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Hommage à Jacques Hadamard

"Mathématicien universel"

Jean Jacquelin

La parution en 2005 du livre "Jacques Hadamard. Un mathématicien universel",


édité par EDP Sciences, fait suite à l'édition originale de 1998 par the American
Mathematical Society.
Les auteurs, Vladimir Maz'ya et Tatiana Shaposhnikova, comblent par cet
ouvrage une lacune dans l'histoire des sciences : Aucune bibliographie exhaustive ne
retraçait la vie et l'œuvre de cet homme exceptionnel, qui fut qualifié de "Légende
vivante des mathématiques".
A l'occasion de l'édition de l'ouvrage traduit en français par Gérard Tronel, le
magazine "Quadrature" m'a fait l'honneur de me solliciter pour en donner un compte-
rendu succinct. Ce dont je me suis acquitté avec le plus grand plaisir en rendant, à cette
occasion, hommage à cet archétype mythique des mathématiciens du siècle passé.
La note de lecture suivante est parue dans le n° 58 du magazine Quadrature,
p.19, octobre 2005. A cette note est jointe la reproduction de la page de couverture du
livre publié par EDP Sciences :
http://livres.edpsciences.org/ouvrage.php?ISBN=2-86883-707-7

Pour sacrifier à la légende qui s'est développée autour du caractère particulier de


Jacques Hadamard et dont Christophe s'est peut-être inspiré pour écrire, ou plutôt
dessiner, "L'idée fixe du Savant Cosinus", l'illustration ci-dessus est extraite de
l'album ré-édité en 1965 dans la collection "Le Livre de Poche".
Note de lecture :

Jacques HADAMARD, un mathématicien universel.


Par Vladimir Maz’ya et Tatyana Shaposhnikova.

Que savez-vous de Jacques Hadamard ? Certainement quelques


facettes de sa personnalité, de son œuvre et de sa légende. En somme, bien
peu. Voilà un livre très documenté qui comble bien des lacunes et qui tord
le cou à nombre d’idées reçues !

Commençons par une citation trouvée dans la préface : « Aucune


bibliothèque ne contient l’ensemble de l’œuvre d’Hadamard car - à la
différence de mathématiciens moins importants – elle n’a jamais été
rassemblée et publiée dans sa totalité ». A elle seule, la liste des titres et
références de ses publications couvre 25 pages.
On est loin de l’archétype du savant distrait qui aurait inspiré à
Christophe le personnage du professeur Cosinus ! Certes, vous vous
délecterez de quelques mémorables anecdotes. Mais ce léger travers et
l’image d’Epinal seront vite oubliés en découvrant pas à pas un personnage
exceptionnel.
C’est plus que la vie d’un homme que nous dépeignent les auteurs de
ce livre : ils font revivre une foule de personnages illustres, des célébrités
qu’Hadamard a rencontrées, à côtoyées, avec lesquelles il a correspondu,
nouant avec certains de forts liens d’amitié. Vous serez surpris d’y
retrouver de grands noms qui parsèment nos livres scolaires et qui figurent
en bonnes places dans nos documentations.
Et plus encore : Comme il est dit en prologue « Hadamard est né à
l’époque des diligences et de la machine à vapeur, mais à la fin de sa vie un
homme avait volé autour de la terre. Son enfance s’était déroulée au temps
de l’acier et les fusils à poudre étaient des armes de guerre et il a connu
l’ère des armes atomiques ».
Les auteurs nous font revivre un monde ancien, celui de ses
premières années. Vous ne serez pas insensible à l’évocation de la vie au
lycée, de la taupe, des concours aux Grandes Ecoles, de Polytechnique, de
l’Ecole Normale ( depuis, devenue Supérieure), des gnoufs et des
canulars : des pages qui se lisent avec bonheur, voire nostalgie, émaillées
des succès remarquables d’Hadamard, qui en ont fait un « être fabuleux »
aux yeux des taupins de l’époque.

Ainsi, dans une première partie de près de 250 pages, les auteurs
nous racontent, avec verve et luxe de détails, la vie bien remplie
d’Hadamard. Sa vie familiale pleine de joie par son mariage heureux. Ses
terribles drames et épreuves au cours des deux guerres mondiales. Sa
brillante carrière couronnée de grandes reconnaissances honorifiques et
jalonnée de voyages dans le monde entier. Son implication dans la vie
publique et sociale, fidèle à ses idéaux de justice et de paix.

Dans la seconde partie, près de 200 pages, le style change : C’est un


parcours éclectique de son œuvre que l’on suit par touches successives.
Des présentations aussi accessibles que possible nous font aborder
des domaines aussi variés que : la théorie des fonctions analytiques, la
théorie des nombres, la mécanique analytique et géométrie, le calcul des
variations et fonctionnelles, les équations aux dérivées partielles, des
applications en physique, ainsi que d’autres aspects étonnants de ses
recherches. Le lecteur pourra apprécier l’originalité de ses méthodes et
l’ampleur de leur rayonnement, l’extraordinaire variété des sujets abordés,
dans lesquels Hadamard s’est fait pour chacun d’eux une notoriété. Ce qui
justifie le titre de « mathématicien universel », un qualificatif que nul ne
peut plus espérer de nos jours.

On doit féliciter les auteurs de ce livre pour avoir fait ressortir avec
force l’intérêt d’Hadamard pour la physique mathématique et l’inspiration
qu’il en retirait pour ses recherches mathématiques. A mon sens, c’est dans
le domaine des équations aux dérivées partielles qu’il a fait preuve du plus
grand modernisme par rapport à la situation de son époque. Ce thème des
EDP est dominant jusqu’à la fin de sa vie. Le chapitre 15 en donne un
éclairage remarquable.
Et l’on passe au chapitre 16, terriblement déçu d’arriver à la fin, une
fin néanmoins à l’image du personnage : à plus de 90 ans, travaillant à un
chef d’œuvre impossible, sans renoncer et sans perdre espoir. Son livre sur
les équations aux dérivées partielles ne sera publié que deux ans après sa
disparition à l’âge de 98 ans. Il n’aura réussi qu’à en achever 8 chapitres
sur les 24. Un ouvrage déjà dépassé lors de sa parution ? Citons la dernière
phrase de ses biographes : « En lisant le livre d’Hadamard, on éprouve le
sentiment du lien vivant entre les mathématiques d’aujourd’hui et les
travaux des grands maîtres du passé… ».

Pour la petite histoire, on lira avec intérêt les péripéties de la


documentation et de l’élaboration de cet ouvrage bibliographique
conséquent, ainsi qu’une courte note sur les auteurs Vladimir Maz’ya et
Tatyana Shaposhnikova, sans oublier Gérard Tronel pour la qualité de la
traduction en français.

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