Ri est contenu dans un ouvert Vai
avec un point ai appartenant à Ri . De plus, on peut imposer que les Ri soient tous
homothetiques `
a R.
monstration. Convenons de dire quun rectangle K R homothetique à R
De
est refractaire sil est impossible de subdiviser K en rectangles homothetiques ayant la
propriete ci-dessus. On va montrer par labsurde que R nest pas refractaire. Le point
cle est lobservation suivante :
3. CAUCHY-GOURSAT, GREEN-RIEMANN ET KURZWEIL-HENSTOCK
75
Fait. Si un rectangle K R est refractaire, alors on peut trouver un rectangle

refractaire K 1 K homothetique à K et tel que diampK 1 q 21 diampK q.
Preuve du fait. Il suffit de subdiviser (en fait, quadriller) K en 4 rectangles
homothetiques deux fois plus petits : si aucun de ces 4 rectangles netait refractaire,
K ne le serait pas non plus.
Supposons maintenant que le rectangle R soit refractaire. En posant K0 R, le fait

permet de construire par recurrence une suite decroissante de rectangles refractaires
pKnqn0 homothetiques à R avec diampKnq 2ndiampRq. Daprès le theorème des
fermes emboites, lintersection des Kn est non vide et reduite à un point tau. On peut
alors trouver un entier n tel que Kn Va , et comme a P Kn cela contredit le caractère
refractaire de Kn .

3.2. Retour sur Cauchy-Goursat. (Cette sous-section nest pas strictement
indispensable). Pour se familiariser avec le lemme de Cousin, on va voir ici comment il
permet de re-ecrire la preuve du theorème de Cauchy-Goursat.
Soit donc f une fonction
C-derivable sur : il sagit de montrer quon a BR f pz q dz 0 pour tout rectangle

R . Tout repose sur le fait suivant.
Fait. Soit 0. Pour tout point a P , on peut trouver un voisinage ouvert Va de a
verifiant la propriete suivante : pour tout rectangle K tel que a P K Va , on a

f z dz
p q diampK q lpBK q .
monstration. Fixons a P . Comme f est C-derivable en a, on peut trouver
De
un voisinage ouvert Va de a tel que |f pz q La pz q| |z a| pour tout z P Va , o`
u
1
La pz q f paq pz aqf paq. Soit K un rectangle
tel que a P K Va . Comme
la fonction
L
poss`
e
de
une
primitive
holomorphe,
on
a
L
p
z
q
dz

0
et
donc
a
a
BK
BK f pz q dz
p
f
p
z
q

L
p
z
qq
dz.
Par
cons
e
quent
:
a
BK

f pz q dz
|f pzq Lapzq| |dz|

BK
BK
BK
|z a| |dz| .
Comme de plus le point a appartient à K, on a |z a|
z P B K, do`
u finalement

f pz q dz diampK q lpB K q .

BK
diampK q pour tout
BK

Soit maintenant R un rectangle contenu dans . Notons |R| son aire et posons
c
diampRq lpB Rq
,
|R|
de sorte que diampR1 q lpB R1 q c |R1 | pour tout rectangle R1 homothetique à R. Daprès
le fait, le lemme de Cousin et cette propriete de c, on peut pour tout 0, subdiviser
R en rectangles R1 , . . . , RN tels que

B Rk

f z dz
pq
c |Rk |
76
pour tout k P t1, . . . , N u.

Comme BR f pz q dz
BRk f pz q dz, on en deduit
k

BR

f z dz
pq
pour tout 0. Et par consequent
|Rk | c|R| ,
k 1
BR f pz q dz 0.
3.3. Int
egrale de jauge sur un rectangle. Dans cette sous-section, on definit
la notion dintegrale dont on a besoin pour la formule de Green-Riemann generalisee.
Il faut malheureusement introduire un peu de vocabulaire.
finition 3.3. Soit R un rectangle de C.
De
(1) Une subdivision point
ee de R est une suite finie K ppK1 , a1 q, . . . , pKN , aN qq,
o`
u pK1 , . . . , KN q est une subdivision de R en rectangles et aj P Kj pour tout
j P t1, . . . , N u.
(2) Une jauge sur R est une fonction : R s0, 8r. (Autrement dit, la donnee
pour tout a P R dun nombre paq 0).
(3) Etant
donne une jauge sur R, on dit quune subdivision pointee K
ppK1, a1q, . . . , pKN , aN qq est -fine si on a Kj Dpa, paj qq pour tout j P
t1, . . . , N u.
Il faut un peu de temps pour digerer ces definitions, en particulier la notion de
-finesse. Quoi quil en soit, avec cette terminologie le lemme de Cousin peut se
reformuler comme suit :
Lemme 3.4. Soit R un rectangle de C. Pour toute jauge sur R, il existe une subdivision pointee -fine de R constituee de rectangles homothetiques `
a R.
monstration. Il suffit de poser Va
De
le lemme de Cousin.
Dpa, paqq pour tout a P R et dappliquer

La definition de lintegrale fait intervenir des sommes de Riemann. Si : R C

est une fonction definie sur un rectangle R et si K ppK1 , a1 q, . . . , pKN , aN qq est une
subdivision pointee de R, la somme de Riemann pour associee à K est le nombre
S p, Kq defini comme on sy attend :
S p, Kq
o`
u on a note |Kj | laire du rectangle Kj .
paj q |Kj | ,
j 1
finition 3.5. Soit : R C une fonction definie sur un rectangle R. On dit que
De
est J-int
egrable sur R sil existe un nombre complexe I verifiant la propriete suivante :
pour tout 0, il est possible de trouver une jauge sur R telle que |S p, Kq I |
pour toute subdivision -fine de R constituee de rectangles homoth
` R. Le
etiques a
nombre I est alors determine de manière unique, et on le note I R .
Remarque 0. Le fait que I soit determine de manière unique se demontre exactement
comme lunicite de la limite pour les suites numeriques, en utilisant le lemme de
Cousin et le fait que si 1 et 2 sont deux jauges sur R, alors : minp1 , 2 q est encore
une jauge sur R. Cest un bon exercice de comprehension.
77
Remarque 1. La terminologie J-integrable nest absolument pas standard. (La lettre

J fait reference au mot jauge).
Remarque 2. Si on ne se restreint pas à des subdivisions constituees de rectangles
homothetiques `
a R (i.e. si dans la definition on exige davoir |S p, Kq I |
pour toutes les subdivisions -fines de R), on obtient exactement lintegrale dite de
Kurzweil-Henstock. Ainsi, toute fonction integrable au sens de Kurzweil-Henstock
est J-integrable, et son integrale au sens de Kurzweil-Henstock est egale à sa Jintegrale.
Remarque 3. Il est clair par definition
que les fonctions J-integrables sur R forment un
espace vectoriel et que lintegrale R depend lineairement de . Il est egalement facile

egrale est croissante : si et sont à valeurs reelles et , alors
de voir que lint
.
En
revanche, contrairement à ce qui se passe pour lintegrale de Lebesgue,
R
R
il nest pas vrai en general quune fonction est J-integrable si et seulement si || est
J-integrable.
Exemple. Toute fonction continue sur un rectangle R est J-integrable sur R, et sa
J-integrale est egale `
a son integrale au sens de Lebesgue.
monstration. Soit : R C une fonction continue ; on va en fait montrer
De
que est
egrable au sens de Kurzweil-Henstock. Pour tout rectangle K R, on
int
notera K px, y q dxdy son integrale au sens de Lebesgue sur K.
Fixons 0. Par definition de la continuite, on peut pour tout a P R choisir
paq 0 tel que
|z a| paq |pzq paq|
On definit ainsi une jauge sur R. Si K ppK1 , a1 q, . . . , pKN , aN qq est une subdivision pointee -fine, alors on a par definition |pz q paj q| pour tout j et pour

tout z px, y q P Kj . On en deduit

ce qui secrit encore
Kj

x, y dxdy

Kj
p q
pour tout j
ppx, yq paj qq dxdy
Kj
dxdy
|Kj |,

Kj

paj q | | |Kj |
P t1, . . . , N u. Daprès linegalite triangulaire, on a donc

N

x, y dxdy

Kj
p q
j 1
autrement dit
p q
paj q |
j 1

x, y dxdy

R

Kj

|Kj | ,
j 1

S , K
p
q |R| .
Comme 0 est arbitraire, cela montre que est integrable au sens de KurzweilHestock sur R, et que son int
egale à son
egrale au sens de Kurzweil-Henstock est
integrale au sens de Lebesgue R px, y q dxdy.

Remarque. Il est egalement vrai (mais plus delicat à demontrer) que toute fonction
integrable au sens de Lebesgue sur R est integrable au sens de Kurzweil-Henstock (et
donc J-integrable), et que son integrale au sens de Kurzweil-Henstock est egale à son
integrale au sens de Lebesgue.
78
3.4. D
eriv
ee ext
erieure. La formule de Green-Riemann que lon a en vue fait
intervenir ce quon appelle la derivee exterieure dune forme differentielle. Lobjet
de cette sous-section est de definir precisement ce quon entend par là.
On a dabord besoin dintroduire quelques notations et un peu de vocabulaire.
Comme dhabitude, on notera |K | laire dun rectangle K C.

On appellera regularite dun rectangle K la quantite rpK q diam|KpK| q (Par
definition, on a donc 0 rpK q 1). La signification geometrique de rpK q est
la suivante : plus le rectangle K est aplati, et plus rpK q est petit.
On utilisera le fait evident suivant : si K et K 1 sont deux rectangles homothetiques, alors rpK q rpK 1 q.
Si a P C, on notera Rpaq la famille de tous les rectangles de C contenant a.
Soit a P C, et soit : Rpaq C. On dit que pK q admet une limite quand
2
K tend vers a sans saplatir sil existe un nombre complexe l tel que la
propriete suivante ait lieu : pour toute suite de rectangles pKn q Rpaq telle
que diampKn q 0 et inf n rpKn q 0, on a limn8 pKn q l. Le nombre l
est alors determine de manière unique (exercice) et on ecrit l lim pK q.
K
finition 3.6. Soit une forme differentielle continue sur un ouvert C. On dit
De
que est ext
erieurement d
erivable en un point a P si |K1 | BK admet une limite
quand K P Kpaq tend vers a sans saplatir. On pose alors
d paq lim
1
K a |K |
BK
et on dit que d paq est la d

eriv
ee ext
erieure de au point a.
On ne tentera pas ici dexpliquer la terminologie derivee exterieure. En revanche,
on va demontrer le lemme suivant, qui est en quelque sorte la raison detre de la
definition.
Lemme 3.7. Soit P dx Qdy une forme differentielle continue sur un ouvert
C. Si est differentiable en un point a P (i.e. P et Q sont differentiables en a)
alors est exterieurement derivable en a et
d paq
BQ paq BP paq .
Bx
By
monstration. Cela va decouler des deux faits suivants.

De
Fait 1. Si P px, y q 1 x 1 y 1 et Qpx, y q
affines sur C R2 (`
a valeurs complexes), alors
BK
Pdx
pour tout rectangle K
2x
2 sont des fonctions
B
Q BP
Qdy p2 1 q |K |
B x B y |K |
C.
2 y
79
monstration. En ecrivant K ru, u1 s rv, v 1 s, on a

De
u1
v1

1
Pdx Qdy
P px, v q P px, v q dx
P pu1 , y q Qpu, y q dy
BK
v1
u1
2 pu1 uq dy
1 pv v 1 q dx

v
u
p2 1q pu1 uqpv1 vq ,
do`
u le resultat.

Remarque. Comme P et Q sont de classe C 1 , on aurait pu tout aussi bien appliquer ...
la formule de Green-Riemann, que lon vient de redemontrer dans ce cas particulier.
Fait 2. Soit pdx qdy une forme differentielle continue sur , et soit a P . On
suppose quon a ppz q op|z a|q q pz q quand z a. Alors est exterieurement
derivable en a et d paq 0.
monstration. Par hypothèse, on peut ecrire
De
ppz q pz aqp pz q et q pz q pz aqq pz q ,
o`
u limz a p pz q 0 limz a q pz q.
Si K est un rectangle contenant a, alors
|ppzq| |ppzq| diampK q et |qpzq| |q pzq| diampK q

pour tout z P K. En ecrivant K I J o`
u I et J sont des segments de R, on en
deduit

qdy
diampK q 2|I | ppK q 2|J | q pK q ,

BK
o`
u on a pose p pK q supz PK |p pz q| et q pK q supz PK |q pz q|. Comme |I | diampK q
et |J | diampK q, on obtient donc
pdx

BK

2 p p p K q
et par consequent
1

K
q pK qq diampK q2 ;

q,
rppK
Kq
| | BK
|K |
o`
u pK q 2 pp pK q q pK qq et rpK q diam
pK q
est la regularite de K. Comme pK q
tend vers 0 quand K tend vers a, on en deduit que |K1 | BK tend vers 0 quand K
tend vers a sans saplatir ; autrement dit que est exterieurement derivable en a avec
d paq 0.

La preuve du lemme est maintenant immediate. Supposons que
soit differentiable en a pxa , ya q. En posant
BP paq px x q
a
Bx
BQ paq px x q
Qa px, y q Qpaq
a
Bx
Pa px, y q P paq
BP paq py y q
a
By
BQ paq py y q ,
a
By
et
P dx
Qdy
80
on peut alors ecrire

P pz q Pa pz q
o`
u
pa pz q et Qpz q Qa pz q
pa pz q op|z a|q qa pz q quand z
qa pz q ,
a.
On a donc
pPadx
pPadx
Qa dy q
Qa dy q
ppadx
qa dy q
a .
Daprès le fait 1, on en deduit
B
Q
B
P
1
P dx Qdy
Bx paq By paq |K | BK a
BK
pour tout rectangle K ; et daprès le fait 2 on en conclut que d paq existe et vaut
BQ paq BP paq.
Bx
By
1
|K |
Exercice. Utiliser le lemme precedent pour demontrer le th

eor`
eme de Schwarz, sous
la forme suivante : si f est une fonction de classe C 1 sur et deux fois differentiable
2
2
en un point a P , alors BBxBfy paq BByBfx paq.
Remarque. On dira quune forme differentielle est d-ferm
ee si elle est continue, et
exterieurement derivable en tout point avec d 0. Cette terminologie est compatible
avec celle introduite au tout debut de ce chapitre : en effet, si est de classe C 1 ou
meme seulement differentiable et secrit P dx Qdy Adz Bd
z , il decoule du
BP , ou encore BB BA En

lemme 3.7 quelle est d-fermee si et seulement si BBQ
x
By
Bz
Bz
particulier, une forme differentielle du type f dz avec f differentiable est d-fermee
si et seulement si f verifie lequation de Cauchy-Riemann BBfz 0, i.e. f est C-derivable
en tout point.
3.5. Green-Riemann. On a maintenant introduit tous les outils necessaires `
a
lenonce et `
a la preuve du theorème suivant.
ore
`me 3.8. Soit une forme differentielle continue au voisinage dun rectangle
The
R C. Si est exterieurement derivable en tout point de R, alors d est J-integrable
sur R et
BR
d .
R
Compte tenu du lemme 3.7 et du fait que la J-integrale generalise lintegrale de

Lebesgue, on en deduit immediatement :
Corollaire 3.9. Si P dx Qdy est differentiable sur un ouvert C et si
BP
R est un rectangle tel que la fonction BBQ
egrable au sens de Lebesgue
x B y est int
sur R, alors

B
Q BP
P dx Qdy
Bx By dxdy .
BR
R
De meme, on obtient instantanement la generalisation suivante du theorème de
Cauchy-Goursat :
81
Corollaire 3.10. Si est une forme differentielle d-fermee sur , alors BR 0

pour tout
rectangle R . En particulier, si f est une fonction C-derivable sur ,
alors BR f pz q dz 0 pour tout rectangle R .

