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Savoirs et clinique

Lille
2008-2009

La folie normale
Psychopathologie en temps de crise

Association Savoirs et clinique pour la formation permanente en clinique psychanalytique


Savoirs et clinique

Association Savoirs et clinique


pour la formation permanente
en clinique psychanalytique

Lille
2008-2009
Conditions d’admission et d’inscription à Savoirs et clinique

Pour être admis comme participant aux formations organisées par Savoirs
et clinique, il n’est exigé aucune condition d’âge ou de nationalité.
Il est, par contre, recommandé d’être au moins au niveau de la deuxième
année d’études supérieures après la fin des études secondaires. Des demandes
de dérogation peuvent cependant être faites auprès de la Commission
d’admission.
Les premières admissions aux présentations cliniques sont prononcées
après un entretien du candidat avec un enseignant.
Le nombre des places étant limité, les inscriptions se feront dans l’ordre
d’arrivée des demandes (cf. encart au milieu de la brochure).

Les inscriptions et les demandes de renseignements concernant aussi bien


l’organisation pédagogique qu’administrative doivent être adressées
par courrier, fax ou e-mail à :

Savoirs et clinique
8, rue Basse, 59000 Lille
fax +33 1 42 38 91 32
blemonnier@sc.aleph.asso.fr

Pour les renseignements téléphoniques, vous pouvez vous adresser à


Brigitte Lemonnier, tél. +33 6 07 14 24 80
le mercredi entre 10 et 12 heures ou le jeudi.

Pour les questions d’enseignement uniquement, vous pouvez contacter


Geneviève Morel
tél. +33 6 07 04 35 18
gmorel@cp.aleph.asso.fr

Pour être publié dans Savoirs et clinique. Revue de psychanalyse, contacter


Franz Kaltenbeck,
fkaltenbeck@cp.aleph.asso.fr
http://www.savoirs-et-clinique.eu
Pour s’abonner à la revue :
eres@edition-eres.com

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Sommaire

2 Conditions d’admission
3 Sommaire
4 Comité de parrainage

5 Enseignants

6 Introduction. La psychanalyse s’enseigne-t-elle ?, Franz Kaltenbeck

8 Présentation de « Savoirs et clinique », Geneviève Morel

11 SESSION 2008-2009
La folie normale – psychopathologie en temps de crise
12 Séminaires théoriques
12 La vie normale. Réflexions sur la folie au 21ème siècle, Geneviève Morel
13 Mutation des psychoses et crise sociale, Franz Kaltenbeck
14 Conférences « Grandes références »
Jean Allouch et Tiago Pires Marques, Darian Leader, Marie-Christine
Hamon, Henry Rey-Flaud
Ateliers I et II. Clinique de l’entretien et concepts fondamentaux de la
psychanalyse
Atelier I. Lucile Charliac, Carine Decool, Dr Emmanuel Fleury, Dr Brigitte
Lemonnier
Atelier II. Isabelle Baldet, Sylvie Boudailliez, Dr Geneviève Loison
17 Présentations cliniques I et II.
Présentation I, E.P.S.M. Lille Métropole, USN
Geneviève Morel, Dr Sylvie Robert, Dr Emmanuel Fleury
Présentation II. E.P.S.M. de l’agglomération lilloise, site Lommelet
Franz Kaltenbeck, Dr Maurice Breton, Dr Geneviève Loison
18 Atelier III. La préhistoire du bébé – clinique psychanalytique de l’enfant
Isabelle Baldet, Sylvie Boudailliez, Jean-Claude Duhamel
19 Atelier IV. Sources philosophiques de la pensée de Lacan - Le réel,
Frédéric Yvan

20 PRÉVENTION DU SUICIDE
20 Atelier V. Alcoolisme et suicide
Dr Emmanuel Fleury, Dr Brigitte Lemonnier

21 LES COLLOQUES
22 Colloque ALEPH : De bouche à oreille – psychanalyse des comportements
alimentaires et des addictions
24 Colloque Savoirs et clinique et le CRIMIC (Sorbonne) à Paris :
Freud et l’image

26 FORMATION À PARIS
26 Ateliers cliniques du jeudi :
« La vie normale - récits de l'hôpital d'Armentières »
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Comité de parrainage

Philippe-Jean Parquet
Professeur des Universités, psychiatrie infanto-juvénile
chef de service au CHRU de Lille

Michel Goudemand
Professeur des Universités en psychiatrie d’adultes, médecin chef des Hôpitaux de Lille
chef de service de psychiatrie générale au CHRU de Lille

Daniel Bailly
Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent
praticien hospitalier universitaire

Pierre Thomas
Professeur des Universités en psychiatrie d’adultes
praticien hospitalier dans le service de psychiatrie générale du CHRU de Lille
responsable de l’unité « Mère-enfant »

Jacques Debiève
Psychiatre des hôpitaux, médecin chef de l’EPSM de Saint-André

Mercedes Blanco
Professeur d’espagnol à l’Université de Lille III, ancienne élève de l’ENS
présidente de Savoirs et clinique

Jean Bollack
Professeur à l’Université de Lille III — UMR 851 « Textes et savoirs »

Mayotte Bollack
Professeur à l’Université de Lille III — UMR 851 « Textes et savoirs »

Darian Leader
Psychanalyste à Londres
enseignant au CFAR — « Centre for Freudian Analysis and Research »
Honorary Visiting Academic, Centre for Psychoanalysis, Middlesex University

Slavoj Zizek
Chercheur au Département de philosophie de l’Université de Ljubljana — Slovénie
Visiting Professor, Cinema Department, New York University

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Enseignants

Isabelle Baldet
Psychanalyste à Lille, titulaire du DEA de sciences de l’éducation et du DESS de psychologie
clinique et psychopathologie,
membre du Collège de psychanalystes-ALEPH

Sylvie Boudailliez
Psychanalyste à Roubaix, psychologue au BAPU, au CMPP Henri-Wallon,
et à l’IRP Le-Relais, membre du Collège de psychanalystes-ALEPH

Lucile Charliac
Psychanalyste à Paris, membre du Collège de psychanalystes-ALEPH

Carine Decool
Psychologue au CMP La-Madeleine, membre de l’ALEPH

Jean-Claude Duhamel
Psychologue au centre hospitalier de Lens, membre de l’ALEPH

Dr Emmanuel Fleury
Psychiatre à Lille, ancien Chef de Clinique-Assistant, ancien interne des Hôpitaux,
attaché au CHRU de Lille, lauréat de la Faculté,
membre du Collège de psychanalystes-ALEPH

Franz Kaltenbeck
Psychanalyste à Paris et à Lille,
titulaire du DESS de psychologie clinique et psychopathologie
et du DEA de psychanalyse, membre du Collège de psychanalystes—ALEPH

Dr Jean-Paul Kornobis
Médecin généraliste à Lille, membre de l’ALEPH

Dr Brigitte Lemonnier
Psychanalyste, psychiatre à Arras,
ancienne interne des Hôpitaux spécialisés de Bordeaux,
membre du Collège de psychanalystes-ALEPH

Dr Geneviève Loison
Pédopsychiatre, praticien des hôpitaux, psychanalyste à Lille,
membre du Collège de psychanalystes-ALEPH

Geneviève Morel
Psychanalyste à Paris et à Lille, ancienne élève de l’ENS, agrégée de l’Université,
Docteur en psychologie clinique et psychopathologie,
membre du Collège de psychanalystes-ALEPH

Frédéric Yvan
Psychanalyste à Lille, professeur de philosophie, titulaire du DEA de philosophie,
enseignant et chercheur à l’ENSAPL, membre du Collège de psychanalystes-ALEPH

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Introduction

La psychanalyse s’enseigne-t-elle ?
Franz Kaltenbeck

L’enseignement de la psychanalyse ne se limite pas à un seul lieu privilégié ni à une


institution unique. Certes, la psychanalyse a trouvé accueil dans quelques départements
universitaires à travers le monde et ils font un excellent travail. Mais, d’une part ils sont
peu nombreux, d’autre part ils n’ont ni la prétention ni la compétence pour assumer à eux
seuls la formation intégrale du psychanalyste. Celle-ci prend sa source dans une expérience
personnelle, voire intime, du sujet, la psychanalyse didactique qui, elle, ne saurait être
assurée par l’Université. Ce sont plutôt les associations et les écoles de psychanalystes qui
ont vocation à garantir cette formation, pour autant qu’ils disposent d’un certain nombre
d’analystes capables d’amener un analysant jusqu’à ce point de son analyse où il pourra
éventuellement prendre lui-même la position du psychanalyste. Pour des raisons
inhérentes à l’histoire de la psychanalyse, ces institutions sont multiples. Elles ont
pourtant une tâche commune : elles doivent s’offrir comme un lieu où l’on apprend la
théorie, la clinique et l’histoire de la psychanalyse ; elles ont à extraire un savoir très
particulier de l’expérience personnelle des analyses thérapeutiques et didactiques
conduites par les analystes ; et, enfin, elles se conçoivent aussi comme des laboratoires
de recherches, avec l’ambition de développer un savoir nouveau.
Ce n’est pas un hasard si Freud a écrit ses trois premiers livres, La science des rêves,
La psychopathologie de la vie quotidienne et Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient,
lorsque sa correspondance avec W. Fliess perdait de son importance. Son ami Fliess avait
joué pour lui le rôle de l’analyste. Avec ces livres, Freud ne s’adressait plus à un partenaire
unique, il ne les dédiait pas non plus à ses collègues de la faculté de médecine, et il
n’avait pas encore d’élèves rassemblés autour de lui. Il offrait plutôt ses ouvrages à
l’humanité entière.
Certes, il n’a pas atteint les masses avec ses premiers livres, mais seulement
quelques individus venant d’horizons très différents : médecins, étudiants, historiens,
juristes, artistes, etc. Mais il n’a fallu que quelques années de plus pour que sa pensée
passe dans d’autres pays, sur d’autres continents.
Freud avait pourtant une autre ambition : ne pas offrir seulement son savoir mais
aussi sa « méthode », la psychanalyse comme thérapie des « psychonévroses ». À partir
de là, son enseignement, formulé dans un style accessible à tous, se voulant universel,
retrouve sa dimension particulière. Comment devient-on psychanalyste ? Cette
interrogation s’ajoute à la question que formule notre titre, elle la déplace en même
temps.
« Si on me demande de savoir comment on peut devenir psychanalyste, alors je
réponds : par l’étude de ses propres rêves. » Cette phrase de Freud figure dans la
troisième de ses leçons à la Clark University (septembre 1909). Elle nous paraît aujourd’hui
bien peu exigeante. Elle a pourtant une grande portée. D’une part, l’interprétation des
rêves était à l’époque au centre de la cure. D’autre part, La science des rêves était un
livre maudit par les adversaires de son auteur. C’est seulement trois ans plus tard (1912)
que Freud adopta un principe toujours en vigueur : quiconque veut pratiquer la
psychanalyse doit avoir fait lui-même une analyse avec « quelqu’un d’expérimenté en la
matière ». La fondation, en 1910, de l’Association Psychanalytique Internationale avait la
visée de protéger l’authenticité freudienne contre « les psychanalystes sauvages », ceux
qui s’autorisaient de Freud sans accepter sa doctrine. Mais l’extension de cette association
jusqu’au nouveau monde posait un problème inédit : sur quels critères allait-on admettre

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dans un groupe lointain de nouveaux membres que personne ne connaissait ailleurs ? L’idée
d’un « diplôme pour psychanalystes » surgit alors dans la tête d’Oskar Pfister qui la soumit
au Congrès de La Haye (1920). Mais Sandor Ferenczi refusa cette motion dans une lettre
au « comité secret ». La formation du psychanalyste devint alors un souci majeur de
l’Association. C’est à partir des travaux de l’Institut de Berlin que l’on formalisa la
formation. On introduisit le contrôle et on distingua l’analyse thérapeutique de l’analyse
didactique. Séparation à laquelle Ferenczi s’opposa dans sa communication sur la
terminaison des analyses, en 1927.
Un an auparavant, Freud avait été amené à protéger Théodore Reik, un de ses
élèves les plus fidèles, contre l’accusation de charlatanisme. Par cet acte, il défendit aussi
un principe qui lui tenait à cœur : celui de l’analyse profane. Son pamphlet La question
de l’analyse profane (1926) n’a, hélas, rien perdu de son actualité ! Freud avance dans
cet « entretien avec un homme impartial » les raisons de l’autonomie de la psychanalyse
vis-à-vis de la médecine. Si « l’école supérieure de psychanalyse » qu’il appelle de ses
vœux inscrira certaines matières médicales — comme l’anatomie — dans son programme,
elle ne se subordonnera pourtant pas à la faculté de médecine. Elle offrira aussi bien des
cours de littérature, de mythologie ou de science des religions.
À la fin de sa vie, Freud s’interrogea à son tour sur la fin de l’analyse. L’analyse doit
donner au candidat la conviction ferme que l’inconscient existe, écrit-il, en recommandant
aux analystes de reprendre une cure tous les cinq ans.
Jacques Lacan revient en 1967 sur ce point crucial. Qu’est-ce qui permet de décider
si quelqu’un sera capable d’exercer la psychanalyse ? Cette décision ne peut se prendre
qu’à la fin de l’analyse. Il faut donc vérifier si cette fin a été atteinte et si l’analyse a fait
de ce sujet un psychanalyste. Est-ce qu’elle a engendré le « désir de l’analyste » qui lui
permettra d’opérer à son tour comme psychanalyste ? Pour cette vérification, Lacan a
inventé un dispositif et une procédure : « la passe ». Le sujet y témoigne du chemin qui
l’a amené à la place du psychanalyste. Comme l’a écrit Freud, il faut avoir éprouvé la
psychanalyse « avec son propre corps » ; elle ne s’apprend pas dans les livres ; on ne
devient pas psychanalyste en écoutant des conférences.
Et pourtant, les enseignements psychanalytiques sont indispensables. Ils éclaircissent
la pratique, ils mettent la clinique à l’épreuve, ils enseignent la psychopathologie. C’est
l’une des raisons pour lesquelles des éducateurs, des psychologues, des psychothérapeutes,
des psychiatres et même des enseignants vont parler de leur pratique avec des
psychanalystes, lors d’entretien de « contrôle » ou de « supervision ». Les enseignements
analytiques et leur publication permettent également au grand public de rencontrer la
psychanalyse avant d’aller voir un psychanalyste. Mais ils ont avant tout la fonction de
transmettre la psychanalyse dans un langage clair et simple, sans pour autant renoncer à
sa complexité.

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Présentation de Savoirs et clinique1
Geneviève Morel

L’association Savoirs et clinique, fondée en 1999, est née de l’initiative des


enseignants de la Section clinique de Lille qui souhaitaient poursuivre le travail
engagé depuis 1993 dans le cadre de celle-ci, après leur séparation d’avec l’Institut
du Champ freudien. Ses enseignants, membres de l’Association Lilloise pour l’Étude
de la Psychanalyse et de son Histoire et, pour la plupart, du Collège de psychanalystes
— ALEPH, sont orientés par l’enseignement de Lacan et la lecture de Freud. « Savoirs
et clinique » est une association indépendante de tout groupe analytique, mais elle
contribue à la formation psychopathologique, théorique et clinique des membres du
Collège de psychanalystes — ALEPH.
Sa structure lui permet une ouverture accrue sur d’autres champs du savoir
(psychiatrique, médical, scientifique, philosophique, linguistique, littéraire,
artistique) et des échanges renforcés avec des praticiens de diverses orientations
psychanalytiques. La qualité d’un débat scientifique y est donc une exigence
constante de ses enseignants.
Savoirs et clinique offre, dans le cadre de la formation permanente, de la
formation médicale continue ou à titre personnel, des enseignements qui s’adressent
aussi bien aux travailleurs de la Santé mentale, psychiatres, médecins, psychologues,
éducateurs, orthophonistes, psychomotriciens, assistants sociaux et infirmiers qu’aux
psychanalystes, aux psychothérapeutes, aux enseignants et aux étudiants intéressés
par le savoir psychanalytique. Ces enseignements, s’ils sont absolument nécessaires
à la formation des analystes, n’habilitent pas à eux seuls à l’exercice de la
psychanalyse et ne délivrent ni titre ni diplôme. Une attestation d’études cliniques
est remise aux participants à la fin de chaque session.
Notre but est de faire face à la complexité réelle de la clinique, sans la voiler
par l’opacité des concepts ou la confusion d’un faux savoir. Notre méthode est celle
d’un aller-retour, du cas au concept, et du concept au cas.
Dans les « présentations cliniques2 » (à l’E.P.S.M. Lille-Métropole et à l’E.P.S.M.
de l’agglomération lilloise), lors desquelles la parole est donnée à un patient,
hospitalisé, qui l’a souhaité, nous allons du cas au concept. Après l’entretien, mené
par un psychanalyste, le cas du sujet est minutieusement construit, le fil de l’histoire
est reconstitué, avec ses épisodes aigus et ses temps morts. Le symptôme du sujet,
articulé dans ses propres mots, s’en dégage souvent avec une netteté qui surprend.
Il donne sa cohérence formelle à une existence parfois chaotique ou errante. La
logique des passages à l’acte, leur liaison à un éventuel délire s’articule au diagnostic
de structure, toujours discuté à partir d’hypothèses contradictoires. Il arrive alors
qu’on saisisse là, en direct, la force d’un concept qui, à la seule lecture, vous
échappait depuis toujours.
Les ateliers réalisent un retour du concept au cas. Ils mettent en effet à
l’épreuve de la transmission du cas clinique la capacité de nos concepts à saisir le
réel.
Dans les ateliers qui accompagnent les présentations, qui sont particulièrement
précieux pour les nouveaux participants, les enseignants introduisent les concepts
fondamentaux qui permettent de saisir ce qui se passe lors de la présentation. Dans