Et pour finir, une caracterisation des formes differentielles d-fermees.
Corollaire 3.11. Soit une forme differentielle continue sur . Alors est d-fermee
si et seulement si BR 0 pour tout rectangle R , ce qui revient `
a dire que est
localement exacte.
monstration. Si est d-fermee, alors BR 0 pour tout rectangle R

De
par Green-Riemann generalise ; et inversement, si cette propriete est verifiee alors
est exterieurement derivable en tout point avec d 0, par definition.

ore
`me. Supposons exterieurement derivable en tout point de
Preuve du the
R, et fixons 0. Il sagit de trouver une jauge sur R telle que

S d, K

q
BR

pour toute subdivision pointee -fine de R constituee de rectangles homothetiques `

a
R.
|R| la regularite du rectangle R, et soit 1 0 à choisir ulterieurement.
Soit r0 diam
pRq2
Par definition de la derivabilite exterieure, on peut pour tout a P R, choisir paq 0 tel
que la propriete suivante ait lieu : pour tout rectangle K tel que a P K Dpa paqq
et rpK q r0 , on a

BK
|

K d a
| p q 1 |K | .
En particulier, cette inegalite sera satisfaite pour tout rectangle K Q a homothetique

à R tel que diampK q 2 paq.
Le choix de paq pour tout a P R definit une jauge sur R. On va montrer que
cette jauge convient si 1 est assez petit.
Soit K ppK1 , a1 q, . . . , pKN , an qq une subdivision pointee -fine de R constituee
de rectangles homothetiques à R. Par definition de la jauge et de la -finesse on a
aj P Kj Dpaj , paj qq, et donc

B Kj
pour tout j

Kj d aj

| | p q 1 |Kj |
P t1, . . . , N u. Daprès linegalite triangulaire, on en deduit

N

BKj
j 1
autrement dit

Kj d aj

| | p q
j 1

S d, K
q 1 |R| ;
BR
do`
u la conclusion souhaitee en choisissant 1 |R |
|Kj | ,
j 1
82
4. Homotopie
4.1. Invariance de lint
egrale curviligne par homotopie.
finition 4.1. Soit un ouvert de C, et soient 0 et 1 deux lacets dans (i.e.
De
deux chemins fermes), parametres par le meme intervalle ra, bs. On dit que 0 et 1
sont homotopes dans sil existe une application continue H : r0, 1s ra, bs
verifiant les deux proprietes suivantes.
(a) Pour tout s P r0, 1s, le chemin s : ra, bs defini par s ptq H ps, tq est
un lacet ( pas necessairement de classe C 1 par morceaux).
(b) 0 0 et 1 1 .
On dit alors que H est une homotopie de 0 `
a 1 .
Remarques.
(o) En termes un peu vagues mais images, 0 et 1 sont homotopes dans si on
peut passer contin
ument de 0 à 1 en restant dans .
(i) On voit immediatement que si H est une homotopie de 0 à 1 , alors lapplication ps, tq H p1 s, tq est une homotopie de 1 à 0 . Donc la definition de
lhomotopie est symetrique en 0 et 1 , ce qui justifie la terminologie sont
homotopes (qui est demblee symetrique).
(ii) En fait, la relation etre homotopes dans est une relation dequivalence.
La preuve est laissee en exercice.
(iii) La definition d
epend de louvert puisque lhomotopie H doit prendre ses
valeurs dans .
Exemples.
(1) Tout lacet : ra, bs C est homotope dans C à un lacet constant.
(2) Le lacet : r0, 2 s C defini par ptq eit nest pas homotope dans C `
a
un lacet constant.
monstration. (1) Fixons un point p P C. Si on definit H : r0, 1s C par
De
H ps, tq p1 sq ptq s p, alors H est une homotopie de au lacet constant egal à p.
(2) Le resultat est intuitivement evident : on ne peut pas deformer contin
ument
sur un point un cercle centre en 0 sans passer par 0. Pour une preuve rigoureuse, il
faut attendre un peu.

Exercice. Soient 0 r R. Montrer que les lacets definis sur r0, 2 s par r ptq
et R ptq Reit sont homotopes dans C .
reit
Le resultat suivant est fondamental.

ore
`me 4.2. (invariance de lintegrale curviligne par homotopie)
The
Soit un ouvert de C. Si 0 et 1 sont deux lacets homotopes dans , alors 0 1

pour toute 1-forme localement exacte sur . En particulier, si est un lacet
homotope dans `
a un lacet constant, alors 0.
Pour la preuve, on a besoin de deux lemmes. Dans ce qui suit, on dira quune
application continue H : rc, ds ra, bs C definie sur un rectangle rc, ds ra, bs R2
est s
epar
ement C 1 par morceaux si pour tout s P rc, ds fixe, le chemin t H ps, tq
1
est C par morceaux, et pour tout t P ra, bs fixe, le chemin s H ps, tq est C 1 par
morceaux.
4. HOMOTOPIE
83
Lemme 4.3. Si 0 et 1 sont deux lacets (de classe C 1 par morceaux) homotopes dans
, alors il existe une homotopie de 0 `
a 1 qui est separement C 1 par morceaux.
monstration. La preuve est un peu technique et ne presente pas un interet
De
demesure. On admettra donc le resultat.
Lemme 4.4. Soit R rc, ds ra, bs un rectangle de R2 , et soit H : rc, ds ra, bs

continue et separement C 1 par morceaux. Soit egalement un parametrage admissible
de B R. Alors H 0 pour toute 1-forme localement exacte sur .
monstration. Remarquons dabord que lintegrale H est bien definie car

De
H est un chemin C 1 par morceaux, daprès lhypothèse faite sur H.
Fixons une 1-forme localement exacte , et posons K H pRq. Lensemble K est
compact par continuite de H, et tout point z P K possède un voisinage ouvert Vz sur
lequel est exacte. Soit 0 un nombre de Lebesgue pour K associe au recouvrement
ouvert pVz qz PK . Comme H est uniform
ement continue sur le compact R, on peut
quadriller R en rectangles R1 , . . . , RN tels que le diamètre de chaque ensemble H pRk q
est inferieur `
a . Alors est exacte au voisinage de chaque H pRk q, par definition de
. En notant k un parametrage admissible de B Rk , on a donc H k 0 pour tout
k. (Cette integrale
est bien definie
car H k est C 1 par morceaux par hypothèse sur
N
H). Enfin, on a H k1 H k , daprès une variante evidente du lemme de
quadrillage 1.9, dont la preuve est un bon exercice de redaction. Donc H 0.

ore
`me 4.2. Soient 0 , 1 : ra, bs deux lacets (de classe C 1
Preuve du the
par morceaux) homotopes dans , et soit une 1-forme localement exacte sur .
Par le lemme 4.3, on peut trouver une homotopie separement C 1 par morceaux H :
r0, 1sra, bs de 0 à 1. Soit R r0, 1sra, bs, et soit un parametrage admissible
de B R. Par le lemme 4.4, on a H 0. Dautre part, en notant ca : r0, 1s et
cb : r0, 1s les chemins definis par ca psq H ps, aq et cb psq H ps, bq, on a
Enfin, on a ca
obtient
cb
ca
cb
puisque tous les chemins t
.
0
H ps, tq sont des lacets. Ainsi, on
0.
La deuxième partie du theorème est immediate puisquon a evidemment

pour tout lacet constant c.
0
Corollaire 4.5. (theorème de Cauchy homotopique)
Si f est une fonction holomorphe sur , alors f pz q dz 0 pour tout lacet homotope
dans `
a un lacet constant.
Corollaire 4.6. Le lacet defini sur r0, 2 s par ptq
C `
monstration. On a
De
homotopique.
dz
z
eit nest pas homotope dans
2i 0, doù le resulat par le theorème de Cauchy

84
Exercice. Soient m, n P Z et soient m et n les lacets definis sur r0, 2 s par m ptq eimt
et n ptq eint . A quelle condition m et n sont-ils homotopes dans C ?
4.2. Ouverts simplement connexes.
finition 4.7. Soit un ouvert de C. On dit que est simplement connexe sil
De
est connexe et si tout lacet dans est homotope dans `
Remarque. Appelons trou dun ouvert toute composante connexe bornee de Cz.
Si un ouvert possède un trou, on voit bien quun lacet entourant ce trou ne peut pas
etre deforme contin
ument sur un point en restant dans , i.e. nest pas homotope dans
`
a un lacet constant. Intuitivement, il est donc clair quun ouvert simplement connexe
na pas pas de trous. Il est peut-etre moins clair que les trous sont la seule obstruction
à la simple connexite, i.e. que tout ouvert sans trous est simplement connexe. Cest
effectivement vrai, mais la demonstration est loin detre evidente.
Exemples.
(1) Tout ouvert convexe est simplement connexe.
(2) Tout ouvert

etoil
e par rapport à un point p (i.e. rp, z s pour tout z
est simplement connexe.
P )
(3) Si L est une demi-droite de C, alors CzL est simplement connexe.
(4) C nest pas simplement connexe.
(5) Si K est un compact non vide de C, alors

connexe.
CzK
nest pas simplement
monstration. (2) Si : ra, bs est un lacet dans , on definit une homoDe

topie (dans ) de au lacet constant egal à p en posant
H ps, tq s p
p1 sq ptq .
Comme tout ouvert convexe est etoile (par rapport à nimporte lequel de ses points),
(1) est un cas particulier de (2).
Pour (3), il suffit dobserver que si on note a lorigine de L, alors CzL est etoile par
rapport `
a tout point p P L ztau, o`
u L est la demi-droite symetrique de L par rapport
à a.
Pour (5), choisissons un point a P K et R 0 tel que
Dpa, Rq. Si on pose
K
dz
it
ptq a Re , t P r0, 2 s, alors est un lacet dans et z a 2i 0. Comme la
fonction z z 1 a est holomorphe sur (puisque a R q, cela montre que nest pas
homotope dans `
a un lacet constant, daprès le theorème de Cauchy homotopique.
Donc nest pas simplement connexe.
Enfin, (4) est un cas particulier de (5), qui a dailleurs dejà ete rencontre.

ore
`me 4.8. Si C est un ouvert simplement connexe, alors toute 1-forme
The
localement exacte sur est exacte. En particulier, toute fonction holomorphe sur
possède des primitives holomorphes.
monstration.
De
Soit une 1-forme localement exacte sur . Daprès le theorème
4.2, on a 0 pour tout lacet dans . Donc est exacte daprès le theorème 1.6.
` UN POINT
5. INDICE DUN LACET PAR RAPPORT A
85
Corollaire 4.9. Si est simplement connexe, alors toute fonction f holomorphe sur
et sans z
eros possède un logarithme holomorphe. Autrement dit, si f : C
est holomorphe et si f pz q 0 pour tout z P , alors il existe une fonction holomorphe
g telle que eg f .
monstration. Comme f ne sannule pas, la fonction f 1 {f est bien definie et
De
holomorphe sur ; elle possède donc une primitive holomorphe g. On a alors
peg f q1 eg pg1f
f 1q 0 ,
donc la fonction C eg f est constante puisque est connexe. Si on fixe un point z0 P
, on peut supposer, quitte `
a rajouter une constante à g, que g pz0 q est un logarithme de
f pz0 q : il suffit de remplacer g par g c, o`
u c verifie ec egpz0 q f pz0 q. Alors C pz0 q 1,
donc C est identiquement egale à 1, autrement dit f eg .

Corollaire 4.10. Soit un ouvert simplement connexe. Si u est une fonction harmonique sur et a
` valeurs reelles, alors il existe une fonction f P H pq telle que
Repf q u.
Remarque. Rappelons quune fonction u est dite harmonique si elle est de classe C 2 et
2
B2 u2 Comme on a egalement 4 B2 , il est clair
verifie u 0, o`
u u BBxu2
BzBz
By
que toute fonction holomorphe f est harmonique ; et comme pRepf qq Repf q pour
toute fonction f , on en deduit que si f est une fonction holomorphe, alors la fonction
Repf q est harmonique. Ceci ne depend pas de louvert o`
u les fonctions sont definies.
La reciproque est fausse en general, mais devient vraie si est simplement connexe :
cest le contenu de lenonce precedent.
Preuve du corollaire 4.10. Soit u : R une fonction harmonique. Comme
2
4 BzBBz , on a
B Bu
0 ,
Bz Bz
et donc la fonction g BBuz est holomorphe sur . Comme est simplement connexe,
on peut donc trouver une fonction f P H pq telle que f 1 2 BBuz Alors la fonction
h Repf q 12 pf fq verifie BBhz 12 f 1 BBuz , et BBhz 12 BBfz 12 f 1 BBuz BBuz , o`

u la
dernière egalite vient du fait que u est à valeurs reelles. Par consequent, la fonction
Repf q u est constante ; et quitte à rajouter une constante à f , on peut supposer que
Repf q u 0.