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les ateliers sur l’enfant et la prévention du suicide, des participants exposent en
atelier des cas de leur pratique, souvent institutionnelle, avec des enfants, des
adolescents ou des adultes. L’enseignant commente, les autres participants évoquent
leur propre expérience et discutent. D’importants articles de la clinique
psychanalytique ou psychiatrique servent de contrepoint aux exposés de cas. Par
l’intermédiaire d’une lecture, on soumet à une approche comparatiste diverses
façons d’aborder un thème clinique : celles qu’amènent les participants, issues de
leurs études ou de leur pratique, et celles qu’oriente l’enseignement de la
psychanalyse depuis Freud. Ainsi peut s’ébaucher un dialogue entre des personnes
parlant, au départ, à partir d’expériences différentes.
Les séminaires théoriques sont le cadre d’une élaboration approfondie,
historique et raisonnée, des concepts analytiques. Ceux-ci sont confrontés à
l’actualité, et réévalués en fonction des grands problèmes contemporains qu’ils
permettent de cerner.
Les conférences « Grandes références », organisées conjointement avec le
Collège de psychanalystes et ALEPH, complètent le triptyque clinique, pratique,
théorique sur lequel repose la formation. Elles sont l’occasion d’écouter un auteur,
un chercheur ou un psychanalyste nous parler de ses travaux originaux. Elles sont
suivies d’un débat avec le public.
La huitième session de Savoirs et clinique, organisée entre octobre 2008 et juin
2009, sur le thème « La folie normale - psychopathologie en temps de crise »
comprend l’ensemble suivant : un samedi par mois, deux séminaires théoriques et
des conférences « Grandes références » ouverts au public ainsi que deux ateliers en
petit groupe accompagnant chacun une présentation clinique ; un lundi soir par
mois, un atelier sur l’enfant ; un mardi soir par mois un atelier sur les sources
philosophiques dans la pensée de Lacan.
Les soirées sur la prévention du risque suicidaire, se poursuivront aussi un lundi
soir par mois en 2008-2009, avec un nouvel angle d’approche : « Alcoolisme et
suicide ». On peut participer à un seul atelier se déroulant en soirée, indépendamment
de l’ensemble précédemment décrit. Chaque participant peut choisir les
enseignements qui l’intéressent (cf. encart au milieu de la brochure). La formation
est agréée par la formation médicale continue.
Certains des travaux élaborés par les participants, avec l’aide des
enseignants, dans le cadre des ateliers et des présentations cliniques, seront publiés
dans la Revue Savoirs et clinique, dont les premiers numéros, L’enfant-objet (mars
2002), Premières amours (mars 2003), Effroi, peur et angoisse (octobre 2003),
L’enfant devant la loi (mars 2004), Mourir… Un peu… Beaucoup. Clinique du suicide
II (octobre 2004), Transferts littéraires (octobre 2005), Art et psychanalyse (octobre
2006), L'écriture et l'extase (octobre 2007), parus aux éditions Érès, ont été offerts
aux participants. Sexe, amour et crime paraîtra en octobre 2008.

1 Association pour la formation permanente en clinique psychanalytique, affiliée à la formation


médicale continue - NORFORMED.
2 Présentations cliniques qui font partie du DES de psychiatrie de l’université de Lille, à titre
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optionnel, et admettent à ce titre les internes en psychiatrie.
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Session 2008-2009

La folie normale

Psychopathologie en temps de crise

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La folie normale - Psychopathologie en temps de crise

Séminaire théorique I
Geneviève Morel

La vie normale. Réflexions sur la folie au 21ème siècle

S’il n’existe pas de norme de la vie en soi, il existe en revanche des normes qu’on
nous impose à longueur de vie. On peut donner plusieurs significations à « vie normale ».
Premièrement, « normal » a le sens de « banal », « ordinaire ». En ce sens, la vie
normale des gens d’Armentières (cf. entretiens cliniques, infra p. 17), soit quand même
leur vie de galère, est celle de beaucoup, vraiment beaucoup de gens, on l’oublie trop
facilement…
Deuxièmement, « normal » s’oppose à « anormal », qui caractérisait la folie au
19ème siècle, comme nous l’ont montré les travaux de Michel Foucault. Or actuellement,
au 21ème on a parfois le sentiment de retourner au Moyen-âge. Sous prétexte de protéger
la société, une loi récente prévoit d'enfermer à vie pour dangerosité les personnes
particulièrement vulnérables que constituent les condamnés à de longues peines au terme
de la période de réclusion à laquelle ils ont été condamnés. Ne nous faisons pas illusion,
ce genre de loi est populaire. On prend plus de gants pour légiférer sur les pitbulls…
Pourquoi « normale » en ce sens ? Et bien par antiphrase : parce que les « anormaux » sont
ceux qui ne correspondent pas aux normes de vie qu’on nous impose, c’est tout. Ils ne
travaillent pas comme il faut, ils ne savent pas faire l’amour ni se marier, ils ne réussissent
pas à faire des enfants comme il conviendrait, bref, ils ne sont pas adaptés à la société.
Comment y répond-elle ? Avec des médicaments, des thérapies rééducatives ou cognitives,
de couple ou de famille. Du soin dans le meilleur des cas, parfois du dressage (c’est parfois
sous-jacent à certaines tendances thérapeutiques actuelles). Mais, souvent, par la rue où
nombre de SDF passe régulièrement par l’hôpital psychiatrique voire même par la prison
où les statistiques de malades mentaux explosent.
Troisièmement, ce titre évoque un paradoxe. Ces sujets, qu’on aurait classés
comme « anormaux » au 19ème siècle, montrent souvent, dans leur discours, l’aspiration
forte à une normalité conventionnelle. Ils sont souvent hyper normatifs et même rigides.
Donc, « la vie normale » c’est aussi un idéal inaccessible. Et la société, n’en tenant pas
compte, les juge et les rejette…
Quatrièmement, « normal » a un sens topologique référé à Lacan. Pour lui, chacun
est « normal » dans sa structure. Et même, la folie est la structure normale par excellence
alors que la névrose ou certaines psychoses rajoutent un symptôme qui fait tenir les
choses ensemble et qui, retenant le sujet au bord de la folie, tord cette normalité. En ce
sens, la vie normale est précisément celle de la folie. Ce dernier sens de « normal » est-il
une élaboration lacanienne de la grande thèse reprise par Freud des médecins et des
aliénistes du 19ème siècle, selon laquelle il n’y a pas de différence qualitative entre le
normal et la pathologique (Cf. Canguilhem) ? Ainsi, pour Freud, le symptôme hystérique
révèle, en l’exprimant au grand jour, le travail de l’inconscient dans le rêve ; l’amour est
un phénomène normal mais qui a, dans sa phase aiguë, une forme pathologique ; la
mélancolie nous enseigne sur le deuil, etc.
Toute interrogation sur la folie implique donc une réflexion sur la question des
normes et de leur évolution dans nos sociétés. Toute étude de la causalité psychique
implique la prise en compte du contexte social dont fait partie la question de la
« normalité ».

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Les samedis après-midi

Séminaire théorique II
Franz Kaltenbeck

Mutations des psychoses et crise sociale

Les souffrances psychiques qui font aujourd’hui l’objet de plaintes et de


demandes adressées aux psychanalystes ne sont plus les mêmes que celles du
siècle dernier. La clinique psychanalytique doit tenir compte de ces changements,
plus prononcés dans les psychoses que dans les autres structures (névroses et
perversions), et encore plus sensibles pour les analystes qui travaillent non
seulement en cabinet mais aussi dans un hôpital psychiatrique, un CMP, un CMPP
ou un service médico-psychologique pénitentiaire.
Voici la description de quelques traits pathologiques caractéristiques de
notre époque qu’il faudrait rajouter aux tableaux cliniques plus classiques :
troubles dits obsessionnels compulsifs ; phobies d’impulsions perverses ; passages
à l’acte criminels pour contrer la désintégration de la personnalité ; vides
sidéraux de tristesse liés à un rejet de l’inconscient ; solitudes abyssales ;
narcissismes échevelés ; quêtes éperdues d’un soi introuvable ou, au contraire,
refus de toute représentation identitaire ; addictions de toute sorte, même au
travail (« workalcoholics ») ; dévaluation de la parole.
À ces traits négatifs s’opposent des formes de psychoses maîtrisées par le
sujet grâce à ce que Lacan a appelé « sinthome », qui s’avère parfois propice à
la création artistique ou scientifique. On en trouve des paradigmes dans La loi
de la mère, le livre récent de Geneviève Morel.
Nous interrogerons ces nouvelles formations psychopathologiques sur le
plan de la clinique et de la théorie analytiques, en mettant les concepts de
Freud, de Lacan et de leurs successeurs à l’épreuve de ce nouveau paysage de
la pathologie. Nous les situerons aussi dans leur contexte social et intellectuel.
Qu’est-ce que ces phénomènes nous apprennent sur la société dans laquelle
nous évoluons? La crise du capitalisme et de la vie sociale pousserait-elle à la
folie ? En essayant de répondre à ces questions, nous aborderons aussi la
dialectique du sujet et de l’autre au niveau du monde réel de notre temps.
Les participants seront encouragés à intervenir avec des témoignages tirés
de leurs expériences professionnelles respectives ou en assumant la discussion
d’un texte pertinent pour notre sujet de travail.

Les deux séminaires théoriques ont lieu successivement le samedi de 14 h 30 à 16 h (G. Morel) et de
16 h 15 à 18 h (F. Kaltenbeck), les 11 octobre, 22 novembre, 13 décembre 2008, 10 janvier, 31 janvier,
14 mars, 16 mai et 6 juin 2009.
ESC Lille, avenue Willy Brandt, 59777, Euralille, amphi B, métro : Gares.
Ouvert au public
20€ (TR : 8€) par séance pour ceux qui ne sont pas inscrits à Sovoirs et clinique. 13
La folie normale - Psychopathologie en temps de crise

Conférences « Grandes références »

Savoirs et clinique invite cette année des psychanalystes de diverses


orientations analytiques et des auteurs et chercheurs qui, dans leurs disciplines
respectives, nous feront part de leurs réflexions. Ces rencontres publiques
seront l’occasion d’un large débat.

Nos invités de cette année :

Samedi 13 décembre 2008 de 14 h 30 à 16 h,


dans le cadre du séminaire théorique de Geneviève Morel
Jean Allouch
La psychanalyse est-elle un exercice spirituel ?
Réponse à Michel Foucault
Jean Allouch exerce la psychanalyse à Paris. Membre de l’École lacanienne de
psychanalyse, il co-dirige la revue L’unebévue ainsi que la collection « Les grands
classiques de l’érotologie moderne » (aux éditions Epel).
Ses derniers ouvrages sont : Allo Lacan ? Certainement pas ! (Paris, Epel, 1998), La
psychanalyse une érotologie de passage (Paris, Cahiers de L’unebévue, 1998), Le sexe du
maître (Paris, Exils 2001), Ca de Kant, cas de Sade (Paris, Cahiers de L’unebévue, 2001),
Ombre de ton chien. Discours psychanalytique, discours lesbien (Paris, Epel, 2004). Il nous
parlera de son dernier livre La psychanalyse est-elle un exercice spirituel ? Réponse à
Michel Foucault (Epel, 2007).
Tiago Pires Marques
Chercheur en post-doctorat à l’Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et
des Techniques (Paris 1), il posera des questions à Jean Allouch.
A la charnière de la sociologie historique et de la philosophie de l’esprit, ses
recherches actuelles développent la problématique des relations entre normes et
pratiques sociales, d’une part, et les maladies mentales, de l’autre. Son projet prend
comme point de départ la phénoménologie du délire religieux et l’analyse dans les divers
systèmes nosologiques de la psychiatrie et de la psychopathologie depuis la fin du 19ème
siècle.

Samedi 10 janvier 2009 de 16 h 15 à 18 h,


dans le cadre du séminaire théorique de Franz Kaltenbeck
Darian Leader
Deuil et Mélancolie
Apres les travaux fondamentaux de Freud, Abraham et Klein sur « deuil et
mélancolie », la littérature analytique est restée assez réservée sur cette question.
Comment reprendre ces thèmes aujourd’hui avec les indications que nous donne Lacan?
Est-ce qu’un deuil est possible sans la parole ? Le deuil a-t-il une fin ? Et qu’en est-t-il du
deuil dans la psychose quand il ne s’agit pas d’une mélancolie?
Darian Leader est psychanalyste et enseignant. Il exerce à Leeds et à Londres. Il

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I
N d’inscription : ............... Réglé par .......................................... Le...................
RÉSERVÉ AU SECRÉTARIAT

SAVOIRS ET CLINIQUE, LILLE 2008 - 2009


Association pour la formation permanente en clinique psychanalytique

Le bulletin d’inscription est à retourner avant le 22 septembre 2008 à Brigitte Lemonnier,


3 cité Riverin, 75010 Paris.
Il doit obligatoirement comprendre votre règlement, sauf si c’est votre première
inscription à une présentation clinique, car elle doit être précédée dans ce cas d’un
entretien. Pour prendre rendez-vous pour cet entretien, contactez Brigitte Lemonnier au
06 07 14 24 80.

ÉCRIRE EN LETTRES MAJUSCULES


NOM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
PRÉNOM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
DATE ET LIEU DE NAISSANCE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
PROFESSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LIEU(X) DE TRAVAIL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
ADRESSE PERSONNELLE : n° . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
RUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LOCALITE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CODE POSTAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
TÉLÉPHONE ...................... FAX ...................... E-MAIL .............................

Avez-vous été inscrit(e) à « Savoirs et clinique » ou à la Section clinique de Lille ?


OUI NON
Si oui en quelle(s) année(s) ? ........
• Votre inscription est-elle ?
Personnelle
Prise en charge par une institution (joindre une lettre de celle-ci
attestant son accord)
Dans le cadre de la formation médicale continue (FMC)

• Si votre inscription est prise en charge par une institution (formation


permanente) :
L’entreprise est-elle soumise au 1 % ? OUI NON
Quelle est sa raison sociale ?...................................................................
Adresse ...............................................................................................
Téléphone .................................... Fax ..............................................
Quel est le nom du responsable de la formation permanente ?
...........................................................................................................
Organisme de formation :
FAP OPACIF OMA OCA

Cette session est organisée dans le cadre ses activités de l’Association Savoirs et
clinique pour la formation permanente, enregistrée par la délégation régionale
à la formation professionnelle.
II

Session 2008-2009

Samedis après-midi a

• Souhaitez-vous assister uniquement aux samedis après-midi ? OUI NON

Formation complète b
La folie normale
Psychopathologie en temps de crise
• À quel(s) atelier(s) souhaitez-vous participer ?
atelier I
atelier II
atelier III : Clinique psychanalytique de l’enfant
atelier IV : Approche philosophique
atelier V : Prévention du suicide

(les ateliers I et II se déroulent en parallèle le même jour que les samedis


après-midi, on ne peut donc choisir les deux à la fois)

Un seul atelier a

• Si vous souhaitez participer à un seul atelier, indiquez lequel :


atelier III : Clinique psychanalytique de l’enfant
atelier IV : Approche philosophique
atelier V : Prévention du suicide

Entourez, SVP, le coût de votre inscription (cf. explications p III)

Formation Inscription
Tarif réduit**
permanente personnelle*

a 500 150 50
b 1000 300 100

Le..................................
Signature.............................
III

Calcul du coût de l’inscription

 Samedis après-midi uniquement : théoriques et conférences (26 h) ou un


seul atelier (III, IV ou V seulement) (16 h pour le III, 14 h pour le IV et V)

 Formation complète : tous les samedis et un, deux, trois ou quatre ateliers
au choix
Pour participer à la formation permanente il est nécessaire de choisir la
formation complète
le prix est le même quelle que soit l’activité choisie en sus des samedis
après-midi

* Pour les médecins généralistes ou spécialistes désireux de s’inscrire dans le


cadre de la formation médicale continue, le tarif FMC majore de 80 €
l’inscription personnelle et comprend l’inscription à NORFORMED à laquelle
est affiliée Savoirs et clinique. Un dossier FMC sera fourni à chaque inscrit à
la fin de la formation, comprenant un programme détaillé, une attestation de
présence et une facture acquittée.

** Le tarif réduit concerne les étudiants sur présentation de la carte (moins de


26 ans), internes en psychiatrie, demandeurs d’emploi.
IV

Calendrier 2008-2009

La folie normale
Psychopathologie en temps de crise
- Les ateliers I et II (avec les présentations) sont en parallèle le samedi matin.
- Les ateliers III (l’enfant) et V (suicide) ont lieu le lundi soir, l’atelier IV
(philosophie) le mardi soir.
- Les séminaires théoriques et les conférences « Grandes références » ont lieu
le samedi après-midi, le même jour que les présentations, et sont ouverts au
public.