5. Indice dun lacet par rapport `
a un point
Proposition 5.1. Soit p P C, et soit : ra, bs C un chemin ne passant pas par
p, i.e. ptq p pour tout t P ra, bs. Soit la P C un logarithme de paq p, et soit
l : ra, bs C definie par
b
1 psq
lptq la
dt.
a psq p
Alors l est une d
etermination continue du logarithme le long de p. Autrement
dit, l est continue et on a
elptq ptq p
pour tout t P ra, bs.
86
monstration. Supposons dabord de classe C 1 . Alors l est de classe C 1 , avec

De
1 ptq
lptq p ptq pq, alors
l1 ptq ptq
p Si on pose ptq e
1 ptq pl1 ptqp ptq pq
lptq 1 ptqq 0 ,
donc est constante ; et la constante vaut 1 car paq ela p paq pq 1. Do`
u le
resultat dans ce cas.
Si est seulement de classe C 1 par morceaux, on subdivise ra, bs en intervalles
ra0, a1s, . . . , raN 1, aN s sur lesquels est de classe C 1. Alors elptq ptq p pour1 tout
t
p sq
t P ra0 , a1 s daprès le premier cas. Pour t P ra1 , a2 s, on a lptq lpa1 q
a1 psqp ds
daprès la relation de Chasles. Comme lpa1 q est un logarithme de pa1 q p, on a donc
elptq ptq p pour tout t P ra1 , a2 s, daprès le premier cas applique sur lintervalle
ra1, a2s. De proche en proche, on obtient elptq ptq p pour tout t P ra, bs. Enfin,
la fonction l est continue en tant quintegrale indefinie dune fonction continue par
morceaux.

Remarque. En fait l est de classe C 1 par morceaux, et elle est de classe C k si est de
classe C k , k 1.
Corollaire 5.2. (parametrage en coordonnees polaires)
Soit : ra, bs C un chemin tel que ptq 0 pour tout t
| ptq|. Alors on peut ecrire
P ra, bs, et posons rptq
ptq rptqeiptq ,
o`
u ptq P R et la fonction est continue. On dit que est une d
etermination continue de largument le long de . Si est de classe C k , k 1, alors on peut prendre
de classe C k .
monstration. Avec les notations de la proposition (et p 0), ecrivons lptq
De
xptq iptq, o`
u x et sont des fonctions continues à valeurs reelles, de classe C 1 si
1
est C . Comme elptq ptq, on a rptq | ptq| exptq , et donc ptq rptqeiptq .

Corollaire
dz5.3. Soit p P C. Si est un lacet ne passant pas par p, alors le nombre
complexe z p est un multiple entier de 2i.
monstration. Avec les notations de la proposition, ce nombre est egal `

De
a
pq
l
p
b
q
l
p
a
q
autrement dit `
a lpbq lpaq. Comme e pbq p paq p e , on
p q
1 s
a s p ds,
a el b l a
p q p q 1, doù le resultat.
finition 5.4. Soit p P C, et soit : ra, bs C un lacet ne passant pas par p.

De
Lindice de par rapport `
a p est le nombre entier I p, pq defini par
I p, pq
1
2i
dz
zp
Cette definition est purement analytique, et peut sembler un peu opaque. On va voir
maintenant quon peut aussi definir lindice de manière beaucoup plus geometrique.
finition 5.5. Soit : ra, bs C un chemin ne passant pas par 0. La variation
De
de largument le long de est la difference pbq paq, o`
u est nimporte quelle
determination continue de largument le long de .
` UN POINT
87
Remarque. Le fait que pbq paq ne depende pas de la determination vient de ce que
que deux determinations de largument le long de diffèrent dune constante (multiple
de 2). En effet, si 1 et 2 sont deux telles determinations, alors 1 2 est une fonction
continue sur ra, bs `
a valeurs dans 2Z, donc 1 2 est constante daprès le theorème
des valeurs intermediaires.
Le lemme suivant donne linterpretation geometrique de lindice.
Lemme 5.6. Soit p P C, et soit : ra, bs C un lacet ne passant pas par p. La
determination de largument le long de p est egale `
a 2 I p, pq. Ainsi, I p, pq
sinterprète geometriquement comme le nombre de tours effectue par le lacet autour
du point p dans le sens trigonometrique.
monstration. Soit une determination continue de largument le long de p.
De
Alors Lptq log | ptq p| iptq est une determination continue du logarithme le long
de p. Comme deux telles determination diffèrent dune constante (multiple de 2i),
on a donc Lpbq Lpaq lpbq lpaq, o`
u l est la determination donnee par la proposition
5.1. Mais lpbqlpaq 2i I p, pq par definition de lindice, et LpbqLpaq ippbqpaqq
car | pbq p| | paq p|. On a donc bien pbq paq 2 I p, pq.

Limportance de lindice en analyse complexe vient du resultat suivant, qui est une
autre version de la formule de Cauchy.
ore
`me 5.7. (formule de Cauchy homotopique)
The
Soit un ouvert de C, et soit un lacet dans , dimage . On suppose que est
homotope dans `
a un lacet constant. Si f est une fonction holomorphe sur , alors
1
2i
pour tout point a P z.
par
f pz q
dz
za
I p, aq f paq
monstration. Fixons f et un point a P z. Soit g : C la fonction definie

De
p q f paq
za
g pz q
'
% 1
f pa q
$
f z
'
&
si z
a
a
La fonction g est continue sur et holomorphe sur ztau ; elle est donc holomorphe
si z
sur
es le corollaire 2.3. Comme est homotope à un lacet constant, on a donc
dapr`
g
p
z
q
dz

0 daprès le theorème de Cauchy homotopique. Comme ne passe pas par
a, cela secrit
f pz q
f pa q
dz
dz f paq 2i I p, aq .
za
za

Remarque. Si louvert est simplement connexe, alors la formule de Cauchy homotopique et le theorème de Cauchy homotopique sont valables pour tout lacet dans
.
88
Pour pouvoir utiliser la formule de Cauchy homotopique, il faut etre capable de

calculer des indices. On va maintenant donner une methode geometrique très facile `
a
utiliser. Introduisons dabord la terminologie suivante.
finition 5.8. Soit : ra, bs C un chemin dans C et soit L C une demi-droite
De
dorigine p. On dit que traverse L en un point c P sa, br si pcq P L et sil existe
0 tel que ptq R L pour t P rc , crY sc, c s et lune des deux proprietes suivantes
ait lieu :
(+) Quand t decrit lintervalle rc , c
le sens trigonometrique.
s, la demi-droite rp, ptqq tourne dans
() Quand t decrit lintervalle rc , c

le sens anti-trigonometrique.
s, la demi-droite rp, ptqq tourne dans
On dit que traverse positivement L dans le cas (+), et n

egativement dans le cas
().
Exercice. Donner un sens precis à lexpression tourner dans le sens trigonometrique.
Remarque. Il est compris dans la definition que ne traverse pas L aux points a et b.
sans int
Proposition 5.9. (calcul pratique de lindice)
Soit p P C et soit : ra, bs C un lacet ne passant pas par p. On suppose quil existe
une demi-droite L dorigine p tel que 1 pLq est fini et que traverse L en tout point
c P 1 pLq. Notons n le nombre de points c o`
u traverse positivement L, et n le
nombre de points c o`
u traverse negativement L. Alors
I p, pq n
n .
monstration. Par translation et rotation (i.e. quitte à composer par une

De
similitude affine comme dans la preuve de la proposition 2.2), on se ramène au cas o`
u
p 0 et L R .
Pour u, v P ra, bs, u v, notons V pu, v q la variation de largument de ptq entre u
et v, i.e. la variation de largument le long de |ru,vs . Linterpretation geometrique de
lindice nous dit que
V pa, bq 2 I p, 0q .

1
Dautre part, en notant pLq tc1 , . . . , cN u avec a c1 c2 cN b, on a
V pa, bq V pa, c1 q
N1
V pci , ci
V pcN , bq .
i 1
Pour i P t1, . . . , N u, posons i 1 si traverse R positivement au point ci ,

et i 1 si traverse negativement. En notant arg la determination principale de
largument sur CzR , la fonction t argp ptqq est continue sur ra, bsz 1 pR q
ra, c1rY sc1, c2rY Y scN 1, cN rY scN br. De plus il decoule directement des definitions
quon a
lim argp ptqq i et lim argp ptqq i
tc
tc
i
pour tout i P t1, . . . , N u (faire un dessin !).

On en deduit que la fonction t argp ptqq se prolonge par continuite à chaque intervalle ra, c1 s, rc1 , c2 s . . . , rcN 1 s, rcN , bs ; et chaque prolongement est une determination
continue de largument le long de entre les bornes de lintervalle considere. On a donc
V pa, c1 q 1 argp paqq, V pci , ci 1 q i 1 pi q pi i 1 q pour tout i N ,
` UN POINT
et V pcN , bq argp pbqqpN q argp pbqq

on obtient
2I p, pq
1 argp paqq
N . Par suite, et comme pbq paq,
N1
89
p i
argp pbqq
i 1

i 1
n .
CHAPITRE 5
R
esidus
1. Le th
eor`
eme des r
esidus
1.1. Enonc
e et preuve du th
eor`
eme.
finition 1.1. Soit a P C, et soit f une fonction holomorphe dans un voisinage
De
epointe de a, cest-`
a-dire un ouvert de la forme W ztau, o`
u W est un voisinage de a.
Le r
esidu de f au point a est le coefficient de z 1 a dans le developpement de Laurent
de f dans nimporte quel disque epointe Dpa, rqztau ; on le note Respf, aq. Autrement
dit, si f pz q
8
cn pz aqn dans un disque epointe Dpa, rqztau, alors

Respf, aq c1 .
Le lemme suivant a dej`

a ete demontre.
Lemme 1.2. Soit, a P C, et soit f une fonction holomorphe sur W ztau, o`
u W est un
voisinage ouvert de a. Si r 0 est tel que Dpa, rq W , alors
BDpa,rq
f pz q dz
2i Respf, aq .
monstration. Cest la proposition 6.4 avec n 1.

De
Mentionnons egalement deux faits evident mais très utiles :

Exercice 1. Montrer que si f et g sont holomorphe dans un voisinage epointe de a,
alors Respf g, aq Respf, aq Respg, aq.
Exercice 2. Montrer que si le point a est une singularite eliminable pour f , alors
Respf, aq 0.
Voici maintenant le resultat principal du chapitre.
ore
`me 1.3. (formule des residus)
The
Soit un ouvert de C, et soit f une fonction holomorphe sur zS, o`
u S est un ferme de
sans points daccumulation dans . Soit egalement K un domaine elementaire,
et supposons que B K ne contienne aucun point de S. Alors S na quun nombre fini de
points dans K, et on a la formule des r
esidus
BS
f pz q dz
2i
P X
Respf, aq .
a S K
monstration. Comme S na pas de points daccumulation dans , on sait que

De
S na quun nombre fini de points dans tout compact de , donc en particulier dans
K (voir la preuve du corollaire 3.8).
91

5. RESIDUS
92
Comme ces points sont en

Par hypothèse, les points de K X S sont tous dans K.
nombre fini, on peut donc

trouver r 0 tel que D pa, rq K pour tout a P S X K.
Posons alors L K z aPS XK Dpa, rq. Par definition, L est un domaine elementaire
contenu dans zS, donc f est holomorphe au voisinage de L. Daprès le theorème de
Cauchy, on a donc BL f pz q dz 0. Autrement dit :
0

BK
BK
f pz q dz
P X
a S K
f pz q dz 2i
BDpa,rq
P X
f pz q dz
Respf, aq ,
a S K
daprès le lemme 1.2.
1.2. Calcul pratique dun r

esidu. Soit a P C, et soit f une fonction holomorphe
dans un voisinage epointe de a. On va expliquer comment calculer Respf, aq lorsque a
est un p
ole pour la fonction f . Rappelons que par definition, cela signifie quil existe
un entier p 1 et deux fonctions u et v holomorphes au voisinage de a, avec upaq 0
et v possedant un zero de multiplicite p en a, tels que
f pz q
upz q
v pz q
au voisinage de a. Il revient au meme de dire quon peut ecrire

f pz q
upz q
pz aqpv1pzq
au voisinage de a, o`
u u et v sont holomorphes avec upaq
quon peut ecrire
g pz q
f pz q
pz aqp
0 et v1paq 0 ; ou encore
au voisinage de a, o`
u g est holomorphe et g paq 0.
Lemme 1.4. Supposons que a soit un p

ole simple pour f , i.e. un p
ole de multiplicite
p 1.
Si f secrit sous la forme f pzq pzgpzaqq , avec g holomorphe au voisinage de a,
alors
Respf, aq g paq lim pz aqf pz q .
(PS1)
a
upz q
pzaqv1 pzq avec u, v holomorphes au voisinage
z
Si f
secrit sous la forme f pz q

de a et v1 paq 0, alors
Respf, aq
(PS2)
upaq

v 1 pa q
secrit sous la forme f pz q uvppzzqq ave u, v holomorphe au voisinage de a et

v ayant un zero simple en a, alors
Si f
(PS2)
Respf, aq
upaq

v 1 paq
1. LE THEOR
EME
DES RESIDUS
93
monstration. Pour (PS1), on developpe g en serie entière,

De
g pz q
dn pz aqn .
n 0
On en deduit f pz q
n 0
dn pz aqn1 , autrement dit
f pz q
1
dn
pz aqn .
Le residu de f en a vaut donc d0 g paq, ce qui prouve (PS1). La formule (PS2) sen
deduit immediatement en posant g vu1
Pour (PS2), on ecrit v pz q pz aqv1 pz q, o`
u v1 est holomorphe au voisinage de
pzq
a avec v1 paq 0, et on applique (PS2) en remarquant que v1 paq limz a zv
a
v 1 pa q.