9 h à 10 h 30, Atelier I ou II
10 h 30 à 13 h, Présentation I ou II

14 h 30 à 16 h, Séminaire théorique I et conférences


16 h 15 à 18 h, Séminaire théorique II et conférences

11 octobre 2008
22 novembre 2008
13 décembre 2008
10 janvier 2009
31 janvier 2009
14 mars 2009
16 mai 2009
6 juin 2009

Les soirées

Atelier III Atelier IV Atelier V


le lundi de 21 h à 23 h le mardi de 21 h 15 à 23 h le lundi de 21 h 15 à 23 h
Autour de l’enfant Approche philosophique Prévention du suicide

13 octobre 2008 21 octobre 2008 20 octobre 2008


24 novembre 2008 25 novembre 2008 17 novembre 2008
8 décembre 2008 2 décembre 2008 15 décembre 2008
5 janvier 2009 27 janvier 2009 19 janvier 2009
2 février 2009 17 février 2009 9 février 2009
23 mars 2009 31 mars 2009 16 mars 2009
6 avril 2009 14 avril 2009 18 mai 2009
25 mai 2009 12 mai 2009 8 juin 2009
Les samedis après-midi

est l’auteur de nombreux ouvrages : Faut-il voler la Joconde ? Ce que l’art nous
empêche de voir (Payot, 2003), La question du genre (Payot 2001), À quoi penses-tu ?
Les incertitudes de l’amour (Odile Jacob, 2001), Les promesses des amants – sexe,
amour et fidélité (Odile Jacob, 1999),et bientôt traduits : Why do people get ill ? (H.H.
Penguin books, 2007) ainsi que son dernier livre The new black : mourning, melancholia
and depression (H.H. 2008), dont il nous parlera lors de sa conférence..

Samedi 14 mars 2009, de 14 h 30 à 16 h,


dans le cadre du séminaire théorique de Geneviève Morel
Marie-Christine Hamon
Présentation d'Helene Deutsch, Les « Comme Si » et autres textes
Les « Comme Si » et autres textes (1933-1970) constituent la suite, logique et
chronologique, du précédent volume des textes de Helene Deutsch, intitulé Les
Introuvables, cas cliniques et autoanalyse (1918-1930) publié en 2000 dans la collection
Champ Freudien aux éditions du Seuil. Helene Deutsch a écrit six livres, les uns très
connus, d’autres qui le sont moins, et qui ont été différemment appréciés, voire
méconnus, mais dont tous, sauf un, sont désormais disponibles en français.
Marie-Christine Hamon est psychanalyste à Clamart. Elle a publié Féminité
Mascarade (Le Seuil, 1989), Pourquoi les femmes aiment-elles les hommes ? (1992, réédité
en 2007), Les introuvables (Le Seuil, 2000) et Les « comme si » et autres textes (Le Seuil,
2007).

Samedi 16 mai 2009, de 16 h 15 à 18 h,


dans le cadre du séminaire théorique de Franz Kaltenbeck
en collaboration avec ALEPH, CP-ALEPH et « L'enfant-objet »
Henri Rey-Flaud
Un nouveau regard sur l’autisme
L’analyse des conduites quotidiennes des enfants autistes permet d’établir que ces
petits sujets sont restés enlisés dans le registre primitif des sensations, contremarqué par
des « empreintes » qui constituent le premier état du langage, jusqu’ici ignoré de la
psychanalyse. Ce constat, qui restitue son sens à de nombreux phénomènes considérés
pendant longtemps comme aberrants ou énigmatiques, ouvre de nouvelles perspectives
sur l’évenir des patients concernés.
Henri Rey-Flaud enseigne la psychanalyse à l’Université de Montpellier. Il est
notamment l’auteur de La vérité, entre psychanalyse et philosophie (Eres, 2007), Et Moïse
créa les juifs (Aubier, 2006) et nous parlera de son dernier livre : L’enfant qui s’était
arrêté au seuil du langage (Aubier, 2008).

N’hésitez pas à consulter régulièrement notre site :


www.savoirs-et-clinique.eu

1 Textes de Helene Deutsch traduits de l’allemand par Sacha Zilberfarb, de l’anglais par Catherine
Orsot et M.C Hamon, coll. Champ freudien, Seuil 2007.
2 Il s’agit d’une courte étude, intitulée « A Psychoanalytic Study of the Myth of Dionysus and
Apollo. Two variants of the Son-Mother Relationship ».

ESC Lille, avenue Willy Brandt, 59777 Euralille, amphi B, métro : Gares.
Ouvert au public. 20€ (TR 8€) pour ceux qui ne sont pas inscrits à Savoirs et clinique.
15
La folie normale - Psychopathologie en temps de crise

Ateliers : Clinique de l’entretien et concepts


fondamentaux de la psychanalyse
Atelier I
E.P.S.M. Lille-Métropole, USN, Service du Dr Lavoisy (adultes)
Lucile Charliac, Carine Decool, Dr Emmanuel Fleury, Dr Brigitte Lemonnier

Atelier II
E.P.S.M. de l’agglomération lilloise, Site Lommelet, Bât.G,
Service du Dr Breton, département de psycho-réhabilitation (adultes)
Isabelle Baldet, Sylvie Boudailliez, Dr Geneviève Loison

Les ateliers se proposent de retravailler de façon rigoureuse les questions


cliniques soulevées par chaque présentation, en les référant aux concepts
psychanalytiques et psychiatriques. Le contenu du discours du patient est
toujours singulier et l’exercice de la présentation clinique lui permet de dire ce
qu’il n’avait encore dit à personne ou ce qu’il n’avait jamais réussi à formuler.
Parallèlement, ses propos ont également un caractère universel : ils rendent
compte d’un savoir que la présentation permet de transmettre.
Dans un après-coup de la présentation, l’un des participants à l’atelier
reprend certains points marquants du discours du patient qui posent une
question clinique développée dans la littérature psychiatrique : les voyages
pathologiques, l’automatisme mental…
Une introduction à un certain nombre d’outils théoriques de la psychanalyse,
nécessaires à l’écoute, sera également proposée par l’un des enseignants : la
signification phallique, son défaut et la forclusion du Nom-du-Père dans la
psychose ; le narcissisme et le stade du miroir ; les identifications psychotiques ;
les modalités de déclenchement du délire ; les questions du passage à l’acte et
de la répétition ; l’existence d’un symptôme stabilisateur…
Les exposés de l’étudiant et de l’enseignant ont le souci de faire valoir ce
que l’originalité et la singularité du discours du patient apportent à la clinique
et au savoir déjà constitué.
Ils laissent place ensuite à une discussion détaillée et contradictoire. Les
ateliers offrent ainsi aux participants non seulement une formation à la
technique de l’entretien et à la rédaction d’un cas clinique, mais aussi un
enseignement théorique de base indispensable au travail thérapeutique en
pratique privée ou en institution.

Les ateliers et les présentations se déroulent en parallèle dans deux hôpitaux différents,
le samedi de 9 h à 10 h 30 (atelier), puis de 10 h 30 à 13 h (présentation).
Pour l’atelier I et la présentation I, à l’U.S.N. de l’E.P.S.M. Lille-Métropole, rue du
Général Leclerc à Armentières.
16
Les samedis matins

Présentations cliniques
Présentation I
E.P.S.M. Lille-Métropole, U.S.N., Service du Dr Lavoisy (adultes)
Geneviève Morel, Carine Decool, Dr Emmanuel Fleury

Présentation II
E.P.S.M. de l’agglomération lilloise, Site Lommelet, Bât. G,
Service du Dr Breton, département de psycho-réhabilitation (adultes)
Franz Kaltenbeck, Dr Geneviève Loison

Le sujet est divisé entre ce qu’il veut et ce qu’on lui veut. L’analyste
écoute ce qu’il dit. Ainsi une patiente venait de perdre sa mère. Elle s’était
totalement inscrite dans ce que cette mère lui avait imposé. Au moment du
décès, le réseau téléphonique fut coupé. La patiente ne fut prévenue qu’avec
un temps de retard. La bouche qui lui énonçait ce qui la guidait dans la vie était
désormais muette. « Je n’ai plus de bouche » a fort justement indiqué la
patiente. L’analyste l’a aidée à formuler ce que ce décès avait de singulièrement
traumatique.
Au cours de la présentation clinique, l’attention portée à la singularité des
formulations, en faisant la part entre le discours commun et les affirmations
personnelles et en articulant le langage privé du patient à sa biographie, aide
le patient à énoncer les coordonnées de sa position subjective.
A la fin de l’entretien, quand le patient a quitté la salle, l’analyste
énumère les points remarquables de l’histoire qui vient d’être entendue. Ce
travail de l’analyste est orienté par ce que le patient a pu approcher de son
réel. En effet, le psychanalyste commente le cas en discutant la structure
clinique et le diagnostic différentiel, corrélés souvent à une problématique
psychotique : la forclusion du Nom-du-Père, le caractère imaginaire des
identifications, les modalités de déclenchement d’un délire, les questions
posées par les passages à l’acte et la répétition, la possibilité d’une stabilisation
clinique par un symptôme. Cette articulation nous permet d’apprendre quelque
chose de ce que nous venons d’entendre et a une valeur de transmission.
Pour qui veut apprendre de la clinique, la discussion constitue un point
d’appui solide : elle propose une technique de l’entretien ; elle met à l’étude
des questions précises comme celles de la psychose ou du suicide, articulés
parfois à l’alcoolisme, à la prise de drogue ou à d’autres comportements qui
masquent la structure.