Les trois formules (PS1), (PS2) et et (PS2) sont très efficaces pour calculer un
residu en un p
ole simple, et avec un peu dhabitude on voit immediatement sur un
exemple donne laquelle est la plus facile à utiliser. Il faut cependant imperativement
garder `
a lesprit que ces formules ne sont valables que pour un p
ole simple. (En realite,
ce nest pas tout `
a fait vrai : comme on na jamais utilise le fait que upaq 0, les
formules sont encore vraies si a est une singularite eliminable).
Exemple 1. Soit f pz q tan z
sin z
cos
z
La fonction f est holomorphe sur CzS, o`

u S tp2k 1q 2 ; k P Zu. Si a
p2k 1q 2 P S, alors cos z a un zero simple en a car cos1paq sin a p1qk 1 0.

sin a
sin a
Daprès (PS2), on a donc Respf, aq cos
1 paq sin a 1, pour tout a P S.
Exemple 2. Soit f pz q
1
1 z6
La fonction f est holomorphe sur CzS, o`

u S est lensemble des racines 6-ièmes de
ip 6 k 3 q
1, autrement dit S te
; 0 k 5u. Si a eip 6 k 3 q P S, alors a est un zero
simple de v pz q 1 z 6 , avec v 1 paq 6a5 a6 puisque a6 1. Donc Respf, aq a6
pour tout a P S.
Lemme 1.5. Supposons que a soit un p
ole de multiplicite p 1 pour f , et ecrivons
g pz q
f pz q pz aqp , o`
u g est holomorphe au voisinage de a. Notons cn pg q les coefficients du
developpement en serie entière de g au voisinage de a. Alors
Respf, aq cp1 pg q
(PM)
monstration. Comme g pz q
De
de f en a secrit
f pz q
n 0
do`
u le resultat.
8
0
g pp1q paq
pp 1q!
cn pg qpz aqn , le developpement de Laurent
cn pg qpz aq
n p
p
cn
pgqpz aqn ,

5. RESIDUS
94
Remarque. La deuxième identite dans (PM) est peu utilisable si p est grand puisquil
faut deriver p 1 fois la fonction g, mais elle fonctionne assez bien pour p 2 ou 3.
Si p est vraiment grand, il faut se debrouiller pour calculer le coefficient cp1 pg q sans
deriver g, par exemple en determinant directement le developpement en serie entière
de g ; cf lexemple donne `
a la fin de la sous-section 6.
Exemple. Soit f pz q

La fonction polynomiale v pz q z 3 3z 2 4 admet 1 comme racine evidente ; et
en factorisant par z 1, on trouve v pz q pz 1qpz 2q2 . Donc f pz q pz 1qp1z 2q est
holomorphe sur Czt1, 2u, avec un pole simple en 1 et un pole double en 2. Daprès
(PS2), on a Respf, 1q v 1p1q avec v1 pz q pz 2q2 , i.e. Respf, 1q 19 Daprès (PM),
1 2q
on a Respf, 2q g p
avec g pz q z 1 1 , i.e. Respf, 2q 19
1!
1
z 3 3z 2 4
2. Exemples de calculs dint

egrales
Dans cette section, on donne trois exemples montrant que le theorème des residus
peut se reveler remarquablement efficace pour calculer certaines integrales nayant a
priori aucun lien avec lanalyse complexe.
La strategie est toujours la meme pour calculer une integrale inconnue I. On applique le theorème des residus à une fonction holomorphe f bien choisie (en general
facile `
a trouver) sur le bord dun domaine elementaire K egalement bien choisi (et
parfois difficile `
a trouver) dependant dun ou plusieurs paramètres. Le bord de K se
decompose en un certain nombre de morceaux, et lintegrale de f sur le bord de K est
la somme des integrales sur chacun des morceaux. En general, lune de ces integrales
tend vers lintegrale cherchee I quand les paramètres tendent vers certaines bornes. Si
on a de la chance, on sait aussi determiner les limites des autres integrales (parfois en
fonction de I), et on obtient alors la valeur de I en passant à la limite dans la formule
des residus.
2.1. Fonctions rationnelles sans p
oles r
eels.
P pz q
Proposition 2.1. Soit f pz q Q
pzq une fraction rationnelle sans poles reels, avec
degpQq degpP q 2. On note P lensemble des p
oles de f `
a partie imaginaire
strictement positive. Alors
8
f ptq dt 2i
Respf, aq .
a P
monstration. Lintegrale I 8 f ptq dt est bien definie car f est continue

De
sur R et f ptq Op1{t2 q en 8, par hypothèse sur P et Q.
Posons R0 maxt|a|; a pole de f u, et pour R R0 , considerons le domaine
elementaire
KR tz P C; |z | R et Impz q 0u .
La fonction f est visiblement holomorphe au voisinage de KR zP . Daprès le
theorème des residus, on a donc
BKR
f pz q dz
2i
a P
Respf, aq ,

2. EXEMPLES DE CALCULS DINTEGRALES
autrement dit
R
f ptq dt
f pz q dz
2i
95
Respf, aq ,
a P
o`
u R : r0, s C est defini par R ptq Reit . Pour conclure, il suffit donc de montrer
que lintegrale R f pz q dz tend vers 0 quand R 8.
En posant M pRq supt|f pz q|; |z | Ru, on a

f z dz
pq
|f pzq| |dz|
M pRq R .

Comme M pRq Op1{R2 q quand R 8, on en deduit f pz q dz Op1{Rq,
R
do`
u le resultat.
88 1 dtt
La fonction f pz q 1 1z verifie les hypothèses de la proposition, avec P
tei{6, ei{2, ei5{6u tei{6, i, ei5{6u. De plus, on a vu que si a est un pole de f ,
alors Respf, aq a6 . On a donc

1
I 2i ei{6 i ei5{6
6
Exemple. Calcul de I
i3
2i sin
2

3
2.2. Transform
ees de Fourier. Si f est une fonction integrable sur R, sa transform
ee de Fourier est la fonction fp : R C definie par
p q
fp
f ptqeit dt .
Cette definition a un sens : la fonction integree est effectivement integrable sur R

puisque |f ptqeit | |f ptq|.
Proposition 2.2. Soit f une fonction integrable sur R. On suppose que f se prolonge
en une fonction holomorphe (encore notee f ) au voisinage de U zS, o`
u U est le demiplan tImpz q 0u et S est une partie finie de U , avec lim|z |8 |f pz q| 0 . Sous ces
hypothèses, on a pour tout 0 :
fppq 2i
Respf pz qeiz , aq .
a S
monstration. Fixons 0. Pour R

De
nouveau le demi-disque
R0 maxt|a|; a P S u, on considère à
tz P C; |z| R et Impzq 0u .
La fonction g pz q f pz qeiz est holomorphe au voisinage de KR zS, et tous les
KR
R . Daprès le theorème des residus, on a donc

points de S sont dans K
R
f ptqe
it
R
dt
R
f pz qeiz dz
2i
a S
Respf pz qeiz , aq .

5. RESIDUS
96
o`
u R : r0, s
C est defini par Rptq Reit. Lintegrale RR f ptqeit dt tend vers
fppq, donc il suffit de montrer que f pz qeiz dz 0 quand R 8.
R
On a

f p z qe
iz

dz

it
it
iRe
it

f Re e
iRe dt

0
|f pReitq| |eiRe | R dt
it
|f pReitq| eR sin t dt
R M pR q
eR sin t dt ,
o`
u on a pose M pRq supt|f pz q|; |z | Ru.
{2
De plus, lintegrale 0 eR sin t dt est egale à 2 0 eR sin t dt, comme on le voit en
ecrivant 0 02
egrale
et en changeant t en t dans lint
2
pour t P r0, {2s par concavite du sinus, on en deduit
eR sin t dt

Au total, on obtient donc

f pz q e
iz
2

. Comme sin t
eR t dt
2

2R
e

1 eR

R
2R

dz

2
M pRq ,
do`
u le resultat puisque M pRq tend vers 0 quand R 8, par hypothèse sur f .
Exercice. Peut-on montrer que R f pz q dz tend vers 0 par une application directe du
theorème de convergence dominee ?
Exemple. Calcul de I pxq
8
0
p q dt pour x P R.
cos xt
1 t2

pxtq
La fonction `
a integrer est effectivement integrable sur r0, 8r car cos
1 t2
donc I pxq est bien definie pour tout x P R.
8
La fonction I est visiblement paire, et on a I p0q 0 1 dtt2 2
Pour x 0, on a
I p q
1
2
8 cosptq
8 1
t2
dt
1
Re
2
8 eit
dt .
8 1 t2
1
1 t2
Autrement dit : I pq 21 Re fppq, o`

u f ptq 1 1t2
La fonction f pz q 1 1z 2 est holomorphe sur Czti, iu, et f pz q tend vers 0 quand
|z| 8. On peut donc appliquer la proposition precedente avec S tiu. Le point i

2. EXEMPLES DE CALCULS DINTEGRALES
est un p
ole simple pour f pz qeiz , donc
Respf pz qeiz , iq
On en deduit fppq 2i
I est paire, on obtient ainsi
pour tout x P R.
e
2i
eii
2i
97
e2i
e, doù I pxq 2 e pour 0. Comme
I px q
|x|
e
2
2.3. Un exemple plus compliqu

e. Dans cette sous-section, on va calculer pour
tout P s0, 1r, lintegrale
8
dt
I
tq
0 t p1
Notons que I est bien definie et strictement positive, en tant quintegrale dune
fonction mesurable strictement positive ( !). Mais evidemment, I est une vraie
integrale (i.e. I 8) car la fonction t t p11 tq est continue sur s0, 8r et equivalente
à t1 en 0 et `
a t1 1 en 8, donc integrable sur s0, 8r puisque P s0, 1r.
Suivant la strategie exposee plus haut, on a envie dappliquer le theorème des
residus `
a f pz q z p11 z q sur des domaines elementaires bien choisis. Cela etant, deux
problèmes se posent immediatement :
donner un sens à z ;
trouver des domaines elementaires bien adaptes au problème.
Donner un sens `
a z nest pas difficile : on choisit une demi-droite dorigine 0
et on prend la determination principale de z dans Cz. Maintenant, on a le choix de
la demi-droite , et cest la recherche du bon choix qui va en fait donner lidee des
domaines elementaires `
a considerer.
Si on regarde la definition de I , on voit que la demi-droite r0, 8r doit jouer
un r
ole. Paradoxalement, cest cette demi-droite quon va enlever pour definir z alors
quon veut calculer une integrale sur . On definit donc officiellement la fonction f
sur Czpr0, 8rYt1uq par
1
f pz q
,
z p1 z q
o`
u z est defini en prenant largument dans s0, 2 r, puisque la demi-droite r0, 8r correspond `
a largument 0 (modulo 2).
Ce choix nest pas si surprenant si on garde à lesprit la recherche des domaines
elementaires, qui doivent dependre de certains paramètres appeles à tendre vers certaines limites : pour retrouver r0, 8r (et donc I ) dans le processus de passage
à la limite, il suffira de prendre des domaines elementaires dont certains morceaux
tendent vers r0, 8r. Dautre part, ces domaines doivent contenir le point a 1
(le seul p
ole de f pz q) dans leur interieur si on veut que le theorème des residus donne
une information interessante, et ils doivent etre disjoints de r0, 8r puisque f nest pas
definie sur r0, 8r.
Ces remarques devraient rendre moins parachutee la definition qui suit : pour
et R verifiant 0 1 R, on notera KR le domaine elementaire de type
pac-man delimit
C t|z | , Repz q 0u, les deux segments
? e 2par le2 demi-cercle
ri, i ?R2 2 s, et larc de cercle R
IR ri, i
R s, IR

5. RESIDUS
98
?
tRei ; P r; s, || R u, où R arctan p{ R2 2q. Bien entendu, un dessin
est indispensable ici !
La fonction f est holomorphe dans et possède un pole simple en
1
i
Res pf, 1q
p1q e .
Comme
(2.1)
1, avec
1 P KR , la formule des residus secrit donc
f pz q dz 2i ei .
BKR
Quand tend vers 0, lintegrale

f z dz
pq
f pz q dz tend vers 0 car

32

eit
2
3
q p1
eit q

ieit dt

dt
|1 eit |
1
p 1 q
1
1
et 1.
2
2
ip1q
i p 1 q
Lintegrale R f pz q dz R R iR1 e1 Rei d tend vers 0 iR1 e1 Rei d
quand 0 (daprès le theorème de convergence dominee) car ,R tend vers 0 et la
fonction apparaissant sous lintegrale est integrable sur r0, 2 s.
Si t P s0, 8r, alors pt iq tend vers t et pt iq tend vers e2i t quand tend
vers 0 , car largument de t i tend vers 0 et celui de t i tend vers 2. Comme de
plus |f pt iy q| t p11 tq pour tout y P R et comme la fonction t t p11 tq est integrable
sur s0, Rs (car 1), on en deduit, à laide du theorème de convergence dominee,
R
que les integrales I f pz q dz et I f pz q dz tendent respectivement vers 0 t pdt
1 tq et
R
e2i 0 t pdt
1 tq quand tend vers 0.
En faisant tendre vers 0 dans (2.1), on obtient donc
(2.2)

1 e2i
R
0
dt
t p1 tq
pour tout R 1. Enfin, on a
i
0

2 1 ip1q
R
e

d

0
1 Rei
R1 eip1q
d
1 Rei
2i ei
RR 1 2 ,
0, on en deduit que lintegrale 02 R 1 eRep q d tend vers 0 quand

8. En faisant tendre R vers linfini dans (2.2), on obtient ainsi
p1 e2iqI 2i ei ,
do`
u finalement, en ecrivant 1 e2i ei pei ei q ei 2i sinpq :
I

sin
et comme
R tend vers
1 i 1
i
3. DENOMBREMENTS
DE ZEROS
ET DE POLES
99
3. D
enombrements de z
eros et de p
oles
3.1. Z
eros, p
oles et d
eriv
ee logarithmique. Dans ce qui suit, on dira quune
fonction meromorphe sur un ouvert C est non triviale si elle nest identiquement
nulle sur aucune composante connexe de .
finition 3.1. Soit f une fonction meromorphe non triviale sur un ouvert C.
De
Pour tout ensemble K , on note
NZ pf, K q le nombre de zeros de f dans K, comptes avec leurs multiplicites ;
NP pf, K q le nombre de poles de f dans K, comptes avec leurs multiplicites.
Remarque 1. Si K est compact, alors f na quun nombre fini de zeros et de poles
sur K, car lensemble des zeros et lensemble des poles de f nont pas de point daccumulation dans .
Remarque 2. Le sens de lexpression comptes avec leurs multiplicites est le suivant :
si a P K est un zero ou un p
ole de multiplicite m, alors a doit etre compte m fois dans
le calcul de NZ pf, K q ou NP pf, K q.
Exercice. Soit f pz q pz 1q2 pz 3q3 cospz q. Calculer NZ pf, Dp0, 2qq et NZ pf, Dp0, 5qq.
finition 3.2. Soit f une fonction meromorphe non triviale sur un ouvert
De
La d
eriv
ee logarithmique de f est la fonction (meromorphe) f 1 {f .
C.
Remarque. La non-trivialite de f entraine que f 1 {f est effectivement une fonction

meromorphe sur . Elle est definie sur zpP pf q Y Z pf qq, o`
u P pf q est lensemble des
poles de f .
Lexpression derivee logarithmique vient de la remarque suivante.
Exercice 1. Montrer que si f est une fonction holomorphe sur possèdant un logarithme holomorphe log f , alors f 1 {f plog f q1 .
Par ailleurs, la derivation logarithmique change les produits en somme (ce qui nest
bien entendu pas surprenant) :
Exercice 2. Montrer que si f et g sont deux fonctions meromorphes non triviales definies
sur un meme ouvert , alors pf g q1 {f g f 1 {f g 1 {g.
Le lien entre derivee logarithmique et nombre de zeros et/ou de poles est donnee
par la proposition suivante.
Proposition 3.3. Soit f une fonction meromorphe non triviale sur un ouvert C,
et soit K un domaine elementaire. On suppose que B K ne contient aucun zero et
aucun p
ole de f . Alors
1
2i
BK
f 1 pz q
dz
f pz q
NZ pf, K q NP pf, K q .
La preuve repose sur le theorème des residus et sur le lemme suivant.