Pour l’atelier II et la présentation II, à l’E.P.S.M. de l’agglomération lilloise, site


Lommelet, rue de Quesnoy, St André (près de l’intermarché), pavillon De Magallon,
Bâtiment G, département de psycho-réhabilitation, service du Dr Breton.
Les portes sont fermées à 10 h 30, avant le début des présentations.
17
La folie normale - Psychopathologie en temps de crise

Atelier III

Isabelle Baldet, Sylvie Boudailliez, Jean-Claude Duhamel

La préhistoire du bébé
Clinique psychanalytique de l’enfant

Où commence la vie du bébé ? Comment se tissent, dès la fécondation, les


échanges qui confirment la réceptivité du fœtus aux battements du cœur de sa
mère, à son rythme respiratoire et digestif, à sa déambulation et aux rythmes
de ses énoncés vocaux et verbaux ? Freud l’a souligné, il y a « bien plus de
continuité entre la vie intra-utérine et la première enfance que ce que l’on
serait amené à croire, vu la césure impressionnante de l’acte de naissance ».
Quel impact ce lien intra-utérin a-t-il sur l’enfant imaginé par sa mère pendant
la grossesse ?

A sa naissance, l’immaturité de l’infans le met dans la plus totale


dépendance à l’égard de ceux qui en ont la charge. Au delà de la satisfaction
des besoins pour la survie, comment s’établit ce lien à l’Autre, « le prochain
secourable » Nebenmensh, comme disait Freud dans l’Esquisse ?

« C’est le bébé qui fait la mère » écrivait Winnicott il y a plus de cinquante


ans, montrant déjà que les relations précoces entre une mère et son enfant sont
déterminantes pour le meilleur et pour le pire. L’étiologie très complexe de la
psychose infantile ou de l’autisme plonge aux racines des premières interactions
mère/bébé où s’articulent, dans la première année de la vie, les pulsions orale,
spéculaire et invoquante.

Notre réflexion s’appuiera sur les travaux théoriques de grands


psychanalystes d’enfants étayés par l’étude de nombreux cas cliniques. Nous
laisserons une large place à la discussion pour favoriser l’échange des points de
vue et des pratiques. Une bibliographie détaillée sera fournie lors de la première
séance.

Le lundi soir de 21 h 15 à 23 h, le 13 octobre, 24 novembre, 8 décembre 2008,


5 janvier, 2 février, 23 mars, 6 avril et 25 mai 2009.
À l’URIOPSS, 34 rue Patou, 59800 Lille, métro : République.
18
les soirées

Atelier IV

Frédéric Yvan

Sources philosophiques de la pensée de Lacan


Le réel

Qu’est-ce que le réel ? Le réel n’est pas la réalité, il en est même le dehors
si la réalité peut être conçue comme un dispositif imaginaire et symbolique. Le
réel est alors l’impossible ; part irréductible du sujet à partir de laquelle se
constituent son fantasme et son désir. Le réel participe ainsi de la structure du
sujet. Que le symbolique fasse défaut, que l’imaginaire s’effrite, que le
fantasme se dissolve, et c’est le dévoilement, toujours déroutant, du réel.
Qu’est ce que la réalité ? N’est-elle qu’une fiction ? Quelle est cette part
inappropriable « qui ne cesse pas de ne pas s’écrire » ? C’est à ces questions que
nous nous attacherons en nous rapportant à des auteurs — Berkeley, Bentham,
Bataille — qui permettent de saisir la notion de réel dans l’enseignement de
Lacan.

La formation du psychanalyste doit inclure, pour Jacques Lacan,


l’antiphilosophie – qui est mise en oeuvre originale du savoir philosophique
dégagé de son appropriation par le discours universitaire. Il ne s’agira donc pas
de se rapporter à une œuvre ou à un système philosophique du point de vue de
sa totalité mais d’en dégager des fragments pour éclairer des concepts de la
pratique et de la théorie psychanalytiques.

Le mardi soir à 21 h 15, une fois par mois, le 21 octobre, 25 novembre, 2 décembre 2008,
27 janvier, 17 février, 31 mars, 14 avril et 12 mai 2009.
À L’URIOPSS, 34 rue Patou, 59800 Lille, métro République.
19
La folie normale - Psychopathologie en temps de crise Les soirées

Atelier V

Dr Brigitte Lemonnier, Dr Emmanuel Fleury

Alcoolisme et suicide

L’alcoolisme est souvent traité comme une maladie isolée, que seule une
cure de désintoxication pourra résoudre. Sa dimension tragique est souvent
éludée au profit d’un imaginaire social qui fait de l’alcoolique un être « sans
volonté ».
Or, l’expérience montre que cette solution rate si elle ne vise que la
suppression de l’addiction ; les rechutes sont fréquentes et lorsque il arrive que
cette addiction cède, il n’est pas rare de voir apparaître un état dépressif,
mélancolique voire délirant, pouvant les conduire au suicide.
Si le sevrage conçu ainsi s’avère dangereux, il n’est pas, cependant, en
lui-même la cause du suicide.
Il est nécessaire de poser le problème autrement en évitant la confusion
entre les effets et les causes.
D’où la nécessité de rechercher lors de l’entretien avec les patients,
l’articulation entre le symptôme qu’est l’alcoolisation et la structure clinique
qui le supporte, ce qui guidera le praticien dans les réponses, toujours
singulières, à proposer au sujet.
Cet atelier sera consacré à l’étude de cas cliniques en mettant l’accent
sur la conduite de l’entretien. Dans chaque cas, on cherchera à démêler
l’embrouillement des fils destinaux et on étudiera les réponses que la
psychanalyse peut apporter aux apories où se débat le sujet.
Les participants à cet atelier pourront exposer, s’ils le souhaitent, des cas
de leur pratique ou de la littérature.

Le lundi soir de 21 h 15 à 23 h, une fois par mois, le 20 octobre, 17 novembre,


15 décembre 2008,19 janvier, 9 février, 16 mars, 18 mai, 8 juin 2009.
A l’URIOPSS, 34 rue Patou, 59800 Lille, métro : République
20
Les colloques
La folie normale - Psychopathologie en temps de crise

10ème Colloque de l’ALEPH


samedi 21 et dimanche 22 mars 2009

De bouche à oreille
Psychanalyse des comportements alimentaires
et des addictions
Franz Kaltenbeck

Les troubles alimentaires et les addictions présentent au moins deux


traits communs. Dans les anorexies et les boulimies se manifeste une
perturbation de l’oralité : les unes pèchent par l’excès, les autres par la
privation de nourriture. Un certain nombre d’addictions passent, elles aussi, par
la voie orale et le tube digestif. L’absorption des drogues et l’abus de
médicaments ne peuvent-ils être décrits comme « empoisonnements par la
bouche » ?
Pourtant, la pulsion orale et ses affections ne suffisent pas à déterminer
ces phénomènes. Ni les anorexies ni les boulimies ni, en général, les phénomènes
d’addictions ne se réduisent à de simples pathologies de l’oralité. S’y ajoutent
en effet les problèmes spécifiques du corps et de son image, de la parole et de
son énonciation, ainsi que de la pensée et de ses obsessions. (L’anorexique fait
des calculs étranges pour compenser toute prise de poids ; le sujet boulimique
s’avoue souvent rongé de culpabilité ; les idées du toxicomane sont parasitées
par les difficultés à se procurer la drogue.)
Un troisième trait se retrouve dans les troubles de l’alimentation et les
addictions : la dépendance. Celle-ci affecte le toxicomane, l’alcoolique ou
l’adolescent vissé à sa console de jeu vidéo. Le sujet boulimique ne peut pas se
passer de ses repas rituels, solitaires, pantagruéliques. L’anorexique s’accroche
à un autre spéculaire ou à la silhouette idéale d’un modèle qu’il lui faut
rejoindre à force d’amaigrissement, et croit pouvoir trouver, grâce à une
minceur qui frôle le seuil de la mort ou à un poids magique, sa marque singulière,
son inscription de sujet.
D’autres dépendances entrent en jeu. Dépendance répulsive à l’égard
d’une mère gavant son enfant jusqu’au « manger rien », selon une célèbre
formule de Lacan ; dépendance — trompeuse — à l’égard d’un « grand frère »,
substitut d’un père carrent, qui initiera le jeune paumé aux joies de la bouteille
ou de la fumette, et sera vite remplacé par la figure du dealer. Dépendances
qui font surgir dans une lumière crue la rencontre, observée et théorisée dans
la psychanalyse, entre une intimité qui remonte aux premiers moments de la vie
et la dimension sociale de cette vie – le moment de l’insertion dans la Cité à
partir de la puberté.

22
Colloque de l'ALEPH

Notons, néanmoins, l’étrange scission de la dépendance. L’enfant


dépend, certes, de l’amour, du désir et des soins de sa mère. Mais celle-ci, en
lui offrant sa première « expérience de satisfaction » (Freud) par le simple fait
de le nourrir, lui donne accès à une expérience de jouissance qu’il voudra
répéter, devenant aussi dépendant de cette expérience que de celle qui la lui a
procurée.
Si la dépendance, devenue régressive, ne fournit pas la clef du
problème des pathologies en question, beaucoup de sujets souffrant de troubles
alimentaires et d’addictions ne parviennent pas à se séparer de l’autre en qui
ils croient pouvoir trouver un appui. Leurs comportements symptomatiques ne
manquent cependant pas de révéler aussi une part active, voire créative.
La souffrance de la fille ou du garçon anorexiques pose la question de
leur singularité, voire de leur existence même, qu’ils mettent sur le plateau de
la balance - c’est le cas de le dire. L’homme ou la femme boulimiques mangent
trop, non pas dans l’unique visée de se remplir puis, éventuellement, de se
vider. Leur oralité est aussi un dire, une adresse désespérée et incessante à un
partenaire qui n’a jamais pu les écouter. Le jeune homme qui navigue sur la
toile vers des sites interdits n’est pas en quête seulement d’une image
pornographique pour ses plaisirs solitaires, mais aussi de l’image que sa curiosité
sexuelle infantile ou la scène primitive ne lui ont jamais révélée : celle d’un
objet sexuel idéal ou d’un rapport sexuel satisfaisant. Le toxicomane, loin de
vouloir seulement s’abrutir, cherche sans doute à fuir la réalité marquée par la
castration, mais sa fuite même laisse apparaître en pointillé le projet non abouti
d’une réalité alternative. Ces phénomènes pathologiques sont révélateurs d’une
tentative pour trouver une vie plus digne d’être vécue. On réservera une place
spéciale à l’alcoolisme qui peut masquer une tragédie mélancolique, trop
souvent ignorée de l’entourage.
Ces phénomènes pathologiques ont donc deux faces – l’une témoigne
d’un ratage, l’autre de l’aspect créatif du symptôme. Sans nier la première, la
psychanalyse peut suivre la veine de la seconde pour ramener le sujet à ce
carrefour de sa vie où il a choisi de combler la perte d’illusions par des toxiques,
un vide ou un trop plein.
Mis au défi en raison de la difficulté particulière à comprendre et à
traiter les addictions et les comportements alimentaires erratiques, les
psychanalystes chercheront, dans ce colloque, de nouveaux chemins. Les y
aideront des représentants d’autres disciplines - médecins nutritionnistes,
enseignants, juristes, philosophes, artistes, voire des spécialistes de
l’humanitaire. Ces journées ne se dérouleront-elles pas à une époque où des
populations entières sont poussées à la révolte par la faim ?

23
La folie normale – psychopathologie en temps de crise

Colloque international, organisé à la Sorbonne et à l’ENS


Les 2, 3 et 4 avril 2009

Par Savoirs et clinique1 et le CRIMIC2

Freud et l’image

Loin des poncifs moralisateurs qui dénoncent, dans notre société, un impérialisme
de l’image au détriment de l’écrit, la psychanalyse a dû, dès son départ, tenir compte des
effets de l’image sur les êtres parlants. Ces effets, qui ne sont pas des moindres et ont
affecté Freud lui-même, relèvent souvent de l’énigme et provoquent la perplexité. L’art
s’en empare dans ses créations pour atteindre le spectateur dans son intimité ; la
psychanalyse, quant à elle, peut les éclairer. Elle y est notamment conduite lorsqu’il
apparaît que l’image est une source de souffrance. L’image du corps propre d’un sujet,
par exemple, si celle-ci lui échappe comme dans la schizophrénie ; l’image de l’être perdu
qui fuit avec sa libido dans la mélancolie ; l’image qui le hante ou l’aspire dans
l’hallucination ou qui l’angoisse, plus banalement, dans le cas de l’anorexie.

Dans La Science des rêves, Freud élabore la théorie et la clinique d’un sujet
divisé : dans son sommeil, le dormeur est soumis à une véritable passion des images dont
son inconscient et son préconscient sont pourtant les machinistes. La rédaction de ce livre
inaugural de Freud, véritable acte de naissance de la psychanalyse, n’est-elle pas
contemporaine de l’invention du cinéma par les frères Lumière ? L’interprétation du rêve
est censée remonter dans les méandres et les rouages de sa production qui peine souvent,
à l’instar d’un travail réel dit « travail du rêve », à soumettre l’image à l’écriture des
pensées du rêve, eu « égard à la représentabilité » de ces pensées. L’image semble être ici
serve du logos, esclave frappée d’un certain archaïsme : le rébus du rêve, n’est-il pas
comparé par Freud aux hiéroglyphes ? C’est la pensée et finalement le langage qui
dépassent l’image et la dominent. Seul le sujet, dans sa foncière « stupidité » dira Lacan,
la regarde avec fascination, sans rien y comprendre jusqu’à ce que le sens du rêve lui soit
révélé.

Or, on trouve aussi chez Freud une autre attitude, un rapport tout différent à
l’image, opposé au précédent, où le découvreur de l’inconscient se montre touché par une
image dont le sens se dérobe plus longtemps que celui du rêve. Cette passion-là commence
déjà quand Freud s’intéresse au « souvenir-écran » qui résiste un peu plus qu’un rêve à son
déchiffrage. Lacan caractérisera le souvenir-écran comme un « arrêt sur image »
cinématographique et le mettra dans un rapport structural avec le fétichisme. Plus
inquiétant encore, cet autoportrait de Luca Signorelli, le peintre du Jugement dernier,
fresque que Freud avait visitée dans le Duomo d’Orvieto. Son oubli du nom du peintre lors
d’un voyage en Dalmatie contraste d’une façon étrange avec la luminosité d’une parcelle
des fresques qui semble le narguer, comme si l’image gardait ici le dernier mot. Or plus
Freud avance dans son œuvre, plus il est attiré par des peintures ou par des sculptures qui
renferment un message qui lui échappe. Ainsi son interprétation trop subjective voire
symptomatique du Moïse de Michel-Ange ne cesse d’être réfutée par les historiens d’art.
En avançant que Michel-Ange avait voulu représenter un Moïse capable de maîtriser ses

1 Association pour la formation permanente en clinique psychanalytique


24 2 Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes Ibériques Contemporains
Colloque Savoirs et clinique à Paris

affects et pulsions, en qui l’esprit l’emporterait sur la matière, Freud anticipe sur son
propre Moïse, fondateur du monothéisme juif et sur l’aversion des images comme la
condition d’une spiritualité exceptionnelle reconnue aux Juifs. Réponse radicale à la force
envoûtante de l’image.

Lacan a dû affronter cette puissance de l’image à travers sa théorie de la fixité


du fantasme. Entré dans le discours psychanalytique par la porte de l’imaginaire, tel qu’il
avait été conceptualisé par Sartre et Merleau-Ponty, Lacan déprécie pourtant d’abord
cette dimension en faveur du symbolique et plus tard du réel, mais sans jamais mettre en
veilleuse ni sa recherche sur les pathologies de l’image du corps ni sa passion pour la
peinture. Ce n’est que vers la fin de son enseignement qu’il réévalue l’imaginaire comme
l’équivalent des deux autres coordonnées, le symbolique et le réel, le traitant désormais
comme une donnée irréductible de l’expérience humaine, voire la matrice du symptôme
dans le cas de Joyce qu’il étudie toute une année.