Lemme 3.4. Soit f une fonction meromorphe au voisinage dun point a P C.
(1) Si a est un zero de f avec multiplicite m, alors Respf 1 {f, aq m.
(2) Si a est un p
ole de f avec multiplicite m, alors Respf 1 {f, aq m.

5. RESIDUS
100
monstration. Posons n m dans le cas (1), et n m dans le cas (2). Alors

De
on peut ecrire
f pz q pz aqn g pz q ,
o`
u g est holomorphe au voisinage de a et g paq 0. On a donc
n 1
1
ppzz aaqqn ggppzzqq
1
z n a ggppzzqq
f 1 pz q
f pz q
Comme g 1 {g est holomorphe au voisinage de a, on a Respg 1 {g, aq 0, do`

u
Res
f1
,a
f
Res
za
,a
0 n.
Preuve de la proposition 3.3. Notons a1 , . . . , , aM les zeros de f dans K, et

oles. Les multiplicites correspondants sont notees mi et mj .
a1 , . . . , aN les p
La fonction f 1 {f est holomorphe au voisinage de K zta1 , . . . , aM , a1 , . . . , aN u. Daprès
le theorème des residus et le lemme 3.4, on a donc
BK
f 1 pz q
dz
f pz q
2i
Res
i 1

2i
i 1
mi
f1
, ai
f
N
m
Res
j 1
f1
,a
f j
j 1
2i pNZ pf, K q NP pf, K qq .

3.2. Le th
eor`
eme de Rouch
e. Le resultat suivant signifie que si on veut calculer
le nombre de zeros dune fonction holomorphe f dans un certain domaine elementaire
K, on peut remplacer f par nimporte quelle fonction holomorphe g suffisamment
proche de f . Evidemment,
ceci nest interessant que si NZ pg, K q est facile à calculer.
On aura donc interet `
a chercher une fonction g la plus simple possible.
ore
`me 3.5. (theorème de Rouche)
The
Soit f une fonction holomorphe non identiquement nulle sur un ouvert connexe C,
et soit K un domaine elementaire. Soit egalement g 0 une autre fonction
holomorphe sur . On suppose quon a |f p q g p q| |g p q| pour tout P B K. Alors
g a le meme nombre de zeros que f dans K. De plus, tous ces zeros sont dans K.
Exemple. Cherchons le nombre de zeros de f pz q z 7 3z 4 2z 3 1 dans le disque
K Dp0, 2q. Si on pose g pz q z 7 et si P B K, i.e. | | 3, alors |f p q g p q|
|34 23 1| 3 24 2 23 1 65 et |gpq| 27 128. Daprès Rouche, on a
donc NZ pf, K q NZ pg, K q 7 (car g possède un zero de multiplicite 7 en z 0).
Remarque 1. Il est essentiel que linegalite |f p q g p q| |g p q| soit stricte pour que

la conclusion soit valable. Par exemple, si on prend f pz q z 1, g pz q 1 et K D,
alors f a un zero dans K (`
a savoir z 1) mais g nen a aucun. Pourtant, on a
|f pq gpq| || 1 |gpq| pour tout P BD.
3. DENOMBREMENTS
DE ZEROS
ET DE POLES
101
Remarque 2. Bien entendu, f et g nont pas necessairement les memes zeros, et les
multiplicites nont pas de raisons detre conservees. Par exemple, si f pz q z 3 1 et
g pz q z 3 , alors Rouche sapplique dans le disque K Dp0, 2q et on en deduit que
f et g ont 3 zeros dans K ; mais f a 3 zeros simples (les racines cubiques de 1) et g un
zero triple en 0.
La preuve du theorème de Rouche utilise les deux lemmes suivants.
Lemme 3.6. Soit f une fonction meromorphe non triviale sur un ouvert C, et soit
un chemin de classe C 1 par morceaux dans dont limage ne contient aucun zero et
aucun p
ole de f . Alors
1
dz
f p q
d

f
p
q
f z
monstration. Il suffit decrire les definitions.

De
Lemme 3.7. Si et sont deux lacets dans C , definis

le meme intervalle ra, bs,
sur
dz
tels que |ptq ptq| | ptq| pour tout t P ra, bs, alors z dz
z
monstration. Il suffit de montrer que et sont homotopes dans C . Par

De
hypothèse, on a |ptq | |ptq| | ptq| pour tout t P ra, bs. Geometriquement,
cela signifie que le segment rptq, ptqs ne passe jamais par 0. Par suite, si on definit
H : r0, 1s ra, bs C par H ps, tq p1 sq ptq s ptq, alors H est `
a valeurs dans
C , et est donc une homotopie dans C entre les lacets et .
Autre preuve. La demonstration qui suit est plus elementaire, car elle nutilise
pas linvariance de lintegrale curviligne par homotopie. Si on pose ptq ptq{ ptq,
alors | ptq 1| 1 pour tout t P ra, bs, autrement dit ptq P Dp1, 1q. Dautre part,
on sait que la determination principale du logarithme est holomorphe sur Dp1, 1q (car
Dp1, 1q CzR ) et quon a log1 pz q z1 Daprès le theorème fondamental de lanalyse,
dz
b p{ q1 ptq
on en deduit dz
erifier
z dplogq 0. Mais z a p{ qptq dt, et il est facile de v
dz dz
b 1 ptq b 1 ptq
p
{ q1
1
1
quon a { On obtient ainsi 0 a ptq a ptq dt z z , do`
u
le resultat.

ore
`me de Rouche
. Remarquons dabord que f et g nont aucun
Preuve du the
zero sur B K : si on avait f p q 0 pour un certain P B K, on obtiendrait |0 g p q|
|gpq| ; et si on avait gpq 0, on obtiendrait |f pq 0| 0.
Soit p1 , . . . , N q un parametrage admissible de B K. Daprès la proposition 3.3 et
le lemme 3.6, on a
1
f 1 p q
NZ pf, K q
d
2i BK f p q

et de meme :
NZ pg, K q
N
1
f 1 p q
d
2i j 1 j f p q
N
1
dz
,
2i j 1 f j z
N
1
dz
2i j 1 gj z

5. RESIDUS
102
Dautre part, en notant raj , bj s lintervalle de definition de j , on a par hypothèse

|f j ptq g j ptq| |g j ptq| pour tout j et pour tout t P raj , bj s. Daprès le
dz
lemme 3.7, on en deduit g dz
equent
z f z pour tout j P t1, . . . , N u, et par cons
NZ pf, K q NZ pg, K q.
j
Corollaire 3.8. Soit f une fonction holomorphe non constante sur un ouvert connexe
C, et soit K un domaine elementaire. Pour tout w P C, notons N pf, w, K q le
nombre de solutions de lequation f pz q w dans K, comptees avec leurs multiplicites :
N pf, w, K q NZ pf
w, K q .
Alors lapplication w N pf, w, K q est localement constante sur louvert Czf pB K q :

pour tout point w0 P Czf pB K q, on a N pf, w, K q N pf, w0 , K q au voisinage de w0 .
monstration. Fixonx w0 P Czf pB K q. Comme B K est compact, on peut trouDe

ver 0 tel que |f p q w0 | pour tout P B K. Si w P C verifie |w w0 | , alors
w R f pB K q par definition de , et on a
|pf pq wq pf pq w0q| |w w0| |f pq w0|
P BK. Daprès le theorème de Rouche, on a donc

N pf, w, K q NZ pf w, K q NZ pf w0 , K q N pf, w0 , K q
pour tout w P Dpw0 , q.
pour tout
3.3. Trois exemples dapplication.

Exemple 1. Le theorème fondamental de lalgèbre.
Soit P pz q a0 a1 z aN z N un polynome de degre N 1 (à coefficients
complexes). On va montrer `
a laide du theorème de Rouche que P possède N racines
complexes (comptees avec leurmultiplicite).

aN 1
a0
1
1
, on voit que P pz q

En ecrivant P pz q aN z N 1
N

1
aN
z
aN
z
aN z N quand |z | 8. On peut donc trouver R 0 tel que

|z| R |P pzq aN zN | 12 |aN zN | .
Posons alors K Dp0, Rq. Si P B K, on a
|P pq aN N | 12 |aN N | |aN N |
car evidemment aN N 0. Daprès Rouche applique avec f P et g pz q aN z N , on
en deduit
N pP pz q, 0, K q N paN z N , 0, K q N
car z 0 appartient `
a K et est racine de z N avec multiplicite N . Ainsi, P a au moins
N racines complexes, et bien entendu au plus N puisque deg P N .
Exemple2. Le theorème de lapplication ouverte.
Le theorème suivant a dejà ete demontre à laide du principe du maximum. On va

en donner une autre preuve basee sur le corollaire 3.8.
ore
`me 3.9. Si f est une fonction holomorphe non constante sur un ouvert connexe
The
C, alors f est une application ouverte : limage par f de tout ouvert V C est
un ouvert de C.
3. DENOMBREMENTS
DE ZEROS
ET DE POLES
103
monstration. Fixons un ouvert V et un point a P V , et posons b f paq.

De
On cherche 0 tel que Dpb, q f pV q.
Comme f nest pas constante et que connexe, le principe des zeros isoles (applique
à g pz q f pz q b) permet de choisir r 0 tel que Dpa, rq V et f pz q b pour tout
z P Dpa, rqztau. En posant K Dpa, rq, on a donc b R f pB K q.
Daprès le corollaire 3.8, on peut trouver 0 tel que N pf, w, K q N pf, b, K q
pour tout w P Dpb, q. Comme b f paq et a P K, on a N pf, a, K q 1, et donc
N pf, w, K q 1 pour w P Dpb, q. Ainsi, pour tout w P Dpb, q, lequation f pz q w
possède au moins une solution dans K, et donc dans V . Autrement dit, Dpb, q
f p V q.

Exercice. Deduire le principe du maximum du theorème de lapplication ouverte.
Exemple 3. Fonctions holomorphes injectives.
Comme autre illustration du corollaire 3.8, on va maintenant demontrer le resultat
suivant.
Proposition 3.10. Soit un ouvert de C. Si f est une fonction holomorphe injective
sur , alors f 1 ne sannule pas sur .
monstration. En considerant separement chaque composante connexe de ,
De
on se ramène au cas o`
u est connexe.
Soit f : C holomorphe injective, et supposons quon ait f 1 paq 0 pour un
certain a P . Comme f nest pas constante (et donc f 1 0), le principe des zeros isoles
permet de trouver r 0 avec Dpa, rq tel que les deux proprietes suivantes soient
verifiees : f pz q f paq pour tout z P Dpa, rqztau, et f 1 ne sannule pas sur Dpa, rqztau.
Posons K Dpa, rq et b f paq, de sorte que b R f pB K q. Si on pose g pz q f pz q b,
alors g paq 0 et g 1 paq f 1 paq 0. Donc le point a est un zero de g f b avec
une multiplicite au moins egale à 2, et comme a P K on en deduit N pf, b, K q 2.
Daprès le corollaire 3.8, on a N pf, w, K q 2 pour tout w suffisamment proche de b ;
en particulier, on peut trouver w0 b tel que N pf, w0 , K q 2.
Deux cas sont alors possibles : ou bien on peut trouver 2 points distincts z1 , z2 P K
tels que f pz1 q w0 f pz2 q ; ou bien on peut trouver un point z0 P K tel que
f pz0 q w0 et f 1 pz0 q 0. Le premier cas est exclu par injectivite de f ; et le deuxième
est egalement exclu car la seule racine de f 1 dans K est la point a et f paq b w0 .
On a ainsi obtenu une contradiction.

Corollaire 3.11. Si f : 1 est une bijection holomorphe dun ouvert C sur
un ouvert 1 , alors f 1 est holomorphe sur 1 .
monstration. La fonction f nest constante sur aucune composante connexe

De
de , donc f pV q est un ouvert de C (et donc de 1 ) pour tout ouvert V , daprès
le theorème de lapplication ouverte. Autrement dit : pf 1 q1 pV q est ouvert pour tout
ouvert V , ce qui signifie que f 1 est continue sur .
La continuite de f etant acquise, on peut maintenant montrer, exactement comme
dans le cas des fonctions dune variable reelle, que f 1 est C-derivable en tout point,
avec
pf 1q1pzq f 1pf 11pzqq
pour tout z P 1 . (Les details sont laisses en exercice). Comme f 1 f 1 est continue, pf 1 q1 est continue, donc f 1 est holomorphe. (On peut aussi appliquer CauchyGoursat, mais ce nest pas indispensable).
104
5. RESIDUS
Remarque. On aurait pu proceder très differemment, en utilisant le th

eor`
eme dinversion locale. En effet, comme f est holomorphe le determinant jacobien de f en
tout point z P est egal `
a |f 1 pz q|2 (voir le chapitre 1, corollaire 2.11) ; donc Jf ne
sannule jamais, et daprès le theorème dinversion locale on en deduit que f est
un diffeomorphisme de sur 1 , autrement dit que g f 1 est de classe C 1 . En
differentiant la relation f g pz q z, on obtient alors pf 1 g q dg dz, autrement dit
1 est holomorphe, avec la formule attendue pour
dg f 1 pdz
g pz q Cela montre que g f
p f 1 q1 .
Corollaire 3.12. Si f est une fonction holomorphe injective sur un ouvert
alors 1 f pq est un ouvert de C et f est un diffeomorphisme de sur 1 .
C,
monstration. Le fait que 1 soit ouvert vient par exemple du theorème de

De
lapplication ouverte, donc on peut appliquer le corollaire precedent. On peut aussi
appliquer la proposition et le theorème dinversion locale.
Exercice. Soit f une fonction holomorphe injective sur le disque unite D,

f pz q
cn z n .
n 0
En utilisant le theorème de changement de variable, un passage en coordonnees polaires

et lidentite de Parseval, montrer que laire de f pDq est donnee par la formule
airepf pDqq
n 0
n |cn |2 .
CHAPITRE 6
Suites, int
egrales et produits infinis
1. Suites et int
egrales
1.1. Majoration de la d
eriv
ee. Tous les resultats theoriques de ce chapitre vont
decouler du lemme très simple suivant. Pour tout compact K C, on posera
t P C; distp, K q u .
Lemme 1.1. Etant

donne 0, il existe une constante C pq verifiant la propriete
suivante : pour tout compact K C et pour toute fonction f holomorphe au voisinage
de K , on a
sup |f 1 pz q| C pq sup |f p q| .
z K
monstration. Soit f une fonction holomorphe sur un ouvert contenant K .