Notre colloque prendra donc au sérieux la tension qui existe, d’une part, entre
l’image dont le sens se laisse dévoiler même s’il se soustrait d’abord au sujet comme dans
le rêve ou d’autres formations de l’inconscient et, d’autre part, l’image qui excède le
discours, qu’elle soit porteuse des effets esthétiques les plus divers ou productrice de
symptômes qui vous laissent coi.

Ne faudrait-il pas d’ailleurs examiner le lien entre l’image et la détermination


de son support et se pencher par exemple sur le dessin par lequel l’homme aux loups a
représenté les cinq loups sur un arbre qui l’avaient tant effrayé lors de son premier rêve
d’angoisse ? Ou sur les girafes chiffonnées du petit Hans ? Quel rapport y a-t-il entre ces
images cliniques et d’autres « images freudiennes » comme l’autoportrait de Signorelli ou
encore le sourire de Mona Lisa ou la sculpture de Michel-Ange, si ce n’est qu’elles ont été
engendrées à partir du désir de l’Autre ?

Le rêve montre, mais, plus généralement, l’image donne aussi l’injonction de


voir, sans qu’il soit toujours possible de déterminer le destinataire de cette injonction. Les
recherches sur la dévotion chrétienne devraient à cet égard apporter des enseignements
riches de paradoxes et de surprises. L’image se fait le vecteur de toutes sortes de volontés
religieuses ou politiques. Elle a aussi la fonction d’assouvir la pulsion, faisant partie des
montages qui la supportent. Une image peut ainsi véhiculer les impératifs du surmoi
« obscène et féroce » et contribue parfois à cette inflation visuelle qui nous rend
aveugle.

Nos exposés porteront donc d’une part sur le rapport littéraire ou rhétorique de
la lettre à l’image dans les textes littéraires et d’autre part sur l’étude de l’image dans
la photo, le cinéma ou la vidéo, ainsi que leur questionnement par la psychanalyse. Sans
omettre l’image dans la psychanalyse, dans ses diverses acceptions, cliniques, freudiennes
ou lacaniennes.

Geneviève Morel
Le programme complet avec tous les arguments sera disponible sur les sites
www.savoirs-et-clinique.eu
www.crimic.paris4.sorbonne.fr

L’entrée est libre pour les inscrits à Savoirs et clinique en 2008-2009, dans la limite des
places disponibles, après réservation auprès de Brigitte Lemonnier. 25
La folie normale – psychopathologie en temps de crise

Ateliers de Clinique Psychanalytique, Paris

La vie normale.
Récits de l’hôpital d’Armentières

1 – La formation
Savoirs et clinique, association pour la formation permanente en
psychanalyse, offre à Paris, en 2008-2009, des ateliers de formation à la clinique
psychanalytique, animés par Geneviève Morel et Brigitte Lemonnier. Le
séminaire aura pour point de départ, à chaque séance, un film documentaire
réalisé à partir d’une présentation clinique à l’hôpital d’Armentières. La
projection sera suivie d’un débat avec les participants et d’un commentaire
clinique et théorique. Vous trouverez ci-dessous une présentation détaillée tant
des films que de la thématique du séminaire.
Les ateliers cliniques se tiendront le deuxième jeudi du mois, aux dates
suivantes : 13 novembre, 11 décembre 2008, 8 janvier, 12 février, 12 mars, 14
mai 2009, au centre Dunois, 61 rue Dunois, 75013 Paris, (métro Nationale,
Campo Formio ou Place d’Italie).
L’inscription se fera pour l’année, dans l’ordre d’arrivée des demandes
(aucune inscription ne sera prise sur place). Le nombre des places est limité.
Vous trouverez sur notre site un bulletin d’inscription à imprimer, à remplir et à
renvoyer avec votre paiement à Brigitte Lemonnier-Prades, 3 cité Riverin, 75010
Paris.

2 - Les films
Il s’agit du projet, toujours en cours, d’une série de films documentaires
en vidéo HDV, produits en 2007-2009 par l’association Savoirs et clinique pour la
formation permanente en psychanalyse1, et réalisés à l’EPSM d’Armentières
(Nord) par Geneviève Morel, psychanalyste. Les films sont montés à partir
d’entretiens entre un psychanalyste et un patient de l’hôpital (cf. ci-dessous,
« Le dispositif de tournage »), en tenant compte des discussions collectives qui
suivent ces entretiens. C’est donc tout à la fois un travail en commun et un Work
in progress, notamment sur les formes de montage les plus propices à faire
« passer » l’entretien à un public plus large.
Dans ces films, nous entendons et voyons quelqu’un nous confier de
très près, avec ses propres mots, avec son style souvent très particulier,
pourquoi il vient d’arriver à l’hôpital. Il nous fait le récit de sa vie en entrant
dans les détails d’une façon souvent émouvante. Les entretiens partent
fréquemment d’une énigme, encore non résolue par le personnel soignant,

26
Ateliers du Jeudi

débordé par toutes sortes de tâches hospitalières.


Voici quelques exemples d’énigmes que nous essayons de résoudre avec
le patient : pourquoi ce Xième suicide dont il ne se tire que par miracle à chaque
fois, ou, à l’inverse, cette première tentative grave dans une vie jusqu’ici sans
histoire ? Pourquoi s’anesthésier ainsi avec des quantités d’alcool qui défient
l’entendement et surpassent ce que l’on lit dans les romans de Zola ? Pourquoi
cet homme, qui a voulu et réalisé avec détermination une rupture amoureuse,
tombe-t-il aussitôt après dans une dépression profonde qu’on s’attendrait plutôt
à trouver chez la personne délaissée ? Pourquoi cette femme a-t-elle des
accidents de voiture répétés à certaines dates de l’année ? Pourquoi cet homme
amoureux, qui n’avait jamais quitté sa mère jusqu’à l’âge de 40 ans, se prend-
il pour le chien de sa maîtresse ? Pourquoi cet autre, devenu père à 15 ans de
son plein gré selon lui, a-t-il commencé à se droguer juste à ce moment-là ? Et
pourquoi après avoir refusé toute tentative de désintoxication, a-t-il changé
d’avis et veut-il maintenant arrêter ? Pourquoi ce jeune homme se prend-il pour
le frère du Christ ? Pourquoi le fils d’une mère polonaise née sur un bateau
pense-t-il à se noyer ? Pourquoi cet homme dont l’idéal a toujours été d’avoir
sa propre maison, tombe-t-il malade lorsqu’il en hérite une de son père ?
Pourquoi ce jeune homme, dont le frère a été placé à la DASS et dont l’idéal a
toujours été de réunir sa famille dévastée, se met-il à frapper sa compagne
lorsqu’il veut un enfant d’elle ? Pourquoi tel homme parle-t-il de se trancher la
main ?
Lors de ces entretiens minutieux et non sans suspens, ces énigmes se
déplient et trouvent, en général vers la fin, un début de réponse ou du moins
des pistes qui nous permettent de réfléchir au destin de celui ou celle que nous
écoutons et qui serviront à l’aider à trouver des solutions. Ces films nous
montrent un visage de nos contemporains et de certaines parties de la société
que nous connaissons trop mal pour la plupart d’entre nous. D’où leur intérêt à
la fois humain, anthropologique, sociologique, philosophique et, évidemment
aussi psychanalytique et psychopathologique.
À partir des films, nous interrogerons ces divers points théoriques ainsi
que la technique de parole mise en œuvre dans les entretiens.

1 L’association propose aussi en 2008-2009 une formation à Lille disponible sur son site ( http://
www.savoirs-et-clinique.eu) et édite aussi la revue Savoirs et clinique. Revue de psychanalyse,
disponible sur papier et internet, chez Érès. 27
Les dates des enseignements
étant parfois susceptibles d’être modifiées,
il est nécessaire de consulter
régulièrement notre site :

http://www.savoirs-et-clinique.eu

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Savoirs et clinique

www.etvoilaletravail.com MAQUETTE ET MISE EN PAGE


secrétariat
8, rue Basse
59000 Lille
blemonnier@sc.aleph.asso.fr
http://www.savoirs-et-clinique.eu

Charles LE BRUN La Douleur d'esprit : deux têtes de face et une de profil © 2004 Musée du Louvre / Martine Beck-Coppola
coordination
Brigitte Lemonnier et Geneviève Morel

formation médicale continue


Dr Emmanuel Fleury
Dr Brigitte Lemonnier

enseignements
Isabelle Baldet
Sylvie Boudailliez
Lucile Charliac
Carine Decool
Jean-Claude Duhamel
Dr Emmanuel Fleury
Franz Kaltenbeck
Dr Jean-Paul Kornobis
Dr Brigitte Lemonnier
Dr Geneviève Loison
Geneviève Morel
Frédéric Yvan

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