De
Pour tout z P K, le disque Dpz, q est contenu dans K , donc dans . Daprès la
formule de Cauchy derivee une fois, on a donc
1
f p q
1
f pz q
d .
2i BDpz,q p z q2
On en deduit
|f pq| |d|
|
BDpz,q z |2
!
)
sup |f pq|; P BDpz, q 21
|f 1pzq|
1
2
1
sup |f p q| .
PK
|d|
BDpz,q 2
P K est arbitraire, cela demontre le lemme avec C pq 1 .

Remarque. Le point essentiel est que la constante C pq ne d
epend pas de la fonction
Comme z
f holomorphe au voisinage de K .
1.2. Suites de fonctions holomorphes. On sait bien que si une suite pfn q de
fonctions de classe C 1 sur un intervalle de R converge uniformement, alors sa limite f
na aucune raison detre encore de classe C 1 : pour pouvoir conclure à coup sur que f
est de classe C 1 , on doit par exemple supposer que la suite des derivees pfn1 q converge
uniformement. La situation est très differente lorsquon considère des fonctions holomorphes : il nest plus necessaire de faire une hypothèse sur les derivees, car la propriete
que lon souhaite est automatiquement satisfaite. Cest le contenu du theorème suivant.
ore
`me 1.2. Soit pfn q une suite de fonctions holomorphes sur un ouvert C.
The
On suppose que la suite pfn q converge uniform
ement sur tout compact vers une
fonction f : C. Alors f est holomorphe et fn1 f 1 uniformement sur tout
compact.
105
106
6. SUITES, INTEGRALES
ET PRODUITS INFINIS
monstration. Soit K un compact quelconque de , et choisissons

De
que K . Daprès le lemme 1.1, on a
0 tel
sup |fq1 fp1 | C pq sup |fq fp |

K
pour tous p, q P N. Comme la suite pfn q converge uniformement sur le compact K , on

en deduit que la suite des derivees pfn1 q verifie le crit`
ere de Cauchy uniforme sur
1
tout compact K . Par consequent, la suite pfn q converge uniformement sur tout
compact vers une fonction g : C, necessairement continue car les fn1 le sont.
Comme dfn fn1 dz, cela signifie que la suite des differentielles pdfn q converge
uniformement sur tout compact vers g dz. Daprès le theorème standard sur les
suites de fonctions de classe C 1 , on en deduit que la fonction f est de classe C 1 sur ,
avec df g dz. Autrement dit, f est holomorphe et f 1 g.

Remarque. Pour montrer que la fonction f est holomorphe, on peut egalement utiliser le
th
eor`
eme de Morera (theorème 2.1 du chapitre 4). Tout dabord, la convergence uniforme sur tout compact entraine la continuite de f , car les fn sont continues.
Ensuite,
si R est un rectangle contenu dans , alors BR fn pz q dz tend vers BRf pz q dz quand

n 8, par
convergence uniforme de pfn q sur le compact B R ; et donc BR f pz q dz 0
puisque BR fn pz q dz 0 pour tout n (daprès le theorème de Cauchy). En revanche,
la convergence des derivees ne se deduit pas du theorème de Morera.
Corollaire
1.3. Soit puk qkPN une suite de fonctions holomorphes sur . Si laserie
uk converge normalement sur tout compact de , alors la fonction f 8

0 uk
est holomorphe sur .
monstration. On applique le theorème aux sommes partielles fn
De
nk0 uk .
Exemple 1.4. La serie n1 n1s converge normalement sur tout compact de ts P

C; Repsq 1u. Par consequent, la formule
psq
8 1
s
n
n 1
definit une fonction holomorphe sur . Cette fonction sappelle la fonction Zeta de
Riemann.
monstration. Si K est un compact de tRe
De
u, on peut trouver
1 psq 1
1

1 tel que Repsq pour tout s P K. On a alors ns nRepsq n1 pour tout
s P K, ce qui prouve la convergence normale de la serie.

1.3. Int
egrales `
a param`
etres.
ore
`me 1.5. Soit F : I C, o`
The
u I est un intervalle de R et un ouvert de C.
On fait les hypothèses suivantes .
(i) F pt, z q est mesurable en t P I, et holomorphe en z P .
(ii) Pour tout compact K , on peut majorer |F pt, z q| pour z P K par une
fonction gK ptq ind
ependante de z et integrable sur I.
Alors la formule
f pz q
F pt, z q dt

1. SUITES ET INTEGRALES
107
a un sens pour tout z P et definit une fonction holomorphe sur . De plus, on peut
n
deriver sous lintegrale : pour tout z P et pour tout n P N, la fonction t BBzFn pt, z q
est integrable sur I et
n
B F pt, zq dt .
f pnq pz q
n
I Bz
Remarque. Lhypothèse de domination (ii) est satisfaite si lintervalle I est born
e
et si on peut majorer |F pt, z q| par une constante pour z P K. En particulier : si I
est un intervalle compact et si F : I C est continue par rapport au couple de
variables pt, z q et holomorphe par rapport `
a z P , alors le theorème sapplique.
ore
`me. Comme |F pt, z q| gtz u ptq, la fonction t F pt, z q est
Preuve du the
integrable sur I pour tout z P , donc f pz q est bien defini.
Soit K un compact quelconque de , et soit K 0 tel que K . Daprès
le lemme 1.1, on a

F
sup
t, z
z
B p q C pq sup |F pt, q|

z PK B
PK
C pq gK ptq
B
F
B
F
pour tout t P I. Comme Bx pt, q Bz pt, q et BBFy pt, q i BBFz pt, q, on a donc

BF

BF

B x pt, z q hK ptq et B y pt, z q hK ptq
pour tout t P I et pour tout z P K, o`
u hK C pK q gK est integrable sur I et
independante de z P K.
Ceci etant vrai pour tout compact K , cela montre que la fonction F verifie les
hypothèses du theorème usuel concernant la derivabilite des integrales à paramètres.

Par consequent, la fonction f est de classe C 1 sur et ses derivees partielles sobtiennent
en derivant sous lintegrale.
En particulier, on a
Bf pzq BF pt, zq dt 0
Bz
I Bz
pour tout z P , donc f est holomorphe ; et on a
B
f
BF
1
f pz q
Bz pzq I Bz pt, zq dt .
Enfin, ce qui precède montre que la fonction BBFz verifie les memes hypothèses (i)
n
et (ii) que F , et par recurrence on voit quil en est de meme pour toutes les BBzFn . On
peut donc calculer les derivees successives de f en derivant sous lintegrale.
Corollaire 1.6. Soit : ra, bs C un chemin de classe C 1 par morceaux dimage

, et soit un ouvert de C. Si F : C est une fonction continue telle que,
pour tout
P , la fonction z F p, z q est holomorphe sur , alors la formule
f pz q F p, z q d definit une fonction holomorphe sur .
b
monstration. Par definition, on a f pz q a F p ptq, z q 1 ptq dt. Si K est un

De
compact de , la fonction continue pt, z q F p ptq, z q est bornee sur le compact
r0, 2s K, disons |F pt, zq| MK ; et on a alors |F p ptq, zq 1ptq| MK | 1ptq| gK ptq
pour z P K. La fonction gK est integrable sur ra, bs car continue par morceaux, et par
consequent le theorème sapplique.
108
ET PRODUITS INFINIS
Remarque 1. Le theorème 1.5 reste valable, avec la meme demonstration, en remplacant

lintervalle I muni de la mesure de Lebesgue par un espace mesure pI, A, q.
Remarque 2. Comme pour le theorème 1.2, lholomorphie de la fonction f peut se
deduire du theorème de Morera. Les details constituent un bon exercice : il faut
dabord
verifier la continuite de f , puis utiliser le theorème de Fubini pour montrer
que BR f pz q dz 0 pour tout rectangle R .

Exemple 1.7. Soit tz
P C; Repzq 0u. La formule

8
tz 1 et dt
pz q
0
definit une fonction holomorphe sur . Cette fonction sappelle la fonction Gamma
dEuler.
monstration. La fonction F : s0, 8r C definie par F pt, z q tz 1 et est
De
mesurable en t P s0, 8r et holomorphe en z P . De plus, on a
|F pt, zq| tRepzq1et
pour tout pt, z q P s0, 8r.

Si K est un compact de , on peut trouver a 0 et b 8 tels que a Repz q b
pour tout z P K. On a alors tRepz q1 ta1 si t P s0, 1r et tRepz q1 tb1 si t 1, pour
tout z P K. On obtient ainsi |F pt, z q| gK ptq, o`
u
gK ptq
"
ta1 et si 0 t 1
tb1 et si
t1
La fonction gK est integrable sur s0, 1s car elle est continue avec gk ptq ta1 au
voisinage de 0 et a 1 1 ; et elle est integrable sur r1, 8r car gK ptq Op1{t2 q en
8. Donc gK est integrable sur s0, 8r.
Daprès le theorème 1.5, on peut donc conclure que est (bien definie et) holomorphe sur .
Exercice. Montrer quon a pz

de pn 1q pour n P N.
1q
z pzq pour tout z P , et en deduire la valeur
1.4. Une autre approche. Dans cette sous-section, on donne des demonstrations
un peu differentes des theorèmes 1.2 et 1.5. Tout repose sur la formule de Cauchy et
sur le lemme suivant, qui a ete demontre au chapitre 3 (lemme 1.2 de ce chapitre).
Lemme 1.8. Soit un chemin de classe C 1 par morceaux dans C, dimage , et soit
: C une fonction continue. Alors la fonction u : Cz C definie par
upz q
est holomorphe sur Cz.
p q
d
z
`me preuve du the

ore
`me 1.2. Pour montrer que f lim fn est holoDeuxie
morphe sur , il suffit de verifier quelle lest sur tout disque ouvert D tel que D ;
fixons un tel disque D Dpz0 , rq. On utilisera le fait suivant (consequence immediate
de linegalite triangulaire) : si z P D et si on pose pz q r |z z0 |, alors
@ P B : | z| pzq .
(Le point important est que pz q ne depend pas de P B D).

1. SUITES ET INTEGRALES
Si z
P D, alors
(1.1)
fn pz q
1
2i
BD
fn p q
d
z
pour tout n P N, daprès la formule de Cauchy. De plus, fnpzq tend vers

formement sur B D. En effet, comme |z | pz q pour tout P B D, on a
109
pq
uni-
f
z

fn

z
p q f pq |fnpq f pq| ;

z
p z q
do`
u le resultat puisque fn p q f p q uniformement sur le compact B D. Comme on
integre sur un compact, on peut donc passer à la limite dans (1.1) et on obtient
fn p q
1
d
f pz q
2i BD z
pour tout z P D. Daprès le lemme 1.8, cela prouve que f est holomorphe sur D.
Pour montrer que fn1 tend vers f 1 uniformement sur tout compact de , il suffit
de verifier la convergence uniforme sur tout disque ferme D . En effet, si K est
un compact quelconque de , on peut trouver des disques ouverts D1 , . . . , DN tels que
Di pour tout i et K D1 Y Y DN . Si on sait montrer que fn1 f 1 uniformement
sur chaque Di , on aura prouve que fn1 f 1 uniformement sur K.
Fixons un disque ferme D Dpz0 , rq . Choisissons egalement 0 tel que
Dpz0 , r1 q , et posons Dpz0 , r q. Daprès linegalite triangulaire, on a
alors
(1.2)
Si z
P D, alors
@z P D @ P B : | z| .
f p q
d ,
2i B p z q2
daprès la formule de Cauchy derivee une fois. De meme, on a
1
fn p q
1
fn pz q
d .
2i B p z q2
pour tout n P N. On en deduit
1
1
1
|fnpzq f pzq| 2 |fnp|qzf|2pq| |d|
BD
1
|fnpq f pq| |d|
2
2
BD
1
f 1 pz q
o`
u on a utilise (1.2). Comme fn p q f p q uniformement sur le compact B et comme
la majoration ne depend pas de z P D, cela montre que fn1 pz q f 1 pz q uniformement
sur D.

`me preuve du the
ore
`me 1.5. Si on utilise lhypothèse de domination
Deuxie
(ii) avec K tz u, on obtient |F pt, z q| gtz u ptq. Par consequent, la fonction t F pt, z q
est integrable sur I, et donc f pz q est bien defini pour tout z P .
La continuite de f sur decoule du theorème de continuite pour les integrales `
a
paramètres, ou directement du theorème de convergence dominee (ce qui revient au
meme) : si pzn q est une suite de points de convergeant vers un point z P , alors

ET PRODUITS INFINIS
110
Fn ptq : F pt, zn q tend vers F pt, z q pour tout t P I par continuite de F pt, q, et en
notant K le compact tz u Y tzn ; n P Nu, on a |Fn ptq| gK ptq pour tout n ; donc
f pzn q I F pn ptq dt tend vers I F pt, z q dt f pz q par convergence dominee.
Pour montrer que f est holomorphe sur , il suffit (comme dhabitude) de verifier
quelle lest sur tout disque ouvert D tel que D . Fixons un tel disque D Dpz0 , rq.
Comme F pt, z q est holomorphe en z, on a
F pt, z q
pour tout t P I et pour tout z
1
2i
BD
F pt, q
d
z
P D, daprès la formule de Cauchy. Par consequent,
f pz q
F pt, z q dt
I

F pt, q
1
2i
d dt
I
BD z

d
1
F pt, q dt
2i
z
BD I
1
f p q
2i
d
BD z
o`
u on a utilise le theorème de Fubini. Daprès le lemme 1.8, on en deduit que f est
holomorphe sur D.
Pour justifier lutilisation du theorème de Fubini, il suffit de verifier quon a
| 8.
|F pt, q| dt ||d

z|
BD I
En posant K B D, on a |F pt, q| gK ptq, donc I |F pt, q| dt C I gK ptq dt pour

tout P B D et donc
|
d |
| 8
|F pt, q| dt | z| C ||d
z|
BD
car la fonction
BD
|z| est continue et donc bornee sur BD.

1
Pour montrer quon peut calculer les derivees de f en derivant sous lintegrale,
fixons un point z0 P . Choisissons r 0 tel que Dpz0 , rq , et posons D Dpz0 , rq.
Daprès la formule de Cauchy derivee, on a
n!
f pnq pz0 q
Comme f p q
2i
f p q
p

z0 q n
BD
F pt, q dt, on obtient donc

f pnq pz0 q

n!
2i
BD
F pt, q dt
F pt, q
n!
2i
p
B D z0 q n
I n
B F pt, z q dt ,
0
n
I Bz
d .
d
p z 0 qn
d dt
o`
u on a utilise le theorème de Fubini à la deuxième ligne, et la fomule de Cauchy
n
derivee pour F pt, q `
a la troisième. La fonction t BBzFn pt, z0 q est bien integrable sur I
2. PRODUITS INFINIS
car en posant K
BD, on a
n

B F

B z n pt, z0 q
111
n!
F t,

2i
B D z0 n
p q
p q
gK ptq
|d|
rn 1

d
n!
2 BD
n!
gK ptq .
rn
Enfin, la justification du recours au theorème de Fubini est laissee en exercice.
2. Produits infinis
finition 2.1. Soit pan qn0q une suite de nombres complexes. On dit que le produit
De
N
infini
an est convergent si la suite des produits partiels
P

N
n0 an admet
8
une limite dans C quand N 8. Cette limite se note alors n0 an .
Dans tout ce qui suit, on notera log la determination principale du logarithme dans
C . Rappelons quon a par definition
logpz q log |z |
i argpz q
pour tout z P C , o`
u largument est pris dans s , s. Rappelons egalement que log
nest pas continue sur C , mais quelle est holomorphe sur CzR , avec log1 pz q z1
Proposition 2.2. Soit pfn qn0 une suite

de fonctions `
a valeurs complexes definies sur
un ensemble . On suppose que la serie p1 fn q est normalement convergente
sur .
(i) Le produit infini
fn pz q est uniformement convergent sur .
(ii) Si les fn ne sannulent pas, alors la serie logpfn q est uniformement convergente,
S pz q , o`
u S 8
et
on a 8
0 logpfn q. En particulier, la fonction f
0 fn pz q e
8
f
ne
sannule
pas
sur
.
0 n
Pour la demonstration, on a besoin du lemme suivant.
Lemme 2.3. Si h P C verifie |h| 1{2, alors | logp1
hq| 2 |h|.
monstration. Lenonce du lemme a un sens car on a certainement 1 h 0.

De
La fonction log est holomorphe au voisinage du segment r1, 1 hs car r1, 1 hs
Dp1, 1{2q CzR . Daprès le theorème fondamental de lanalyse, on a donc
logp1
hq

logp1q
1
0
et par consequent
1
0
h
1
th
log1 p1
thq h dt
dt
|h| dt 2 |h| ,
0 1 |th|
o`
u la deuxième inegalite vient du fait que |th| |h| 1{2.
| logp1
hq|

ET PRODUITS INFINIS
112
Preuve de la proposition 2.2. (i) Par hypothèse, 1 fn pz q tend vers 0 uniformement sur , donc on peut trouver un entier N0 tel que |1 fn pz q| 1{2 pour
tout n N0 et pour tout z P . Daprès le lemme 2.3, on a alors fn pz q 0 et
| logpfnpzqq| | logp1 pfnpzq 1qq|

2 |fnpzq 1|
pour tout n N0 et pour tout z P . On en deduit que la serie nN logpfn pz qq

converge normalement (donc uniformement) sur . Notons S0 pz q la somme de cette
0
serie.
Pour N
0, posons PN pzq Nn0 fnpzq. Si N N0, alors

P N pz q

f0 pz q fN0 pz q
PN0 pz q exp
fn pz q
n N0 1
N
fn pz q .

Par consequent, PN pz q tend vers PN0 pz q eS0 pz q quand N tend
vers linfini. De
plus, la convergence est uniforme par rapport à z P car la serie nN0 logpfn q est
n N0 1
uniformement convergente, la fonction exponentielle est uniformement continue sur les
parties bornees de C, et la fonction PN0 est born

etails constitue un
ee. (Ecrire les d
exercice très profitable). Ainsi, le produit infini fn pz q est uniformement convergent.
(ii) On garde les notations de la preuve de (i). Comme les fnne sannulent pas, les
fonctions logpfn q sont bien definiespour tout n 0, et la serie n0 logpfn q converge
uniformement sur car la serie nN0 logpfn q converge uniformement. Daprès la
preuve de (i), on a
fn pz q
f0 pz q fN0 pz q exp
n 0

exp
eS pz q .
N0
n 0
logpfn pz qq
logpfn pz qq
n N0 1
exp
logpfn pz qq
n N0 1
Corollaire
2.4. Si pan qnPN est une suite de nombres complexes
erie
telle que la s
p1 anq est absolument convergente,
alors
le
produit
infini
a
est
convergent
;
n
et si de plus an 0 pour tout n, alors 8

a

0.
n
0
monstration. On applique la proposition avec un ensemble reduit a` un
De
point a et fn paq an .
Exercice
1. Soit pan qnPN une suite
8 de nombres complexes. Montrer que si le produit
infini an est convergent et si 0 an 0, alors an 1 quand n 8.
Exercice 2. En utilisant un developpement

limite, montrer que si pan q est
8
une suite
2
de nombres complexes telle que 0 |an | 8, alors le produit infini
cos an est
convergent.
On peut maintenant enoncer le resultat de base concernant les produits infinis de
fonctions holomorphes.
2. PRODUITS INFINIS
113
ore
`me 2.5. Soit un ouvert de C, et soit pfn qn0 une suite de fonctions holoThe
morphes sur . On suppose que la serie p1 fn q converge normalement sur tout

compact de .
(1) Le produit infini

fn pz q converge uniformement sur tout compact de , et la
f
fonction f 8
0 n est holomorphe sur .
(2) On a Z pf q n0 Z pfn q, et la multiplicite dun zero a

multiplicites de a comme zero des fn .
P Z pf q est la somme des
(3) Si les fn ne sannulent pas, alors f ne sannule pas et la derivee logarithmique de

f est donnee par la formule
f 1 pz q
f pz q
8 f1 z
q,
f pz q
n0 n
o`
u la serie converge uniformement sur tout compact de .
monstration. Lhypothèse entraine que la serie p1 fn pz qq est absolument

De
convergente pour tout z P (car tz u est un compact de !), donc la fonction f est
bien definie sur daprès le corollaire 2.4.
Supposons dabord que la serie p1 fn q soit normalement convergente sur tout

entier.
(1) Par la proposition 2.2, le produit infini

fn pz q converge uniformement sur
. Dapr`
e
s
le
th
e
or`
e
me
1.2,
la
fonction
f
est
holomorphe
car les produits partiels
PN N
f
le
sont.
0 n
(2) Par hypothèse, 1 fn pz q tend vers 0 (i.e. fn pz q 1) uniformement sur . On
peut donc trouver un entier N tel que fn ne sannule pas pour n N . Daprès la
proposition 2.2, on peut alors ecrire
o`
u S pz q
N 1 log
f pz q f0 pz q fN pz q eS pz q ,
pfnpzqq. Comme eS ne sannule pas, on a donc

Z pf q Z pf0 fN q

8
Z pfn q
n 0
Z pfn q ,
n 0
car Z pfn q H si n N . Enfin, lassertion concernant les multiplicites est claire.

(3) Soit N0 tel que |1 fn pz q| 1{2 pour tout n N0 et pour tout z P . Alors
fn est `
a valeurs dans Dp1, 1{2q CzR pour n N0 , donc logpfn q est holomorphe sur
. Daprès la proposition 2.2, on a
f pz q P0 pz qeS0 pz q ,
o`
u P0 f0 fN0 et S0 8
erie etant uniformement convergente sur
N0 1 logpfn q, la s
. Daprès le theorème 1.2, la fonction S0 est holomorphe sur avec
S01 pz q
plog fnq1pzq
n N0 1
n N0
fn1 pz q
,
f
p
z
q
n
1
114
ET PRODUITS INFINIS
o`
u la serie converge uniformement sur tout compact de . Comme de facon generale,
la derivee logarithmique dun produit est la somme des derivees logarithmiques des
q1 u1 v1 ), on en deduit
termes du produit (autrement dit : puv
uv u
v
f1
f

P01
P0
pe S q1
0
eS0
N0
fn1
S01
f
n0 n
8 f1
fn
n 0
o`
u la serie converge uniformement sur tout compact.
Traitons maintenant le cas general, o`
u on suppose seulement que la serie
converge normalement sur tout compact de .
Pour k P N , posons
k
p1 fnq
tz P C; |z| k et distpz, Czq 1{ku .
On verifie facilement les deux proprietes suivantes (details laisses en exercice) :

(i) les k sont ouverts, et les k sont des compacts contenus dans ;
(ii) tout compact K est contenu dans un k .
Par (i), on peut appliquer le 1er cas à chaque k ; et par (ii), on en deduit le theorème
pour .
finition 2.6. Sous lhypothèse du theorème (convergence normale de la serie p1

De
fn q sur tout compact), on dira que le produit infini

fn converge normalement
sur tout compact de .
3. Zeta, Gamma et le sinus
3.1. D
eveloppement de 1{ en produit infini. Rappelons que la fonction
est definie sur ts P C; Repsq 1u par la formule
psq
8 1
s
k
k 1
Dans ce qui suit, on notera ppn qn0 la suite des nombres premiers ranges par ordre
croissant : p0 2, p1 3, p2 5, ...
Lemme 3.1. Le produit infini
de tRepsq 1u.
n 0
1
1
psn
converge normalement sur tout compact
monstration. En posant fn psq 1

De
|1 fnpsq|

1

ps
n
1
psn
, on a
1
pq,
Re s
pn
et comme pn n pour tout n on en deduit sans difficulte que la serie

converge normalement sur tout compact de .
p1 fnq
3. ZETA, GAMMA ET LE SINUS
115
ore
`me 3.2. Si s P C verifie Repsq 1, alors psq 0 et
The
1
psq
1
1
psn
n 0
monstration. Fixons s verifiant Repsq 1. Avant de commencer, faisons une

De
remarque utile pour la suite : comme la serie m1 m1s est absolument convergente,
toutes ses sous-series sont convergentes, donc la somme
1
ms
mPA
a un sens pour tout ensemble A N .
Pour N P N, posons PN psq N

1
0
psq P0 psq
1
psn
ps q

. On a
1
8 1
s
k
k 1

8 1
ks
k 1
m A0
1
2s
1
1
psn
p2kqs
k 1
1
.
ms
o`
u A0 est lensemble des entiers m 1 non divisibles par p0
De meme, on trouve
psq P1 psq
psqP0psq

k A0
m A1
ks
1
k A0
1
3s
2.
1
p3kqs
1
,
ms
o`
u A1 est lensemble des entiers m P A0 qui ne sont pas de la forme 3k o`
u k P A0 , cestà-dire exactement lensemble des entiers m 1 qui ne sont divisibles ni par p0 2, ni
par p1 3. (On utilise ici le fait que lensemble t3k; k P A0 u est contenu dans A0 , et
est donc exactement lensemble des entiers m P A0 qui sont divisibles par 3. Ceci est
vrai car p0 2 et p1 3 sont premiers entre eux).
Par recurrence, on obtient
psqPN psq
m AN
1
ms
pour tout N P N, o`
u AN est lensemble des entiers m
aucun des nombres premiers p0 , . . . , pN .
1 qui ne sont divisibles par

ET PRODUITS INFINIS
116
Par definition de AN , on a m pN pour tout m P AN different de 1 (le plus petit

diviseur premier de m doit etre strictement plus grand que pN ), et donc

1

s
mPAN zt1u m
| psqPN psq 1|
m pN
pour tout N P N. Comme pN

N 8. On obtient ainsi
|ms|
8, on en deduit que psqPN psq tend vers 1 quand
psq
1
n 0
1
psn
1,
ce qui termine la demonstration.

Corollaire 3.3. La serie
est divergente.
pn
monstration. Si cette serie etait convergente, alors la serie

De

malement convergente sur 1, , puisque p1s
n
r 8r
1
proposition 2.2, le produit infini

8
1
psn
1
pn
pour tout s
1
psn
serait nor-
1. Daprès la
serait donc uniformement convergent sur
r1, 8r, avec 0 1 p1 0 car 1 p1 0 pour tout n. La fonction f definie
par f psq
1 p1 serait alors continue sur r1, 8r, avec f p1q 0. Comme
f psq 1{ psq pour s 1, on en deduirait que psq admet une limite finie quand
s 1 . Mais daprès le theorème de convergence monotone (pour les series), on a
n
s
n
lim psq
8 1
k
8.
k 1

3.2. D
eveloppement de 1{ en produit infini. Rappelons que la fonction
est definie sur tz P C; Repz q 0u par la formule
pz q
tz 1 et dt .
Dans cette sous-section, on va developper la fonction 1{ en produit infini. Pour

ce faire, on aura besoin de trois lemmes dinteret independant.
Lemme 3.4. Pour tout z
P C verifiant Repzq 0, on a
pz q lim
8 z pz
n! nz
1q pz
monstration. Commencons par verifier que

De
( )
pz q lim
t
z 1
1
t
n
nq
dt .
On sait que pour tout t 0, on a
t
et lim 1
n8
n
De plus, si n 1 et si t P s0, nr alors

0
car log 1
t
n
1
t
n
117
en logp1 q et ,
t
n
nt Donc, si on fixe z et si on pose

fn ptq 1s0,nr ptq t
1
z 1
t
n
alors la suite pfn q converge simplement sur s0, 8r vers f ptq tz 1 et , et |fn ptq| |f ptq|
pour tout n 1. Comme la fonction f est integrable sur s0, 8r, on peut donc appliquer
le theorème de convergence dominee pour obtenir ().
Maintenant, posons
In pz q
t n
dt .
n
t
n , on trouve
tz 1 1
En effectuant le changement de variable u

I n pz q

z
0
uz 1 p1 uqn du
nz Jn pz q .
Ensuite, on integre par parties Jn pz q en primitivant uz 1 et en derivant p1 uqn ,

ce qui donne

1
uz
n 1 z
Jn pz q
p
1 uqn
u p1 uqn1 du
z
z
0
0
n
z Jn1pz 1q
pour tout n 1 et pour tout z verifiant Repz q 0. Par recurrence, on en deduit
n!
Jn pz q
J0 pz nq .
z pz 1q pz n 1q
Comme J0 pz
nq
1
0
uz
n 1 du
z 1 n , on obtient finalement
I n pz q
z pz
n! nz
1q pz
nq
pour tout n 1, ce qui termine la demonstration daprès ().

n
Lemme 3.5. La suite pn qn1 definie par n k1 k1 log n est convergente, et sa
limite est strictement positive. Le nombre sappelle la constante dEuler.
monstration. Pour t 1, posons f ptq 1{t. On a ainsi
De
n
f pk q
k 1
On en deduit
n
n f pn
1q
f ptq dt .
n
n
f ptq dt 0

ET PRODUITS INFINIS
118
car la fonction f est decroissante et donc f ptq f pn 1q pour tout t P rn, n 1s. Ainsi,
la suite pn q est decroissante.
Dautre part, on a
n
n1
f pk q
k 1
f ptq dt
f p nq ;
et comme f est decroissante et f pnq 0, on en deduit n 0. Ainsi, la suite pn q est

decroissante et minoree par 0, donc admet une limite 0.
Comme chaque terme de la somme precedente est positif, on a en fait
f p1q
n
pour tout n 1, et donc
2
1
f ptq 1 log 2
1 log 2 0.
Lemme 3.6. Le produit infini

pact de C.
k 1

z
e
z
k
converge normalement sur tout com-
monstration. Posons fk pz q 1 kz e k . Pour pouvoir appliquer le theorème

De
2.5, il faut majorer convenablement |1 fk pz q|.
On a fk pz q p kz q, o`
u puq p1 uqeu . La fonction est holomorphe sur C,
1

u
avec puq ue . On a donc p0q 1 et 1 p0q 0. Par consequent, on peut ecrire
puq 1
u2 hpuq ,
o`
u h est une fonction entière, et donc
z 2
fk pz q 1
Pour tout R 0 et z
z
P Dp0, Rq, on a donc

2
|1 fk pzq| Rk2 M pRq ,
o`
u M pRq supt|hpuq|; |u| Ru. Cela prouve que la serie p1 fk q converge normalement sur tout disque Dp0, Rq, et donc sur tout compact de C.

ore
`me 3.7. Si z
The
P C verifie Repzq 0, alors pzq 0 et

1
pz q
z ez
8
k 1
z z
e k,
k
o`
u est la constante dEuler.
monstration. Daprès le lemme 3.4, on a
De
pz q lim
8 z pz
n! nz
1q pz
nq
Dautre part, on peut ecrire

z pz
1q pz
n! nz
nq
1
1
k
1
k 1
o`
u n
1
1 k
n
n
n1z
ez log n
n
z en z
2
z
n
k 1
119
z z
e k,
k
log n. Comme n tend vers quand n 8, on en deduit

pz q z ez
8
z z
e k
k
k 1
1.
3.3. D
eveloppement du sinus en produit infini.
ore
`me 3.8. Pour tout z
The
P C on a
sinpz q z
1
n 1
z2
n2
o`
u le produit infini converge normalement sur tout compact.
monstration. La convergence normale du produit infini est très facile à verifier.
De
Pour etablir la formule souhaitee, le point de depart est lidentite
eu
klim
8
u k
,
k
valable pour tout nombre complexe u (voir le chapitre 1, corollaire 4.13). Daprès cette
identite et la definition du sinus complexe, on a pour tout z P C :
sinpz q

1
lim
K 8 2i

iz
2K
2K
1
iz
2K
2K
lim PK pz q .
(On prend des exposants pairs 2K par commodite technique).

Fait. On a PK pz q z
K1
n 1
1
z2
2n,K
, o`
u n,K
2K
tan
n
2K
Preuve du fait. Le polynome PK semble etre de degre 2K, mais en fait il est de
degre de degre 2K 1 : verifier que le coefficient de z 2K est nul, et celui de z 2K 1 ne lest
1 p0q . Comme le polynome
pas. De plus, le coefficients de z dans PK pz q est egal à PK
apparaissant au second membre de lidentite à etablir est egalement de degre 2K 1
avec le meme coefficient devant z, il suffit donc de verifier que ces deux polynomes ont
les memes racines (avec les memes multiplicites). Autrement dit, il sagit de voir que
les racines de PK sont 0 et les n,K pour 1 n K 1.

ET PRODUITS INFINIS
120
Un nombre complexe z est racine de PK si et seulement si 1

ce qui signifie quon peut ecrire
iz
2K
1
iz
2K

iz 2K
2K
1 iz
2K
o`
u est une racine 2K-ième de 1. Cette equation na pas de solution si
1 on obtient
2K 1
z

i 1
Les racines 2K-ièmes de 1 differentes de 1 ei sont de la forme
K,n
o`
u
2K
1 ; et si
ein{K ,
pK 1q n pK 1q. De plus, on a

in {2K ein {2K
ein{K 1
e
ein{K
ein{2K
ein{2K
n
i tan 2K
Ainsi, les racines de PK sont les n,K pour pK 1q n
0,K 0 et les n,K pour 1 |n| K 1.
Fixons maintenant z
K 1, autrement dit
P C. Daprès le fait, on peut ecrire

PK pz q z
fn pK q ,
n 1
o`
u fn pK q est donne par
fn pK q
1
si n K 1
z2
2n,K
nK
si
Comme tan x x pour tout x P r0, {2r, on a pour n K 1
{ q2
|1 fnpK q| | z|2 tanp22K
pn{2K q
2
|z| ;
n2
et cette inegalite est bien s
ur aussi
valable pour n K puisque dans ce cas 1 fn pK q
0. Par consequent, la serie n1 p1 fn pK qq converge normalement

sur N .
Daprès la proposition 2.2, on en deduit que le produit infini n1 fn pK q converge

uniformement par rapport `
a K P N . Autrement dit, si on pose
QN,K
z
fn pK q
n 1
alors on a
PK p z q
lim QN,K
Dautre part, n,K

u 0. Donc
2K
tan

n
2K
lim QN,K
uniformement{K .
tend vers n quand K
QN : z
n 1
1
z2
n2
8 car tan u u quand
121
pour tout N fixe.

Un argument de double limite permet alors decrire
lim lim QN,K
lim lim Q
N,K
8 K 8
K 8 N 8
autrement dit (puisque limK 8 limN 8 QN,K limK 8 PK pz q sinpz q) :
N
(3.1)
lim QN
sinpzq .
z
Comme limN 8 QN z 8
ee.
n1 1 n2 , on obtient donc la formule souhait
Voici les details pour (3.1). Soit 0. Par convergence uniforme (par rapport `
a
K) de QN,K vers PK pz q, on peut trouver N0 tel que |QN,K PK pz q| pour tout
N N0 et pour tout K. En fixant N et en faisant tendre K vers linfini, on en deduit
|QN sinpzq| pour tout N N0, doù (3.1).

2
Corollaire 3.9. Si z P C verifie 0 Repz q 1, alors on a lidentite suivante, quon

appelle la formule des compl
ements :
pz qp1 z q

sinpz q
monstration. Daprès le lemme 3.4, on a
De
1
lim un ,
pz qp1 z q n8
o`
u
z q pn z q p1 z qp2 z q pn z qpn

n! nz
n! n1z
Dautre part, on peut reorganiser un comme suit :
un
z p1
un
z qp2
1z
n
1z
n
1z
n
1 zq
2
2
2
2
2
2
z p1 z qp2 pn!zq2q pn z q
2
2
2
1 z2
2 z2
n z2
z
12
z
z2
k2
1
k 1
22
Daprès le theorème 3.8, on en deduit limn8 un

la formule des complements.
Corollaire 3.10. Pour tout w
monstration. Posons f pz q
De
peut ecrire pour tout z P CzZ :
1
w
2w
n 1
w2
z 81 1 kz sinpzq , doù
2
2
P CzZ, on a
cotanpwq
f 1 pz q
f pz q
n2
1
n2 2
sinpz q. Daprès les theorèmes 3.8 et 2.5, on
8 1
p z 2 { n 2 q1 ,
p1 z 2 { n 2 q
n1
q
ppz
z q
autrement dit
cotanpz q
1
z
2z
n 1
z2
1
n2
122
ET PRODUITS INFINIS
La formule pour cotanpwq sen deduit en prenant z
w

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Table des mati`

Chapitre 1. Fonctions holomorphes : definitions et exemples

Chapitre 2. Integrale curviligne

Chapitre 3. Proprietes des fonctions holomorphes

Chapitre 4. Primitives, homotopie

Chapitre 6. Suites, integrales et produits infinis

Le produit dune 1-forme par un scalaire P C est la 1 -forme definie par

(La multiplication par un scalaire est un cas particulier : cest la multiplication

Notation 1. On note x : R et y : R les fonctions coordonnees sur : si

pour tout u P . Autrement dit, si h  ph1 , h2 q P R2 alors

Notation 2. On note z : C et z : C les fonctions z

Par ailleurs, comme z

 x iy et z  x iy, on a par linearite de la differentiation :

Remarque 1.4. Si  P dx Qdy est une 1-forme differentielle sur , alors :

monstration. Pour la premi`ere accolade, on ecrit

et on identifie les fonctions coefficients devant dx et dy grace `a lunicite dans lecriture

C est une fonction differentiable sur , on definit deux

Dapr`es (1.1) et les formules de changement de base, on a alors

1. FONCTIONS HOLOMORPHES : DEFINITIONS

monstration. Il suffit de calculer calmement

Notation. On notera H pq lensemble des fonctions holomorphes sur .

Exemples. La fonction f pz q  z est holomorphe sur C, avec f 1 pz q  1. A linverse, la

quences. Si P pz q  nk0 ak z k est une fonction polynomiale, alors P est hoConse

monstration. Il est clair que toute similitude est C-lineaire. Inversement, si

Remarque 2. Munissons C de la norme module et LpC, Cq de la norme subordonnee.

Proposition 2.3. Soit f : C, o`

ce qui montre que f est differentiable en p avec df ppq  M  Mf 1 ppq .

Corollaire 2.4. Si f : C est C-derivable en tout point, alors df  f 1 dz.

Corollaire 2.5. Toute fonction holomorphe est de classe C 1 .

P C 1pq, les proprietes suivantes sont equivalentes :

(i) f est holomorphe ;

 g dz pour une certaine fonction g continue sur ;

monstration. On sait dej`a que si f est holomorphe alors df  f 1 dz. InverseDe

P H pq, alors f 1  BBfz  BBfx  1i BBfy

monstration. On a f 1  BBfz car dune part df  f 1 dz et dautre part df 

 0, i.e. BBfx  i BBfy  1i BBfy . Enfin, BBfz  12

Corollaire 2.8. (theor`eme fondamental de lanalyse)

monstration. On applique le theor`eme fondamental de lanalyse usuel `a la

monstration. Notons pe1 , e2 q la base canonique de C  R2 . On a e1  p 10 q 

ib  p ab q et Lpe2 q  i  ia b  p ab q, et par consequent

P H pq et si on note Jf pzq le determinant jacobien de f

monstration. Comme df pz q  Mf 1 pz q , la matrice jacobienne de f au point z

1 pour tout nombre complexe z. En

Notation. Pour a P C et r 0, on notera Dpa, rq le disque ouvert de centre a et

cn z n est absolument convergente si |z |{

@z P Dp0, rq : |cnzn| M pr{qn ,

Donc la serie cn z n converge normalement sur Dp0, rq.

1. FONCTIONS HOLOMORPHES : DEFINITIONS

De plus, la serie cn z n converge absolument si |z | R, et on a convergence normale

la serie cn z n converge normalement sur tout disque Dp0, rq de rayon r R dapr`es

0; la suite p|cn|rnq est borneeu .

Remarque 2. Comme le montrent les exemples

(1) Pour pz q  z n , on a Rpq  1 (car la serie geometrique rn converge si

Pour toute serie enti`ere  cn z n , le rayon de convergence de est donne par

monstration. Notons R0 le nombre defini par R1  lim |cn |1{n . On va monDe

 cnzn et 1  c1nzn deux series enti`eres.

Corollaire 3.5. Soient 0

monstration. La partie (a) est evidente dapr`es la formule dHadamard puisque

Corollaire 3.6. Si la suite pcn q est born

monstration. On applique le corollaire precedent avec c1n  1, en se souvenant

que le rayon de convergence de z n est egal `a 1. Evidemment,

|cn 1 | admet une limite

monstration. Dapr`es le corollaire precedent, il suffit de montrer que |cn |1{n

pour tout u P . Autrement dit, si h ph1 , h2 q P R2 alors

x iy et z x iy, on a par linearite de la differentiation :

Remarque 1.4. Si P dx Qdy est une 1-forme differentielle sur , alors :

Exemples. La fonction f pz q z est holomorphe sur C, avec f 1 pz q 1. A linverse, la

quences. Si P pz q nk0 ak z k est une fonction polynomiale, alors P est hoConse

ce qui montre que f est differentiable en p avec df ppq M Mf 1 ppq .

Corollaire 2.4. Si f : C est C-derivable en tout point, alors df f 1 dz.

g dz pour une certaine fonction g continue sur ;

monstration. On sait dej`a que si f est holomorphe alors df f 1 dz. InverseDe

P H pq, alors f 1 BBfz BBfx 1i BBfy

monstration. On a f 1 BBfz car dune part df f 1 dz et dautre part df

0, i.e. BBfx i BBfy 1i BBfy . Enfin, BBfz 12

monstration. Notons pe1 , e2 q la base canonique de C R2 . On a e1 p 10 q

ib p ab q et Lpe2 q i ia b p ab q, et par consequent

monstration. Comme df pz q Mf 1 pz q , la matrice jacobienne de f au point z

(1) Pour pz q z n , on a Rpq 1 (car la serie geometrique rn converge si

Pour toute serie enti`ere cn z n , le rayon de convergence de est donne par

monstration. Notons R0 le nombre defini par R1 lim |cn |1{n . On va monDe

cnzn et 1 c1nzn deux series enti`eres.

monstration. On applique le corollaire precedent avec c1n 1, en se souvenant

finition 3.10. Soit pz q cn z n une serie enti`ere. La s

la serie enti`ere 1 pz q n1 ncn z n1 n0 pn 1qcn 1 z n .

monstration. Si cn z n , alors 1 pz q n1 ncn z n1 a le meme rayon

monstration. Pour N P N, posons fN pz q N

P C, on pose ez exeiy expcos y

iy alors |ez | ex |eiy | ex car |eiy | 1, donc |ez | 0

P C, on pose cos z 12 peiz

2i1 peiz eiz q.

cos et cos1 sin.

0 si et seulement si z est de la forme

Exercice 1. Montrer quon a tan1 pz q 1

Exercice 2. Determiner le domaine de definitions de cotan z :

rei avec r 0 et P R, alors w logprq

monstration. La partie (1) est evidente puisque elogprq i elogprq ei z.

(1) On a 1 ei , donc logp1q

monstration. Pour P s0, s, posons z reipq et z reip q (faire

monstration. Si z x iy P CzR , alors : argpz q P s , r. Donc

De plus, comme {2 P s {2, {2r on a {2 arctanptan {2q. Donc

finition 4.15. Soit A C . On dit quune fonction L : A C est une d

Proposition 4.17. Soit I s, r un intervalle ouvert de longueur 2, et soit I

arg et logs,r log

Corollaire 4.19. Pour tout nombre complexe z0 0, il existe une determination

(4) Si Cz pour une demi-droite r0, 8r et si on choisit largument dans

Reit, dz iReitdt, ce qui donne

monstration. Cest evident puisque pbq paq.

C definis par 1ptq eit et